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  • « RÉFLEXIONS SUR L’IRRATIONNEL 2.0 »
    https://laspirale.org/texte-544-- reflexions-sur-l-irrationnel-2-0.html

    « RÉFLEXIONS SUR L’IRRATIONNEL 2.0 »Hypercriticisme et crédulité, marginalité, anciens astronautes, Men in Black, Wikipedia...

    Toujours en exclusivité pour LaSpirale.org, un second avant-goût de l’ouvrage Un XXIème siècle irrationnel ? Analyses pluridisciplinaires d’une pensée alternative, à paraître dans la collection « Alpha » des éditions du CNRS, au printemps 2018.

    Sous la direction de Stéphane François, avec des contributions d’Alexandre Moatti, Alain Ghiglia, Jean-Loïc Le Quellec, Julien Giry, Emmanuel Cherrier, Damien Karbovnik, Philippe Rigaut et Laurent Courau.18/02/2018

    #laspirale

  • Le Miroir Alchimique: MAIER Atalante fugitive (Atalanta fugiens).
    https://le-miroir-alchimique.blogspot.fr/2014/11/maier-atalante-fugitive.html

    Emblema V.

    Appone mulieri super mammas bufonem, ut ablactet eum, & moriatur mulier, sitque bufo grossus de lacte.
    (Place un crapaud sur le sein de la femme, pour qu’elle l’allaite et meure et que le crapaud soit gros de ce lait.)

    Epigramma V.

    Sur le sein de la femme place un crapaud glacé
    Pour que, tel un enfant, il s’abreuve de lait.
    Tarissant la mamelle, qu’il s’enfle, énorme bosse,
    Et la femme épuisée abandonne la vie.
    Ainsi tu te feras un illustre remède
    Qui chasse le poison du cœur, ôtant son mal.

    DISCOURS V.

    L‘assemblée entière des philosophes s’accorde pour déclarer que leur œuvre n’est rien d’autre que mâle et femelle : au mâle, il appartient d’engendrer et de dominer sur la femme ; à celle-ci, de concevoir, de devenir grosse, d’enfanter, d’allaiter et d’élever la progéniture, ainsi que d’être soumise à l’autorité du mâle. Comme elle réchauffe et nourrit, sous son sang, l’enfant conçu avant qu’il soit produit à la lumière, elle fait de même, au moyen de son lait, lorsqu’il est né. Ainsi la nature a préparé pour le tendre petit, dans les mamelles de la femme, un aliment digestible et proportionné qui attend sa venue comme premier approvisionnement, premier viatique dans cette carrière du monde. C’est pourquoi, grâce au lait, il est nourri, il croît et augmente jusqu’au point où il possède les instruments nécessaires pour broyer le pain, c’est-à-dire les dents. Il est alors sevré à bon droit, puisque la nature a pourvu à lui fournir une autre nourriture plus solide.

    Mais ici les philosophes disent qu’il faut placer sur le sein de la femme un crapaud, pour qu’elle le nourrisse de son lait, à la manière d’un enfant. C’est là chose déplorable et affreuse à contempler, disons même impie, que le lait destiné à un petit enfant soit présenté au crapaud, bête venimeuse et ennemie de la nature humaine. Nous avons entendu et lu des récits sur les serpents et les dragons qui tarissent les pis des vaches. Peut-être les crapauds auraient-ils la même convoitise si l’occasion s’en offrait à eux chez ces animaux. On connaît l’histoire d’un crapaud qui, pendant le sommeil d’un villageois, lui occupa la bouche et l’intérieur des lèvres, de telle manière qu’il n’eût pu être délogé par aucun stratagème, sinon grâce à une violence qui aurait été accompagnée d’un péril mortel et qui dut en conséquence être écarté : le crachement du venin (qui lui sert, dit-on, d’armes offensives et défensives). On découvrit donc, pour le pauvre homme, un remède tiré d’une antipathie, celle d’une énorme araignée et du crapaud qui se poursuivent mutuellement d’une haine mortelle. On le porta donc, avec le crapaud, tout droit au lieu où l’araignée toute boursouflée avait exposé ses ouvrages tissés. Dès que celle-ci eut aperçu le crapaud, elle descendit à la hâte sur son dos et le piqua de son dard. Comme, à la vérité, il n’en éprouvait aucun dommage, elle descendit une seconde fois et le perça de nouveau plus fortement. Alors, on vit le crapaud enfler et tomber mort de la bouche de l’homme, sans aucun préjudice pour celui-ci. Mais ici c’est le contraire qui se produit : car le crapaud occupe non la bouche mais le sein de la femme, dont le lait le fait croître jusqu’à ce qu’il devienne d’une grandeur et d’une force considérables et que, de son côté, la femme, épuisée, dépérisse et meure. Car le venin, par les veines de la poitrine, se communique facilement au cœur qu’il empoisonne et éteint, comme le montre la mort de Cléopâtre : elle plaça des vipères sur son sein quand elle eut décidé d’être devancée par la mort, pour ne pas être tramée dans les mains et les triomphes de ses vainqueurs. Mais, afin que nul n’estime les philosophes assez cruels pour ordonner d’appliquer à la femme un serpent venimeux, on doit savoir que ce crapaud est le petit, le fils de cette même femme, issu d’un enfantement monstrueux. Il doit, en conséquence, selon le droit naturel, jouir et se nourrir du lait de sa mère. Il n’entre pas dans la volonté du fils que la mère meure. Car il n’a pu empoisonner sa mère, celui qui avait été formé dans ses entrailles et s’était augmenté, grâce à son sang.

    Est-ce, en vérité, un prodige, que de voir un crapaud naître d’une femme ? Nous savons que cela s’est produit à une autre occasion. Guillaume de Newbridge, écrivain anglais, écrit dans ses Commentaires (avec quelle fidélité, que d’autres en décident !) que, tandis que l’on partageait une certaine grande pierre, dans une carrière située sur le territoire de l’évêque de Wilton, on trouva à l’intérieur un crapaud vivant muni d’une chaîne d’or. Sur l’ordre de l’évêque, il fut enfoui à la même place et plongé dans de perpétuelles ténèbres, de peur qu’il ne portât avec lui quelque mauvais sort. Tel est aussi ce crapaud, car il est rehaussé d’or. Ce n’est pas sans doute un or apparent et consistant en l’ouvrage artificiel d’une chaîne, mais un or intérieur, naturel, celui de la pierre que d’autres nomment borax, chelonitis, batrachite, crapaudine ou garatron.

    Cette pierre, en effet, l’emporte de loin en puissance sur l’or en face de n’importe quel venin d’animal, et on l’insère d’ordinaire dans l’or, comme dans une boîte ou une enveloppe, de peur qu’il ne se gâte ou ne se perde ". Mais il faut que cette pierre soit légitime quand on la demande à l’animal ; si, par contre, on l’extrait des fosses souterraines, comme c’est l’usage, qu’on la travaille pour lui donner la forme de la précédente et qu’on lui fasse tenir sa place, elle doit être choisie à partir des meilleurs minéraux, ceux qui soulagent le cœur. C’est en eux, en effet, que l’on trouve véritablement le crapaud philosophique, non dans une carrière (comme le prétend cet inventeur de fables) et il possède l’or en lui, non au-dehors pour en faire étalage. Dans quel but, en effet, s’ornerait un crapaud caché et enfermé dans les ténèbres ? Serait-ce par hasard pour recevoir le salut magnifique du scarabée si, au crépuscule, il se portait à sa rencontre ? Quel orfèvre souterrain lui aurait fabriqué une chaîne d’or ? Serait-ce par hasard le père des enfants verdoyants qui sortirent de la terre de saint Martin disons, de la terre elle-même, comme aussi, selon le même auteur, deux chiens sortirent d’une carrière ?

  • Père célibataire, vous avez trois fois plus de risque de mourir plus tôt que les autres - LCI
    https://www.lci.fr/sante/pere-celibataire-vous-avez-trois-fois-plus-de-risque-de-mourir-tot-que-ceux-en-c

    Seuls ou en couple, les pères ne sont pas égaux face au risque de mourir prématurément. C’est en tout cas ce qui ressort d’une étude canadienne publiée mercredi 14 février 2018 dans la prestigieuse revue scientifique et médicale britannique The Lancet. « Notre étude souligne que les pères célibataires ont une mortalité plus élevée et démontre la nécessité de politiques de santé publique pour contribuer à identifier et soutenir ces hommes », affirme l’auteure principale de cette étude, Maria Chiu, chercheuse en santé publique à l’université de Toronto.
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    Selon les données, issues de questionnaires de santé posés à 40.500 personnes entre 2000 et 2012, le taux de mortalité atteignait 5,8‰, chez les 871 pères sans compagne déclarée. Chez les mères célibataires, il n’était que de 1,7‰ et chez les pères en couple de 1,9‰.
    La faute au stress et au mode de vie moins sain

    Mais ces différences s’expliquent en partie par certains facteurs spécifiques à ces pères célibataires, qui sont en moyenne plus âgés et plus souvent atteints par le cancer ou les maladies cardiovasculaires. Mais, même en en dehors de ces facteurs, le risque de mortalité reste deux fois plus élevé.

    Quels pourraient être les autres facteurs ? Les chercheurs soupçonnent le stress et des modes de vie moins sains tels qu’une alimentation peu équilibrée, un manque d’exercice physique, et une plus forte consommation d’alcool. En outre, ces hommes ont, semble-t-il, moins souvent un réseau social, une assistance sociale ou un soutien dans l’éducation de leurs enfants que les mères célibataires.

    Autre différence, les mères seules ont plus souvent été abandonnées par leur partenaire avant la naissance d’un enfant, tandis que les pères seuls sont plus fréquemment veufs, divorcés ou séparés après une relation durable.

    Selon les derniers chiffres publiés par l’Insee, les mères célibataires sont sept fois plus nombreuses que les pères célibataires.

    On se demande pas dans quel état sont les enfants élevés par ces pères célibataires alcooliques, incapables de se nourrir correctement, désocialisés, qui ne sont pas fliqués par les services sociaux qui s’acharne sur les mères et laisse les pères en roue libre... L’étude se demande pas non plus si ces pères qui sont en sur-mortalité ne sont pas non plus sur-maltraitants vis à vis des enfants dont ils ont la charge éducative et parentale.

    L’article s’apitoie sur les pères qui n’ont pas de bonniches gratuite à domicile et présente les mères célibataires comme une catégorie favorisée par pléthore d’aides, de services auquel les hommes n’auraient pas accès.

    #sexisme #discrimination #mères_célibataires #nouveaux_pères #paternité #parentalité #enfance #éducation #mortalité

    • merci de ta lecture Je n’ai pas eu le courage de me taper l’étude pour en comprendre réellement le fond, qui /vers/ quoi mais le côté perdu sans maman m’est aussi apparu @mad_meg :)

  • FEI16 : Rose-Marie Farinella : Info ou intox ?
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/12/14122016Article636172963871740159.aspx

    L’idée de mon projet a germé en 2014, année où j’ai constaté que je recevais de plus en plus de hoax - c’est-à-dire de fausses informations - dans ma boite mail et sur Facebook. Je me suis demandé comment faisaient les jeunes générations pour se repérer sur le web. Un autre facteur m’a alertée durant cette période : lors des conseils d’école, collègues et parents exprimaient leur impuissance et leur désarroi face aux échanges agressifs entre enfants sur la toile. C’est pourquoi j’ai pensé qu’à l’heure d’internet, il fallait concevoir des outils pédagogiques d’auto-défense intellectuelle pour que les élèves s’informent et communiquent de manière responsable.

    Aussi, ai-je créé un scénario avec un double objectif : aiguiser leur esprit critique pour qu’ils ne se fassent pas manipuler et aussi - ce qui est très important à mes yeux – pour qu’ils fassent barrage aux idées racistes, xénophobes et complotistes. Cette séquence pédagogique, je la mets en pratique pour la troisième année consécutive en CM2 à Taninges en Haute Savoie. Initialement, j’avais prévu seize séances de trois quart d’heure, mais l’an dernier, j’ai prolongé cet atelier en ajoutant des débats sur le racisme, la cybercitoyenneté, et la liberté d’expression. En fin d’année scolaire un diplôme « d’apprenti hoaxbuster » est décerné au élèves lors d’une cérémonie au cours de laquelle ils prêtent serment sur la tête de la souris de leur ordinateur : « Avant de partager ou d’utiliser une information, toujours je la vérifierai ».

    Pourquoi ne pas attendre le collège pour mettre en place ce type d’enseignement ?

    Tout simplement parce que la majorité des élèves avec lesquels je travaille surfent déjà régulièrement sur internet. Consommateurs et producteurs d’informations dès l’école primaire, les enfants sont soumis aux mêmes risques que leurs aînés. Alors pourquoi faudrait-il attendre ? A mon avis, il faut outiller les enfants avant leur entrée dans l’adolescence, période de leur vie où ils seront plus vulnérables, et susceptibles de se laisser tenter par les discours réducteurs et séducteurs de manipulateurs en tout genre.

    #Fake_news #Education

  • En Turquie, anatomie d’une purge

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/02/13/en-turquie-anatomie-d-une-purge_5255858_3214.html

    Accusé d’appartenir au réseau du prédicateur Fethullah Gülen, le cerveau du putsch, selon les autorités turques, le policier Kürsat Cevik comparaît mardi 13 février. Son épouse, franco-irlandaise, se bat depuis la France pour prouver son innocence.

