person:avant

  • Bon je vais raconter comment je suis allée en garde à vue à cause des tupperware d’IKEA Twitter - 10 Octobre 2018
    https://twitter.com/thepeacefulriot/status/1049759711174774784/photo/1

    Lundi dernier je suis allée au #Ikea avec mon père pour des tupp en verres qu’on avait vu en ligne, ils ont grave fonctionné du coup il en restait quelques uns en rayon, on en a donc prit 4 qui étaient fermés avec un couvercle (détail important pour la suite)-

    Donc on avait ça + des trucs de décos bref, on va en #caisse_minute et je bip les articles que je paye puis ceux de mon père dont les 4 tupp, en même temps on discute tranquille. On sort de la caisse minute et le vigile nous stop en disant qu’on a mal bipé les-

    Tupp donc on le laisse regarder et effectivement en fait il y avait un prix pour le couvercle et un autre pour le bocal, moi bien sûr j’ai pas capté donc je dis au vigile que c’est de ma faute j’ai pas fais gaffe on les a récupérer comme ça et on a pas vérifié-

    Mon père pareil il veut payer du coup les 4 bocaux, le mec dit pas de soucis ça arrive souvent même à moi venez à l’accueil je dois juste prévenir mon supérieur question de règlement (les problèmes arrivent mdr-

    Il prévient le directeur qui dit « bougez pas j’arrive » donc il descend à l’accueil, moi j’attends tranquille avec le caddie à coté. Le directeur (un suédois je pense) demande à mon père ce qu’il s’est passé donc il lui raconte il lui dit « oui encore dsl je veux payer »-

    Au final le directeur regarde mon père comme ça et il répond « ouais vous avez volé quoi »-

    Mon père il répond « bah non je vous dis on a pas fait attention c’est de notre faute c’est vrai mais on a pas voulu voler », le directeur continue en mode avouez que vous avez volé bande de voleur et je vois mon père qui commence à s’énerver-

    Je me dis sayez on est pas prêt de sortir (si j’avais su mdr) faut j’interviens ça va mieux passer. Donc je dis au mec « désolé c’est ma faute j’ai mal bipé les articles » IL ME RÉPOND QUOI ? « Donc c’est toi la voleuse !!! » Bref ça énerve encore plus mon père génial mdrr-

    Au final le directeur dit « ok bah vous admettez pas que vous avez volé je fais une déposition de vol » mon père dit bien sûr qu’il veut pas la signer et le mec lui répond « ok j’appelle la police ». Mon père là dit « ok appelez là je préfère leur parler à eux »-

    Donc on nous met dans une salle, le directeur appel la police, moi je suis là « ouais je voulais réviser ce soir moi » mon père qui répond « tu veux ils nous fassent quoi on a rien fait » (mdr j’étais naïve je l’ai cru)-

    La police arrive, c’était une femme avec ses étudiants, on est resté avec eux et pendant ce temps, la policière parlait avec le directeur, personne nous a rien demandé bref je me disais vivement je rentre tranquille et j’installe ma déco... ET LÀ-

    La policière elle vient nous voir elle dit quoi ?? « On vous embarque pour #vol à l’étalage organisé à plusieurs on vient de mobiliser une deuxième brigade pour transporter votre père, vous vous venez avec moi » moi je me dis génial c’est en train de partir en c et elle rajoute-

    « Si tu cours je te tase » donc je les suis jusqu’à la voiture, dans ma tête j’étais en pls et la cheffe disait comme quoi c’était très grave ce qu’on a fait etc... j’étais encore dans le dénis à ce moment là jme suis dis ya peut être erreur on a rien fait à par mal biper des tupp-

    Donc moi à ce stade je suis encore sereine, je fais le trajet jusqu’au commissariat, personne me parle, juste on me demande si j’ai bu bref on arrive et là c’est pas on nous lâche qu’on va être en garde à vue 24h ??? mon père il essaye d’expliquer à nouveau la situation-

    Il dit que demain il bosse, moi pareil personne nous écoute comme d’hab. Je commence à devenir blanche fluo, je leur redis qu’on a juste mal bipé des tupp et un des étudiants il hausse les épaules en mode « dsl » mais putain-

    Donc on descend moi je suis dans le mal complet je commence à avoir les larmes aux yeux, d’un côté mon père il me dit « mais c’est rien il vont vite capter qu’on a rien fait » de l’autre le policier il me fait « mais pourquoi t’es mal tu vas pas en prison »-

    "Tu avoir une brique et un gâteau demain à 7h, bon tu vas mal dormir je t’avoue mais tqt puis peut être on va prolonger à 48h de gav on nous explique qu’on va être dans des cellules séparées et ils nous emmènent au centre de la salle chacun notre tour, tout autour t’as ceux-

    qui sont en cellule qui crient et tapent contre la vitre non stop, donc l’un après l’autre on doit enlever nos lacets et tout ce qu’on a dans nos poches (heureusement j’ai pas pris de sac à main ce jour là) moi je dois enlever mon soutif devant tout le monde et j’étais en-

    jogging, comme on doit enlever les ficelles ou qu’on a et que celle de mon jogging ne s’enlevait pas bah on a du couper pour l’enlever mdr ils voulaient aussi enlever mes piercings aux oreilles à la pince, heureusement une policière leur a dit de mes laisser-

    Après cette étape on m’emmène dans la cellule, un truc minsucule avec pleins de pisse et de merde partout, j’étais clairement en train de me maudire d’avoir mal scanner des articles pendant ce temps ils ont changé les équipes donc celle qui nous a embarqué avait fini-

    Et par chance mon père avant de rentrer dans sa cellule il a dit au mec « ouais on a mal scanné des articles et on en est là » à ce moment là le mec, qui comprend pas, fait « hein quoi ? Vous êtes embarqué pour vol à l’étalage blabla » et il remonte l’info parce qu’il pige pas-

    Une autre femme dans le commissariat comprenait pas pourquoi on était là parce qu’on avait l’air de gens biens et elle a même appelé genre 2h après par la juge directement pour qu’on soit au plus vite libéré-

    Pendant ce temps j’ai mis 1h à pouvoir aller aux wc, j’ai du faire pipi en position squat équilibre, j’étais dans le mal mais bon je me suis dis « Emilie tranquille tu te reposes dans ta cellule et tu dors 8h au moins ». Je m’étais déjà faite à l’idée que j’étais une délinquante-

    Donc au final j’essaye de dormir mais à la place je pensais au casier judiciaire que j’allais avoir (pour des tupp je rappelle mdr). 1h après t’as la femme qui a appelé la juge qui vient me chercher, et me ramène dans son bureau-

    Elle me demande ce qui s’est passé je lui explique, elle est choquée elle comprend pas pourquoi on est là et elle m’explique qu’à ikea ils sont assez sévères et qu’ils sont tout le temps en train de les appeler. Elle me demande de relater les faits du coup-

    je dis que je me suis excusée et qu’on voulait payer, elle comprend pas car on lui avait dit qu’on avait vraiment voler et beaucoup de trucs. Ensuite elle me remet en cellule et 10 min après je dois faire la prise d’ADN (salive et mains entières) le mec grave sympa essayait-

    Essayait de me faire rire parce qu’il comprenait pas la situation et trouvait ça ridicule qu’on nous ai embarqué. Au final il me prend en photo avec la pancarte avec écrit mon nom prénom taille poids (1m56 pour 48kg ptdr ridicule la délinquante) j’étais comme ça sur les photos-

    On me remet en cellule le temps que mon père relate les faits puis on nous rend nos affaires, on signe le truc de fin de gav, on nous raccompagne à la sortie et voilà on a dû payer un uber pour retourner à ikea chercher la voiture et première phrase que mon père me dit-

    C’est « alors cette sortie père/fille t’en as pensé quoi ? »

    Morale de l’histoire : scannez bien vos articles et n’oubliez pas que vous pouvez aller en gav pour des tupp #mdr

    #violence #police

  • Il faut 6 jours d’attente pour voir un généraliste, 80 pour un ophtalmologiste...
    https://www.crashdebug.fr/actualites-france/15168-il-faut-6-jours-d-attente-pour-voir-un-generaliste-80-pour-un-l-oph

    Ils sont bien optimiste, dans mon cas personnel lorsque j’ai eu mon souci à l’oreille il y a 15 jours, je n’ai pas pus avoir un rendez-vous avec mon généraliste avant 15 jours, c’est pour cela que je me suis retrouvé aux urgences (dans le privé) et que l’ont m’as prescrit du Tramadol sans me demander si j’avais un traitement particulier, hors j’en ai un, et il comprenait des médicaments qui était totalement incompatibles, votre serviteur a donc fait un malaise et à faillit y rester….

    En ce qui concerne l’ophtalmologiste il faut 1 an pour avoir un rendez-vous chez le mien,

    Aussi j’ai parlé de tout cela avec divers professionnels, et il s’avère qu’il y a des années le gouvernement a réduit le numerus clausus, afin de faire des économies sur la sécurité sociale, car pas de médecin, pas de prescription, ceci (...)

    #En_vedette #Actualités_françaises

  • La disparition troublante de Jamal Khashoggi, par Al-Quds Al-Arabi - Actuarabe
    http://actuarabe.com/la-disparition-troublante-de-jamal-khashoggi

    Ce qui est troublant, comme le dit Khashoggi, c’est que la plupart des personnes arrêtées sont non seulement des intellectuels respectés mais surtout qu’ils étaient encore il y a peu au service de l’Etat dont ils sont victimes aujourd’hui. Khashoggi lui-même a été le rédacteur en chef du quotidien Al-Watan, avant d’être conseiller en communication du prince Turki Al-Faysal, ambassadeur d’Arabie saoudite en Grande-Bretagne puis aux Etats-Unis. La plupart des personnes arrêtées sont des prédicateurs, des écrivains et des vedettes des réseaux sociaux qui ont soutenu les projets de réforme du Prince héritier. Ils ne sont pas, Khashoggi en tête, des opposants et n’ont aucun lien avec les Frères musulmans. Cela n’a pas empêché la machine répressive de les incarcérer et de fabriquer de graves accusations à leur encontre. Pour quelle raison ?

  • Ah ben merde, c’est déjà complet !
    http://www.micheletorr.com/ales-le-12-octobre

    « Je fais bouger les choses, moi. J’aime bien que cela change chaque année », attaque Michèle Veyret, l’adjointe au maire d’Alès, déléguée au pôle des solidarités, tout en soulignant qu’elle recherche ce qui plaît aux retraités, avant de présenter l’édition 2018 de la Semaine bleue.

    C’est le summum de la Semaine bleue

    https://www.midilibre.fr/2018/09/12/ales-michele-torr-attendue-lors-de-la-semaine-bleue-des-retraites,4695284.
    https://www.20minutes.fr/insolite/2338471-20180918-ales-plus-place-concert-michele-torr-seniors-petard-manif

    bon tant pis, allons faire un tour à la rétive et chez les énervés-exploités.
    https://exploitesenerves.noblogs.org
    https://laretive.info

  • Syrie : Berlin prêt à « assumer des responsabilités dans la reconstruction » - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1134330/syrie-berlin-pret-a-assumer-des-responsabilites-dans-la-reconstructio

    Marchandages peu glorieux auxquels le coq français reste totalement étranger !

    L’Allemagne est disposée à « assumer des responsabilités dans la reconstruction » de la Syrie en cas de « solution politique » pouvant mener à des « élections libres », selon son chef de la diplomatie, avant de recevoir vendredi son homologue russe. « Il est dans notre intérêt que la Syrie devienne un pays stable. Nous devons le reconstruire pour ça. Nous avons un rôle important à jouer à cet égard », a encore dit Heiko Maas dans sa série de messages sur Twitter avant une rencontre avec Sergueï Lavrov à Berlin

    Ces propos font écho à une demande formulée en août par Vladimir Poutine lors d’une visite à Berlin, appelant l’Union européenne à participer financièrement à la reconstruction de la Syrie pour permettre le retour chez eux de millions de réfugiés. L’Allemagne en a accueilli à elle seule plusieurs centaines de milliers depuis 2015, au plus fort de la crise migratoire, qui a ébranlé la cohésion de l’Union européenne et affaibli politiquement Angela la chancelière Merkel.
    « C’est potentiellement un énorme poids pour l’Europe », avait mis en garde le président russe. « C’est pourquoi il faut tout faire pour que ces gens rentrent chez eux », ce qui veut dire, selon lui, concrètement rétablir les services de base comme l’approvisionnement en eau ou les infrastructures médicales.

    « Nous savons tous ce qui est en jeu en Syrie. Il s’agit de prévenir le pire : une nouvelle catastrophe humanitaire », a aussi indiqué M. Maas. « A mon collègue russe Lavrov, je dirai aujourd’hui (vendredi) que nous espérons qu’il n’y aura pas d’offensive majeure à Idleb », ajoute-t-il.

    #syrie

  • « Je ne suis pas trop habituée à dire à un gamin de 15 ans qu’il va dormir dehors »

    Marcia Burnier est assistante sociale dans le droit des étrangers, au sein d’un centre de santé associatif pour exilés. Les enfants et adolescents étrangers isolés qui arrivent en France doivent obligatoirement passer par un dispositif saturé qui évalue leur minorité, avant de pouvoir être hébergés et pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Souvent refusés, ces adolescents font ensuite appel au juge pour enfants qui décide soit de les protéger, soit de les déclarer majeurs, soit d’ordonner des expertises osseuses et des vérifications de leurs documents d’État civil. C’est le cas d’Aliou, 15 ans. Voici son histoire, racontée par Marcia.

    – « Marcia je veux faire du roller. »

    Aliou vient d’avoir 15 ans, une tête d’enfant et un sourire collé sur la face. Sa maman est morte au Mali. Avec son père ça ne se passait « pas très facile », il est donc venu tout seul en France. Il a traversé le Sahara et la Méditerranée à 14 ans, et quand on lui demande, il dit que « c’était dur », « un peu ». La première fois que je l’ai vu, il dormait à la gare du Nord, dehors, et il crevait de froid. Il attendait son rendez-vous à la Croix-Rouge pour être évalué, pour qu’un travailleur social fasse un rapport concernant sa « minorité », pour vérifier son âge, son isolement, pour décider s’il relevait de l’#Aide_sociale_à_l’enfance (#ASE) ou des rues parisiennes.

    J’en vois passer peu des mineurs isolés. Cela devait être le premier au boulot, quelqu’un était venu passer sa tête dans mon bureau pour me dire « il y a un mineur isolé, faut que tu le voies, c’est la procédure » et j’avais un peu paniqué. Je ne suis pas trop habituée à dire à un gamin de 15 ans qu’il va dormir dehors, alors on a pris le temps de voir ce qu’on pouvait faire, à grand renfort de sourires qui se voulaient très rassurants mais qui devaient sans doute être un peu gênants. Au bout de quelques minutes, persuadée d’avoir eu un coup de génie, j’ai téléphoné à la CRIP, la cellule du département qui recueille les informations préoccupantes sur les enfants en danger. Notre conversation s’est à peu près déroulée comme ceci :

    « – Il dort à la rue ? Oulala bien sûr, on va signaler ça au procureur, qu’est ce qui lui est arrivé ?
    – Il vient du Mali, il est arrivé il y a trois jours.
    – ....
    – ....
    – Ah mais madame, s’il est étranger, nous on s’en occupe pas, il faut qu’il aille se faire évaluer, et en attendant on ne peut rien faire. S’il est venu jusqu’ici, c’est qu’il est solide. »

    Je lui ai raccroché au nez et j’ai fait un grand sourire pas rassurant du tout à Aliou. On a regardé les vêtements qu’on gardait en cas d’urgence dans les grosses boites sous la table pour voir si je pouvais lui trouver une veste et un bonnet. Je lui ai donné plein d’adresses pour aller manger et un rendez-vous pour la semaine d’après. En attendant, il allait dormir dans la gare, emmitouflé dans les trois pulls que je lui avais donnés.

    J’ai fini par comprendre qu’on pouvait l’envoyer chez le #juge pour enfants avant ce fameux #rendez-vous_d’évaluation. Le juge lui a donné six mois d’#hébergement le temps de vérifier ses dires et ses documents. Le pire, c’est que j’ai compris plus tard qu’il avait été chanceux, que des gamins comme lui qui restaient des mois à la rue, il y en avait plein, ceux qui trainaient au centre Médecins sans frontières de Pantin, d’autres qui partaient dans d’autres départements, d’autres qui finissaient par mentir et se déclarer majeur pour tenter d’être hébergés en faisant une croix sur l’école. Et, surtout, d’autres qui disparaissaient du jour au lendemain, sans donner de nouvelles.

    Une fois hébergé, j’ai cru que tout allait s’arranger. On était en février, il avait 15 ans, il était tout seul dans cet hôtel social de Drancy sans rien faire de la journée. J’ai pensé naïvement qu’il serait scolarisé facilement. Il aura fallu l’intervention de plusieurs bénévoles tenaces pour qu’en avril suivant, Aliou fasse sa rentrée au collège, comme un fou, avec les trois stylos et quatre cahiers que j’avais piqués au boulot pour ses fournitures scolaires.

    Depuis, il passe régulièrement, il se plaint des spaghettis bolognaises servis quatre fois par semaine à l’hôtel et de son éducatrice de l’ASE qui ne fait rien. Il vient répéter ses exposés et me montrer ses devoirs. On discute de tout et de rien, du collège, de ses copains. Moi j’ai la boule au ventre parce que c’est bientôt les vacances d’été, et que je ne sais pas ce qu’il va foutre pendant ses journées d’été sans un centime dans la poche.

    Aujourd’hui, il a une nouvelle obsession : Aliou veut faire du roller, et accessoirement de l’athlétisme. Il me répète qu’il veut courir, le 400m, alors on s’y met à deux, on cherche un club, on passe des dizaines de coups de fil à des personnes très gentilles qui me disent que le prix à l’année est de 400 euros pour l’adhésion et la licence, on raccroche des dizaines de fois en souriant un peu forcé, « si si on va trouver t’inquiète pas ». On n’a toujours pas trouvé, mais ce matin, Aliou m’annonce que le juge a demandé des #tests_osseux pour vérifier son âge, des tests dont la référence est une étude de 1930 avec comme population, des enfants blancs et bien nourris et il a l’air soucieux. Aujourd’hui, aucun de nous deux ne sourit.

    https://www.bastamag.net/Je-ne-suis-pas-trop-habituee-a-dire-a-un-gamin-de-15-ans-qu-il-va-dormir-d
    #MNA #mineurs_non_accompagnés #asile #migrations #réfugiés #SDF #sans-abri #âge #école #scolarisation

    Le pire, c’est que j’ai compris plus tard qu’il avait été chanceux, que des gamins comme lui qui restaient des mois à la rue, il y en avait plein, ceux qui trainaient au centre Médecins sans frontières de Pantin, d’autres qui partaient dans d’autres départements, d’autres qui finissaient par mentir et se déclarer majeur pour tenter d’être hébergés en faisant une croix sur l’école. Et, surtout, d’autres qui disparaissaient du jour au lendemain, sans donner de nouvelles.

    –-> #disparitions

  • Au sommet : "Pour « démilitariser » les relations avec la presse", la #com' de l’#Élysée confiée à un Sylvain Fort qui manque de temps pour son projet de... Dictionnaire amoureux de l’armée française.
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/09/11/sylvain-fort-le-retour-d-un-fidele-de-macron-pour-demilitariser-les-relation

    Sylvain Fort, le retour d’un fidèle de Macron pour « démilitariser » les relations avec la presse, Ariane Chemin et François Krug, LE MONDE | 11.09.2018
    Jusqu’à présent chargé des discours, ce spécialiste de l’opéra va diriger le nouveau pôle communication de l’Elysée pour tenter de restaurer l’image du chef de l’Etat.

    Soudain, sa voix déraille, grimpe vers le ciel, ses yeux avec. Depuis une heure et demie, Emmanuel Macron expose son projet aux 15 000 personnes réunies au Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris. Mais au moment de conclure, le voilà qui se met à hurler d’une voix qu’on ne lui connaissait pas, hors portée, comme puisée en deçà de lui-même : « Ce que je veux, c’est que vous, partout, vous alliez le faire gagner ! Parce que c’est notre prooojet ! »

    Ce 10 décembre 2016, le candidat novice tient son premier grand meeting. Pour son équipe, c’est l’épreuve du feu. En coulisses, on croise sa jeune bande du ministère de l’économie et de nouvelles recrues aux parcours moins technocratiques. Comme Alexandre Benalla, le jeune patron du service d’ordre. Ou Sylvain Fort, le communicant catalogué « intello de droite » : un normalien agrégé de lettres classiques passé par la finance , un passionné d’opéra auteur de plusieurs livres salués par les connaisseurs.

    Devant sa télévision, un chanteur d’opéra suit justement avec attention les envolées d’Emmanuel Macron. Le baryton Jean-Philippe Lafont s’est produit à la Scala de Milan comme au Festival de Bayreuth. Quelques jours plus tôt, Sylvain Fort lui a proposé de devenir le coach vocal de son candidat. La rencontre est organisée au siège de campagne la veille du meeting. Lafont conseille à Macron de ne pas se laisser « submerger par la foule ». Après sa prestation, le candidat accepte le « programme de travail » que lui propose le chanteur.

    Conseiller discours et mémoire

    C’est aussi en se rendant utile aux moments-clés d’une campagne que, souvent, on gagne sa place à l’Elysée. Au soir de la victoire, le 7 mai 2017, le président de la République n’a plus besoin de baryton, mais Sylvain Fort a su une nouvelle fois se rendre précieux. Quelle version de l’Hymne à la joie pour accompagner la marche du vainqueur de la présidentielle à travers la cour carrée du Louvre ? Pendant que, hors du champ des caméras, Alexandre Benalla guide les pas d’Emmanuel Macron le long de la pyramide, Sylvain Fort impose sa baguette de chef d’orchestre à la cérémonie. Il choisit sans hésiter l’interprétation d’Herbert von Karajan, auquel il a consacré une biographie juste avant le lancement de la campagne présidentielle.

    Un an plus tard, alors qu’Alexandre Benalla a été chassé de l’Elysée et que la rentrée s’annonce difficile, c’est sur Sylvain Fort qu’Emmanuel Macron compte pour restaurer son image. Pendant la campagne, l’amateur d’opéra avait affronté la presse en duo avec Sibeth Ndiaye, une communicante venue de Bercy. Une fois à l’Elysée, il lui a volontiers cédé cette tâche. Il a repris sa plume et s’est installé dans un petit bureau du palais avec le titre de conseiller discours et mémoire .

    C’est à ce père de famille de 46 ans qu’on doit les discours qui ont marqué le début du quinquennat, comme celui destiné à rassurer les catholiques de France, au collège des Bernardins , ou les hommages aux personnalités défuntes, de Simone Veil à Jean d’Ormesson : le crayon posé par le président sur le cercueil de l’académicien dans la cour des Invalides, c’est lui qui est allé l’acheter le matin même chez Gibert, dans le Quartier latin.

    « On ne va pas finir dans un abri antiatomique »

    L’affaire Benalla a obligé l’Elysée à se réorganiser. Côté communication, exit Bruno Roger-Petit, l’ancien journaliste recruté comme porte-parole, une des têtes de Turc de Sylvain Fort. C’est lui qui avait été envoyé au feu au lendemain des révélations du Monde sur le comportement d’Alexandre Benalla lors de la manifestation du 1er-Mai à Paris, lisant laborieusement devant les caméras un texte préparé par le cabinet du chef de l’Etat.

    Dans les prochains jours, Sylvain Fort doit reprendre du service, chapeautant l’ensemble de la communication présidentielle. Il promet un changement de ton. Finies, à l’entendre, les engueulades avec la presse. « On ne pas va finir le quinquennat dans un abri antiatomique, explique Sylvain Fort au Monde. Il faut démilitariser notre communication. »

    C’est pourtant un homme prompt aux philippiques et aux croisades que racontent beaucoup de ceux qui l’ont croisé pendant la campagne, et surtout bien avant. Dans le petit monde de l’opéra, Sylvain Fort s’est fait connaître par des éditoriaux passionnés sur le site Forum Opéra, un webzine fondé en 1999 et qu’il a rejoint cinq ans plus tard en contactant ses fondateurs par e-mail. Il en est devenu rédacteur en chef avant de démissionner en 2007, après une première polémique provoquée par un article sur « la nouvelle école du chant français ».

