person:aurélie daher

  • (1) Quand le Hezbollah conforte en Syrie ses positions au Liban - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2016/05/25/quand-le-hezbollah-conforte-en-syrie-ses-positions-au-liban_1455166

    A l’été 2015, un sondage, réalisé auprès de Libanais chiites, avançait que 78,7 % des personnes interrogées « soutenaient l’intervention du Hezbollah en Syrie », et 79,9 % estimaient que les actions du Hezbollah en Syrie « leur permettaient de se sentir davantage en sécurité » (Hayya Bina, « 15 Questions For The Lebanese Shia Community », juillet 2015). Connaissant l’idéologie dogmatiquement antichiite des radicaux sunnites, les chiites du Liban ont majoritairement estimé que leur soutien au Hezbollah n’était qu’un prétexte au déchaînement de la violence jihadiste, qu’ils sont haïs pour ce qu’ils sont avant de l’être pour ce qu’ils font - le cas des Yézidis d’Irak étant régulièrement avancé pour appuyer l’argument.

    • En particulier, l’attaque massive des deux organisations jihadistes contre la localité libanaise de Ersal, en août 2014, a amené beaucoup de Libanais à prendre conscience du danger que représentent ces deux groupes. Les chrétiens du 14 Mars ne sont plus aussi rassurés devant l’hypothèse d’un nouveau régime plus ou moins islamique qui prendrait le pouvoir à Damas. Dans les milieux politiques, médiatiques, universitaires, ils perdent en influence au profit de leurs coreligionnaires pro-Hezbollah.

      Déjà en mai 2013, j’avais signalé les propos inquiets d’al Joumhouria (le quotidien d’Elias Murr), déjà à propos d’Ersal et d’une attaque contre l’armée :
      http://seenthis.net/messages/143322
      et je demandais :

      Cela témoigne-t-il de l’inconfort des chrétiens du 14 Mars face aux actions des islamistes syriens (pourtant soutenus ouvertement par leur camp) ?

      À mon avis, au Liban, dès la fin 2012 l’opinion publique était largement faite, même si en France on n’interviewait que le fan-club de la rébellitude syrienne.

    • Du monde virtuel médiatique…

      Lorsque les attentats contre les régions chiites du Liban ont commencé, de nombreux observateurs ont annoncé un effondrement imminent de la popularité du parti : les chiites allaient bientôt réaliser que le seul moyen de se prémunir contre les représailles des groupes jihadistes sunnites était de se démarquer officiellement et publiquement du Hezbollah. La réalité allait mettre en avant un tout autre scénario…

      Pas très intéressant de commenter « de nombreux observateurs » (Hayya Bina = Lokman Slim, bien connu ici) qui disent ce qui, déjà à l’époque, est une grossière falsification : des gens payés pour annoncer l’effondrement prochain de la popularité du Hezbollah, ça constitue un secteur industriel au Liban. C’est même un axe fondamental de la communication du 14 Mars.

  • A propos du documentaire d’Arte, passé hier, intitulé « Liban, de fracture en fracture » déjà signalé par @kassem pour une photo trompeuse ici : http://seenthis.net/messages/317294
    Il est visionnable là : http://www.tv-replay.fr/redirection/02-12-14/liban-de-fracture-en-fracture-arte-10946400.html

    Tout le documentaire tourne autour d’une thèse simple et d’une lecture strictement confessionnelle : le Hezbollah chiite, bras armé de l’Iran, par ses armes et son implication en Syrie est le seul responsable des tensions au Liban car il humilie les sunnites et les radicalise, créant un climat dangereux pour les chrétiens en important la crise syrienne au Liban.

    Tous les « analystes » interrogés sont des anti-Hezbollah : Ziyad Majed, Ahmed Fatfat (Courant du Futur), Romain Caillet, un clerc chiite, voire l’imam salafiste Salem Rafei (présenté comme un « sunnite »). Seule exception deux ou trois courtes interventions d’un journaliste du Akhbar.

    Pas une fois la parole n’est donnée à un représentant politique du Hezbollah ou d’un de ses alliés. Pas un universitaire français ayant travaillé sur le Hezbollah n’est interrogé : ni Sabrina Mervin, ni Aurélie Daher, ni ....