    La vie sans nuage d’Elaine Ryan, mère de famille franco-irlandaise de 37 ans, s’est assombrie après le putsch raté du 15 juillet 2016, lorsque son mari turc, Kürsat Cevik, commissaire de police, a été arrêté avec une quinzaine de ses collègues.

    Accusé d’appartenir à « une organisation terroriste armée » (le réseau du prédicateur Fethullah Gülen, le cerveau du putsch, selon les autorités turques), Kürsat Cevik a été incarcéré à la prison de Sanliurfa, non loin de la frontière syrienne, où il partage une cellule prévue pour dix avec vingt-quatre autres prisonniers. La dernière audience de son procès aura lieu mardi 13 février.

    Elaine ne sera pas présente, « l’ambassade de France me l’a déconseillé ». Rentrée en France avec leurs deux enfants en bas âge, elle a très peu de contacts avec son conjoint. Pas de correspondance, c’est interdit. Ils se parlent dix minutes chaque quinze jours par téléphone.

    Comme la plupart des 50 000 personnes arrêtées depuis le coup d’Etat manqué, l’officier de police est accusé d’avoir chargé sur son portable l’application mobile ByLock, décrite par Ankara comme l’outil de communication des conjurés du 15 juillet, ce qu’il nie.

    La justice maintient l’accusation alors qu’« en dix-huit mois d’instruction, le procureur n’a pas pu apporter une seule preuve allant dans ce sens », déplore Elaine, qui se bat depuis la France pour prouver l’innocence de son époux.

    « En deux ans, il a été muté sept fois »

    Avoir l’application sur un téléphone suffit-elle à faire de son détenteur un putschiste ? Tous les doutes sont permis, surtout depuis que le parquet d’Ankara a reconnu, le 27 décembre 2017, que ByLock pouvait être installée sur un smartphone à l’insu de son propriétaire. C’est le cas pour 11 480 téléphones portables, reconnaît le parquet.

    Par ailleurs, ByLock est une preuve seulement « s’il est établi techniquement et de façon irréfutable que la communication a eu lieu dans le cadre de l’organisation [le mouvement Gülen] », a statué la Cour suprême en juin 2017. Débordés, soumis aux pressions politiques, les tribunaux n’en tiennent pas compte. Les dossiers d’accusation sont tous bâtis sur le même modèle.

    « Dans ce genre d’affaires, les procès-verbaux d’interrogatoires comportent sept questions-type systématiquement posées à l’accusé », explique une avocate soucieuse d’anonymat. Avoir eu ByLock sur son téléphone portable, un compte à la banque Asya, des enfants scolarisés dans les écoles du réseau Gülen, une bourse d’études pour une université étrangère, sont autant d’éléments à charge.

    La bourse d’études obtenue en 2008 par Kürsat Cevik, officier de police bien noté qui mena à bien une thèse de doctorat à l’université de Nottingham en Grande-Bretagne, est une tache noire dans son dossier. Proposées alors de façon tout à fait légale aux policiers, ces bourses, constatent aujourd’hui les juges, étaient « monopolisées par les membres du FETÖ », selon l’acronyme utilisé par les autorités pour désigner le mouvement gülen.

    « Les purges ont visé essentiellement des personnes éduquées qui, pour la plupart, avaient fait des études dans des universités étrangères. Les collègues de mon mari les plus diplômés sont aujourd’hui derrière les barreaux », assure Elaine. Avant de partir à l’étranger, l’officier travaillait à direction pour la lutte contre le crime organisé (KOM) à Ankara mais à son retour en Turquie, il en a été écarté.

    Cette direction était notoirement l’une des plus noyautées par le mouvement Gülen. Réelle, l’infiltration des organes de police et de justice par le mouvement a eu lieu avec le plein aval du gouvernement islamo-conservateur. Recep Tayyip Erdogan, alors premier ministre, et Fethullah Gülen, l’imam turc installé en Pennsylvanie (Etats-Unis), furent longtemps les meilleurs associés avant de devenir les pires ennemis. En 2013, leur alliance vole en éclats.

    C’est à ce moment-là que Kürsat Cevik rentre au pays. « Les purges ont commencé. En deux ans, il a été muté sept fois », raconte Elaine, certaine que son mari n’a jamais été güleniste.

    Un verdict inversé après un tweet du gouvernement

    Elle a frappé à toutes les portes, en vain. « Les avocats qui acceptent de défendre des accusés gülenistes demandent des honoraires exorbitants. J’ai tenté d’en trouver par le biais d’ONG, mais je n’ai reçu aucun soutien car mon mari est officier de police, et, en Turquie, les ONG se consacrent à la défense des militants des droits de l’homme et à celle des Kurdes. »

    En avril 2017, le groupe de travail sur les détentions arbitraires des Nations unies (WGAD) a qualifié le cas de son mari d’« arbitraire ». Ankara est restée sourde à cette exhortation.

    « En représailles, les médias pro-gouvernementaux ont accusé Kürsat d’être un espion français. »
    Vers qui se tourner ? La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui a vu les requêtes venues de Turquie augmenter de 276 % en 2016, a déclaré irrecevables les dossiers liés à l’état d’urgence imposé après le putsch raté. Le requérant doit d’abord épuiser les voies de recours internes. La Cour constitutionnelle turque en est une, ou plutôt elle l’était avant le 4 février.

    Ce jour-là, ses juges ont ordonné le maintien en prison des journalistes Mehmet Altan (66 ans) et Sahin Alpay (73 ans), en détention provisoire depuis 2016. Le 11 janvier, les mêmes juges s’étaient prononcés pour leur remise en liberté. Il aura suffi d’un tweet de Bekir Bozdag, le porte-parole du gouvernement, dénonçant « un mauvais verdict », de la part d’une Cour ayant « outrepassé ses pouvoirs législatifs et constitutionnels », pour que la décision soit inversée dans le sens voulu par le pouvoir politique.

  • Erik Prince, un « chien de guerre » dans les arcanes de la Maison Blanche

    http://www.lemonde.fr/international/article/2018/02/09/erik-prince-un-chien-de-guerre-dans-les-arcanes-de-la-maison-blanche_5254319

    Cet ancien militaire et fondateur de la société privée de sécurité Blackwater, jugée responsable d’exactions en Irak, a désormais ses entrées à Washington et envisage de se lancer en politique.

    Certains épisodes d’une vie ont l’apparence d’une incroyable répétition. Le 30 novembre 2017, la fine fleur du renseignement américain a les yeux rivés sur le Congrès, à Washington. Erik Prince, costume sombre et cravate rouge, cheveux ras, est convoqué par une commission d’enquête de la Chambre des représentants. Le fondateur de société militaire privée Blackwater et frère de la ministre de l’éducation Betsy DeVos est soupçonné d’avoir rencontré un financier russe aux Seychelles, neuf jours avant l’investiture du président Donald Trump, dans le but de créer un canal de communication discret entre le nouveau président des Etats-Unis et Vladimir Poutine. Cette rencontre, révélée en avril 2017 par le Washington Post, a encore un peu plus épaissi la ténébreuse affaire dite du Russiagate, l’enquête sur les interférences russes durant la présidentielle américaine.

    Devant une vingtaine d’élus, Erik Prince apparaît droit dans ses bottes, raide dans ses commentaires, sûr de lui. Lui, le baroudeur, l’ex-commando du corps d’élite des Navy Seals, l’ancien patron de l’armée privée la plus puissante au monde, le généreux donateur du Parti républicain et conseiller officieux du président. Il arbore un léger sourire en coin, presque hautain, impatient. Devant les élus, il ne dira pas grand-chose. Erik Prince accusera l’administration Obama de l’avoir surveillé illégalement, sans donner ses sources, ni convaincre les congressistes.

    Le rendez-vous aux Seychelles n’aurait, lui, duré qu’une demi-heure, peut-être même moins. Le temps d’une bière au bar d’un hôtel de luxe, « quatre étoiles ou plus », mais dont le nom lui échappe. Une discussion banale en somme, entre deux hommes d’affaires : « Je me souviens lui avoir dit que si Franklin Roosevelt a pu travailler avec Joseph Staline pour battre les nazis, alors Trump pourrait certainement travailler avec Poutine pour vaincre le fascisme islamique. Il semblait d’accord. » Rien d’autre. Pas de deal, aucun autre rendez-vous. Il ne se souvient même pas avoir échangé une carte de visite.

    « Rencontre d’affaires informelle »

    Le fait que son interlocuteur, Kirill Dmitriev, soit le patron du Fonds russe d’investissements directs, un consortium sous le coup de sanctions américaines depuis 2015, n’a pas l’air de l’émouvoir. Tout comme le fait que ce même Dmitriev, issu des premiers cercles de Poutine, croisera à Davos, une semaine après leur rencontre, Anthony Scaramucci, alors conseiller du président Trump avant de devenir brièvement son porte-parole.

    Le feu roulant de questions n’a pas d’effet. Erik Prince reste flou sur l’initiateur de la rencontre, « un des frères », se souvient-il vaguement, du prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed. Un prince héritier présent lui aussi sur l’île des Seychelles le jour de la rencontre et avec lequel Prince dit s’être entretenu un peu plus tôt dans la soirée pour « parler affaires de manière informelle » et « partager quelques points de vue » sur le théâtre du monde, « ou ce genre de choses comme le terrorisme en Somalie, en Libye, au Nigeria ».

    Erik Prince restera tout aussi évasif sur une éventuelle intermédiation d’un de ses proches, Steve Bannon. L’éminence grise et directeur de campagne de Donald Trump avait rencontré discrètement l’homme fort d’Abou Dhabi en décembre 2016, à New York, dans la Trump Tower, en compagnie du gendre du président, Jared Kushner, et de Michael Flynn, alors futur conseiller à la sécurité nationale, aujourd’hui poursuivi dans l’enquête du Russiagate.

    Zones d’ombre

    Etrange prestation. L’audition aura duré plus de trois heures sans qu’Erik Prince ne dévoile quoi que ce soit. Trois heures pour protéger ses réseaux et défendre ses proches. Tout comme il l’avait fait il y a dix ans, ici même, au Capitole, devant une autre commission de la Chambre, le 2 octobre 2007. Ce jour-là, pour la première fois, le nom de M. Prince renvoyait à un visage. Et il affichait déjà un aplomb déconcertant. Jeremy Scahill, auteur à l’époque d’une somme sur le personnage (Blackwater : l’émergence de l’armée de mercenaires la plus puissante au monde, Actes Sud, 2008), dira même qu’il était « provocant ». Lui était là pour répondre sur les agissements de sa société Blackwater devenue le symbole d’une entreprise de cow-boys hors de contrôle et profiteurs de la guerre en Irak. Deux semaines plus tôt, le 16 septembre, une de ses équipes avait tué 17 civils irakiens place Nisour, en plein centre de Bagdad.

    Dix ans séparent les deux auditions. Dix années truffées de zones d’ombre. Comme si la vie d’Erik Prince n’était qu’une longue nage en eaux troubles, jalonnée de hauts et de bas, mais jamais terminée. Assis au bar du Mayflower, hôtel iconique de Washington, surchauffé en cette froide journée de janvier, l’homme sourit en attendant son rendez-vous avec Le Monde. Pendant tout l’entretien, il ne prononcera pas un mot de plus sur son escapade dans l’océan Indien. « Tenez-vous en au transcript de l’audition », conseille-t-il. Et puis ceci :

    « On me prête beaucoup, surtout les médias de gauche qui sont le plus grand fléau de notre démocratie. Ils cherchent à faire leurs choux gras sur mon nom depuis tant d’années. Oui, je représente tout ce que les démocrates aiment détester. »
    Pour comprendre ce qui anime Erik Prince, il faut explorer son histoire personnelle, démêler aussi les liens qu’il a tissés au fil de son ascension avec la frange la plus religieuse et conservatrice du Parti républicain, aujourd’hui au pouvoir. Né en 1969 à Holland, dans un quartier calme et tranquille, le jeune Prince appartient à une très riche et puissante famille de l’Etat du Michigan. Son père, Edgar, qui s’engagea deux ans dans l’US Air Force, fait fortune en créant une entreprise de pièces détachées pour automobiles, la Prince Manufacturing. Il sera l’inventeur du pare-soleil au miroir éclairé par un spot lumineux, un accessoire qui allait équiper pratiquement chaque voiture dans le monde et envoyer la famille Prince dans la sphère des milliardaires.

    Figure paternelle forte

    Les journées de seize à dix-huit heures ont raison de la santé du père, frappé au début des années 1970 par une crise cardiaque, à laquelle il survit. Déjà très croyant, Edgar Prince se rapproche encore un peu plus de Dieu. « C’est à ce moment-là, allongé dans son lit d’hôpital à méditer sur tout ce que son labeur lui avait apporté qu’il a renouvelé sa foi en Jésus-Christ », dira l’ami de la famille, Gary Bauer, un des leaders de la droite religieuse et fondateur du lobby chrétien de droite, le Family Research Council.

    Fidèle soutien du Parti républicain, adepte d’une économie de libre marché et désormais grand propagandiste des valeurs chrétiennes, l’industriel marie sa fille Betsy, sœur aînée d’Erik, à Dick DeVos. Le père du jeune homme, Richard DeVos, est le fondateur d’Amway, le géant de la vente directe en réseaux. Une entreprise qui deviendra dans les années 1990 une des sociétés les plus actives dans le processus électoral américain, en utilisant son infrastructure comme un réseau d’organisation politique. Unis, les clans DeVos et Prince deviennent également les principaux financiers du Forum familial du Michigan (MFF), la branche locale de Focus on the Family de James Dobson, une puissante organisation de la droite religieuse et des extrémistes chrétiens.