    En 2015, il étrille dans un feuilleton à clés le directeur de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner, élégamment baptisé « Stephanov Sifilissner », et son numéro deux, Jean-Philippe Thiellay, alias « Fistule ». Trois ans après, Sylvain Fort ne comprend toujours pas l’émoi des intéressés. « De la pure satire dans la veine de Pétrone, balaie l’agrégé. Si on ne s’amusait pas la vie serait trop triste… »

    Fin 2015, nouvelle bagarre contre le directeur de l’Opéra. Stéphane Lissner a décidé d’installer des cloisons amovibles dans les loges historiques du Palais Garnier. Colère de Sylvain Fort. La pétition qu’il lance sur le site internet Change.org réunit 34 000 signataires. Même le New York Times s’y intéresse. Le communicant prouve qu’il sait ferrailler, mener des batailles d’opinion et des guerres d’influence. Des talents utiles à l’Elysée, lorsque l’expérience politique est à la fois brève et récente.

    Liens étroits

    La politique, il ne s’y est vraiment mis qu’en 2011, lorsque, « à raison d’une fois par mois », il fréquente le ministre de l’enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, qui s’est lancé quelques mois plus tôt dans sa bataille contre « le cancer de l’assistanat » . La même année, il participe au groupe Fourtou , un club de réflexion informel formé en 2011 par Jean-René Fourtou, patron de Vivendi, pour préparer la réélection de Nicolas Sarkozy. « A l’époque, je travaillais chez Michel Calzaroni, le fondateur du cabinet de conseil en communication DGM. Le groupe se réunissait dans nos locaux, ça m’intéressait d’écouter. »

    Il y croise de jeunes espoirs de l’UMP, comme Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, sympathise avec la plume de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Camille Pascal, qui lui rend hommage dans les remerciements du roman qu’il vient de publier. « Fort est conservateur comme moi car il est attaché à une culture qui n’est plus la culture dominante », explique cet autre amateur d’opéra. De cette époque datent aussi les liens étroits de Sylvain Fort avec un autre membre du groupe, Charles Villeneuve, ancienne star du magazine « Le Droit de savoir » sur TF1, au point de se lancer ensemble dans la rédaction d’un Dictionnaire amoureux de l’armée française pour Plon, projet aujourd’hui en suspens.

    Avec un autre ancien du groupe Fourtou, le journaliste Etienne Mougeotte, Charles Villeneuve a organisé la prise de contrôle par l’homme d’affaires d’origine libanaise Iskandar Safa de #Valeurs_actuelles, un hebdomadaire où Sylvain Fort compte des amis, comme Louis de Raguenel, ancien du cabinet de Claude Guéant au ministère de l’intérieur et désormais rédacteur en chef.

    « Le premier d’entre eux, c’est Sylvain Fort »

    A Normale Sup, vingt ans plus tôt, Sylvain Fort penchait alors pour Jean-Pierre Chevènement tout en se faisant remarquer pour sa voix de baryton, qu’il travaille au Club opérette. Agrégé de lettres classiques, germaniste, il enseigne durant huit ans. A 27 ans, il décroche sa propre collection à L’Arche, une maison d’édition théâtrale réputée. Outre ses traductions de l’allemand (Schiller) et de l’italien (Leonard de Vinci), il a signé une dizaine de livres bien accueillis par la critique. Parmi eux, une Leçon littéraire sur l’amitié aux Presses universitaires de France, un Puccini préfacé par le ténor Roberto Alagna chez Actes Sud ou en 2017, un livre sur Saint-Exupéry publié par la discrète et droitière maison Pierre-Guillaume de Roux. Quand L’Obs interrogera le candidat Macron sur les écrivains qui l’entourent durant sa campagne (Erik Orsenna, Philippe Besson), il répondra : « Le premier d’entre eux, c’est Sylvain Fort. »

    A l’université, le jeune homme finit par s’ennuyer. En 2002, il offre ses services au président de la banque BNP-Paribas, Michel Pébereau, longtemps un des parrains du monde des affaires français. « Le système académique ne me convenait pas, il est peu méritocratique, je suis devenu la plume de Pébereau comme tant de normaliens qui ne savent pas quoi faire de leurs dix doigts », élude Sylvain Fort.

    Il part en Italie participer au rachat de la banque BNL. Six ans plus tard, il est temps de changer à nouveau de carrière. Il entre donc chez DGM, le cabinet de communicants qui conseille des géants comme LVMH ou Bolloré. Et au printemps 2013, il crée finalement sa propre structure Steele & Holt. Un nom de cabinet anglo-saxon, mais en réalité une blague. C’est une référence à la série américaine des années 1980 qui a révélé Pierce Brosnan, Les Enquêtes de Remington Steele, mettant en scène un voleur devenu détective et son associée, Laura Holt.

    Spécialisée dans la finance, Steeve & Holt vise les gestionnaires d’actifs et les banquiers d’affaires, peu à l’aise avec les médias. La société a aussi des activités plus exotiques. On le voit à Genève, en 2016, lors des négociations sous l’égide de l’ONU sur la Syrie, aux côtés de l’opposition démocratique, qu’il conseille. En 2014, Steeve & Holt est recruté par les Saoudiens pour améliorer l’image du royaume en France, où on ne jure que par le Qatar. En janvier 2015, le cabinet se charge ainsi d’attirer les journalistes à un festival d’art contemporain à Djedda. Après le départ de son fondateur pour l’Elysée, Steele & Holt a continué à assurer la communication en France du prince héritier, Mohammed Ben Salman, et celle de son ministre de la culture, venu justement signer en avril un accord de partenariat avec l’opéra de Paris.

    Référence wagnérienne

    A l’été 2016, nouveau changement de cap, grâce à Emmanuel Macron. Sylvain Fort prend ses distances avec sa société. Sur le papier, d’abord, cédant la gérance de Steele & Holt à une société créée pour l’occasion et dont il reste le propriétaire. Cette fois, pas de blague sur les séries américaines : il la baptise Nibelungen, une référence wagnérienne, qu’il finira par dissoudre en novembre 2017, une fois installé à l’Elysée. Il a rencontré Emmanuel Macron au printemps 2016 grâce à un ami, collaborateur de Publicis, qui lui a soufflé que son patron Maurice Lévy cherchait un communicant pour un candidat à la présidentielle.

    « Le duel Sarko-Hollande, très peu pour moi. Je n’étais pas spécialement réjoui par le bilan du président socialiste et je trouvais le système rouillé. » Macron le convoque une seconde fois le jour où il annonce sa démission de Bercy. « Il m’a dit : assieds-toi là. La machine est partie, je n’en suis jamais redescendu. »

    Mieux, il y a pris goût et selon ses adversaires, il saurait parfois marier le pouvoir et sa passion pour la musique. Le 14 juillet, en clôture du défilé parisien, la soprano Julie Cherrier devait interpréter La Marseillaise et L’Hymne à l’amour de Piaf devant le président et des millions de téléspectateurs – un programme arrêté avec le gouverneur militaire de Paris depuis le printemps.

    Quelques jours avant le défilé, sa prestation est annulée sur décision de l’Elysée. La soprano vient justement d’épouser le chef d’orchestre Frédéric Chaslin qui a imprudemment partagé sur Facebook un message critiquant la campagne menée par Sylvain Fort contre le directeur de l’Opéra de Paris. Fort dément toute vengeance, mais assume l’annulation de la prestation : « La séquence a sauté car elle n’était pas au niveau. Et puis, on ne peut pas sortir quelqu’un de l’anonymat un 14-Juillet, une date pour une Jessye Norman ou un Roberto Alagna. »

    Pour qui voudrait s’en prendre au "Bastion social" où à la nouvelle librairie faf du 5eme
    https://www.lexpress.fr/actualite/societe/une-librairie-d-extreme-droite-a-l-assaut-du-quartier-latin_2034002.html

    ou encore se solidariser avec des étrangers démunis autant savoir de quels appuis peuvent bénéficier les fachos au sommet de l’état.

    Après l’affaire Benalla, Macron réorganise l’Elysée, LE MONDE | 11.09.2018, Cédric Pietralunga

    Le chef de l’Etat va nommer un directeur général des services pour chapeauter les 822 salariés de la présidence. Un cabinet de conseil a également audité le fonctionnement du Château.

    Les macronistes le martèlent depuis des semaines, refusant d’y voir une « affaire d’Etat », mais plutôt une simple « affaire d’été ». Révélée le 18 juillet par Le Monde, l’affaire Benalla, du nom de ce proche collaborateur d’Emmanuel Macron mis en examen pour des violences commises en marge du défilé parisien du 1er-Mai, pourrait en tout cas rebondir et se transformer en « affaire d’automne ».

    Alors que la commission d’enquête mise en place par l’Assemblée nationale s’est sabordée, à la suite d’un désaccord entre majorité et opposition sur la liste des personnes à entendre, celle du Sénat a décidé de reprendre ses auditions après la pause estivale, avec le risque, pour le chef de l’Etat, de braquer à nouveau le projecteur sur les dysfonctionnements de l’Elysée. Mercredi 12 septembre, François-Xavier Lauch, chef de cabinet du président, le général Eric Bio-Farina, commandant militaire de l’Elysée, et Maxence Creusat, commissaire à la Préfecture de police de Paris, seront ainsi entendus par les sénateurs de la commission des lois.

    Plus explosif, Alexandre Benalla lui-même devrait être auditionné. Une convocation lui a été adressée pour le 19 septembre. Ce sera la première fois qu’il répondra – sous serment – aux questions des parlementaires, dubitatifs sur les explications de l’exécutif. « La thèse officielle d’un employé qui se consacrait uniquement à une fonction d’organisation sans prendre part à la protection du président nous paraît pour le moins fragile », a estimé Philippe Bas, le président (LR) de la commission des lois du Sénat, dans Le Figaro du 6 septembre.

    A l’Elysée, l’entourage d’Emmanuel Macron se dit pourtant « serein » face à la reprise de ces auditions et de l’attention médiatique qui va de pair. Alexandre Benalla « a été sanctionné par l’Elysée dès le lendemain [des faits]. Il n’a pas été protégé. (…) On n’a rien caché. Il n’y a pas eu obstruction de la justice, je vous le dis les yeux dans les yeux », a lui-même assuré le président de la République, apostrophé le 7 septembre par un passant lors d’une promenade sur le Vieux-Port, à Marseille, à l’issue d’un dîner avec la chancelière allemande, Angela Merkel.

    Eviter que les dysfonctionnements ne se reproduisent

    Mais pas question de rester les bras ballants en attendant les conclusions du Sénat, dont le rapport ne devrait pas être rendu avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Après avoir longtemps hésité sur le calendrier, l’Elysée a décidé d’engager, la semaine prochaine, un vaste chantier de réorganisation des services de la présidence de la République, moyen de répondre aux interrogations de l’opinion publique. Les mauvais sondages qui se succèdent pour le chef de l’Etat en cette rentrée soulignent le trouble provoqué par l’affaire.

    Cette réorganisation commencera par la nomination d’un directeur général des services (DGS) chargé de chapeauter les salariés de l’Elysée. Selon nos informations, le choix d’Emmanuel Macron s’est porté sur Jérôme Rivoisy, actuel directeur général adjoint de Pôle emploi. L’homme n’est pas un inconnu pour le président de la République : MM. Macron et Rivoisy se sont côtoyés à l’ENA, au sein de la fameuse promotion Senghor de 2004, et sont tous les deux membres de l’Inspection générale des finances.

    Ce nouveau DGS travaillera sous l’autorité de Patrick Strzoda, le directeur de cabinet du président. Mis en cause lors de l’affaire Benalla, cet ancien préfet était annoncé sur le départ – il est admis à faire valoir ses droits à la retraite à partir du 6 octobre –, mais Emmanuel Macron, qui déteste se voir imposer le choix des hommes, lui a demandé de rester à son poste.

    Les quatorze services qui composent la présidence de la République (intendance, presse, protocole, décorations, conservation des résidences, etc.) et où travaillent 822 personnes devraient être également restructurés. Objectif : « homogénéiser la manière dont on travaille et améliorer la transversalité entre les services », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. Un moyen surtout d’éviter que les dysfonctionnements révélés par l’affaire Benalla – le chargé de mission s’était, faute de contrôle, octroyé des pouvoirs sans commune mesure avec son poste – ne puissent se reproduire.

    Cette réorganisation doit s’étaler jusqu’à la fin de l’année et devrait débuter par la communication. Les services s’occupant de l’image du chef de l’Etat seront ainsi regroupés pour « unifier la manière dont le président de la République s’adresse aux Français ». Ce pôle sera dirigé par Sylvain Fort, un fidèle du président de la République, qui avait été son directeur de la communication lors de la campagne présidentielle et qui occupe actuellement le poste de conseiller discours et mémoire à l’Elysée.

    Sibeth Ndiaye, la conseillère presse et communication de M. Macron, sera son adjointe. En revanche, la fonction de porte-parole « sera supprimée » mais l’ancien journaliste Bruno Roger-Petit, qui occupe le poste depuis un an, « restera au cabinet comme conseiller », précise l’Elysée.

    Mission lancée en octobre 2017

    Paradoxalement, cette réorganisation est le fruit d’une réflexion engagée bien avant l’affaire Benalla. Instruit des errements de François Hollande lors du précédent quinquennat, Emmanuel Macron avait, dès le début de son mandat, conscience de devoir adapter le fonctionnement de l’Elysée, qu’il considérait comme « archaïque ». Dès octobre 2017, une mission avait été confiée en ce sens au contrôleur de gestion de l’Elysée afin de faire un état des lieux du fonctionnement de la présidence.

    « Il a rencontré une cinquantaine de personnes, et le constat a été que, si les employés de l’Elysée ont un fort attachement à ce qu’ils appellent eux-mêmes la “première maison de France”, leur fonctionnement n’était plus adapté », assure un membre du cabinet de M. Macron. De nombreux cas d’épuisement auraient été aussi rapportés. « Les gens sont fiers de travailler à l’Elysée mais il y a de la souffrance », reconnaît-on.

    Fort de ce constat, Emmanuel Macron a décidé, en janvier, de confier à Eurogroup Consulting, un cabinet de conseil en organisation, une « revue des missions » des services de l’Elysée. Objectif : proposer un nouveau mode de fonctionnement de la présidence. Durant six mois, trois consultants ont écumé les couloirs du Château pour « objectiver les choses ». Leur rapport a été rendu début juillet, avant que n’éclate l’affaire Benalla. « Cela nous a renforcés dans la conviction qu’il fallait faire bouger les choses », explique un proche du chef de l’Etat.

    Reste à savoir si cette réorganisation changera réellement le fonctionnement de l’Elysée. A son arrivée, en 2007, Nicolas Sarkozy avait tenté de structurer davantage les services de la présidence. Début 2008, il avait lui aussi nommé un directeur général des services, Charles-Edouard Tollu. Mais l’expérience avait tourné court au bout de deux ans. « On se détestait tellement dans l’entourage qu’il y avait des clans et de la rétention d’information partout, se souvient Emmanuelle Mignon, alors directrice de cabinet du chef de l’Etat. Pour que l’Elysée fonctionne, il faut de la fluidité et de la confiance dans le premier cercle. Et que le président accepte qu’on lui dise les choses, même si elles lui déplaisent

    . »

    • Le texte ? On peu le demander gentiment, le texte en clair ?

      Les abus du Canada sont incroyables et trop bien cachés. Envers la terre, envers le territoire, envers les habitants déjà. Un pays pareil, tant vanté par le commun, aucun paywall ne peut se justifier face à la denonciation de ses exactions. Si ?!

      J’dis ça, en l’air.

    • Tout à fait..., Simon Roger partage sûrement cet avis.

      Au Canada, troisième réserve pétrolière mondiale, le poison de l’or noir de l’Alberta
      Par Simon Roger

      Publié le 06 Septembre 2018
      Contaminations (5/7). La province canadienne est souillée et défigurée par l’exploitation des sables bitumineux, qui empoisonne les fleuves, les lacs et les populations amérindiennes.

      A la sortie du long virage qui laisse entrevoir les premiers chalets de Fort Chipewyan, un panneau invite tout individu témoin d’un crime à contacter la cellule téléphonique mise à disposition par la police.

      La localité de 900 âmes du nord de l’Alberta, accessible par la route seulement quelques semaines par an, lorsque le froid est si mordant qu’il fige le lit des rivières en une glace suffisamment épaisse pour laisser circuler les véhicules, n’a pourtant pas le profil d’une cité de la peur. Ses habitants sont d’ailleurs bien incapables de se remémorer le moindre acte criminel commis ces dernières années dans le village peuplé de Premières Nations Mikisew Cree et Athabasca Chipewyan, deux groupes amérindiens parmi les cinquante composantes autochtones du Canada.

      La population de « Fort Chip », pourtant, débute la journée avec la boule au ventre, redoutant de tomber malade et inquiète pour l’avenir du lac dont la rive méridionale domine le panorama. Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie de cette ligne d’horizon d’un blanc infini : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux.

      D’une superficie de près de 8 000 km2, le lac est de loin la plus grande retenue d’eau d’Alberta et de l’Etat voisin du Saskatchewan. Il est aussi la principale source de subsistance pour les populations amérindiennes, habituées depuis toujours à pêcher le grand brochet et le doré jaune dans l’Athabasca, à traquer le caribou, l’élan ou le bison dans les forêts alentour et à récolter des baies dans la nature environnante. Un mode de vie ancestral qui semble de moins en moins compatible avec une autre histoire albertaine, débutée celle-là vers la fin des années 1960, celle de l’extraction du pétrole issu des sables bitumineux.

      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. »
      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. » .
      « On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d’un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Quand les entreprises minières ont commencé à déverser leurs eaux usées dans la rivière Athabasca, qui se jette dans le lac, elles ont contaminé le poisson. Aujourd’hui, l’eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche. » « Jusqu’où irons-nous, nous, les êtres humains, dans la destruction de toute chose ? », s’interroge le vieil homme avant de confier avoir perdu une quinzaine de membres de sa famille, victimes de cancers. Les rejets industriels qui affectent l’air, l’eau et le sol en seraient la cause.

      Infirmière au centre de santé, Jane Lepine recense de plus en plus de cas de cancers de l’estomac, du poumon ou du foie, de diabètes, de pathologies neurodégénératives, « parmi la population adulte, mais également chez les enfants de Fort Chipewyan ». « Cet endroit est une décharge publique de substances contaminantes, se désole l’infirmière, pour qui la prévalence de ces maladies ne peut être dissociée des émissions des activités pétrolières. Malheureusement, on manque de données sanitaires qui confirmeraient nos craintes. » Ce n’est pourtant pas faute d’avoir alerté l’autorité de santé de la province, Health Alberta, et son équivalent fédéral, Health Canada, qui a compétence pour agir dans les réserves indiennes dont fait partie le territoire de Fort Chipewyan.

      « Se faire soigner coûte très cher ici »
      Mais jusqu’à présent, les questions de la population locale n’ont reçu que des réponses très parcellaires. Cette quête de vérité obsède aussi John O’Connor. Ce médecin irlandais est arrivé au Canada il y a trente ans pour y remplacer un collègue européen ; il a fini par s’installer à demeure à Fort McMurray, la grande agglomération du nord de l’Alberta.

      Depuis 2000, lorsque plusieurs familles lui ont demandé d’y assurer quelques consultations hebdomadaires, le praticien s’intéresse au sort du village. « Je suivais déjà d’autres populations indiennes, mais pas Fort Chip, qui a la particularité d’être une communauté très isolée et condamnée à vivre en autosuffisance, explique John O’Connor. La route hivernale n’est ouverte que deux mois par an. Le reste du temps, il faut prendre l’avion pour aller se faire soigner à Fort McMurray, mais ça coûte très cher. »

      « Avant on se baignait dans le lac. Maintenant on ne peut plus. Mon grand-père chasse mais il ne trouve plus d’animaux. La plupart des jeunes s’en foutent des problèmes de pollution », se désole Chantel Wanderingspirit, 20 ans, au café de la station-service de Fort Chipewyan.
      « Avant on se baignait dans le lac. Maintenant on ne peut plus. Mon grand-père chasse mais il ne trouve plus d’animaux. La plupart des jeunes s’en foutent des problèmes de pollution », se désole Chantel Wanderingspirit, 20 ans, au café de la station-service de Fort Chipewyan. .
      Au gré de ses allers et venues, le médecin accumule les témoignages. « Les discussions tournaient beaucoup autour des changements de l’environnement, comme la raréfaction du nombre d’oiseaux, la mauvaise qualité de la viande issue de la chasse, les difformités constatées sur certains poissons… avec une préoccupation centrale, la qualité de l’eau du lac, décrit le praticien. J’ai observé ensuite des pathologies que je n’aurais jamais pensé identifier parmi une population d’un millier de personnes, par exemple plusieurs cas de cancers des voies biliaires, une maladie qui touche en temps normal un individu sur 100 000. » Il en informe les chefs des Premières Nations, interroge ses collègues médecins à Fort McMurray puis interpelle, en 2005, les autorités de santé. Sans réponse de ces dernières.

      Ce mutisme prendra fin après la diffusion par la télévision nationale canadienne CBC, quelques mois plus tard, d’un sujet relayant les questionnements de John O’Connor. Contraint de réagir à l’écho médiatique du reportage, Health Canada dépêche trois médecins sur place en mars 2006.

      Devant les journalistes qui couvrent la visite au centre de santé de Fort Chipewyan, l’un des représentants de l’agence fédérale boit un verre d’eau du robinet : preuve est faite que l’eau est parfaitement potable ! Aucune mesure sanitaire ne s’impose, concluent les trois experts avant de rejoindre leur avion en esquivant les questions de l’auditoire.

      « Taux de cancers plus élevés de 29 % »
      Les autorités de santé s’intéressent en revanche de près au docteur un peu trop suspicieux. Une procédure de radiation pour « mauvais comportement » dans le dossier de Fort Chip est ouverte contre John O’Connor par le collège des médecins et chirurgiens d’Alberta. La procédure ne s’éteindra qu’en novembre 2009, grâce à l’intervention d’un avocat et des habitants qui lancent une pétition pour soutenir leur médecin.

      Au même moment, fin 2009, sont rendues publiques les conclusions d’un rapport de l’Alberta Cancer Board sur l’incidence des cancers à Fort Chipewyan entre 1995 et 2006. Le document confirme l’augmentation de plusieurs types de pathologies (cancer des voies biliaires, du sang, du système lymphatique) et exige des études complémentaires afin d’en préciser les causes et d’évaluer l’état de santé général de la population. Une demande, là encore, classée sans suite.

      George Poitras est un ancien chef de la communauté indienne Mikisew Cree de Fort Chipewyan. « C’est David contre Goliath. Tout le delta est contaminé. Moins de 1 % des terres exploitées par les compagnies pétrolières ont été restaurées en cinquante ans. » SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      « Ces taux de cancers 29 % plus élevés que la moyenne sont-ils de cause héréditaire, liés au mode de vie ou d’origine environnementale ? Nous avons plus que jamais besoin d’une étude impartiale, complète et rigoureuse pour répondre à cette question », insiste John O’Connor. Au centre de santé, on répond poliment que les informations – logiquement publiques – ne sont pas disponibles.

      « En 2017, plus de vingt personnes sont mortes à Fort Chip, presque toutes d’un cancer. C’est devenu une chose normale », relève Warren Simpson. A 48 ans, cet ancien salarié de plusieurs entreprises de sables bitumineux, qui fait face lui-même à son deuxième cancer, admet que peu de ses concitoyens osent pointer du doigt les industries. « C’est compliqué de scier la branche sur laquelle on est assis. »

      Ici comme partout ailleurs en Alberta, le pétrole règne en maître. Sur la route du cimetière de Fort Chipewyan se dresse un lycée. Il a été construit grâce aux subsides de la compagnie Shell Albian, comme le signale un panneau placé bien en évidence. Un peu plus loin sur la même chaussée apparaît un vaste complexe sportif, avec son terrain de hockey et sa piscine. Ces équipements ont été financés par le premier groupe pétrolier canadien, Syncrude, dont le logo orne la façade du bâtiment devant lequel se rangent, en fin d’après-midi, les pick-up qui laissent tourner leur moteur pour résister aux températures glaciales.

      « Notre industrie est le plus gros employeur de personnes autochtones au Canada, avance Terry Abel, vice-président de l’Association des producteurs de pétrole du Canada (CAPP en anglais). Au cours des dernières années, l’industrie bitumineuse a participé pour 4 milliards de dollars canadiens [2,5 milliards d’euros] au chiffre d’affaires des entreprises autochtones. Aucun autre secteur ne réalise un volume d’affaires équivalent avec elles », assène le dirigeant au siège de la CAPP, dans le quartier des affaires de Calgary, la capitale économique de l’Alberta.

