person:ariel kyrou

  • La philosophie des #GAFA de Ariel Kyrou et Raphaël Glucksmann
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/pour-une-philosophie-des-gafa-avec-ariel-kyrou-en-partenariat-avec-le-


    Le transhumanisme promet ce que Rabelais décrit avec l’abbaye de Thélème : une société de caste qui permet à certains individus de profiter au maximum de la vie, mais aux dépens d’une masse d’esclaves qui travaillent pour leur bien-être." Raphaël Glucksmann

    Alors que le mathématicien « en marche » Cédric Villani a rendu hier ses recommandations en matière d’intelligence artificielle, que le président Emmanuel Macron s’apprête à présenter sa stratégie pour faire de la France un acteur majeur du secteur, comment définir la philosophie des géants du numérique ? Epineuse question qu’a soulevée dans son numéro d’avril le Nouveau Magazine littéraire. Il a enquêté sur la doctrine GAFA : détruire l’Etat, abolir la vie privée, nier la mort… Avec Raphael Glucksmann, directeur de la rédaction, nous rejoindra pour en parler dans la deuxième partie de l’émission. Après le journal d’Antoine Mercier. Aux côtés d’Ariel Kyrou, journaliste et écrivain, auteur de « Google God » aux éditions Inculte, et de « Révolutions du Net ».

    Le transhumanisme est un horizon qui vise à assister le plus possible les individus par la technologie, à les enfermer dans une bulle, une sorte de prison dorée dans laquelle plus rien ne les contraindrait." Ariel Kyrou

  • #LesInrocks - Alain #Damasio : “C’est tout le rapport de l’Occident à l’activité qu’il faut repenser”
    https://www.lesinrocks.com/2018/01/24/actualite/alain-damasio-cest-tout-le-rapport-de-loccident-lactivite-quil-faut-repe

    Alain Damasio : “C’est tout le rapport de l’Occident à l’activité qu’il faut repenser”
    24/01/18 18h15
    PAR
    Mathieu Dejean
    Samedi 27 janvier, une journée de débats est organisée à la Bourse du #Travail de Paris sous le titre : “Tout le monde déteste le travail”. Alain Damasio, écrivain de science-fiction engagé, auteur de “La Horde du Contrevent” (2004), nous en dit plus sur cet événement qu’il a co-organisé.
    Au milieu des années 1950, l’Internationale lettriste regroupée autour de Guy Debord annonçait l’esprit de Mai 68 avec un célèbre graffiti : “Ne travaillez jamais”. Cinquante ans après les “événements” de mai, un collectif souffle sur les mêmes braises réfractaires, et organise le 27 janvier à la Bourse du Travail de Paris une journée de débats et de création artistique sous le titre : “Tout le monde déteste le travail - Rencontres pour qui en a, en cherche, l’évite, s’organise au-delà...”.

    Annoncé sur le site lundimatin, proche du #Comité_invisible, l’événement rassemble la fine fleure de la pensée critique dans ce domaine – la sociologue Danièle #Linhart, le professeur de droit Emmanuel #Dockès, l’économiste Frédéric #Lordon, ou encore le journaliste indépendant Olivier #Cyran (auteur de Boulots de merde ! Enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers, 2016) -, mais aussi des syndicalistes, des zadistes et des écrivains (le programme complet est ici).

    Le collectif à son origine est aussi celui qui avait organisé la “chasse aux DRH” le 12 octobre dernier, pour empêcher la venue de Muriel Pénicaud au Congrès des DRH. Alain Damasio, écrivain de science-fiction engagé, auteur de La Zone du dehors et de La Horde du Contrevent, qui a co-organisé ce rassemblement, nous en dit plus.

    Quel est l’objectif de cette journée ?

    Alain Damasio – Lors d’une rencontre sur le plateau de Millevaches (Limousin) fin août avec des gens qui gravitent autour du Comité invisible, des artistes, Frédéric Lordon ou encore Julien #Coupat, on s’est dit qu’il fallait lancer une série d’actions pour lutter contre la deuxième loi travail. La première action, c’était la “#chasse_aux_DRH”. La deuxième, c’est cette journée au cours de laquelle nous allons essayer de déployer nos idées, nos visions, de proposer des choses. L’objectif, c’est de répondre à ces questions qui nous traversent tous : Comment dépasser le travail ? Comment sortir de cette fabrique du travailleur comme figure essentielle ?

    Ces rencontres sont réunies sous l’intitulé “Tout le monde déteste le travail”. Ça vous semble si évident que ça ?

    Le titre est une référence au slogan “Tout le monde déteste la police”, il fait la continuité avec les manifestations contre la loi travail. Il a aussi un côté affectif. Frédéric Lordon explique très bien que les mouvements politiques se déploient lorsqu’ils ont un affect commun. En l’occurrence, nous éprouvons la sensation qu’une majorité de gens souffrent au travail, subissent des conditions d’exploitation de plus en plus subtiles, que la pression du chômage les oblige à accepter. C’est pourquoi nous avons décidé de taper sur le travail, conçu comme une activité soumise à salaire et à un système de contrainte très fort.

    C’est aussi une provocation. Des gens vont lire l’affiche et se dire : “C’est pas possible, moi j’aime mon travail !” En fait, on pousse les gens à s’auto-convaincre qu’ils aiment ce qu’ils font. Quand tu subis une exploitation forte, dans un cadre très contraint car tu dois gagner ta vie, c’est une réaction naturelle. Intérieurement tu souffres et tu détestes ce que tu fais, mais tu as aussi une injonction à être à l’aise, à aimer ce travail. C’est aussi contre ce néo-management que nous nous érigeons.

