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  • Annie Métais, voyage au bout de son « enfer » - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/05/16/annie-metais-voyage-au-bout-de-son-enfer_1650592

    Mardi, la cour d’assises des Bouches-du-Rhône va juger cette psychologue et ancienne cadre de la Banque de France pour le meurtre de son ex-mari en 2010. Soutenue par ses enfants, elle raconte une vie de terreur au côté d’un homme aux accès de violences destructeurs.

    Le carrelage de la cuisine est posé. Il reste les joints à faire, les peintures, le jardin à déblayer… Et tout l’étage à finir. Les ouvriers ont pris du retard, alors, jour et nuit, depuis des semaines, Annie Métais met la main au chantier. Tout doit être terminé avant le 22 mai. Ce jour-là, la psychologue de 61 ans est attendue devant les assises des Bouches-du-Rhône. Elle doit y être jugée pour le meurtre de Jacques Métais, son ex-mari et père de ses trois enfants.

    Les faits remontent au 25 septembre 2010. Ce soir-là, sur son catamaran amarré à Bandol, près de Toulon, Jacques Métais meurt étouffé des mains de son ex-femme. Un instant auparavant,il avait les siennes autour de son cou, tentant de l’étrangler après une violente dispute qui a viré au corps à corps. Des tentatives de strangulation, il y en a eu d’autres durant leurs quinze ans de vie commune. Comme souvent dans ses phases maniaques aiguës, Jacques Métais avait beaucoup bu, déliré, insulté son épouse, avant de l’attaquer physiquement. Ce soir-là, dit Annie Métais, c’était lui ou elle. Ce sera Jacques. Pour Annie, désormais, c’est à la justice de décider.

    Cocktail Molotov

    L’ordonnance de mise en accusation ne la ménage pas. Le juge d’instruction valide le récit de la dispute qui tourne mal, mais détaille ensuite comment Annie Métais a enveloppé le corps de son ex-mari avant de le jeter en mer, lesté d’une ancre, puis ses mensonges aux enquêteurs après la découverte du cadavre, dans la rade de Marseille. « Manipulatrice », « sang-froid glaçant », « intelligence supérieure et narcissisme… » Si l’ordonnance confirme les violences de son ex-époux, Annie Métais n’a pas le profil de la « victime idéale ». Sa beauté sévère, son regard bleu perçant, sa maîtrise des mots : les apparences jouent contre elle. « Je sais », renvoie-t-elle tristement. Elle n’aura que deux jours et demi de procès pour raconter aux jurés ce que ne dit pas ce meurtre. La maladie qui saborde le quotidien, la violence, la peur pour les enfants, le renoncement, puis la séparation et une vie, enfin tranquille, qui s’effondre brutalement un soir, parce qu’il fallait sauver sa peau, affirme Annie Métais. « J’aimerais que les jurés puissent comprendre que ce qui m’est arrivé aurait pu arriver à n’importe qui, espère-t-elle. Que personne ne peut prédire ce qu’il aurait fait ou pas fait, soumis à la même histoire que moi. »

    L’histoire d’Annie et de Jacques Métais débute en 1988, dans les couloirs de la Banque de France à Paris. La jeune cadre, déjà mère d’un petit Jonathan, tombe sous le charme de ce veuf brillant qui élève seul ses trois filles depuis le suicide de sa femme, un an plus tôt. Un premier enfant, Samuel, naît de leur amour. Ce n’est que quatre ans après, enceinte de Jonas, qu’elle épouse Jacques et s’installe avec lui. La première alerte, raconte-t-elle, survient très vite. Au rez-de-chaussée de leur immeuble, un bar fait résonner sa musique sous les fenêtres de Jonas, âgé de 3 mois. Jacques, survolté, décide de jeter un cocktail Molotov sur l’établissement. Découvrant le bidon d’essence, sa femme le cache. Ivre de rage, il lui ordonne de le rendre. « J’ai dit non, dit Annie Métais. Et là, il m’a étranglée. Il a serré très fort jusqu’à ce que je cède. » Il finit par jeter son cocktail.« J’ai pensé que c’était un accident… mais je me suis tout de même mise en mode "chien de garde", pour les enfants. »

    Dès lors, la famille vit au rythme de la maladie du père, diagnostiqué maniaco-dépressif. Tantôt sombrant dans une dépression profonde, cloîtré, mutique, tantôt dans une surexcitation aiguë, buvant à outrance, claquant l’argent du ménage et jouant avec sa vie. Annie : « Il pouvait rouler ivre à contresens, provoquer plus fort que lui… Dans ces phases maniaques, on est Dieu… On a des idées délirantes et on s’attaque à quiconque viendrait s’y opposer. Et c’était moi. » Car elle lui tient tête. D’abord pour les enfants, « pour ne pas banaliser cet exemple paternel ». Et parce que les réactions de son mari sont imprévisibles. « Ce n’était pas une violence permanente, insiste-t-elle. Pour un même acte, il pouvait partir dans un éclat de rire ou dans une rage folle. Parfois, ça passait. Parfois non. »

    Entre-deux-crises

    Quand la rage l’emporte, la famille est en première ligne. Annie Métais évoque des flots d’insultes, des menaces de mort dans le meilleur des cas, des attaques à la tronçonneuse ou à la hache quand la situation dégénère. « J’ai eu peur une bonne partie de mon enfance, confirme Jonathan, 32 ans aujourd’hui. Pour ma mère surtout, qui subissait les violences les plus graves. Pour nous aussi. Gamins, on a eu des certificats médicaux qui ne sont pas jolis à voir… » Souvent, il faut fuir par la fenêtre, se réfugier la nuit à l’hôtel. La police est régulièrement alertée. Jacques Métais fait même de la prison, des séjours en psychiatrie. « Il y a eu des réponses, concède Jonathan, mais pas assez fermes. Et puis ma mère retirait souvent ses plaintes… Quand on n’a pas vécu ça, on ne peut pas comprendre. Elle pensait qu’elle allait le sauver. » Pendant des années, Annie Métais se raccroche à ces entre-deux-crises, quand son mari révèle « son vrai lui ». Dans l’espoir né de ces parenthèses, elle décide de quitter la Banque de France pour installer la famille à Meyreuil, dans la campagne aixoise. Mais le Sud n’apaise rien. La bipolarité de Jacques Métais, qu’il refuse de soigner, le coupe de toute relation sociale. Ses trois filles aussi, plus tard, rompront tout contact. Son épouse finit par capituler : en 2006, le couple se sépare et Jacques part s’installer aux Baléares.

    Mensonge

    A Meyreuil, c’est le soulagement. Annie Métais reprend des études en psychologie. Avec Jacques, les relations s’apaisent. Il semble se stabiliser, s’investit dans l’éducation des enfants, accueille même Jonas pour un trimestre à Minorque. Elle y croit tant qu’en 2010, alors qu’elle doit s’éloigner quelques mois pour valider son stage de master, elle demande à son ex-mari de venir prendre le relais auprès de leur fils Jonas, qui entre en seconde. Mais quand il débarque en septembre, elle comprend que« l’enfer est de retour ». « C’était le délire comme on l’avait connu, raconte-t-elle. D’autant plus insupportable que ça me replongeait des années en arrière… » Le week-end approche et les deux grands, étudiants à Marseille, vont rentrer. Pour éviter les confrontations, Annie propose à Jacques de partir avec elle sur son catamaran. « Je voulais préserver les enfants du risque d’une explosion à la maison,explique-t-elle. Et l’explosion a eu lieu sur le bateau, avec moi. »

    Annie Métais a du mal à se remémorer en détail cette soirée. Elle se souvient surtout du silence, après la mort : « Jacques n’avait plus qu’un poumon depuis son cancer, il souffrait d’insuffisance respiratoire. On pouvait l’entendre respirer dans la pièce à côté. Là, plus rien… » Épouvantée, elle s’enfuit. Puis revient, ne sait plus quoi faire, rentre chez elle, tente de réfléchir. Surtout, ne rien dire aux enfants. « C’était déjà impossible pour moi d’assumer, alors pour eux… Et puis j’étais révoltée contre le sort : on avait réussi à s’en sortir, et là, cette catastrophe allait démolir leur vie. » Elle décide de dissimuler le corps. Une semaine plus tard, quand la police se présente à son domicile, elle raconte n’avoir plus vu son ex-mari depuis qu’elle l’a déposé à l’aéroport, quelques jours auparavant. « Ma hantise, c’était que Jonas, mineur, soit placé, explique-t-elle. J e voulais tenir jusqu’à son bac. »

    Ce mensonge, elle s’y accroche huit mois durant, devant ses enfants et face aux enquêteurs. Mais les preuves s’accumulent : en mai 2011, elle est placée en garde à vue et finit par avouer. A peine arrivée aux Baumettes, elle écrit à ses fils pour leur demander pardon. Leur soutien, immédiat, sera sans faille. Au bout de dix-huit mois de préventive, elle obtient sa libération sous contrôle judiciaire. Depuis sa sortie en 2012, la sexagénaire, qui a passé son diplôme en prison, s’est installée comme psychologue. Quand la date du procès tombe, en octobre dernier, la famille se met en ordre de bataille. Jonathan a quitté son travail à Briançon avec femme et enfants pour s’installer à Meyreuil. Si sa mère est condamnée lourdement, elle ne pourra pas être incarcérée aux Baumettes - pour les femmes, seules les courtes peines y sont effectuées. Ce sera Paris ou Lyon. Il faudra veiller sur Jonas, qui vit toujours à Meyreuil. Cette semaine, la psy a arrêté ses consultations. Les travaux dans la maison devaient assurer une rentrée locative palliant la perte de ses revenus. Si le chantier se termine enfin, il lui restera encore quelques jours pour préparer son procès.

    Partie civile

    Annie Métais encourt la perpétuité, le #meurtre sur conjoint étant une circonstance aggravante. Jonathan, pour qui l’affaire Jacqueline Sauvage (1) a fait bouger les lignes, espère une peine courte, symbolique. « Je peux entendre que la justice doit répondre à un acte répréhensible, mais là, c’est la double peine. Ma mère s’est fait tabasser pendant quinze ans et quand elle se défend, elle part en prison ? » dénonce le jeune homme, qui s’est porté partie civile avec ses frères. Le sens de la peine, c’est aussi ce que questionne Me Olivier Lantelme, l’avocat d’Annie Métais : « Elle ne représente aucun danger pour la société. Elle est madame Tout-le-Monde, personne n’est à l’abri d’un passage à l’acte. Il faut les laisser libres, elle et ses trois garçons. Pas besoin de rajouter des barreaux au malheur. »Annie Métais, elle, a déjà choisi sa peine : « Toute ma vie, je me sentirai coupable au fond de moi, quoi que décide la justice. Je lui ai ôté la vie, même si je ne l’ai pas voulu, même si je n’ai fait que réagir par instinct de survie. J’aurai toujours le regret et la douleur que Jacques ne soit plus là… »
    Photo Olivier MONGE. myop
    Stéphanie Harounyan Correspondante à Marseille

    Il y a quand même un sacré problème d’éducation chez nous les femmes pour qu’on essaie sempiternellement de sauver, aider, soutenir nos conjoints même quand c’est à nos dépens. Cette illusion qu’il va changer, que je peux le "sauver" de sa maladie, de sa violence, de son alcoolisme etc. Il est urgent d’éduquer les filles pour qu’elles soient un peu plus égoïstes ou du moins qu’elles aient un instinct de préservation/conservation minimal envers leur propre personne. Qu’elles s’aiment avant toute chose et après elles pourront aimer qui elles veulent.
    #violences_conjugales #légitime_défense #patriarcat #procès #cour_d_assise

  • Stefan #Zweig : « Avant 1914, la terre appartenait à tous ses habitants » | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/olivier-beuvelet/blog/181216/stefan-zweig-avant-1914-la-terre-appartenait-tous-ses-habitants

    Et de fait, rien ne rend peut-être plus palpable l’énorme régression dans laquelle est entrée l’humanité depuis la première guerre mondiale que les restrictions apportées à la liberté de mouvement des hommes et à leurs libertés. Avant 1914, la #terre appartenait à tous ses habitants. Chacun allait où il voulait et y restait aussi longtemps qu’il voulait. Il n’y avait pas de permissions, pas d’autorisations, et cela m’amuse toujours de voir l’étonnement des jeunes lorsque je leur raconte qu’avant #1914, je voyageais en Inde et en Amérique sans avoir de passeport et même n’en avais jamais vu aucun. On montait dans le train et on en descendait sans rien demander, sans qu’on vous demandât rien, on n’avait pas à remplir un seul de ces centaines de papiers qu’on réclame aujourd’hui. Il n’y avait ni permis, ni #visas, ni tracasseries ; ces mêmes #frontières qui, avec leurs douaniers, leur #police, leurs postes de #gendarmerie, sont aujourd’hui transformées en réseau de barbelés en raison de la #méfiance_pathologique de tous envers tous, n’étaient rien d’autre que des lignes symboliques qu’on traversait avec autant d’insouciance que le méridien de Greenwich. C’est seulement après la guerre que le monde se vit bouleversé par le national-socialisme, et le premier phénomène qu’engendra cette épidémie spirituelle de notre siècle fut la #xénophobie : la haine ou du moins la peur de l’autre. On se défendait partout contre l’étranger, partout on l’excluait. Toutes les humiliations qu’autrefois on avait inventées exclusivement contre les criminels, on les infligeait maintenant à tous les voyageurs avant et pendant le voyage. Il fallait se faire photographier de droite et de gauche, de profil et de face, les cheveux coupés assez court pour que l’oreille fût visible, il fallait donner ses empreintes digitales, d’abord le pouce seul, puis les dix doigts, il fallait en plus présenter des certificats : de santé, de vaccination, de police, de bonne vie et mœurs, des recommandations, il fallait pouvoir présenter des invitations et des adresses de parents, il fallait fournir des garanties morales et financières, remplir des formulaires et les signer en trois, quatre exemplaires, et s’il manquait ne fût-ce qu’une feuille de ce tas de paperasses, on était perdu. »

    Stefan Zweig, Le monde d’hier, souvenir d’un européen, Folio-Essais n° 616, p. 530-532.

  • Flashback vs Flashball | Se défendre de la police
    https://collectif8juillet.wordpress.com/2018/05/16/flashback-vs-flashball

    FLASHBACK VS FLASHBALL

    16 mai 2018 · par huitjuillet · dans Uncategorized · Poster un commentaire
    Tribune du collectif 8 juillet. Fin 2016, trois policiers ont été jugés et condamnés par le TGI de Bobigny pour avoir tiré au Flashball et blessé six personnes, dont l’une a perdu un œil, le soir du 8 juillet 2009 à Montreuil. Les policiers ont fait appel. Au premier jour de ce nouveau procès, nous revenons sur « la défense » des policiers et ce qu’elle dit de la violence qu’ils exercent au quotidien. Collectif Huit Juillet.

    Ici deux mondes s’affrontent : les forces de l’ordre et des gens dont la passion est de déstabiliser l’ordre. Franck Liénard, avocat de Patrice Le Gall.

    Il faut imaginer cette salle remplie de policiers armés venus soutenir leurs collègues, ajoutés à d’autres policiers en service que rien ne distingue des précédents, ajoutés à ceux habituellement en charge des procès, ajoutés au peloton de CRS présents à l’extérieur comme à l’intérieur du tribunal, pour mesurer notre sentiment d’insécurité. Mais une fois n’est pas coutume, et à la faveur d’un rapport de force obtenu grâce à de nombreuses interventions publiques, un protocole relativement égalitaire est mis en place. Une moitié de la salle est réservée aux soutiens des victimes, l’autre à ceux des policiers. Alors qu’ils sont en charge de ce protocole, les policiers ne le respecteront évidemment pas et c’est à deux reprises que nous obtiendrons que la salle soit vidée et les soutiens des deux partis strictement recomptés. Ce moment dont chacun aura pu mesurer le caractère exceptionnel est à l’image du combat que mènent les collectifs et les familles contre l’impunité policière. Le corps policier en charge de tous les actes de la procédure est à tout moment susceptible d’exercer des menaces et des pressions, de brouiller les pistes par des procès-verbaux mensongers, des manipulations de preuve, des expertises partisanes et autres chausse-trappes judiciaires… Ce n’est qu’en mettant en lumière les petites combines, magouilles et autres arrangements qui font l’ordinaire de l’impunité policière que les familles arrivent parfois à rompre les solidarités corporatistes et contraindre les magistrats à instruire les dossiers.

    #toctoc suggèrent les #blessés du 8 juillet 2009 actuellement en #procès
    #police #flashball « #armes_non_létales » #justice

    • Eborgné par un Flash-Ball : de la prison avec sursis requise contre les policiers, JÉRÔME HOURDEAUX, Mediapart

      En juillet 2009, la police intervenait pour disperser une manifestation pacifique à Montreuil. Six tirs de Flash-Ball feront six blessés. L’un d’entre eux est énucléé. Alors que les policiers affirmaient avoir eu affaire à un groupe armé, l’enquête avait montré le caractère disproportionné de l’opération.

      C’est le procès du Flash-Ball qui s’est tenu, du mercredi 16 au vendredi 18 mai, devant la cour d’appel de Paris. La justice rejugeait trois policiers accusés d’avoir tiré sur des manifestants à Montreuil en juillet 2009, éborgnant l’un d’entre eux. L’avocate générale a requis à l’encontre des prévenus des peines allant de sept mois à deux ans de prison avec sursis, assorties, selon les cas, d’une à deux années d’interdiction de port d’arme.

      « C’est une arme stupide entre les mains de gens qui ne sont pas formés », s’est indigné Laurent-Franck Liénard, avocat du policier Patrice Le Gall, affirmant en avoir réclamé « l’interdiction à cor et à cri depuis des années ». Me Frédéric Gabet, avocat de Julien Vanderbergh, un autre policier poursuivi, a quant à lui affirmé que l’on faisait peser sur son client « des fautes collectives, des fautes de la hiérarchie ». « Cet outil n’aurait jamais dû être entre leurs mains ». « Comment peut-on laisser une arme d’une telle nature à des policiers ? », a de son côté lancé Me Didier Robiquet, défenseur d’un troisième représentant des forces de l’ordre jugé, Mickaël Gallet. « C’est une arme dont ils ne devraient pas avoir à se servir. »

      Et pour cause. Le 8 juillet 2009, dans le quartier de la Croix-de-Chavaux à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, ces trois policiers ont chacun fait usage à deux reprises de leurs Flash-Ball. Les tirs ont fait six blessés, dont un gravement, le réalisateur alors âgé de 34 ans Joachim Gatti, énucléé de l’œil droit.

      Pour ces faits, les policiers ont déjà été condamnés, le 16 décembre 2016, par le tribunal de Bobigny. Patrice Le Gall avait été condamné à 15 mois de prison avec sursis et 18 mois d’interdiction de port d’arme pour avoir tiré sur deux manifestants, dont Joachim Gatti. Mikhaël Gallet avait, lui, écopé de 10 mois de prison avec sursis et 12 mois d’interdiction de port d’arme pour avoir blessé un manifestant à la clavicule, le tribunal n’ayant pas pu établir de lien définitif entre son second tir et un autre blessé. Enfin, Julien Vanderbergh avait été condamné à 7 mois de prison avec sursis pour avoir blessé une manifestante à la jambe, son second tir n’ayant pas pu, là encore, être relié au sixième manifestant blessé.

      Ce jugement avait été rendu après six jours d’audiences marquées par de nombreux incidents entre les soutiens des victimes, rassemblés au sein du Collectif 8 juillet, et ceux des policiers, tous venus en masse. Les audiences avaient été perturbées par des bousculades et quelques altercations.

      Pour ce procès en appel, la tension était encore présente mais beaucoup moins vive. Une demi-heure avant le début de l’audience, une dizaine de policiers en civil attendent devant la salle tandis que les soutiens de victimes attendent à l’extérieur, sur les marches du Palais de justice. À l’ouverture des portes, entre 50 et 70 personnes font la queue, parmi lesquelles pour part égale des soutiens des policiers et des victimes.

      Pour le reste, ce procès en appel n’a réservé que peu de surprises. Accusation et défense sont restées sur les mêmes positions irréconciliables qu’en première instance. Face à des versions diamétralement opposées, l’avocate générale a, dans son réquisitoire, donné une chronologie détaillée de cette journée du 8 juillet 2009. « À l’issue de ces trois jours, avons-nous une vision globale des événements de la journée ? Je pense que oui », a-t-elle estimé.

      Celle-ci avait débuté par l’évacuation, tôt dans la matinée, d’une clinique désaffectée située non loin de la Croix-de-Chavaux, au 42, boulevard Chanzy, occupée par une quinzaine de personnes qui l’avaient transformée en un lieu proposant diverses activités sociales. L’opération se déroule sans encombre, les manifestants n’opposant aucune résistance. Les entrées de l’immeuble sont immédiatement murées et des vigiles privés sont affectés à sa surveillance.

      Dans le courant de l’après-midi, la police apprend que s’organise pour le soir même à la Croix-de-Chavaux un repas festif en soutien aux expulsés. À 18 h 50, un briefing est organisé au commissariat pour organiser la surveillance de l’événement. Celui-ci débute à 19 heures. Une cinquantaine de personnes sont réunies dans une ambiance détendue, sans tension. La police, pointe l’avocate générale, fait alors état d’une « manifestation festive, amicale, conviviale ». À 21 h 15, précise-t-elle, le dispositif de surveillance est même allégé.

      Puis, à 22 h 15, alors qu’une trentaine de policiers sont impliqués dans l’opération, les manifestants tirent en l’air un feu d’artifice et commencent à converger vers la clinique située non loin. Là, ils se trouvent devant une grille fermée et invectivent les gardiens. L’un d’eux va chercher son chien et tient à distance les manifestants qui restent à l’extérieur.

      C’est à ce moment-là que les versions divergent. Les deux vigiles décrivent un groupe de manifestants armés et prêts à en découdre et affirment n’avoir été sauvés que par l’arrivée des policiers. « Je craignais pour ma vie », affirmera l’un d’eux dans sa déposition. À l’arrivée des renforts, les manifestants auraient attaqué les policiers avec des projectiles en avançant vers eux. Une première personne est interpellée et maintenue au sol. Immédiatement, des policiers se placent autour avec des boucliers.

      Patrice Le Gall est le premier des trois accusés à arriver sur les lieux. Il se réfugie derrière les boucliers et tire une première fois, recule et tire une seconde fois. Les deux tirs font deux blessés. Le premier tombe et se relève en criant « ils tirent à la tête ». Le second tir atteint Joachim Gatti qui est immédiatement évacué par des amis et installé en terrasse d’un café en attendant les secours. « La situation est maîtrisée très vite », souligne l’avocate générale. « En 13 minutes », durant lesquelles les six tirs de Flash-Ball seront tirés Croix-de-Chavaux et place du Marché, située à quelques dizaines de mètres.