      Des sables bitumineux faciles d’accès
      Le Canada possède la troisième réserve pétrolière de la planète, derrière le Venezuela et l’Arabie saoudite. Plus de 95 % de cet or noir imprègne les sables bitumineux, l’hydrocarbure non conventionnel composé de sable, de bitume et d’eau (80 % à 85 % de silice et d’argile pour environ 10 % de bitume).

      Selon les projections du Centre de recherches internationales associant Sciences Po et le CNRS (CERI), l’exploitation des sables bitumineux devrait apporter, au cours des vingt prochaines années, 200 milliards de dollars par an à l’économie canadienne. Seule la Russie pourrait se prévaloir d’une telle manne, mais ses gisements bitumineux, localisés en Sibérie, sont à des latitudes trop extrêmes pour envisager une activité rentable.

      Un site industriel de Syncrude, le premier groupe pétrolier canadien. La neige et le ciel virent au jaune, et les odeurs de soufre et d’ammoniac envahissent l’air de Fort McMurray.
      Un site industriel de Syncrude, le premier groupe pétrolier canadien. La neige et le ciel virent au jaune, et les odeurs de soufre et d’ammoniac envahissent l’air de Fort McMurray. .
      Les sables d’Alberta, en revanche, sont faciles d’accès. Autour de Fort McMurray, le bitume affleure à moins de 70 mètres de profondeur : il est extractible à l’aide de pelles géantes. Dans les deux autres gisements de la province, plus profonds, Peace River et Cold Lake, les compagnies recourent à la technique dite « in situ » : elles forent des puits et y injectent de la vapeur d’eau pour liquéfier le bitume, aspiré ensuite vers la surface. Ensemble, ces trois gisements couvrent une zone exploitable de 142 000 km2, plus vaste que la superficie de l’Angleterre, qui fit du Canada un dominion de la Couronne britannique en 1867.

      A cette époque, Fort Chipewyan était le haut lieu du commerce de fourrure de la région. Fondé en 1788 par la Compagnie du Nord-Ouest, le plus vieux comptoir de l’Alberta vivait au rythme des saisons de trappe et des campagnes de pêche sur le lac. Une existence à laquelle les doyens des communautés indiennes ont pu goûter, avant que l’industrialisation ne vienne rompre cet équilibre.

      « Quand j’étais enfant, on pouvait boire l’eau du lac, parfaitement limpide, et la forêt autour de Fort Chip était d’un vert profond, se remémore Ed Marten, conseiller au centre de santé local. Aujourd’hui, l’eau est couleur chocolat et la végétation est flétrie. »

      A la suite de la mise en route des premières installations minières en 1973, « des trappeurs sont tombés malades après avoir bu l’eau des rivières environnantes. On a vu arriver, venant du Sud, des fumées et des cendres des installations de Syncrude. On se disait que quelque chose ne tournait pas rond », retrace le Mikisew Cree de 65 ans, atteint d’un cancer à l’estomac, comme sa mère, morte en 2017.

      « Rejets durables »
      La génération d’Ed Marten a connu aussi le départ forcé pour le pensionnat catholique, « coupé des miens, de ma langue et de ma culture ». Ce passé douloureux est perceptible dans d’autres communautés indiennes, comme à Fort Smith, à 200 kilomètres plus au nord.

      Un panneau routier y signale le passage de la frontière avec la province voisine des Territoires du Nord-Ouest, mais rien ne distingue la localité de 2 500 habitants de sa cousine albertaine. Même quadrillage urbain, mêmes habitations colorées, même concentration humaine autour des points cardinaux de la vie dans le Grand Nord que représentent les stations-service et les épiceries.

      « Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau », confie François Paulette, un chef de la communauté Smith’s Landing.
      « Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau », confie François Paulette, un chef de la communauté Smith’s Landing. .
      François Paulette, un des chefs de la communauté Smith’s Landing, a préféré s’installer à la lisière de la forêt bordée par l’Athabasca. Dans cette zone où la rivière est agitée de puissants rapides, l’eau reste libre de glace au plus fort de l’hiver. « Un peu plus loin, on trouve un autre cours d’eau, Dog River, sur le plateau canadien, indique-t-il d’un geste ample. Mon peuple vit ici depuis des milliers d’années. Tout ce que nous savons, nous le devons à la terre et à l’eau. »

      « Mais il fut un temps [au début des années 1960] où le gouvernement décida de nous expulser de nos terres, prétextant que notre manière de vivre était en voie d’extinction, poursuit le chef de la communauté Déné, retiré à ses parents à l’âge de 6 ans pour l’école paroissiale. Quant à l’eau, il faudrait être naïf ou stupide d’espérer ne pas être touché par l’industrialisation. Les usines de pâte à papier, et après elles les compagnies de sables bitumineux, ont consommé beaucoup d’eau et rejeté beaucoup de déchets dans la rivière. »

      Le « traité no 8 », le texte qui régit depuis 1899 les rapports entre les communautés du nord de l’Alberta et la Couronne d’Angleterre, accorde aux populations indiennes un droit inaliénable de chasse et de pêche. Que vaut cet engagement sur des étendues de terres et d’eau souillées par les activités humaines ?, interpelle François Paulette.

      La région de Fort Smith n’a pourtant pas de pétrole, pas plus que celle de Fort Chip. Mais elles sont toutes deux irriguées par le réseau hydrographique de l’Athabasca. C’est par cette veine immense et ses affluents que les infrastructures pétrolières installées à plus de 200 km en amont diffusent leur poison liquide.

      « Le programme de suivi de la qualité de l’eau mis en place par le gouvernement d’Alberta n’est pas adapté aux risques des activités industrielles, soutient l’hydrogéologue canadien Gilles Wendling. On n’étudie pas, par exemple, les effets cumulatifs de ces rejets durables. » C’est l’une des revendications de l’association Keepers of the Water Athabasca (« Gardiens de l’eau de l’Athabasca »), qui tente de mesurer les impacts hydrographiques de l’exploitation des sables bitumineux, très consommatrice d’eau. L’ONG créée en 2006 recourt à l’expertise de chercheurs indépendants comme Gilles Wendling. « On en avait assez de la propagande des industriels et des agences gouvernementales de régulation, explique Jule Asterisk, l’une des porte-parole de Keeper. Les résistances sont très fortes lorsqu’on se penche sur ce sujet. »

      Dans la région de Fort McMurray, l’extraction des sables bitumineux se fait à partir de mines à ciel ouvert, comme cette unité du groupe pétrolier Suncor.
      Dans la région de Fort McMurray, l’extraction des sables bitumineux se fait à partir de mines à ciel ouvert, comme cette unité du groupe pétrolier Suncor. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      Sujet de tension entre la société civile, les autorités et les industriels, la question de l’eau n’épargne pas la sphère académique d’Edmonton, la capitale administrative de la province. Dans les bâtiments de briques rouges qui donnent à l’université d’Alberta un petit air de campus anglais, une étude alimente particulièrement la controverse, celle du professeur David Schindler. Connu pour avoir identifié, dans les années 1970-1980, les pluies acides comme vecteur de la mortalité des poissons des Grands Lacs, le biologiste a publié en 2010 la première étude d’importance sur la rivière Athabasca et ses affluents. Son équipe a retrouvé dans l’eau treize types de métaux lourds attribués à l’industrie des sables bitumineux, parmi lesquels du mercure, du nickel, du plomb, du thallium, de l’uranium et de l’arsenic.

      « Les concentrations de métaux lourds sont toutes très basses, en amont comme en aval des installations de sables bitumineux, et elles n’ont pas varié depuis des décennies », affirme de son côté William Shotyk, titulaire de la chaire d’agriculture et d’environnement de l’université d’Alberta, à partir de mesures collectées en 2016. Pour ce géologue, fier de faire visiter le laboratoire ultramoderne construit grâce aux fonds d’Alberta Innovates, l’agence de recherche financée par la province et le secteur pétrolier, « on retrouve les mêmes valeurs de contaminants que celles que l’on peut observer au nord de la Norvège, dans la région la mieux préservée d’Europe ! »

      « Risque extrême »
      « Soutenir qu’une industrie qui brûle de fortes quantités de pétrole et utilise des solvants chimiques en grand nombre ne génère pas de pollution n’est tout simplement pas crédible, rétorque le biologiste, aujourd’hui retraité. La question n’est pas de savoir si la pollution est avérée ou non, mais jusqu’à quel point elle affecte la biosphère. »

      Six mois après l’étude de David Schindler, un autre rapport scientifique a corroboré ses résultats, les experts de la Société royale du Canada ont notamment relevé le haut niveau de toxicité « chronique » des eaux rejetées par l’industrie dans ses bassins de décantation. Un an plus tard, la presse albertaine rendait public un document confidentiel du ministère de l’environnement qui qualifiait la contamination de la rivière Athabasca de « sujet de première importance ».

      Robert Grandjambe, guide et trappeur à Fort Chipewyan. « On mange du poisson du lac, du caribou, du canard sauvage. 90 % de notre alimentation provient du lac et des bois... Parfois, je me demande si nous voulons vraiment sauver l’environnement. »
      Robert Grandjambe, guide et trappeur à Fort Chipewyan. « On mange du poisson du lac, du caribou, du canard sauvage. 90 % de notre alimentation provient du lac et des bois... Parfois, je me demande si nous voulons vraiment sauver l’environnement. » .
      Masqués par la neige abondante de l’hiver, ces lacs artificiels vérolent peu à peu le paysage du nord de l’Alberta. Après un demi-siècle d’activité pétrolière, ils contiennent, en volume cumulé, 1 300 milliards de litres d’eau polluée, et pourraient nécessiter 50 milliards de dollars de frais d’assainissement, selon les calculs de Pembina. L’institut canadien spécialisé dans l’énergie a alerté à plusieurs reprises sur les fuites de certains bassins remplis de déchets industriels. « C’est un risque extrême sur le plan environnemental, confirme Simon Dyer, le directeur de Pembina à Edmonton, d’autant que le gouvernement d’Alberta continue d’exempter les entreprises de nettoyer ces bassins, comme la réglementation les y oblige. » En 2008, Syncrude avait été condamné à une amende de 3 millions de dollars à la suite de la mort de 1 600 canards qui s’étaient posés sur l’un des bassins de la compagnie pétrolière.

      La forêt boréale porte elle aussi les stigmates de cette addiction à l’or noir. Depuis la route bosselée et glissante qui relie Fort Chipewyan à Fort McMurray, l’agglomération de 75 000 habitants développée pour et par l’industrie bitumineuse, les futaies d’épinettes, de sapins, de mélèzes et de peupliers font apparaître d’impressionnantes trouées. Certaines sont dues aux feux de forêts qui embrasent régulièrement l’Ouest canadien pendant l’été. Mais les clairières résultent aussi des coupes dictées par les compagnies extractives.

      Cette déforestation n’est pas sans effets sur la biodiversité animale. Le caribou figure au premier rang des espèces les plus menacées. « En coupant les arbres, on crée des corridors qui permettent aux prédateurs comme le loup d’accéder plus facilement aux hordes de caribous », déjà fragilisés par le réchauffement climatique, explique Simon Dyer. Dans certaines régions de l’Alberta, leur population a décliné de 80 % depuis les années 2000, note l’Institut Pembina.

      Regroupé dans le parc national Wood Buffalo, le plus grand troupeau du monde de bisons des bois en liberté pourrait être la prochaine victime collatérale de l’industrie pétrolière. Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1983, cette aire naturelle n’est qu’à 30 km d’un énorme projet d’exploitation de sables bitumineux porté par le consortium sino-canadien Teck Resources. Cette mine à ciel ouvert, d’une superficie de 290 km2, permettrait d’extraire 260 000 barils de pétrole par jour pendant plus de quarante ans.

      « Sentiment de honte »
      Teck assure que le projet n’affectera pas l’« intégrité » du parc. Les conclusions de l’entreprise, relayées par l’agence canadienne d’évaluation environnementale, ne convainquent pas les communautés riveraines, qui ont alerté l’Unesco. Dans leur rapport de mission, les experts onusiens estiment que le Canada manque à ses devoirs de protection et demandent aux autorités de mettre en œuvre d’ici à la fin 2018 les dix-sept recommandations énumérées dans leur synthèse.

      Près du parc naturel de Wood Buffalo, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
      Près du parc naturel de Wood Buffalo, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      « Le gouvernement refuse de choisir entre croissance économique et exigence environnementale, analyse Becky Kostka, et les petites communautés indiennes du Nord ne pèsent pas face aux besoins énergétiques des grandes villes du sud de la province, Edmonton et Calgary. » La responsable des terres et des ressources de la Première Nation de Fort Smith, qui n’est pas d’ascendance indienne, dénonce aussi un problème de mentalité : « La plupart des Canadiens ignorent le sort des Premières Nations ou alors ils éprouvent un sentiment de honte face aux missions catholiques qui les ont colonisées par le passé. »

      Avec l’expansion de l’activité bitumineuse, la colonisation prend un autre visage en Alberta, celui d’hommes blancs célibataires, originaires des quatre coins du Canada et parfois même des Etats-Unis ou d’Europe, tous aimantés par « Fort McMoney » (le surnom de Fort McMurray) et sa ceinture d’usines fumantes et crépitantes. Car en dépit des variations du prix du pétrole, les sables bitumineux restent le meilleur filon pour amasser des dollars.

      Souvent installée dans des baraquements à la sortie de la ville, cette population uniforme écume à la nuit tombée les bars de la ville. Entre deux pintes de bière, Brad et ses collègues natifs d’Ontario ou du Nouveau-Brunswick, à l’autre bout du pays, partagent la même motivation. Opérateurs pour Syncrude, ils gagnent 150 000 dollars par an, « cinq fois plus que ce que l’on pourrait toucher dans nos provinces d’origine », précise Brad. « L’eau n’est pas polluée et le Canada est bien moins émetteur de gaz à effet de serre qu’un pays comme la Chine », ajoute son ami Daven.

      « Il faut stopper cette industrie sale »
      De toute façon, « les sables bitumineux, c’est comme la politique, mieux vaut ne pas aborder le sujet si vous voulez conserver vos amis, ironise Denis Roy, électricien pendant quarante ans à Fort McMurray. Bien sûr que l’industrie pétrolière contamine la région, confie le retraité, mais personne ne veut perdre son boulot. »

      Selon les prévisions de la CAPP, la production de pétrole brut (issu des sables bitumineux de l’Ouest canadien) devrait passer de 2,3 millions de barils par jour en 2015 à 4,8 millions en 2030. « Tant que la demande mondiale de pétrole sera forte, l’industrie canadienne des sables pétrolifères souhaitera y répondre », commente sobrement Terry Abel, le numéro deux des producteurs de pétrole.

      De Calgary à Fort Chipewyan, 900 km plus au nord, personne n’envisage la fin prochaine de l’exploitation des gisements bitumineux. « On a besoin l’un de l’autre, résume Archie Waguam, le chef des Mikisew Cree de Fort Chip, à propos des compagnies pétrolières. Et puis, si c’est nécessaire, on peut sortir un carton rouge et bloquer un projet trop nocif pour l’environnement. » Mais le leader indien préfère sortir son carnet de chèques et faire prospérer les affaires des siens. En décembre 2017, les Mikisew Cree et la Première Nation de Fort McKay ont conclu une participation de 49 % dans un parc de stockage du pétrolier Suncor d’un montant historique de 500 millions de dollars.

      Le tableau blanc sur lequel Archie Waguam a griffonné les priorités de sa communauté pour les cinq ans à venir fait apparaître le développement économique en tête de liste, et la santé en cinquième position. Les permis d’exploitation accordés aux compagnies pétrolières assurent aux Premières Nations des revenus de plusieurs millions de dollars chaque année. « On a plusieurs joint-ventures avec les pétroliers et on développe nos propres affaires. On vient par exemple de lancer la construction d’un hôtel de luxe à Fort McMurray », se vante le responsable.

      Si les montants de ces tractations demeurent confidentiels, l’existence de négociations entre populations locales et secteur privé est connue de tous. « Qu’est-ce qui est préférable, poursuivre une entreprise pour atteinte à l’environnement et prendre le risque de perdre devant la justice, ou négocier directement avec elle des compensations financières ? », argumente Melody Lepine, qui défend les intérêts des Mikisew Cree auprès de l’industrie.

      Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie du lac Athabasca : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux.
      Au milieu de l’hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie du lac Athabasca : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux. SAMUEL BOLLENDORFF POUR LE MONDE
      Parmi les habitants de Fort Chip, tout le monde ne goûte pas le pragmatisme des élus indiens. « L’argent est l’autre fléau qui mine notre communauté », s’inquiète le guide et trappeur Robert Grandjambe, qui dénonce pêle-mêle la corruption de certains chefs et les enveloppes de 350 dollars distribuées par les compagnies pétrolières, selon plusieurs témoins, aux participants à leurs réunions publiques.

      « C’est l’argent qui mène le monde aujourd’hui, constate aussi Alice Rigney, la responsable du centre local pour les jeunes. Mon père a vécu quatre-vingt-dix ans, il n’avait que ce qu’il pêchait dans le lac et ce qu’il trouvait dans la nature, mais il est mort heureux. Il faut stopper cette industrie sale qui contamine l’eau et pollue la planète. » « Personne n’ignore aujourd’hui que les énergies fossiles aggravent l’état de la planète, et pourtant elles continuent de se développer, note l’ancien chef des Mikisew Cree de Fort Chipewyan, George Poitras. C’est comme si quelqu’un vous frappait et que vous lui répondiez : ne t’arrête pas, continue de frapper. »

      Contaminations : sept reportages dans des zones souillées à tout jamais
      Depuis dix mois, Le Monde s’est associé au photographe Samuel Bollendorff pour explorer et rendre compte d’une réalité à peine imaginable. Des zones entières du globe, des villes, des forêts, des lacs, des océans, sont devenues impropres au développement humain, souillées à tout jamais, peut-être le prélude à notre monde de demain. Ces territoires se situent majoritairement dans les pays qui ont vu naître l’industrialisation.

      Sept journalistes se sont succédé d’Anniston aux États-Unis à Dzerjinsk en Russie, de Fort Chipewayn au Canada, à Regencia au Brésil, de Fukushima au Japon à « la terre des feux » à côté de Naples, jusqu’au grand gyre du Pacifique. Ils ont enquêté sur ces millions de kilomètres carrés contaminés aux produits chimiques, aux hydrocarbures, à la radioactivité. Et ont découvert des paysages dévastés ainsi que des populations rongées par un mal invisible, le lent poison qui s’est infiltré dans leur environnement, avec l’assentiment des autorités. Leurs reportages ont été rassemblés dans une série baptisée « Contaminations », que nous publions du 1er au 8 septembre en sept volets.

      Au premier abord, dans les images, tout semble paisible, harmonieux, rassurant : une mer calme, une forêt éclairée par une lumière douce… Mais derrière cette séduction apparente, la réalité est toxique. Car la contamination est bien souvent invisible à l’œil nu. Et c’est tout l’intérêt de cette démarche photographique : elle donne l’illusion de la beauté bucolique à l’endroit même où la nature est empoisonnée. Le travail photographique de Samuel Bollendorff est aussi exposé à Visa pour l’image, le festival international du photojournalisme à Perpignan, du 1er au 16 septembre.

  • Selon une étude, 50 % des offres de Pôle #Emploi_sont illégales voire inexistantes
    https://www.bastamag.net/Selon-une-etude-50-des-offres-de-Pole-emploi-sont-illegales-voire-inexista

    Le Comité national des travailleurs privés d’emploi et précaires (CNTPEP-CGT) vient de publier les résultats d’une étude réalisée les 30 et 31 août 2018, portant sur les offres disponibles sur le site internet de Pôle emploi. Résultat : sur les 1708 offres étudiées, 50% contenaient, selon cette étude, des mentions illégales . « Cela signifie que ces annonces contreviennent au code du travail, mais aussi au référentiel interne de Pôle emploi qui reprend cette réglementation en y ajoutant quelques précisions (...)

    En bref

    / #Syndicalisme, Emploi , #Services_publics

  • Suisse : Les prêtres pourraient suivre des cours d’éducation sexuelle ats/ebz - 2 Septembre 2018 - RTS
    http://www.rts.ch/info/suisse/9814926-les-pretres-pourraient-suivre-des-cours-d-education-sexuelle.html

    La Conférence suisse des évêques envisage d’introduire des cours d’éducation sexuelle pour les représentants de l’Église. L’objectif étant de prévenir les abus, rapporte Le Matin Dimanche.

    Les évêques veulent améliorer la prévention et intégrer la lutte contre les abus à la formation des prêtres. Giorgio Prestele, président des experts mandatés par les évêques, va même plus loin : « Je peux aussi imaginer par exemple que les futurs prêtres, avant leur bénédiction, doivent passer une évaluation concernant le rapport à leur propre sexualité ». Le spécialiste estime que les prêtres devraient toujours s’interroger sur la manière dont ils abordent la sexualité, qui existe malgré le célibat.

    Durcissement de l’obligation d’annonce
    La Conférence discutera donc prévention dès lundi à Saint-Gall. Lors de cette rencontre, les évêques devront aussi décider s’ils veulent durcir l’obligation de dénoncer des cas d’abus sexuels. Il s’agirait dans ce cas d’annoncer à la justice tous les cas laissant penser qu’il pourrait s’agir de délits poursuivis d’office. Cette obligation existait jusqu’alors uniquement dans les cas où les victimes étaient mineures. L’obligation pourrait être étendue aux cas concernant des adultes.

    #Suisse #catholicisme #prêtres #éducation_sexuelle #prévention #abus_sexuels #religion #église #confession

  • #nepotisme #copinage
    Philippe Besson — Wikipédia
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Besson

    #Consul_général à Los Angeles[modifier | modifier le code]
    Le 30 août 2018, il est nommé consul général de France à Los Angeles19 remplaçant Christophe Lemoine, diplomate et ex-chef de cabinet de Laurent Fabius, en poste depuis 2015. Lors du conseil des ministres du 3 août, le ministre des Affaires étrangères a en effet présenté un décret modifiant les règles concernant la nomination des diplomates qui ne relève plus du Quai d’Orsay mais du gouvernement, qui est libre de nommer des non-fonctionnaires20. Selon les déclarations de l’Élysée au Monde, il s’agit là d’une « politique d’élargissement des viviers de nomination, comme partout dans la fonction publique ». Néanmoins, ce nouveau mode de nomination est critiqué en interne, pouvant entraîner « une forme de népotisme sur des postes honorifiques »21. Emmanuel Macron se défend d’aucun « copinage » et justifie son choix conforme à une « tradition » française d’écrivains diplomates22. Le Porte parole LREM Benjamin Griveaux a affirmé que cette "nomination de Philippe Besson s’inscrivait dans une tradition française de l’Exécutif d’avoir déjà procédé à des nominations d’écrivains à des postes d’Ambassadeurs" mais #Romain_GARY (qui occupa ce même poste de Consul à Los Angeles) était déjà diplomate de métier avant d’être romancier. En 2008, David MARTINON, l’ancien porte-parole de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy, avait été nommé lui aussi consul de Los Angeles. Une décision qui, déjà, avait fait grincer des dents alors que Martinon était pourtant issu de la fonction publique avec pour administration d’origine de cet énarque, le Quai d’Orsay. Jean-Christophe RUFIN nommé Ambassadeur au Sénégal en 2007 connaissait déjà depuis longtemps l’Afrique pour avoir été médecin sans frontières en Erythrée et en Ethiopie, il a fait un IEP et fut conseiller pour les droits de l’homme avant de devenir Administrateur pour la Croix rouge, donc un parcours qui s’inscrit dans le souci de servir l’intérêt général et qui n’a rien à voir avec celui de Philippe Besson, lequel est pourtant un auteur de talent qui a un vrai style littéraire, nul ne le conteste, mais dont on cherche, vainement, dans son parcours un rapport même ténu avec la diplomatie, la politique, l’administration ou la Californie ? Fait du prince : Philippe Besson a-t-il été choisi pour ses compétences ou récompensé pour ses louanges ?

  • Kamal Nasser « Les rêves de mon peuple »
    L’Humanité | Mardi, 7 Août, 2018 | Joseph Andras
    https://www.humanite.fr/kamal-nasser-les-reves-de-mon-peuple-658941

    (...) Kamal Nasser avait coutume de marcher dans Beyrouth un livre de poésie à la main : cela, ils le savaient. Comme ils savaient qu’il se trouvait là, dans une chambre au troisième étage, penché sur une machine à écrire sur la table de la salle à manger, là, bel et bien là, en train de rédiger quelque communiqué. Pains de plastic. Porte explosée. Le commando s’engouffra, Nasser, pas même 50 ans, se saisit d’une arme et ouvrit le feu sur l’un des agents avant de s’écrouler tandis que ses camarades étaient abattus dans leurs chambres respectives. L’opération, dite « Printemps de la jeunesse », fut un franc succès pour les autorités israéliennes, soucieuses de venger la meurtrière prise d’otages des jeux Olympiques de Munich : pour un œil, les deux yeux.