    – Les blocages politiques d’avant l’accord de Doha ? La volonté du Hezbollah d’assoir sa domination sur l’Etat libanais.
    – Les affrontement de 2008 entre le Courant du Futur et le Hezbollah ? Une prise d’assaut par les chiites de quartiers sunnites.
    – Les combats à Tripoli ? L’exaspération des sunnites de Bab al Tebbaneh face à l’injustice de l’aide du Hezbollah à l’armée d’Assad. Et pas un mot sur le quartier de Jabal Mohsen.
    – Les attentats à sud Beyrouth et dans la Bekaa ? Des représailles contre les fiefs du Hezbollah qui tue des syriens.
    – Les puissances étrangères dans le conflit syrien ? La Russie et l’Iran, point barre !
    – L’implication de forces libanaises en Syrie ? Le seul fait du Hezbollah.
    – Le phénomène al-Assir ? La réaction des sunnites humiliés réprimés par l’armée libanaise appuyée par le Hezbollah. Pas un mot sur l’attaque de soldats de l’armée par les hommes d’al-Assir.
    – Les combats à Ersal ? Des groupes d’insurgés syriens du Qalamoun combattus injustement par le Hezbollah. Pas un mot sur les soldats libanais kidnappés dont 3 exécutés ! En prime petite interview de soldats de l’ASL disant qu’ils n’ont rien contre les chiites.
    – Le vote de réfugiés syriens en faveur d’Assad à la présidentielle ? Le seul effet de la « machine de propagande » du régime exploitant la peur de Da’ech et de l’encadrement du Hezbollah.

    Etc...

    • @kassem : c’était bien senti. Les partisans d’Aoun, on ne les a d’ailleurs pas entendus. Mais sincèrement - je dois être encore un peu naïf - j’ai été étonné du caractère véritablement grossier de ce parti pris. al-Arabiyya ou i24 n’auraient pas fait pire.

    • Sur « un clerc chiite », pas n’importe lequel évidemment.

      Le gars est mort récemment, d’ailleurs, et Angry Arab avait rappelé la constance morale (hum hum) du gugusse :
      Hani Fahs is dead : Shi‘ite Wahhabism
      http://angryarab.blogspot.fr/2014/09/hani-fahs-is-dead-shiite-wahhabism.html

      Lebanese Shi‘ite cleric, Hani Fahs, is dead. He is of course being praised in Hariri and Saudi media because he was an employee of those media. I have said before that there is no man who switched political positions in a lifetime than this man and ‘Adil-‘Abdul-Mahdi of Iraq (but I maintain that the latter genuinely changed positions from Fato to Maoist to Islamist etc). Hani Fahs was first a follower of the As‘ad reactionary family, and then became a supporter of Fath, and then became a supporter of Musa As-Sadr, and then became a follower of Khuymani and worked in Iran in the early years of the revolution, and then became close to Hizbullah, and then became close, again, to Amal Movement, and after 2005 became close to, or loyal to, Hariri family and Saudi regime. That in Lebanon is being praised because the ultimate destination was the House of Saud. I had written an article about him two years ago.
      http://www.al-akhbar.com/node/166689

    • Cette main mise (des Etats-Unis-CIA-néocons) sur les médias mainstream occidentaux est une part importante de ce qui mine gravement nos démocraties.
      Seuls ceux qui ont du temps peuvent aller chercher et recouper les informations sur les sites alternatifs et sur les médias étrangers.

    • Autre « expert » : Lokman Slim.

      Le gars a eu un portrait terrible (et terriblement drôle) dans le Akhbar lors des Wikileaks :
      http://www.al-akhbar.com/node/167155

      Un des câbles les plus émouvants, c’est de retour d’un voyage à Washington payé par le « International Republican Institute ».
      https://wikileaks.org/cable/2008/05/08BEIRUT750.html

      ¶1. (C) Shortly after returning from their protracted visit to Washington, three members of the independent Shia delegation organized by Lokman Slim told the Charge that the Doha agreement has serious, negative, and long-term consequences for the independent Shia movement. According to Slim, the Lebanese people need to ask some tough questions about Doha, but many are afraid to do so. Progressive Socialist Party (PSP) Vice President Duraid Yaghi, whose Bekaa Valley home was attacked with explosives and gunfire during his absence, told us the new electoral districting agreement “gave all 10 parliamentary seats in the Bekaa and Hermel to Hizballah.” In coordination with a MEPI-funded International Republican Institute (IRI) program, the independent Shia have begun to formulate a strategic plan for both domestic and regional programs, including possible outreach to Israeli contacts. Initial suggestions for USG partnership activities will be sent septel. End Summary.

      À un moment, le gars suggère le nom de quelqu’un qui « pourrait facilement succéder à Nasrallah ». (Les câbles sont remplis de ces Libanais qui vont se faire mousser chez les Ricains en imaginant que ce sont eux qui décident qui va diriger le Hezbollah, où les Israéliens vont bombarder, et qui les Américains vont financer.)