      Pour justifier la violence de cette intervention, les accusés, et leur hiérarchie, ont constamment affirmé avoir eu affaire à un groupe de manifestants violents et armés, avançant sur les forces de l’ordre pour chercher l’affrontement. Le procès-verbal de synthèse de la soirée faisait ainsi état d’un « attroupement armé » jetant « une pluie de projectiles » sur les forces de l’ordre, d’un rassemblement se transformant en « violences urbaines ».

      Le problème est que cette version a été en grande partie démontée par l’enquête de l’Inspection générale des services (IGS), depuis devenue l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Tout d’abord, les constatations sur les lieux des affrontements n’ont pas permis de retrouver les traces des affrontements rapportés par la police. Aucune trace de pétards, ni de canettes de bière dont les manifestants auraient arrosé les forces de l’ordre. « On ne retrouve rien sur la place. Rien », insiste l’avocate générale. « C’est tout de même étonnant qu’après une situation qu’on nous décrit comme apocalyptique, on n’ait aucun élément matériel. »

      Ensuite, la quinzaine de témoignages de riverains recueillis par l’IGS contredisent totalement la version des policiers. Il n’y avait « pas vu d’individu cagoulé, pas d’individu armé », affirme l’un deux. « Les manifestants ont reculé rapidement », raconte un autre. « Lorsque les manifestants voient que les policiers s’équipent, ils comprennent qu’ils ne pourront pas rester », témoigne un troisième. Encore plus gênant, quatre policiers ont donné des versions totalement contradictoires avec celles de leurs collègues. « À aucun moment, je ne me suis senti menacé », reconnaît ainsi l’un deux. Un autre affirme qu’il n’y a eu « aucun contact physique » entre manifestants et policiers.

      Malgré ces témoignages, les trois accusés n’ont pas fait varier d’un iota leur version des faits. Julien Vanderbergh se tient droit comme un « i » devant les juges à qui il répond avec le vocabulaire et la précision d’un procès-verbal. Le policier se souvient dans le moindre détail de cette journée. À l’époque affecté à la BAC de Rosny-sous-Bois, il prend son service à 19 h 20. Il est en patrouille avec trois autres policiers quand, à 22 heures, il est appelé pour un « renfort collègues » à Montreuil.

      Arrivé sur les lieux, la voiture se trouve « bloquée par l’afflux de manifestants ». Le policier sort alors du véhicule et se dit « immédiatement reconnu par des manifestants capuchés hostiles ». Il aurait également été la cible de jets de projectiles qu’il n’arrive pas à identifier. « Je tire alors sur un manifestant qui jetait des projectiles », raconte Julien Vanderbergh qui voit sa cible tomber, touchée à la jambe. Le policier se décale et est la cible d’une canette qui tombe juste à côté de lui. Il tire sur un autre manifestant qu’il voit lancer un projectile. Puis « cet individu prend la fuite en courant ».

      Confronté aux témoignages qui décrivent des manifestants fuyant devant les policiers dès le premier tir, alors qu’il affirme que ceux-ci avançaient vers les policiers, Julien Vanderbergh se tend. « Ils sont habitués à ce genre d’événement », affirme-t-il. « Qui ça “ils” ? », rebondit immédiatement l’avocate des victimes. « De qui parlez-vous ? » « Des manifestants », tente de se reprendre le policier. Et pourquoi ce second tir de Flash-Ball, alors que les manifestants couraient ? « Si je l’utilise une deuxième fois, c’est qu’ils n’ont pas peur », lâche le policier.

      Les avocats de la défense ont alors tenté de semer le trouve en insistant sur le témoignage des deux vigiles. À les entendre, ce dossier serait même en grande partie montée de toutes pièces par les victimes. Me Didier Robiquet les a ainsi qualifiés de « pseudo-victimes ». « Les six victimes sont six plaignants qui veulent exprimer leur haine et faire condamner la police », a-t-il lancé avant d’accuser : « On a recruté a posteriori des victimes pour correspondre au nombre de tirs. »

      L’avocat de Patrice Le Gall, Me Liénard, a, lui, débuté sa plaidoirie en faisant part de sa compassion pour les victimes. « La blessure de M. Gatti m’est insupportable », a-t-il affirmé avant de tout de suite repartir à l’attaque en donnant à la cour une exemplaire de Paris Match montrant un CRS en flammes après un jet de cocktail Molotov lors d’une manifestation. « La violence est des deux côtés », enchaîne l’avocat, rappelant que 30 policiers sont blessés chaque jour en France.

      Me Liénard a ensuite tenté de semer le trouble dans l’attribution de la blessure de Joachim Gatti au tir de son client en se basant sur le témoignage divergeant d’un serveur de café. Celui-ci avait en effet déclaré qu’un des tirs aurait manqué sa cible pour frapper la vitrine d’un restaurant, remettant ainsi en cause le décompte et brouillant l’attribution de blessures. Pour Me Liénard, ce témoignage peut être la preuve de la présence d’un « quatrième tireur », une « brebis galeuse » parmi les policiers qui aurait dissimulé son geste en rentrant au commissariat. Sa seconde hypothèse est que Joachim Gatti est une « victime collatérale ». Le tir ne l’aurait pas visé, et serait ainsi « légitime », et Joachim Gatti a été « touché au loin ».

      « M. Gatti est considéré comme un dommage collatéral. C’est inacceptable », a de son côté plaidé Irène Terrel, avocate des victimes avant de distribuer à la cour des photographies en couleur de la blessure du jeune homme au lendemain des faits. « M. Gatti a été défiguré », poursuit-elle. « Il était caméraman. L’œil droit, c’est l’œil directeur. Il a dû tout abandonner. » Face aux dénégations des policiers, les deux avocates de la défense ont rappelé les conclusions de l’enquête de l’IGS. « Tous les témoins extérieurs viennent nous dire la même chose que les victimes : “on n’a pas compris, il n’y avait pas de tension, pas de violences” », a souligne Me Terrel. « Est-il conciliable avec la déontologie de bâtir son impunité sur un mensonge ? », a interrogé l’avocate en s’étonnant que des poursuites n’aient pas été engagées pour faux témoignages.

      Me Émilie Bonvarlet est, elle, revenue sur les déclarations de Julien Vanderbergh. « Quand il dit : “Ces individus sont habitués”, ça veut dire quoi ? », a attaqué l’avocate. « Il a tiré sur ce que représentaient ces gens-là, par pour ce qu’ils faisaient », a-t-elle poursuivi. « À l’époque, Michèle Alliot-Marie agitait ce qu’elle appelait l’ultra-gauche. C’est sur eux qu’ils tirent. » Pour Me Bonvarlet, les policiers se sont livrés à une « chasse à l’anarcho ». « M. Vanderbergh nous le confirme. »

      Défense et parties civiles se sont pourtant rejointes sur un point : la dangerosité du Flash-Ball. Lors de son réquisitoire, l’avocate générale a notamment rappelé que pour pouvoir être habilités à utiliser cette arme, les policiers n’avaient besoin que de suivre une formation de six heures. Et aucune formation de mise à niveau n’est prévue. « Les trois policiers présents n’ont jamais eu de stage depuis leur habilitation », a-t-elle souligné. « Il est tout de même étonnant de doter des policiers d’une telle arme sans contrôler cela. » Les avocats ont également souligné le manque de précision du Flash-Ball. « À 10 mètres, si vous visez le thorax, vous touchez l’œil », a ainsi affirmé Me Liénard.

      Cela fait plusieurs années que des voix demandent le retrait de cette arme de la dotation des policiers. Au mois de janvier dernier, le Défenseur des droits avait rendu un rapport sur le maintien de l’ordre à l’occasion duquel le gouvernement lui avait annoncé le retrait progressif du Flash-Ball au sein de la police nationale. Il « devrait totalement disparaître de la dotation dans le courant de l’année 2018 », affirmait le rapport. En revanche, cette arme restera disponible pour les gendarmes. Le rapport estimait « nécessaire » « un retrait du Flash-Ball superpro pour l’ensemble des effectifs de la gendarmerie nationale dans les opérations de maintien de l’ordre ».
      De plus, le Flash-Ball est déjà remplacé par un lanceur de balles de défense très semblable, censé être plus précis : le LBD 40×46. Mais pour le Défenseur des droits, cette arme pose des problèmes identiques, notamment lors d’usages face à une foule de manifestants.

      « Les débats ont été beaucoup plus courts », a regretté Me Émilie Bonvarlet au sortir de la dernière journée d’audience. « Nous avons eu moins de temps pour démonter cette construction d’une forme d’émeute quasi insurrectionnelle. Le mensonge collectif n’a pas été assez souligné. »

      L’avocate regrette également que le parquet n’ait pas requis une interdiction d’exercer. « Du point de vue des victimes, on estimait qu’ils ne devraient plus être policiers. Qu’est-ce qu’on peut espérer comme sanctions administratives ? Malheureusement, pas grand-chose. À Mayotte, un policier condamné pour avoir tiré au Flash-Ball sur un enfant de 9 ans, qui avait perdu un œil, n’a écopé que d’un blâme. »

      Le verdict sera rendu le 21 juin

      .

    • Étude: 3% des personnes blessées par un tir de flashball décèdent
      https://www.lexpress.fr/actualite/societe/etude-3-des-personnes-blessees-par-un-tir-de-flashball-decedent_1970176.htm

      Parmi les blessés, les dégâts sont aussi considérables. 6% d’entre eux subissent une infirmité permanente, souvent au niveau de la tête, du cou ou du thorax.

      Trois personnes sur cent touchées et blessées par une balle en caoutchouc tirée depuis un flashball décèdent. C’est du moins ce qu’ont conclu des chercheurs américains dans une étude publiée mardi dans la revue médicale britannique BMJ Open.

  • SSI | Mineur-e-s non accompagné-e-s : l’intégration durable reléguée au second plan
    https://asile.ch/2018/05/15/ssi-mineur-e-s-non-accompagne-e-s-lintegration-durable-releguee-au-second-plan

    La prise en charge des mineur-e-s non accompagné-e-s (MNA) dans le domaine de l’asile varie considérablement d’un canton à l’autre. Le Service social international propose désormais une cartographie de la prise en charge des mineur-e-s non accompagné-e-s (MNA) par les différents cantons suisses, qui se veut un point de départ vers une harmonisation de cet accompagnement. […]

    • Encadrement | Des #disparités_cantonales conséquentes

      Avec des demandes d’asile en hausse en 2015 et 2016, les cantons ont dû adapter leurs structures pour offrir aux requérants d’asile mineurs non accompagnés (RMNA) un accueil adapté à leur vulnérabilité. Le Service Social International (SSI) a réédité en 2017 son « Manuel de prise en charge » centré autour de l’enfant, de ses droits, et de sa nécessaire protection. Il y rappelle que ces jeunes sont « d’abord des enfants avant d’être des réfugié-e-s ». Dans la lignée, le SSI a effectué un recensement cartographié des pratiques cantonales en matière d’hébergement, de soins, de scolarisation, etc., à partir duquel il a rédigé un « Catalogue des bonnes pratiques [1] ». Son constat relève de grandes disparités de prise en charge, qui parfois « relèguent au second plan » l’intégration des mineurs isolés. Quelques illustrations cantonales.

      Le canton de #Berne a mis en place dès 2016 un « hébergement adapté durant la phase d’accueil et d’orientation, avec un accent sur l’identification des besoins, l’aide médicale, l’orientation et l’acquisition de compétences » selon le Catalogue de bonnes pratiques établis par le SSI.

      Cet encadrement engendre des coûts supplémentaires, jusque-là non couverts par le forfait de la Confédération. Le nouvel agenda intégration, qui sera mis en œuvre dès 2019, prévoit une part supplémentaire de financement aux cantons pour l’encadrement des RMNA. L’UDC a déjà demandé de réduire la part cantonale.

      Le canton de #Fribourg a réuni en mars 2017 des états généraux réunissant des acteurs des milieux scolaires, sanitaires, judiciaires et de l’asile. Un programme intitulé « Envole-moi » en a émergé en 2018. Ambitieux, il se focalise sur l’autonomisation et la prévention des comportements à risque pour dans un deuxième temps développer la responsabilisation des jeunes et les guider vers l’intégration sociale et professionnelle au moyen de la formation. Aspect innovant du projet : il pourra concerner des jeunes au-delà de la majorité, jusqu’à 25 ans.

      Dans le canton de #Vaud, la situation a été explosive en 2016, lorsque plusieurs jeunes d’un foyer MNA ont tenté de mettre fin à leurs jours. Dénonçant un encadrement socio-éducatif insuffisant notamment, les travailleurs sociaux employés dans ces foyers gérés par l’EVAM, soutenus par le syndicat SSP, obtiennent en janvier 2017 un renforce- ment de la présence éducative par le Conseil d’État. Suite à une année 2017 tendue entre la direction et ses employés, le SSP sollicite à nouveau le Conseil d’État. Celui-ci lui répond en janvier 2018 que l’égalité de traitement appliquée s’établit sur la norme des autres migrants et non plus sur celle des foyers pour mineurs : les jeunes arrivés en Suisse sans leur famille ne sont plus traités comme des enfants avant tout. En février 2018, l’annonce de la fermeture d’un des quatre foyers, engendrant de facto une augmentation du nombre d’enfants au sein des trois autres foyers, et la suppression de postes relatifs déclenchent une grève chez les travailleurs. À ce jour, les revendications concernant l’amélioratio

      https://asile.ch/2018/12/10/encadrement-des-disparites-cantonales-consequentes

    • MNA : catalogue de #bonnes_pratiques

      Des différences significatives en matière d’hébergement, d’encadrement et de formation pour les mineurs non accompagnés (MNA) persistent dans les cantons. Inégalités de traitement et défis liés au respect des droits de l’enfant en sont les conséquences.

      Le catalogue de bonnes pratiques aborde la problématique de ces disparités cantonales : il met en lumière les principales offres existantes et montre des pistes de solutions qui prennent en compte le besoin de protection spécifique des MNA. Son ambition est d‘illustrer comment une prise en charge de ces jeunes, centrée sur leurs besoins et intérêts, est possible malgré les différentes structures et ressources cantonales. Le projet a ainsi pour but de contribuer à harmoniser la qualité de l’encadrement et le respect des droits de l’enfant à l’échelle nationale, selon les recommandations de la CDAS et du Manuel de prise en charge des enfants séparés du Service Social International (SSI).

      Les fiches de bonnes pratiques décrivent des projets, services et initiatives prometteurs. Les pratiques évaluées comme « prometteuses » sont celles qui favorisent la prise en charge centrée sur l’enfant et le jeune dans les cantons, en présentant les caractéristiques suivantes : elles sont facilement réplicables ou particulièrement efficaces, favorisent le soutien individuel des MNA, sont inclusives en termes de statut ou de catégorie d’âge, encouragent la participation active des MNA et/ou incitent la mise en réseau des acteurs en charge de l’encadrement des MNA.

      Les pratiques documentées sont une sélection d’exemples non exhaustifs, se fondant sur une cartographie du SSI relative aux structures cantonales de prise en charge pour MNA (Mappings cantonaux). Au vu du caractère volatile du domaine de l’asile, beaucoup d’entre elles se trouvent encore en phase d’essai. De ce fait, et compte tenu du grand nombre d’autres « bonnes pratiques » existantes, le catalogue sera complété de façon continue.


      https://www.ssi-suisse.org/fr/mna-catalogue-de-bonnes-pratiques/155

    • La Suisse empruntée face à des mineurs étrangers isolés

      Entre 2016 et 2018, plus de 3000 mineurs isolés ont demandé l’asile en Suisse. À cette population, s’ajoutent des centaines de jeunes venus seuls du Maghreb. Genève est la première touchée par cette migration. Les autorités sont accusées d’inertie.

      Les mineurs qui arrivent seuls en Suisse se divisent en deux catégories. Ceux qui sont éligibles à l’asile en raison de leur pays d’origine sont considérés comme des requérants d’asile mineurs non accompagnés (RMNA). Ils ont accès à un toit, à des repas, à une scolarisation et à des prestations sociales. En 2015, ils furent 2700 à déposer une demande d’asile, dont une majorité de garçons de 16 à 17 ans originaires d’Érythrée.

      Les autres sont des mineurs non accompagnés (MNA), non éligibles à l’asile en raison de leur pays d’origine, comme par exemple, le Maroc. Ils ne reçoivent pas d’aide sociale et manquent d’un socle de vie. « Les requérants mineurs ont en général grandi avec leur famille, explique Sylvia Serafin, co-directrice de Païdos, association qui offre aux MNA un suivi psychopédagogique et un repas quotidien. En revanche, les MNA sont des adolescents qui ont fui très tôt des situations de rupture familiale. Ils ont vécu des expériences dramatiques durant leur exil et sont, pour la plupart, en situation de stress post-traumatique. Ils nécessitent un accompagnement adapté. » La majorité de ces jeunes proviennent d’Algérie et du Maroc. Ils présentent des carences psychologiques. Ils souffrent aussi de maux liés à leur errance : dents en mauvais état, blessures, affections de la peau. En trois ans, certains sont passés par plus de 15 villes en Europe, relève l’association française Trajectoires.
      Suicide d’un jeune dans un foyer

      En Suisse, Genève concentre l’essentiel des MNA. Deux facteurs explicatifs sont cités : la proximité avec la France et l’usage du français à Genève. Ce phénomène nouveau vient s’ajouter à une autre situation, celle qui a trait aux RMNA. Leur accompagnement subit depuis 2018 le feu des critiques de la part d’associations et de professionnels du social. Au cœur des récriminations : le grand foyer de l’ Étoile, géré par l’Hospice général, où un jeune Afghan s’est suicidé en mars dernier. « Ce suicide d’un jeune est l’événement redouté, mais pas incompréhensible, qui suit quatre années d’épuisement et d’instabilité », ont écrit dans une lettre au Parlement des éducateurs de ce lieu. Le foyer, qui a accueilli jusqu’à 200 requérants d’asile mineurs, a été comparé à une prison. Promiscuité, bruit, chaleur et froid, manque de suivi éducatif, les lieux ne sont pas adaptés. « Ce n’est pas un foyer, dit un témoignage recueilli par la Haute école de travail social auprès d’une jeune requérante, c’est un camp ».

      Selon les associations, dont la Ligue des droits de l’homme, l’ État ne fait pas le nécessaire pour reconnaître et protéger les droits spécifiques de ces mineurs, comme le prévoit la Convention internationale des droits de l’enfant. Créé en 2018, le Collectif Lutte des MNA relève l’absence de procédure et de prestations communes pour ces jeunes. Étudiante en sciences sociales à Lausanne, Julie, 25 ans, a participé à son lancement. « Les MNA sont récupérés dans la rue et sont logés dans des hôtels, gérés par des gens qui ne sont pas formés pour les accueillir et qui les expulsent en cas de problème, raconte-t-elle. Le soir, ils ont droit à un sandwich, le matin, à un petit-déjeuner. Ils ne sont pas scolarisés et les curateurs censés les suivre sont dépassés par le nombre de dossiers. »
      Pas de scolarisation pour les MNA

      Le Département de l’instruction publique précise qu’en règle générale, les mineurs sont logés dans des foyers et que les hôtels ne représentent qu’une solution d’urgence. Début octobre, il a confirmé qu’aucun MNA n’était scolarisé. Le collectif pointe aussi des mises en garde-à-vue « inutiles », quand des jeunes sans papiers d’identité sont appréhendés par la police. Si le problème est uniquement lié au séjour illégal, le Tribunal des mineurs décide en principe de ne pas les poursuivre et les libère, indique une source judiciaire. Avocate, Sophie Bobillier estime qu’il ne peut être reproché à un mineur de séjourner illégalement en Suisse. « Le devoir de protection de l’enfant doit l’emporter », dit-elle. Reçu cet été par une délégation du Conseil d’État, le collectif a demandé aux autorités de fournir à ces jeunes un document reconnu par la police. L’ État a reconnu qu’il était peu souhaitable que des mineurs sous tutelle soient régulièrement condamnés à une infraction de la loi sur les étrangers.
      Des mineurs qui dorment dans la rue

      L’irruption de MNA dans les rues de Genève date du printemps 2018. En mars, des mineurs qui logeaient dans un abri PC d’hiver géré par l’Armée du salut se sont retrouvés sur le pavé. Certains ont été placés à l’hôtel ; d’autres ont dormi dehors ou ont quitté le territoire, rapporte Païdos. Le flux a recommencé. Courant septembre 2019, une vingtaine de nouveaux jeunes ont été accueillis dans des hôtels, selon le Collectif MNA et Païdos. Entre l’été 2018 et 2019, le Service de protection des mineurs rapporte avoir suivi 200 dossiers de jeunes sous curatelle.

      En juin, le Parlement cantonal a soutenu une motion en faveur de l’accueil de ces jeunes. Elle a été votée par la gauche et les partis bourgeois. L’UDC l’a refusée, par crainte d’un appel d’air si une aide était accordée. Responsable de l’Instruction publique, la conseillère d’ État Anne-Torracinta a dénoncé une attitude angélique de la part des associations vis-à-vis de ces migrants. « Ils commettent des délits. C’est une population qui ne veut a priori pas s’intégrer, qui pose énormément des problèmes », a déclaré la socialiste.
      L’ État ouvre un centre d’accueil pour les MNA

      Sous pression, le Canton a annoncé l’ouverture en octobre d’un centre de 25 places destiné à cette population. Il sera destiné à des mineurs de 15 ans à 18 ans. La prise en charge consistera en un accompagnement éducatif adapté. Chaque mineur bénéficiera d’un suivi médical. Dans la foulée, les autorités ont lancé un plan d’action en faveur des RMNA, visant à améliorer leur accueil et l’accès à une formation. Par ailleurs, toujours en octobre, six MNA ont reçu une promesse de scolarisation. C’est une première. Le Conseil d’État considère cependant que tous les MNA ne sont pas désireux d’aller à l’école et souligne qu’il existe des doutes sur leur identité et leur âge.

      En Valais, qui connaît très peu de cas de MNA, le chef du Service de la population se demande si ces mineurs ne seraient pas des résidents français. Dans le canton de Vaud, la question des MNA semble ne pas exister. Basé à Genève, le Service social international prévoit de consacrer sa prochaine conférence en Suisse latine à cette question. L’évènement aura lieu le 12 décembre. Il réunira des curateurs, des travailleurs sociaux et des médecins romands et tessinois.

      https://www.revue.ch/fr/editions/2019/06/detail/news/detail/News/la-suisse-empruntee-face-a-des-mineurs-etrangers-isoles-1

  • Congé parental : la France à la manoeuvre pour bloquer une directive européenne favorable à l’égalité femmes-hommes
    https://www.marianne.net/societe/conge-parental-la-france-la-manoeuvre-pour-bloquer-une-directive-europeenn

    Un projet de directive européenne ambitionne d’élargir le cadre des congés parentaux dans tous les pays membres pour « équilibrer » l’utilisation qui en est faite entre les femmes et les hommes. Sauf qu’elle pourrait ne jamais s’appliquer, la France s’y opposant aux côtés de la Hongrie et de l’Autriche.