    Erik Prince est très proche de son père. Dès son enfance, il règle son pas sur le sien. « Je passais des heures à parler avec lui », se souvient-il. Jeune sportif, il joue au foot et au basket dans les écoles chrétiennes de Holland, soutenues financièrement par sa famille. Dans l’entreprise paternelle, il se familiarise avec les principes de la firme reproduits dans ses brochures : « Ce sont les gens qui font la différence » ou encore « l’excellence est le résultat de l’engagement et du dur labeur de personnes dévouées ». « Je crois que j’ai toujours sa voix au-dessus de ma tête, affirme Erik Prince. Cette idée d’être toujours le bon gars dans ce qu’on fait, faire le plus avec ce que l’on a. »

    « Vision du Bien et du Mal »

    Pour ses 7 ans, il s’envole avec ses parents en Europe. Au programme, les plages de Normandie, Munich et le camp de Dachau, Berlin et son Mur : « Cela a marqué le gamin que j’étais. Cette haute muraille, les champs de mines, les pièges à chars, les barbelés et tous ces fusils m’ont renvoyé l’image d’une nation devenue une gigantesque prison. La vision du Bien et du Mal s’est ancrée en moi, même si celle-ci s’est nourrie d’un peu de cynisme avec le temps. »

    Dans la maison des Prince, Erik croise régulièrement un nouvel ami de la famille, Chuck Colson, l’ancien conseiller spécial de Richard Nixon, perçu par beaucoup comme le « génie du mal » de l’ancien président. Colson fut la première personne à être condamnée dans l’affaire du Watergate après avoir plaidé coupable d’obstruction à la justice. Une fois sorti de prison, il écrivit Born Again, un livre évoquant sa conversion, et deviendra une des voix les plus influentes des mouvements évangéliques.

    Après le lycée, il rentre à l’Académie navale du Maryland. L’atmosphère ne lui plaît pas, trop dilettante et en même temps trop politiquement correcte à ses yeux. Il démissionne pour s’inscrire au Hillsdale College du Michigan, l’établissement le plus conservateur du pays d’après un classement de la Princeton Review. « Erik Prince était brillant et parlait bien, déclarera un de ses professeurs d’économie. Ce qui est bien chez lui, c’est qu’il comprend la relation entre le marché et le système politique. »

    Engagement politique

    Avec l’âge, Erik s’engage de plus en plus en politique. Il décroche un stage de six mois à la Maison Blanche sous George Bush père. Il a 19 ans et fait son premier don, d’un montant de 15 000 dollars, au Comité national républicain du Congrès. Un soir, sur une piste de bowling, il croise l’élu républicain californien Dana Rohrabacher. Prince lui fait part de ses critiques à l’égard d’une administration qu’il trouve trop peu conservatrice. Alors assistant spécial et rédacteur des discours de Ronald Reagan, il l’invite à travailler un temps dans son bureau. Les deux hommes ne se perdront plus de vue.

    Au cours de la première audition d’Erik Prince au Congrès, Dana Rohrabacher le soutiendra à sa manière, affirmant que son ami « était sur la voie pour devenir un héros américain tout comme l’était Oliver North », l’ancien colonel de l’armée américaine impliqué dans le scandale de l’Irangate au milieu des années 1980. L’élu ultraconservateur se rendra célèbre par la suite pour ses prises de position pro-russes. Plus récemment, il essaiera d’obtenir la grâce de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, auprès du président Trump. Depuis décembre 2017, Rohrabacher fait partie de la liste de personnalités interrogées dans le cadre de l’enquête russe.

    En 1992, Erik Prince s’emballe pour le candidat Pat Buchanan qui se présente avec un programme d’extrême droite, contre l’immigration, contre l’avortement et contre les homosexuels. La même année, il intègre les commandos Seals. Il servira en Haïti, en Bosnie et au Moyen-Orient, la plupart des points chauds du premier mandat Clinton. C’est durant ces quatre années, entre 1992 et 1996, qu’il rencontrera la plupart des personnes avec lesquelles il lancera Blackwater.

    Rester lié à l’armée

    Avec la mort de son père et un cancer en phase terminale diagnostiqué chez sa première femme, Erik Prince quitte les Seals en 1996 pour revenir auprès de sa famille. Celle-ci décide de vendre la société au groupe Johnson Controls pour 1,35 milliard de dollars, cash. « Je voulais rester lié à l’armée, expliquera Erik Prince quelques années plus tard. J’ai donc construit un complexe pour offrir un site de première classe aux militaires américains et aux alliés étrangers, ainsi qu’aux organismes de maintien de l’ordre, privés et gouvernementaux, qu’ils puissent se préparer à affronter le Mal. » En clair, un centre d’entraînement, qu’il inaugure en décembre 1996, à Moyock (Caroline du Nord), dans une immense tourbière située près de la base navale de Norfolk. L’année suivante, il acquiert plus de 2 000 hectares dans les comtés de Currituck et Camden voisins.

    L’époque est porteuse. Blackwater naît au moment d’une privatisation massive et sans précédent de l’armée, un mouvement lancé entre 1989 et 1993 par Dick Cheney du temps où il était le secrétaire à la défense de Bush père. Le budget de la défense est réduit de 10 milliards de dollars. Le nombre de soldats passe de 2,2 à 1,6 million. « L’idée était de réserver les troupes régulières pour le combat, tandis que les soldats privés s’occuperaient de la logistique à l’arrière-plan », écrit Dan Briody dans son livre The Halliburton Agenda (John Wiley and Sons Ltd, 2005, non traduit) sur l’entreprise Halliburton, premier fournisseur de matériel pour l’armée, que Cheney, futur vice-président de Bush fils, dirigea entre 1995 et 2000...

    Grâce à ses relations nouées dans l’armée, et aussi à celles tissées par son père et la famille DeVos au sein du Parti républicain, Erik Prince obtient rapidement des contrats avec le département de la défense, le renseignement et la police. En octobre 2000, l’attaque-suicide lancée par Al Qaida contre le destroyer USS Cole dans le port d’Aden (Yémen) jette une lumière crue sur les besoins en matière de protection de la marine américaine. Blackwater y gagne un contrat de 35,7 millions de dollars. Le 11-Septembre provoquera, lui, une nouvelle accélération cette privatisation de la chose militaire, reprise à son compte par le nouveau secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld.

    Proche d’une « société secrète »

    Prince est dans son élément. L’administration Bush fait appel à la droite la plus conservatrice et aux chantres du moins d’Etat. Le jeune homme d’affaires a maintenu des relations très proches avec certains acteurs du Conseil de la politique nationale (CNP), une organisation quasi secrète considérée comme l’un des piliers de la nouvelle droite, décrite par le New York Times comme « un club peu connu de quelques centaines des plus puissants conservateurs du pays qui se retrouvent derrières les portes fermées dans des lieux non divulgués pour une conférence confidentielle ».

    Le père Prince y avait exercé la fonction de vice-président. George W. Bush s’adressa au groupe en 1999, à la recherche de soutiens pour sa candidature. Dick Cheney, Donald Rumsfeld, John Bolton, ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, et John Ashcroft, procureur général, participent à ses réunions, tout comme un certain Dan Senor, qui deviendra le premier assistant de Paul Bremer, le « pro-consul » américain en Irak de 2003 à 2005.

    Erik Prince est également un proche d’Alvin « Buzzy » Krongard, le directeur exécutif de la CIA. A l’époque, l’agence a besoin de protection en Afghanistan. Elle manque de personnel, tout comme l’armée, qui manque d’agents de sécurité statiques. Krongard signera plusieurs contrats avec Blackwater pour la protection de sites secrets ou stratégiques de la CIA aux quatre coins du globe, en pleine « guerre contre la terreur ».

    « Mr. Fix-it »

    Dès 2001, Blackwater devient un des principaux supplétifs de l’armée en Afghanistan, puis en Irak deux ans plus tard. Erik Prince passera également de multiples contrats avec le département d’Etat pour assurer la sécurité de ses agents et diplomates. Dans l’administration, on le surnomme « Mr Fix-it » (M. Le Réparateur). Il trouve les failles, pointe les erreurs des déploiements militaires, formule des propositions clés en main.

    « Le Pentagone a construit une puissance militaire considérable ces soixante-dix dernières années pour vaincre l’URSS, explique-t-il. Mais utiliser ces tactiques, ces équipements, ce potentiel pour combattre des gars en pick-up chaussés en tongs, cela ne marche pas. Comment expliquer que, pour un soldat américain déployé en première ligne, il faut douze hommes derrière ? Qu’un ravitaillement opéré par des hélicoptères sur des navires nécessite 35 hommes de la Navy alors que nous le faisons avec huit ? Blackwater était là pour fournir des approches viables et à moindres coûts. Notre business avait l’avantage d’être un mélange de mentalité de commando et des meilleures pratiques commerciales existantes. »

    Jusqu’au point de rupture. En 2007, 177 « sociétés militaires privées » (SMP) exercent en Irak. Près de 48 000 contractuels y sont répertoriés, soit quasiment un privé pour un soldat. Blackwater fait alors partie des trois plus importants fournisseurs avec 1 200 hommes en permanence sur place, 155 véhicules et 26 aéronefs. Cette année-là, la société d’Erik Prince atteint le chiffre record d’un milliard de dollars de contrats signés avec le gouvernement, cinq fois plus qu’en 2000.

    La bavure de la place Nisour

    Le carnage du 16 septembre 2007 à Bagdad marquera le début de la fin. Blackwater est mis en cause dans une dizaine d’incidents meurtriers depuis son arrivée en Irak. Mais cette fusillade est le scandale de trop. L’audition au Congrès d’Erik Prince n’y changera rien. Tout comme sa tentative de rebaptiser la firme Xe en 2009. Outre l’impunité, le grand public a pris en aversion Blackwater pour s’être enrichi sur le dos du contribuable et avoir profité des guerres en Irak et en Afghanistan. « Une armée à ce point fidèle aux causes de l’extrême droite qu’elle en est devenue une garde du Parti républicain », écrit la journaliste et essayiste Naomi Klein. Pour l’ancien ambassadeur américain en Irak Joseph Wilson, « l’histoire de cette entreprise de mercenaires démontre clairement les graves dangers qu’entraîne la sous-traitance de l’usage de la force qui est un monopole de l’Etat. »

    En 2010, Erik Prince vend la société et ses filiales pour au moins 200 millions de dollars, selon différentes sources. Deux ans plus tard, il trouve un arrangement avec le gouvernement fédéral à hauteur de 50 millions de dollars pour une longue liste de violations commises entre 2005 et 2008 au regard du droit américain. S’ensuit une longue procédure durant laquelle quatre membres de son équipe responsable de la fusillade à Bagdad seront lourdement condamnés par un tribunal de Washington. Leurs peines sont en cours de révision.

    Lui n’en démord pas. « Il n’y avait aucune raison de s’en prendre ainsi à Blackwater », soutient-il, avant d’accuser les politiques. « Il fallait cibler Erik Prince. Dès que l’administration Obama a été mise en place, j’ai subi d’énormes pressions fiscales, des audits. La justice ici n’est pas aveugle, elle est politique, qu’elle aille au diable ! »

    Diversification

    Erik Prince prend le large. Il s’installera trois ans à Abou Dhabi. Le temps d’élargir ses réseaux et trouver de nouveaux ancrages. En 2011, le New York Times révèle qu’il a signé un contrat de 529 millions de dollars pour mettre sur pied une armée secrète de 800 mercenaires pour le compte des Emirats arabes unis. D’après le quotidien, ce bataillon est chargé de mener des opérations spéciales à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, de défendre les oléoducs et les gratte-ciel contre d’éventuels actes terroristes et de réprimer les révoltes intérieures. Les officiels émiratis confirmeront dans un communiqué l’existence d’un contrat, signé avec Prince, de « formation, d’entraînement et de soutien opérationnel » à leur armée.

    Lui investit, s’essaie à la finance, crée des holdings, plusieurs sociétés écrans aussi. D’Asie en Afrique, en passant par l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient, il se diversifie et brouille les pistes. En 2013, il crée Frontier Services Group (FSG), une société installée à Hongkong et spécialisée dans la logistique, les services de sécurité et d’aviation. Les premiers responsables sont, comme Prince, d’anciens soldats américains. Quelque 15 % du capital sont détenus par Citic, un important fonds d’investissement public chinois, très présent en Afrique. Dans la foulée, Prince achète des compagnies d’aviation au Kenya, des sociétés de transports au Congo.

    « Nous voulons être la première entreprise de logistique à couvrir l’ensemble du continent africain, même où cela semble dangereux », dit-il.
    En Autriche, il acquiert 25 % de la société d’aviation privée Airborne Technologies, spécialisée dans la transformation d’avions d’épandage agricole en vue d’une utilisation militaire ou de surveillance. Il acquiert encore 25 % encore des parts d’une entreprise chinoise ISDC, basée à Pékin, et présentée comme l’une des principales écoles de formation dans le domaine de la sécurité dans le monde.

    De nouveau, Prince est sur le devant de la scène. Le magazine Vanity Fair écrit qu’il travaille pour la CIA, Buzzfeed qu’il convoite les métaux rares en Afghanistan. Le quotidien espagnol ABC évoque un projet, financé par les Emirats arabes unis, d’invasion du Qatar, par l’armée privée de Prince. The Intercept, qui le suit à la trace, affirme que plusieurs enquêtes judiciaires américaines auraient été lancées contre lui pour avoir essayé de vendre des prestations militaires à des gouvernements étrangers. « Tout cela n’est que foutaises ! », écarte-t-il d’un revers de main. Il ne dira rien de plus.