    Né Pierre Abraham Jacob Kamal Nasser un jour de 1925, le poète grandit à Bir Zeit, dans l’actuelle Cisjordanie – le village comptait alors moins de 900 âmes, chrétiennes pour la plupart –, puis étudia les sciences politiques à l’American University of Beirut et le droit à Jérusalem. Il enseigna à l’école Ahliyeh, à Ramallah, l’année de la Nakba – la « catastrophe », autrement dit la création de l’État d’Israël, l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens et la destruction de trop nombreux villages.
    (...)
    L’essayiste américain Mark Ensalaco indiquera en 2011 que Nasser fut assassiné « pour ses mots davantage que pour ses actes », ne comptant pas au nombre des organisateurs de Munich.

    L’un de ses vers appelait à « la révolution du retour » ; un demi-siècle plus tard, les présents mots s’étirent tandis que par centaines tombent à Gaza les manifestants de la Marche du même nom.

  • À #Calais, un #état_d’urgence opportun

    Depuis plus de 20 ans, la préfecture du Pas-de-Calais et la mairie de Calais utilisent tous les moyens pour empêcher les exilé·e·s, en route pour la Grande-Bretagne ou en attente de l’examen de leur demande d’asile en France, d’installer des lieux de vie, et pour empêcher les habitant·e·s et associations de leur venir en aide. Bien que la menace terroriste soit nulle dans le Calaisis, l’adoption de l’état d’urgence a donné les coudées franches aux autorités.

    La déclaration de l’état d’urgence, à la suite des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis, a fourni l’occasion à la préfecture du Pas-de-Calais d’utiliser les pouvoirs dérogatoires prévus par la loi du 3 avril 1955 sur l’état d’urgence. Le président de la République avait en effet considéré, par son décret du 14 novembre 2015, que le péril combattu devait l’être sur l’ensemble du territoire métropolitain. Sauf qu’à Calais, il n’a pas été question un seul instant de combattre le terrorisme. À notre connaissance, le territoire calaisien n’a d’ailleurs jamais constitué un enjeu dans la lutte contre Daesh.

    L’objectif était donc ailleurs : depuis plus de 20 ans, pour empêcher l’apparition de lieux de vie d’exilés à Calais, le préfet a pris l’habitude d’utiliser tous les moyens à sa disposition. Très vite, les forces de l’ordre calaisiennes ont considéré qu’elles ne pouvaient se passer des pouvoirs extraordinaires posés par la loi du 3 avril 1955. Extra-ordinaires, car, pour la plupart, ces pouvoirs sont complètement étrangers au droit commun et permettent de porter des graves atteintes à la liberté d’aller et de venir des personnes.

    L’application de l’état d’urgence à Calais, qui n’aurait jamais dû avoir lieu, intervient dans un contexte particulier. En novembre 2015, environ 6 000 exilés vivent à Calais. Certains sont demandeurs d’asile en France, quelques-uns sont en errance, tandis que d’autres cherchent à rejoindre le Royaume-Uni par des moyens irréguliers rendus nécessaires par l’insuffisance des procédures légales, en particulier en matière de réunification familiale [1].

    À cette époque, la maire de la commune de Calais et la préfète du Pas-de-Calais se félicitent d’avoir finalement obtenu la disparition de l’ensemble des squats et lieux de vie d’exilés implantés en centre-ville, en les repoussant sur le bidonville de la Lande, zone marécageuse située aux abords de la rocade portuaire. Cet « encampement » en marge de la ville expose les exilés à des conditions de vie particulièrement indignes [2]. Les personnes « relocalisées » doivent s’y installer dans des abris de fortune, à proximité du centre Jules Ferry où sont distribués, en quantité insuffisante, des repas et où est proposé un service de douches, volontairement sous-dimensionné, pour vraisemblablement éviter de rendre le lieu trop attractif. Parmi les exilés, figurent de très nombreux mineurs isolés, parfois très jeunes. Plusieurs associations françaises et britanniques se mobilisent alors pour apporter aux exilés l’assistance que les pouvoirs publics refusent d’accorder.

    Mais, pour sa part, l’autorité préfectorale travaille essentiellement à mettre à l’écart cette population et à empêcher les tentatives de passage. Et, à la fin de l’année 2015, c’est un État, probablement à court d’idées pour freiner l’essor de ces tentatives et maîtriser le nombre d’exilés présents, qui va profiter de la déclaration de l’état d’urgence.

    Dissuader les tentatives de passages

    L’état d’urgence va d’abord être utilisé pour sécuriser la frontière. Pour empêcher les tentatives de franchissement de la frontière, les dispositifs de protection ont été renforcés en 2015. À la suite d’un accord passé entre le ministre de l’intérieur français et le ministre du Home Office britannique en septembre 2014, la zone portuaire [3] est littéralement fortifiée par l’érection d’une double clôture de deux et quatre mètres de haut, et qui s’étend sur près de trois kilomètres le long de la rocade menant aux embarcadères du port de Calais.

    Évidemment, cela ne suffit pas à ralentir le nombre important de tentatives de passage, cela ne fait qu’en déplacer le lieu de la mise en œuvre. L’on tente toujours de franchir la frontière aux abords de l’Eurotunnel ; en juin 2015, Theresa May, ministre du Home Office affirme devant la Chambre des communes qu’au total 30 000 tentatives de passages ont été constatées sur les dix derniers mois [4].

    Les ministres de l’intérieur français et britannique vont donc, par un nouvel accord, le 20 août 2015 [5], allouer des moyens supplémentaires à la sécurisation du périmètre de l’entrée du tunnel, par un dispositif de clôtures, de vidéosurveillance, de technologie de détection infrarouge et de projecteurs lumineux. Ce renforcement drastique de la surveillance et de la protection de plusieurs points de passage ne décourage pourtant pas les exilés. Il les contraint cependant à prendre de plus en plus de risques. À tel point qu’en 2014 et 2015, on compte 46 décès à la frontière (sans citer les blessés).

    Pour enrayer les tentatives de passage que le dispositif ne ralentit pas, l’État va sortir la carte de l’état d’urgence. L’une des prérogatives prévues par l’article 5 de la loi du 3 avril 1955 permet au préfet de département d’« instituer, par arrêté, des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé ». L’institution d’une zone de protection ou de sécurité est une mesure de police administrative attrape-tout, qui a pu, au début de la guerre d’Algérie, justifier d’importants déplacements de populations, des restrictions de circulation et même des assignations à résidence collectives, étant précisé que le non-respect de l’obligation imposée par l’autorité qui a institué la zone pouvait aboutir, comme le précise l’article 13 de la loi, à des peines d’emprisonnement. Alors que cette disposition devrait être maniée avec précaution, la préfète du Pas-de-Calais choisit de l’appliquer quelques jours après la déclaration de l’état d’urgence, le 1er décembre 2015, pour interdire la présence de piétons sur la rocade portuaire.

    Pourquoi une telle mesure ? L’article L. 2231-1 du code général des collectivités territoriales permet déjà à l’autorité de police (le maire ou le préfet) de réglementer, dans le cadre de ses pouvoirs ordinaires, les conditions de circulation sur les routes nationales. Mais surtout, une telle préférence donnée à la loi du 3 avril 1955 n’est pas compréhensible dès lors qu’aucun motif en lien avec l’état d’urgence n’est ici en cause, comme les commentateurs le soulignent [6]. Avec cet arrêté, ce n’est pas tant les aspects opérationnels de la zone de protection qui semblent intéresser la préfète du Pas-de-Calais, mais plutôt le label « état d’urgence », dont l’administration espère sûrement qu’il exercera un effet dissuasif sur les exilés tentés de passer. Mais, l’épouvantail ainsi créé n’a été d’aucun effet.

    L’obligation portée par cet arrêté a été massivement méconnue, pendant toute sa durée (la préfète du Pas-de-Calais ne parlait-elle pas, en octobre 2016, de plus de 30 000 intrusions piétonnes sur la rocade, chaque mois ?), sans qu’elle ne donne lieu, à notre connaissance, à des condamnations.
    Contrer le droit de manifester

    L’état d’urgence a également servi à restreindre le droit de manifester [7]. Là encore, ces limitations ont été régulièrement prononcées pour des motifs sans lien avec le risque d’attentats terroristes, au fondement de la déclaration de l’état d’urgence. Il a été instrumentalisé par le gouvernement pour assouvir des mobiles politiques et, tout particulièrement, pour contrer des manifestations hostiles à ses décisions. On connaît les assignations à résidence prises sur le fondement de l’article 6 de la loi du 3 avril 1955 contre des militants écologistes qui risquaient d’organiser des actions et des mobilisations au cours de la COP 21 (conférence internationale sur le climat qui s’est tenue au Bourget) ou encore les interdictions de séjour prononcées en application du 3° de l’article 5 de la loi du 3 avril 1955, contre des militants pour les empêcher de se rendre dans les secteurs où étaient organisées des manifestations contre la « loi travail ».

    À Calais, l’état d’urgence va permettre le gel du droit de manifester en soutien aux exilés. Lorsque, à la fin de l’année 2016, le démantèlement de la Lande de Calais est projeté, il est présenté par le gouvernement comme une grande opération humanitaire destinée à « sortir de la boue » les exilés qui y vivent et à leur permettre, par une (nouvelle) relocalisation – cette fois-ci vers des centres d’accueil et d’orientation – d’intégrer le dispositif d’asile de droit commun [8]. Les critiques de plusieurs associations – lesquelles n’y voient qu’une énième opération de déguerpissement sans solution pérenne pour les exilés arrivant à Calais – sont toutefois vives et risquent de brouiller le message du gouvernement [9]. De manière assez problématique, l’état d’urgence va de nouveau être mobilisé à Calais pour « invisibiliser » cette opposition.

    Ainsi, peu avant la destruction du bidonville de la Lande de Calais, deux manifestations de soutien aux exilés du bidonville sont organisées par la Coalition internationale des sans-papiers et migrants (CISPM), les 1er et 11 octobre 2016. Alors qu’elles n’ont aucun lien avec la lutte contre la menace terroriste, elles sont interdites par l’autorité préfectorale qui se fonde, sur l’article 8 de la loi du 3 avril 1955, qui prévoit que « les […] rassemblements de personnes sur la voie publique peuvent être interdits dès lors que l’autorité administrative justifie ne pas être en mesure d’en assurer la sécurité compte tenu des moyens dont elle dispose ». C’est en se prévalant de l’insuffisance des unités de police pour encadrer ces rassemblements que la préfète du Pas-de-Calais interdit ces manifestations dont l’une, pourtant, ne devait pas regrouper plus de 200 participants [10]. À ces deux dates, les forces de l’ordre étaient, comme on le sait, très nombreuses à Calais pour préparer l’opération d’évacuation du bidonville, qui allait intervenir quelques jours après. On peut dès lors s’interroger sur la sincérité de la justification avancée.

    Pouvait-elle, en outre, suffire à justifier qu’aucune manifestation ne se tienne (même organisée différemment et selon un autre trajet), alors que, à cette époque, il existait dans le débat public un important courant opposé au plan d’évacuation du bidonville, tel qu’il était projeté, et qui aurait mérité de pouvoir s’exprimer ? Le tribunal administratif de Lille, saisi de deux référés-liberté, a malheureusement rejeté le recours des organisateurs en arguant que des groupes d’ultra-gauche et d’ultra-droite pourraient s’y rencontrer pour s’y affronter et que les forces de l’ordre ne pouvaient en assurer le contrôle [11].

    Et c’est ainsi que, au cours du mois d’octobre 2016, l’expulsion de la Lande de Calais a été mise en œuvre sans qu’aucune manifestation publique ait pu avoir lieu.
    Démanteler le bidonville

    Les opérations de l’expulsion du bidonville de la Lande de Calais se sont déroulées en plusieurs étapes : d’abord, avec l’adoption des arrêtés du 19 janvier et du 19 février 2016 pour l’expulsion de la zone sud du bidonville : ensuite avec l’arrêté du 21 octobre 2016 pour l’évacuation de la zone nord. Là encore, l’état d’urgence a constamment été mobilisé.

    D’abord, il a joué le rôle d’alibi et de justification des mesures d’expulsion. Chaque arrêté a, en effet, été pris au visa de la loi du 3 avril 1955 sur l’état d’urgence, et retient, parmi ses motifs, que, « compte tenu de la prégnance, à un niveau très élevé, de la menace terroriste ayant justifié l’état d’urgence, les forces de sécurité doivent prioritairement être engagées dans la prévention de cette menace et ne peuvent être distraites et mobilisées, en nombre très important, pour lutter contre des troubles à l’ordre public récurrents liés à l’occupation de ce campement ». Autrement dit, par contamination, le régime d’état d’urgence a permis de légitimer des décisions qui, en temps ordinaire, auraient pu sembler trop sévères ou inadaptées. Le pire est sûrement qu’une telle acception était recevable pour le juge administratif comme l’atteste la jurisprudence trop peu exigeante du Conseil d’État qui retient que, pour le prononcé d’une mesure relevant du régime de l’état d’urgence [12] ou d’une mesure de droit commun [13], l’autorité de police peut, notamment, s’appuyer sur le fait que les forces de police ne doivent pas être distraites de leur rôle de lutte contre le terrorisme.

    Ensuite, l’état d’urgence a été utilisé à des fins opérationnelles, dans le cadre de ces expulsions. Ainsi, le 23 octobre 2016, la préfète du Pas-de-Calais crée une zone de protection sur l’ensemble du secteur de la Lande, dans laquelle le séjour, la circulation et le stationnement des personnes sont réglementés, du 24 octobre au 6 novembre 2016. Cette décision a pour principale implication de subordonner l’entrée sur la Lande à l’obtention d’une accréditation délivrée par la préfète.

    Une opération "humanitaire" attentatoire aux droits de l’Homme

    Ce dispositif parachève, en quelque sorte, ce qui avait déjà été entrepris avec les interdictions de manifestations : il vise à empêcher tout risque d’opposition. Le texte indique chercher à éloigner du bidonville les militants No Border jugés susceptibles de s’opposer physiquement au démantèlement. L’on découvre toutefois qu’aucune action de ce type n’a jamais été projetée. En outre, le dispositif cible large et éloigne les avocats de la zone de protection. Plusieurs d’entre eux, qui intervenaient sur le #bidonville, ne pourront pas retrouver leurs clients avant qu’ils soient dispersés dans des centres d’accueil et d’orientation, sur tout le territoire national, à l’issue de l’opération d’expulsion.

    Alors que des centaines de journalistes ont bénéficié d’accréditations pour assister à l’expulsion, plusieurs associations de soutien des exilés, présentes sur le bidonville, ont été tenues à l’écart. Certaines, qui y intervenaient avec le concours de l’État sur des questions de santé et de sensibilisation aux violences sexuelles, se sont vu refuser l’accréditation alors qu’elles y suivaient des exilés. Il en est allé de même pour l’association la Cabane juridique/Legal Shelter, qui avait pu, quelques mois auparavant, organiser la saisine du juge des enfants pour obtenir le placement provisoire de mineurs isolés étrangers du bidonville, et qui accompagnait encore près de 200 exilés victimes de violences policières ou engagés dans des démarches de demande d’asile et de réunification familiale.

    Quelques heures après l’adoption de cet arrêté, le Gisti, l’association Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE), l’association calaisienne le Réveil voyageur et la Ligue des droits de l’Homme l’ont dénoncé dans le cadre d’un référé-liberté. Trop tard. La préfète du Pas-de-Calais l’abrogera quelques heures avant l’audience, en indiquant que l’opération d’#expulsion étant achevée, l’arrêté instituant la zone de protection n’avait plus d’utilité.

    Outre l’institution de cette zone de protection, la préfète du Pas-de-Calais a prononcé, en octobre 2016, quatre interdictions de séjour à l’encontre de militants. Un rapport parlementaire le note : ces dernières mesures n’étaient pas fondées sur le fait que la présence de ces derniers constituerait un risque d’attentat terroriste, ni même sur une dangerosité révélée par des #violences commises dans le passé, mais sur le simple fait que ces personnes auraient été vues aux abords de la première zone de protection créée le 1er décembre 2015 [14]. Parmi ces interdits de séjour figure un journaliste, auteur d’articles et de reportages témoignant de la dureté des #violences_policières à Calais.

    Jamais une opération « humanitaire » n’a mobilisé autant de prérogatives attentatoires aux libertés. Qu’importe. L’essentiel est, pour le gouvernement, que ce recours aux outils de l’état d’urgence ait permis d’atteindre l’objectif d’une expulsion éclair en trois jours.

    https://www.gisti.org/spip.php?article5963
    #frontières #asile #migrations #réfugiés #fermeture_des_frontières #dissuasion #terrorisme #camps #campement #droits_humains #droits_fondamentaux

  • Affaire Benalla : déjeuner secret à l’Élysée - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/politique/affaire-benalla-dejeuner-secret-a-l-elysee-22-07-2018-7829466.php

    Selon nos informations, Emmanuel Macron a discrètement reçu samedi à l’Elysée les ministres de l’Intérieur et de la Justice.
    En pleine tourmente samedi, le Président de la République a reçu discrètement le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb et la Garde des Sceaux Nicole Belloubet. Au menu de crise : l’affaire Benalla et les répercussions en cascade.

    Ils sont entrés très discrètement sur les coups de midi par l’arrière de l’Élysée et en sont ressortis tout aussi discrètement, le déjeuner terminé. En attendant, les hommes de leur service de protection ont fait le pied de grue dans un café situé près de la place Beauvau.
    Alors que le patron de la place Beauvau se retrouve en première ligne, le président tenait à voir son ministre avant qu’il se retrouve lundi à 10 heures sous le flux de questions de la commission des lois de l’Assemblée Nationale. Selon nos informations, Gérard Collomb a planché avec son cabinet sur les réponses à apporter. « Il s’agit d’être précis et exhaustif », rapporte une source proche du ministre.

  • Hidalgo réfléchit à une police municipale armée, Béatrice Jérôme, LE MONDE | 17.07.2018
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/07/17/hidalgo-reflechit-a-une-police-municipale-armee_5332651_1653578.html

    A moins de deux ans des municipales, la maire de Paris dit ne pas avoir de « tabous » sur ce sujet sensible.

    Menace terroriste, protection des touristes, délinquance, cambriolages en hausse, tensions croissantes dans les quartiers populaires, théâtres de trafic de stupéfiant ou de rixes mortelles entre bandes… Face à l’insécurité à Paris, Anne Hidalgo ne veut pas rester l’arme au pied. Longtemps hostile à la création d’une police municipale, la maire de la capitale prépare un aggiornamento. « Pourquoi pas une police parisienne ? », a-t-elle confié, le 2 juillet, à quelques journalistes, avant d’ajouter : « Sur l’armement non plus, je n’ai pas de tabous ».

    Un changement important dans cette capitale où la sécurité est avant tout de la responsabilité de la police nationale. Selon ses mots, la maire juge que « le dispositif est perfectible, tant en termes de moyens que de répartitions des compétences », à propos du partage des rôles entre policiers nationaux et agents de sécurité de la ville.

    Lire aussi : Police municipale à Paris : un débat juridique épineux, dans un contexte particulier
    https://lemonde.fr/police-justice/article/2018/07/17/police-municipale-a-paris-un-debat-juridique-epineux-dans-un-contexte-partic

    Si elle préempte le débat à deux ans des municipales, elle se garde de le trancher. Une façon de ne pas braquer les écologistes et les communistes, qui, au sein de sa majorité, sont vent debout contre une police municipale, armée ou pas. Elle fera « des propositions » début 2019 au vu d’un audit indépendant commandé par la ville et qui sera rendu à la fin de l’année.

    Futur sujet pour les municipales

    Enlisée par ailleurs dans le fiasco de Vélib’ et critiquée sur la propreté de sa ville, Mme Hidalgo entend couper l’herbe sous le pied de ses adversaires qui ne manqueront pas de lui reprocher son bilan en matière de sécurité. Parmi ses concurrents éventuels en 2020, Pierre-Yves Bournazel, député (Agir) de Paris prône depuis longtemps la création d’une police municipale armée, à l’instar de la droite et de l’UDI-MoDem à Paris. Gaspard Gantzer, à la tête de son mouvement « Parisiennes, Parisiens », estime qu’« une police parisienne armée est une des toutes premières priorités pour Paris ». « Il faudra une police municipale armée à Paris, confie également Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement qui se prépare à défier la maire sortante. Mais c’est bien beau de le dire. On fait comment ? Moi je consulte, j’y travaille. »

    Elle a beau être à l’offensive, la maire de Paris sait que le terrain est miné. Et ce n’est pas le rapport confidentiel posé sur son bureau depuis mai qui devrait la rassurer. L’étude de 120 pages que Le Monde s’est procurée, commandée à un administrateur de la ville, Hervé Hulin, visait à répondre aux revendications des syndicats en faveur d’un armement renforcé des agents après la mort du policier Xavier Jugelé, en avril 2017, lors d’une attaque terroriste sur les Champs-Elysées. Consacré à l’armement des agents parisiens, le rapport estime que « le statu quo » paraît « difficile ». Mais il insiste sur « les risques et les dangers » d’une évolution et rappelle que leurs missions actuelles ne l’exigent pas.

    En créant en 2016 la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP), Mme Hidalgo lui a assigné la lutte contre les incivilités du quotidien. Les 1 200 agents de surveillance de Paris (ASP) transférés le 1er janvier 2018 à la DPSP, en passant de la tutelle du préfet à celle de la Ville, y sont uniquement chargés du stationnement gênant et de la régulation de la circulation. Quant aux 900 inspecteurs de sécurité de la Ville (ISVP), leur première mission est de sévir contre les atteintes à la propreté (jets de mégots, dépôts sauvages, épanchement d’urine, crottes de chien) et contre les nuisances sonores dans les lieux publics.

    Baisse d’effectifs

    Dans les faits, pourtant, les interventions des ISVP confinent à des opérations de maintien de l’ordre. Qu’il s’agisse de fermer certains parcs la nuit, de barrer les voitures sur les Champs-Elysées piétons une fois par mois ou de lutter contre les ventes à la sauvette dans le 18e arrondissement… « Le public rencontré est plus difficile. Les gens sont moins dans le dialogue, plus dans l’agressivité », observe Frédéric Frémont, représentant CGT au sein de la DPSP.

    Les ISVP interviennent aussi de plus en plus aux côtés de la police nationale, de façon programmée ou imprévue, comme lors des attentats du 13 novembre 2015 ou de l’agression d’un militaire près du Louvre en février 2017. Avec leur uniforme bleu barré du mot « sécurité », ils sont souvent assimilés à des policiers municipaux, voire nationaux, sans avoir les mêmes armes. Outre une matraque et une bombe lacrymogène, comme les ASP, les ISVP sont dotés d’un bâton de défense, de type Tonfa.

    Dans leurs rangs, la demande d’un armement plus offensif est pressante depuis les attentats terroristes. Tous les syndicats, hormis le Supap-FSU, réclament des pistolets électriques de type Taser ou des Flash-Ball. « Nous sommes des cibles potentielles en cas d’attaques, explique Laurent Zignone, président de l’Union des cadres de Paris (UCP) au sein de la DPSP. Nous armer nous permettrait de nous protéger et de pouvoir défendre les usagers ». La plupart des organisations – UNSA, CFTC, FO, UCP, CGT – sont favorables à des armes létales pour une partie des agents et dans certaines missions. Mais le rapport Hulin souligne « la complexité » qu’engendrerait une telle décision : risque d’accidents sur les agents, exigences d’une formation, d’une protection contre le vol des armes… Armer les 900 ISVP aurait un coût élevé, qu’il estime à 10,7 millions d’euros par an.

    Plus largement, le rapport met en garde contre l’effet contre-productif d’un armement renforcé – létal ou non. Alors que la Mairie de Paris déplore la baisse régulière depuis des années des effectifs policiers à Paris, l’armement des personnels de la ville « entraînerait une restriction du nombre d’agents de police sur la voie publique », explique l’étude. A Lyon, Marseille ou Toulouse, après l’équipement de la police locale en armes létales, les effectifs de la police nationale sur le terrain ont diminué. Les agents parisiens armés devraient « assurer des missions de maintien de l’ordre qui ne sont pas de leur compétence », insiste le rapport.