    Emmanuel Macron avait décrété l’égalité femme-homme « grande cause » de son quinquennat. A peine un an après son élection comme président de la République, ces bonnes intentions commencent (déjà) à s’écorner. Alors qu’un projet de directive européenne vise à équilibrer le recours aux congés parentaux entre les hommes et les femmes dans toute l’Union européenne (UE), la France s’y oppose et pourrait faire échouer son adoption. « J’en approuve le principe, précisait pourtant le chef de l’Etat, de passage au Parlement européen le 18 avril. Mais les modalités ont un coût qui est potentiellement explosif » pour le système social français.
    Trois types de congés pour toute l’UE

    Ce projet de directive dite « d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle » devait être un des éléments du futur « socle des droits sociaux » minimums communs à tous les pays membres. Face au reproche d’une Europe loin d’être assez « sociale », les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE avaient approuvé toute une série de mesures provenant de la Commission européenne « pour l’égalité » au mois de novembre 2017 à Göteborg (Suède). Trois types de congés devaient être imposés sur tout le territoire. D’abord, un congé paternité de dix jours à la naissance de l’enfant, ce dont la France dispose déjà. Ensuite, un congé parental de quatre mois pour chaque parent, indemnisé sur la base de l’arrêt maladie par les Etats (un couple pourrait ainsi disposer de 8 mois au maximum, à condition que chacun prenne bien 4 mois). Et, enfin, un droit à cinq jours de congé par an pour tout parent ayant à « s’occuper de proches gravement malades ou en situation de dépendance ».

    Pour de nombreux pays européens, ces mesures apparaîtraient comme quasiment révolutionnaires. En Allemagne, en Croatie, en Slovaquie ou en République Tchèque, par exemple, le congé paternité n’existe tout simplement pas. En France aussi, cette directive apporterait quelques avancées sociales en ce qui concerne l’indemnisation des congés parentaux. Aujourd’hui, une fois le congé maternité passé (10 semaines après l’accouchement) ou paternité (11 jours), les parents ont la possibilité de prendre un congé parental pendant un an. Le problème, c’est qu’il n’est que très faiblement indemnisé. En bénéficiant de l’allocation PreParE (prestation partagée d’éducation de l’enfant), ils ne reçoivent que 396,01 euros par mois. Mais si cette directive était adoptée, l’indemnisation mensuelle serait indexée sur la base d’indemnisation des arrêts maladie pendant les quatre premiers mois. Ainsi, le parent recevrait chaque jour, par l’Etat, 50% de son salaire journalier. Soit une indemnité de pratiquement 900 euros pour un salarié touchant habituellement 2.000 euros par mois par exemple. Un coût « insoutenable » pour les caisses françaises selon Emmanuel Macron.

    Un congé parental plus attrayant = moins d’enfants en crèche

    « Faux ! », répond Yann Serieyx, représentant de l’Union nationale des associations familiales françaises (Unaf), auprès de Marianne. Avec 48 autres associations, l’Unaf a adressé une lettre ouverte au président. Ils le prient de rendre possibles ces « avancées sociales » pour « des millions de familles européennes », pour un coût qu’il estime « limité, voire nul » pour les finances françaises. « Si le congé parental est plus attrayant, davantage de pères le prendront et cela libérera des places en crèche. Aujourd’hui, chaque enfant en crèche coûte à l’Etat près de 1.700 euros. C’est considérable », nous explique-t-il.

    Soutenir cette directive, c’est soutenir l’idée que l’éducation d’un enfant se porte à deux.
    Edouard Martin, député européen PSE

    Mais surtout, pour Yann Serieyx, cette directive amènerait la France sur le chemin d’une égalité entre les sexes face aux tâches domestiques. « Une mesure comme celle-ci permettrait la bi-activité des couples. Les deux parents pourraient se permettre de se relayer auprès de l’enfant avant de reprendre leur activité sans de trop grandes pertes d’argent. Cela ne peut qu’améliorer le taux d’activité des femmes après une grossesse », détaille-t-il. Selon une étude menée par l’OCDE en 2016, les hommes ne représentent que 4% des parents qui prennent un congé parental…

    « Soutenir cette directive, c’est soutenir l’idée que l’éducation d’un enfant se porte à deux, à égalité, et ceci quel que soit le sexe des parents », souligne le député européen Edouard Martin (PSE), membre de la commission « Droits de la femme et égalité des genres » au Parlement européen, pour Marianne. Même s’il est un élu français, il a été le premier surpris de la position de son pays sur ce dossier... et de sa stratégie. « La France a coordonné un blocage en réunissant autour d’elle quatorze pays. Si la situation reste telle qu’elle est, le texte ne sera pas examiné au Conseil le 25 mai comme cela était prévu, minorité de blocage oblige », précise-t-il.

    La France a coordonné un blocage en réunissant 14 pays.
    Edouard Martin, député européen PSE

    Mains dans la main avec l’Autriche, l’Allemagne et la Hongrie

    Et les visages des amis de circonstance de Paris ont de quoi surprendre. On y retrouve l’Autriche, dont le gouvernement est composé de ministres d’extrême droite, la Hongrie de Victor Orban, qui s’est distinguée par la récente distribution de manuels scolaires officiels expliquant que « les femmes sont bonnes pour la cuisine, leur rôle c’est de s’occuper de la maison et de faire des enfants », comme l’a signalé L’Obs. Puis toute une bardée d’autres pays de l’est (Croatie, Lettonie, Roumanie, Slovaquie), peu connus pour leurs politiques sociales, et quelques voisins plus proches comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, par exemple.

    Une situation qui étonne. D’autant qu’en janvier dernier, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, disait étudier « toutes les possibilités d’allongement (du congé paternité), mais aussi de meilleures rémunérations ». Contacté, le secrétariat d’Etat n’a pas donné suite à nos sollicitations. Mais déjà à l’époque, elle précisait : « Il ne s’agit pas de dire oui pour faire plaisir à l’opinion ou d’aller vers un totem sans savoir comment le financer. » Tout est là : le budget d’abord, les droits ensuite.
    Article mis à jourLe 03.05.2018 à 08h16

    Invitée de la matinale de France Inter ce jeudi 3 mai, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a soutenu le fait que « la France ne soutient pas, en l’état, cette directive ». Elle argue : « Ce qu’on observe dans certains pays européens latins, c’est que quand on a des politiques familiales dites obligatoires, elles ont l’effet inverse », citant alors la réforme du congé parental de 2014 en France qui portait sa durée de six mois maximum à un an, à condition que les deux parents le prennent. Une mesure qui n’a eu aucun effet selon elle sur les pères, et même plutôt un effet dissuasif du fait de son caractère obligatoire. Une comparaison qui atteint très vite ses limites puisque la directive européenne de 2018 n’entend pas obliger les pères à prendre ces 4 mois de congé parental. Elle vise simplement à les motiver davantage à cesser leur activité grâce à une meilleure indemnisation...

  • Attaque de Toronto : qui sont les Incels, ce groupe de célibataires auquel se réfère le suspect ?
    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/04/24/attaque-de-toronto-qui-sont-les-incels-ce-groupe-de-celibataires-auquel-se-r

    « La rébellion des Incels a déjà commencé. On va renverser tous les “Chads” et “Stacys”. » Ces phrases ont été postées quelques heures avant le drame sur le compte Facebook d’Alek Minassian, l’auteur présumé de l’attaque à la voiture-bélier qui a fait dix morts à Toronto (Canada), lundi 23 avril.

    Les Incels ? Sur Internet, ils sont plusieurs dizaines de milliers à avoir rejoint ces groupes, dont le nom est la contraction de l’expression involuntary celibate (célibataire involontaire). Dans la très grande majorité des cas, il s’agit d’hommes, hétérosexuels, âgés de 18 ans à 35 ans, selon leurs témoignages. Ce qui les rassemble : tenir les femmes pour uniques responsables de leur célibat durable.

    Particulièrement actifs en ligne, ils se retrouvent principalement sur le site Incels.me, interdit aux femmes et qui compte plus de cinq mille membres, mais aussi sur des groupes de la messagerie Discord, et sur le forum 4chan. Sur l’espace de discussion de ce dernier consacré aux Incels, « /r9k/ », des milliers de conversations sont ouvertes chaque jour.
    Haine contre les « Chads » et les « Stacys »

    Si les femmes ne s’engagent pas dans une relation avec eux, c’est uniquement, argumentent les Incels, parce qu’elles sont « diaboliques ». Les posts trouvés sur Internet les qualifient volontiers de « menteuses pathologiques », de « salopes (…) incapables d’aimer ». « [Elles] prennent plaisir à malmener, moquer ou humilier des hommes dès qu’elles le peuvent », résume un internaute.

    Celles qui sont la plupart du temps désignées par l’expression « femoid » (contraction de « femmes » et « humanoïdes », destinée à les déshumaniser) n’accepteraient d’avoir des relations qu’avec un seul type d’hommes : les « Chads ». Il s’agit de jeunes hommes populaires, charmants, à l’aise avec les femmes, et surtout, ayant une vie sexuelle et/ou amoureuse bien remplie. Les Incels les méprisent presque tout autant qu’ils les envient. Les femmes en couple sont, quant à elles, surnommées des « Stacys ».
    Des conseils pour violeurs

    Les discussions sont donc ouvertement misogynes et contiennent même parfois des incitations au harcèlement, ainsi que des glorifications du viol. En novembre 2017, le sous-forum Reddit « Incel », qui comptait quarante mille membres, a été fermé par le site pour « violation des règles d’utilisation ». A l’origine, un banal groupe de support pour les personnes célibataires, il avait commencé à être envahi, expliquait à l’époque au Guardian une porte-parole du site, par des « encouragements, incitations ou appels à la violence (…) contre un individu, ou groupe d’individus » – en l’occurrence les femmes. Le sous-forum « IncelTears », qui dénonce les propos extrêmes des Incels, les avait compilés.

    Sur le site Incels.me, les modérateurs ne semblent, en revanche, pas aussi préoccupés par les abus. Les règles du forum interdisent de parler de ses éventuelles expériences sexuelles passées, d’insulter les autres membres, ou de trop écrire en majuscules. Concernant la violence, il est simplement notifié :

    « Les discussions sur des activités illégales [sont interdites]. Il y a une différence, par exemple, entre “je veux que X meure” et “je vais tuer X”. (…) Les contenus violents ou pornographiques doivent être signalés par le tag NSFW [acronyme utilisé sur Internet pour signaler un contenu qu’on ne montrerait pas à ses collègues]. »

    Ces règles sont floues, et les membres du forum en profitent pour expliquer que, selon eux, « le viol est sûrement cent fois plus plaisant que le sexe classique ». Certains encouragent leurs camarades ayant une vie sexuelle peu satisfaisante d’essayer et postent même des tutoriels détaillant les techniques pour ne pas se faire arrêter par les forces de l’ordre lorsqu’on est un violeur en série.
    Son modèle, le « gentleman suprême »

    Par le passé, des Incels ont déjà franchi d’autres barrières, passant des paroles aux actes. L’un d’entre eux, mentionné dans le post Facebook d’Alek Minassian, s’appelait Elliot Rodger. En mai 2014, à Isla Vista, en Californie, il tuait au couteau, à l’arme à feu et avec une voiture-bélier six personnes et en blessait quatorze autres, hommes et femmes, avant de se suicider.

    Le jour de cette tuerie, Elliot Rodger avait posté sur les réseaux sociaux une vidéo intitulée « Châtiment ». Il y expliquait vouloir se venger des femmes, qui l’avaient toujours « rejeté » et n’avaient « jamais été attirées » par lui. Il qualifiait cela « d’injustice » et de « crime ». « Je suis le mec parfait et pourtant vous préférez vous jeter dans les bras d’hommes odieux plutôt que moi, le gentleman suprême », avait-il alors écrit.

    Sur Incels.me et le forum « /r9k/ » de 4chan, les messages défilent depuis l’attaque à la voiture-bélier de Toronto. Si certains ont estimé que « tuer ne résoudrait rien », et encore moins le célibat, d’autres ont ouvertement soutenu Alek Minassian, évoquant « son sacrifice pour la cause », appelant même à le « vénérer ». « La revanche est douce », a jugé un internaute qui a changé sa photo de profil pour mettre celle d’Alek Minassian à la place. « On se croirait dans un rêve », a soutenu un autre.

    #féminicide #culture_du_viol #male_entitlement #masculinistes #fascisme

    Les medias, police et gouvernement disent que c’est pas un terroriste mais un loup solitaire. Terroriste c’est pour les tueurs machos arabes et/ou musulmans, mais pour les tueurs machos qui n’ont aucun moyen d’etre affilié à l’islam on les valorise en les traitant de loups solitaire.

    • Même sujet sur libé

      Ce n’est en fait pas la première tuerie liée à cette idéologie. En 2014, Elliot Rodger, un étudiant de Santa Barbara avait tué six personnes et blessé 14 autres avant de se donner la mort. On avait retrouvé un long manifeste où il hurlait sa haine des femmes.

      Dans son message Facebook, Alek Minassian fait référence au « supreme gentleman » Elliot Rodger. Derrière le folklore web et les bonnes blagues sur les « chads », il existe bien un terrorisme masculiniste.

      http://an-2000.blogs.liberation.fr/2018/04/25/incels

  • Une nouvelle agression tripartite qui se solde par un échec, par Abdelbari Atwan - Actuarabe
    http://actuarabe.com/une-nouvelle-agression-tripartite-qui-se-solde-par-un-echec

    Premièrement : l’utilisation des armes chimiques comme prétexte pour diriger des frappes militaires comme celles d’aujourd’hui ne sert à rien. Elles ont porté un coup au prestige de l’Amérique et de ses alliés, d’autant qu’elles se sont déroulées le jour où les experts de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques devaient commencer leur enquête et inspecter les lieux du crime supposé. Cela donne l’impression que l’Amérique et ses alliés veulent faire avorter la mission des experts avant qu’elle ne commence.

    Deuxièmement : la vengeance syro-irano-russe prendra peut-être la forme d’une guérilla contre les forces américaines positionnées en Syrie et en Irak, dont le nombre dépasse 8 000 soldats, en plus des civils et des sociétés sous contrat.

    Troisièmement : la Russie va fournir à l’armée arabe syrienne des systèmes de défense aériens modernes dotés des missiles S-300 et S-400 pouvant intercepter tout missile ou avion de chasse visant la Syrie dans le futur, en premier lieu les avions israéliens.

    Quatrièmement : les relations entre la Russie et Israël sont au plus bas car Israël a participé à l’agression et a été informé de sa date. Il a fourni aux agresseurs des renseignements sur la localisation des sites visés.

    Cinquièmement : la Russie devrait peser de tout son poids dans la prochaine tentative de l’armée syrienne et de ses alliés de reprendre la ville d’Idlib et la région de Daraa, vers la frontière jordanienne, en réponse à cette attaque tripartite américaine.

    Sixièmement : suite au bombardement de l’aéroport militaire de Tayfour, près de Homs, dans lequel sept Iraniens et quatorze soldats syriens sont tombés en martyrs, l’Iran est entré en confrontation avec l’Etat israélien d’occupation, qui a effectué ce bombardement depuis l’espace aérien libanais. De plus, le peuple iranien demande désormais à ses dirigeants de répondre à cette agression.

    Septièmement : les frappes sont parties de bases américaines au Qatar et en Arabie Saoudite et les gouvernements de ces deux pays se sont empressés de les soutenir. Cela a mis en évidence la dimension et le rôle des alliés arabes de l’Amérique, prêts à participer à toutes les guerres qu’elle mène dans la région, notamment contre l’Iran dans un futur proche.

    Huitièmement : Il est très probable que les Etats-Unis perdent l’Irak après y avoir dépensé environ cinq mille milliards de dollars, car le gouvernement irakien s’est bien gardé de soutenir ces frappes et la plupart des Irakiens se sont montrés solidaires de la Syrie.

  • J’ai attendu d’être un peu plus calme pour aborder le sujet. Et cela m’a pris un peu de temps pour me calmer, ce qui ne surprendra personne, vu le sujet, vu les protagonistes - parce que je dois avouer que mon premier réflexe ces derniers temps dès qu’un ou une sinistre de ce gouvernement l’ouvrent, et c’est souvent, ils et elles ne font que ça, j’ai un peu tendance à leur souhaiter de périr dans des circonstances douloureuses ou encore qu’ils et elles aillent se faire enculer, je sais ce n’est pas malin, je vais donc tâcher d’expliquer ce qui m’énerve sans m’énerver, ça ne va pas être facile, je le sens d’ici. Or donc le gouvernement de gestionnaires de droite a dévoilé son grand plan contre l’autisme ou pour l’autisme - putain faudrait savoir ! - avec du budget, comme on dit dans le milieu de la Très Grande Entreprise.

    Sans surprise pour un vieux de la vieille comme moi, je constate que dans les grands axes de cette gouvernance, comme on dit, ont repris de façon, plus adroitement maquillée que d’habitude - accordons-leur cela -, les grandes lignes de la clique comportementaliste, no-tamment un élément reconnaissable entre mille, le fameux dépistage dès les six mois in utero de l’enfant - bien sûr que j’exagère, mais si je n’exagère pas, on ne se rend même plus compte des énormités en question -, ne doutons pas qu’un jour ce ne sera plus in utero, mais in vitro - mais si je commence à deviser à propos de ce que dépistage devient rapidement synonyme de sélection, nul doute je vais encore égarer mon monde, je vais tâcher de rester sur la piste cette fois-ci. Et naturellement cette nécessité de dépistage est adossée à un chiffre - au gouvernement adepte de la gouvernance, des chiffres et du budget, on n’est pas des rigolos, on est des pros - le fameux 1% et ses 700.000. Il y a, tenez-vous bien, 700.000 autistes en France, soit 1% de la population française. Bon 1% de 66 900 000, ça fait plutôt 669 000, mais c’est pour vous dire, qu’en fait c’est même plus et même, même, en fait, ça augmente - bientôt ils et elles seront majoritaires.

    La fréquentation de certaines personnes de mon Facebook bio - cartographes et statisti-ciennes, ils et elles se reconnaîtrons - a éduqué un peu mon esprit autrement plus prompt à la fiction et, quand on manipule des chiffres ou encore quand on en étudie, il est toujours très important de se demander de quoi on parle. Bref de bien faire attention de ne pas mélanger les carottes et les pommes de terre comme on dit en statistique, de savoir, avec précision, de quoi on parle, avant de commencer à gribouiller sur ses fonds de cartes, comme on dit en cartographie.

    Du coup j’aimerais beaucoup savoir - en fait, je sais, je fais un peu semblant de ne pas savoir - quelles sont les méthodes envisagées pour trier le bon grain de l’ivraie, de trouver les bons autistes dans un groupe d’enfants qui ne sont pas toutes ni tous autistes. Et pour tout vous dire, depuis que je baigne un peu dans le milieu, je suis frappé par une immense contradiction, d’un côté des personnes déterminées à aller chercher les petits et petites autistes dans les crèches en leur faisant passer des batteries de tests - dont vous seriez étonnés de voir toute la charge poétique par endroits, de mémoire, il y a des trucs remarquables, votre enfant enchaîne-t-il ou elle ses pas dans un escalier ou avance-t-il ou elle toujours le même pied, et ramène l’autre pied à hauteur - ou encore est-ce que votre enfant sépare de façon infranchissable ses saucisses de sa purée ? (et oui, j’ai bien compris que ce que l’on cherchait ce n’était pas que TOUTES les cases soient cochées, la séparation des saucisses et de la purée ET un pied devant l’autre dans les escaliers, mais ce que l’on cherche c’est un faisceau, malgré tout on coche des cases, et quand on coche des cases c’est déjà le début de la gouvernance, de la putain de gouvernance je vais y revenir ) -, donc les cocheurs et cocheuses déterminées d’un côté, et de l’autre, médecins, psychiatres, orthophonistes, psychomotriciens, pédopsychiatres, neurologues, généticiennes toutes plus hésitantes les unes que les autres, soucieuses et soucieux d’éviter le plus longtemps possible d’inscrire le mot d’autisme dans un dossier qui part ensuite à la Maison Départementale des Personnes Handicapées et même que de telles hésitations sont parfois coupables pour ce qui est de pouvoir compter sur l’aide financière de la MDPH, mais voilà faut les comprendre aussi tous ces thérapeutes et soignantes, leur esprit scientifique ne voudrait pas être pris en défaut. Et pour tout vous dire, fier d’une certaine expérience et d’un parcours à la fois long et sinueux dans l’autisme, je peux vous donner un conseil assez simple et jamais démenti : faites con-fiance à celles et ceux qui hésitent et le disent et au contraire fuyez absolument celles et ceux qui affichent certitudes et vont jusqu’à parler de guérison. Celles et ceux qui hésitent vous viendront efficacement en aide, les autres vous égareront dans leurs propres certitudes auto-forgées.

    Les autistes sont des personnes redoutablement énervantes, je peux vous le dire, entre autres choses parce qu’ils et elles refusent de ressembler à la caricature que l’on fait d’elles, et continuent de s’entêter à offrir au regard de celles et ceux qui les soignent ou les accompa-gnent une diversité assez rafraichissante à la fois de facettes, de comportements insolites ou encore de raisonnements étonnants, d’ailleurs dans le milieu de l’autisme il n’est pas rare d’entendre des voix du camp des hésitants expliquer qu’il y a autant d’autismes que d’autistes, ce qui est une manière assez imagée de rappeler qu’une personne autiste, avant d’être autiste est une personne, il y aurait même à s’interroger si autiste ne pourrait pas être une manière de trait de caractère, et surtout il n’est pas inutile de rappeler que la qualification d’autisme couvre un spectre particulièrement étendu, il y autant de points communs entre une jeune autiste dite de Kaner et un adulte autiste dit atypique - oui, certains autistes repoussent sans cesse les limites du genre, et comme s’il n’était pas suffisant d’être singulièrement autiste, ils et elles poussent le bouchon un peu plus loin, des radicales, je connais un garçon comme ça - autant de points communs donc, qu’il y en a entre un sinistre de l’intérieur et une zadiste de Notre-Dame-des-Landes. À vrai dire la résistance des autistes à se conformer à toute classification est à l’image de leur résistance sociale. Vouloir les diagnostiquer, qui plus est à un très jeune âge, et donc les compter, est en fait, délirant. Et nous verrons que la parole gestionnaire de ce gouvernement sur le sujet de l’autisme est une parole délirante. J’y reviendrais.