    Le retour d’Erik Prince aux Etats-Unis correspond peu ou prou à la victoire de Donald Trump. Et visiblement, il fourmille d’idées. Au quotidien italien Corriere della Sera, il parle d’un projet destiné à résoudre la crise migratoire en Europe en créant une force de police de 650 hommes, formés par ses soins et postés à la frontière sud de la Libye. Dans un texte publié dans le Wall Street Journal, il expose un plan pour l’Afghanistan. « C’est la plus longue guerre de notre histoire, celle qui a coûté la vie à plus de 2 000 soldats américains et englouti près de 45 milliards de dollars de notre budget annuel pour un résultat désastreux », souligne-t-il. La solution passerait, selon lui, par le déploiement de moins 5 000 soldats contractuels, moins de 100 avions, pour un coût total d’à peine 10 milliards de dollars. Le pouvoir serait, lui, entre les mains un « vice-roi » américain nommé par l’administration Trump, à l’image des anciennes colonies britanniques.

    Candidat potentiel

    Le plan a été soumis à la Maison Blanche par l’entremise de Jared Kushner et Steve Bannon, qui y est très favorable. Les spécialistes l’ont vivement critiqué, le Pentagone l’a catégoriquement rejeté. « Les généraux sont très conventionnels », ironise l’homme d’affaires. De son côté, Donald Trump aurait dit à deux de ses conseillers d’examiner attentivement le projet. D’une source proche de la Maison Blanche, le secrétaire à la défense, le général issu des Marines James Mattis, aurait même apprécié l’état des lieux formulé par Prince, tout en écartant la solution proposée. « Ça viendra, glisse-t-il. La guerre a duré dix-sept ans, il faudra bien un jour ou l’autre explorer d’autres approches pour y mettre fin. »

    D’ici-là, Erik Prince dit ne pas écarter l’idée de se présenter à la primaire républicaine du Wyoming contre le sénateur sortant, le très populaire John Barrasso. Une candidature ardemment encouragée par l’ex-conseiller ultranationaliste Steven Bannon, inlassable pourfendeur de l’establishment républicain. « Le Wyoming est un des Etats les plus conservateurs du pays », explique l’ancien PDG de Blackwater, avant d’ajouter en forme d’autoportrait : « Il est composé d’hommes robustes. Les hivers y sont rudes. C’est un Etat qui a besoin d’un battant. » Les hostilités reprennent.

  • Aux avant-postes du «  mur  » trumpien

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/02/10/aux-avant-postes-du-mur-trumpien_5254797_3234.html

    Le président républicain entend bâtir une «  barrière physique  » à la frontière avec le Mexique. Pour l’heure, celle-ci se résume à huit monolithes, symboles de la division entre pro- et anti-immigration.


    Les huit prototypes du « mur » voulu par le président Donald Trump à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, en octobre 2017.

    Le « grand et beau mur » promis par Donald Trump à ses concitoyens tient pour l’instant en huit panneaux géants installés à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, au sud de San Diego, en Californie. Huit monolithes de neuf mètres de haut et autant de large, postes avancés de la forteresse America First prônée par le président républicain.

    Du côté américain, il est impossible d’approcher. Les prototypes sont situés sur un terrain appartenant au gouvernement. La Border Police (police des frontières) a suspendu ses visites guidées, dans l’attente de celle de Donald Trump. Le président a promis de se déplacer pour inspecter lui-même les éléments précurseurs de « l’imposante barrière physique » qu’il espère laisser au pays. Mais sa venue, plusieurs fois annoncée, n’est toujours pas confirmée.

    Du côté mexicain, il faut franchir la frontière au poste d’Otay Mesa, à 20 km à l’est de Tijuana, puis prendre le boulevard Garita et la calle 12. On traverse les maquiladoras, ces vastes ateliers d’assemblage menacés par la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) entré en vigueur en 1994. Près de 700 multinationales, dont Sony, Samsung et General Motors, y sont installées. Les pièces arrivent d’Asie, débarquent au port de Los Angeles, traversent la frontière en duty free (sans taxe) et sont montées à Tijuana. Les produits finis sont réexportés vers les Etats-Unis.

    Des projets pilotes

    Depuis vingt ans, les soutiers de la mondialisation viennent s’entasser pour des salaires de misère (deux dollars par heure, soit cinq fois moins qu’aux Etats-Unis) dans ce faubourg poussiéreux de Las Torres, traversé par les semi-remorques rutilants, les poules et les chiens errants. Beaucoup ont fait le mur, et les narcotrafiquants ont construit des tunnels à la faveur de la prolifération des maquiladoras. Depuis 2006, une quinzaine de ces tunnels ont été mis au jour à Tijuana, certains longs de plus de 500 mètres.

    Les huit prototypes dépassent de six mètres la barrière de tôle couleur rouille héritée de Bill Clinton, qui sert de ligne de démarcation. La police des frontières leur a attribué des numéros. A la suite d’un appel d’offres lancé par le département de la sécurité intérieure, six compagnies ont été retenues pour construire des projets pilotes.

    W.G. Yates & Sons, du Mississippi, a érigé un mur de métal de couleur sable pour 458 000 dollars (payés par le contribuable américain), soit environ 375 000 euros ; Fisher Sand & Gravel, de l’Arizona, un pan de béton minimaliste (365 000 dollars). KWR, également de l’Arizona, a ajouté un tube métallique au sommet afin d’empêcher les échelles de s’accrocher. Le numéro 3 se distingue par sa couleur bleue : c’est le projet de l’ELTA, un sous-traitant des forces armées israéliennes.

    Prouesses de l’armée américaine

    De la fenêtre sans vitre de son abri, à l’ombre d’un demi-palmier, Alexis Franco Santana, 22 ans, a vue sur le prototype numéro 6, celui est surmonté d’un grillage de barbelés. Devant la masure s’empilent les déchets de plastique livrés par les camionnettes de recyclage. Le jeune homme est chargé du triage, moyennant 50 dollars par semaine. Casquette retournée, short extra-large de basketteur, il a tout d’un jeune Américain, jusqu’à l’accent, mais il se plaint de son peu de vocabulaire.

    Les prototypes n’ont pas eu raison de sa bonne humeur. « C’est comme un jeu, s’esclaffe-t-il. On dirait que Trump est allé à Toys’R’Us et qu’il s’est acheté des Lego. » Pour cinq dollars, le jeune homme loue aux touristes une échelle que lui a laissée un visiteur de passage. Au cas où Donald Trump confirmerait son arrivée, une télévision américaine a pris une option sur le gruyère de planches qui lui sert de toit.

    Le jeune Mexicain a assisté tout le mois de janvier aux prouesses de l’armée américaine. Pendant trois semaines, des éléments des forces spéciales venus de Floride et les unités paramilitaires de la police des frontières ont pris d’assaut les prototypes hauts de trois étages, à coups de « pioche », de « marteau-piqueur », de « burin », de « cric de voiture » et de « chalumeau », selon la liste dressée par la Border Police. Un seul des militaires est parvenu à se hisser au sommet. Fin janvier, les Américains ont été informés que les prototypes avaient passé avec succès le test de résistance aux envahisseurs. Alexis hausse les épaules. « Il faut qu’on traverse de toute façon. Que ça soit avec des cordes ou des tunnels. Pour nous, c’est une nécessité. »

    Craintes de manifestations et d’incidents

    Un mirador a dû être construit pour surveiller les prototypes. Coût pour le comté de San Diego : près d’un million de dollars, ce qui fait grimacer jusqu’aux républicains. Les autorités locales craignaient les manifestations et les incidents. Du côté de l’extrême droite, un groupe se réclamant de « l’identité européenne » est venu faire des selfies. Et le cercle des bordertown patriots y a relancé son bon vieux slogan de campagne : « Build the wall ! » (« construisez le mur ! »). « C’est dissuasif, explique Tom, un militant de ce groupe anti-immigration, qui préfère conserver l’anonymat. On sait bien que ça ne va pas totalement arrêter les clandestins. » Il garde toute confiance en Trump. « En un an, il a déjà réussi à construire les prototypes. Il suffit que chaque foyer paie 200 dollars et, en huit ans, le mur pourra être fini. » Sinon, prévoit-il, « les Etats-Unis ne seront plus les Etats-Unis ».

    Les défenseurs des immigrants, eux, ne se sont pas dérangés. « Pour Trump, c’est un outil de propagande. Nous n’avons pas de temps à perdre à aller crier devant ces prototypes », déclare Christian Ramirez, de l’ONG Alliance San Diego. Ce militant a été arrêté le 11 décembre à Washington, au cours d’un sit-in au Congrès. « Notre combat, ce n’est pas le mur, souligne-t-il. C’est la régularisation des “Dreamers” » (les jeunes amenés aux Etats-Unis par leurs parents avant l’âge de 16 ans). Donald Trump a mis leur sort dans la balance dans son épreuve de force avec les démocrates : 800 000 « Dreamers » – il a même poussé jusqu’à 1,6 million de bénéficiaires –, contre 25 milliards de dollars pour le mur. Les responsables latinos sont opposés à un tel marchandage. Pas question que les « Dreamers » soient « utilisés comme monnaie d’échange pour faire adopter des mesures anti-immigrants », s’insurge Christian Ramirez.

    Le « mur » a une longue histoire mais, jusqu’ici, il n’a pas survécu aux aléas politiques. En 2006, grâce à la loi votée au Congrès – y compris par Barack Obama et Hillary Clinton –, George W. Bush a lancé les travaux. Quand Barack Obama a été élu à la Maison Blanche, ils ont été suspendus, « hormis quelques routes et travaux de consolidation ici ou là », précise M. Ramirez. Janet Napolitano, ex-secrétaire à la sécurité intérieure et ancienne gouverneure de l’Arizona, a remplacé le projet de béton par un « mur électronique » : des capteurs, des drones et des patrouilles renforcées. Aujourd’hui, après plus de deux milliards d’investissement, 560 km de parois empêchent le passage des piétons et 480 km d’obstacles antivéhicule, celui des voitures. Soit 1 040 km de frontière marqués par une barrière, sur un parcours total de 3 218 km entre les deux pays.

    « Plus aucun recours légal »

    Jusqu’à présent, les ONG ont réussi à retarder la construction du mur, en exploitant les dispositions réglementaires : l’obligation de procéder à des études d’impact sur l’environnement et les espèces menacées, par exemple, mais aussi la consultation des tribus indiennes ou celle des ranchers qui, au Texas, ont porté plainte contre le gouvernement qui les a expropriés, en l’accusant de minorer leurs indemnités. Cette fois, elles redoutent que Trump ne passe outre, comme une loi de 2005 – validée par la Cour suprême – l’y autorise si la sécurité nationale est en jeu.

    Ses prédécesseurs n’avaient pas abusé des dérogations (cinq tout de même pour l’administration Bush). Mais le 45e président des Etats-Unis n’a pas l’intention de s’embarrasser de délicatesses. Fin janvier, les premières dérogations ont été publiées. Elles concernent un tronçon de 20 km près de Santa Teresa, dans le désert de Chihuahua, au Nouveau-Mexique. Les bulldozers ne sont pas loin. « Nous n’avons plus aucun recours légal. Nous sommes à la merci de l’administration Trump », déplore Christian Ramirez, qui est spécialiste des droits humains dans les communautés frontalières.

    Une fois les projets sélectionnés, les entreprises devront soumettre un nouvel appel d’offres. Lequel devra être suivi d’une période de commentaires publics. Les prototypes n’ont pas fini d’attirer la curiosité et la créativité. Les artistes de la Light Brigade de San Diego sont venus projeter une échelle lumineuse sur les monolithes, comme pour souligner l’illusion du mur tant que les déséquilibres économiques n’auront pas été corrigés. A l’instigation du plasticien helvéto-islandais Christoph Büchel, un collectif a aussi lancé une pétition pour faire des huit prototypes un « monument national ». Une « sorte de Stonehenge [site mégalithique de Grande-Bretagne] », avance Michael Diers, historien de l’art versé dans l’iconographie politique et porte-parole de l’initiative. Un monument qui témoignerait pour la postérité de la tentation de repli de l’Amérique au temps de Donald Trump.

  • Femmes voilées recherchent jobs désespérément

    http://abonnes.lemonde.fr/religions/article/2018/02/03/femmes-voilees-recherchent-jobs-desesperement_5251214_1653130.html

    Femmes voilées recherchent jobs désespérément
    De jeunes diplômées racontent leur difficulté à trouver un emploi.

    LE MONDE | 03.02.2018 à 06h31 • Mis à jour le 03.02.2018 à 07h54 |
    Par Cécile Chambraud
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    Elles y vont le plus souvent avec la boule au ventre. Pour tout demandeur d’emploi, l’entretien d’embauche est une épreuve. Lorsqu’on est une femme et que l’on porte un voile, il devient vite un tourment. « Parfois, c’était plus le foulard que moi-même qu’on regardait », témoigne Myriam (les femmes interrogées ont souhaité préserver leur anonymat), une Parisienne de 23 ans titulaire d’un BTS d’assistant manageur.

    Il arrive que, pendant l’entretien, le recruteur glisse une question à ce sujet. « On m’a déjà demandé : lorsque vous viendrez travailler, enlèverez-vous votre voile ? », se souvient la Toulousaine Samira, 24 ans, titulaire d’un DUT de techniques de commercialisation. Mais souvent, il demeure un non-dit.