    “Nous avons décidé de taper sur le travail, conçu comme une activité soumise à salaire et à un système de contrainte très fort”

    Nos vies vous semblent-elles de plus en plus réduites à cette seule activité : le travail ?

    J’ai le sentiment qu’on continue en tout cas à nous faire croire que l’horizon peut être le plein-emploi, qu’il suffit d’y mettre le fric, ou de “libérer” le travail pour qu’on recrée de l’emploi. Je suis convaincu qu’il faut au contraire définitivement enterrer cette idée. Pour moi, l’avenir du travail réside peut-être dans le revenu universel, même si le capital peut s’en accommoder. Cette idée ne fait d’ailleurs pas consensus entre nous.

    En effet il y a une version néolibérale du revenu universel... Comment en faire une mesure vraiment émancipatrice ?

    Les positions des participants à cette journée divergent à ce sujet. Ariel Kyrou, que j’ai fait inviter, a énormément défendu le revenu universel dans le cadre de la revue Multitudes. Pour moi, c’est un plancher minimal à partir duquel tu peux te débarrasser de la nécessité de travailler. Je pense que ça peut libérer énormément d’énergie pour créer, militer, organiser un autre type de vie. Ça ouvre la porte à des alternatives. Beaucoup de gens se moquent d’avoir un statut social. C’est ce que j’ai vu à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. De quoi vivent-ils ? Ils vivent souvent d’un RSA, et de l’autoproduction. En l’occurrence, le plancher du RSA leur permet de faire des choses fabuleuses localement.

    Entendez-vous revaloriser la paresse, l’oisiveté ?

    Je n’aime pas l’idée de paresse, car elle s’articule comme une négativité par rapport au travail. Par contre, étymologiquement, l’oisiveté vient du terme latin otium. Nier l’otium, ça donne le mot negotium, le "négoce", le commerce, et finalement, ce monde capitaliste dans lequel on est. Nietzsche l’écrivait très bien aux alentours de 1870, avant l’arrivée du marxisme, qui a été très pro-travail : pourquoi prôner le travail, alors que la noblesse spirituelle de l’époque était fondée sur une valorisation absolue de la disponibilité, de l’oisiveté, de la présence au monde, de la contemplation ? On a réussit à inverser cette hiérarchie des valeurs pour faire du travail quelque chose d’indispensable, le nec plus ultra.

    “C’est tout un rapport de l’Occident à l’activité en elle-même qu’il faut repenser”

    L’oisiveté, ce rapport au temps libéré, cette disponibilité au monde, à la nature et aux autres m’intéresse. Prendre ce temps me paraît fondamental. C’est tout un rapport de l’Occident à l’activité en elle-même qu’il faut repenser. En écrivant le texte du programme de cette journée avec Julien Coupat, on s’est posé la question du sens de l’activité. On a une telle compulsion au productivisme ! Moi-même, je n’arrive pas à passer à un rapport à l’activité qui ne soit pas auto-aliénant.

    Les technologies numériques semblent contribuer à accentuer l’emprise du travail sur nous, alors qu’on croyait qu’elles allaient nous en libérer. Pensez-vous qu’on peut mieux les maîtriser ?

    Je pense qu’on est dans un état d’adolescence par rapport aux technologies numériques. Il faudra encore une génération pour atteindre un bon niveau de recul, de maîtrise. Je vois très peu de parents capables d’éduquer leurs gamins aux jeux vidéo. Or s’il n’y a pas de transmission sur ce média, d’école pour éduquer aux jeux vidéo, comment voulez-vous que les gamins ne soient pas bouffés, vampirisés par des jeux addictifs ? C’est pareil pour les réseaux sociaux, les mails, etc. On peut passer des journées seulement en interactions avec des interfaces. Ça, c’est flippant.

    “La liberté est un feu : tout le monde a envie de se mettre autour, mais personne ne va prendre le risque de sauter dedans, d’assumer ce qu’être libre veut dire”

    J’ai l’impression qu’il y a un mécanisme humain de fermeture au monde, de régression fusionnelle avec les outils technologiques. Cela crée des effets de bulle. Le psychanalyste Miguel #Benasayag l’a très bien expliqué dans Plus jamais seul. Les gens veulent rester dans un continuum affectif permanent avec leurs proches, ils ne supportent plus le moment où le lien se coupe, et où on se retrouve seul. Pourtant c’est dans l’absence, dans la rupture du continuum que le désir de l’autre se construit.

    On a réussi à faire de la technologie un magnifique vecteur d’auto-aliénation. C’est ce dont je parle dans La Zone du dehors : on est très forts pour le liberticide. La liberté, c’est un feu : tout le monde a envie de s’en approcher, de se mettre autour, mais personne ne va prendre le risque de sauter dedans, d’assumer ce qu’être libre veut dire, parce que ça brûle, ça crame.

    Quelle #philosophie_du_travail défendez-vous collectivement ?