    Si diagnostiquer, classer et dénombrer les autistes n’est donc pas très utile à la compré-hension de l’autisme - et je préfère dire des autismes -, on pourrait espérer l’opération malgré tout indolore, transparente, c’est sans compter que gouvernance oblige, une fois les étiquettes apposées, il va falloir traiter. Je vais tâcher de faire court et je vais tâcher de ne pas entrer en territoire polémique. Traiter une personne autiste pour atténuer son autisme - et même guérir une telle personne, si tant est qu’une telle chose soit possible - est une démarche curieuse et dont la pertinence mérite d’être interrogée, c’est presque aussi adéquat que de lutter contre la grande taille d’une personne qui serait grande, la rousseur d’une personne qui serait rousse et ainsi de suite. Et les méthodes pour cette lutte risquent d’être aussi violentes finalement que celles, orthopédiques, que l’on pourrait imaginer pour qu’une personne de grande taille soit moins grande et aussi stigmatisant que celles qui consisterait à considérer que les cheveux roux sont socialement inacceptables et qu’il faille par tous les moyens amputer cette rousseur, la cacher, que sais-je encore - - comme diraient mes filles (neurotypiques, elles) je ne suis pas très docte en problématiques capillaires. Des fois je rêve - j’ai de ces fantasmes des fois ! - de faire subir aux partisans et partisanes des méthodes comportementalistes, singulièrement celle dite de l’A.B.A. - pour Applied Behaviour Analysis -, de leur faire subir donc, l’application d’une telle méthode donc, pour la tabagie des unes, l’alcoolisme des autres, les petits travers des unes, les difficultés sociales des autres, bref comme le veut la locution anglaise, to have them get a taste of their medecine - leur faire goûter leur propre médicament. Mais surtout, imaginez que vous traitiez une personne contre, par exemple, une insuffisance cardiaque supposée, et en fait pas du tout avérée, et qu’en sous-main, votre traitement, inutile puisque la personne n’a pas de pathologie cardiaque, crée en revanche des difficultés rénales, ou encore pour déplacer la comparaison dans un contexte déjà plus voisin, imaginez que vous interniez une personne saine dans un hôpital psychiatrique en médicamentant cette personne saine avec de puissants psychotropes autrement réservés à des personnes souffrant de complexes de personnalités multiples ou que sais-je de cette farine, il y a des chances pour que cette personne saine mal aiguillée finisse par développer d’authentiques troubles psychiatriques non ?

    Donc là où la prudence dans le diagnostic, et même une certaine lenteur, seraient de mise, le parti de la gouvernance gestionnaire, ivre de son désir de résultats chiffrés, ne fera pas dans le détail et du coup il n’est pas exclu qu’effectivement on puisse faire augmenter le nombre de personnes qualifiées d’autistes, à la fois en les faisant d’abord entrer dans une catégorie qui n’est pas la leur, mais ensuite en les maintenant dans un tel environnement.

    Fin du premier point. Je vais tenter d’accélérer.

    Je remarque que la gouvernance a un certain talent dans la gestion de ce qu’elle appelle le calendrier. Si, comme moi, vous trempez dans l’autisme depuis quelques années, vous n’aurez pas manqué de remarquer certains signes d’oubli de la part des institutions et de l’État, pour dire les choses poliment et pudiquement : un sentiment de solitude face à l’autisme d’un ou d’une proche n’est pas rare. Du coup, quand soudain on parle de vous, vous avez fini par développer une manière de méfiance, c’est tellement étonnant qu’on parle de votre sujet que vous êtes en droit de vous demander ce que cela peut bien vouloir cacher. Et en ce moment-même, un regard, fût-il de biais, sur l’actualité vous renseigne rapidement : est-ce que des fois la gouvernance et sa gestion du calendrier ne seraient pas en train de se servir de votre cause pour tenter d’attirer l’attention et le regard dans une autre direction, celle, par exemple, assez préoccupante, du climat social du moment, des grèves des cheminots à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ?

    Vous trouvez que j’exagère ? Je vous donne deux exemples récents de ce genre d’impensés.

    Il y a quelques mois, faisait rage le débat sur l’écriture épicène avec la très courageuse levée de boucliers des gardiens du temple - l’académie française, pour laquelle, un jour, je prendrais le temps de démontrer, raisonnements capillotractés à l’appui, que la destruction serait LA mesure qui permettrait de venir à bout du terrorisme, j’exagère à peine, un peu quand même -, qui venait à la défense de la langue française, arguant notamment que le point médian et d’autres méthodes épicènes seraient nécessairement nocives pour les personnes avec des difficultés de lecture, notamment les dyslexiques, dont on pouvait avoir le sentiment que l’académie française était en train de découvrir leur existence. Eh bien, les dyslexiques vous emmerdent et aimeraient autant que faire se peut ne pas servir de couverture à vos petites aigreurs conservatrices de vieux fossiles dégoûtants.

    Autre exemple. Si vous avez des enfants ou si vous avez des informaticiens dans votre entourage - je plaisante qu’à moitié - vous aurez, nul doute, entendu parler de la mode des fidget spinners, ces petites toupies que l’on peut faire tourner sur le bout du doigt et dont le système de contrepoids, dans sa rotation très rapide, provoque une vibration que l’on qualifie d’apaisante, en fait seulement apaisante pour la personne qui a ce truc au bout du doigt et, au contraire, désespérante pour toutes les personnes enfermées dans le même bureau et tâchant de se concentrer sur leur travail. Il était remarquable du temps de cette mode que l’on ne puisse absolument pas objecter à quiconque avait l’air d’un idiot avec ce truc au bout du doigt que cela tapait sur nos nerfs à nous, on se faisait répondre qu’au contraire la chose était calmante pour l’otarie digitale et que justement si nous étions si tendu, peut-être devrions-nous faire l’acquisition de cette saloperie. J’aurais tellement aimé que toutes ces personnes adeptes de la toupie calmante soient capables de la même bienveillance lorsqu’elles croisent des personnes autistes atteintes de stéréotypies dans les transports, au bureau, bref dans l’espace public.

    Bref je pense que si les autistes avaient de meilleures capacités d’expression et de com-préhension de ce genre d’impensés, ils et elles ne manqueraient pas, de temps en temps, de prier les sinistres de la gouvernance, quand ils et elles se servent de leur pathologie comme prétexte, de se foutre des fidget spinners dans le derche.

    Les autistes sont, en fait, au-dessus de ça. Grand bien leur fasse. Et je ne parle pas en leur nom, je m’en garderais bien.

    Le dernier point que je voudrais aborder, c’est celui de cette déclaration du premier si-nistre qui voudrait désormais " accompagner dans la vie sociale, dans l’autonomie de la personne, de les faire monter en qualification. On se prive de ressources colossales dans notre pays, d’inclusion dans l’entreprise de personnes autistes. "

    Alors là autant dire qu’on est dans le délire le plus complet.

    Pour bien comprendre mon raisonnement qui suit, je vais préciser certaines des équa-tions qui me servent de boussole politique. Depuis 1973, soit depuis 45 ans - presque un demi-siècle tout de même -, le chômage de masse est en augmentation constante et depuis 1973 les différents gouvernements de droite qui se sont succédés n’ont cessé de nous expliquer que la seule façon de lutter contre ce chômage de masse étaient d’alléger les finances des entreprises et leur faciliter la possibilité de licencier du personnel, non seulement il est admirable que le remède puisse être aussi stupide, mais qu’il ne cesse de montrer à quel point il est inefficace, 45 ans de cette politique produisent, de façon avérée, l’aggravation du mal qui, si on s’y intéressait vraiment, montrerait surtout qu’il est incurable, entre autres raisons parce que toutes les formes différentes d’automatisation concourent à détruire des emplois et là où cela devrait libérer hommes et femmes du fardeau du travail, cela crée davantage d’inégalités. Essayez de tenir ce raisonnement, pourtant simple, cohérent et facile à comprendre, en société et je préfère vous dire qu’on va rapidement vous soupçonner de vous radicaliser sur internet. Soi-disant ce n’est pas si simple, et on risque de beaucoup vous opposer toutes sortes de raisonnements économiques dans lesquels chiffres et équations auront vite fait de vous donner le tournis, bref vous serez ostracisés en tant que déraisonnable et pas réaliste du tout, avec les doux rêveurs et les vilains zadistes profiteurs du système. Je dois ici avouer que j’ai un peu capitulé ces derniers temps à tenter d’opposer que les gouvernements de droite depuis 1973 sont dans le déni, en grande partie parce que cela ne m’intéresse pas tant que cela de tenter de réunir les preuves algébriques du délire ambiant - d’autres s’y emploient avec une intelligence et une patience qui forcent mon admiration, je pense à mon ami @laurent2 et à son Journal de la crise -, bref je jette l’éponge quand j’entends parler de plein-emploi, par lassitude et parce que j’ai d’autres chats à fouetter, vraiment - parmi lesquels tenter d’influer positivement sur la trajectoire erratique de mon fils autiste - et qu’on ne peut pas faire boire des ânes qui ne veulent pas boire.

    Sans trop développer, je pourrais également arguer que d’aucunes et d’aucuns parmi nous ont compris une mauvaise fois pour toutes que d’une part le travail n’est pas en quantité suffisante pour toutes et tous et qu’à tout prendre ils et elles aimeraient d’une part éviter de s’ennuyer et perdre leur vie à la perdre - on ne peut pas dire gagner sa vie, cela ne veut rien dire - et d’autre part préfèrent effectivement vivre, ils et elles font de la résistance au travail et on a bien compris que pour la gouvernance, ils et elles montrent le mauvais exemple, du coup la gouvernance se fait kafkaïenne et traque ces esprits éclairés pour tenter de les reconvertir au mensonge du travail - qui par ailleurs a perdu tout son sens, parce que la gouvernance l’a dénaturé en le procédurant (un jour, j’écrirai le raisonnement pas du tout capillotracté qui met à jour comment en supprimant les procédures et le principe de précaution on règle définitivement dans le même coup la question du terrorisme ET celui du chômage de masse).

    Et du coup quand j’entends un premier sinistre - en plein délire transparent du plein-emploi - évoquer les autistes comme une force potentielle de travail inexploitée, gâchée, mon sens de l’humour est soudain en panne. Je ne peux alors m’empêcher de penser que quelques-uns et quelques-unes parmi nous, les autistes, qui ont trouvé la parade absolue pour résister à la violence absolue de la société, vont bientôt être inutilement dérangées dans leur part la plus intime parce que la gouvernance délire et voudrait nous convaincre que le travail a encore un sens. Je tente de me rassurer en me rappelant que ce sont toujours les autistes qui gagnent à la fin, mais est-ce qu’on ne pourrait pas leur épargner ces violences et viols inutiles.

    Mais à vrai dire, de devoir expliquer tout cela, bras m’en tombent et j’enterre mon lapin.

    #pendant_qu’il_est_trop_tard

  • Varga Llosa , #Lolita et le #féminisme
    https://blogs.mediapart.fr/nestor-romero/blog/190318/mario-vargas-llosa-le-feminisme-est-l-ennemi-le-plus-resolu-de-la-li
    Un #grand_homme dont les comptes au panama avaient été connus dans les Panama paper

    Vargas Llosa ment encore quand il s’en prend à une écrivaine, Laura Freixas, qui a osé analyser le roman de Nabokov, « Lolita », « du point de vue du genre ». Elle conclut son analyse ainsi : il faut lire ce livre qui est un grand roman. Mais il faut aussi l’analyser dans le but de comprendre comment le patriarcat manipule la culture à son avantage et pour notre malheur.

    Et que dit Vargas LLosa à ce propos ?, ceci : L’auteure se contente d’expliquer que le protagoniste est un pédophile incestueux, violeur d’une enfant qui, en plus, est la fille de son épouse, avant d’ajouter qu’elle a oublié de dire qu’il s’agit aussi de l’un des plus importants romans du vingtième siècle.

    On retrouve #Valls au passage !

    Enfin, je ne résiste pas à la tentation d’ajouter un mot à propos de Manuel Valls puisqu’il est lui aussi à la une d’El País et qu’il est en outre un bon ami de Vargas Llosa. Ils ne se quittent plus ces deux là. Ils hantent les mêmes tréteaux pour défendre une Espagne espagnole et une Catalogne espagnole tout ça dans une Europe européenne c’est-à-dire ultra libérale, et tout ça en compagnie de la droite qui se veut moderniste de Ciudadanos et de la droite franquiste du PP (Partido Popular).

    Valls, donc, qui devenu inaudible en France après les déboires que l’on sait tente de se faire entendre en Espagne et particulièrement en Catalogne aux côtés des leaders de la droite qui se dit moderne, Albert Rivera et Ines Arrimadas. On ne saurait trop leur conseiller à ces deux là d’être vigilants car il est capable, Valls, de leur piquer la place surtout s’il a le soutien de… Vargas Llosa.

  • Censure préfectorale au théâtre du Mans.
    La représentation de la pièce « Le concept du visage du fils de dieu » de Romeo Castellucci, jouée le 10 avril 2018 (au lendemain du discours de Macron devant les évèques de France) a été en partie censurée. Le préfet de la Sarthe a donné raison aux extrémistes catholiques en refusant la présence d’enfants sur scène sous le prétexte de préserver leur santé et leur moralité (!)
    Plutôt que d’annuler la représentation le metteur en scène a choisi d’amputer le spectacle de la scène dans laquelle les enfants devaient jouer, bien que ce soit un moment clef de la pièce.
    Ci-dessous le texte de Romeo Castellucci distribué aux spectateurs avant la représentation.
    Pendant ce temps, malgré la censure qu’ils ont obtenue, un groupe de catholiques radicaux est tout de même venu manifester devant le théâtre, preuve ultime de leur intolérance.
    #theatre #censure #catholiques_extremistes #macron

  • Lynchages en réseaux - Libération

    http://www.liberation.fr/debats/2018/04/11/lynchages-en-reseaux_1642713

    « Un effet de horde »

    Et ces foules, aujourd’hui, ne se reposent jamais. En ce moment, il suffit de suivre un hashtag pour tomber sur des torrents de haine contre Clémentine, une candidate de l’émission de télé-réalité Koh Lanta ou des appels au viol contre l’ex-actrice X Nikita Bellucci. Il y a quelques semaines, c’était la journaliste Nadia Daam ou la militante Caroline de Haas, et avant elles, tellement d’autres. Dans la plupart des cas, la seule solution à leur portée, c’est la fermeture de leur compte et le départ des réseaux sociaux. Il suffit de quelques minutes avec un navigateur pour tomber sur des messages comme : « Cette pute ne mérite aucune considération de notre part », « tu as autant de classe qu’une clocharde qui fait le tapin » ou encore cette variante récurrente qui veut justifier l’injustifiable, « ce qu’elle n’a pas compris, c’est qu’elle a été surtout harcelée parce qu’elle avait dit une grosse connerie ! »

    #réseaux_sociaux

  • Une « décision majeure » sur la #Syrie est imminente, assure Donald Trump | ICI.Radio-Canada.ca
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1094046/syrie-attaque-chimique-presumee-donald-trump-decision-imminente

    Dans des remarques faites aux journalistes avant une réunion de son Cabinet, lundi midi, le président Trump a d’abord avancé qu’une décision serait prise dans les « 24/48 heures », avant d’affirmer quelques minutes plus tard que cela se produirait « probablement d’ici la fin de la journée ».

  • Faire de la politique autrement (le cas Duflot) | Planète sans visa
    http://fabrice-nicolino.com/?p=2943

    Faire de la politique autrement (le cas Duflot)
    5 avril 2018Mouvement écologiste

    J’apprends ce matin que Jean-Vincent Placé a été mis en garde à vue vers 3 heures à Paris. Il faudra qu’il donne sa version, mais celle qu’on connaît, c’est celle-ci : il était bourré comme un coing, il a insulté une femme qui refusait de danser avec lui contre rétribution, il a insulté un employé du bar – maghrébin – à l’aide d’insultes racistes, puis insulté des flics, sur le même mode.

    Placé est un cas aussi fabuleux qu’abominable. On sait de façon certaine d’autres choses de lui. Qu’il est un admirateur de Napoléon et de l’armée française. Qu’il est devenu, après avoir été secrétaire d’État de Hollande, colonel de réserve d’un régiment des forces spéciales en charge du renseignement. Qu’il a toujours été un adepte des pires manœuvres politiciennes – je ne peux raconter, à cause des risques de procès, ce que je sais, mais je le sais. En bref, car il y faudrait des heures, Placé était et reste un homme de droite, d’une droite dure et même militariste.

    Comment et pourquoi a-t-il été le Chef des Verts et d’Europe-Écologie pendant des années ? Mystère que personne n’entend même approcher. Surtout pas Cécile Duflot, qui annonce ce même jeudi – plaisante coïncidence – quitter la politique pour diriger l’ONG Oxfam en France (ici). Comme vous le savez sans doute, Duflot et Placé ont conquis ensemble le parti « écologiste ». Je pense et j’écris même que sans Placé, Duflot n’aurait probablement pas été sa dirigeante. En tout cas, leur sort est historiquement lié. Duflot, qui n’a rien vu, rien su des comportements de voyou sexiste de Denis Baupin, n’aurait rien su non plus des agissements lamentables et constants de Placé. C’est crédible, pour ceux qui croient en toute circonstance.

    Et la voilà qui quitte la politique sans explication sur la catastrophe qui a conduit son mouvement au tombeau. Ni responsable ni coupable. Pas un mot sur un bilan de faillite. Sur sa participation de pacotille aux gouvernements Jean-Marc Ayrault. Pas même un mot sur la situation générale du monde, dégradée comme jamais par la crise écologique. En ce sens, elle est bien de ce temps et bien de ce mouvement déchu. L’individu-roi avant tout. L’hédonisme. Les plans de carrière. Je n’y vois que lâche abandon. Je n’y vois que l’aveu du vide.

    Mais est-elle seule ? Bien sûr que non. C’est toute une (dérisoire) génération politique qui a failli. Les Lalonde-Mamère-Voynet-Lipietz-Cochet-Bennahmias, et bien d’autres qui se reconnaîtront, ont simplement flingué l’idée de l’écologie en France en mimant des combats qu’ils n’étaient pas capables de mener. En démontrant jusqu’au comique de répétition qu’ils n’étaient, chacun à leur façon, que des politiciens de seconde zone.

    En 1984, à la funeste fondation des Verts, on trouvait au sommet, outre Waechter, un certain Guy Cambot, qui fut le premier et unique permanent des Verts – bénévole – pendant des années. Et celui qui permit à l’arrachée la présence de Waechter à la présidentielle de 1988, en produisant par quelque miracle des dizaines de signatures d’élus nécessaires à la candidature. Son rôle jusqu’en 1994 ne saurait être surestimé. Avec sa bande – ses membres s’appelaient entre eux, quel humour !, « la famille » -, il aura dirigé de facto le mouvement. Oui, mais Cambot ne savait strictement rien, et ne voulait rien savoir de l’écologie. Comme Placé. Il louangeait en privé l’armée française, dont il se vantait de fort bien connaître l’histoire. Comme Placé. Il affichait, en privé, des idées politiques fort éloignées des canons d’alors du mouvement « écologiste ». Comme Placé.

    Où veux-je en venir ? Nulle part ou presque. Les dirigeants successifs sont les héritiers sourds, aveugles et muets, d’un parti qui n’aura jamais fait que déconsidérer le combat pour la vie de tous les êtres sur Terre. Ainsi que Fabrice à Waterloo, ils n’auront vu que des scènes, sans en comprendre le sens et la teneur. Et ils s’en sont satisfaits. Tiens, un souvenir. En 1990, en compagnie de Jean-Michel Aphatie, je suis allé dans le Var pour un grand reportage sur les Verts de là-bas, qui fut publié dans L’Autre Journal. La fédération des Verts du Var était l’une des plus puissantes et a joué un grand rôle dans le maintien de Waechter au pouvoir jusqu’en 1994.

    Eh bien, ce n’était pas triste. À Toulon, le chefaillon local décourageait, isolait ou lourdait les adhérents de gauche qui insistaient pour parler du nucléaire militaire, omniprésent dans la rade. De nombreux responsables, tout en jouant les Peace and Love, tenaient en privé des propos racistes, flirtaient avec le FN, copinaient avec les chasseurs. Le scandale fut tel qu’une commission d’enquête nationale fut mise sur pied par les Verts. Malgré des témoignages accablants recueillis sur place, tout fut enterré, puis oublié. Guy Cambot, alors secrétaire national, n’avait pas perdu son temps.

    J’arrête ici, car à quoi bon ? Le combat auquel je crois tant n’a jamais rien eu à voir avec ces gens. Les voilà qui disparaissent à l’horizon, et comment dire ? Enfin.

  • Les leçons de Camus. Par John R. MacArthur* – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/04/04/les-lecons-de-camus-par-john-r-macarthur

    De temps en temps, on tombe sur un livre qui vous bouleverse l’esprit profondément, qui vous change carrément la vie. Dans ma jeunesse, ce texte fut La peste, de Camus. L’histoire métaphorique de « l’occupation » d’Oran par un fléau meurtrier m’a secoué comme un tremblement de terre lorsque j’étais en terminale à mon lycée de la banlieue de Chicago.

    Tellement secoué que je me souviens toujours d’une belle journée d’été en France, à Bretignolles-sur-Mer — où j’étais en vacances chez des amis avant d’entrer à l’université —, marchand de long en large à travers le petit jardin et consignant furieusement sur de grandes feuilles mon dévouement aux pensées et aux principes de l’inlassable Docteur Rieux et de son ami Tarrou, ainsi qu’à l’idéalisme du journaliste Rambert. Jamais je ne céderais au mal, au nazisme, à la cruauté de l’occupant. Jamais je ne perdrais de vue l’obligation de défendre l’humanité contre la brutalité.

    Il est facile d’être si confiant en soi à 18 ans. Évidemment, au fil de la vie, les choses se compliquent, tout comme, en temps de guerre, les motivations des nations et des politiciens. Toute une carrière dans le journalisme m’a révélé un autre « mal » puissant qui brouille les cartes et qui confond même les gens les plus honorables. Au lieu de lutter contre le « mal » camusien en noir et blanc, je me suis retrouvé souvent en combat contre la propagande « humanitaire », parfois promue par des gens bien, prônant des interventions militaires sous l’étendard du sauvetage d’innocents par centaines de milliers.

    C’est là que j’ai commencé à me spécialiser et que je me suis mis à contrecarrer les idées reçues sur diverses atrocités hurlées à travers les réseaux de télévision et à la une des grands journaux. Ayant acquis une expertise à Chicago sur les omissions cyniques du parquet et de la police au sujet des meurtres en série commis par John Wayne Gacy, j’ai révélé les origines du meurtre inventé des bébés au Koweït en 1990 par des soldats irakiens, contesté le faux projet de « génocide » serbe en Kosovo en 1999 et contredit le programme fabriqué de bombe atomique prétendument en cours à Bagdad en 2002-2003. Pas exactement ce que j’imaginais dans mon élan de noblesse à Bretignolles, mais le métier du journalisme honnête n’est pas pour les suivistes.