    Pourtant, c’est bien à ce moment-là que se referme, pour nombre de ces diplômées, la porte entre-ouverte de l’entreprise recruteuse que leur CV avait pourtant intéressée. Dans le huis clos de l’entretien d’embauche, les femmes voilées ressentent durement l’obstacle invisible qui leur est réservé sur la voie de l’emploi salarié, en particulier de l’emploi qualifié auxquels les ont préparées leurs diplômes.

    C’est une réalité impossible à quantifier, difficile à saisir. « Le refus d’embauche est assez peu visible car il est très difficile de le démontrer », souligne Lila Charef, directrice exécutive du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). C’est pourtant une pratique bien réelle, dont le caractère insidieux n’empêche pas qu’elle soit contraire à la loi, qui interdit aux entreprises de discriminer lors de l’embauche, que ce soit en fonction de la religion, du sexe, de l’âge ou de tout critère autre que les compétences. « Elle a pour conséquence que le secteur privé devient une peau de chagrin pour ces femmes », ajoute Lila Charef.

    « Vous correspondez au poste, mais... »

    De nombreuses femmes témoignent de cette difficulté par leur parcours. Elle surgit parfois avant même la fin de leurs études. A Angers, après de nombreux refus, en master d’économétrie, Sarah a dû faire son stage de fin d’étude au sein de l’université. Dans son mastère en systèmes d’information et d’aide à la décision, le directeur de formation et le coach en communication avaient prévenu Mina : avec son voile, elle aurait du mal à trouver un emploi qui corresponde à ses compétences d’ingénieure en informatique décisionnelle.

    Cette Toulousaine, âgée aujourd’hui de 26 ans, a eu un avant-goût de ce qui l’attendait au moment de trouver un stage. Elle avait postulé avec des CV sans photo. Le jour de l’entretien, elle avait un discret foulard noué en turban. Avec le recruteur, cela ne s’est pas bien passé. « L’attitude de cette personne, ses regards, montrait qu’elle n’était pas contente », témoigne-t-elle. Elle a finalement effectué un stage de six mois chez Orange, société qui avait déposé une offre dans son mastère.

    En Ile-de-France, Linda, 28 ans, a mesuré la différence quand elle a commencé à se voiler, en seconde année de mastère de management. « J’ai vu la différence entre avant et après, même lorsque je recherchais un job d’été, dit-elle. Je n’avais jamais eu de problème avant. » La différence a persisté lorsqu’il s’est agi de décrocher un emploi. « J’ai vite compris qu’il fallait mieux l’enlever lors des entretiens, même pour un simple turban, explique cette employée d’un cabinet de conseil. Pour un même poste, sans turban, ça passait mieux. Ce domaine recrute beaucoup, j’avais plein de propositions, mais j’ai compris que ce serait un frein. »

    A Paris, les entretiens se « passent bien » pour Myriam mais n’aboutissent pas pour autant à une embauche. « Vous correspondez au poste, mais avec votre foulard, ça ne passera pas », lui disent certains recruteurs. A Pôle emploi, un conseiller l’a « mise en garde » contre les conséquences du port du foulard. Cette incertitude sur les motifs profonds des refus qui leur sont opposés est déstabilisante.

    Dilemme

    Une fois qu’elle a eu fini son stage chez Orange, à Toulouse, Mina s’est mise en quête d’un emploi. « Là, je n’ai eu que des refus, raconte-t-elle. Je décrochais des entretiens, certaines entreprises me contactaient spontanément car elles recherchaient mon profil, mais quand j’arrivais, on me disait que finalement il n’y avait pas de place ou que je ne correspondais pas », dit la jeune ingénieure.

    Un jour, pendant un entretien, deux recruteuses lui demandent si elle a une idée de ce qui a pu motiver les refus précédents. Le voile, répond-elle. « Oui, pour nous, le voile ne peut pas passer. Il faudra le retirer, et on signera un contrat tout de suite. » Elle a refusé.

    Garder le voile, le retirer : devant les difficultés, ce dilemme s’impose à toutes un jour ou l’autre. Chacune le résout à sa façon, soit en tranchant une fois pour toutes, soit en hésitant, mais jamais simplement.

    La sociologue Fatiha Ajbli a étudié dans sa thèse, soutenue en 2011, les « stratégies variées » de ces femmes qui cherchent à concilier voile et emploi. « La nature de leur arbitrage entre le travail et le signe religieux déterminera leur trajectoire professionnelle », résume-t-elle.

    Même si, d’une manière générale, « plus le diplôme est important et professionnalisant, plus la place de la visibilité religieuse sera prête à être aménagée », Fatiha Ajbli observe que les nouvelles générations de femmes pratiquantes sont moins « complexées » que les précédentes et plus déterminées à concilier les deux. « Elles sont moins marquées par cette tension, plus à l’aise avec l’articulation des deux sphères », résume-t-elle.

    Parcours du combattant

    Myriam a tenu bon : « Dans ma famille, certains me disaient de le retirer pour l’entretien. J’ai été tentée, mais il fait tellement partie de moi. Je ne voulais pas l’ôter. J’ai étudié comme tout le monde, pourquoi serais-je désavantagée par un bout de tissu ? » Elle a fini par être embauchée dans une entreprise parisienne de services. D’abord à un poste de téléconseillère qui ne lui convenait pas. La perspective de recommencer ce parcours du combattant l’a dissuadée de chercher ailleurs. Finalement, à la faveur d’une mobilité interne, elle est devenue gestionnaire et « cela se passe très bien ».

    A Paris, après sa formation de comptable, Fatoumata, 26 ans, a elle aussi voulu conserver son voile. Conséquence, elle a dû se contenter dans un premier temps de garde d’enfant avant d’être embauchée – avec son voile – par l’association Coexister. « Je pouvais être moi-même », se souvient-elle. Puis elle a dû chercher ailleurs. Après des déconvenues, elle s’est résolue à aller tête nue à un entretien. « Ça m’a fait bizarre. Mais on me regardait enfin comme une personne lambda ! », se souvient-elle. Elle a été embauchée et se demande encore si ses collègues l’auraient considérée de la même manière si elle était venue voilée au début. « Les gens croient que parce qu’on est voilée, on ne parle que de religion ou qu’on ne sait pas rigoler », ironise-t-elle.

    Linda a fini par retirer son foulard. « Dès ce moment, ça s’est très bien passé. J’ai décroché un stage. Pour mon premier job, j’ai pris la décision d’y aller sans – j’avais un loyer à payer. On devient schizo : on a l’impression d’être deux personnes selon qu’on porte son voile ou non. » Son choix ne va pas sans interrogations : « L’enlever, c’est un déchirement pour nous, témoigne la jeune femme. On ne se sent pas nous-mêmes. Après, on s’y fait. Je l’enlève avant d’arriver au travail. J’ai l’impression d’être une hors-la-loi. » Elle se demande comment cela se passerait, si elle demandait à son employeur de pouvoir venir voilée. Avec la « peur que mes collègues changent de regard sur moi ».

    Découragement et perte de confiance

    Mina n’a pas voulu le retirer : « Il fait partie de moi », tranche-t-elle. Ses professeurs l’avaient prévenue qu’elle aurait du mal à trouver un emploi à Toulouse et lui conseillaient d’aller en région parisienne. Cette recherche sans aboutissement est usante. « A force de chercher, le moral en prend un gros coup », résume-t-elle. Toutes évoquent des périodes de découragement et de perte de confiance en soi.

    Certaines, qui n’ont pu trouver un emploi à la hauteur de leurs qualifications, se rabattent sur des pis-aller. Sarah, l’analyste de données, « envisage de partir au Royaume-Uni, où c’est plus souple ». Samira a intégré un centre de formation privé acceptant les femmes voilées, mais pour un emploi qui n’a « rien à voir avec [ses] qualifications » de commerciale. Elle réfléchit à la suite : « J’attends d’avoir la bonne idée pour monter une auto-entreprise », dit-elle.

    Mina a travaillé dans une association dont les bénévoles se sont révélés « intolérants », puis dans une école privée musulmane. « Malheureusement, cette intolérance nous pousse bien souvent à travailler “en communauté”, dans une entreprise dont le patron est musulman, alors que ce que j’aime, c’est le contact avec les gens de tous horizons », regrette Mina.

    Aujourd’hui, trois ans après avoir fini ses études, elle est télésecrétaire à domicile, avec le statut d’autoentrepreneuse. Tout en élevant son petit enfant, elle gère les plannings de médecins et d’entreprises. Elle est payée à l’appel et gagne « une misère ». Mais elle « préfère travailler seule plutôt que de prendre des refus ». Mina n’entend pas en rester là : « Garder le voile, ça ne me handicape pas du cerveau ! » Elle essaye de développer son activité d’autoentrepreneuse « pour les années à venir ».

    Une évolution vers l’entrepreneuriat

    La réorientation vers l’entrepreneuriat d’une partie de ces femmes qui ont trouvé close la porte du salariat, c’est ce que scrute la doctorante en sociologie Hanane Karimi. Initialement, elles sont allées en nombre vers des plates-formes d’appels téléphoniques et le télémarketing. La chercheuse observe que « ces stratégies d’évitement ne comblent plus ces femmes et elles trouvent dans l’entrepreneuriat un moyen de dépasser la limitation du marché de l’emploi ». D’où la croissance d’un entrepreneuriat musulman féminin dans des domaines très variés, de l’artisanat au coaching sportif en passant par les services numériques. « Sa particularité, souligne la chercheuse, c’est qu’il n’est pas un premier choix, mais une conséquence de cette limitation. »

    Ses recherches ont appris à Hanane Karimi qu’entre ces entreprises majoritairement individuelles, des réseaux d’entraide, de partage d’outils et de compétences se constituent et se diffusent. Il s’y fait aussi un gros travail de reconstruction de « l’estime de soi », écornée par les échecs rencontrés ailleurs. L’entrepreneuriat « permet à des femmes qui avaient renoncé de reprendre un parcours professionnel », explique la chercheuse.

    « Progressivement, de réseaux d’entre-soi subi, ils évoluent vers quelque chose de plus inclusif, avec plus de mixité [avec des non-musulmans], qui dépasse le réseau initial », décrypte-t-elle. Elle donne en exemple le réseau AKB, à l’origine (2011) destiné « à soutenir les femmes musulmanes » dans la création d’entreprise. Il s’adresse aujourd’hui « à toutes les femmes en difficulté professionnelle », explique le site de l’association. Le 5 février, il organisera le 6e « concours des entrepreneuses plurielles ».

  • « Facebook, c’est pour les vieux »
    https://usbeketrica.com/article/facebook-c-est-pour-les-vieux

    L’ado, cet être énigmatique (aux yeux de toute personne née avant 2000). Que fait-il ? Que veut-il ? Que craint-il ? Surtout quand il est collé à un écran, à commencer par celui de son smartphone ? L’association éducative Génération Numérique a mené une étude sur les « 11-18 ans et les réseaux sociaux ». Elle en présentait les résultats lors d’un événement organisé à Paris par Facebook. Le réseau social est pourtant abandonné par les moins de 18 ans. Sur la scène du grand amphi de la Station F, temple parisien de (...)

    #Facebook #Messenger #MessengerKids #enfants

    • - 6 enfants sur 10 ont un appareil numérique en permanence dans leur chambre et ils sont 3 sur 10 à se réveiller pour le consulter

      – 69 % des 11-14 ans sont inscrits sur au moins un réseau social (+ 3 pts par rapport à janvier 2017) et 94 % des 15-18 ans (+ 2,5 pts)

      – Que font les 11-18 ans quand ils sont confrontés à des contenus choquants sur Internet ? Dans 41 % des cas : rien. Ils signalent le contenu ou l’auteur : 28 %. Ils en parlent à un adulte : 13 %.

      – 43 % des 11-18 ans déclarent avoir rencontré des problèmes sur Internet avec des inconnus d’autant qu’ils sont presque 1 sur 2 à communiquer avec des individus qu’ils n’ont jamais vus avant.

  • Gaza, au bord du précipice
    Thomas Cantaloube, Médiapart, le 28 janvier 2018
    https://www.mediapart.fr/journal/international/280118/gaza-au-bord-du-precipice

    Des responsables militaires israéliens ont récemment tiré la sonnette d’alarme en avertissant que la bande de Gaza était « au bord d’un effondrement complet », en raison de la détérioration des conditions sanitaires, sociales et économiques. Après dix ans de blocus, c’est en effet le désespoir qui domine. « Nous souffrons de ne jamais pouvoir envisager le futur », dit une habitante. Reportage dans la bande de Gaza.

    Gaza, de notre envoyé spécial.- Quand on lui annonce que nous avons l’intention de nous rendre dans la bande de Gaza, le porte-parole du gouvernement israélien soupire, puis nous répond calmement : « Comme vous voulez… Vous allez voir beaucoup de misère et de souffrance. Mais n’oubliez pas : c’est leur responsabilité. Les habitants de Gaza ont choisi le parti de la violence et des terroristes. Nous ne pouvons pas l’accepter et nous devons nous défendre. »

    Quelques jours plus tard, nous franchissons le checkpoint d’Erez, immense édifice de béton et d’électronique qui évoque la paranoïa déshumanisée des installations militaires américaines en Irak ou en Afghanistan dans les années 2000. Après un long tunnel de grillage, nous émergeons côté palestinien, dans cette bande de Gaza grande comme trois fois Paris intra-muros, peuplée de deux millions d’habitants cloués sur place, sans possibilité aisée de sortir de ce territoire depuis plus de dix années, lorsque le Hamas en a pris le contrôle en 2007.

