person:anne guillard

  • On a chopé la censure ? – Le magasin des enfants
    https://magasindesenfants.hypotheses.org/6451

    a polémique autour du documentaire On a chopé la puberté a ravivé, une fois de plus, le débat sur la censure des livres destinés à la jeunesse. Il n’est sans doute pas de question plus inconfortable et difficile dans ce domaine : les jeunes lecteurs, le plus souvent, ont entre les mains et sous les yeux des livres choisis pour eux par des adultes prescripteurs et conçus par des adultes – créateurs, éditeurs – qui pensent leur proposer des œuvres belles, utiles, intéressantes, enrichissantes, drôles, originales, dérangeantes parfois, des œuvres qui, d’une manière ou d’une autre, les nourrissent et les divertissent. La censure (et aussi la critique, dans une moindre mesure) vient se nicher au creux de cette asymétrie fondamentale qui définit la littérature pour la jeunesse, comme a pu le rappeler Emer O’Sullivan : des adultes d’un côté, qui pensent et décident de ce qui est « bon » pour les jeunes lecteurs, de l’autre des enfants lecteurs qui ont peu souvent voix au chapitre.

    #littérature_jeunesse #censure

    • Si ce documentaire a pu être conçu comme léger et drôle, la réalité l’est sans doute beaucoup moins. Le harcèlement des jeunes filles en milieu scolaire et universitaire est une réalité qui fait beaucoup moins de bruit que les débats autour de On a chopé la puberté. Ce livre l’évoque au passage : le « 95C » de Jennifer n’est pas toujours un atout et « les gros lolos attirent aussi les gros lourds ». Maladroit, peut-être. Sexiste, oui, encore une fois. Et myope voire aveugle : dans nombre de collèges, de lycées, d’universités, de grandes écoles, les jeunes filles, quel que soit leur tour de poitrine, subissent, au quotidien, des remarques sexistes voire des insultes – ou pire, des gestes dont il faut rappeler qu’il s’agit d’agressions sexuelles – et n’en ont souvent pas conscience, sont mal à l’aise, n’osent pas parler, intériorisent une honte qui peine à trouver son mode d’expression. La littérature peut y aider : le roman ou le théâtre pour adolescents permettent, parfois, la libération de la parole, grâce à des plumes sensibles, acérées, fortes. Des maisons d’édition et des auteurs se mobilisent pour changer les regards et les discours. Le sexisme doit être dénoncé et combattu et non traité comme un fait ordinaire. L’affirmer n’est pas affaire de censure mais bien au contraire de libération de la parole.

    • @mad_meg oui, l’article essaie justement de faire la part des choses :

      Où se situe précisément la censure ? S’indigner et dénoncer riment-ils avec interdire ? Je voudrais montrer que les efforts pour faire disparaître le sexisme – ou tout autre forme d’expression dégradante et détestable – ne relèvent pas de la censure et rappeler que la censure a bien davantage touché des œuvres qui se sont engagées contre le sexisme.

      (Il y a beaucoup de confusion et de manipulation là-dessus, l’imputation de censure inverse les rôles et arrange surtout les réacs de tout poil qui peuvent se victimiser genre on ne peut plus rien dire)