    Un de nos modèles, c’est la ZAD. La manière dont les zadistes conçoivent quotidiennement l’activité est différente. Elle est auto-générée. Pour construire un bâtiment avec du bois de la ZAD, ils constituent un collectif qui réapprend à faire les charpentes, ils réapprennent un artisanat et retrouvent une continuité naturelle avec la forêt. Il y a une autodétermination de bout en bout, corrélée à un territoire. On passe ainsi d’un statut d’ouvrier à un statut d’œuvrier. L’œuvrier décide lui-même de ce qu’il a envie de faire, du projet qu’il a envie de porter, et le fait avec des gens qu’il a choisis. C’est notre vision générale du travail.

    • Des militants cogitent sur les grèves de demain, JOSEPH CONFAVREUX, mediapart

      La Bourse du travail de Paris a accueilli le 27 janvier une journée de réflexion, entre haine du #travail tel qu’il est et désir de faire autrement. À l’heure de Deliveroo et Blablacar, les participants ont discuté des manières dont les nouvelles technologies, qui favorisent parfois l’exploitation de travailleurs précaires, peuvent aussi préparer les mobilisations de demain.

      « Pour ceux qui testent, détestent ou contestent le travail. » Telle était la baseline de la journée organisée, samedi 27 janvier, à la Bourse du travail à Paris, pour « penser le travail » et surtout les façons d’y échapper et/ou de le transformer.

      « C’est une journée auto-organisée et hybride, détaille l’écrivain de science-fiction Alain Damasio, l’un des organisateurs, dont l’idée est née de la volonté de poursuivre la lutte contre la loi Travail II, bouclée en quelques secondes par le pouvoir, en alternant action directe et propositions. Après la “chasse aux DRH” à la rentrée, on voulait donc proposer des alternatives au travail tel qu’il existe. »

      Intitulée « Tout le monde déteste le travail », pour faire écho au slogan « Tout le monde déteste la police » des mobilisations contre les mesures successives portées sous Hollande et Macron, cette journée avait pour but de prolonger, dixit Éric Beynel, du syndicat Sud-Solidaires, le « bouillonnement de forces qui s’était manifesté depuis 2016, à Nuit debout ou dans les cortèges, afin de reconstruire une hégémonie culturelle sur cette question du travail ».

      « Détester le travail » à la Bourse du travail, n’est-ce pas un paradoxe susceptible de rebuter de nombreux travailleurs et syndiqués, et n’est-ce pas prendre le risque de se retrouver dans un entre-soi gauchiste et anarchiste ? « Il y a eu un gros débat en interne, reconnaît Alain Damasio. J’étais plutôt contre au départ, mais je dois reconnaître que c’est un très bon titre. Non seulement parce que la dimension provocatrice, second degré et ironique fonctionne, mais aussi parce que, face au monde économique de Macron, qui essaye de nous faire croire que tout le monde est libéré dans et par le travail, on peut faire le pari que l’écrasante majorité des gens souffrent et détestent leur travail. La plupart des gens qui ont un emploi oscillent entre le burn out et le bore out. » Le titre et le programme de la journée ont, quoi qu’il en soit, fait venir un public massif et attentif, jeune et divers, souvent proche du site Lundimatin, le miroir numérique du Comité invisible.

      Selon Éric Beynel, les syndiqués n’ont pas été découragés par l’intitulé de la journée, puisque « des syndicalistes de la CGT ou de la FSU sont présents, même s’ils ne sont pas dans l’organisation. Notre idée est de refaire de ces bourses du travail des lieux d’échanges, de débats, de confrontations, comme c’était le cas au début du XXe siècle. La situation écologique, politique et sociale impose de ne pas s’enferrer dans de vieilles et vaines querelles. Le lien entre autonomes et syndicats n’est pas évident, mais on s’est retrouvé dans les manifestations contre la loi Travail, dans la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, contre l’enfouissement de déchets à Bure, et il est important de se réunir maintenant dans des espaces où on peut inventer des possibles partagés ».

      Cette convergence entre les autonomes et les syndicats « existait peu ou pas », abonde Alain Damasio. « Aujourd’hui, ajoute-t-il, on fait discuter des anarchistes, des autonomes, des communistes révolutionnaires, des syndicalistes, des artistes, des membres du Comité invisible, pour construire un ailleurs ou un en-dehors du travail… »

      Le public a circulé toute la journée entre le grand auditorium où débattaient, au sujet du « #néomanagement », de « l’offensive technologique du capital » et de l’« au-delà du salariat », des employés en lutte d’Orange et de Lidl, un livreur Deliveroo de Brighton, des membres de la plateforme Blablagrève, des acteurs de la campagne « Make Amazon Pay », des avocats et des sociologues, et la grande salle de réunion, où des orateurs allant du professeur de droit Emmanuel Dockès à l’autonome italien Franco Piperno, en passant par le philosophe algérien Sidi Mohammed Barkat, exposaient leurs vues sur le travail « sans capitalistes ni rentiers », la « religion industrielle » ou le « travail en trompe-l’œil ».
      Entre les deux salles, il était possible de se procurer à prix libre des sandwichs tartinés de « terrine de la ZAD », d’aller réaliser des sérigraphies et des gravures dans une salle ad hoc, d’écouter les sons diffusés par le collectif Zanzibar, qu’Alain Damasio décrit comme des « fictions ironiques de “team building” ou “team banding” à destination de cadres vivant en 2040 », ou encore d’acheter des livres dont les titres annonçaient le ton de la journée : Libérons-nous du travail, par le Comité érotique révolutionnaire, Le Travail à mort, au temps du capitalisme absolu, de Bertrand Ogilvie, ou encore Le Gros capitaliste, texte de B. Traven édité par les éditions Libertalia.