    On traverse d’abord quelques champs cultivés (oliviers, fraises, haricots verts…) avant d’atteindre les premiers bâtiments, qui occupent la quasi-totalité de la surface de Gaza, en faisant un des lieux les plus densément peuplés de la planète.. Bien sûr, l’ambiance n’est pas riante, on imagine d’autres endroits pour faire du tourisme : le gris parpaing des immeubles mal finis, les nombreuses charrettes tirées par des ânes, les rues secondaires en terre constellées d’ornières.

    Mais la vie suit son cours, résiliente. Et tant qu’on n’adresse pas la parole aux Gazaouis pour leur demander comment va leur existence, l’illusion se maintient d’être dans n’importe quelle ville pauvre du monde arabe. Il y a des souks, des hôtels, des restaurants, des banques, des embouteillages, les vagues de la Méditerranée qui s’écrasent sur les plages de sable.

    Les premières fissures dans ce tableau apaisé surgissent très vite. On observe les pêcheurs qui larguent les amarres et s’éloignent du port en fin de soirée. Ils naviguent sur deux ou trois kilomètres en mer, puis coupent les moteurs pour lancer leurs filets. Normal, ils ne peuvent pas s’aventurer au-delà : leur zone de pêche est restreinte en moyenne à cinq milles marins (9 km).

    Nous avons ensuite rendez-vous avec un officiel au treizième étage d’un immeuble : il faut attendre son arrivée, puis qu’un agent de sécurité démarre le générateur diesel, et tout le monde s’entasse dans la cage d’ascenseur. En quittant les lieux, on descend les treize étages à pied avec une lampe de poche. Mi-janvier 2018, le rythme d’approvisionnement en électricité est le suivant : quatre heures de courant, suivies par douze heures de black-out. Parfois, s’il y a six ou sept heures de courant par jour, c’est Byzance. Quand l’électricité arrive dans les foyers, tout le monde se chamaille aimablement pour filer à la douche et bénéficier d’eau chaude.

    L’essentiel de l’eau qui circule dans les tuyaux (95 % selon l’Organisation mondiale de la santé) est impropre à la consommation humaine. Lorsqu’on se brosse les dents, un arrière-goût colle aux gencives. Se baigner dans la mer revient à nager à la sortie des égouts, puisque le système de traitement des eaux usées est en carafe depuis des mois…

    Début 2018, les services de sécurité israéliens (armée et renseignements) ont tiré la sonnette d’alarme auprès de leur gouvernement : « Gaza est au bord d’un effondrement complet », ont-ils averti. Ce qui, dans le langage de ces responsables, laisse présager que les conditions socioéconomiques désastreuses de la bande pourraient bien provoquer un soulèvement, une nouvelle intifada, une offensive armée des extrémistes religieux, bref, ils ne savent pas vraiment quoi, mais cela ne sent pas bon du tout.

    Il y a déjà eu trois guerres à Gaza en dix ans et les Israéliens ne souhaitent désormais rien tant que préserver le statu quo. Donc, du point de vue de ces dirigeants chargés de la sécurité de leur pays, il vaudrait mieux s’arranger pour que la cocotte-minute gazaouie ne leur explose pas à la figure en relâchant la pression.

    Malheureusement, ces paroles raisonnables ne sont guère écoutées par la majorité des Israéliens aujourd’hui. Il y a ceux qui rappellent ironiquement que les médias annoncent depuis douze ans « l’effondrement de Gaza » sans que cela ne se produise. Il y a ceux qui désirent la confrontation et se réjouissent de la situation. Et puis il y a surtout l’indifférence face au sort des Gazaouis. « Si ces gens veulent vivre normalement, ils n’ont qu’à se débarrasser du Hamas. » Tel est le refrain que l’on entend souvent en Israël..

    Jusqu’en 2005, la situation de Gaza n’était guère différente de celle du reste de la Cisjordanie sur le plan de la circulation des personnes. Puis le premier ministre Ariel Sharon a annoncé le retrait des 8 000 colons qui vivaient sur place, les islamistes du Hamas ont remporté (à la régulière) les élections palestiniennes de 2006 et, l’année suivante, ils ont pris le contrôle total de la bande de Gaza, à la suite d’une confrontation avec l’Autorité palestinienne installée à Ramallah (Cisjordanie).

    Depuis cette date-là, Israël a isolé Gaza à coups de barbelés, de miradors, de murs de béton et de checkpoints. Le seul point de passage avec un pays tiers, l’Égypte, est celui de Rafah, au sud, et il est rarement ouvert, encore moins depuis le coup d’État du maréchal al-Sissi de 2014.

    « Sortir à tout prix d’ici pour vivre ailleurs »

    On a coutume de parler de Gaza comme d’une « prison à ciel ouvert », mais c’est un cliché insidieux. Dans toute démocratie digne de ce nom, les prisonniers ont été jugés et reconnus coupables. Or le seul crime de l’immense majorité des Gazaouis est d’être nés palestiniens sur cette langue de terre côtière. « Pour deux millions d’habitants, il y a peut-être 10 000 extrémistes ou terroristes. Nous sommes tous condamnés pour les actes de quelques-uns », souligne Youssef Nateel, un cinéaste d’une trentaine d’années. Il fait référence aux branches armées du Hamas ou du Djihad islamique, qui envoient occasionnellement des missiles sur Israël ou commettent des attentats-suicides. Gaza n’est donc pas tant une prison qu’un exercice de punition collective massive.

    Depuis 2012, Youssef Nateel a déposé chaque année quatre à cinq demandes de permis de sortie de Gaza pour présenter ses films documentaires dans des festivals, ou afin de se rendre à une formation aux États-Unis pour laquelle il avait obtenu une bourse. Elles ont toutes été refusées. Sans aucune explication. « Les Israéliens n’ont pas à se justifier », souffle-t-il. Il sait seulement qu’il a le mauvais âge, le mauvais sexe, le mauvais pedigree du point de vue de l’appareil sécuritaire israélien : celui d’un terroriste en puissance.

    Youssef est donc cloîtré à Gaza, relié au reste du monde par Internet, grâce auquel il se forme lui-même avec des tutoriels en ligne. « Je veux progresser en tant que cinéaste, je veux grandir en tant qu’artiste, je veux me confronter au reste du monde, mais cela m’est interdit. Je ne compte plus toutes les opportunités que j’ai ratées. Ces dix dernières années ont été gâchées. Désormais, je n’ai plus qu’une seule aspiration : sortir à tout prix d’ici pour vivre ailleurs et ne pas gâcher la prochaine décennie. »

    Une de ses amies, Yasmine Dawas, a plus de chance. Façon de parler. Toute récente diplômée de médecine, elle a trouvé du travail un jour par semaine dans un hôpital de Jérusalem pour traiter des enfants victimes de malformations cardiaques. En tant que jeune femme employée en Israël, elle peut obtenir un permis de sortie pour s’y rendre. Mais elle doit le renouveler chaque mois.

    À la mi-janvier, elle reçoit un message sur son téléphone lui annonçant que son prochain permis durera trois mois. Elle saute de joie ! Puis elle lit les détails : elle n’a le droit de franchir les checkpoints que le mardi, jour où elle travaille. Les larmes lui montent aux yeux, elle détourne le regard. Là encore, nulle explication. C’est comme ça, c’est la règle israélienne.

    Quand elle franchit le checkpoint pour se rendre à son travail, elle n’a le droit de rien emporter avec elle : pas de cosmétiques, pas de brosse à dents. Un jour, elle avait oublié un bâton de rouge à lèvres au fond de sa poche. Il lui a été confisqué et elle a dû plaider pour ne pas voir son permis annulé.

    Malgré cela, Yasmine et Youssef s’estiment mieux lotis que la plupart des Gazaouis : leurs familles sont relativement aisées, ils ont pu faire de bonnes études, ils possèdent des réseaux à l’étranger. Mais la plupart de leurs concitoyens subissent le chômage et la précarité. Le taux officiel de chômage s’élève à 47 % et il grimpe à 60-65 % pour les jeunes diplômés. C’est un paradoxe de Gaza : le taux d’alphabétisation des moins de 24 ans dépasse les 99 %, les universités sont ouvertes et de bon niveau, mais une fois leur cursus terminé, les diplômés sont cantonnés à un territoire exsangue, coupé du reste du monde.

    En 2012, l’UNRWA, l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens, nombreux à Gaza, avait publié un rapport dont le titre s’affichait poliment interrogatif, même si la réponse était négative : « Gaza sera-t-il vivable en 2020 ? » Aujourd’hui, les instances internationales, les ONG et même certains responsables israéliens se demandent s’il ne faudrait pas avancer la date de deux ans, c’est-à-dire envisager que Gaza ne soit plus vivable fin 2018. Aux problèmes d’eau, d’électricité ou de chômage précédemment évoqués s’ajoutent une véritable crise sociale et psychologique, ainsi que les évolutions politiques récentes, qui obscurcissent encore davantage les perspectives des Gazaouis.

    Responsable de projets dans une ONG d’assistance psychologique, Lubna Beseisso observe le tissu social se détériorer jour après jour. « Quand nous entendons le tonnerre, la plupart d’entre nous sursautons en imaginant que c’est un nouveau bombardement. Nous sommes traumatisés par les guerres, mais aussi par le blocus, l’enfermement, la division politique, explique-t-elle posément, s’incluant parfois dans les cas qu’elle décrit. Les gens ne peuvent pas vivre dans un état de stress perpétuel sans que cela n’affecte la société dans son ensemble. »

    Les disputes intrafamiliales, la violence, la dépression, tout cela est en hausse constante. Il y a désormais des sans-abri à Gaza, phénomène inconnu il y a encore quelques années du fait des solidarités. « La semaine passée, nous avons recensé un crime inédit dans l’histoire palestinienne : une femme a tué son mari puis l’a démembré. Ici, les gens avaient l’habitude de se préoccuper les uns des autres. Nous avons bien entendu toujours eu des vols, des meurtres ou de la violence dans les familles, mais jamais dans de telles proportions ni avec une telle agressivité. Le tissu social est en train de se déchirer. »

    « Gaza est un véritable chaos politique »

    D’après une étude scientifique sur les troubles psychologiques au Moyen-Orient publiée début 2017, les Palestiniens figurent au premier plan de toutes les populations de la région en matière de « désordres mentaux ». Le lien est directement établi entre ces perturbations et le demi-siècle de violence et de conflits, l’occupation israélienne et la répression qui l’accompagne. « Outre les différents symptômes de stress post-traumatique ou liés aux angoisses quotidiennes, nous souffrons de ne jamais pouvoir envisager le futur, s’attriste Lubna Beseisso. Nous avons appris depuis notre enfance à ne pas planifier notre avenir. » Ce qu’Ayah al-Wakil, une jeune juriste, résume ainsi : « Nous essayons de ne jamais espérer trop car nous ne voulons pas être déçus. »

    Une des rares choses qui semblent fonctionner correctement et avec régularité à Gaza est Internet, seul véritable lien avec l’extérieur pour la plupart des Gazaouis. Mais là encore, par la grâce ubuesque des autorités israéliennes, Gaza est interdite de réseau téléphonique 3G (la Cisjordanie vient juste d’être autorisée à déployer cette technologie vieille d’une décennie…). « Nous ne voyons que rarement des étrangers ou d’autres cultures, nous appréhendons le monde au travers des réseaux sociaux, constate tristement Ayah al-Wakil. Mais bien évidemment, ce n’est pas comparable : un pan de l’expérience humaine nous est ôtée. »

    Assis derrière son bureau de responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Gaza, Mahmoud Daher cache ses yeux las derrière ses lunettes. Après avoir passé en revue la longue liste des problèmes économiques et sanitaires qui affectent la bande de terre (à laquelle il faut ajouter, en plus de ceux déjà mentionnés, la pénurie de nombreux médicaments ou la dépendance à l’aide internationale de 80 % de la population), il assène avec la force de l’évidence : « Le problème de Gaza est de nature politique, il n’y a pas de solution médicale ou financière. »

    La récente prise de position de l’administration Trump sur le statut de Jérusalem, et plus généralement son soutien sans ambages au gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou, ont achevé de doucher les maigres espoirs qui subsistaient parmi la population palestinienne.

    De surcroît, la « réconciliation » annoncée fin septembre 2017 entre le Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, semble au point mort. Il y a eu quelques visites des autorités de Ramallah et la prise de contrôle des checkpoints par les policiers palestiniens, mais aucune autre avancée. Les Gazaouis, qui espéraient l’injection d’argent frais ou un assouplissement du blocus israélien, ont déchanté et, aujourd’hui, ils perçoivent cela comme une déception de plus.

    « Gaza est un véritable chaos politique, résume Khalil Shahin, directeur du Centre palestinien pour les droits de l’homme. Nous subissons un régime politique unique au monde en étant gouvernés par trois entités et demie. Il y a d’abord Israël, qui contrôle tous les détails de notre vie quotidienne. Il y a ensuite l’Autorité palestinienne, dont nous dépendons théoriquement mais qui ne fait pas grand-chose. Il y a le Hamas, qui régente ce qu’il peut, principalement la sécurité interne et l’économie locale. Et enfin, pour une demi-part, la communauté internationale au travers des ONG, des programmes d’aide et de l’ONU. »

    Les Israéliens ont pris l’habitude de blâmer le Hamas (qui, avant de prendre le contrôle du territoire par les armes en délogeant l’Autorité palestinienne, avait remporté les élections libres) pour tous les maux de Gaza. Le mouvement islamiste, à la fois politique et militaire, est effectivement responsable de nombreuses attaques contre les Israéliens qui ont fait des dizaines de morts. Il exerce également un « monopole sur la corruption », comme le confie l’un de nos interlocuteurs, en taxant les produits qui rentrent à Gaza ou en organisant les trafics clandestins.