    • @nidal : je ne connaissais pas le bonhomme qui constitue la caution chiite du reportage. Dans le genre girouette, Joumblatt a manifestement là un sérieux concurrent.
      Sur Lokman Slim, sa fiche wikipedia en anglais le présente comme un « independent social and political activist », ce qui fait déjà un peu plus partisan qu’"expert", effectivement. Surtout la dernière partie de la fiche intitulée « Civic Education as Driver for Political Change » évoque son association créée en 2005, Hayya Bina, travaillant particulièrement au sein des communautés chiites dans diverses zones. Une des actions évoquée est un programme d’enseignement de l’anglais dans des zones rurales chiites pauvres, programme au sein duquel sont enseignés également « les droits humains et civiques ». Son association travaille avec le NDI américain (elle en reçoit donc des financements), et en 2008 Slim a travaillé comme partenaire avec le NDI.
      http://en.wikipedia.org/wiki/Lokman_Slim
      Or le NDI, dirigé par Madeleine Albright, est la fondation du parti démocrate américain. Avec l’IRI (dirigé par Mc Cain), le NDI est le principal récipiendaire de l’argent de l’agence gouvernementale NDE (National Endowment for Democracy) créée en 1983 par Reagan pour faire de la « promotion de la démocratie », telle qu’on l’entend au Département d’Etat, une arme dans la Guerre froide.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/National_Endowment_for_Democracy

    • Le rôle prêté ici à Ahmad Assir, l’escroc salafiste de Saïda, est grotesque. Évidemment, quand on ouvre avec Fatfat et Caillet, on se doute bien qu’on ne va pas trop parler de l’heure de gloire de l’escroc : exhiber une mitraillette en plastique et expliquer qu’elle invite les chiites à « frapper Aïcha » (c’est un vieux gag des prédicateurs salafistes, connu de longue date, et évidemment largement documenté – la mitraillette dit en anglais « pull over, pull over, save the hostages »).

      Un des principes est de faire comme si Assir représenterait « les sunnites », dans le même sens que le Hezbollah représenterait les chiites. Ou, au minimum, que les sunnites se reconnaissent dans le « phénomène Assir ». C’est à cela que sert d’ailleurs Caillet. Mais cette prétention est juste risible. Au moment où son mouvement est éliminé à Saïda, il est déjà considéré comme une source d’embarras par le Futur (en dehors des trois-quatre extrémistes du Courant).

      « Pour le Hezbollah, il devient une menace ». Mais vous avez trouvé qui au Liban pour soutenir qu’Assir ne devenait pas une menace pour tout le pays ? Et en quoi, vraiment, ce pitre menaçait-il le Hezbollah ?

      « Le 23 juin, l’armée entre en force dans la ville pour arrêter le sheikh Assir et ses hommes. Le Hezbollah vient prêter main forte à l’armée. Les combats se solderont par la mort de 18 soldats, et la fuite du prédicateur en Syrie. » C’est du délire : l’armée serait intervenue au motif que le Hezbollah était « menacé » ? Avec le Hezbollah qui serait venu « prêter main forte » ?

      Comme par hasard, c’est une polémique justement lancée à l’époque par – notamment – le député Fatfat (premier intervenant du « documentaire »). Mais c’est une théorie qui s’est effondrée depuis longtemps :
      http://seenthis.net/messages/156520

      The army and the defense minister provided video footage. Faced with this irrefutable evidence, the Future Movement MPs ate their words. They had no other choice after they saw the footage of Assir, wearing military fatigues and bearing arms, ordering his group to “shred them to bits,” in reference to army soldiers, and how Assir, addressing the army checkpoint at the heart of the controversy, cried, “You animals, we will slaughter to you,” and ordered his fighters to execute the soldiers.

      The hearing did not end well, especially since it was chaired by Future MP Samir al-Jisr, who adjourned the session after a quarrel erupted between the MPs present. But the question remains: Will these MPs feel ashamed and back down on their reckless behavior?

      To be sure, anyone who rereads the statements made by Future MPs, from Muin Merehbi to Khalid Daher and Ahmad Fatfat, will see that their contentions that Hezbollah had fought with the army “against Sunnis” will only continue.

      Surtout, Arte, personne ne t’a prévenu que cette foutaise fait partie d’une très dégueulasse campagne d’excitation sectaire contre l’armée elle-même ? Et que c’est tellement dangereux que, après Ersal récemment, Saad Hariri est revenu exprès au Liban pour annoncer qu’au Futur, c’était désormais totalement interdit ? Que Daher et ses potes sont priés de fermer leur clapet ? Et Arte nous ressort ça maintenant, alors que pour le 14 Mars libanais, c’est interdit ?