      « Grévistes volants »

      Deux caractéristiques principales se sont dégagées de la multitude des prises de parole, sans qu’il soit pour autant possible, ni sans doute nécessaire, de dégager une ligne programmatique ou un corpus cohérent, pour refonder le travail de demain.

      La première réside dans un refus de ce qui peut se définir comme « l’ubérisation » du travail, mais sans nostalgie aucune pour les rets du salariat, ni même pour le fonctionnariat. « Pour nous, la solution ne viendra pas de l’État, mais de l’auto-organisation des travailleurs », a ainsi affirmé Callum Cant, livreur Deliveroo à Brighton, avant de donner les résultats d’une étude montrant, à l’échelle européenne, la contestation croissante et souvent inaperçue des conditions faites aux auto-entrepreneurs des plateformes numériques.

      L’une des interventions les plus intéressantes de la journée a ainsi été celle d’un membre du CLAP, le Collectif des livreurs autonomes de Paris, qui exprimait la volonté à la fois de rester autonome dans son activité professionnelle et d’inventer des pratiques de mobilisation et de protestation adaptées à l’économie contemporaine.
      En effet, expliquait-il, « pour des gens comme nous, la grève n’est pas un mode d’action très utile. Si on se déconnecte, l’entreprise connecte d’autres livreurs qui sont ravis de prendre les commandes à notre place ». Mais leur connaissance fine de la plateforme Deliveroo, des petites failles des algorithmes utilisés et des cas particuliers tolérés par un support téléphonique entièrement basé à Madagascar et vite débordé, leur a permis d’organiser des blocus de commandes, dont le coût n’était supporté ni par les livreurs eux-mêmes ni par les restaurateurs, puisque les blocages étaient organisés à la sortie des restaurants, une fois la commande payée par Deliveroo.

      À ces modes d’action innovants s’articulent des procédures plus classiques, menées de concert avec la médecine du travail ou devant les tribunaux, pour faire reconnaître la pénibilité d’un travail qui peut exiger de transporter des commandes de plus de 12 kilos sur 8 kilomètres de distance, ou bien encore des tentatives de bâtir une plateforme numérique de livraison coopérative et équitable.

      Ce retournement de l’usage des outils du numérique qui facilitent le plus souvent l’exploitation des travailleurs individualisés est également au cœur du collectif Blablagrève, qui propose, sur le modèle du célèbre Blablacar, de mettre en relation, à travers une plateforme collaborative, des « grévistes volants » avec des piquets de grève ayant besoin de soutien logistique et/ou juridique. « Nous sommes partis, a décrit l’un des membres du collectif, du constat que les bouleversements dans le monde du travail sont intenses, alors qu’il n’existe ni bouleversement, ni intensification des formes de lutte. » Cette configuration plus souple leur a permis d’intervenir sur des chantiers de la région parisienne, ou auprès des femmes de ménage de Holiday Inn, c’est-à-dire des espaces où les syndicats sont peu présents et les grèves difficiles à mener.
      Beaucoup des intervenants partageaient donc, tel l’essayiste et philosophe Ariel Kyrou, à la fois une méfiance vis-à-vis de la façon dont les technologies peuvent mettre les « vies sous contrôle » et une curiosité pour la façon dont elles peuvent dessiner d’autres perspectives. Ce partisan d’un revenu universel « beaucoup moins utopique que les adversaires d’un tel système ne le prétendent » a développé, à la suite des travaux de la revue Multitudes, l’idée d’une « taxe Pollen » qui permettrait, en imposant de manière quasi insensible l’intégralité des flux financiers et monétaires, un revenu pour tous à 1 200 euros mensuels, susceptible d’affranchir les individus des « boulots de merde », dont il fut aussi beaucoup question lors de cette journée.

      La proposition a entraîné une vaste discussion autour de la différence entre un « revenu universel » de ce type et le « salaire à vie », suggéré par l’économiste Bernard Friot. Pour Ariel Kyrou, les « mécanismes sont proches, mais la proposition de Friot repose sur un mode de production industrielle qui ne prend pas assez en compte l’économie immatérielle et la façon dont c’est aujourd’hui moins la force productive que les flux d’argent qui dégagent de la valeur. Le #revenu universel tel que nous le proposons participe d’un autre imaginaire que celui de la société industrielle et de l’administration centralisée. On se situe dans l’imaginaire de l’activité libre, dans l’en-dehors et l’ailleurs du faire ».

      Si elle était centrée sur le travail, cette journée d’échanges débordait en effet largement de cette thématique en cherchant à définir une manière de faire société qui romprait avec la logique « carcélibéral » et l’enthousiasme contemporain pour la « start-up nation ». L’après-midi s’est d’ailleurs conclu, avant un départ vers Aubervilliers pour un temps de théâtre, de musique et de banquet, par la conférence de presse de lancement du collectif OSEF (Opposition à la startupisation de l’économie française), où l’on retrouve notamment la Quadrature du Net, Attac ou Solidaires, en lutte contre ce qu’ils désignent comme la « Startuffe Nation ».
      Comme le résumait Johnny, l’un des membres de la campagne « Make Amazon Pay », venu spécialement d’Allemagne, « le débat autour d’Amazon ne concerne pas seulement les conditions de travail dans les entrepôts. Ce qui se joue, c’est Amazon et son monde. Cela concerne à la fois ceux qui travaillent pour Amazon, ceux qui commandent des articles sur Amazon, mais aussi tous les autres. Cela nous permet de comprendre comment la technologie influence notre vie et pas seulement le travail. Nous voulons décider collectivement quel voyage technologique nous avons envie de faire dans le futur. La gauche radicale et les syndicats ont très peu d’idées là-dessus. Les gens de la Silicon Valley et les gouvernements y réfléchissent, mais la gauche très peu ».