    Cette crainte se fait d’ores et déjà jour au sein de la DPSP. « Notre vocation n’est pas de devenir une variable d’ajustement de la police nationale, prévient Sylvie Borst, directrice adjointe de la DPSP. Aujourd’hui, lorsqu’ils sont sollicités par la police nationale pour prêter main-forte lors d’une opération Vigipirate, nos agents peuvent refuser au motif qu’ils ne sont pas armés. Armés, ils n’auront plus la possibilité d’invoquer cette raison. »

    « Fragilité au niveau du droit »

    Le rapport préconise du coup un scénario très circonscrit qui consisterait à armer de pistolet de type Taser la seule Brigade d’intervention de Paris, unité « volante » de la DPSP, qui compte 300 ISVP. M. Hulin reconnaît que ce scénario ne répond pas « aux inquiétudes des agents face au risque terroriste », contrairement aux armes à feu.

    Qu’il soit létal ou pas, un armement renforcé supposerait une nouvelle loi, assure le rapport. A la demande de M. Hulin, la direction des affaires juridique de la ville a conduit une expertise de la loi d’avril 1999 qui autorise les maires à armer les policiers municipaux. Dans sa note de novembre 2017, la Ville estime que la règle ne s’applique pas aux agents de sécurité de Paris car ils n’ont pas le statut de policiers municipaux et ne sont pas mentionnés dans le texte de loi. Selon le rapport Hulin, cette « fragilité au niveau du droit » « exposerait la Ville » en cas d’usage d’une arme par un de ses agents à des « recours » ou des « contentieux ».

    Le débat sur la nécessité d’armer les agents de la municipalité est loin d’être clos. Interrogé par Le Monde, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, voit en tout cas plutôt d’un bon œil cette possibilité. Selon son cabinet, le cadre juridique actuel permet aux agents de la Ville chargés d’un service de police de détenir une arme de poing. « L’amélioration de la sécurité à Paris suppose une complémentarité et la coordination entre les agents de la Ville et les policiers. C’est le sens de la première convention que j’ai signée, en mars, avec Mme Hidalgo », estime le préfet.

    La préfecture considère que, dans la capitale comme ailleurs, le maire peut prendre l’initiative d’armer ses agents et l’Etat valide par un arrêté ministériel. En clair, Mme Hidalgo aurait, selon le préfet de police, non seulement le choix des armes mais aussi celui de créer – ou non – une police municipale. Si la balle est dans son camp, le dilemme est plus cruel encore.

    En 1978, Paris Maquis, « inventer la liberté »
    https://www.youtube.com/watch?v=KW-peug4e8s

    #Paris #sécuritaire #police_municipale #armes

    • « L’heure est venue de créer une police municipale parisienne », Tribune Le Monde

      Deux élus parisiens, Benjamin Djiane, apparenté PS, et Vincent Baladi, divers droite, appellent, dans une tribune au « Monde », à dépasser les clivages partisans afin de lutter efficacement contre l’insécurité dans la capitale.

      Tribune. Contrairement à ce qui a pu être dit ici ou là, le dernier Conseil de Paris des 2,3 et 4 juillet n’a rien tranché d’une épineuse question. Au contraire, il a écrit une nouvelle page de cette sempiternelle « saga », celle de la création d’une police municipale. Alors que la question lui était posée, la majorité municipale vient, à nouveau, de rejeter cette idée, préférant – comme toujours dans les situations où l’on ne veut pas décider – lancer un « grand audit » de la sécurité des Parisiens, c’est-à-dire élever une immense montagne qui, on peut le craindre, accouchera d’une souris.

      C’est une perte de temps. Une de plus. Un manque de courage également. Car l’heure est venue de créer une police municipale parisienne, sans tergiverser, en dépassant toutes les réticences dogmatiques, en allant également au-delà des clivages partisans, comme nous nous efforçons ici de le faire en cosignant ce texte. Nous devons avoir pour ambition une large adhésion, à droite comme à gauche, parce qu’une telle réforme engage la Ville de Paris, non pas pour une mandature, mais vers un changement structurel, lourd budgétairement, mais indispensable.

      Les policiers nationaux font déjà énormément

      Nous sommes en effet passés, ces dernières années, au rythme des transferts réguliers de compétences, d’une situation où la préfecture de police faisait tout, à une situation où la Ville de Paris doit remplir davantage de missions – circulation et stationnement, salubrité publique, bruits de voisinage, occupation illicite de l’espace public, prévention et répression des incivilités – sans pour autant s’être dotée des moyens humains adaptés. Si bien que nous nous trouvons dans la pire des configurations : l’entre-deux, c’est-à-dire moins de missions pour la police nationale (en tout cas sur le papier) et pas de police municipale, pour autant, pour prendre véritablement le relais. La conséquence ? Une dégradation de la tranquillité et de la sécurité des habitants. C’est vrai dans le centre de Paris. C’est vrai malheureusement partout, depuis la porte de Vanves (au sud de la capitale) jusqu’à celle de La Chapelle (au nord).

      Comme de nombreux élus d’arrondissement chargés de ces questions, nous sommes las de devoir toujours répondre aux habitants, qui légitimement nous interpellent, « ceci n’est pas de ma compétence » alors que ces derniers attendent justement de leurs élus locaux de régler leurs problèmes, d’avoir prise sur ce qui pourrit la vie de tous les jours : confiscation de l’espace public, vendeurs à la sauvette, noctambules bruyants ou en état d’ébriété, altercations, actes de vandalisme… La liste est longue.

      Nous dénonçons ce confort qui consiste à toujours tout renvoyer vers le préfet de police, à charger la barque, tout en s’en lavant les mains. Les policiers nationaux font déjà énormément, avec énormément de courage. Les Parisiens voient notamment combien ils sont mobilisés face à la menace terroriste. Il s’agit à un moment pour la capitale et ses élus d’assumer leurs responsabilités.

      Une force de soutien

      Berlin, Madrid, Rome ont leur police municipale. Paris, de manière paradoxale, toujours pas ! De manière d’autant plus paradoxale quand on sait que la préfecture de police a compétence sur l’ensemble de l’agglomération parisienne. Ce qui veut dire que dans de nombreuses communes de la périphérie directe de Paris, dans les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne (par exemple à Nanterre, Courbevoie, au Raincy, aux Lilas, à Nogent-sur-Marne ou Ivry-sur-Seine), la police nationale – la même qui intervient dans les arrondissements parisiens – est épaulée par des policiers municipaux. Paris intramuros, pourtant soumis aux mêmes phénomènes, fait exception. Le seul principe d’efficacité justifierait le contraire.

      Le principe de réalité aussi. C’est une certitude : les effectifs de la police nationale ne sont pas appelés à augmenter au cours des prochaines années. Et la fameuse Police de sécurité du quotidien [lancée par Gérard Collomb, le ministre de l’intérieur, en février 2018], sans effectifs supplémentaires, ne suffira pas à régler tous les problèmes. Il appartiendra donc, de plus en plus, aux maires d’assurer la sécurité publique, même si rien ne remplacera jamais la police nationale. Coupons court à tous les fantasmes : il ne s’agit pas de se substituer à cette dernière. Elle doit conserver ses missions essentielles : lutte contre la criminalité et la délinquance, maintien de l’ordre public, en particulier en cas de troubles graves, sécurisation des grandes réunions et manifestations. L’objectif est bien de créer une force de soutien intervenant dans un cadre précis.

      Dans toutes les communes de France ayant une police municipale, des conventions, établies sous l’autorité des préfets, précisent la nature, l’amplitude horaire et les lieux d’intervention des agents municipaux. Elles déterminent également les modalités de coordination avec les forces de police ou de gendarmerie, notamment en matière d’opérations de maintien de l’ordre public. Cette démarche devra être menée à Paris pour établir un périmètre des compétences adapté qui prenne bien en compte les zones intéressant l’Etat, celles liées à sa mission exclusive de protection du siège des institutions de la République et des représentations diplomatiques.

      Des négociations sont également possibles en matière judiciaire. Les policiers municipaux n’ont aucun pouvoir d’enquête ou d’interrogatoire, mais en cas de flagrant délit, ils peuvent bien évidemment intervenir, constater, entamer des procédures. On pourra également envisager un état-major et une salle de commandement communs.

      Plan de recrutement

      Toutes ces questions réclament sérieux et volonté d’aboutir. Il ne suffit pas de petites déclarations politiques opportunes, qui viennent d’ailleurs pour certaines contredire les positions constantes du passé. Il faut de vrais engagements mutuels, durables, entre la Ville de Paris et la préfecture de police pour continuer d’avancer dans un climat de confiance, vital pour la bonne entente sur le terrain. Et donc pour protéger les Parisiens. Concrètement, il faut, pour la Ville de Paris, s’engager sur un plan d’action qui couvrira au moins la durée d’une mandature, car on ne crée pas une police municipale d’un claquement de doigts, en partant de rien.

      Ce plan d’action, c’est d’abord un plan de recrutement, pour faire venir des cadres issus de la police et de la gendarmerie nationales ou d’autres polices municipales. L’intégration de ces compétences est indispensable pour aider à bâtir une force crédible. A ces recrutements doit s’ajouter un plan de formation massif. On ne fait pas, du jour au lendemain, des agents actuels de la direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP) des policiers municipaux. Il faut développer les aptitudes, les bons réflexes, les conditions physiques. Il faut enfin un plan d’équipement ambitieux intégrant le développement de la vidéoprotection, les nouvelles technologies, en particulier l’Internet des objets qui est un appui précieux pour la sécurisation bâtimentaire, la bonne coordination des équipages ou bien encore l’objectivation en temps réel des nuisances.

      Ce plan d’équipement doit intégrer les questions de l’armement. Dans ce domaine, il convient de lever un tabou. Oui, les policiers municipaux à Paris devront, comme la législation le permet, être équipés d’#armes_létales. Mais pas n’importe comment ! Et surtout pas tous d’un coup. Dire le contraire, c’est être candide. On peut envisager que, dans un premier temps, seuls les anciens policiers ou gendarmes pourraient porter une arme à feu. Puis, au fur et à mesure des montées en compétence des personnels, ce type d’armement pourrait être étendu.

      Quoi qu’il en soit, la question des équipements ne doit pas précéder la réflexion sur leur finalité. L’enjeu, c’est surtout de donner à l’ensemble des personnels des moyens matériels (Taser, matraques tonfa, gilets pare-balles, véhicules automobiles performants…) permettant d’être réactifs, dissuasifs et garantissant un haut niveau de protection pour tous. Ce qui jouera notamment sur le ressenti de la population.

      Voilà en quelques lignes, sans démagogie, l’immense chantier qui pourrait être devant nous. On peut regretter qu’il n’ait pas été entamé plus tôt, tant dans les grandes villes françaises la complémentarité entre les forces de sécurité a permis des améliorations très sensibles des conditions de vie des habitants. Il faudra, à partir de 2020, avancer une bonne fois pour toutes. Et avec des idées très claires.

      Benjamin Djiane, adjoint au maire du 3e arrondissement de Paris, chargé de la sécurité (apparenté PS) et Vincent Baladi, adjoint au maire du 8e arrondissement de Paris, chargé de la sécurité (divers droite).

  • Abusée durant son enfance, elle attaque l’Etat pour faute lourde
    https://www.bfmtv.com/police-justice/maltraitee-durant-son-enfance-elle-attaque-l-etat-pour-faute-lourde-1481863.h

    Karine, désormais âgée de 20 ans, accuse la justice d’être restée sourde à son martyre, malgré des signalements répétés.

    Karine a vécu une enfance martyre. Délaissée par ses parents avant d’être violée par l’homme qu’ils hébergeaient, la jeune femme aujourd’hui âgée de 20 ans attaque l’État pour faute lourde, selon une information d’Europe 1. Son cas avait en effet été signalé une quinzaine de fois à la justice, tour à tour par les services sociaux, les médecins ou l’entourage de la famille, sans que ses parents soient jamais inquiétés.

    Une mère infanticide

    Karine naît en 1997 dans un climat déjà délétère : sa mère a été condamnée par le passé à huit ans de prison pour le meurtre de sa première fille. Eu égard à ce contexte difficile, les services sociaux se relaient régulièrement auprès de la famille, sans pour autant conclure à une nécessité de placement de la petite fille.

    Pourtant, selon sa tante, qui a vu l’enfant grandir dans un environnement d’abus et a été l’auteure elle-même de plusieurs signalements aux services compétents, « plus elle grandissait, plus elle avait des stigmates d’enfant maltraitée ». Elle confie notamment avoir alerté la justice après avoir constaté « une très grosse infection urinaire » chez la fillette. Au médecin, Karine explique alors que « son papa l’allong[e] souvent dans la baignoire » et « la touch[e] beaucoup ». La tante écrit au juge des enfants mais son courrier reste lettre morte.

    "Quand on ne veut pas voir, on ne voit pas"
    « Quand on ne veut pas voir, on ne voit pas. Pourtant, tout le monde remarque que monsieur a la main légère, que le comportement de madame est sexualisé avec son enfant, que Karine n’a pas de câlin (...) Personne ne s’inquiète de ça », déplore-t-elle, toujours au micro d’Europe 1.

    Une enquête, ouverte après un dîner de famille au cours de laquelle la petite fille de 6 ans se masturbe sous la table, est classée sans suite en 2004.

    En 2005, la situation gagne encore en sordide, puisque les parents de Karine hébergent occasionnellement un homme déjà condamné pour des faits de nature pédophile. Là encore, malgré un signalement, aucune décision de justice n’est prise. « Parce que les parents sont arrivés avec un certificat médical, qu’ils avaient fait faire la veille chez le médecin traitant, il n’y a pas eu d’investigation plus poussée », déplore la tante de Karine. Comble de l’absurde, cette dernière est poursuivie pour dénonciation calomnieuse et contrainte d’écrire une lettre d’excuses aux parents...

    "Oubliée"

    Ce n’est qu’en 2009, après douze ans de sévices, que la justice ouvre enfin les yeux. Une expertise médicale vient notamment appuyer les allégations de la petite fille. « J’aimerais qu’on lui demande pardon de l’avoir oubliée », confie sa tante aujourd’hui, alors que le procès du violeur de Karine s’ouvre cette semaine devant la cour d’assises de Rennes. Malgré le témoignage accablant de leur fille, les parents ne sont pas poursuivis pour complicité.

    Selon Europe 1, la plainte parallèle qui vise l’Etat et concerne des faits vieux de plus de dix ans risque, elle, d’être prescrite.

    Ah la prescription, comme c’est pratique !
    Et la lettre d’excuses aux parents, incroyable ! Et en même temps très cohérent vu qu’ils ne sont même pas poursuivis pour complicité. C’est scandaleux ! Il y a vraiment un truc à l’ASE concernant les liens avec les parents maltraitants qu’il faudrait ne pas rompre voire protéger. Lamentable.

    #viol #enfance #violence #maltraitance #protection_de_l_enfance #procès #pédophilie

  • Retour – décevant – sur l’expérience de Milgram | InternetActu.net
    http://www.internetactu.net/a-lire-ailleurs/retour-decevant-sur-lexperience-de-milgram

    Dans le New Scientist, la psychologue et écrivain Gina Perry s’est penchée à nouveau sur cette expérience, a interrogé certain des participants et consulté les archives de Milgram et ce qu’elle a découvert ne l’a guère convaincu : « J’ai été frappé par la fragilité des affirmations que le monde a acceptées comme étant des faits », écrit-elle. Elle a d’ailleurs publié un livre sur ses découvertes, Behind the shock Machine, the untold story of the notorious Milgram psychology experiments.

    Selon Perry, Milgram a été plutôt cavalier avec les protocoles expérimentaux, les changeant parfois en cours de route.

    Par exemple, au départ, il était entendu qu’un sujet refusant quatre fois d’appliquer des chocs électriques à la victime était considéré comme « résistant » et l’expérience était arrêtée. Cette condition a ensuite été abandonnée, et une fois, une femme a dû subir 26 fois l’insistance du chercheur avant de finalement céder. Une autre femme avait refusé de continuer et éteint la pseudo-machine censée envoyer les chocs. Mais le « chercheur » a rallumé l’appareil, insistant pour qu’elle continue, ce qu’elle a fini par faire. Selon Gina Perry : « en écoutant les bandes enregistrées, on pourrait croire qu’il s’agissait d’une recherche sur l’intimidation et la coercition, pas sur l’obéissance ».

    Autre problème, les participants étaient-ils aussi naïfs que Milgram le supposait ? Certains ne se doutaient-ils pas qu’il s’agissait d’une simple mise en scène ?

    En fait, Milgram l’a remarqué lui même : il a avoué que 56 % seulement des sujets croyaient à l’authenticité de l’opération. Et dans une étude non publiée, il reconnaît que les participants qui doutaient de la réalité de l’expérience étaient ceux qui avaient tendance à accepter de distribuer le plus facilement les chocs électriques.

    Au final, que pensait Milgram lui-même de sa fameuse expérience ? Dans une note non publiée retrouvée dans ses archives, il se demande si celle-ci était : « de la science significative ou simplement du théâtre efficace… Je suis enclin à accepter cette dernière interprétation « .

    Depuis quelque temps, les sciences sociales subissent une crise de crédibilité : expériences mal conçues, jamais répliquées… L’expérience de Milgram n’est pas le premier grand classique à être mis en doute. Sera-t-il le dernier ?

  • Trump crée une sixième branche de l’armée spécialisée dans l’espace

    https://www.lemonde.fr/donald-trump/article/2018/06/19/trump-cree-une-sixieme-branche-de-l-armee-specialisee-dans-l-espace_5317300_

    « Il ne suffit pas d’avoir une simple présence américaine dans l’espace. Il doit y avoir domination américaine dans l’espace », a déclaré le président des Etats-Unis avant une réunion du Conseil spatial national. « Il y aura l’armée de l’air et il y aura l’armée de l’espace. Distinctes, mais égales », a-t-il ajouté.

    Les Etats-Unis sont signataires du Traité de l’espace. Entré en vigueur fin 1967, ce texte interdit de déployer des armes de destruction massive dans l’espace et stipule que l’utilisation de la Lune ou tout autre corps célestes doit servir uniquement des objectifs pacifiques.

    Ce projet a également été critiqué par de hauts responsables militaires. Le chef d’état-major de l’armée de l’air, le général David Goldfein, a déclaré lors d’une audition devant le Congrès en 2017 que la création d’un groupe spatial « nous mènerait dans la mauvaise direction ». L’armée de l’air supervise l’essentiel des activités militaires liées à l’espace du pays.

  • Damien Castelain, un président tiré à quatre épingles… aux frais du contribuable Jacques Trentesaux - 15 juin 2018 - Médiacité
    https://www.mediacites.fr/lille/enquete-lille/2018/06/15/damien-castelain-un-president-tire-a-quatre-epingles-aux-frais-du-contrib

    Parfums, cartes cadeaux, soins hammam, cravates ou hôtels de luxe : le président de la Métropole de Lille utilise l’argent de la collectivité pour des dépenses personnelles. Révélations sur une sidérante confusion des genres.

    Depuis quelques semaines, la Métropole européenne de Lille (MEL) accueille des visiteurs d’un genre particulier. Les fonctionnaires de l’Agence française anticorruption épluchent patiemment la comptabilité de la collectivité et mènent de nombreux entretiens. Le lundi 11 juin, cela devait être au tour du président Damien Castelain d’être auditionné. Les contrôleurs de l’AFA, qui agissent sans doute dans le cadre d’un contrôle administratif de routine, ont-ils repéré les étranges dépenses de Damien Castelain ? Mediacités s’est livré à un travail de fourmi en se plongeant dans quelques centaines de factures. Certaines montrent clairement que le président prend quelques libertés avec l’argent du contribuable. Entre janvier 2017 et mai 2018, les dépenses litigieuses s’élèvent à plus de 11 000 euros. En voici quelques beaux exemples. 
    Parfums Terre d’Hermès, cartes cadeaux chez Séphora, Boulanger . . . . .

    La suite payante
    #Lille #haut-de-france #damien_castelain #luxe #dégagisme la main dans la #caisse

    • Damien Castelain a-t-il fait payer à la MEL des dépenses personnelles ? France 3HDF - EM - 15 Juin 2018
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille-metropole/damien-castelain-t-il-fait-payer-mel-depenses-personnel

      Le président de la MEL Damien Castelain est épinglé par une enquête du site internet Médiacités. 

      Damien Castelain a-t-il confondu sa carte bleue et celle de la MEL (Métropole Européenne de Lille), dont il est président ? A-t-il confondu ses propres frais avec ses frais de représentation ? Le site internet Médiacités publie ce vendredi une enquête qui l’épingle clairement : « Parfums, cartes cadeaux, soins hammam, cravates ou hôtels de luxe : le président de la Métropole de Lille utilise l’argent de la collectivité pour des dépenses personnelles. Révélations sur une sidérante confusion des genres. »

      Médiacités a consulté les factures du président de la MEL entre janvier 2017 et mai 2018 et y a trouvé des dépenses qui posent question : des cartes-cadeau, des dîners dans des restaurants du Bassin minier le soir en tête-à-tête, quatre nuits en tête-à-tête dans des hôtels de luxe parisiens ou encore 2537 euros en chemises, cravates, chaussures, pantalons, vestes au Printemps...

      Dépenses personnelles ou frais de réprésentation ? 

      Pourquoi ces dépenses ? Quel rapport avec la présidence de la MEL ? #Médiacités répond à cette question : « De très nombreuses dépenses constatées n’ont strictement rien à voir avec l’exercice classique des fonctions d’un élu ». 

      Damien Castelain, qui gagne 5 612,45 euros brut a-t-il cherché à arrondir ses fins de mois en imputant à la MEL des dépenses personnelles ? L’élu a refusé de répondre aux questions de Médiacités.

      Sa conseillère spéciale Constance Tembremande le défend : « S’il y en a bien un qui ne confond pas les choses, c’est lui ! Il n’a même pas voulu que sa fille travaille au centre aéré de Péronne-en-Mélantois, dont il est maire. »

      Damien Castelain a indiqué qu’il réagirait aux révélations de Médiacités ce vendredi soir à 17h, lors du Conseil communautaire.

    • Accusé de dépenses personnelles aux frais de la MEL, Damien Castelain a “la haine” France 3HDF - 15 Juin 2018
      https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille-metropole/accuse-depenses-personnelles-aux-frais-mel-damien-caste

      Mis en cause dans une enquête du site Médiacités, le président de la Métropole Europénne de Lille (MEL) Damien Castelain a vivement réagi ce vendredi après-midi en séance de conseil communautaire, faisant part d’un "sentiment de haine".


      "J’ai une haine face à ces nouvelles attaques incessantes de Médiacités, avec des insinuations abjectes et infondées. Tant sur le fond sur sur la forme". Le président de la Métropole Européenne de Lille (MEL) a ouvert ce vendredi après-midi le conseil de communauté avec une déclaration personnelle, en réaction à une enquête du site internet Médiacités, qui met en cause Damien Castelain dans l’exercice de ses fonctions.

      "Parfums, cartes cadeaux, soins hammam, cravates ou hôtels de luxe : le président de la Métropole de Lille utilise l’argent de la collectivité pour des dépenses personnelles. Révélations sur une sidérante confusion des genres", peut-on lire en introduction d’article, que le président de la MEL a qualifié vendredi de "nauséabond". 

      Hôtels de luxe, cartes-cadeaux, et prêt-à-porter
      Dans son article, Médiacités évoque "plus de 10 000 euros" de "dépenses litigieuses" entre janvier 2017 et Mai 2018, factures à l’appui. "Parfums Terre d’Hermès, cartes cadeaux chez Séphora, Boulanger ou Jeff de Bruges, prestations « bien être » au Spacium, le centre de spa, soins et hammam de Fâches-Thumesnil… Mis bout à bout, ces menus achats se montent à près de 1 500 euros", écrit Médiacités. Qui évoque des locations lors de week-ends dans des hôtels de luxe parisiens, ou encore 2537 euros d’achats de prêt-à-porter sur la même période.

      "Ces frais de représentations existent. Les chiffres de Médiacités sont faux", a rétorqué M. Castelain ce vendredi après-midi. "En quatre ans, c’est 19 000 euros, 4750 euros par an, 395 euros par mois de frais de représentation du président de la 4e métropole de France" a-t-il précisé, dénonçant "une chasse à l’homme, téléguidée et organisée". Sans toutefois justifier ces dépenses soulignées par le site internet, qui écrit "que le président prend quelques libertés avec l’argent du contribuable".

      "Nous ne répondrons plus à ces médias. Vous êtes ici en pleine transparence, vous avez toutes mes dépenses, toutes mes factures", a conclu le président de la MEL, avant d’être applaudi par l’assemblée.