    Et voilà que je viens de découvrir une fois de plus un livre bouleversant — celui-ci farouchement critique des prétextes de la guerre « humanitaire » — dont le sujet est un genre de docteur Rieux moderne. Ancien président de Médecins sans frontières, Rony Brauman a produit dans Guerres humanitaires ? Mensonges et intox, en conversation avec Régis Meyran, le texte essentiel pour comprendre à quel point le principe de la « guerre juste » contre un mal absolu, soutenu par son collègue Bernard Kouchner et par Bernard-Henri Lévy, a été tordu et déformé :

    « Ce qui frappe quand on regarde de près les guerres de Somalie, du Kosovo, d’Afghanistan et de Libye, c’est la force de la propagande, dès lors qu’elle s’enracine dans une matrice intellectuelle favorable…. Les « faits alternatifs » sont devenus un sujet de moquerie générale à la suite des déclarations de la conseillère de presse de Trump, mais on oublie qu’ils ont régné en maîtres pendant la guerre de Libye. »

    Étant donné le bombardement imaginaire par les forces de Kadhafi contre la population civile en Tripoli — un « crime » amplifié notamment par Al-Jazeera et BHL — et les« attaques systématiques et généralisées » jamais vérifiées à l’époque, il y a de quoi croire la déclaration de Brauman selon laquelle « la Libye, c’est notre guerre d’Irak à nous [les Français] ». Aujourd’hui — avec Nicolas Sarkozy mis en examen pour le possible financement de sa campagne électorale par Kadhafi en 2007 —, nous avons à nouveau de bonnes raisons de remettre en question les pieux arguments de 2011 en faveur du renversement du dictateur libyen.

    Toutefois, il est moins utile de condamner tel et tel politicien sans scrupules — les deux Bush, Tony Blair, Sarkozy, le couple Clinton, Obama — que de creuser plus loin afin de comprendre que l’idéologie de l’ingérence humanitaire n’est pas vertueuse en soi, y compris en Syrie. Le fait que l’on aurait dû arrêter Hitler en 1933, en 1936 ou en 1938 — ou que l’ONU renforcée par une alliance franco-américaine aurait pu empêcher le génocide au Rwanda — n’est pas une excuse pour la corruption intellectuelle qui nous mène si rapidement à l’accusation de crimes contre l’humanité suivie d’une violence militaire. Selon Brauman, « cette reductio ad Hitlerum relève plus de la rhétorique d’intimidation morale que de l’argumentation rationnelle ».

    C’est comme si le docteur Rieux était apparu dans le jardin à Bretignolles et m’avait saisi par le col : « Allez doucement, jeune homme. La “responsabilité de protéger” s’applique aussi bien à la protection de la vérité qu’à la protection des innocents. »

    Source : Le Devoir-Canada

    * John R. (Rick) MacArthur est le président et l’éditeur du magazine new-yorkais Harper’s Magazine. Il est également un journaliste et auteur primé. Sous sa direction, Harper’s Magazine a reçu vingt National Magazine Awards, la plus haute reconnaissance de l’industrie. Il est l’auteur de « Deuxième combat : la censure et la propagande dans la guerre du Golfe (1992, 2004) » et, plus récemment, de « L’illusion Obama (2012) ».                                                                                              Publié par Saoudi Abdelaziz

    http://www.algerieinfos-saoudi.com/2018/04/les-lecons-de-camus.html

  • Appel à rassemblements en solidarité avec les mineurEs isoléEs et contre la loi Collomb
    https://rebellyon.info/Appel-a-rassemblements-en-solidarite-avec-18928

    Etre un étranger avant d’être un enfant. C’est ainsi que sont considéré.e.s les milliers de jeunes de moins de 18 ans qui arrivent depuis l’étranger jusqu’en Europe pour y trouver refuge. Rassemblements jeudi 5 et 12 avril pour lutter contre cette politique.

    #Infos_locales

    / #Migrations_-_sans-papiers, Une

  • L’Europe paye des équipements militaires à la Turquie pour refouler les réfugiés

    Mediapart et l’EIC révèlent que l’argent de l’Union européenne a permis à la Turquie de s’équiper en véhicules blindés afin d’empêcher le passage de réfugiés à sa frontière avec la Syrie. Cette opération pourrait avoir causé de nombreuses victimes parmi les Syriens tentant de fuir la guerre, alors que la prise d’Afrin par l’armée turque va pousser encore des milliers de personnes sur la route de l’exil.
    Quand les soldats turcs ont ouvert le feu, Ibrahim Khaled a pris sa mère par la main et s’est mis à courir. Il a entendu le cliquetis des armes à feu, entendu les cris des réfugiés frappés par les balles, et a été projeté à terre. Khaled ne s’est pas retourné. « J’ai senti que si je m’arrêtais là, je serais tué ou arrêté », dit-il.
    Pendant des heures, Khaled et sa mère ont couru dans la direction que le passeur leur avait indiquée. Ils ont marché à travers des champs d’oliviers, ont rampé sur des pierres jusqu’à atteindre un village turc. De la soixantaine de réfugiés qui avaient quitté le camp près de #Darkush, dans la province syrienne d’#Idlib, seule une poignée a traversé la frontière. Khaled ne sait pas ce qui est arrivé aux autres. Ils sont probablement morts ou de retour en Syrie, pense-t-il. « Nous avons eu de la chance. »
    Khaled est assis dans un appartement nouvellement construit en périphérie de Mersin, dans le sud-est de la Turquie, où lui et sa mère ont trouvé refuge après leur fuite à l’automne dernier. Il porte un jean déchiqueté et un pull qu’un voisin lui a donnés. Ses yeux sont fatigués, son front est plissé de rides. Khaled s’est longtemps posé la question de savoir s’il devait parler avec des journalistes des #violences à la #frontière_turco-syrienne. Il a peur que les autorités turques ne se vengent sur lui. Dernièrement, il a accepté de nous accorder une interview à la condition que son nom soit changé. « Je veux que le monde sache ce qui nous arrive à nous, Syriens », dit-il.

    La guerre civile en Syrie entre dans sa huitième année. Plus de 350 000 personnes ont été tuées à ce jour, des millions ont été déplacées. Et bien qu’il n’y ait toujours pas de paix en vue, les pays voisins de la Syrie ont fermé les voies d’échappatoire. Le Liban, la Jordanie et la Turquie, qui accueillent ensemble plus de cinq millions de Syriens, refusent d’accepter davantage de demandeurs d’asile. La Turquie a construit sur sa frontière avec la Syrie un mur de trois mètres de haut et long de plusieurs centaines de kilomètres.

    Khaled raconte que des #soldats_turcs ont ouvert arbitrairement le feu sur des réfugiés. Les détails de son témoignage sont difficiles à vérifier, mais ils sont cohérents et coïncident avec les déclarations de plus d’une douzaine de témoins avec lesquels le Spiegel s’est entretenu. L’ONG Human Rights Watch a révélé des cas similaires début février : des soldats turcs ont forcé des réfugiés à retourner en Syrie et ont tiré de manière indiscriminée, selon l’organisation.

    Il y a précisément deux ans, le 18 mars 2016, l’Union européenne et Ankara concluaient un accord selon lequel les Européens allaient verser 3 milliards d’euros à la Turquie en échange du maintien des réfugiés sur son sol (en attendant un deuxième volet de 3 milliards d’euros). Les dirigeants européens ont prétendu que cet accord avait permis de contenir la « crise des réfugiés ». En réalité, la crise s’est simplement déplacée. À présent, les gens meurent moins fréquemment dans la mer Égée, où le nombre d’embarcations traversant vers la Grèce s’est réduit drastiquement une fois l’accord passé. Mais ils meurent sur la frontière turco-syrienne.

    Officiellement, les milliards de l’Europe servent exclusivement à aider la Turquie à gérer les réfugiés sur son sol et à les empêcher d’entrer en Europe. C’est faux. Mediapart et ses partenaires du réseau European Investigative Collaborations (EIC) révèlent que l’Union européenne a payé à la Turquie pour 83 millions d’euros de véhicules militaires et d’équipements de surveillance afin de traquer les réfugiés. Y compris à la frontière turco-syrienne, pourtant officiellement ouverte.

    Les journalistes de l’EIC se sont plongés dans les centaines de contrats européens. L’un d’entre eux montre que l’Union européenne a financé à 75 % l’achat par la Turquie de 82 véhicules blindés Cobra II, dont le coût total est de 47,5 millions d’euros. Ces engins, équipés de périscopes, peuvent patrouiller le long du mur côté turc tout en localisant les réfugiés approchant de l’autre côté. Produits par Otokar, l’un des plus gros industriels turcs de l’armement, ces véhicules ont été livrés aux forces armées turques au printemps 2017.

    Ils font aujourd’hui partie de l’infrastructure de surveillance de ce qui va devenir bientôt le troisième mur le plus long du monde : 900 km de béton équipés de drones, de caméras thermiques, et de tours de tir télécommandées et automatisées de manière « intelligente ». Des haut-parleurs diffusent des messages, avertissant les gens, en turc et en arabe, de ne pas s’approcher davantage. De l’artillerie lourde ouvre le feu si ces avertissements sont ignorés. Les caméras thermiques sont capables, par temps clair, de repérer trois personnes debout d’une taille de 1,80 m à une distance de dix kilomètres. En d’autres termes, l’équipement financé par l’Union européenne aide à repérer des réfugiés qui essaient de traverser le mur frontalier et risquent d’être touchés par des tirs… et tués.

    Le mur construit par Ankara maintient par ailleurs des centaines de milliers de réfugiés syriens coincés dans une zone de guerre. On estime que plus de 200 000 personnes ont été déplacées dans le nord de la Syrie depuis la mi-décembre, et il faut s’attendre à ce que la prise par l’armée turque, ces derniers jours, de la ville kurde d’Afrin provoque de nouveaux flux de réfugiés.

    La Turquie assure que la frontière est toujours ouverte pour les demandeurs d’asile, ce qui est contredit par différentes sources turques et syriennes proches de la frontière. L’Institut international pour les études stratégiques (IISS) notait déjà en juin 2017 que la Turquie avait rendu « pratiquement impossible pour les réfugiés syriens le passage de la frontière légalement ». « La Turquie assure que sa politique de la “porte ouverte” est toujours en vigueur, mais dans la réalité, elle est presque fermée », estimait alors l’institut.

    Depuis septembre dernier, 42 civils ont été tués alors qu’ils tentaient de passer de Syrie en Turquie, selon Rami Abdulrahman, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) confirme qu’il est devenu pratiquement impossible de traverser la frontière (excepté pour les personnes gravement blessées ou malades), alors que le nombre de réfugiés fuyant la Syrie est en hausse.

    On assiste à une violation des droits humains, selon Thomas Gammeltoft-Hansen, directeur de recherche à l’Institut danois des droits de l’homme et du droit humanitaire Raoul-Wallenberg. « Si des balles mortelles sont tirées sur des réfugiés essayant de traverser la frontière, c’est une violation pure et simple des droits humains, rappelle-t-il. Si le mur frontalier enlève aux Syriens toute possibilité de demander l’asile, c’est une autre violation du droit international, en particulier du principe de non-refoulement. »

    La fourniture de matériel à la Turquie par l’Union européenne pourrait rendre cette dernière complice de violation des droits humains à la frontière turco-syrienne. « S’ils savent que l’équipement est utilisé d’une façon qui viole les droits des réfugiés, les membres de l’UE sont par principe complices », ajoute Thomas Gammeltoft-Hansen.

    309 millions d’euros côté français

    Interrogée par l’EIC, la Commission européenne nous a répondu que « l’Union européenne ne fournit pas d’équipements militaires ou létaux à la Turquie ». Les Cobra II sont pourtant bien des engins militaires. La Commission ajoute que l’accord avec la Turquie prévoit que les véhicules soient « exclusivement affectés à la surveillance des frontières et que toute modification ou changement d’affectation des équipements requiert l’autorisation écrite de la commission ».

    Sauf que Bruxelles n’a pas les moyens de contrôler ce que fait le régime autoritaire d’Erdogan de ses armes. Plusieurs experts des droits de l’homme craignent d’ailleurs que la Turquie n’utilise cet équipement financé par les fonds européens pour les opérations militaires menées actuellement dans les zones kurdes de Syrie, ou pour la répression visant sa propre population. Des photos de l’invasion par l’armée turque de la province kurde d’Afrin depuis fin janvier montrent que des véhicules Cobra II ont été utilisés. Mais au lieu de périscopes avec des caméras thermosensibles, ils ont été équipés d’armes.

    Le caractère problématique des financements européens ne se limite pas à la frontière turco-syrienne. Pour aider la Turquie à surveiller sa portion de frontière terrestre avec la Grèce, l’Union européenne a financé des véhicules militaires plus monstrueux encore que les Cobra II, selon l’enquête de l’EIC.

    En mai 2017, Aselsan, une société détenue à 84 % par l’armée turque, a remporté un contrat à hauteur de 30 millions d’euros avec l’Union européenne pour fournir à la Turquie 50 véhicules pour patrouiller à la frontière grecque, dont 20 sont dotés d’un blindage extrêmement épais afin de protéger les véhicules des mines et grenades. Selon les documents européens consultés par l’EIC, ces engins sont des contributions de l’Europe à « la prévention de l’immigration illégale, du trafic humain, des crimes de passage des frontières [« cross-border crimes »], et du système des passeurs ».

    L’un des industriels qui a étudié l’appel d’offres s’est retrouvé perplexe devant la disproportion apparente entre l’objectif affiché et les spécifications techniques de ces véhicules, « clairement exagérées » pour des engins censés être utilisés à la frontière de la Turquie avec l’Union européenne. Mais l’UE a été ferme : le blindage lourd est absolument requis, dit-elle dans sa réponse, sans en expliquer les raisons.

    On comprend que Bruxelles soit très discret sur la question. Aselsan, qui a remporté l’appel d’offres, ne fournira en réalité que l’équipement électronique. Selon l’enquête de l’EIC, les véhicules sont des Hizir, d’impressionnants engins de guerre (notre photo ci-dessus) fabriqués par Katmerciler, un industriel appartenant à un ancien député de l’AKP, le parti de Recep Tayyip Erdogan. Le président turc est un grand fan de l’Hizir, dont il a dévoilé le prototype en novembre 2016 lors d’un salon militaire, six mois avant que l’UE n’en finance 50 exemplaires.

    L’appel d’offres de Bruxelles stipulait pourtant que les véhicules devaient avoir été mis sur le marché depuis un an. Ce n’est pourtant pas le cas des Hizir, dont les premiers exemplaires sont récemment sortis de l’usine, et qui sont toujours en cours de test avant leur livraison prochaine à l’armée turque.

    Lorsque, en 2016, l’Union européenne a promis à Erdogan 3 milliards d’euros en échange de son accord pour reprendre tous les réfugiés syriens arrivant sur les îles grecques, il était pourtant statué que cet argent serait uniquement utilisé pour aider à l’accueil des plus de 3,5 millions de réfugiés syriens vivant en Turquie.

    Or sur ces 3 milliards d’euros qui ont été collectés auprès des États membres de l’UE (la quote-part de la France dans ce programme s’élève à 309 millions d’euros), une partie a été utilisée pour financer six bateaux de patrouille à destination des gardes-côtes turcs. Lesquels, selon plusieurs ONG opérant dans ces zones maritimes, arrêtent agressivement les réfugiés tentant de quitter la Turquie, mettant parfois les embarcations de réfugiés en danger.

    « Juste après que l’accord avec la Turquie a été mis en place, il était évident que les #gardes-côtes_turcs faisaient tout pour arrêter les gens qui traversaient la mer, explique Ruben Neugebauer, porte-parole de Sea-Watch, l’une de ces organisations. Il y a différentes tactiques. Parfois nous voyons des bateaux turcs naviguer autour des canots pneumatiques, provoquant des vagues, les mettant en danger de telle sorte que parfois les réfugiés décident de rentrer par eux-mêmes. Parfois, ils chassent les bateaux et frappent même les gens à coups de bâton afin de les faire repartir. »

    En réponse à cette interpellation, les gardes-côtes turcs ont publié une déclaration disant qu’ils étaient mandatés pour arrêter les bateaux de réfugiés avant qu’ils ne pénètrent dans les eaux européennes. Les bâtons, expliquent-ils, sont utilisés pour tenter d’endommager les moteurs et les hélices de façon à attacher les petites embarcations aux plus gros bateaux des gardes-côtes pour les tirer vers les côtes turques.

    Mais ce n’est pas le seul cas d’abus présumé commis à bord de ces bateaux financés par l’argent européen. L’ONG Lighthouse Relief a publié une déclaration commune avec le UNHCR pour exprimer sa préoccupation au sujet d’un incident survenu en novembre dernier, assurant que les gardes-côtes turcs avaient tiré en l’air et dans la mer, ce qui a provoqué le saut dans l’eau de plusieurs réfugiés.

    Ces six bateaux de patrouille ont été commandés à un constructeur naval néerlandais, #Damen, pour la somme de 18 millions d’euros – une somme qui vient pour partie du fonds danois d’#aide_au_développement. Ils ont été livrés aux gardes-côtes turcs l’année dernière. Le dernier a été livré juste avant Noël. D’après la société navale, ces bateaux peuvent transporter jusqu’à 120 réfugiés et migrants en mer.

    Ces fournitures d’équipement pour le contrôle des frontières à la Turquie font partie d’une tendance croissante au sein de l’Union européenne : « L’UE utilise de plus en plus le principe de la pleine concurrence et externalise le contrôle frontalier à des pays tiers au lieu d’effectuer son propre contrôle, fait valoir le chercheur danois Thomas Gammeltoft-Hansen. Vous financez le contrôle des frontières, mais vous ne voulez pas être là vous-mêmes car vous risquez de mettre en jeu votre responsabilité en termes de droits humains. » Une stratégie qui rappelle étrangement ce qui se passe aujourd’hui entre l’Italie et la Libye.

    Un porte-parole de la Commission européenne a répondu par écrit aux questions de l’EIC en affirmant que l’Union européenne suivait « attentivement » la situation à la frontière turco-syrienne et qu’elle était consciente de l’existence de violences à la frontière, « mais n’a pas été capable d’obtenir de confirmation indépendante par ses sources ou par les autorités turques ». Sollicités depuis une semaine, l’ambassade turque à Copenhague et le gouvernement turc à Ankara n’ont pas donné suite aux sollicitations de l’EIC.

    Mercredi 14 mars, l’Union européenne a donné son feu vert pour le versement du deuxième volet de l’aide promise à la Turquie. Trois nouveaux milliards d’euros vont être versés à Ankara.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/240318/l-europe-paye-des-equipements-militaires-la-turquie-pour-refouler-les-refu
    #externalisation #UE #EU #Turquie #frontières #asile #migrations #réfugiés_syriens #surveillance_des_frontières #militarisation_des_frontières #gardes-côtes #contrôles_frontaliers #violence

    • Commentaire d’Emmanuel Blanchard sur la liste Migreurop :

      Cela fait bien longtemps que la « #guerre_aux_migrants » n’est plus une métaphore mais s’incarne dans dispositifs et matériels. Une enquête de l’European Investigative Collaborations décrit comment des fonds de l’UE ont servi à l’armée turque pour acheter des équipements (véhicules blindés notamment) utilisés aux frontières turco syriennes et turco-grecques.
      Afin de rendre plus hermétiques encore ces frontières, lieux de toutes les violences, « l’Union européenne a donné son feu vert pour le versement du deuxième volet de l’aide promise à la Turquie. Trois nouveaux milliards d’euros vont être versés à Ankara ».

    • EUROPA - Droits de l’homme | Union Européenne
      https://europa.eu/european-union/topics/human-rights_fr

      Protéger les droits de l’homme dans le monde

      Le cadre stratégique en faveur des droits de l’homme et de la démocratie adopté en 2012 vise à renforcer l’efficacité et la #cohérence de la politique dans ce domaine. [...]

      L’Union européenne s’est résolument engagée à défendre et à protéger les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit dans le monde. Les droits de l’homme sont au cœur de ses relations avec d’autres pays et régions. [...]

      La politique de l’UE :

      vise à faire progresser les droits des femmes, des enfants, des minorités et des personnes déplacées ;

      [...]

      Tous les accords commerciaux ou de coopération conclus avec des pays tiers (plus de 120 à ce jour) prévoient une clause sur les droits de l’homme spécifiant que ces droits constituent un aspect fondamental des relations avec l’UE, qui a imposé à plusieurs reprises des sanctions pour violations des droits de l’homme.

      L’#UE poursuit également des dialogues sur les droits de l’homme avec plus de 40 pays et organisations, dont la #Russie, la #Chine et l’#Union_africaine. Elle évalue ses activités mondiales dans ce domaine, dans son rapport annuel sur les droits de l’homme et la démocratieRechercher les traductions disponibles de ce lienEN•••.

      Par l’intermédiaire de l’instrument européen pour la démocratie et les droits de l’hommeRechercher les traductions disponibles de ce lienEN••• (IEDDH), l’UE soutient des groupes, des associations ou des particuliers qui défendent les droits de l’homme, les libertés fondamentales, la démocratie et l’État de droit. Cet instrument est doté d’un budget de 1,3 milliard d’euros pour la période 2014-2020.

      Macron : la situation en #Turquie ne permet « aucune avancée » avec l’UE
      http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/01/05/pour-macron-les-evolutions-recentes-de-la-turquie-ne-permettent-aucune-avanc

      Le président français a notamment évoqué des visions différentes sur le respect des libertés individuelles et a appelé la Turquie au « respect de l’Etat de droit ».

      #psychose

    • #Militarisation_des_frontières, dans ce cas la frontière turco-syrienne... avec l’argent de l’UE :

      Un’inchiesta giornalistica transnazionale ha rivelato che fondi UE sono stati impiegati dalla #Turchia per la militarizzazione del confine con la Siria. La parlamentare europea @SofiaSakorafa chiede alla CE di accertarsi che non ci siano violazioni dei diritti umani #RightsEP

      https://twitter.com/BalcaniCaucaso/status/986650825333379073
      Vu sur twitter, le 19.04.2018

  • Quatre morts dans un attentat commis par « un soldat de l’Etat islamique »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/230318/quatre-morts-dans-un-attentat-commis-par-un-soldat-de-l-etat-islamique

    Après la prise d’otages à #Trèbes, dans l’Aude, le 23 mars 2018. © Reuters Quatre victimes sont à déplorer, ce vendredi 23 mars, après une double attaque survenue dans l’Aude, où un individu armé a tiré sur des CRS et des automobilistes avant de prendre en otages plusieurs personnes dans un supermarché. Au cours de l’assaut, le terroriste a été abattu par le GIGN. L’État islamique a revendiqué l’attentat.