      « À partir de là, le pays s’enflamme. » Ah bon.

      « … frappe les bastions du Hezbollah au Liban… en plein cœur de son fief, la banlieue sud de Beyrouth, une zone ultra-protégée… ». Cool.

    • On continue dans la narrative extraterrestre : Guerre de 2006. « La milice chiite a tenu bon face à à l’armée israélienne et déclare une victoire divine. Fort de cet exploit, le Hezbollah et ses alliés mobilisent leurs troupes contre le gouvernement anti-syrien. Le 7 mai 2008, ils prennent d’assaut les quartiers sunnites de Beyrouth. Après des jours d’affrontements et de siège, ils réussissent à renverser le pouvoir. »

  • #Hezbollah Winning in Syria: At What Price?
    http://www.lobelog.com/hezbollah-winning-in-syria-at-what-price

    Par Aurélie Daher,

    The Syrian opposition factions didn’t wait for Hezbollah fighters to actually cross the border before declaring their hostility for — and issuing threats against — the party.

    In December 2011, for example, Burhan Ghalioun, who then headed the Syrian National Council (SNC), declared that if indeed the Assad regime was defeated, “the new authorities would drastically review their relations with Iran and Hezbollah ” (Al-Arabiya, 12/2/11).

    The following month, FSA spokesman, Col. Ammar al-Wawi, warned that Hezbollah’s secretary general, Hassan Nasrallah, will be “held accountable for his actions before revolutionary courts after the victory of the Syrian revolution” (L’Orient-Le Jour, 2/1/12). Then, in the fall of 2012, the head of al-Qaeda in Syria (as it was then known), Majid al-Majid, issued a specific threat against Hezbollah, announcing his plans to conduct attacks against tourist sites in Lebanon if the government in Beirut continued to support the party (Al-Joumhouriya, 9/3/12). Similarly, the FSA’s leadership promised to bring the war into the heart of southern Beirut (a Hezbollah stronghold) if the party “didn’t end its support for the regime of Bashar al-Assad” (L’Orient-Le Jour, 10/9/12). The rhetoric became if anything more virulent and increasingly characterized by a sectarian, anti-Shiite hostility as the Sunni jihadi groups, which made clear that the conflict went far beyond any ideological or economic differences, gained ascendance among the opposition forces.

    (...)

    (...) without necessarily retaining any admiration for the Damascus regime — let alone any endorsement of its policies and behavior — the strong majority of the Shia “naturally” prefer it as the lesser evil compared to one which would upset the regional equilibrium.

    It is for the same reason that the Shiite community disapproved of March 14’s adherence in 2005 to an American neoconservative policy aimed at upending the existing regional balance of power. Asked to choose between the devil and the deep blue sea, Lebanon’s Shiites feel more at home and comfortable — and secure — under the Syrian-Iranian umbrella than being subject to US-European (and Saudi) adventures in the Middle East — particularly in the wake of the wars in Afghanistan and Iraq.

    Over the past 20 years, the community has also developed a very special, very strong and very sophisticated relationship with Hezbollah. The party’s successive victories over the Israeli occupation and its social and political achievements on the domestic front have built a solid confidence in its strategic acuity. Those accomplishments have also sparked a revival of communal identity, based on a new “Shiite pride,” the promotion of a collective self-image. In so doing, the party has permitted the community to rid itself of inferiority complexes that it has suffered for decades, if not centuries, thus inspiring a strong, durable feeling of gratitude towards Hezbollah and, accordingly, cementing an enduring political bond between the party and the community.

    The last reason why the majority of Shiites are unlikely to desert Hezbollah is their strong hostility towards the Sunni jihadist groups in the Syrian opposition. Christians are not the only religious group anxious about their growing importance. Shiites feel much the same fear because they know that the hatred directed by these groups at them is based more on religious than on political differences; that is, they are hated for what they are, rather than for what they think . In a country whose state lacks the resources to assure its citizens’ security, Hezbollah appears — as paradoxical as it may seem — as the only group capable of defending the nation — and its community.

    In other words, the Syrian crisis has not changed the basic political configuration of Lebanon. Hezbollah’s critics still criticise it; those who support it also continue to do so. Those feelings have perhaps become more polarized as a result of Hezbollah’s intervention in Syria, but no consequential political defection is in view — from one side or the other.