      À cette aune, la seconde grande caractéristique de cette journée aura été de donner une place importante aux récits alternatifs, aux contre-imaginaires, et notamment à l’anticipation. Pour l’écrivain Alain Damasio, la science-fiction peut être utile pour deux raisons : « Avoir un rôle classique d’alerte sur les cas les plus inquiétants du néomanagement en extrapolant les tendances les plus noires, mais aussi un autre volet plus utopique, qui élabore des propositions. »

      Avec 11 autres écrivains, il a donc publié un stimulant ouvrage de nouvelles intitulé Au bal des actifs. Demain le travail (éditions La Volte), qui imagine des façons de travailler dans le futur. Sous la plume de Catherine Dufour est ainsi décrit un monde où « Flexemploi » propose des jobs de 24 heures à des individus dont les dates de péremption sont très rapides.
      Sous celle de l’ancien banquier Norbert Merjagnan naît, au contraire, un univers qui repose sur une « monnaie sociale », le pixel, dont la caractéristique est de prendre de plus en plus de valeur quand de plus en plus de personnes s’investissent dans le projet qu’elle soutient, et d’en perdre si un seul capitaliste très riche s’y intéresse.

      Quant à Alain Damasio, il propose un texte hilarant sur l’avenir des « créatifs » et la machinisation des métiers, en imaginant les difficultés d’un cuisinier bientôt à la retraite pour transmettre à un robot censé le remplacer, mais incapable de bien sentir, en dépit de ses capteurs visuels ultraperfectionnés, la « bonne » couleur du sucre pour la tarte Tatin. Une nouvelle à l’image de cette journée, où les récits destinés à penser au-delà ou en dehors du travail ont été plus importants que de possibles recettes pour le réorganiser aujourd’hui…

      https://seenthis.net/messages/663487

  • Colloque « Transhumanisme » de l’Union rationaliste
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1000

    INVITATION au colloque de l’Union Rationaliste « TRANSHUMANISME »

    Co-organisé par Michèle Leduc, Guy Bruit et Emmanuelle Huisman-Perrin. Avec l’amical concours de Jean-Michel Besnier, sur l’homme augmenté. SAMEDI 2 DÉCEMBRE 2017 DE 9 H À 17 H 30 QUI SE TIENDRA À L’ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE SALLE DE CONFÉRENCE IV BÂTIMENT DE PHYSIQUE 24 RUE LHOMOND 75005 PARIS. INTERVENANTS : JEAN-MICHEL BESNIER, Philosophe, Responsable du numéro de Raison Présente : Augmenter l’homme, pour quoi faire ? Son intervention portera sur le Post humanisme et la temporalité. MARC ROUX, Historien. Président de l’association française du transhumanisme. Son intervention portera sur les idéaux d’égalité dans un autre transhumanisme. ARIEL KYROU, Rédacteur en chef du site Culture mobile, interviendra sur le numérique et le (...)

    #Service_compris

  • Travail : 4 propositions pour éviter la précarisation généralisée | Ariel Kyrou
    https://loveliveminimal.tumblr.com/post/166425710555/travail-4-propositions-pour-éviter-la

    Le « comment » de cette route vers l’horizon mouvant d’une société non plus gouvernée par l’emploi mais par un travail au sens d’œuvre, de care et de singularité personnelle et collective, reste évidemment à creuser. L’une des voies envisageables, défendue par les auteurs du Manifeste accélérationniste[5], Nick Strinek et Alex Williams, tient en deux mouvements intenses et apparemment contradictoires : d’une part accélérer le remplacement de l’humain par les machines, afin d’éliminer au plus …

  • Les Civic Tech en leurs enjeux
    http://www.internetactu.net/a-lire-ailleurs/les-civic-tech-en-leurs-enjeux

    Sur Culture Mobile, Ariel Kyrou livre une longue interview du politologue Clément Mabi (@C_Mabi, dont on peut consulter les versions complètes papier ou audio). Celui-ci a récemment dressé pour la Vie des idées une intéressante typologie des Civic Techs en 3 grandes familles (voir également celle que proposait il y (...)

    #A_lire_ailleurs #Recherches #Usages #CivicTech #eDémocratie

  • Les clés d’un nouveau modèle social - La Vie des idées
    http://www.laviedesidees.fr/Les-cles-d-un-nouveau-modele-social.html

    Par Yann Moulier et Ariel Kyrou

    L’expérimentation du revenu universel inférieur au montant actuel des transferts sociaux (800 € en France actuellement en moyenne), qui viserait essentiellement à construire un dispositif d’incitation au retour à l’emploi, notamment partiel ou ubérisé comme en Finlande actuellement, ne prouverait rien sur sa généralisation, puisqu’elle se l’interdit d’emblée. Elle ne ferait que rationaliser et simplifier les mécanismes actuels d’activation de la dépense publique. Il n’en va pas de même d’un revenu de base qui permettrait à un individu de satisfaire ses besoins essentiels (nourriture, transport, dépenses de santé, logement, accès à l’éducation à tout niveau, à la communication et à la culture) et serait distribué à un nombre encore limité, mais destiné à s’accroître. Parmi les caractéristiques essentielles du revenu universel – individualisation, inconditionnalité, aspect cumulatif, niveau suffisant, universalité – c’est cette dernière qui viendra en dernier. Ce principe doit guider les expériences non biaisées.