      "C’est violent !"
      "On ne comprend pas trop pourquoi il monte si vite dans les tours, a réagi de son côté Jacques Trentesaux, rédacteur en chef de Médiacités. C’est violent, j’ai été surpris. Ça lui permet de ne pas répondre sur le fond mais il a bien franchi la ligne rouge. Certains frais de représentation sont légitimes. On a pointé que celles qui sont suspectes. Parce qu’elles ne peuvent pas rentrer dans les dépenses que peut faire un élu. Il est anormal, par exemple, que Damien Castelain, utilise l’argent public pour aller au hammam, payer des médicaments ou des chaussettes. " Et il insiste en réponse directe à Damien Castelain : "Il n’y a aucune chasse à l’homme".

      Médiacités prévoit de publier quelques éléments complémentaires ce lundi.

    • Non, monsieur Castelain, Mediacités ne se livre pas à « une chasse à l’homme » Jacques Trentesaux - 15 juin 2018 - Médiacité
      https://www.mediacites.fr/lille/complement-denquete-lille/2018/06/15/non-monsieur-castelain-mediacites-ne-se-livre-pas-a-une-chasse-a-lhomme

      La publication de notre enquête sur les dépenses personnelles du président de la Métropole a suscité la « haine » et la « révolte » de celui-ci. Qui n’a malheureusement pas répondu sur le fond de nos affirmations.


      La sortie virulente de Damien Castelain contre #Mediacités, en ouverture de la séance plénière du 15 juin 2018, nous conduit à réagir sans tarder. Le président de la Métropole européenne de Lille (MEL) a exprimé toute la « haine » que nous lui inspirons. A ses yeux, l’enquête « nauséabonde » que nous avons publiée ce matin sur ses dépenses, ne sont que « des insinuations abjectes et infondées ». Notre travail ne consisterait qu’en une « chasse à l’homme téléguidée ».

      La technique est éprouvée : l’attaque est la meilleure défense. Et la violence de la réplique évite à Damien Castelain de répondre sur le fond. La presse est manipulée, c’est bien connu. Tout notre travail est balayé d’un revers de manche car il ne s’agirait que d’un coup monté (par qui ?), que d’une volonté d’abattre un élu (dans quel but ?) qui ne ménage ni son temps ni son énergie pour la collectivité. Il avance que, désormais c’est fini, qu’il ne répondra plus aux demandes de Mediacités oubliant au passage qu’il n’a jamais donné suite à nos demandes d’entretien depuis notre lancement à Lille en décembre 2016, pas plus que son Directeur Général des Services. Il a ainsi refusé de s’expliquer en amont de la publication de notre enquête. Dommage…

      Le président de la MEL veut faire croire que les dépenses évoquées par nos soins ne sont que le reflet de frais de représentation classiques – et somme toute modestes – pour le président de la 4e collectivité de France par sa taille. Il ne revient pas sur le type de dépenses pour le moins surprenantes que nous avons découvert après un tri minutieux. Nous n’avons mentionné que 11 000 euros de factures litigieuses entre janvier 2017 et mai 2018, sur un total de frais de représentation bien supérieur. Nous avons donc écarté toutes les factures pouvant se justifier car entrant dans le cadre de ses fonctions. Mais comment prétendre que l’achat de parfums, de soins hammam ou de paires de chaussettes (entre autres dépenses) se justifie ?

      Damien Castelain argue que le système inédit de régie d’avance personnelle, mis en place par ses soins, sert à davantage de transparence. La réalité n’est malheureusement pas aussi simple. Mediacités reviendra lundi sur le fond du dossier avec des pièces complémentaires. A chaud, nous ne pouvons que réaffirmer – avec calme et sans haine – que notre journal n’est téléguidé par personne, que notre mission ne consiste pas à lyncher telle ou telle personnalité mais à mener un travail d’investigation locale sans concession ô combien nécessaire à notre démocratie.

      Nos enquêtes publiées chaque vendredi à Lille (jour traditionnel de conseil métropolitain, n’en déplaise à Damien Castelain) le prouvent. Nos lecteurs, chaque jour plus nombreux, valident le sérieux de notre démarche. En regard, la violence extrême des propos tenus nous déconcerte et nous inquiète. La haine que les politiques entretiennent vis à vis des #journalistes est tout simplement inacceptable dans une démocratie.

  • MENSONGES LACANIENS, par JACQUES VAN RILLAER | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/jean-louis-racca/blog/290212/mensonges-lacaniens-par-jacques-van-rillaer

    « Notre pratique est une escroquerie : bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c’est quand même ce qu’on appelle d’habitude du chiqué — à savoir ce que Joyce désignait par ces mots plus ou moins gonflés — d’où nous vient tout le mal. »

    Jacques Lacan, 26 février 1977 [1]

    Le fondement essentiel des pratiques de ceux qui se nomment « psychanalystes » sont des textes de Freud et de quelques disciples. Il est donc crucial de connaître le degré de fiabilité des affirmations contenues dans ces publications. Des milliers de personnes croient que Freud, Bettelheim ou Lacan sont des savants parfaitement intègres, qui ont observé méthodiquement des faits, qu’ils ont ensuite mis par écrit sans les déformer. Ces personnes ignorent ou refusent d’admettre les inévitables processus de distorsion du traitement des informations et la pratique du mensonge chez une large proportion des êtres humains, y compris chez les hommes de science.

    DES MENSONGES DÈS LE DÉPART DU FREUDISME

    Le voile sur les mensonges de Freud a commencé à être levé par son disciple Ernest Jones. Dans sa célèbre biographie, Jones signale que le traitement d’Anna O., le cas princeps de la psychanalyse, ne s’était pas terminé comme c’est écrit dans les Etudes sur l’hystérie. Alors qu’on y lisait qu’Anna O. avait été délivrée de tous ses symptômes, Jones signalait qu’après un an et demi de « cure par la parole » la malade avait dû être placée dans un institut psychiatrique. Il ajoutait : « Un an après qu’il eût cessé de la soigner, Breuer confia à Freud qu’elle était tout à fait détraquée, et qu’il lui souhaitait de mourir et d’être ainsi délivrée de ses souffrances [2] ».

    D’autres révélations ont également été faites par des disciples. Ainsi Oskar Pfister, pasteur suisse devenu analyste freudien, a confié à Henri Ellenberger, qui avait fait une analyse didactique sous sa direction, que l’ouvrage de Jones contenait des « légendes », notamment la légende que Freud aurait été constamment attaqué de façon malhonnête [3].

    C’est sans doute Ellenberger, le plus célèbre des historiens de la psychiatrie, qui a porté des coups décisifs aux légendes relatives à l’intégrité scientifique de Freud. Chargé du cours d’histoire de la psychiatrie à la Fondation Menninger (Etats-Unis), il s’est donné la peine de faire une enquête sur le cas d’Anna O qui lui fit découvrir son dossier médical dans la clinique suisse où elle avait été placée, faute d’être aidée par la psychanalyse. On y lisait que la patiente — dont Freud a écrit à plusieurs reprises qu’elle avait été guérie detous ses symptômes [4] — présentait nettement plus de troubles après le traitement qu’avant et qu’elle était même devenue morphinomane durant la cure. Ellenberger a publié ces faits en 1972 [5] et y a consacré quelques pages dans l’édition française de sa monumentale histoire de la psychothérapie [6]. Il a également montré que Freud avait beaucoup plagié et était beaucoup moins original que le grand public ne le croit.
    Peu après, Frank Cioffi a publié l’article « Freud était-il un menteur ? » [7]. Rapprochant simplement des textes de 1896 et de 1924, il montrait que Freud avait menti sur un point capital de sa doctrine. En 1896, Freud écrivait que l’hystérie de toutes ses patientes sans exception s’expliquait par « des séductions subies dans la première enfance ». Il ajoutait : « Les malades ne racontent jamais ces histoires spontanément. On ne réussit à réveiller la trace psychique de l’événement sexuel précoce que sous la pression la plus énergique du procédé analyseur et contre une résistance énorme, aussi faut-il leur arracher le souvenir morceau par morceau. […] Dans la plupart des cas, les souvenirs n’étaient retrouvés qu’après plus de cent heures de travail [8] ». A partir des années 1910, Freud a raconté qu’il avait été trompé par ses patientes, qui lui racontaient spontanément des histoires d’inceste qu’il avait pris naïvement, à l’époque, pour des récits d’événements réels. Freud dit avoir compris ensuite qu’il s’agissait seulement de fantasmes produits par les désirs œdipiens. Il n’a jamais reconnu qu’il avait conditionné ses patientes à inventer ce qui était conforme à sa théorie.

    Par la suite, des historiens du freudisme, à mesure que des archives se publiaient, ont découvert de plus en plus de mensonges et de légendes. Les ouvrages de Crews, Bénesteau, Borch-Jacobsen et Shamdasani, parmi bien d’autres, montrent l’ampleur des mystifications [9].

    Aux mensonges de Freud s’ajoutent ceux de disciples célèbres, à telle enseigne que Cioffi, trente ans après son célèbre article, conclut le bilan des tromperies de Freud et de freudiens par ces mots : « Le mouvement psychanalytique dans son ensemble est l’un des mouvements intellectuels les plus corrompus de l’Histoire [10] ». On pourrait évoquer par exemple les impostures de Bruno Bettelheim [11] ou le Journal d’une adolescente, que Hermina Hug-Hellmut — la première analyste d’enfants — , publia comme le récit d’une adolescente alors qu’elle l’avait entièrement inventé [12]. Nous nous limitons ici aux cas de Jacques Lacan et de son beau-fils Jacques-Alain Miller, son héritier au sens matériel et figuré du terme.

    POURQUOI AVOIR CRÉÉ L’ÉCOLE FREUDIENNE DE PARIS ?

    En 1962, au moment de choisir des études universitaires, la lecture d’ouvrages vantant les prodigieuses victoires de la psychanalyse m’ont incité à opter pour la psychologie [13] . Dès ma 2e année d’études, je me suis adressé à la Société Belge de Psychanalyse, affiliée à l’International Psychoanalytical Association (IPA), pour entamer une didactique freudienne. La présidente m’a répondu qu’il fallait être diplômé médecin ou psychologue avant de pouvoir commencer ce type d’analyse. L’année suivante, j’apprenais par Jacques Schotte, professeur de mon université, qu’il allait fonder, avec quatre autres psychanalystes, l’Ecole belge de psychanalyse (EBP), qui se rattacherait à l’Ecole freudienne de Paris (EFP), que venait de créer Jacques Lacan. Il m’expliqua que, dans l’association lacanienne, les règles étaient moins « obsessionnelles » [14] que dans la corporation « annafreudienne ». En effet, la porte était grande ouverte aux étudiants en psychologie, aux philosophes, aux théologiens, aux prêtres qui quittaient l’Eglise, etc. Je pus ainsi commencer une analyse didactique dès ma 3e année de psychologie, chez Winfried Huber, qui avait effectué la sienne à Paris, chez Juliette Favez-Boutonnier. Celle-ci avait été analysée par René Laforgue, qui l’avait été par Eugénie Sokolnika, qui l’avait été par Freud. J’évoque cette « filiation » parce que, selon la doctrine freudienne, le pouvoir d’être analyste se transmet de la même façon que le pouvoir d’être prêtre catholique : le sacrement autorisant la pratique sacrée est conféré par quelqu’un qui a lui-même reçu cette grâce au terme d’une lignée qui remonte jusqu’au Christ.

    Pendant les quatorze années de mon adhésion à l’EBP, je n’ai jamais entendu parler de lavéritable raison pour laquelle Lacan avait fondé l’EFP en 1964. Le lecteur qui douterait de cette ignorance peut lire d’un bout à l’autre les 420 pages de mon livre Les illusions de la psychanalyse, publié en 1981. La raison essentielle de la création de l’EFP n’y apparaît nulle part, malgré d’abondantes critiques de Lacan. Ce n’est qu’en 1985 que j’en ai été informé par la lecture du livre de François Perrier Voyages extraordinaires en Translacanie [15] . Dans l’EBP, il s’agissait d’une information qui avait été soigneusement dissimulée. Dans l’EFP, elle avait été progressivement occultée. Voici les faits.

    Au début des années 50, les autorités de la Société Française de Psychanalyse (SFP) ont constaté que Lacan menait un nombre considérable d’analyses didactiques. Elles ont également appris que la durée des séances était largement inférieure à la durée réglementaire de 45 minutes. Pire : cette durée diminuait d’année en année pour ne plus être que de quelques minutes. Les autorités psychanalytiques internationales ont alors mené plusieurs enquêtes sur la durée des séances chez Lacan. A partir de 1953, les dirigeants de l’IPA ont, à plusieurs reprises, rappelé Lacan à l’ordre. Chaque fois, il y avait « promesses de Lacan, non tenues, bien sûr, puis colères, amabilités, injures, rapprochements, ruptures » [16] . En juillet 1963, après dix années de mises en garde répétées, l’IPA retirait définitivement à Lacan le titre de didacticien. Le document, intitulé la « Directive de Stockholm » (du nom du congrès où cette décision fut prise), précisait : « Le Dr. Lacan n’est plus désormais reconnu comme analyste didacticien. Cette notification devra être effective le 31 novembre 1963 au plus tard. Tous les candidats en formation avec le Dr. Lacan sont priés d’informer la Commission des études s’ils désirent ou non poursuivre leur formation, étant entendu qu’il sera exigé d’eux une tranche supplémentaire d’analyse didactique avec un analyste agréé par la Commission des études. Cette notification devra être effective le 31 décembre 1963 au plus tard [17] ».

    Soulignons que Lacan gardait le titre de « psychanalyste » de la SFP et de l’IPA. Il pouvait continuer à analyser des patients, il pouvait même continuer ses cours et séminaires, mais il fulminait et préparait sa riposte : la création de sa propre Ecole de psychanalyse.

    « L’EXCOMMUNICATION MAJEURE »

    Le 20 novembre, devant l’amphithéâtre bondé de l’hôpital Ste-Anne, Lacan tenait un Séminaire au cours duquel il allait se dire victime d’une excommunication comparable à celle infligée par les autorités rabbiniques à Baruch Spinoza :

    « Mon enseignement, désigné comme tel, subit, de la part d’un organisme qui s’appelle le Comité exécutif d’une organisation internationale qui s’appelle l’International Psychoanalytical Association, une censure qui n’est point ordinaire, puisqu’il ne s’agit de rien de moins que de proscrire cet enseignement — qui doit être considéré comme nul, en tout ce qui peut en venir quant à l’habilitation d’un psychanalyste, et de faire de cette proscription la condition de l’affiliation internationale de la société psychanalytique à laquelle j’appartiens.

    Cela encore n’est pas suffisant. Il est formulé que cette affiliation ne sera acceptée que si l’on donne des garanties pour que, à jamais, mon enseignement ne puisse, par cette société, rentrer en activité pour la formation des analystes.

    Il s’agit donc là de quelque chose qui est proprement comparable à ce qu’on appelle en d’autres lieux l’excommunication majeure. Encore celle-ci, dans les lieux où ce terme est employé, n’est-elle jamais prononcée sans possibilité de retour.

    Elle n’existe sous cette forme que dans une communauté religieuse désignée par le terme indicatif, symbolique, de la synagogue, et c’est proprement ce dont Spinoza fut l’objet. Le 27 juillet 1656 d’abord — singulier bicentenaire puisqu’il correspond à celui de Freud — Spinoza fut l’objet du kherem, excommunication qui répond bien à l’excommunication majeure, puis il attendit quelque temps pour être l’objet du chammata, lequel consiste à y ajouter cette condition de l’impossibilité d’un retour.

    Je ne suis pas en train de dire — mais ce ne serait pas impossible — que la communauté psychanalytique est une Église. Cependant, incontestablement, la question surgit de savoir ce qui en elle peut bien faire ici écho à une pratique religieuse [18] ».

    Sept mois plus tard, le 21 juin 1964, c’est le grand coup de théâtre autocratique. Lacan proclame dans son séminaire la création de sa propre société de psychanalyse en ces termes :

    « Je fonde — aussi seul que je l’ai toujours été dans ma relation à la cause psychanalytique — l’Ecole Française de Psychanalyse, dont j’assurerai, pour les quatre ans à venir dont rien dans le présent ne m’interdit de répondre, personnellement la direction [19] ».

    Lacan préfèrera peu après le nom « Ecole Freudienne de Paris ». Il la présidera jusqu’à sa dissolution, par lui-même, en 1980, peu avant sa mort. Inutile d’insister sur le fait qu’il ne mit plus aucun frein à sa frénésie du commerce des didactiques, recevant jusqu’à 80 analysants par jour [20]. Ceux-ci étaient complices. Comme le note François Roustang, ancien jésuite devenu pour un temps analyste lacanien : « Devenir analyste, reconnu par Lacan, était une manière de titre de noblesse, qui ouvrait à la possibilité de se faire une clientèle. Sans lui, nombre d’entre nous n’auraient jamais accédé à ce statut et n’auraient pas eu les moyens d’en vivre. Après avoir donné l’existence à beaucoup, l’analyse devenait le moyen de leur subsistance [21] ». Jean-Guy Godin, qui restera toujours fidèle au gourou, ne dit pas autre chose : « Pour chacun de nous, Lacan était une société, une société par actions dont nous détenions chacun une part ; d’autant que, dans ce début des années soixante-dix, sa cote ne cessait de monter [22] ». Perrier, un des premiers lieutenants de Lacan, écrit : « Il était parfaitement conscient du pouvoir de son nom, de ce que signifiait, pour les gens, de dire : “Je suis sur le divan de Lacan.” D’ailleurs, les séances dites courtes consistaient en un véritable compostage : le sourire et la poignée de main du maître. [23] »

    Durant ma formation à l’EBP, je n’ai entendu parler qu’une seule fois des « séances courtes ». C’était à l’occasion du séminaire d’Alphonse De Waelhens sur le texte « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse ». Lacan y justifie son innovation en disant qu’elle rejoint la technique zen, qu’elle « déconcerte la résistance du patient », qu’elle « brise le discours pour accoucher la parole [24] ». Dans Ecrits, où ce texte de 1953 est réédité, Lacan a ajouté cette note en bas de page : « Pierre de rebut ou pierre d’angle, notre fort est de n’avoir pas cédé sur ce point (1966) ». De Waelhens était passé rapidement sur ce passage, se contentant de dire que cette technique n’était pas en usage en Belgique. Il n’avait pas relevé la note infrapaginale. Il n’avait pas dit — ce que lui devait savoir — que les séances courtes étaient la « pierre » sur laquelle Lacan « n’avait pas cédé », la pierre sur laquelle est édifiée l’EFP et, secondairement, l’EBP à laquelle nous appartenions.

    UNE ÉCOLE FREUDIENNE « OUVERTE »

    En fondant sa propre école, Lacan s’octroyait le moyen de continuer une pratique extrêmement lucrative, mais il allait en outre prendre dans ses filets ce qu’on appelle psychanalyse en France. En effet, tandis que les autres sociétés freudiennes exigeaient généralement une formation de psychologue ou de médecin avant d’entamer la formation analytique, Lacan ouvrait les bras à tout qui se voulait psychanalyste. Il se montrait particulièrement séducteur à l’endroit des philosophes, des mathématiciens et des agrégés de droit [25]. La distinction entre analyse didactique et analyse thérapeutique était abrogée. Sous prétexte de balayer la bureaucratie « ipéiste », la hiérarchie autoritaire et les règles rigides, Lacan déclarait qu’il n’était plus nécessaire d’être psychanalyste, ni même en analyse, pour pouvoir s’inscrire au titre de membre de son Ecole. Simplement il distinguait trois types de membres : les « analystes de l’Ecole » (AE), reconnus par un jury d’agrément, les « analystes membres de l’Ecole » (AME), garantis par l’Ecole, et les « analystes praticiens » (AP), qui s’autorisent d’eux-mêmes [26].

    Jean Clavreul, fidèle lieutenant de Lacan jusqu’à la mort (celle de Lacan et la sienne), a bien décrit comment ce procédé a fait exploser le nombre de lacaniens : « Le prestige de l’Ecole freudienne fut tel qu’il y eut de plus en plus d’adhésions, à tel point que les demandes d’adhésion devinrent aussi importantes que le nombre d’adhérents, plus de six cents à ce moment-là. Cela était dû au fait que Lacan ne prononçait jamais d’exclusion. Pendant quinze années, l’Ecole freudienne n’a jamais exclu personne[27] ». En France,psychanalyse est alors devenu davantage synonyme de lacanisme que de freudisme(orthodoxe) [28]. Lacan était un champion du marketing psy.

    Trois ans plus tard, Lacan sera poussé par ses camarades à formuler des règles plus strictes pour la reconnaissance du titre d’analyste de son Ecole (la « passe »), mais le « Freud français » aura réussi à noyer les analystes affiliés à l’IPA sous le nombre des siens. Son « ouverture » aux philosophes et aux lettrés lui aura permis de noyauter tous les médias et les hautes sphères du pouvoir [29]. Son beau-fils « jouit » encore pleinement de ce pouvoir.

    LA DISSIMULATION CONTINUE

    A ma connaissance, il n’y a aucun écrit de Lacan qui mentionne la véritable raison du refus par l’IPA de continuer à agréer ses didactiques au-delà de 1963. La majorité de ses disciples ont dissimulé autant que lui ce motif et donc la véritable raison de la création de l’EFP. Ainsi Jacques-Alain Miller écrit-il en 2011 dans Vie de Lacan : « Il [Lacan] n’a pas tellement pâli de la rétorsion de l’Autre. Oui, bien sûr, une Association internationale alors basée à Chicago l’a persécuté, chassé — ou plutôt a voulu l’émasculer comme analyste, en lui interdisant de former des gens. N’en faisons pas toute une histoire. En définitive, elle pouvait peu, sinon aider au rinforzando de la calomnie. Lacan, de son côté, avait de la ressource, ne se laissa pas intimider, et manœuvra comme un chef. C’est alors que je l’ai connu, janvier 1964, et je fus le témoin direct, et aussi l’un des instruments, de sa brillante contre-offensive. Il triompha en France, au prix d’y rester enfermé, car coupé du milieu international [30] ».

    Elisabeth Roudinesco, qui détient le pouvoir d’informer les lecteurs du journal Le Mondedes matières psy, évoque le véritable motif, mais en l’édulcorant et en minimisant son importance. Dans Pourquoi la psychanalyse ?, elle écrit que la scission de 1963 se produisit « lorsque Lacan ne fut pas accepté comme didacticien dans les rangs de l’IPA du fait de son refus de se soumettre aux règles en vigueur concernant la durée des séances et la formation des analystes. Lacan refusait, en effet, de se plier à l’impératif de la séance de cinquante-cinq minutes et proposait de l’interrompre par des ponctuations significatives donnant un sens à la parole du patient. [...] Par ailleurs — et c’est sans doute la raison profonde de cette rupture —, Lacan restaurait, par son enseignement et par son style, la figure freudienne du maître socratique à une époque où celle-ci était jugée néfaste par l’IPA [31] » (souligné par J.V.R.)

    LE POUVOIR CURATIF DES CURES FREUDIENNES ET LACANIENNES

    Depuis longtemps, la médiocrité des résultats que Freud obtenait par ses traitements est connue et bien documentée [32]. Ceci n’empêche nullement les frères Miller d’affirmer que Freud guérissait sans difficulté, comme par magie. Ils affirment ce fait, mais l’expliquent de façon tout à fait différente.

    Jacques-Alain donne une explication freudienne classique : « Au départ, les cures analytiques avaient des résultats rapides et spectaculaires. Il suffisait de livrer à un patient la clé de l’Œdipe, c’était si révolutionnaire que cela le métamorphosait. Au fur et à mesure, la nouveauté se dissipait, les cures devenaient plus longues, plus complexes [33] ». Autrement dit : si les cures sont devenues si longues, voire interminables, c’est parce que tout le monde parle désormais du complexe d’Œdipe.

    Gérard, lui, avance une explication typiquement lacanienne : « L’aliénation du sujet à la chaîne signifiante, c’est ce que la psychanalyse naissante avait mis au jour. Qu’est-ce que l’âge d’or de la découverte freudienne, sinon ce temps béni des dieux où les symptômes analysés cédaient comme par miracle ? Lecture émerveillée des premiers textes de Freud... La psychanalyse dévoilait le lien du sujet au langage, témoignait de l’emprise du signifiant sur le corps, réussissait à annuler la souffrance par la parole. [34] » Autrement dit : si les cures sont devenues si longues, c’est parce que tout le monde sait que le symptôme est langage et que sa disparition tient en une analyse de Signifiants.