    #France #Amedy_Coulibaly #Arnaud_Beltrame #Aude #Carcassonne #Etat_islamique #Gérard_Collomb #Larossi_Abballa #Redouane_Lakdim #Salah_Abdeslam

  • Trois morts dans un attentat commis par « un soldat de l’Etat islamique »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/230318/trois-morts-dans-un-attentat-commis-par-un-soldat-de-l-etat-islamique

    Après la prise d’otages à #Trèbes, dans l’Aude, le 23 mars 2018. © Reuters Au moins trois victimes sont à déplorer, ce vendredi 23 mars, après une double attaque survenue dans l’Aude, où un individu armé a tiré sur des CRS et des automobilistes avant de prendre en otages plusieurs personnes dans un supermarché. Au cours de l’assaut, le terroriste a été abattu par le GIGN. L’État islamique a revendiqué l’attentat.

    #France #Amedy_Coulibaly #Aude #Carcassonne #Etat_islamique #Gérard_Collomb #Larossi_Abballa #Redouane_Lakdim #Salah_Abdeslam

  • Comme une furieuse envie de lire ...

    Plus vivants que jamais | Antiopées
    https://antiopees.noblogs.org/post/2018/03/18/plus-vivants-que-jamais

    Pierre Peuchmaurd. Plus vivants que jamais. Journal des barricades, éd. Libertalia, 2018

    J’ai lu déjà pas mal de bouquins sur Mai 68, particulièrement à l’occasion de la commémoration du quarantième anniversaire, en 2008. Un an auparavant, Sarkozy, en campagne électorale, avait prétendu vouloir en « liquider l’héritage »… Cela m’avait motivé, comme d’autres, je crois, pour me replonger dans cette histoire que je n’avais personnellement vécu que de loin – je n’avais que onze ans à l’époque, et la révolution s’était limitée pour mes copains et moi, dans notre quartier, à un mois de temps libre employé avant tout à perfectionner notre technique au ping-pong. Il y a dix ans, j’avais été marqué par la lecture de Kristin Ross, Mai 68 et ses vies ultérieures, dont j’ai parlé ici-même il y a peu. Ma découverte du cinquantenaire, c’est Pierre Peuchmaurd.

    #mai_68 #révoltes #lectures

    Franz Himmelbauer (le paysan du ciel, traduction littérale de son patronyme) publie également sur le site « la Voie du Jaguar ».
    https://lavoiedujaguar.net/_Franz-Himmelbauer_

    Je viens de le découvrir en lisant l’intégralité de "Vierge Indienne et Christ Noir de Georges Lapierre, auteur que l’on retrouve sur le même site.
    https://lavoiedujaguar.net/_Georges-Lapierre_

  • Reçu via la mailing-list du Collectif R (Lausanne, Suisse), le 5 mars 2018
    Site du Collectif R : http://desobeissons.ch

    Parcours de E.N. depuis le #Cameroun

    E.N. est originaire du Cameroun. Elle fuit ce pays, enceinte, en compagnie de son fils de deux ans et de son compagnon, en octobre 2016. Durant la traversée du #Niger, en octobre-novembre 2016, elle est victime de violences graves et inhumaines :

    « Nous avons fait deux semaines de voyage jusqu’à la frontière, à travers le désert. Nous étions très nombreux, entassés comme des animaux, allongés les uns sur les autres dans plusieurs pick-up, 42 personnes par véhicule ! Il y avait toute une colonne d’une dizaine de pick-up. Il faisait très chaud et nous étions sous la bâche. Nous ne devions pas bouger. Chaque mouvement dérangeait les autres qui nous frappaient. J’ai été beaucoup giflée pendant ce voyage parce que l’immobilité me causait des douleurs et je devais bouger. Je pleurais aussi à cause de mon fils parce qu’il faisait très chaud et que j’avais peur pour sa vie. Pendant trois jours il n’a pas bu d’eau. Il s’était déshydraté et il perdait du sang dans les selles et par vomissements. Il était très faible quand nous sommes arrivés.

    Des gens sont morts étouffés à cause de la chaleur et leurs corps ont été abandonnés au bord de la piste. Nous avons vu des squelettes dans le désert et des objets abandonnés comme des chaussures, des sacs, des vêtements. Nous avons vu un pick-up abandonné, des restes humains autour. C’était des images de la mort. Il n’y a pas de loi dans le désert et nous sommes à la merci du #guide qui nous conduit. Nous nous arrêtions dans les villages et là ils violaient les femmes. Moi j’avais rasé ma tête avant de partir et j’étais accompagnée d’un homme qui avait de l’argent et qui a à chaque fois pu payer pour qu’ils me laissent tranquille. Des hommes aussi étaient violés. Il y avait aussi des bandes armées qui nous accostaient pour nous prendre l’argent et kidnapper des femmes. Ils nous faisaient aligner allongées par terre et nous forçaient à ouvrir les jambes pour aller fouiller avec la pointe du fusil si nous cachions de l’argent à l’intérieur de nous. Ils demandaient aux enfants de regarder et mon fils de 2 ans a dû regarder. C’était ignoble.

    En #Libye nous sommes arrivés sur une espèce de camp où se trouvaient plus de 1’000 personnes. C’était en fait un terrain à ciel ouvert à proximité d’une ville. Nous sommes restés là deux semaines et demies. Les hommes partaient le matin pour travailler à la journée et gagner un peu d’argent pour poursuivre le voyage. Sur place, on nous vendait du pain, des boîtes de sardines et des packs d’eau. Il faisait très chaud, une chaleur qui n’a pas de nom, comme je n’avais jamais vécu auparavant. Il y avait beaucoup de diarrhées et de tuberculose et l’endroit était infesté de poux. Deux des femmes qui ont voyagé avec moi et qui sont maintenant en Allemagne sont atteinte de tuberculose et sont hospitalisées. Elles étaient en Suisse avant mais elles avaient reçu la décision de renvoi vers l’Italie et elles sont parties. Je le sais parce que nous échangeons nos contacts facebook entre nous pour que nos familles puissent être averties si nous disparaissons. Je suis restée en contact avec elles. La région était troublée et il y avait des attaques. Un jour, mon compagnon qui était parti avec un groupe d’hommes n’est pas revenu. Le passeur a dit que les milices locales les avaient fusillés. Je n’ai aucune preuve et je n’ai pas vu son corps. Je n’ai plus aucune nouvelle de lui mais sa famille non plus, qui a été avertie de sa mort par nos compagnons de route, et qui me harcèle depuis pour que je rende l’argent du voyage. Sa mère avait fait un emprunt pour qu’il puisse payer les passeurs.

    Le camp était gardé et nous ne pouvions pas nous enfuir comme ça. Mais la ville a été bombardée et il y a eu un mouvement de fuite de tous les migrants à ce moment-là. Je me suis enfuie avec mon fils. J’étais enceinte. J’avais caché de l’argent dans la semelle des babouches et j’ai pu payer pour la traversée de la #Méditerranée. Nous sommes arrivés en #Italie avec mon fils, complètement épuisés et démunis.

    Nous avons été logés dans une maison pour femmes tenue par des bonnes sœurs. Elles étaient sévères avec nous et contrôlaient la discipline. L’une d’entre elle était mauvaise et elle frappait nos enfants. Elle a frappé mon fils de 2 ans et quelques mois sous mes yeux parce qu’il avait arraché une fleur sur les plates-bandes. Les autres mères avaient peur de ces bonnes sœurs qui visiblement n’étaient pas là pour nous aider. Je me suis enfuie avec mon fils après quelques jours parce que cet endroit nous infantilisait et je ne me sentais pas respectée. Je ne voulais pas qu’on frappe mon fils ni que quelqu’un d’autre s’approprie l’éducation de mon fils. »

    Après s’être enfuie de chez les sœurs, E.N. et son fils arrivent à Milan où un amie les héberge quelques temps. Enfin, ils atteignent la #Suisse le…. Le jeune garçon est alors âgé de trois ans et E.N. est enceinte de…. Elle dépose une demande d’asile en Suisse, le….

    Malgré sa grossesse avancée, le SEM n’entre pas matière su sa demande d’asile et prononce son renvoi vers l’Italie, au nom des accords de #Dublin III. Elle accouche le 10 octobre 2017.

    Depuis lors, elle élève seule ses deux enfants, âgés aujourd’hui de 4 mois et de 3 ans, dans un contexte de grande détresse causé par la décision de son renvoi qui reste toujours valable aux yeux des autorités suisses. Les enfants nécessitent beaucoup de soins et une attention constante et E.N. ne dort pratiquement plus depuis des mois.

    Elle dit ne plus avoir la force de sortir avec eux, elle se sent très nerveuse et en situation de détresse, oppressée par la décision de son renvoi – qui peut être mise à exécution à tout moment. Elle vit de l’#aide_d’urgence, dans un centre collectif où le bruit et les dérangements continus l’empêchent de prendre du repos. En plus des douleurs causées par une arthrose des os, un ulcère à l’estomac pouvant provoquer des crises vomitives, et des sinusites chroniques occasionnant maux de tête et saignements, elle souffre d’un état d’#épuisement très avancé. Elle est sous anti-dépresseurs et suit, depuis septembre 2017, une psychothérapie de soutien. Le rapport médical versé par les professionnels qui l’entourent fait état de troubles anxieux dépressifs réactionnels, accompagnés d’une symptomatologie de #stress_post-traumatique. Elle a été hospitalisée une semaine en raison de ses angoisses et de son état d’épuisement physique et psychique et elle reçoit depuis un accompagnement infirmier à domicile.

    Malgré l’état de santé de E.N, malgré la charge de ses enfants en très bas et malgré les obstacles à leur réinstallation en Italie, un pays où la elle n’a aucune attache, aucun soutien ni aucune famille, et dont elle ne parle pas la langue, les autorités suisses refusent d’appliquer la #clause_de_souveraineté pourtant prévue par les accords de Dublin III en cas de raison humanitaire.

    Un réexamen de la décision de renvoi, basé sur le récent rapport médical établi par les professionnels de la santé qui entourent E.N, est déposé par sa mandataire juridique le 20 février 2017. Malgré cette démarche juridique, le Secrétariat d’Etat aux Migrations ne daigne pas suspendre le renvoi, même pour prendre le temps d’examiner à nouveau sa requête. Après quoi, l’autorité cantonale en charge de l’exécution des renvois – le Service de la population – tout aussi indifférent à la détresse de E.N. et de ses enfants, prononce leur #assignation_à_résidence, et leur fait savoir que la préparation de leur #renvoi_forcé vers l’Italie est bientôt terminée.

    Or, les autorités suisses n’ignorent pas les dangers auxquels est confrontée une femme migrante seule, avec ou sans enfants, dans les rue de l’Italie. Ainsi, les autorités suisses, intransigeantes dans leur acharnement à exécuter les renvois, mettent sciemment la vie de E.N et celle de ses enfants en danger !
    La Suisse a le devoir humanitaire évident de renoncer au renvoi en Italie de cette femme et de ses enfants, pour qui l’Italie serait une épreuve qui aggraverait leur état de santé psychique précaire nécessitant une prise en charge, et leur stabilité.

    #violence #femmes #parcours_migratoire #itinéraire_migratoire #grossesse #migrations #asile #réfugiés #mourir_dans_le_désert #morts #décès #désert #violences_sexuelles #viols #humiliation #non-entrée_en_matière #NEM #NEM_Dublin #renvoi_Dublin

    –-> Dans son récit, cette personne parle de #guide pour désigner les #passeurs.

    cc @isskein : voilà ce que c’est Dublin en Suisse...

  • Les mensonges sur France Télécom éclairent ceux sur la #SNCF
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/160318/les-mensonges-sur-france-telecom-eclairent-ceux-sur-la-sncf

    Pour justifier les ordonnances sur la SNCF, le gouvernement assure que son seul objectif est d’améliorer le fonctionnement de l’entreprise dans le cadre de l’ouverture à la concurrence. Les mêmes arguments, avancés pour France Télécom voilà 20 ans, ont débouché… sur une cascade de mensonges !

    #Economie #France_Telecom #Lionel_Jospin #Michel_Delebarre #Orange #Service_public

  • Procès de Tarnac : de l’art de fabriquer une menace et de la dégonfler
    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/03/14/proces-de-tarnac-de-l-art-de-fabriquer-une-menace-et-de-la-degonfler_5271037

    « Lecture paranoïaque a posteriori »

    Julien Coupat et Yildune Lévy ont-ils saboté une ligne de TGV dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 ? Ce qui est sûr, c’est qu’on a retrouvé dans leurs affaires une liste griffonnée par Julien Coupat, et que certains ont trouvé ça suspect. La voici : « Gants 25 000 W (Raph), scotch, pince, barbour-caban, tubes + ficelles, essai, 2e paire de gants, frontale, livre, acétone-dégraissant ». « Gants », « scotch », « tubes », « frontale » : de quoi hisser, de nuit, un crochet en fer sur une caténaire ? « Il faut toute la capacité de lecture paranoïaque a posteriori des services de renseignement pour y voir un kit de sabotage », raille Julien Coupat, qui précise que cette liste a été rédigée plus d’un an avant les faits qui lui sont reprochés. « C’est une liste normale, on fait des réunions avec les amis avant que quelqu’un aille en ville, Untel dit “j’ai besoin de ci, j’ai besoin de ça” ; Untel dit “ramenez un caban.” Manifestement, quelqu’un avait besoin de gants. Au Goutailloux, il y a une ligne de 40 000 V. Et ça donne ça. »

    Il rappelle surtout qu’au même moment ont été retrouvées sept autres listes. Sur l’une d’elles, dit la présidente, on lit notamment « bouteille de gaz » et « vélo ». Julien Coupat s’esclaffe : « Alors là, on a le scénario d’un attentat à bicyclette ! » Sur une autre liste, « thermomètre professionnel de boulangerie ». « Avec ça, clairement, on prépare un attentat qui devrait permettre de détruire la moitié du territoire français. N’est-ce pas M. Christen ? » Le procureur soupire. En deux après-midi, il en a déjà pris plein la tête. Plus que dix jours d’audience.

    #Tarnac

  • Quel(le) féministe êtes-vous?
    https://www.tdg.ch/extern/interactive_wch/tdg/2018/feminisme

    Vous voici à l’orée d’un webdossier consacré aux féminismes actuels. Pourquoi le pluriel ? Parce qu’il existe différents courants, chacun défendant une conception bien particulière de la cause des femmes. Pour défricher cette jungle idéologique, nous avons imaginé un test de 25 questions, à l’issue duquel vous découvrirez quelle famille féministe vous correspond le mieux. Le but : proposer une photographie des principales mouvances actuelles.

    Alors, on y va ?

    • pour essayer de comprendre comment cet outil pense , j’ai décider de répondre une seconde fois, comme un bon gros connard misogyne. Et au lieu de recevoir la réponse que je méritais ( vous êtes un gros connard misogyne ), je suis un feministe pop, avec des séries de pourcentages assez haute dans toutes les catégories (de 31% à 61%). Je suis bien conscient des faiblesses d’un outil qui pose la question depuis un seuil déjà largement optimiste (« quel(le) féministe êtes-vous ? »), mais ça reste assez inutilisable comme résultat.

    • Féminisme universaliste
      Vous estimez que la priorité du féminisme est de défendre les intérêts individuels et collectifs des femmes avant les intérêts de classe ou de communauté. Ces intérêts passent par l’égalité en droits des hommes et des femmes, l’autonomie financière des femmes, l’appropriation de leur corps, l’accès des femmes aux postes de cadres.

      Féminisme intersectionnel
      Vous prônez une forme de féminisme à la fois individualisé et multiculturel, inclusif et protéiforme. La phrase « On ne naît pas seulement femme » pourrait résumer votre pensée. Vous estimez qu’il existe une multitude d’oppressions simultanées qui viennent s’ajouter à celle du patriarcat, comme la classe sociale, la religion, la couleur de peau, le handicap ou encore l’orientation sexuelle. Selon la théorie intersectionnelle, les femmes noires, maghrébines, ou asiatiques par exemple, seraient « racisées », un terme qui indique qu’elles subissent non seulement le sexisme mais aussi le racisme. Pour vous, le féminisme doit s’adapter à cette réalité et combattre simultanément ces discriminations sans chercher à les hiérarchiser.

      Féminisme différentialiste
      Vous estimez que les différences biologiques entre hommes et femmes ont une importance prépondérante par rapport au genre socialement construit. En raison de leur capacité de procréation, les femmes, selon vous, portent en elles une série de qualités naturelles comme l’empathie, la protection, le soin, et la société bénéficierait de ces qualités. Vous pensez donc que le féminisme ne doit pas pousser les femmes à ressembler aux hommes, mais à revaloriser leurs qualités propres.

      Pour vous, le féminisme devrait prendre le fonctionnement des femmes, lié notamment au cycle et à la maternité, comme point de départ.

      Féminisme pop
      Vous trouvez que la lutte pour l’égalité avance dans la société, et que ça se ressent dans le paysage médiatique et culturel. Vous préférez affirmer vos convictions par une autre voie que le militantisme agressif. Vous prônez un féminisme décomplexé, quitte à utiliser l’humour, le cynisme ou l’irrévérence.

      Vous estimez que la cause des femmes doit appartenir à toutes et à tous et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir pour se revendiquer féministe. Vous avez totalement assimilé la culture des gender studies (études genres) chères aux Anglo-Saxons. Vous rejetez l’idée, poussiéreuse à vos yeux, d’un féminisme sacralisé. Vous estimez qu’il faut sortir le mouvement de la sphère militante, politique et intellectuelle pour le faire entrer de plain-pied dans le quotidien des femmes.

      Féminisme pro-sexe
      Pour vous, la sexualité est un outil politique puisque des enjeux de pouvoir s’expriment à travers elle. Par conséquent, ce qui se passe dans les alcôves a aussi des répercussions sur la vie sociétale. Vous pensez, par exemple, que si on enferme les femmes dans des stéréotypes comme la sensibilité et le romantisme et les hommes dans ceux de la performance et de la domination, cette vision se perpétue dans la vie de tous les jours. Vous estimez qu’il faut déconstruire les clichés sur la sexualité des uns et des autres, vous saisir des pratiques dites masculines pour mieux les détourner et aller vers l’égalité homme/femme.

      Vous détestez l’idée d’une féminité unique, parfaite et consensuelle. La féminité pour vous est synonyme de diversité : le corps féminin est parfait dans son imperfection, qu’il soit maigre, gros, petit ou poilu. Vous n’aimez pas l’idée de norme collective.
      Vous estimez que la laïcité est une valeur indispensable au féminisme, et que les trois religions monothéistes véhiculent le pouvoir patriarcal et empêchent donc l’émancipation des femmes.

      non féminisme
      Vous êtes arrivé sur cette page car aucun courant féministe exposé ici ne correspond à vos réponses. Les raisons en sont diverses. Il est possible que vous estimiez que le féminisme a pu être utile il y a quelques années mais est dépassé aujourd’hui. Pour vous, féminisme rime actuellement avec langage épicène et théorie du genre.

      Vous n’appréciez pas l’agressivité de certaines mouvances féministes, et ne vous sentez ni représentée si vous êtes une femme ni considéré si vous êtes un homme par le féminisme tel que vous le connaissez aujourd’hui.

      De manière générale, les revendications féministes actuelles vous semblent futiles, quand elles ne vous donnent pas carrément des boutons. Peut-être vous définissez-vous même comme antiféministe ou masculiniste, et vous estimez que les différences biologiques entre hommes et femmes impliquent des caractères différents. En cela, savez-vous que vous rejoignez une thèse également soutenue par les féministes différentialistes ?

    • En fait, c’est la première fois que je lis un truc de Zemmour. Quelle entrée en matière ! Il n’y aucun commentaire qu’on puisse faire,ma mâchoire est tombée par terre. Que ça ait dû passer par des chemins aussi tortueux, cette première lecture, est également fascinant.
      Qu’il faille autant d’autres chemins tortueux pour atteindre la catégorie la plus représentée du monde (non féministe) est assez, comment dire ? troublant, hein ; ça donne évidemment des idées idiotes, comme soumettre à ce questionnaire des dizaines de gens dont je connais les positions avouées ou insues (aveugles à elles-mêmes) non ou anti féministes pour voir ce que ça donne...

  • Au Kenya, une « mini-république de femmes » contre les violences et les mutilations
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/03/12/au-kenya-une-mini-republique-de-femmes-contre-les-violences-et-les-mutilatio

    Une dizaine de huttes de bois et de plastique qui se dressent au milieu d’une plaine aride, souvent visitée la nuit par les éléphants et les léopards : pour beaucoup, le village de Mopukori serait hostile. Pour elles, c’est un havre de paix. « Nous sommes très heureuses de vivre ici parce que nous sommes libres. Personne n’est là pour nous imposer des restrictions, nous avons le pouvoir », sourit Nepi Lelegweny. Regard tranquille, dents du bonheur, elle est la doyenne du village, du haut de ses 42 ans. Autour d’elle, se sont rassemblées à l’ombre d’un grand acacia quelques-unes des vingt-six femmes qui forment cette communauté atypique.

    Il y a vingt-cinq ans, une poignée de pionnières a fondé ce village à quelques kilomètres de la bourgade d’Archers Post, à plus de 300 kilomètres au nord de Nairobi, pour fuir le sort que leur réservait leur propre communauté. Comme leurs cousins masai, les Samburu pratiquent l’excision comme préalable au mariage, traditionnellement arrangé dès le plus jeune âge. Dans cette région pauvre et isolée, les jeunes filles quittent très tôt l’école – l’anglais et le swahili, enseignés dès le primaire au Kenya, ne sont presque pas parlés dans le village. Les femmes sont réduites à leur rôle de mère et très peu considérées. Au sein des foyers, racontent-elles, les violences sont banales.

    Une fatalité que les habitantes de Mopukori ont décidé de briser. Jernesa Lekiloi est la dernière arrivée. Il y a quatre mois, cette mère âgée de « presque 28 ans » a quitté en bloc son mari, son foyer et son village, à plus de 40 kilomètres de là. Elle avait entendu parler d’un refuge pour les femmes. « Nous sommes venus à pied, moi et mes cinq enfants. Cela a pris deux semaines car il fallait porter les plus petits, faire des haltes », raconte cette femme au visage enfantin souligné par une épaisse rangée de colliers de perles. « J’étais mariée à un homme très violent, qui buvait beaucoup. Nous avons eu jusqu’à 300 chèvres, mais il a tout vendu pour acheter de l’alcool. Je ne veux surtout pas qu’il revienne, il me battrait encore. »

    La présence des hommes est tolérée dans le village, mais ce n’est pas le cas à Umoja, à une dizaine de kilomètres. Au fil des ans, quelques communautés de ce type ont essaimé dans la région, faute de place dans les villages de femmes existants mais aussi en raison de désaccords sur le règlement. Ils sont une dizaine, principalement des fils de résidentes devenus adultes, à vivre à Mopukori. Les pères sont autorisés à venir voir leurs enfants, les « petits amis » à rendre visite, parfois à rester dormir. La règle est stricte : seules les femmes décident qui a droit de cité.