    C’est ainsi qu’il faut comprendre la prise de position de l’archéologue des médias Yves Citton : il défend le revenu universel d’existence, non comme une forme de charité ou d’assistance aux plus démunis, mais comme une « avance permettant à chacun de réattribuer ses ressources attentionnelles de façon plus productive et émancipatrice ». Comme un investissement de notre société, « distribué en échange de l’attention que nous nous prêtons aujourd’hui les uns aux autres, et qui est nécessaire à la reproduction, à la croissance et à l’amélioration de nos rapports sociaux » [10]. Car le revenu universel n’est pas de subsistance mais d’existence. Le traiter comme une réforme d’ordre uniquement économique reviendrait à l’enterrer pour de bon. L’envisager, en revanche, comme la pièce centrale d’une conception nouvelle de la société semble mille fois plus riche de promesses.

    #revenu_universel

  • Les clés d’un nouveau modèle social
    http://www.laviedesidees.fr/Les-cles-d-un-nouveau-modele-social.html

    Tout revenu de base n’est pas bon à prendre. Ariel Kyrou et Yann Moulier Boutang, rédacteurs de la revue Multitudes, militent ici pour l’instauration d’un revenu inconditionnel et suffisant qui, en donnant un nouveau sens au #travail, participe à la construction d’une société contributive.

    Essais & débats

    / #revenu_universel, #impôt, travail

    #Essais_&_débats

    • Nombre d’économistes de gauche restent sceptiques vis-à-vis de ce revenu de base. Ainsi Jean-Marie Harribey, ancien coprésident d’Attac France, craint-il l’avènement d’une société duale, entre ceux ayant ou non un emploi. Comment expliquer pareilles divergences entre chercheurs a priori du même bord ? Qu’ils soient issus des syndicats, d’une gauche ou d’une droite défendant mordicus la valeur du travail, ses adversaires semblent croire encore aux vertus de la croissance économique et à l’horizon du plein emploi. Ses partisans constatent quant à eux l’inadéquation de ces objectifs à la réalité, voire la nécessité de boussoles moins « productivistes ». Mais quels sont dès lors les arguments économiques, sociaux et culturels des défenseurs d’un revenu universel d’existence ? Seraient-ils d’une certaine façon les « Modernes », prenant acte du chômage technologique d’aujourd’hui et de demain, que l’on pourrait opposer à des « Anciens », persuadés que les emplois éliminés par l’automatisation seraient systématiquement compensés à terme par ceux créés via l’innovation technologique – selon la théorie de la « destruction créatrice » de Joseph Schumpeter ? Et si cette métaphore est juste, sur quels critères reposerait la différence entre le revenu de base tel que qu’il est défendu par Benoît Hamon ou Yannick Jadot et la version que soutiennent Nathalie Kosciusko-Morizet, Christine Boutin ou encore Alain Madelin ?

      Après, ceux qui craignent « une société duale entre ceux qui ont un emploi et les autres » devraient un peu sortir de leur grotte : c’est fait !
      Et les conditions de vie qui sont faites aux #chômeurs sont de nature à peser sur les autres en les manipulant par la peur d’une condition sur laquelle ils n’ont aucune prise. Oui, on va rappeler que ce n’est pas le salarié qui décide d’être chômeur, mais le patron qui choisit de fabriquer un chômeur pour optimiser ses profits.
      #RDB

    • Enfin un papier qui - n’en déplaise aux tenants des idéologies syndicales tradi et gauchistes recentrées (l’emploi comme sésame de la dignité et de la politique) - clarifie pour partie les enjeux.
      La #réforme_fiscale indispensable au financement d’une telle réforme est présentée ici comme pouvant être indolore (jusqu’à prévoir de réviser l’ISF ?). L’"euthanasie des rentiers " (Keynes) façon bisounours ?

      Un texte voisin (s’attarder au cas du bureaucrate socialiste Hamon est sans doute la meilleure manière de ne pas tenir compte du contenu de ce texte) :
      Hamon et le revenu universel, Toni Negri
      HTTP://WWW.EURONOMADE.INFO/?P=8792

  • Yves Citton, l’écologie de l’attention - Culture Mobile
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/120675862023

    Ariel Kyrou pour CultureMobile livre un très long entretien (il faut lire le PDF qui fait quelques 51 pages : un véritable petit livre !) avec Yves Citton qui a publié en 2014 deux livres sur le sujet dont Pour une écologie de l’attention. Celui-ci rappelle combien l’attention est toujours lié à une relation. Qu’il est un phénomène plus collectif qu’individuel. Et que les systèmes techniques homogénéisent des types d’attention très hétérogènes, tout en leur donnant une valeur opérationnelle. Ils créent une “attention appareillée, machinisée, désubjectivée, collective, parfaitement inédite”. Pour Yves Citton, l’enjeu de l’écologie de l’attention c’est de construire “une nouvelle empathie, à la fois intuitive et appareillée, à la fois sensuelle et algorithmique, articulée à une nouvelle sollicitude et à de nouveaux (...)