    Il fait également peser une certaine pression sur la société en s’efforçant de faire taire tous ceux qui ont la parole un peu trop critique. « On ne parle pas du Hamas en public et on fait attention à ce que l’on poste sur les réseaux sociaux, dénonce un militant anticorruption, sinon ses miliciens débarquent chez vous au petit matin… » Pour autant, Gaza ne vit pas sous une chape de plomb islamiste. Les appels à la prière n’ont pas plus d’adeptes ici qu’en Cisjordanie et les femmes qui le souhaitent se promènent sans foulard sur les cheveux (même si elles sont rares).

    « L’occupation est la matrice de toute la situation »

    Mais le Hamas est usé par ses dix années de pouvoir, qui ont vu la situation se détériorer. Même Ahmed Yousef, l’ancien conseiller politique du leader du Hamas Ismaël Haniyeh, l’avoue sans détour : « La population espérait beaucoup de la réconciliation entre le Fatah et le Hamas, mais elle est mal engagée. Les gens attendent de nouveaux dirigeants. Le Hamas porte sa part de responsabilité dans la situation présente, mais elle est moindre que celle d’autres acteurs. »

    Au premier rang figure le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, dont toute la stratégie depuis 15 ans a été lentement déjouée par Netanyahou et annihilée brusquement par Trump. L’Égypte aussi, qui pourrait offrir un ballon d’oxygène pour Gaza l’asphyxiée mais préfère, au contraire, lui appuyer sur la glotte en laissant le passage de Rafah presque tout le temps fermé et en collaborant avec les Israéliens. « Personne ne nous épargne, personne ne fait preuve de compassion à notre égard », commente Ahmed Yousef, résigné.

    Si le Hamas, l’Autorité palestinienne, l’Égypte ou parfois les pays occidentaux sont critiqués par les Gazaouis, tout ce beau monde n’arrive que loin derrière, en seconde place sur le podium des griefs. Personne à Gaza n’est disposé à absoudre Israël de son écrasante responsabilité. Car c’est bien l’État hébreu qui est la puissance occupante, qui contrôle les flux des marchandises et des personnes, qui restreint les faibles marges de liberté des Gazaouis et qui impose sa loi d’une main de fer dans un gant d’épines.

    Un responsable de l’ONU à Gaza, qui préfère rester anonyme pour parler en toute franchise, résume l’équation ainsi : « Pas d’occupation signifie pas d’intifada et donc pas de mesures de rétorsion, donc pas de souffrance. » Puis il poursuit : « On peut blâmer de nombreux acteurs locaux et internationaux pour leur inefficacité, leur corruption, leur incompétence, leur idéologie ; on peut débattre sur ce qui a surgi en premier de l’intifada ou des représailles, à la manière du litige sur la poule et l’œuf ; mais ce ne sont que des conséquences de l’occupation, qui est la matrice de toute la situation. »

    Lorsqu’il cesse de parler, ce haut fonctionnaire onusien ramasse quelques livres qui traînent et essaie de faire tenir cette petite pile en équilibre sur le bord de sa table de travail. Après de méticuleux ajustements, il y parvient. Il relève alors la tête vers nous et annonce : « Gaza est ainsi : toujours au bord du précipice. Un seul mouvement peut tout faire basculer. Les Israéliens déploient beaucoup de ressources en matière de sécurité et de renseignements pour maintenir Gaza en équilibre au bord de l’abîme. »

    Avant de regagner le checkpoint d’Erez pour faire ce que la plupart des Palestiniens ne peuvent pas effectuer, à savoir quitter cette enclave par la porte, on s’arrête chez un agriculteur dont les champs et les serres touchent presque le mur de séparation entre Israël et Gaza. La fraise de Gaza possède une petite réputation. Elle est effectivement délicieuse : riche en goût et juteuse. Akram Abu Khosa a dû reconstruire plusieurs fois ses serres, fréquemment détruites lors des incursions des soldats israéliens, faire une croix sur différentes récoltes pour les mêmes raisons, mais il persiste dans son maraîchage, comme le faisait son père avant lui.

    Aujourd’hui, son principal marché se situe à Gaza même, bien que cela lui rapporte moins que les exportations vers les pays du Golfe, qui comptent parmi ses clients. « Pour exporter, il faut que je récolte les fraises un peu en avance, mais pas trop afin de conserver un bon produit. Une fois que je les ai mises en barquette, elles doivent arriver chez les marchands en trois jours maximum. Le problème, c’est que je ne sais jamais si les Israéliens vont me laisser passer le checkpoint. Ils me connaissent et j’ai un permis d’exportation, mais c’est la loterie à chaque fois. Si mon camion est bloqué plus de 24 heures au poste de contrôle, c’est foutu, je perds ma cargaison. »

    Selon Khalil Shahin, du Centre palestinien pour les droits de l’homme, depuis dix ans, moins de 5 % des exportations de Gaza ont été autorisées à sortir de la bande. Akram Abu Khosa continue malgré tout de tenter régulièrement sa chance avec une partie de sa récolte de fraises. Pour continuer à vivre de sa terre bien sûr, mais aussi par obstination. Afin de montrer aux Israéliens qu’il ne se laissera pas abattre malgré leur volonté de maintenir Gaza au bord du précipice. Trop pauvre et soumis pour se révolter, mais pas assez pour ne plus rien avoir à perdre que ses larmes et son sang.

    #Palestine #Gaza #Blocus #Occupation #Punition_collective #Crime_conte_l'humanité #Prison_à_ciel_ouvert #chaos

  • Pour Laurent Wauquiez, il y a « trop d’immigration en France »
    https://www.latribune.fr/economie/france/pour-laurent-wauquiez-il-y-a-trop-d-immigration-en-france-766194.html

    Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, élu le mois dernier à la tête de son parti, s’est présenté lors de L’Emission politique, sur France 2, comme un adversaire du « consensus mou », revendiquant par là le droit de tenir un discours franchement à droite au risque de heurter les plus modérés au sein de son camp.

    «  Je pense (...) qu’il y a trop d’immigration en France et que, aujourd’hui, nos capacités d’intégration sont saturées  », a-t-il déclaré.

    «  Je considère qu’il faut diminuer au moins de moitié le niveau de l’immigration actuelle et la ramener en-dessous de la barre des 100.000  » par an dont «  20.000 à 30.000  » étudiants étrangers, a poursuivi l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy.

    Il a également plaidé pour une remise à plat de «  la totalité de notre politique d’immigration  », avec une nouvelle approche du droit du sol et l’instauration d’une obligation de résidence de trois ans sur le sol français avant de pouvoir bénéficier de prestations sociales.

    Ça me remet en mémoire un vieux slogan #La_France_aux_Français ! et quand j’en cherche des illustrations je tombe sur Sidos et sa Jeune nation https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeune_Nation, ce qui ne me rajeunit pas.

    btw, le contraire de #consensus_mou, c’est quoi ? sectaire dur ?

  • Je cherche une tombe
    Dans un cimetière
    Des jeunes font de mauvais calembours

    Je me fais un café
    Aussi silencieusement que possible
    Et je me mets au travail

    Petit-déjeuner
    Cafés
    Go !

    Contretemps à Thoronet
    L’église catholique a privatisé
    L’abbaye pour une histoire de messe

    Nous partons déjeuner à Carcès
    Où tout est fermé, presque
    N’était-ce un petit restaurant saïgonnais

    Le Bar de l’Avenir
    Est fermé
    Jusqu’à une date inconnue

    Tandis que nous faisons route
    Sur mon épaule, prisonnier de la voiture
    Se pose un tout petit roitelet triple bandeau

    De retour à l’abbaye du Thoronet
    On se friterait presque avec un chauffard :
    Le prêtre qui invoque l’excuse du surmenage

    Daniel : « C’est remarquable votre conduite !
    Prêtre : « quand on a célébré pendant quatre heures
    On a des excuses ! » Moi : « on vous croit sur parole ! »

    Bien que l’art cistercien
    N’ait jamais été ma tasse de thé
    Il faut reconnaître, Thoronet

    Je m’interroge sur la résonnance
    Des personnes qui m’accompagnent
    Quand je vois des œuvres, ici Daniel au Thoronet

    Au printemps, Cy Twombly avec B.,
    Avec @touti, avec Daniel, mes filles
    Et vous savez qui, autant de résonnances

    Et seul
    Aussi
    Une fois

    Du coup dans la compagnie de Daniel
    C’est comme si je comprenais, enfin
    Que l’art cistercien est affaire de proportions

    De proportions
    De volumes
    D’espace

    Et du coup
    Non mais quoi ?
    Je prends des photos !

    Le miracle du Thoronet
    Je recommence à prendre
    Des photographies, plein en plus !

    Pendant des années je me suis ennuyé
    Devant des architectures cisterciennes
    Leur reprochant l’absence de tête de chapiteaux

    Puis tout d’un coup
    Je voudrais de nouveau revenir
    A Fontenay, Senanque …

    Nous terminons l’année regardant
    Les dernières lumières de l’année
    En marchant dans le lac à sec

    En bon supporteur de l’ASM
    Je pisse dans l’eau en espérant
    Qu’un jour les joueurs du RCT en boivent

    L’année 2017, quelle année
    Ses joies ses peines
    Ses joies surtout, son plaisir même

    Et ce sont les dernières lumières de l’année
    Qui jouent avec les reflets du fond du lac
    Et si je sortais la tête hors de l’eau ?

    Nous faisons un crochet par Cotignac
    Ses falaises comme des coulures de cire
    Comme les pochettes de disques de Yes

    On boit un café et un ballon
    En terrasse
    Et on s’enrhume

    Nous revenons au domaine
    Par des routes sombres
    Des chauffards maintiennent la tradition locale

    Un prêtre de notre connaissance
    Célébrera sans doute
    L’office de leurs funérailles

    Caviar de pois chiches
    Galettes, fusilli au pistou
    Salade de fruits et cacao

    Vers minuit j’envoie quelques messages
    À mes enfants
    Avant de mettre la viande au torchon

    #mon_oiseau_bleu

  • Enquête sur les petites mains du deal de #cannabis
    http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2018/01/25/les-soutiers-du-deal_5246663_3224.html

    Selon le rapport publié fin 2016 par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et intitulé « Estimation des marchés des #drogues illicites en France », il réalise à lui seul un chiffre d’affaires annuel de 1,1 milliard d’euros et compte plus de 240 000 personnes. Presque autant que #La_Poste.

    • Entre stress du « métier », violence du milieu et salaires de misère, de jeunes recrues racontent le quotidien des vendeurs et des guetteurs. Le business du cannabis emploie plus de 200 000 personnes en France.

      LE MONDE | 25.01.2018, Par Louise Couvelaire

      C’est indiqué en gras et en lettres capitales sur l’affichette postée sur la Toile : « On recherche guetteur. » « Profil recherché : jeune, physionomiste, maîtrise du deux-roues appréciée, respectueux envers les clients et les clientes », décrit la petite annonce avec barres d’immeubles et feuilles de chanvre en arrière-plan. « Horaires de travail : de 10 heures à 22 heures (adaptés aux horaires de vente). Prix : 100 euros/jour ». Comme s’il s’agissait d’une banale offre d’emploi.

      Le trafic de cannabis est un business – presque – comme un autre, un modèle de néolibéralisme avec ses grandes entreprises et ses PME, ses stratégies marketing habiles et son management impitoyable, ses patrons grassement rétribués et ses petites mains sous-payées. Mais sans syndicat. En France, il représente la moitié du marché des stupéfiants.

      Selon le rapport publié fin 2016 par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et intitulé « Estimation des marchés des drogues illicites en France », il réalise à lui seul un chiffre d’affaires annuel de 1,1 milliard d’euros et compte plus de 240 000 personnes. Presque autant que La Poste.

      Un poids lourd de l’économie française, en somme, qui opère en toute illégalité mais recrute à tour de bras « des armées de larbins qui triment pour moins que le smic », dénonce un médiateur d’une cité des Yvelines. Le chercheur Nacer Lalam, coauteur du rapport de l’INHESJ, les appelle « le prolétariat du cannabis », dont les revenus ne font, le plus souvent, qu’assurer la survie. « Comme dans les entreprises normales, les patrons s’enrichissent, pas les employés », résume un officier de police judiciaire des Hauts-de-Seine.

      Un « boulot très ennuyeux et stressant »
      On l’appellera Marvin. Il a 22 ans et vend du shit dans un quartier de l’est de Paris depuis deux ans. Ce soir de janvier, frigorifié dans son petit blouson noir zippé jusqu’au menton, il attend le « clicos » (le client) sur un bout de macadam désert depuis cinq heures déjà. Il lui reste cinq heures de plus « à poireauter dehors », jusqu’à minuit. A intervalles réguliers, il étire son cou et balaye du regard les environs, histoire de s’assurer de l’absence de policiers. « C’est l’enfer, commente-t-il, la mine lasse. C’est un boulot à la fois très ennuyeux et très stressant. »
      Horaires à rallonge, pressions et craintes des représailles physiques sont le lot quotidien du jeune homme, dont le salaire hebdomadaire varie en fonction des ventes et de l’humeur de son patron : 450 euros maximum, 250 euros le plus souvent. Pas de quoi gagner son autonomie – il vit chez un cousin – ni mener grand train.