    Celles-ci ont des raisons pragmatiques d’accepter la présence masculine : elle les aide à assurer leur sécurité. « Nous sommes organisés pour faire des rondes. Un premier groupe tourne jusqu’à minuit, le deuxième veille jusqu’au matin », explique Bruce Lenasio, le fils de Mary, l’une des plus anciennes membres de la communauté. En tricot blanc et pagne bleu noué à la taille, il se montre fier de ce rôle emprunté à la tradition des morans, ces jeunes « guerriers » chargés de protéger le bétail et le village.
    Des résidentes au travail sur une nouvelle construction dans le village de femmes de Mopukori, plus de 300 kilomètres au nord de Nairobi, en février 2018. Vingt-cinq ans après la fondation de cette communauté, des mères continuent d’arriver avec leurs enfants.

    Après la tombée de la nuit, lorsque Mopukori, sans électricité, est plongé dans le noir et le silence, la faune sauvage est la plus grande menace. Une semaine plus tôt, un éléphant a franchi la clôture d’épineux qui entoure le village, brisant plusieurs branches du grand acacia, sans faire cette fois plus de dégâts. Parfois, les habitantes doivent aussi se protéger de la colère et de la brutalité des hommes. « Il y a peu de temps, mon petit ami est venu. Il voulait rester dormir, mais je n’étais pas d’accord car il avait bu. Nous l’avons chassé », raconte avec un mélange de tristesse et de soulagement Nasileen Letapo, 32 ans et trois garçons.
    « L’homme et la femme doivent vivre ensemble »

    L’autonomie de la communauté passe aussi par l’indépendance financière. Mopukori vit, comme n’importe quel village samburu, de l’élevage du bétail (même si le troupeau s’est réduit à quatre chèvres depuis la rude sécheresse de l’année dernière) et de la culture de petites parcelles arrachées à la plaine sèche et sablonneuse. Les femmes vendent aussi leurs colliers de perles aux touristes qui sillonnent les parcs naturels alentour, et qui laissent au passage quelques dons. Chaque shilling économisé permet de lancer une petite activité, de revente ou de confection, pour rapporter un peu plus d’argent. Un rôle traditionnellement dévolu aux hommes mais qui semble aujourd’hui évident aux résidentes de Mopukori.

    Lire aussi : Au Kenya, comment sensibiliser les hommes aux menstruations ?

    A Archers Post, une telle inversion des règles ne réjouit pas tout le monde. Dans cette bourgade poussiéreuse qui s’étend le long de la route nationale, les hommes sont partagés entre tolérance, indifférence et rejet. « Ce n’est pas acceptable, ces femmes combattent notre communauté », gronde John Lemasa, en démarrant sa lourde moto blanche.

    Un peu plus loin, le pasteur Julius Lelesit, qui arbore boutons de manchettes et chemise mauve brillante, est bien embêté : « Je les autorise à venir à l’église, mais en tant qu’homme de Dieu je me dois de leur rappeler que l’homme et la femme doivent vivre ensemble. » Et cette figure tutélaire d’ajouter, sans trop y croire, à l’évocation des violences subies : « Nous avons pourtant un conseil chargé de résoudre les problèmes au sein des familles… »
    Initiatives privées ou projets d’ONG

    Dans la capitale, Nairobi, ces quelques villages samburu ne sont que vaguement connus. Personne ne peut dire combien il en existe à l’échelle nationale. « Il y en a très peu, ce sont des initiatives privées ou des projets d’ONG », affirme sans plus de chiffres Wangechi Wachira, qui dirige le Centre for Rights Education and Awareness (CREAW), une association de lutte pour les droits des femmes. Pour elle, la solution est ailleurs : « C’est à l’Etat de prendre en charge ces survivantes, la loi prévoit d’ailleurs de créer des refuges et nous allons continuer de nous battre pour que cela soit fait. »

    Une loi de 2015 contre les violences domestiques devait en effet permettre la création de structures d’accueil à travers tout le pays. Un processus complexe dont les modalités sont encore mal définies, admet-on au sein de la Commission nationale du genre, chargée de conseiller l’Etat sur ces questions. Et d’autant plus laborieux qu’il dépend de la volonté politique et des ressources publiques.

    Lire aussi : L’excision touche des millions de femmes dans le monde, des milliers en France

    Le Parlement kényan a également adopté en 2011 une loi interdisant les mutilations génitales. Si une docteure de Machakos (au sud-est de Nairobi) a demandé devant la justice en janvier 2018 l’annulation de ce texte qu’elle juge discriminatoire à l’égard des femmes souhaitant respecter les rites – une requête renvoyée vers la Cour suprême –, l’excision est de moins en moins pratiquée, remplacée par une cérémonie symbolique ou tout simplement bannie. Les chiffres chutent lentement : actuellement, 20 % des femmes sont excisées, contre 30 % au début des années 2000. Mais de grandes disparités existent entre les zones urbaines et rurales. « Certains villages sont tellement isolés que la loi n’y est même pas connue ! » note Wangechi Wachira, du CREAW.

    Au milieu de la plaine de Mopukori, Nepi confirme : « Avant, aucune femme ne pouvait être mariée sans être “coupée” ; maintenant, c’est peut-être une sur cinq, celles qui viennent de l’intérieur [du pays] », dit-elle, faisant frémir ses doubles boucles d’oreille d’un hochement de tête. La doyenne est optimiste mais les défis restent nombreux. Bon ou mauvais signe, les arrivées n’ont pas cessé. Mary, la mère de Bruce, une femme élégante aux cheveux déjà grisonnants, commence à réunir l’argent nécessaire pour construire un nouveau village. Sans attendre l’ouverture des refuges de l’Etat, dont elle n’a jamais entendu parler.

    #umojia #féminisme #autodéfense #survivantes

    • L’ancien commissaire Darquier de Pellepoix osait avancer qu’à Auschwitz on n’a gazé que des poux, chevauchant l’hyper-criticisme de Robert Faurisson qu’a si justement déconstruit Pierre Vidal-Naquet dans Les Assassins de la mémoire. La rhétorique de M. el Khal, qui se situe dans le registre du premier pas vers le négationnisme - équivalence entre victimes et bourreaux - aboutira un jour à une ignominie semblable sur la Ghouta ou Alep si l’on n’y prend pas garde.

      Voilà qui habille Le Média pour l’hiver.

      #invectives

    • Ah ! mais oui chez Ballast c’est beaucoup mieux quand on enfonce ses consoeurs et confrères ! Bravo !

      Claude El Khal est notre correspondant au Moyen-Orient. Il a sa vision des événements et il affirme se méfier des manipulations provenant du régime syrien tout autant que des belligérants américains ou européens. Il a raison. Les guerres sont des moments où l’information est manipulée à des fins stratégiques. Le journalisme consiste à prendre ses distances avec les sources belligérantes. À rappeler que les civils sont des victimes innocentes. Sa position est raisonnable, et juste. Il ne choisit qu’un seul camp : celui de la paix et de la préservation des vies. Ceux qui attaquent sa position trouvent peut être qu’être tué par une bombe américaine est moins condamnable que par une bombe russe ? Pour moi, ceux qui bombardent sont tous coupables. On peut bien condamner le régime syrien soutenu par les Russes. On peut aussi condamner la Turquie d’Erdogan soutenue par les américains et les européens. On peut condamner l’Arabie saoudite armée par la France. On peut condamner l’Iran qui arme le Hezbollah. On peut condamner les djihadistes armés par les américains. On peut condamner la France, les européens, les USA qui organisent le chaos dans cette région du monde. On peut condamner les intérêts des multinationales de l’armement, du pétrole et du gaz qui tirent profit de la situation. Mais on ne peut pas condamner un journaliste comme Claude El Khal qui a le courage de dire tout haut que le seul camp qu’il fait sien est celui des civils, des enfants, qui vivent l’enfer. Claude El Khal a raison de refuser que l’on diffuse des images dont on ignore la provenance, dont on ignore la véracité. Chaque fois que vous voyez des vidéos sur la Ghouta : demandez-vous qui a filmé, sous la protection de qui, pour faire passer quel message, pour servir les intérêts de qui ? ce n’est pas la première guerre de communication, ce n’est pas la première fois que « l’opinion publique internationale » est soumise au matraquage et à la propagande des belligérants. Au Média, nous n’acceptons pas l’instrumentalisation. Nous disons clairement que les belligérants doivent cesser leurs bombardements que ce soit à Damas, la Ghouta, au Yémen. Qu’ils cessent de massacrer des civils. Si d’autres médias estiment qu’il faudrait prendre le parti des USA et des européens, qu’ils le fassent. mais ne rêvez pas : Le Média ne s’alignera sur aucun camp. Notre camp c’est la paix et la vie humaine. Ce sont vos guerres, pas les nôtres. Nous sommes avec les peuples. Et si vous trouvez nos positions angéliques, laissez nous penser que les vôtres sont belliqueuses, sources de haine, de souffrance. Nous ne faisons de mal à personne. Et vous ? Comme Jean Jaurès : nous défendrons la paix. Que ceux qui veulent la guerre y envoient leurs enfants.

    • Nous passerons sur le fait que les propos sur le conflit syrien de Robert Fisk - ne connaissant qu’un seul ennemi : l’Occident — ont été dénoncés non seulement par des confrères journalistes [16], mais aussi par les chercheurs et experts de la révolution syrienne.

      Fisk en prend lui aussi pour son grade. La note 16 sensée servir, j’imagine d’argument contre Fisk, pointe vers le Courrier International, article de 2007 (!) publié initialement dans Haaretz. On devra se contenter de cela pour conclure que Fisk n’est pas crédible (et négationniste, donc, cf. la conclusion).

    • Pour mieux comprendre son engagement au sein de la « résistance civile à l’occupation syrienne du Liban » évoqué dans l’article d’Audrey Kucinskas pour L’Express

      Je n’oublierai jamais le 13 Octobre 1990.

      Je n’oublierai jamais les avions syriens qui lançaient leurs missiles sur les dernières régions libres du Liban. Je n’oublierai jamais la terreur des femmes, des hommes et des enfants sous le feu aveugle des canons du régime baathiste. Je n’oublierai jamais les larmes des pères, des mères, des fils et des filles au moment de la reddition.

      Je n’oublierai jamais les soldats de l’armée libanaise massacrés alors qu’ils étaient prisonniers. Je n’oublierai jamais le silence de mort qui a accompagné l’entrée des troupes syriennes à Baabda. Je n’oublierai jamais les tirs de joie de la soldatesque d’occupation quand l’invasion fut achevée.

      Je n’oublierai jamais que parmi ceux qui se divisent aujourd’hui en 8 et 14 Mars beaucoup ont applaudi et crié victoire, certains après avoir pilonné sauvagement les régions libres, d’autres après avoir participé aux combats contre l’armée libanaise.

      Je n’oublierai jamais que tout ça s’est passé avec la bénédiction du monde entier, de ceux qui veulent aujourd’hui abattre le régime syrien, ceux qui le décrivent depuis si peu comme criminel et barbare : les Etats-Unis, l’Europe, la France socialiste à laquelle appartenaient déjà messieurs Fabius et Hollande, la Ligue Arabe, les monarchies du Golfe, la Turquie… Même l’Iran et Israël étaient à l’unisson.

      Je n’oublierai jamais les heures noires de ce jour funeste et la nuit sans étoiles qui s’est abattue sur nous. Je n’oublierai jamais les 15 ans qui ont suivis. 15 ans de répression, de pillage organisé, de corruption institutionnalisée. Je n’oublierai jamais la peur, la rage, la tristesse, la mort.

      https://claudeelkhal.blogspot.fr/2015/10/je-noublierai-jamais-le-13-octobre-1990.html

    • Je reviens à ma première question, et la chaleur de « nos » commentaires sur SeenThis me fait me la poser de manière encore plus lancinante : qu’y a-t-il dans la question syrienne pour susciter de telles passions au sein d’une certaine gauche (française et au-delà européenne) ? Sur le Chili, le Vietnam, d’autres conflits encore, à tort ou à raison, je peux m’expliquer la ferveur de certains engagements. Peut-on dire la même chose de la Syrie ? Une fois posé le despotisme très connu par un demi-siècle d’expérience du régime, on ne sort pas d’un constat assez simple à faire : la majorité de la population n’a pas vraiment rejoint le mouvement (y compris à ses débuts), par peur, par calcul, par expérience, etc., c’est un fait. Si la majorité silencieuse s’est exprimée en Syrie, c’est par le départ, dans les pays voisins, en Europe et ailleurs... Et du côté des adversaires du régime, quel est le poids de mouvements révolutionnaires qu’on peut raisonnablement soutenir quand on a précisément une sensibilité de gauche, par rapport à des milliers de « rebelles » puisque c’est le terme utilisé, mercenaires, pillards, fanatisés, manifestement à la tête des opérations à partir de l’été 2011 ?
      Je précise que ma question est aussi naïve que sincère et que je serai ravi d’entendre des explications qui tiennent...

    • Selon Le Courrier international : @gonzo

      Comme le rappelle Michael Jansen, spécialiste du Moyen-Orient au quotidien The Irish Times, « les villes […] de Ghouta orientale sont tombées sous le contrôle des combattants rebelles en 2013 et sont aujourd’hui le dernier refuge de fondamentalistes de la Faylaq Al-Rahman (Légion de Rahman) et de la Jaish Al-Islam ( Armée de l’islam ), soutenue par l’Arabie Saoudite , dans la région de Damas ». Le régime de Bachar El-Assad cherche actuellement à « exercer des pressions militaires » sur cette zone pour se débarrasser de ces combattants.

      https://www.courrierinternational.com/article/syrie-sous-les-bombardements-du-regime-la-ghouta-orientale-re

      Raisonnablement je ne peux soutenir aucun de ces mouvements fondamentalistes (Faylaq Al-Rahman), salafistes (Jaish Al-Islam) et djihadistes (Tahrir Al-cham) qui prennent la population en otage de même que le régime de Bachar et je continue de partager le point de vue de Claude El Khal et du Média :

      Au Média, nous n’acceptons pas l’instrumentalisation. Nous disons clairement que les belligérants doivent cesser leurs bombardements que ce soit à Damas, la Ghouta, au Yémen. Qu’ils cessent de massacrer des civils. Si d’autres médias estiment qu’il faudrait prendre le parti des USA et des européens, qu’ils le fassent. mais ne rêvez pas : Le Média ne s’alignera sur aucun camp. Notre camp c’est la paix et la vie humaine. Ce sont vos guerres, pas les nôtres. Nous sommes avec les peuples. Et si vous trouvez nos positions angéliques, laissez nous penser que les vôtres sont belliqueuses, sources de haine, de souffrance. Nous ne faisons de mal à personne. Et vous ? Comme Jean Jaurès : nous défendrons la paix. Que ceux qui veulent la guerre y envoient leurs enfants .

    • Sur un point qui a l’air important dans le débat, l’article de @lundimatin dit uniquement que « Faylaq al Rahman » est affilié à l’ASL et que d’autres groupes les considèrent comme « laïcs et apostats » (mais on ne sait pas ce qu’en pense réellement les auteurs de l’article). Du coup ce serait des « gentils » ?

      Mais en revanche la carte du Monde, elle, dit que « Faylaq al Rahman » se revendique de l’ASL, et surtout que c’est un groupe « à dominante islamiste » !
      (Et je suppute qu’il est possible et peut-être courant que des groupes islamistes traitent d’autres groupes islamistes de laïcs et apostats car ils ne sont pas d’accord, mais bon je n’y connais rien…)

      L’effectif d’environ 30% est le même dans les deux, mais par contre du coup ils disent donc plutôt l’inverse sur ce groupe :
      – Dans un cas le groupe EST affilié à l’ASL et est présenté comme pas islamiste du tout (mais c’est l’avis d’un autre groupe islamiste et non des auteurs eux-mêmes).
      – Dans l’autre, le groupe SERAIT affilié à l’ASL, au conditionnel car c’est le groupe lui-même qui se revendique, et il est présenté comme majoritairement islamiste.

      Je n’ai rien à en dire mais c’était juste pour souligner la différence.

    • @baroug : non. Burgat n’a pas attendu autant de morts avant de s’attaquer directement à la gauche anti-impérialiste (thème fondateur des fanboys de la révolution syrienne) dès août 2012 :
      https://www.facebook.com/francois.burgat/posts/318712458225901

      Rappel encore : 2 mois plus tôt il prétendait aussi avec Caillet que Nusra n’existait pas et était une invention du régime commentant des attentats false flag. Fadaise complotiste dont l’utilité est de maintenir la supériorité morale des partisans de la militarisation de la contestation syrienne.

      L’attaque contre Oumma par le même Burgat, c’est l’année d’après, juin 2013 :
      https://seenthis.net/messages/147381
      (l’attaque contre le nationalisme arabe classique étant aussi un thème favori de la part de fanboys).

    • Le pire dans toute cette histoire, c’est que la guerre idéologique, de la vérité ou des contre-vérités (peu importe) risque non seulement de masquer les réalités de ce conflit qui perdure depuis le printemps 2011 mais aussi de banaliser auprès de l’opinion ce genre de situation. Saura-t-on jamais combien de victimes aura fait cette guerre parmi les civils désarmés ? Combien de personnes ont fui devant ces atrocités (Syrie et pays voisins) ? La première erreur commise le fut (à mon avis) par le « camp occidental » qui décida de livrer des armes aux « rebelles » et d’envoyer des instructeurs auprès des factions belligérantes. On connait ensuite l’enchainement fatal : la Russie poutinienne intervint à son tour parce que, hein, on allait pas laisser les États-Uniens tripatouiller tout seul dans ce merdier, déjà que,avec les précédentes ingérences en Irak et en Afghanistan (depuis 1979, juste après l’invasion soviétique), ils avaient déjà bien pourri l’ambiance, sans compter le soutien inconditionnel qu’ils accordent à l’état d’Israël. La guerre des communiqués prit rapidement le relais. Chaque « camp » se dota d’alliés de circonstances (Turquie, Iran, n’oublions pas non plus les nations euro-atlantistes) qui en rajoutèrent dans la désinformation et le brouillage médiatique.
      Ce qui se passe au Proche-Orient (Moyen-Orient, Levant) depuis la fin de l’empire ottoman et surtout depuis la découverte de la manne pétrolière dans cette région est un naufrage de la soit-disant civilisation et, comparés à cela, les camions d’essence de « Mad Max Fury » ressemblent juste à une histoire de petit chaperon rouge pour faire frissonner les enfants avant qu’ils ne s’endorment. Bonne nuit ! Pour le brouillard, on a ce qu’il faut en magasin ...

      Et - pardonnez-moi si j’m’excuse, j’allais oublié un point TRÈS important dans la série des « on ne saura jamais » ; c’est le chiffre d’affaire des marchands d’armes (toutes catégories confondues) lié à ce conflit.

    • Non mais que certains, et Burgat et Filiu dont l’un est connu depuis longtemps pour croire et entretenir l’idée d’un islamisme « de gauche » et l’autre fétichise peut être les révolutions arabes en général, aient été en avance sur cette fracture c’est une chose. Mais de toute façon, elle est ancienne, et vous la connaissez tous puisque bien antérieure au conflit syrien ; vous en étiez déjà acteurs.
      Après, je pense que l’intensité du conflit, qui est le plus meurtrier de la décennie, doit jouer un rôle dans la généralisation de la fracture à gauche, si l’on peut dire.

    • Tout à fait @sombre

      @nidal La faute à la vieille gauche aveugle et égoïste !

      « C’est triste et cruel mais c’est comme ça : la force d’inertie intellectuelle d’un pan entier de cette bonne vieille gauche arabe et européenne est en train de l’empêcher de prendre un virage historique ! Son aveuglement dans le dossier syrien a plusieurs causes. L’une des toutes premières est une surenchère égoïste et intolérante dans l’appropriation privative du label anti-impérialiste :
      « Personne d’autre que nous, et surtout pas la génération de l’Islam politique ».

      Pour François Burgat, les islamistes ont toujours raison !
      https://mondafrique.com/francois-burgat-islamistes-ont-toujours-raison

      Peut on classer Burgat dans cette sphère de l’islamo-gauchisme dans le milieu intellectuel français, et qui joue le rôle des avocats du projets islamiste, d’une manière ou d’une autre ?

      Je n’aime pas du tout l’expression « islamo-gauchisme » qui est souvent employé par les islamophobes ou les milieux français islamophobes. Par ironie, je dirai, pour commencer, que F. Burgat n’est, de mon point de vue, certainement pas de gauche, si l’on se réfère simplement aux messages Facebook qu’il n’a cessé de diffuser au cours de la dernière campagne présidentielle française, dénigrant surtout Jean-Luc Mélenchon et ne manifestant pas, semble-t-il, beaucoup plus de sympathie politique ou électorale pour Benoît Hamon. Il est peut-être un peu plus « macroniste », une tendance plutôt sociale-libérale. Par certains côtés, j’ai l’impression que le politiste français veut être plus royaliste que le roi, soit en trouvant toujours de bonnes excuses aux islamistes légalistes dans leurs échecs, soit en étant encore plus optimiste qu’eux dans la capacité à mener à bien des combats politiques démocratiques et à gérer sans heurts des sociétés.

      Haoues Seniguer

    • Bon, si je résume ce que j’ai compris (pour @Baroug notamment) :
      – la gauche se mobilise parce qu’il y a beaucoup de victimes, ou encore la fracture devient plus importante du fait du nombre de morts : mais alors, pourquoi ce silence sur le Yémen ?)
      – on peut à la rigueur soutenir en fonction d’un pourcentage pas trop élevé d’islamistes vraiment méchants. En acceptant que ce soit possible, cela signifie qu’on se résigne à soutenir un truc qui ne sent pas très bon alors qu’on nous demande justement de ne pas nous poser de questions (et qu’on cloue au pilori celui qui le fait, El Khal en particulier)
      – le Moyen-Orient, terrain de jeu du capitalisme sauvage, OK @Sombre_Hermano mais pourquoi tant de personnes à gauche se sentent-elles obligées à coopérer ? Tout de même, et quelles que soient les souffrances passées, il y a (un peu) plus de lucidité sur le sionisme !
      _ quelques acteurs (Burgat, mais peut-être moi aussi, je ne m’exclus pas) ne seraient pas vraiment de gauche, d’où leurs positions étranges. Mais il ne s’agit pas de ces quelques exceptions, le nécessaire soutien aux types qui se battent dans la Ghouta est une opinion très largement majoritaire.
      Merci aux contributions, mais je reste avec mes questions :-(

    • Je peux parler de ce que j’en pense de mon côté :
      1) troubles internes (la « révolution »), dont à aucun moment il n’a été tout à fait possible de savoir si l’opération de « regime change » la récupérait ou l’initiait ;
      2) militarisation quasi-instantanée, daech simultanément en Irak et en Syrie, pertes gouvernementales très fortes ;
      3) on finit par avoir des informations sur daech et ses soutiens, et sur al qaida et ses soutiens, on apprend que les mécènes (comme l’article en parle sur Lundi Matin) sont la Turquie et quelques autres pays reconnus pour leur absence totale de respect de la vie humaine ;
      4) finalement, le régime s’en sort, et par force, c’est un carnage, les belligérants y jouant tous leur survie. On sait ce que c’est, on a quelques guerres derrière nous pour nous le rappeler.