    Lacan a été pour le moins discret sur les effets de ses propres cures. Il s’est toujours plu à affirmer que la psychanalyse n’est pas une psychothérapie. Ainsi dans sa célèbre interview à la télévision, il déclare : « La psychothérapie, quelle qu’elle soit, tourne court, non qu’elle n’exerce pas quelque bien, mais qui ramène au pire [35] ». Même discours lors de l’ouverture de la section clinique de l’université Paris VIII : « La psychothérapie ramène au pire... Ce n’est pas la peine de thérapier [sic] le psychique. Freud aussi pensait ça. Il pensait qu’il ne fallait pas se presser de guérir [36] ». Les témoignages d’anciens lacanienssont accablants. Perrier par exemple écrit : « J’aurais aimé que Lacan publiât ses chiffres : c’est fou ce qu’on se suicidait chez lui ! Pour sa part, il avait horriblement peur de la mort. Une anecdote est restée célèbre : il avait foutu à la porte Diatkine, parce que ce dernier fantasmait sur la mort. Ça aussi, c’est très grave. Si Lacan a tué tout son monde, c’est parce que seul le cheminement de la pensée l’intéressait. Les êtres humains, il s’en foutait. Et la séduction qu’il exerçait sur eux dépouillait ses malades et ses clients de toute capacité d’autodéfense, ou peu s’en faut [37] ».

    Freud a toujours écrit que la psychanalyse n’était pas en mesure de traiter les psychoses, qu’il appelait « névroses narcissiques » [38]. Dans les années 1920, il a essayé de traiter un adolescent psychotique, Carl Liebmann, qu’il a qualifié de « paranoïaque super-intelligent » et pour lequel, écrit-il, il s’est « donné beaucoup de mal ». Il en parle dans sa correspondance avec Ferenczi [39], mais n’a jamais rien publié à ce sujet et pour cause : il n’a obtenu aucun résultat positif. Aujourd’hui des lacaniens prétendent, grâce à Lacan, faire mieux que Freud : ils affirment que l’autisme est une « psychose », qu’il leur revient de « traiter », et qu’il est de leur devoir de « combattre les thérapies cognitivo-comportementales » [40]. On attend toujours la publication d’études empiriquement validées.

    DE QUELQUES AUTRES MENSONGES

    Lacan s’est illustré par d’autres formes de tromperie, notamment le plagiat. Par exemple, il a repris à Henri Wallon — sans le citer — la description du stade du miroir. René Zazzo, parmi d’autres, a dénoncé cette malhonnêteté [41], ce qui n’empêche pas nombre delacaniens et d’autres d’enseigner qu’il s’agit d’une « découverte » de Lacan.

    J.-A. Miller s’est fait une spécialité des fausses citations pour diaboliser les TCC et spécialement Skinner. Nous avons déjà eu l’occasion de montrer comment il a utilisé la formule d’un journaliste « We Can’t Afford Freedom » (Nous ne pouvons nous payer le luxe d’être libre) placée sur la couverture d’un numéro du Time où il était question de Skinner, pour en faire une citation exprimant des intentions qui n’étaient absolument pas celles du célèbre professeur de Harvard [42]. Dans son récent « Lacan quotidien » (25-01-2012), on peut lire une autre citation attribuée à Skinner (« Je n’ai poursuivi dans ma vie qu’une idée — une véritable idée fixe. Le mot “contrôle” l’exprime », etc.) qui est en réalité le propos d’un personnage du roman de Skinner Walden Two. C’est comme si attribuait à Camus des phrases d’un personnage de son Caligula. Chacun jugera du niveau éthique et épistémologique du procédé.

    Peut-être le mensonge le plus nuisible de Lacan aura été de faire croire que sa logomachie recelait un sens profond, que seule une longue initiation permettait de comprendre. Cette « imposture intellectuelle » — pour reprendre le titre du célèbre ouvrage de Sokal et Bricmont — a égaré des milliers de personnes dans des exégèses ad infinitum et les a détournés d’activités réellement thérapeutiques. La tradition du mensonge, inaugurée par Freud, est plus que jamais vivante dans le lacanisme.

    ANNEXE : L’ÉTHIQUE DE LACAN SELON JACQUES-ALAIN MILLER

    Extraits de : Vie de Lacan écrite à l’intention de l’opinion éclairée.
    Ed. Navarin, 2001, 24 p.

    « Par beaucoup de traits, et même par un trait essentiel, Lacan n’était pas et ne se croyait pas un homme de bien. “Je n’ai pas de bonnes intentions”, dit-il une fois à son séminaire, moquant les préjugés de ceux qui pensent bien » (p. 12).

    « Il est clair que Lacan voulut être une exception, et s’assumait comme tel. [...] Il évoquait sa vie, écoutez bien, comme “une vie passée à vouloir être Autre malgré la loi” » (p. 15).

    « Que veut dire ce “malgré la loi”, à le prendre au sérieux ? Lacan s’avoue fièrement transgresseur, et joue au délinquant, au vaurien, au voyou. [...] Lacan est en effet quelqu’un qui bravait la loi, et dans les plus petites choses. » (p. 16)

    « Certains se plaisent à lui prêter des passions basses, qui sont, j’en jurerais, les leurs : fortune, notoriété, pouvoir. Mais tout cela va de soi pour l’homme de désir, ce sont des moyens de son désir, ce n’est pas son désir. Lacan incarnait au contraire ce qu’il y a d’énigmatique, de peu rassurant, voire d’inhumain dans le désir » (p. 19).

    « “Tâcher toujours plutôt à changer mes désirs que l’ordre du monde”, la belle maxime cartésienne qui résume tout ce qui est sagesse antique et moderne, n’était pas pour Lacan. Il était du parti contraire. Il entendait, lui, changer autour de lui le train des choses, leur train-train, et avec une obstination, une persévérance, une constance, qui faisait mon admiration » (p. 20).

    « Les anecdotes lacaniennes sont toutes vraies, même celles qui sont fausses, car, en saine doctrine, la vérité se distingue de l’exactitude, et elle a structure de fiction. Tout ce qui court sur le personnage de Lacan, de vu, d’entendu, ou de forgé, inventé, ou simplement de mal entendu, qui le diffame ou qui l’encense, converge à peindre l’homme de désir, et même de pulsion, qu’il était. » (p. 21).

    #psychose #escroquerie #lacan #psychanalyse

    • PSYCHANERIES
      https://sporenda.wordpress.com/2018/02/05/psychaneries

      On ne sait par où commencer tant ce psychanalyste accumule les non-sens et les absurdités. D’abord, affirmer que la pédophilie était quasi-inexistante lorsque l’ordre patriarcal était incontesté est évidemment massivement contrefactuel historiquement. Doit-on rappeler qu’en Angleterre par exemple, les bordels d’enfants des deux sexes étaient parfaitement légaux et nombreux à l’époque victorienne ? Qu’il était coutumier que les maîtres violent leurs très jeunes servantes ? Qu’un grand nombre des patientes de Freud avaient subi des incestes et des viols pédophiles (ce que Freud a décidé de dissimuler par souci de sa carrière et de protection de l’ordre patriarcal) ?

      Et il y a l’affirmation hallucinée que c’est la mort du roi-père (belge) qui signe la multiplication des Dutroux. Moralité : pour éliminer la pédophilie, restaurons la monarchie. Face à de telles bouffées délirantes, on serait tenté-e de conseiller à van Meerbeck d’aller consulter de toute urgence.

      Mais le paralogisme culminant de van Meerbeck, c’est lorsqu’il pose que l’inceste des mères est la partie invisible de l’iceberg : si l’inceste maternel est visible nulle part, c’est justement la preuve qu’il est partout. Par contre, si les cas d’incestes par père ou beau-pères sont majoritairement écrasants dans les cours d’assises et les médias, c’est en fait parce qu’ils n’existent (presque) pas.

      Ne vous y trompez pas : cette mise en accusation constante des mères par la psychanalyse, décrites comme fusionnelles au point d’être vampiriques et immanquablement incestueuses, c’est une opération de détournement d’attention et d’inversion de responsabilité qui vise à exonérer et protéger les pères incestueux : on agite le chiffon rouge d’incestes maternels imaginaires pour cacher la réalité factuellement constatable des nombreux incestes paternels (4 millions de personnes ont été victimes d’inceste en France selon un article de l’Express).

      Séparer la mère des enfants, et les faire passer du côté du père, c’est l’objectif primordial de la psychanalyse. En faisant de la mère une ogresse dont il faut à tout prix éloigner les enfants pour les soustraire à son amour dévorateur–noble tache « civilisatrice » qui est l’apanage du père–la psychanalyse vise à les « groomer » pour les préparer à devenir de bons petits soldats de l’ordre patriarcal ; soumission impossible si les enfants restent identifiés à leur mère, et aux valeurs dites féminines d’empathie, de coopération, de care et de souci du bien collectif dont la (bonne) maternité est porteuse.

      Notez aussi que séparer la mère des enfants et l’empêcher ainsi de les protéger présente l’avantage de faciliter l’accès sexuel des pères incestueux et des pédophiles aux enfants. Et que, dans l’ordre masculin d’inversion des valeurs, quand un meurtrier tue sa femme, c’est de l’amour et il doit être excusé. Mais quand une femme aime et protège ses enfants, (et pourrait fâcheusement s’interposer entre eux et les prédateurs sexuels), c’est de l’inceste, et elle est salie et stigmatisée.

      Stigmatiser la mère « incestueuse » largement imaginaire pour escamoter la réalité de l’inceste paternel tout en facilitant l’accès des prédateurs sexuels aux enfants en les soustrayant à la protection maternelle : coup double–le patriarcat est vraiment très fort.

  • En Tunisie, l’exil sans fin d’une jeunesse naufragée - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2018/06/04/en-tunisie-l-exil-sans-fin-d-une-jeunesse-naufragee_1656619

    De la région minière de Metlaoui aux îles Kerkennah, d’où ils partent pour Lampedusa, « Libération » a suivi la route qu’empruntent les jeunes Tunisiens sans avenir, celle qu’avaient prise les passagers du bateau qui a sombré samedi en Méditerranée. Sept ans après la révolution, si la dictature a disparu, les espoirs de vie meilleure se sont fracassés, grossissant les rangs des candidats au départ.

    Des dizaines de cadavres ont été engloutis par la #Méditerranée après le naufrage, samedi soir, d’une embarcation au large de l’archipel des Kerkennah. A son bord, entre 180 et 200 personnes, selon les estimations des survivants. Soixante-huit émigrants ont été secourus par la marine tunisienne, et 48 corps sans vie ont été repêchés. Les recherches ont repris lundi avec l’aide de neuf unités navales, un hélicoptère et des plongeurs.Les passagers étaient presque tous tunisiens.

    Sept ans après la révolution, les jeunes fuient leur pays. Depuis le début de l’année, 2 780 Tunisiens ont choisi l’exil clandestin en Italie, selon l’Office international des migrations. Libération a suivi leur parcours entre le bassin minier de #Gafsa et les îles des pêcheurs de #Kerkennah. La route s’étire sur 300 kilomètres, en comptant le crochet par Sidi Bouzid. L’itinéraire barre horizontalement la Tunisie, passant des terres contestataires des « zones intérieures » à la riche cité côtière de Sfax. C’est celui qu’empruntent les chômeurs pour monter dans des bateaux qui rejoignent l’île italienne de #Lampedusa, porte d’entrée de l’Europe.

    A Metlaoui : « Ici, c’est le phosphate ou Lampedusa »

    La terre ne donne rien de végétal, à #Metlaoui. Même les oliviers ont renoncé à s’y accrocher : le sol semble mort, brûlé par un soleil trop grand et un ciel trop bleu. Les hommes, comme les plantes, n’ont pas grand-chose à faire ici. Ils sont pourtant venus fouiller le sol, et ils ont trouvé dans les replis des montagnes nues qui découpent l’horizon de la ville la plus grande richesse du pays, le phosphate. Autour de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), a poussé la ville minière, à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui encore, la société étatique gratte chaque année 5 millions de tonnes de cette roche utilisée dans la composition des engrais.

    A la sortie ouest de Metlaoui, en direction de la frontière algérienne, un café sans nom jouxte un garage. Un auvent fournit de l’ombre. Mais en milieu d’après-midi, c’est à l’intérieur de la vaste pièce blanche aux murs nus qu’il fait le plus frais. Au fond de la salle sans fenêtre, cinq hommes attendent sur des chaises en plastique. Ce sont les seuls clients. Les aînés ont des moustaches, les jeunes du gel dans les cheveux. Le plus âgé, Mohamed Atrache, est un employé de la CPG à la retraite. Comme son père, et son grand-père avant lui, embauché en 1917. Quand son fils a été pris à son tour, en janvier, il a pleuré de joie. « Il avait tenté de passer en Europe, explique-t-il. A trois reprises. La première fois, le bateau est tombé en panne. La seconde, il a été arrêté par la police. La troisième, le temps était trop mauvais. »

    « A Metlaoui, le phosphate est le rêve de tous les jeunes. C’est ça ou Lampedusa », résume Ahmed Jedidi, 26 ans, titulaire d’un master de civilisation française. Il y a beaucoup de diplômés comme lui, à Metlaoui. Ahmed a été brièvement arrêté, en 2016, pour avoir pris la tête du mouvement des jeunes chômeurs qui avaient bloqué l’activité de la CPG pour exiger des embauches. La crise a duré deux mois et demi. Pourtant, la CPG recrute. Vorace, elle saute d’un gisement à l’autre, fourrageant dans les montagnes pour expédier ses wagons de cailloux noirs vers la côte. Elle a besoin de bras et de cervelles quand elle découvre un nouveau filon. La société organise alors des concours. En 2016, elle a recruté 1 700 techniciens. L’an dernier, 1 700 ouvriers non-qualifiés. C’est un pacte tacite : la compagnie doit nourrir la ville, sans quoi la ville mord la compagnie. Au total, depuis la révolution de décembre 2010, le nombre d’employés a été multiplié par trois, alors que sa production s’est effondrée. La CPG est devenue une soupape sociale pour éviter l’explosion de cette région contestataire.

    Khams Fajraoui, 21 ans, a échoué au concours de janvier. Il est le seul à rester muet autour de la table du café, il ne parle pas le français. Il a une crête sur la tête, des chaussettes dans des claquettes, et un regard fixe. Il est le benjamin d’une famille de cinq frères et sœurs, tous au chômage. Son père est décédé il y a cinq ans. Il fait les moissons, là où le blé pousse, plus au nord. Hors saison, il gagne 10 à 15 dinars (3 à 5 euros) trois fois par semaine en chargeant et déchargeant les camions du souk de Metlaoui. Il ne partira pas en Europe car « ses oncles et ses tantes lui ont demandé de rester ». Il veut un travail, « n’importe lequel ».

    « Ma femme ne m’a rien dit quand il est parti »

    Saïd Bkhairya avait aussi défendu à son fils d’émigrer. Un jour, en son absence, Koubaib, 17 ans, est parti quand même. Il faut passer sous l’ancien tapis roulant qui acheminait le phosphate vers la ville pour arriver chez Saïd. Ce cordon ombilical qui relie la mine à Metlaoui est comme une guirlande de tôle suspendue au-dessus de son quartier. Dans la cour de sa maison fatiguée, il a planté un citronnier. Black, le chien de Koubaib, est attaché derrière le poulailler. « Ma femme ne m’a rien dit quand il est parti. Elle avait peur de ma réaction », dit Saïd. Elle est assise à côté de lui sur le canapé. La mère a dans la main le smartphone qu’elle a acheté pour communiquer avec Koubaib sur Skype. Sa vue est mauvaise, elle doit approcher le visage tout près de l’écran pour appeler son fils. La conversation dure quelques secondes, deux ou trois phrases. « Il est fatigué, il couche dehors, explique-t-elle. Il ne fait rien, il demande de l’argent. »

    Saïd a déjà deux crédits à rembourser. Il envoie irrégulièrement des petites sommes à Koubaib, qui vivrait à Mestre, près de Venise. « Je m’en fous. Dès que j’aurai amassé assez, moi aussi, un jour, je partirai », assure Wael Osaifi, un cousin de Koubaib, après que son oncle a quitté la pièce. Il a été blessé il y a cinq ans dans un accident de voiture au terme d’une course-poursuite avec la police. Wael passait de l’essence de contrebande depuis l’Algérie. « Il y a un type qui organise les départs, il est très discret. C’est une mafia. Les prix ont augmenté. C’était 3 000 dinars, maintenant c’est 5 000 [environ 1 630 euros]. J’ai des amis en Italie, certains travaillent, certains trafiquent. » A Metlaoui, il boit parfois des bières avec des amis dans une maison abandonnée. « On n’a rien d’autre à faire. Les prix sont devenus invivables. Avec Ben Ali [le dictateur renversé par la révolution, ndlr], on avait une meilleure vie, lâche-t-il. Le paquet de cigarettes Royale valait 3,5 dinars, aujourd’hui c’est 5,5 dinars… » Koubaib a quitté Metaloui il y a dix mois, en même temps qu’un groupe de 18 jeunes de la ville. « Pour certaines familles, c’est un investissement », regrette Saïd. Sur les photos que le fils envoie depuis l’Italie, il a l’air très jeune. Il ressemble beaucoup à son petit frère, qui sert le jus de mangue aux invités. Sur les images plus anciennes, Koubaib pose souvent avec son chien. Dehors, Black aboie de temps en temps depuis qu’il est parti.

    A Gafsa : « Un travail légal, c’est une question de dignité »

    Leur énergie a quelque chose de déconcertant dans une ville comme Gafsa. On ne devine pas, en passant devant cette rue morne de la « capitale » régionale, qui affiche un taux de chômage à 26 % (plus de 40 % pour les jeunes diplômés), qu’un tel tourbillon d’activité agite le second étage de cet immeuble de la cité Ennour. Sirine, Nejma, Abir et Khora, une Française en stage, font visiter le local de leur association, Mashhed. Elles ont entre 19 ans et 23 ans. « Les séminaires ou les concours de jeunes talents, ce n’est pas notre truc, annonce Sirine, longs cheveux noirs et chemise rayée. Notre finalité, c’est la transformation sociale. On ne fait pas de l’art pour l’art. On ne veut pas non plus "sensibiliser". On fait, c’est tout ! Des poubelles dans la rue, des projections de cinéma, des lectures, des journaux, des festivals, du montage, des jeux, des manifestations… »

    Chacune a une clé du local. Elles passent à Mashhed le plus clair de leur temps. S’y engueulent, s’y échappent, s’y construisent. L’association compte 70 membres actifs et 300 adhérents. Les garçons sont les bienvenus, mais ce sont de toute évidence les filles qui mènent la danse. Les filles, elles, n’embarquent pas pour l’Europe.

    Sirine : « Mon petit frère a voulu partir, ça a choqué mes parents, on a essayé de lui faire entendre raison. »

    Abir : « C’est la faute d’un manque de communication dans les familles. Les gars ne trouvent personne avec qui partager leurs soucis. »

    Najla : « La France, ce n’est pourtant pas le paradis ! La fuite, c’est débile. Moi, je pense qu’on peut faire en sorte d’être heureux là où on est. C’est dans la tête, le bonheur. »

    Abir : « Ce n’est pas que dans la tête ! Il n’y a pas de travail. Tu sais combien c’est, un salaire de serveur, aujourd’hui ? »

    Khora : « Justement, je ne pige pas comment vous faites pour sortir et faire des festins tout le temps, alors que vous êtes au chômage ! Moi, quand je suis chômeuse, je reste chez moi à manger des pâtes. »

    Najla (en riant) : « C’est la solidarité arabe. Toi, tu ne connais pas ça ! »

    La nuit tombe vite sur Gafsa. A 22 heures, la ville s’éteint presque complètement. A la terrasse du café Ali Baba, désert, deux hommes fument dans le noir. Le gérant de l’établissement et son ami. Ils parlent de la révolution. Quand on leur demande leur avis sur la chose, Abdeslam, 28 ans, demande s’il peut répondre en anglais. « Notre déception est immense, parce que l’espoir qu’avait suscité la chute de Ben Ali était immense, explique-t-il. On ne sait pas qu’un café est amer tant qu’on n’a pas goûté un café sucré. Maintenant, on sait. »

    Il a voulu étudier le droit, s’est inscrit à l’université de #Sousse, sur la côte. Mais n’a jamais achevé sa formation, bouffé par les petits boulots qu’il effectuait pour payer ses études. Aujourd’hui, il travaille de temps en temps sur un chantier de bâtiment. « Des docteurs qui construisent des immeubles, c’est ça, la Tunisie », poursuit-il. Au fil de la discussion, le débit d’Abdeslam s’accélère. Son ami s’est levé pour ranger les tables. « Je ne veux pas partir sur la mer, je m’y refuse et puis j’ai peur. Je veux une vie adaptée, c’est tout. Je me fiche d’avoir une belle maison et une grosse voiture. Un travail légal, c’est tout ce que je demande, c’est une question de dignité. » Sa voix tremble dans le noir. Les cigarettes s’enchaînent.

    On ne pose plus de questions depuis longtemps, mais la détresse pousse Abdeslam à parler encore, de plus en plus vite. « A l’école, j’étais bon en philosophie. Je lis encore Kant, Spinoza, Heidegger, Sartre… Pourtant, cette société me méprise. Gafsa enrichit l’Etat, mais l’Etat nous crache dessus », conclut-il. Sa vieille mobylette est garée toute seule dans la rue vide. Il l’enfourche, plié en deux, pour aller dormir chez ses parents. Le gérant a fini de balayer, il tire le rideau de fer.

    A Bir el Haffey : « Aujourd’hui, le tourisme s’est effondré »

    Sur la route qui relie Gafsa à Sidi Bouzid, les voyageurs imaginent souvent être témoins d’un mirage. Au bord de la chaussée, des fourrures brillent au soleil, exposées dans toute leur splendeur. Du castor, du poulain, de l’ours, du lapin, du léopard… Cette panoplie appartient à un commerçant, d’un naturel méfiant. « Depuis la révolution, il y a des espions de la CIA et du Mossad partout, croit-il savoir. Il y a quinze ans, je cherchais des tours de cou, on m’a refilé un grand sac avec des manteaux à poils. J’ai commencé comme ça », dit-il pour justifier son activité insolite. Qui peut bien acheter ces fourrures à l’orée du Sahara ? « Détrompez-vous, les gens s’arrêtent. Avant, j’avais des Canadiens, des Allemands, les guides me les ramenaient. Aujourd’hui, le tourisme s’est effondré. J’ai tout de même de temps en temps des Algériens ou des Libyens. »

    A Sidi Bouzid : « Ils font ça juste pour avoir l’air beau »

    Dans son bureau, flotte un mélange de sueur et de parfum. Zeinobi Khouloud, 28 ans, gère une salle de sport, l’une des rares activités offertes aux jeunes de Sidi Bouzid. Derrière elle, des gants de boxe et des boîtes de protéines sont exposés sur l’étagère. Son père a ouvert le club, Abidal’s Gym, il y a deux ans, au rez-de-chaussée d’un immeuble dont les étages supérieurs ne sont pas terminés. La famille est rentrée d’Arabie Saoudite après la révolution, mais s’est à nouveau éparpillée pour faire des affaires. Zeinobi, elle, est restée dans la petite ville du centre de la Tunisie, connue dans le monde entier depuis qu’un vendeur de légumes du nom de Mohamed Bouazizi s’y est immolé, le 17 décembre 2010, pour protester contre la confiscation de sa charrette par la police. Son geste désespéré a été le point de départ d’une révolution qui a emporté le dictateur Ben Ali, avant de déborder dans tout le monde arabe.

    Sept ans plus tard, le visage géant de Bouazizi s’affiche en noir et blanc sur la façade d’un bâtiment municipal. Sa charrette emblématique a maladroitement été statufiée sur un terre-plein central. Mais même ici, les jeunes disent être déçus par les fruits du printemps tunisien. « Le chômage est toujours là, les jeunes n’ont rien à faire, c’est pour ça qu’ils viennent ici, décrit Zeinobi. Leurs parents les poussent à venir à la salle pour qu’ils ne traînent pas dans la rue toute la journée. Ils oublient leurs problèmes en faisant du sport. » Dans la salle, on croise des adolescents à lunettes avec des muscles de personnages de jeu vidéo. La plupart ont les cheveux rasés sur les côtés. Abidal’s Gym propose des cours de taekwondo, de muay-thaï, d’aérobic, de kick-boxing, mais ce sont avant tout les appareils de musculation, « importés d’Espagne », qui attirent les jeunes à 30 kilomètres à la ronde. « Ils font ça juste pour avoir l’air beau », se moque Zeinobi. Parmi les 900 clients, quelques femmes, « surtout l’été », précise-t-elle. « Les femmes ont beaucoup de responsabilité dans notre région, elles n’ont pas de temps libre. »

    Sur la route de Regueb : « 3 euros le kilo avant, 8 maintenant »

    La route est encadrée par les figuiers de barbarie de trois mètres de haut, dans lesquels viennent se ficher de loin en loin des sacs en plastique échappés des décharges à ciel ouvert.