    #attention #économie_de_l'attention

  • Armer l’esprit – II - De quels droits - Politis
    http://www.politis.fr/Armer-l-esprit-II,20398.html

    Pour cette seconde livraison d’ouvrages utiles et de nourritures nécessaires, trois livres questionnant les usages et l’impact d’Internet et des technologies sur nos vies, et un dernier sur la question du nucléaire.

    Dans Révolutions du Net, Ariel Kyrou, journaliste, enseignant et écrivain, explore la figure de l’anonyme et sa puissance d’action sur le réseau. Il évoque la saga des fameux #Anonymous portant masque de Guy Fawkes, mais aussi l’engagement de blogueurs comme Tarek Amr, Khaled Said ou la « Tunisian Girl » Lisa Ben Mhenni, qui ont marqué les révolutions arabes. Le net pullule aussi d’#anonymes, d’avatars et de clones, se mettant en scène, parodiant jeux et films. Pour l’auteur, avec ces outils 2.0, « ce qui disparaît de nos relations quotidiennes, c’est la présomption d’incompétence de l’autre ». Le net développe le collaboratif et l’auto-organisation. Pour quelles motivations – gloire personnelle ou altruisme –, avec quels dommages collatéraux sur la vie privée que l’anonymat ne suffit pas à protéger, et au final aux bénéfices de qui ? La question reste posée.

    Plus radical, Cédric Biagini dresse avec l’Emprise numérique un réquisitoire sans concession contre Internet et les dites « nouvelles technologies ». Sa position s’apparente à celle du #luddite [1] et il considère essentiellement ces outils comme des moyens d’asservissement et de maintien de la domination capitaliste. Exemple, les technologies à l’école – qu’il s’agisse des fichiers, de l’évaluation par compétence en vue de « l’employabilité », de jeux formatant la pensée ou de la présence de moins en moins discrète de l’entreprise. Ou Facebook, grand ordonnateur de nouvelles relations sociales superficielles et régressives. On ne peut qu’être d’accord. Mais il met dans le même sac le mythe d’un Internet porteur de « révolution numérique » et celui porteur de « démocratie participative », et balance un uppercut aux hackers, aux militants, aux adeptes du crowdsourcing et des forums. Pour se rallier plutôt aux seuls vrais gens libres, ceux capables de se déconnecter.

    La médiation technologique est certes une forme d’opium engourdissant, mais on ne peut occulter qu’elle a, entre autres, réactivé le partage au détriment des échanges purement monétaires. La réalité n’est pas binaire, et ces deux livres en en donnant chacun une vision – plutôt utopique pour l’un, dystopique pour l’autre – appellent à un indispensable débat sur l’aliénation numérique, sur notre propre inclination à la servitude et sur la capacité de l’outil à consolider les résistances.

    #aliénation_numérique #libération_numérique #parlons_en

  • sur le « furet de l’offre légale », plus furtif tu meurs de faim plus vite qu’un artiste exploité (ah zut, j’arrive pas à rester consensuel plus de quinze mots... pardon. je m’en veux très fort. vais reprendre un coup de nuits-saint-georges, tiens) : ce qui suit est tiré de la bio de Zappa publiée en 1989. le rendez-vous qu’il relate date donc de ... à vue de blaze, 1985-87... genre les ahuris des « maîsons de disqueuh ! » qui disent que bon, c’est tout nouveau, y sont dessus bien sûr, mais, vous savez, on a ben des problèmes, avé tous ces vilains pirat’ tout pas beaux... voui voui, fume... je vous laisse en compagnie de Frank :

    Postface de J-L Renoult à Techno rebelle d’Ariel Kyrou, p. 332 : "Dans le dernier chapitre de son autobiographie, il [Zappa] décrit quelques-uns de ses échecs professionnels. Notamment, « une proposition de système visant à remplacer le marché du disque phonographique » (..) « à un moment du temps jadis où les CD n’étaient même pas sur le marché », raconte Frank Zappa.

    Voici un extrait de cette proposition :
    « Nous proposons d’acheter les droits de reproduction numérique des meilleures oeuvres de fonds de catalogue que les maisons de disque peinent à écouler, de les centraliser sur un serveur, puis de les connecter par le téléphone ou le câble directement au magnétophone de l’ordinateur. Lequel utilisateur aurait le choix entre un transfert direct numérique sur F-1 (le DAT de Sony), sur Beta Hi-Fi, ou sur un autre support analogique ordinaire. » Zappa précise que son système requiert l’installation d’un « convertisseur numérique/analogique dans le téléphone », autrement dit un modem. Comment ne pas y voir un système de téléchargement semblable à celui de Napster ?

    Zappa envisage même un système de rétribution. Il ajoute que « le décompte du paiement des royalties, la facturation à l’acheteur, etc., seraient automatiquement assurés par la gestion informatisée du système. Le client s’abonne à une famille thématique ou davantage et se voit facturé mensuellement »...
    –----

    texte complet :
    (Zappa par Zappa avec Peter Occhiogrosso, 1e éd. 1989, éd. l’Archipel, Paris, 2000, pp. 358-362)

    Le document suivant relate ce qui est survenu lors de la réunion au Rotschild Venture Capital, qui s’est tenue à un moment du temps jadis où les CD n’étaient même pas sur le marché...