      Je suis allé voir « Pentagon Papers », où on te rappelle obligeamment que dès 1954 des opérations de regime change et +++ étaient réalisées en sous main pour déstabiliser le Vietnam.

      Donc, il faudrait cesser de critiquer la couverture actuelle des évènements en Syrie au prétexte que les forces gouvernementales gagnent du terrain, parce que c’est bien de ça qu’il s’agit ?

      C’est une guerre à mort, entre deux armées visiblement de force plus ou moins équivalentes, les pertes équivalentes en nombre de chaque côté en attestent il me semble. Oui, les pertes civiles sont odieuses, un petit « Dresde » pour le moment. Je ne ferais pas de référence aux pertes de la Corée du Nord pour ne pas commettre de Point... CIA ?

      Deux armées bien équipées, qui font des massacres des deux côtés, des civils qui trinquent. Une documentation abondante sur les livraisons d’armes et sur les mécènes.

      Et donc, on reproche à certains que l’on dit « de gauche » de ne pas vouloir prendre parti dans ce tourbillon de propagande.

      Ce serait quoi le but ultime de cette prise de position que l’on devrait réaliser sans remettre en doute aucune des informations transmises ? De faire « encore plus de guerre » ?

      Notez que je n’ai pas encore parlé du droit international et de souveraineté. Je serais immédiatement accusé de parler comme Poutine. Mais... Bon... L’ONU, on lui demande beaucoup de juger si tel ou tel crime pris dans la multitude est un crime de guerre ou pas, mais on pourrait aussi l’utiliser pour dire si l’intervention de telle ou telle nation, en tant que « mécène » d’un des nombreux groupes anti-gouvernementaux, est légale ou pas, au regard du droit international. C’est moins vendeur que de laisser parler ses tripes en regardant des images de gamins ensanglantés, évidemment.

      Alors, 300000 morts, ça veut dire quoi ? Qu’on doit cesser tout esprit critique ? Ou ça veut juste dire que des deux côtés, aucun décideur n’a jugé nécessaire de cesser d’alimenter les belligérants ?

    • @biggrizzly, dans ton décompte, tu ne dis pas que sur les 100 000 civils tués, la très grande majorité l’a été par le régime. Je pense que c’est un des arguments majeurs de ceux qui considèrent que faire une équivalence entre les « camps » est problématique, pour le moins.

      Par ailleurs, je ne vais pas me faire l’avocat de la gauche anti-Assad (ou comme vous voudrez la nommer), je n’ai pas moi-même de position claire (et je vous lis tous avec intérêt pour essayer d’y comprendre quelque chose), mais il ne me semble pas qu’ils considèrent qu’il faut cesser d’exercer son esprit critique, mais encore une fois que renvoyer les deux camps dos à dos n’est pas une position tenable.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_syrienne#Pertes_civiles

    • @gonzo Une de mes théories, est que justement sur la Syrie il y a eu une sorte de « résistance », ou méfiance, relativement large, et qu’elle s’est assez tôt exprimée contre la militarisation de l’opposition (donc début/mi-2012). Et ces résistances sur la Syrie ne se sont pas exprimées seulement dans les cercles militants de la gauche française, mais également dans les gauches arabes (article dès août 2012 dans le Diplo) :
      https://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/DOT_POUILLARD/48029
      Les résistances et méfiances se sont plus largement exprimées assez tôt dans le monde arabe, notamment dans les milieux nationalistes arabes old school et leurs alliés (notamment en France) : Afrique-Asie, Labévière, toute la bande, désormais considérés comme de nouvelles incarnations du diable.

      Mais aussi dans des cercles officieux qui, normalement, doivent se taire. Je pense que, très tôt, les articles sceptiques de Malbrunot sur le sujet reflétaient, venant de ce bonhomme, le scepticisme des milieux du renseignement et de la défense en France.

      Et même chez les opposants syriens historiques, la militarisation n’a pas du tout fait l’unanimité. On a beaucoup cité ici Haytham Manna, et comment il a été largement mis sur la touche dès qu’il a dénoncé les dangers de la militarisation début 2012.

      Et plus largement, le sujet tabou que tu évoques de temps en temps : l’opinion syrienne n’a pas forcément basculé aussi unanimement qu’on a bien voulu se le raconter. Et surtout pas en faveur d’une escalade militaire à base de milices – pas par amour du régime, mais parce que ça ne s’était déjà pas bien passé à côté (Liban, Irak).

      Or, sur des révolutions précédentes, ça n’avait pas tellement moufté, ou pas aussi bruyamment. En particulier, la guerre sur la Libye, ça a été beaucoup plus discret. Il y a bien eu Herman (justement !) se payant la tête Gilbert Achkar (accusé de prétendre « micromanager » les bombardements de l’OTAN), mais ça doit être à peu près tout.

      Je pense que, notamment pour la Libye, il n’y a pas réellement eu besoin d’une bataille sur l’opinion publique ; on a eu du bombardement occidental old school, silence dans les rangs et le doigt sur la couture du pantalon. Sur la Syrie, ça n’a pas été le cas. Très rapidement il y a eu des résistances (voir ci-dessus), et cela par des gens très légitimes et ayant accès habituellement aux médias mainstream.

      Cette résistance inattendue, de la part de franges légitimes des militants, et de milieux acceptés dans les grands médias, je pense que c’est un des éléments qui ont rendu l’ambiance aussi féroce, parce que dès que la militarisation des « rebelles » se met en place, il y a un gros enjeu de conviction de la part de l’opinion publique. Et à ce moment on voit apparaître illico des attaques directes contre l’establishment du renseignement et de l’armée (un ramassis de fachos pro-Bachar), et contre la gauche pro-arabe (je te rappelle pas les délires). Parce qu’on n’est pas dans une discussion : il y a un besoin prioritaire de délégitimation de sources qui sont largement perçues, y compris dans les médias mainstream, comme usuellement légitimes et qui commencent à faire entendre leur opposition à la militarisation des « rebelles ».

    • @baroug Pour le Yémen, je pense comme toi que, comme personne ne France n’exige une intervention militaire dans le conflit au Yémen (ni dans un camp ni dans l’autre), c’est un gros élément qui évite qu’il y ait réellement des exclusions et des condamnations en hérésie.

      En revanche, pour le nombre de morts, la « comparaison » n’est pas si farfelue : mi-mars 2012, on évoque ici 8000 morts en Syrie :
      http://www.liberation.fr/planete/2012/03/14/quand-la-syrie-se-revolta_803029
      Or, la mi-mars 2012, c’est le fameux débat sur France 24 plein d’enthousiasme pour la militarisation de la rébellion, qu’Haytham Manna dénonce vigoureusement :
      https://seenthis.net/messages/225755

      Encore une fois : ce n’est pas pendant la première année que le débat s’envenime. C’est à partir de mi-2012 que les excommunications sont prononcées, et elles accompagnent la montée en puissance de la militarisation de l’opposition.

      Et puisque tu évoques la responsabilité de l’explosion du nombre de morts : c’est à partir de la militarisation, de la livraison d’armements (de la part de la France : en violation de l’embargo européen) et de l’alignement sur les partisans du renversement de régime par l’action militaire (et donc, l’exclusion à partir de ce moment des autres, tels Manna), que le nombre de morts explose. On part de 8000 la première année, on arrive à des dizaines de milliers l’année suivante, et des centaines de milliers ensuite.

      C’est bien l’aspect pervers de ce non-débat : c’est qu’on traite de paranoïaques, de pro-Bachar, de négationnistes, de mépris pour les civils, justement tous ceux qui, dès 2012, disent que si on militarise l’opposition et qu’on part dans une grande guerre civile en Syrie, ça ne va pas bien se passer du tout, que le régime n’est pas si faible, qu’il n’est pas isolé du tout et que ses alliés interviendront, et que les types qu’on arme sont extrêmement dangereux. Or, depuis ce moment, ce sont ceux qui soutiennent la militarisation et l’escalade qui ont causé des centaines de milliers de morts, en agonissant d’injures ceux qui ont mis en garde constamment, qui continuent à revendiquer la posture de supériorité morale.

    • Encore une remarque sur le Yémen. La question n’est pas sa savoir pourquoi les fanboys de la révolution syrienne ne dénonceraient pas la situation au Yémen – parce qu’en gros, ils condamnent.

      Mais plutôt pourquoi ils ne réclament pas la militarisation de la « rébellion yéménite », l’envoi d’armes et de financements, voire l’escalade contre le méchant agresseur qui massacre la population. Ailleurs, pourquoi on n’a jamais lu d’appels à armer, entraîner, financer, militariser, l’opposition égyptienne en réponse au coup de Sissi et au massacre du 14 août 2013 (on estime à plus de 800 morts en une journée).

    • Merci @nidal, je crois que tu as bien résumé notre (le mien en tout cas) malaise depuis le début :

      C’est bien l’aspect pervers de ce non-débat : c’est qu’on traite de paranoïaques, de pro-Bachar, de négationnistes, justement tous ceux qui, dès 2012, disent que si on militarise l’opposition et qu’on part dans une grande guerre civile en Syrie, ça ne va pas bien se passer du tout, que le régime n’est pas si faible, qu’il n’est pas isolé du tout et que ses alliés interviendront, et que les types qu’on arme sont extrêmement dangereux.

    • Sur la page Wikipédia, j’ai ce genre d’information que je ne sais pas trop comment interpréter... Le régime tue les alaouites aussi ?

      In May 2013, SOHR stated that at least 41,000 of those killed during the conflict were Alawites.[21] By April 2015, reportedly a third of the country’s 250,000 Alawites that were of fighting age had been killed.[22] In April 2017, a pro-opposition source claimed 150,000 young Alawites had died.[23]

    • @BigGrizzly ; Je me disais qu’il fallait grasser précisément les mêmes lignes !
      @baroug : faut-il faire des comptabilités entre les guerres ? Sinon, outre les remarques de Nidal sur le tournant de 2012, faut-il compter les 8 millions de Yéménites en urgence alimentaire selon l’ONU ?
      @nidal : merci de tes interventions mais, tout de même, on peut sérieusement continuer des années après (7 bientôt) à faire semblant de ne pas voir les problèmes ? J’ai du mal à y croire.
      Une petite question à la communauté SeenThis : pourquoi un taré des banlieues qui s’engage, non sans risques pour sa vie, en Syrie est un dangereux terroriste dont on espère qu’il sera vite tué pour qu’il n’aille même pas jusqu’à la prison, tandis que l’intello (de gauche) qui soutient (de tout son coeur mais sans trop de risques persos) la même révolution en Syrie est la coqueluche des plateaux télé ?

    • Oui, Gonzo, j’y pense régulièrement. Encore il y a quelques jours suite à un texte navrant de Lundi Machin, où l’on dit sa « honte » de l’inaction et de la complicité de la France en faveur de Bachar (on rêve).

      La tolérance pour la lecture confessionnelle des conflits de la région, la répétition systématique des foutaises à base de « sunnites humiliés » (qu’est-ce qu’on en a bouffé, de l’argumentaire à base de sunnite humilié), l’envoi de Colonel Salafi à Beyrouth pour donner un crédit universitaire à l’escroc salafiste al-Assir, retapissé en voix de la rue sunnite libanaise (humiliée, hein), les éructations de Leverrier et Filiu dans ce genre…

      Ces dénonciations systématiques (et volontairement fausses de la part d’individus directement impliqués dans la politique du Quai d’Orsay) de la « passivité » et de l’« inaction » de la France, associées à une tolérance quasi institutionnalisée pour l’excitation sectaire, effectivement je pense que ça pèse très lourd dans la décision de plusieurs centaines de jeunes français d’aller prendre les choses en main pour défendre les sunnites-humiliés avec Nusra et Daech.

    • La réponse de Claude El Khal @lundimatin

      La nouvelle Inquisition et les moukhabarat parisianistes

      Mon intervention consacrée à la Ghouta en Syrie dans le JT du Média du 23 février m’a valu un lynchage en règle sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias. Les amateurs de guerre ont sorti l’artillerie lourde. Il fallait s’y attendre. Mais comme ils n’avaient pas vraiment d’arguments à m’opposer, à part la traditionnelle propagande à laquelle plus grand monde ne croit, ils ont été fouiller mon compte Twitter à la recherche d’anciens péchés qu’ils pourraient utiliser pour me salir.

      Convaincus d’avoir trouvé les trésors d’infamie qu’ils cherchaient, ils les ont partagés sur les réseaux sociaux, essayant de me faire passer pour ce que je ne suis pas. En anglais on appelle ça character assassination . Il n’y a pas d’équivalent en français. Il faudrait en trouver un, ça éviterait à d’autres de subir le même sort.

      Le sentiment que j’ai eu ces derniers jours m’était familier, mais je pensais qu’il faisait partie du passé. Je pensais qu’il a avait été emporté dans les bagages des troupes d’occupation syriennes quand elles se sont retirées du Liban. Ce sentiment d’être traqué, épié, dénoncé, accusé puis jugé sans autre forme de procès était lié aux méthodes des moukhabarat syriens et de l’État policier qui a sévi entre 1990 et 2005. En 2018, les moukhabarat ne sont plus syriens mais parisianistes. Ils ne sont plus ces agents hirsutes et mal fagotés qui faisaient régner la terreur au Liban mais des bien-pensants propres sur eux qui règnent sur les plateaux de télévision et dans les médias mainstream.

      Ce n’est pas à eux que je m’adresse ici. Eux ne méritent que le mépris que tout homme ou femme libre a pour les totalitaristes en tout genre. Si j’ai décidé de m’expliquer, c’est pour certains de mes amis qui ont été affectés par la campagne de diffamation dont je suis la cible, pour les lecteurs qui me suivent, et pour les socios du Média qui me connaissaient depuis peu et qui me découvrent.

      Parmi les choses dénichées qu’on utilise pour me salir, trois articles ou notes de blog, et un jeu de mots...

      https://claudeelkhal.blogspot.fr/2018/03/la-nouvelle-inquisition-et-les.html

      character assassination = campagne de diffamation ou comme l’a bien expliqué @nidal :

      On lui reproche des choses qui n’ont rien à voir avec la Ghouta, alors qu’il est clair que c’est à cause de ce qu’il a dit sur la Ghouta qu’on veut le faire virer

      ou le salir.

    • Tandis que la Turquie, à l’aide des tanks allemands et le soutien de l’OTAN, écrase depuis des semaines Afrine sous les bombes, que l’Arabie Saoudite extermine les femmes et les enfants du Yemen avec des armes dont certaines livrées par la France, les médias en France n’ont d’inquiétude que pour “la Goutha” en Syrie. Une enclave majoritairement contrôlée par des milices islamistes soutenues par l’occident (Jaich al-Islam, Faylaq al–Rahmane et Ahrar al-Cham*), d’où ces derniers bombardent et mènent des attentats contre Damas et dont l’armée syrienne a entrepris de reprendre le contrôle.

      La machine médiatique à mentir pour mieux broyer tourne à nouveau à plein régime : TOUS les médias d’État, toute la presse oligarchique (du Figaro à Libé, huit milliardaires détiennent l’ensemble des journaux « qui comptent » !) accusent l’État syrien légal de crimes de guerre et s’emploient à l’unisson à vendre à l’opinion un nouveau prétexte pour relancer la guerre en Syrie. « Jupiter » Macron n’a-t-il pas récemment menacé la Syrie de « frappes » en vertu d’on ne sait quel mandat du Ciel accordé à la France pour faire la loi en Syrie (mais aussi en Libye, au Mali ou ailleurs !). En fait de « nouveau monde », la politique macroniste continue le vieux néocolonialisme français réduit désormais au rôle de valet d’armes de l’Oncle Sam. Étrangement, les arguments « humanitaires » mis en avant par les éditorialistes bien-pensants laissent ces mêmes journalistes « pacifistes » de marbre quand les armes françaises, vendues à l’Arabie saoudite, dévastent la population civile, femmes et enfants compris, au Yémen ou à Bahreïn…

      Il faut bien entendu que les armes, toutes les armes, celles de l’armée syrienne, mais celles aussi des milices intégristes qui utilisent les civils comme des boucliers humains, se taisent sur tout le territoire syrien. Il faut évidemment que les organisations humanitaires réellement indépendantes puissent au plus tôt intervenir en Syrie pour apporter sur place les vivres et les soins nécessaires. Mais pour cela, TOUTES les parties en conflit doivent faire preuve de retenue. Pour commencer, les États impérialistes occidentaux et pétro-monarchiques qui ont attisé la guerre civile en Syrie doivent revenir aux principes fondateurs de l’ONU : le respect de la souveraineté de chaque pays, de l’égalité entre les nations, le refus absolu des ingérences dans les affaires intérieures d’autrui.

      https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/syrie-pyromanes-imperialistes-crient-de-nouveau-feu

    • Même les opposants historiques au régime syrien le disent : on ne peut pas faire comme si à la Ghouta une armée rebelle internationaliste résistait vaillamment à Bachar el-Assad, alors même qu’il s’agissait notoirement d’un nid d’islamistes et de djihadistes tenant en otage des civils. Tant pis pour Lundi matin, c’est le genre d’erreurs qui fait tache face à l’histoire. On imagine en tout cas assez mal Debord livrant clé en main un argumentaire à BHL et Raphaël Enthoven pour faire triompher les positions de l’Otan sur le cadavre de la gauche critique. Ou bien publiant dans l’Internationale situationniste des textes suitant de moraline commençant par « Je t’écris de la Ghouta… » C’est un peu triste, mais pas dramatique en soi. Foucault avait eu l’Iran, ils auront la Syrie.

      Ce qui est grave en revanche, c’est que cette publication irresponsable a offert à des dizaines d’éditorialistes, rédacteurs en chef et journalistes allant du Parisien au Monde en passant par Mediapart ou RTL, l’occasion de lyncher Le Média. Les réseaux sociaux offrent aujourd’hui aux lyncheurs des procédés discrets, ne nécessitant pas un grand courage. En l’occurrence, le retweet sournois d’un texte dont on ignore les sources, les états de service des auteurs, le tout sur un théâtre d’opérations dont on n’a pas la moindre connaissance, dont on n’a même que foutre la plupart du temps, et cela dans le seul but d’atteindre à la réputation d’un titre concurrent ou d’un adversaire idéologique. Et ce sont ces gens, oui ces journalistes, ceux-là mêmes qui se piquent ordinairement de fact checking, de neutralité et de rigueur journalistique, qui ont massivement utilisé comme texte de référence contre Le Média un fatras de mensonges grandiloquents publié par un site anarcho-autonome dont ils ignoraient hier jusqu’à l’existence. Le journalisme est décidément dans un état de déliquescence morale et intellectuelle très préoccupant. Je ne sais même pas à ce stade – plusieurs générations ayant été sacrifiées – à quel moment nous pourrons commencer à remonter la pente.

      https://comptoir.org/2018/04/06/aude-lancelin-la-deliquescence-morale-et-intellectuelle-du-journalisme-est

    • Chers lecteurs de lundi.am,

      Le Média a été gravement mis en cause dans un article paru sur le site lundi.am le 28 février dernier, sous le titre « Le Média sur la Syrie : naufrage du ‘journalisme alternatif’ » et portant la signature de Mme Sarah Kilani et M. Thomas Moreau. Si nous avons attendu avant de répondre aux contre-vérités et aux divagations qu’il contient, c’est que, tout d’abord, nous n’avons pas estimé qu’il s’agissait d’un travail sérieux.

      Mais nous avons été ensuite surpris par l’intérêt suscité par un agglomérat aussi peu solide et des critiques aussi infondées. En quelques jours, grâce au pouvoir multiplicateur des réseaux sociaux et à l’hostilité que Le Média inspirait avant même d’avoir produit le moindre programme, le texte des contributeurs de lundi.am a été largement diffusé par toutes sortes « d’autorités » de la presse française, disposant de puissants relais, à l’image de l’improbable Bernard-Henri Lévy qui, dans Le Point, a repris leur argumentaire. Que cette publication de la gauche critique, lundi.am, se soit alignée sur la position des néo-conservateurs atlantistes nous a d’abord étonné. Mais le pouvoir de nuisance de ce texte ayant propagé des mensonges, il faut nous résoudre à devoir défaire méthodiquement ses raisonnements spécieux, bien que nous aurions préféré utiliser notre énergie pour participer à un débat utile sur la couverture des conflits contemporains, plutôt que de perdre notre temps à dissiper des sottises. Mais enfin, la bulle médiatique unanime nous étant tombé dessus avec les armes que lundi.am lui a fournies, nous devons bien aujourd’hui nous efforcer de montrer que les attaques de leurs contributeurs sont aberrantes.

      Voici donc notre réponse à ce pamphlet bâclé qui a tant plu et tant servi à l’ordre médiatique dominant. Ordre dont lundi.am s’est fait, ironie de l’histoire pour des héritiers du situationnisme, le porte-flingue du moment (...)

      Enfin, la conclusion de l’article des contributeurs de lundi.am est d’une indécence rare, qui ne peut pas rester sans réponse. Dans un court paragraphe honteux, ils avancent le nom de l’immonde Darquier de Pellepoix et les mensonges ignobles de Robert Faurisson pour prétendre que « la rhétorique » de Claude El Khal « se situe dans le registre du premier pas vers le négationnisme ». Non seulement les contributeurs de lundi.am imputent à Claude El Khal, et par extension au Média, la commission d’un crime puni par le code pénal, mais ils ajoutent une injure infâme à la diffamation caractérisée en sous-entendant que le travail de l’un de nos collaborateurs pourrait aboutir « un jour à une ignominie semblable sur La Ghouta ou Alep si l’on n’y prend pas garde ». Eh bien non, c’est maintenant clair, ce n’est pas Le Média qui prône l’intensification de la guerre et l’aggravation des violences contre les civils.

      Au fond, chers lecteurs de lundi.am, vous le voyez : les contributeurs qui nous ont injurié ont pris leur désir pour des réalités et leurs préjugés pour des arguments. C’est pourquoi nous voulons faire connaître notre position, de manière à ne pas vous laisser être insultés par la médiocrité du travail fourni par ces personnages.

      https://lemediapresse.fr/syrie/lundi-am-et-bhl-convergence-des-luttes