    Dans un champ, un âne détale après avoir arraché le piquet qui le retenait prisonnier. Il s’éloigne en direction des collines pelées comme les bosses d’un chameau. Ce sont les derniers reliefs à franchir avant de basculer définitivement dans la plaine de Sfax, à l’est du pays. Sur leurs flancs, des restes de minuscules terrasses en pierre sèche, que plus personne n’est assez fou ou courageux pour cultiver désormais. Il reste uniquement des bergers dans cette vallée. Les plus vieux sont toujours bien habillés, en pantalons de ville et en vestes sobres. Leur mouton, au goût particulier, est réputé dans toute la Tunisie. Mais son prix a augmenté, passant de « 3 euros le kilo avant la révolution à 8 euros maintenant », reconnaît un vendeur de viande grillée installé au bord de la route. La raison en est simple : le prix des aliments pour le bétail a flambé depuis 2011, explique-t-il.

    A Regueb : « Notre seul loisir : aller au café »

    Nabil, 35 ans, mâchouille l’embout en plastique de sa chicha. Il recrache la fumée entre ses dents jaunies en fixant une partie de billard : « C’est tranquille, Regueb. Trop tranquille. Notre seul loisir, c’est d’aller au café. » Son ami Aymen, 25 ans, a ouvert cette salle de jeu il y a deux ans. En plus de la table de billard, il a installé neuf ordinateurs, deux PlayStation, un baby-foot. Investissement total : 2 600 euros. L’affaire ne marche pas : « Les jeunes jouent sur leurs téléphones. » Aymen va revendre, ou fermer. L’an prochain, de toute manière, il doit effectuer son service militaire.

    « Je voulais créer une petite unité de fabrication d’aliments pour le bétail, mais il fallait des papiers, et pour avoir ces papiers, on me demandait de l’argent, ressasse Nabil. L’administration est corrompue, j’ai dû renoncer. » Il vit chez ses parents, avec sa femme. Lui a pu se marier, mais « c’est rare, parce que c’est compliqué, sans travail », avoue-t-il.

    A Sfax : « Ici, les gens respectent le travail »

    Les industries de #Sfax signalent la ville de loin. La deuxième ville du pays est aussi son poumon économique. Les arbres d’ornementation sont étrangement taillés au carré, les rues sont propres, l’activité commerciale incessante dans la journée. La richesse des Sfaxiens est proverbiale, en Tunisie. Pourtant, Mounir Kachlouf, 50 ans, avoue qu’on s’y ennuie aussi. « Où tu vas sortir, ici ? Même moi, le week-end, je vais à Sousse ou à Hammamet ! » Il est le gérant du café-restaurant Mc Doner, installé le long de la petite promenade de Sfax, qui se vide de ses promeneurs au crépuscule. « Depuis 2002, on nous promet un port de plaisance, une zone touristique, mais on ne voit rien venir », dit-il. Le patron a même une théorie sur les raisons de cet échec : « Les Sfaxiens ont de l’argent. La Tunisie a besoin qu’ils le dépensent ailleurs pour faire tourner l’économie. S’ils développaient Sfax, les gens n’auraient plus besoin de sortir ! »

    Un groupe de six jeunes femmes pressées longe la corniche, valises à roulettes sur les talons. Elles rentrent de vacances. Le lendemain, elles reprendront toutes le travail. L’une est « technicienne d’esthétique et coach personnel », les autres sont vendeuses de tissu de haute couture dans une boutique de la médina. « Nous, les Sfaxiens, on est comme les Chinois, on travaille tout le temps, surtout les femmes, s’amuse Yorshelly. C’est bien pour l’économie, mais ça rend la ville fatigante, polluée, embouteillée. Il y a du travail ici, enfin, surtout pour les non-diplômés. » Aucune d’entre elles n’est mariée. « Il y a un gros problème de "racisme" chez les familles sfaxiennes, glisse Marwa. Les parents veulent que l’on épouse un Sfaxien. Nous, honnêtement, on s’en fiche. »

    Un homme a tendu l’oreille, inquiet qu’on dise du mal de sa ville dans un journal français. Il insiste pour témoigner lui aussi. « Je m’appelle Mahdi, j’ai 31 ans, je suis électricien, j’aime mon pays, je vis à Sfax car ici, les gens respectent le travail, dit-il, énervé. Les jeunes veulent de l’argent facile. Je les vois rester au café toute la journée. Je leur dis : "Venez bosser avec moi, il y a de quoi faire." Mais ils préfèrent être assis à boire et fumer ! »

    A Kerkennah : « La traversée est 100 % garantie »

    C’est l’île des départs. D’ici, près de 2 700 Tunisiens ont pris la mer depuis le début de l’année pour gagner Lampedusa, à 140 kilomètres en direction du Nord-Est. En 2017, ils étaient plus de 6 000. En 2018, ils représentent le plus important contingent de migrants arrivés en Italie, devant les Erythréens et les Nigérians. La traversée dure une nuit. Contrairement à une idée reçue, les émigrants ne montent pas sur des canots pneumatiques ou des barques vermoulues, comme en Libye voisine. A Kerkennah, les #passeurs comme les passés sont tunisiens. Un lien social les attache malgré tout, on ne risque pas des vies de compatriotes à la légère. « La traversée est 100 % garantie, c’est comme un aéroport », décrivait Ahmed Souissi, 30 ans, coordinateur de l’Union des diplômés chômeurs, quelques semaines avant le naufrage d’une embarcation surchargée le week-end dernier, au cours duquel plus de cinquante migrants sont morts noyés. « Les émigrants partent sur des bateaux de pêche qui ont été au préalable dépouillés de tous leurs accessoires. Quand on voit un bateau nu, on sait qu’il va y avoir un départ. »

    Il faut traverser les marais salants du centre de l’île, puis les grandes étendues vides piquées de tristes palmiers sans palmes (elles sont utilisées dans la fabrication des pêcheries fixes au large de Kerkennah) pour trouver la route du chantier, installé dans une ferme derrière le village de Chergui. Une dizaine de squelettes de navires flottent dans le ciel, au-dessus des copeaux de bois. Les charpentes sont en bois d’eucalyptus. Certaines sont déjà coloriées en rouge ou en bleu. Un peintre dont la blouse ressemble à une toile de Pollock désigne du bout de son pinceau la seule embarcation toute noire : « C’est le bateau utilisé par [le futur président] Bourguiba pour fuir en Egypte pendant la période coloniale, explique-t-il. Quelqu’un y a mis le feu il y a trois ans. On travaille à sa restauration. »

    Mohamed et Karim s’affairent sur le bâtiment le plus avancé du chantier. Ils sont tourneur soudeur et chaudronnier, et s’occupent de toute la partie métallique : armatures, bastingage, proue, etc. « Les migrants partent sur des 12-mètres comme celui-là, dit le premier, sans s’arrêter de souder. Il y a tellement de chômage que la police ferme les yeux. » Pollution des eaux, dégradation des fonds marins, réchauffement : « Les pêcheurs ont de moins en moins de poissons depuis deux ou trois ans, ils ont besoin d’un revenu, complète le second. Certains vendent leur bateau, des passeurs les remplissent avec 100, 120 jeunes, et les mènent à Lampedusa. Les bateaux restent là-bas. »

    Le leur est une commande de Boulababa Souissi. Le capitaine est dans sa cabine, la buvette improvisée du chantier, une canette de bière à la main. « Dans cinq jours, à ce rythme-là, c’est fini, savoure-t-il, l’œil guilleret. J’ai fait venir un moteur d’occasion d’Italie. Je vais enfin retourner pêcher. » Il baptisera son chalutier Oujden, le prénom de sa fille. Coût : 50 000 euros. Le précédent va-t-il continuer à naviguer ? « Il ne remontera plus de poisson », lâche le capitaine.

    Les visiteurs débarquent à Kerkennah, 15 500 habitants, par un ferry arrivant de Sfax. Puis, une route remonte l’archipel du Sud au Nord. La simplicité des maisons - des agrégats de cubes blancs - leur donne un air moderne. Des constructions, ou des agrandissements, sont souvent en cours. « C’est l’argent des harragas », ricane une femme, en passant devant un portail refait à neuf. Les « harragas », « ceux qui brûlent » en arabe, est le terme utilisé pour désigner les clandestins. « Ils ne se cachent même plus, comme au début. Dans une petite île où tout le monde se connaît, on les repère tout de suite, indique Ahmed Souissi. Pour la police, c’est difficile de contrôler les ports de Kerkennah. Les bateaux peuvent sortir de n’importe quelle ville ou plage. D’ailleurs, tout le monde les voit. » Ne sont-ils pas arrêtés ? « Les flics arrivent trop tard. Ou n’arrivent jamais. Pourtant, ça ne demande pas beaucoup d’intelligence de savoir qui organise les passages, dit l’activiste. Mais l’État n’est pas pressé de voir la fin des subventions européennes au titre de la lutte anti-immigration. Et puis, je crois que ça arrange tout le monde que les jeunes chômeurs sortent de Tunisie. »

    Tout au bout de la route, il y a le port de Kraten. En direction du Nord, quelques îlots plats, rocailleux, taches claires dans la mer sombre, sans vague. Les derniers mètres carrés solides de Tunisie. En cette fin de matinée, les pêcheurs démêlent et plient les filets, au soleil. Les camionnettes frigorifiques des acheteurs sont déjà reparties, à moitié vides. Sur le ponton, on marche sur des carcasses de crabes bruns qui craquent sous les chaussures. Les Tunisiens ont surnommé cette espèce « Daech ». « Ils sont arrivés d’Egypte il y a quelques années, et ils remontent le long de la côte, commente un marin, l’air dégoûté. Ils mettent les pêcheurs sur la paille : ils coupent les filets, ils bouffent le poisson ! Si ça continue, ils vont débarquer en Europe. La pêche n’est plus rentable. » Lui est là pour aider son père ce dimanche, mais en semaine il occupe un emploi de professeur de sport à Sfax.

    Au petit café de la jetée, le patron moustachu sert l’expresso le plus serré de Tunisie en bougonnant. Il jure qu’aucun bateau ne part de « son » port. « Les jeunes, ils peuvent aller se faire foutre, ils ne pensent qu’à l’argent. » Contre le mur, un pêcheur de 55 ans, « dont trente-quatre en mer », pull rouge et bonnet bleu, philosophe : « Cette révolution était un don. Elle nous a montré qu’on peut régler nous-mêmes nos problèmes, on doit garder ça en tête. Ce crabe Daech, par exemple, on ne doit pas le détester, Dieu nous a envoyé cette satanée bête pour qu’on corrige nos façons de pêcher. On me regarde comme un vieux fou quand je critique les collègues qui pêchent au chalut en ravageant les fonds, mais ce sont eux qui ont fait disparaître les prédateurs des crabes », assène Neiji.

    Son français est chantant. Il fait durer son café. « Les jeunes qui partent, c’est aussi naturel, reprend-il. Sans cela, ils rejoindraient peut-être le vrai Daech, qui sait ? C’est la logique humaine d’aller tenter sa chance. Moi, si je n’avais pas une femme et trois filles, je crois que j’aurais aussi filé. » Neiji tire sur sa cigarette en aspirant la fumée très lentement, avant d’expirer sans bruit. « Ce va-et-vient, c’est la vie. Les pêcheurs sont des gens intelligents, il faut me croire. »
    Célian Macé

    Très bon reportage, avec photos dans l’article source. La fin de l’article avec les propos du pêcheur, est à méditer.

    #chômage #tunisie #émigration #jeunesse #Afrique

  • En Malaisie, la traductrice qui en savait trop

    https://www.lemonde.fr/international/article/2018/05/28/en-malaisie-la-traductrice-qui-en-savait-trop_5305535_3210.html

    Une jeune Mongole assassinée, des commissions occultes, un ex-premier ministre sur la sellette : après l’arrivée d’un nouveau gouvernement, la justice va-t-elle rouvrir le dossier ?

    La Mongole était jolie et résidait en Malaisie, où elle avait été la maîtresse d’un conseiller du ministre de la défense d’alors, et peut-être même celle du ministre lui-même. Elle avait 28 ans, elle était traductrice. Elle parlait, outre le mongol, le russe, le chinois, l’anglais et un peu le français. Elle s’appelait Altantuya Shaariibuu. Et elle en savait trop.

    Altantuya s’était retrouvée, notamment en raison de ses contacts sur l’oreiller, indirectement associée – ou impliquée – dans l’affaire de la vente de trois sous-marins à la Malaisie par la France en 2002, un scandale d’Etat dont l’onde de choc continue aujourd’hui de se propager dans l’Hexagone : en juillet 2017, un ancien président de la Direction des constructions navales et un ex-directeur général délégué du groupe français Thales (ex-Thomson), ont été mis en examen pour « corruption active ». Récipiendaires probables de commissions illégales versées en Malaisie : des responsables au plus haut niveau du gouvernement. Les Français avaient de bonnes raisons de mettre la main au portefeuille pour graisser la patte aux bonnes personnes : le contrat s’élevait à près d’un milliard d’euros…

    Le corps pulvérisé

    Altantuya Shaariibuu a payé au prix fort, de la manière la plus terrible et la plus spectaculaire qui soit, le fait d’en savoir trop : le 18 octobre 2006, elle est enlevée en plein Kuala Lumpur par deux policiers d’un corps d’élite de gardes du corps rattaché au bureau du premier ministre. Traînée de force dans un véhicule banalisé, elle est emmenée dans le faubourg de Shah Alam, à la sortie de Kuala Lumpur. Là, elle est abattue d’une balle dans la tête avant que des explosifs de type C-4 soient placés sur son corps. Le cadavre d’Altantuya est pulvérisée au point que l’on ne retrouvera presque rien d’elle.

    La raison de cet assassinat s’explique très probablement par le fait que la jeune Mongole était en train de faire chanter son ancien amant, Abdul Razak Baginda, à l’époque directeur d’un cercle de réflexion mais aussi proche de Najib Razak, alors ministre de la défense. Ce dernier allait ensuite devenir premier ministre, jusqu’à la spectaculaire défaite de son parti aux élections du 8 mai dernier…

    Altantuya Shaariibuu avait en effet été arrêtée alors qu’elle faisait un scandale devant la résidence d’Abdul Razak Baginda, vociférante et menaçante. Elle avait auparavant exigé de son « ex » qu’il lui verse une commission de 500 000 dollars, promise mais non versée. Faute de quoi elle révélerait les secrets des troubles combines autour de la vente des sous-marins. Après son meurtre, des photos ont circulé, la montrant en train de festoyer en des temps plus heureux, dans un restaurant parisien avec Baginda et… Najib Razak. Peut-être était-elle aussi l’amante de ce dernier, ont laissé entendre certaines rumeurs.

    Réouverture du dossier

    L’échec électoral de « Najib » et de son parti a des chances de provoquer la réouverture d’un dossier (scandale des sous-marins et donc, du même coup, l’assassinat d’Altantuya) mis sous le tapis depuis des années. Et Najib Razak, déjà empêtré dans un scandale d’Etat où il est soupçonné d’avoir siphonné l’équivalent de plus de 600 millions d’euros de fonds publics sur son compte en banque, pourrait se retrouver, si les langues se délient un peu trop, impliqué cette fois, non seulement dans une affaire de corruption mais aussi, fut-ce indirectement, dans un assassinat…

    « Il faut que le nouveau gouvernement relance l’enquête sur l’affaire de la vente des sous-marins [français] », vient de déclarer l’ancien juge de la haute cour, Gopal Sri Ram. Le 16 mai, le président de Mongolie, Khaltmaagiyn Battulga, a adressé un message de félicitations au nouveau premier ministre de Malaisie, Mahathir Mohamad, qui avait déjà été auparavant premier ministre et l’était encore quand le contrat des sous-marins fut signé entre la France de Jacques Chirac et la Malaisie : « L’assassinat d’Altantuya Shaariibuu a créé une atmosphère défavorable entre nos deux pays et j’espère sincèrement que votre Excellence accordera toute son attention [à ce cas] afin que justice soit rendue », écrit notamment le chef d’Etat mongol.

    L’ONG malaisienne Suaram, qui a demandé que des poursuites judiciaires soient diligentées à propos du scandale des sous-marins, a engagé à Paris l’avocat William Bourdon. Ce dernier vient de dire aux journalistes du site en ligne Malaysiakini qu’il était prêt à se rendre cet été à Kuala Lumpur, pour « briefer » le nouveau gouvernement sur l’affaire.

    Des ordres venus de très haut

    Une voix lointaine pourrait s’avérer cruciale dans le « dossier » Altantuya Shaariibuu : l’un de ses deux agresseurs, Sirul Azhar Umar, condamné à mort en 2009 par une cour malaisienne, mais sans qu’aucun mobile de son meurtre n’ait alors été invoqué, est en prison en Australie. Il s’y était enfui en 2014 alors que sa condamnation était jugée en appel en Malaisie et qu’il avait été libéré sous caution.

    De sa prison, il a donné plusieurs interviews, dans lesquelles il a assuré avoir servi de « bouc émissaire ». Il a parfois laissé entendre que les ordres d’assassiner la jeune Mongole venaient de très haut. Le jour précédant son incarcération en Australie, en 2015, conséquence d’une demande faite par Interpol, Sirul avait envoyé un mystérieux SMS à un contact, resté anonyme, mais qui aurait été proche des services de renseignements malaisiens.

    « Salut patron. Je suis en difficulté. Je veux deux millions de dollars australiens avant que vous veniez me rendre visite. Je ne reviendrai pas en Malaisie. Je ne veux pas faire tomber le premier ministre. »
    Lire aussi : Mahathir et Anwar, un improbable tandem à la tête de la Malaisie

    Plus tard, Sirul se rétracta, comme s’il réalisait qu’il lui fallait ménager ses arrières : des émissaires du parti de Najib Razak étaient venus le voir dans sa cellule. Il jura par la suite au site Malaysiankini « qu’au Nom de Dieu, l’honorable premier ministre Najib Razak n’a jamais été impliqué dans [le meurtre d’Altantuya] et n’a jamais eu de liens avec cette affaire ».

    Mais l’« honorable » premier ministre, qui n’a jamais été très « honorable », n’est plus premier ministre. Le 1er juin, l’ancien flic et ci-devant assassin devrait à nouveau comparaître devant la justice australienne. Osera-t-il révéler tout ce qu’il sait ?

  • Marcq-en-Baroeul. Des clowns militants perturbent une réunion de la famille Mulliez Nicolas Demollien - 26 Mai 2018 - Lille Actu

    https://actu.fr/hauts-de-france/marcq-en-baroeul_59378/marcq-baroeul-clowns-militants-perturbent-une-reunion-la-famille-mulliez_169786

    Drôle de surprise pour la famille Mulliez vendredi 25 mai 2018 à Marcq-en-Baroeul (Nord). Alors qu’ils devaient se réunir en assemblée générale de leur association familiale, ils ont été accueillis par des… clowns ! Des militants pour le climat en réalité, venus manifester contre le projet Europa City, prévu en région parisienne.


    Alors que l’État relance le projet Europacity en faisant appel de la décision du tribunal administratif annulant la ZAC, ils souhaitaient interpeller les Mulliez, principaux actionnaires du Groupe Auchan.

    Les Mulliez ont signé en 2015 le Manifeste pour le climat , s’engageant à réduire les émissions de CO2 du Groupe Auchan. Or, Europacity conduirait à doubler l’impact climat des activités françaises qu’ils détiennent », lancent les manifestants.

    « Qu’ils abandonnent le projet »
    Conclusion pour ces militants, l’abandon du projet est la seule solution. 

    Olivier Saint-Léger, porte-parole d’inCOPruptibles, commente :

    « Ce projet d’un autre âge, qui rappelle le pire des années 1970, aurait l’impact climat d’une ville de 250 000 habitants. Nous espérons que, grâce à l’aide de nos amis clowns, une majorité des Mulliez se prononcera pour l’abandon d’Europacity. »

    #europacity #auchan #grand_paris #france #agriculture #urbanisme #triangle_de_gonesse #terres #gonesse #ecologie #des_grands_projets..._inutiles_ #climat #centre_commercial #mulliez #résistance

  • affordance.info : Le jeune président de la Start-up Nation était en fait un vieux con comme les autres.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/05/jeune-president-vieux-con.html

    Ce pari de l’humiliation de la jeunesse, s’il était mené à son terme, serait une victoire éclatante : la victoire des managers. Car toute cette histoire n’est rien d’autre qu’un conditionnement, une préparation aux formes routinières de management par le stress qui attend cette jeunesse et que réclame le Medef.

    Comme dans tout pari osé bien sûr il y avait un risque. Le risque d’une rébellion. Et que cette rébellion prenne. Toute étincelle si faible qu’elle soit devait immédiatement être douchée.

    Ils sont une vingtaine de lycéens et de lycéennes, tous et toutes mineur(e)s, à avoir passé 48 heures en garde à vue et à être aujourd’hui mis en examen. A 17 ans. Motif ? Refus de résignation. Refus d’humiliation. Refus du bâillon. Ils ont, avec des adultes dont certains sont enseignants, osé tenté d’occuper un lycée parisien. Je dis bien « tenté d’occuper ». Pacifiquement qui plus est. Le jeune président et son ministre de l’intérieur cacochyme, mais le jeune président avant tout, a collé en garde à vue et mis en examen plus d’une vingtaine de lycéens mineurs parce qu’ils ont voulu manifester leur sentiment d’humiliation devant une machinerie sociale qui craque de toute part et où chaque repère est patiemment foutu en l’air par une agitation qui se veut « réformatrice » et qui n’est que destructrice.

    On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. On n’est pas sérieux, on n’est pas en garde à vue, on n’est pas mis en examen. La honte et la colère que je ressens ce soir n’est pas prête de s’éteindre. Mais ma colère ne compte pas.

    #parcoursup

  • Près de 200 000 personnes touchées par une panne d’électricité à Paris, Levallois et Neuilly 16 Mai 2018 - France Info
    https://www.francetvinfo.fr/france/ile-de-france/hauts-de-seine/levallois-perret/pres-de-200-000-personnes-touchees-par-une-panne-d-electricite-a-paris-

    Le courant a pu être rétabli chez 172 000 clients « avant 16h20 », puis chez les 4 800 derniers clients privés d’électricité à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) un peu avant 18 heures.

    Privées de courant. Près de 200 000 personnes ont été touchées par une coupure d’électricité, mercredi 16 mai, dans l’après-midi, dans les 8e, 16e et 17e arrondissements parisiens, ainsi que dans les communes de Levallois-Perret et Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Un « incident technique dans un poste électrique de Levallois » est à l’origine de cet incident, qui a débuté à 15h45, explique Réseau de transport d’électricité (RTE), contacté par franceinfo.

    L’incident, dont l’origine n’est toujours pas connue, s’est terminé un peu avant 18 heures . "La mobilisation des équipes de RTE et de Enedis a permis de rétablir l’électricité chez 170 000 clients, avant 16h20", précise aussi RTE, qui alimente en haute tension le réseau électrique. Les 4 800 derniers clients privés d’électricité ont été rétablis moins de deux heures plus tard.

    "Très concrètement, plus personne ne pouvait téléphoner, l’Hôtel de ville était alimenté via le groupe électrogène, raconte à franceinfo Isabelle Balkany, première adjointe au maire de Levallois. _ On a été obligé de faire le tour des équipements pour voir si personne n’était coincé dans les ascenseurs et on a évacué le Conservatoire

    et le Centre aquatique par précaution, parce que tout est électrique." _
    . . .

    #électricité #Levallois-Perret #Paris #Neuilly-sur-Seine #Balkany #déglingue #RTE

    • L’information a été reprise par Le Parisien, Les Echos, BFM . . . pas en 1 er page.
      + Le Figaro : commentaires :

      Michel ASTEGIANO
      Pourtant les Balkany ont la réputation d’être des habitués des petites et grosses coupures à s’en faire des hernies fiscales à force d’en manipuler .

      jlb4337
      J’habite en Charente maritime et les coupures de courant sont de plus en plus fréquentes mais les journaux n’en parlent pas. Le problème c’est qu’on ne connait jamais la ou les causes.

      galite
      Seule solution radicale : Une centrale nucléaire à Longchamps.
      Ben quoi , tous les actionnaires Areva , qui habitent dans le coin , disent que c’est sans danger ...