    Proposition de système visant à remplacer le marché du disque phonographique

    Le commerce classique des disques phonographiques tel qu’il existe aujourd’hui relève d’un circuit aberrant qui consiste pour l’essentiel à déplacer des pièces de vinyle, enveloppées dans des pochettes en carton, d’un endroit à un autre.
    Le volume de ces objets est très important, et leur expédition coûteuse. Le procédé de fabrication est complexe et archaïque. Les contrôles-qualité de pressage sont des opérations vaines. Les clients mécontents retournent régulièrement des exemplaires rayés inutilisables.
    La nouvelle technologie numérique est de nature à régler le problème des rayures et à offrir aux auditeurs une qualité d’écoute supérieure sous forme de compact-discs (CD). Plus petits, ils permettent aussi de stocker plus de musique et réduisent en toute hypothèse les coûts d’expédition (...), mais se révèlent plus chers à l’achat ainsi qu’à la fabrication. Pour les écouter, le consommateur devra acquérir un équipement numérique à la place de sa vieille hi-fi (de l’ordre de 700 dollars).
    La majeure partie des efforts promotionnels consentis par les producteurs de musique porte, aujourd’hui, sur les NOUVEAUTES (...), les derniers-nés, les plus beaux, que ces renifleurs de cocaïne épilés ont décidé d’infliger au public cette semaine-là.
    Bien souvent, de telles « décisions d’esthètes » finissent sous forme de montagnes de vinyles/pochettes invendables et sont retournés direction la décharge ou le recyclage. Des erreurs qui coûtent cher.
    Ne parlons pas, pour le moment, des méthodes classiques de commercialisation, et considérons plutôt tout ce gâchis d’ARTICLES DE FOND DU CATALOGUE, soustraits du marché par suite de manque de place dans les bacs des disquaires et de l’intarissable obsession des représentants des maisons de disques, rivés sur leurs quotas : remplir le petit espace réservé aux nouveautés de la semaine, et lui seul.

    Tous les grands éditeurs ont leurs caves bourrées d’enregistrements éminents d’artistes majeurs (et les droits inaliénables qui vont avec) dans tous les styles de musique imaginables, susceptibles de procurer de l’agrément au public, pour peu que ces disques soient distribués sous une forme commode.
    LES CONSOMMATEURS DE MUSIQUE CONSOMMENT DE LA *MUSIQUE (...) ET PAS SPECIALEMENT DES ARTICLES DE VINYLE DANS DES POCHETTES EN CARTON.
    Notre proposition : tirer avantage des aspects positifs d’une tendance négative qui frappe qujourd’hui l’industrie du disque : le piratage domestique sur cassettes de la production sur vinyle.
    Prenons conscience, avant tout, que les enregistrements de cassettes à partir d’albums ne sont pas nécessairement motivés par la « radinerie » des consommateurs. Si l’on enregistre une cassette à partir d’un disque, la copie rendra certainement un son de meilleure qualité que celle d’une cassette commerciale dupliquée à haute vitesse, produite à bon droit par l’éditeur.

    Nous proposons d’acheter les droits de reproduction numérique DES MEILLEURES OEUVRES de fond de catalogue (OFC) que les maisons de disques peinent à écouler, de les centraliser sur un serveur, puis de les écouler par le téléphone ou par le câble directement au magnétophone de l’utilisateur. Lequel utilisateur aurait le choix entre un transfert numérique direct sur F-1 (le DAT de Sony), sur Beta Hi-Fi, ou sur un autre support analogique ordinaire (avec installation d’un convertisseur numérique/analogique dans le téléphone (...), opération rentable, pusique la puce ne coûte qu’une dizaine de dollars.
    Le décompte du paiement des royalites, la facturation à l’acheteur, etc., seraient automatiquement assurés par la gestion informatisée du système.
    Le client s’abonne à une "famille thématique ou davantage et se voit facturé mensuellement, QUEL QUE SOIT LE VOLUME DE MUSIQUE QU’IL SOUHAITE ENREGISTRER.
    Proposer un tel volume de catalogue à prix réduit ne peut que faire chuter la tendance à la copie et au stockage, puisque l’offre est permanente, de jour comme de nuit.
    L’envoi de catalogues mensuels actualisés réduirait d’autant la consultation en ligne du serveur. Tous les services seraient accessibles par le téléphone, même si la réception locale passe par le cable télé.
    Avantage : (...) un affichage du graphisme de la pochette, des textes des chansons, des notes techniques, etc., serait couplé au téléchargement. Ce qui contribuerait à redonner aux albums, sous des dehors électroniques, leur statut initial d’ « albums » tels qu’ils sont aujourd’hui proposés dans les différents points de vente, tant il est vrai que bon nombre de consommateurs aiment caresser les pochettes, objets de fétichisation, quand ils écoutent de la musique.
    Dès lors, le *potentiel tactile fétichiste (PTF)
    est préservé, réduit du coût de distribution du cartonnage.
    Au moment où vous lisez ces lignes, la quasi-totalité de l’équipement requis est disponible dans les magasins ; il ne vous reste plus qu’à brancher le tout et mettre fin ainsi au marché discographique sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.

  • Nous sommes tous des cyborgs [1/2] | Ariel Kyrou
    http://owni.fr/2011/06/03/nous-sommes-tous-des-cyborgs-12

    Pour Ariel Kyrou, nous prenons le chemin d’une hybridation avec les machines toujours plus importante. Des smartphones à la réalité augmentée en passant par Internet, analyse d’une humanité en voie de « cyborguisation ».

    #Science #cyberféminisme #Cyborg #Google #humanité #hybride #implant #machine #réalité_augmentée #web