ISISRAEL et les articles sur la Daech conspiracy
Avant tout, je me dois de préciser que le jeu de mots et les articles en question ne sont en rien liés. Le jeu de mots déniché par les inquisiteurs pour me faire passer pour un antisémite a été publié sur les réseaux sociaux pendant la guerre contre Gaza en 2014. Les massacres de civils commis par l’armée israélienne dans cette prison à ciel ouvert qu’est la bande de Gaza n’ont rien à envier, à mes yeux, aux méthodes barbares de Daech (ISIS). Les crimes commis par Tsahal contre la population civile palestinienne ont été documentés et dénoncés par tous les organismes internationaux, les organisations de défense des droits de l’homme, la presse de gauche israélienne et de nombreux citoyens et artistes israéliens, comme la regrettée Ronit Elkabetz.
On peut trouver le jeu de mot excessif, on peut en débattre, mais l’utiliser pour m’accuser de telle ou telle chose n’est rien d’autre que de la diffamation. Ils auraient pu dénicher d’autres jeu de mots de la même facture qui dénonçaient les exactions du régime syrien, comme Bachar d’assaut ou Blood Baath, ou même Bilad el Shame. Mais non, ils ont précisément choisi ISISRAEL pour leur entreprise de character assassination.
Par ailleurs, on peut se demander en quoi ce jeu de mots qui les choque tant est plus grave que le négationnisme de Benjamin Netanyahu qui a osé déclarer en octobre 2015 qu’Adolf Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs. Curieusement, les hurleurs d’aujourd’hui n’ont pas poussé des hauts cris comme ils auraient dû le faire face aux propos scandaleux du Premier ministre israélien. Moi, par contre, je l’ai dénoncé avec force dans une note intitulée When Netanyahu absolves Hitler.
Quant aux articles sur la Daech conspiracy, ils ont été écrits après que l’organisation terroriste s’est implantée au Liban, au su et au vu de toute la communauté internationale, sans que celle-ci ne bouge le petit doigt pour l’en empêcher. Si Daech, comme le prétendent encore certains, n’a existé que pour combattre le régime syrien, pourquoi s’est-il implanté au Liban ? Je me suis donc penché sur le sujet et cherché à comprendre.
Le Liban est entouré par la Syrie et Israël, qui ont chacun de leur côté cherché à le dominer et à détruire tout ce qui leur résistait. Ils l’ont parfois fait de concert, comme le 13 octobre 1990, quand l’aviation syrienne, chapotée par l’aviation israélienne, a bombardé ce qu’on appelait alors le « réduit chrétien » et mis fin au rêve d’indépendance des Libanais.
Israël n’est pas un ami du Liban – c’est le moins qu’on puisse dire. Depuis que je suis né, il y a déjà 50 ans, l’état hébreu bombarde régulièrement la population civile libanaise. Pendant les cinq décennies qui nous séparent de ma naissance, l’armée israélienne a envahi le pays des cèdres à plusieurs reprises, l’a occupé pendant plus de vingt ans, y a créé une milice qui n’avait rien à envier à celle qui a sévi en France durant l’occupation allemande (souvenez-vous de la prison de Khiam), y a commis de nombreux massacres (peut-on oublier Cana ?), a pillé ses ressources naturelles (notamment l’eau du Litani), et violé un nombre incalculable de fois sa souveraineté, ses eaux territoriales et son espace aérien.
Les terroristes de Daech, venus de Syrie, sont entrés au Liban dans un silence international assourdissant. Et Israël, d’habitude si soucieux des organisations paramilitaires qui s’implantent au Liban, et qui n’hésite jamais à les dénoncer et à les attaquer, n’a ni moufté ni bronché. De quoi se poser des questions. Des questions légitimes que je me suis évidemment posé, tout comme bon nombre de Libanais.
J’ai donc fait des recherches et posé la problématique dans un premier article : What’s Daech doing in Lebanon ? Dans cet article, j’ai cité, entre autres, une source attribuée à Edward Snowden (en précisant qu’elle n’était pas vérifiée), et une correspondance attribuée à David Ben Gourion et Moshe Sharett qui préconisait la division du Moyen-Orient en mini-états confessionnels, que Daech a mis en œuvre en créant un mini-état sunnite à cheval entre l’Irak et la Syrie. Dans un second article, qui faisait suite au premier, j’ai écarté ces deux éléments – la source attribuée à Snowden s’étant révélé être une fake news, et je n’avais pas pu vérifier la véracité de la correspondance entre Ben Gourion et Sharett.
Ne pouvant, en toute honnêteté, rien affirmer, j’ai posé des questions légitimes et claires. Mais ma réflexion sur les origines de la création de Daech ne s’est pas limitée à ces questions auxquelles je n’ai pas encore trouvé de réponses, et à Israël. J’ai exploré d’autres possibilités et écrit plusieurs articles sur le sujet (Daech est sans doute le sujet que j’ai le plus traité sur mon blog), dont l’un s’interroge sur le parallèle géopolitique troublant entre la montée du nazisme en Europe et du daechisme au Moyen-Orient : History repeating ?
Mais pour Éric Naulleau ou Raphaël Enthoven (pour ne citer qu’eux, le second étant plus fin que le premier qui a implicitement demandé mon renvoi du Média), la lecture ne peut être que franco-française, voire parisiano-parisienne. Leur monde, c’est Paris et ses plateaux télé. Pour eux, je ne suis peut-être qu’un Arabe sans grande importance, sans Histoire et sans passé. Qui n’a pas le droit à sa singularité, voire son individualité, et surement pas à sa liberté de penser, de s’interroger et de s’exprimer en dehors de leurs clous à eux.
Je leur rappelle, ainsi qu’à tous les autres, que j’ai combattu l’occupation de mon pays par une armée étrangère, les milices totalitaires qui y régnaient en maître et le régime policier qui y sévissait, que j’ai risqué ma vie pour avoir le droit d’être libre et de m’exprimer comme bon me semble. Avant de m’interpeller du haut de leur célébrité et me jeter à la gueule toutes sortes d’anathèmes, qu’ils me montrent donc leur CV, qu’ils me fassent part de leurs combats et des risques qu’ils ont pris pour défendre leurs idées, qu’ils me démontrent ce qui leur donne le droit de me juger !
Bref. Tout ce que j’ai écrit n’a rien à voir avec le complotisme (quel mot imbécile pour faire taire celles et ceux qui osent questionner les versions officielles des gouvernements, comme si ces derniers ne mentent jamais) et l’antisémitisme. Prétendre que je suis antisémite est aussi ridicule que d’affirmer que je mesure 1m90, que je suis blond aux yeux bleus et que je chausse du 54. Et surtout, de par mon passé, de par mes amitiés et mes amours, cette accusation m’est insupportable. Tout futur accusateur devra en répondre devant la justice française.
Quant au complotisme, on m’accuse d’être un partisan de la théorie du complot liée aux attentats du 11 septembre (the 9/11 conspiracy explained in less than 5 minutes). Ils ont balayé d’un revers de main méprisant l’explication que j’ai donnée sur Twitter, qui disait que c’était de l’humour et du second degré. Mais si ces inquisiteurs à la petite semaine avaient fait correctement leur sale boulot, ils auraient trouvé d’autres notes de blog qui se moquent des théories du complots : The Gay conspiracy, The iPhone X anti-Lebanese conspiracy, Red Moon : the communists are taking over the heavens, sans oublier Le complot dont personne ne parle, celui de mes voisins du dessus qui ne font du bruit que lorsque je me mets à écrire !
Claude El Khal