      « Vu tous les risques que je prends – les gardes à vue, la prison, les règlements de comptes –, c’est pas cher payé », se lamente-t-il.
      Loin des idées reçues et des fantasmes d’argent facile, le deal ne profite en réalité qu’à un petit nombre de personnes haut placées dans les réseaux qui, « par leur train de vie et leur visibilité quotidienne, assurent la publicité et la pérennité du contre-modèle qu’elles incarnent », écrit Marwan Mohammed, sociologue au CNRS, dans son rapport de recherche sur « L’implication des mineurs dans le trafic de stupéfiant » (décembre 2016).

      « Ça gagne que dalle »
      A 19 ans, Amine (le prénom a été modifié) mène une carrière à faire saliver d’envie ses petits camarades qui se voient déjà au volant d’une berline aux vitres teintées. A 12 ans, il jouait les guetteurs contre quelques billets ; depuis ses 18 ans, en tant que chef des vendeurs, il empoche jusqu’à 250 euros par jour, prétend-il. De quoi entretenir son image.

      « Moi, ça se voit que je deale, j’ai toujours des nouvelles baskets et de nouvelles fringues, se targue le jeune homme, qui vend de la “beuh” dans le Val-d’Oise et espère obtenir un poste plus important d’ici peu. Mais le grand patron, lui, c’est un invisible. Personne dans la cité ne sait qui c’est. »
      Chouf (guetteur, chargé de prévenir de l’arrivée de la police), rabatteur (dont la mission est d’aller chercher le client), portier (quand le trafic a lieu au sein d’un hall d’immeuble), coupeur (conditionnement des sachets de shit ou de beuh), bicraveur ou charbonneur (vendeur)… « Tous ces postes sont nuls, ça gagne que dalle », lance Amine. De fait, cette main-d’œuvre bon marché turbine au bas de l’échelle pour quelques euros de l’heure dans des conditions de travail « infernales », martèle Marvin. D’où le fort taux de #turnover.



      Dans l’économie parallèle, les conflits sociaux se règlent souvent par la violence physique, et la concurrence s’élimine à coups de pompes et, parfois, à la kalachnikov. Si certaines têtes de réseaux optent pour une méthode de management « douce », voire paternaliste, d’autres emploient la manière forte. Retardataires tabassés, guetteurs brûlés à la cigarette lorsqu’ils ont tardé à alerter les vendeurs de l’arrivée de la police… Et malheur aux rabatteurs des cités voisines : « Ceux-là, si on les chope, on les fracasse », dit Amine. Même lorsque les trafiquants tentent une approche « courtoise », la menace reste l’argument massue.
      Cette affichette à destination des habitants, placardée dans le hall d’un immeuble de Seine-et-Marne, en témoigne : « Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour la gène occasionnée due au commerce au sein de votre bâtiment. De ce fait, il est de votre devoir de garder le silence et de ne pas coopérer avec la police. (…) Pour votre plus grand bien, nous vous recommandons de bien vouloir vous taire, à défaut de représailles. Nous vous remercions de votre compréhension et restons à votre entière disposition. »

      « C’est une histoire de dette »
      Meilleur vendeur de son réseau, Marvin a été roué de coups par son patron et menacé avec un couteau lorsqu’il a voulu démissionner. Le jeune homme n’attend qu’une seule chose : que la police démantèle son réseau et mette ainsi fin à son « cauchemar ». Son cas est loin d’être isolé, selon l’officier de police judiciaire des Hauts-de-Seine.
      « Toutes les méthodes et tous les prétextes fallacieux sont utilisés pour les prendre au piège, raconte-t-il. Le plus souvent, c’est une histoire de dette. »
      Faire crédit à un jeune consommateur local pour lui réclamer ensuite le remboursement immédiat de son ardoise est l’un des ressorts classiques de l’entrée dans le trafic. Le même mécanisme s’appliquera pour le contraindre à y rester. « Les gérants du réseau accusent un vendeur d’avoir perdu de la marchandise ou financent les frais d’avocats lorsqu’il se fait arrêter et réclament ensuite d’être remboursés sur le champ, poursuit le policier. Il n’a alors pas d’autre choix que de reprendre son poste. »

      Marvin est pourtant titulaire d’un CAP de menuiserie et rêve d’une formation en ébénisterie. « Cela fait plus d’un an que je cherche et que je ne trouve pas. Je n’ai plus le courage, confie-t-il. J’ai proposé mes services au dealer il y a deux ans parce que je n’avais rien : j’étais à la rue et sans emploi. Ils m’ont embauché tout de suite. »
      Avoir un rôle dans l’entreprise « virile » du trafic
      Là où l’économie légale leur ferme les portes, l’économie de la pauvreté, ou de la débrouille, prend le relais. « Le secteur des stups n’est pas discriminant et accepte les non-diplômés, principalement des jeunes hommes issus de milieux défavorisés, observe l’économiste Christian Ben Lakhdar, maître de conférences à l’université de Lille-II. C’est un marché du travail auquel ils ont accès. »
      Dans les quartiers où les taux de chômage et de décrochage scolaire atteignent parfois 50 %, « l’école de la rue » se substitue à l’école républicaine. « Des jeunes se pointent tous les jours pour du boulot, à l’heure d’ouverture des points de vente », raconte Amine.

      Pour la Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques (une coopération entre la Mairie de Paris et le département de la Seine-Saint-Denis), avoir un rôle dans l’entreprise « virile » du trafic procure au jeune le « sentiment intense d’exister » et la satisfaction d’obtenir un « statut » dans la cité, mais aussi d’accéder à une forme de normalité, en lui permettant d’avoir une place dans la société de consommation.
      « Demander à sa mère, c’est le cafard, estime le dealer du Val-d’Oise. Avec ses 1 200 euros par mois en tant que femme de ménage dans un hôtel, on ne va nulle part. Moi, je voulais de l’argent. »
      Ceux qui, comme lui, parviennent à gravir les échelons, « coffrent » leurs économies pour ouvrir un commerce légal le plus souvent. Les autres déchantent, sans un sou en poche mais avec un casier judiciaire bien rempli.

      #emploi_informel #caillasse

    • Les vendeurs de cannabis, des salariés comme les autres ? Le Monde, 25.01.2018, Louise Couvelaire

      Capacité à prendre des risques, compétences en marketing… des initiatives tentent de valoriser l’expérience des dealeurs pour les aider à s’en sortir.

      Ce n’est pas le genre d’expérience que l’on peut inscrire sur un CV ni faire valoir lors d’un entretien d’embauche. Pourtant, Sofiane (le prénom a été modifié), 17 ans, est un patron avant l’âge. Il n’est pas encore sorti de l’adolescence qu’il s’exprime déjà comme un homme d’affaires aguerri. Faussement nonchalant, les mains dans les poches de son survêtement siglé d’un blanc immaculé, il parle « recrutement », « stratégie marketing » et « fidélisation du consommateur ».

      En quelques années, il a gravi les échelons de son organisation du Val-de-Marne à une vitesse record, passant de livreur de sandwichs à « bras droit » du « big boss » chargé du management, de la comptabilité et des importations. Une succession de postes qu’il a occupés à temps plein depuis l’arrêt de ses études, en classe de 3e. Mais sa carrière s’est arrêtée net un matin d’avril 2017, lorsque les policiers ont enfoncé la porte du domicile de sa mère. Son interpellation s’est soldée par un séjour de quatre mois à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne).

      Sofiane dirigeait un « four », un point « chaud » de deal de résine et d’herbe de cannabis, réalisant un chiffre d’affaires de 6 000 euros par jour en moyenne et employant une trentaine de personnes. « Faire tourner un trafic de stups, c’est comme gérer une société, lance-t-il. Donnez-moi les clés de n’importe quelle entreprise et je vous garantis des bénéfices. » Son aplomb masque mal une réalité dont il a conscience : son ascension fulgurante dans le deal ne lui ouvrira pas les portes du CAC 40.

      Savoir-faire comptable et commercial

      « Certains dealeurs sont pourtant très ingénieux et développent de vraies capacités, souligne Karima Esseki, éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse. Mais ce n’est pas comme ça que la société les voit. » Face à une politique répressive que beaucoup jugent inefficace, certaines initiatives tentent une nouvelle approche : repêcher les acteurs de l’économie souterraine pour en faire de bons élèves de l’économie légale.

      Effacement du casier judiciaire, processus de valorisation de l’expérience acquise, transfert de compétences…

      « L’idée est de modifier la posture que l’on a face à eux, explique Emmanuel Meunier, de la Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques (coopération entre la Mairie de Paris et le département de la Seine-Saint-Denis). La plupart sont en totale perte de confiance en eux, ils sont persuadés qu’ils ne savent rien faire et que la société ne veut pas d’eux. Or, les aptitudes qu’ils acquièrent sont souvent proches de celles recherchées dans l’économie classique. »

      Capacité à prendre des risques et à juger des rapports de force, savoir-faire comptable et commercial, habiletés en communication et en management, ponctualité, don d’observation, résistance au stress… Parmi la liste des « connaissances acquises » les plus citées figurent aussi les stratégies marketing, calquées sur celles des industriels.

      Une filière d’apprentissage parmi d’autres

      « La plupart de nos clients sont des petits-bourgeois parisiens, raconte Sofiane. Il faut s’adapter pour les fidéliser. » De plus en plus de dealeurs appâtent désormais le chaland grâce à des opérations de promotion – « jusqu’à minuit, 1 gramme acheté, 0,5 offert » –, du merchandising (briquet offert, feuilles de papier à rouler…), un packaging léché (couleurs pop, liserés dorés…) et une diversification du réseau de distribution par la mise en place de « drive » et de livraisons à domicile. « Les vendeurs-livreurs développent une vraie relation clientèle », juge un officier de police judiciaire des Hauts-de-Seine.

      Le deal, une filière d’apprentissage parmi d’autres, en quelque sorte, dont ils sont plusieurs milliers à sortir chaque année. Dans ce secteur, on fait rarement de vieux os. « Passer son temps à regarder derrière soi, c’est pas une vie », confie Sofiane. A part quelques têtes de réseau, la plupart quittent le métier avant 25 ans.

      « Au-delà, ceux qui n’en sortent pas sont perçus comme des cas sociaux, rappelle Luc-Henry Choquet, coordinateur du livre Protéger la jeunesse contre l’usage et le trafic de drogues (LEN, 2017), distribué à 1 500 éducateurs. La norme sociale reprend le dessus. »

      Pour le chercheur Nacer Lalam, de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice, « le recours quasi systématique à la violence pour gérer les conflits est une limite au principe de “compétences transférables” ». Un obstacle qui peut être levé, selon Omer Mas Capitolin, de la Maison communautaire pour un développement solidaire, à Paris. « Lorsque l’on sort du deal, on sort de la violence, dit-il. Comme on ne se retourne plus toutes les trente secondes dans la rue pour vérifier que personne ne veut vous régler votre compte, la pression baisse mécaniquement. » Et de tempérer : « C’est au cas par cas, en fonction de la sensibilité de chaque jeune. »

      Expériences fictives

      Encore faut-il faire oublier son passé pour avoir les meilleures chances de se reconvertir. Certaines associations acceptent ainsi de combler rétroactivement les trous figurant dans le CV, en attestant d’expériences fictives. D’autres organismes vont plus loin, comme le Collectif jeunesse prévention des conduites à risques de la ville de Sevran (Seine-Saint-Denis) : depuis septembre 2016, il facilite les démarches légales d’effacement du casier judiciaire, avec une permanence juridique hebdomadaire tenue par une avocate et un conseiller d’insertion.

      « L’aspect le plus délicat à traiter dans ce processus [de reconversion], c’est celui du cash immédiat, estime Omer Mas Capitolin. Ces jeunes avaient l’habitude de toucher des sommes en liquide régulièrement, et, d’un coup, plus rien. »
      Depuis quelques années, il participe à un programme baptisé « Paris par rues méconnues ». Le principe ? Faire de ces jeunes, dans un délai record, des guides touristiques de leur quartier, « qu’ils connaissent mieux que personne », afin de leur procurer au plus vite un salaire de remplacement, le temps qu’ils trouvent un emploi plus pérenne.

      #dealeurs #Business_School_of_the_streets #livreurs

  • Ce n’est plus vous qui êtes en marche, monsieur le Président, c’est la #vérité. Vous pouvez porter plainte contre moi pour #diffamation  ; la postérité portera plainte ­contre vous pour #infamie."

    dixit #Yann_Moix
    « Monsieur le Président, vous avez instauré à Calais un protocole de la bavure »

    L’écrivain Yann Moix fustige dans une #lettre_ouverte adressée à Emmanuel Macron la politique migratoire de la France, et plus particulièrement le traitement infligé aux migrants à Calais. Vidéo à l’appui, il affirme avoir filmé sur place des « actes de barbarie ».


    http://www.liberation.fr/debats/2018/01/21/monsieur-le-president-vous-avez-instaure-a-calais-un-protocole-de-la-bavu
    #Calais #asile #migrations #EnMarcheVersLeFN (c’était cela le tag ?) #réfugiés #humiliation #espoir

    Et sur la question de la #terminologie (#mots #vocabulaire) :

    Vous les nommez « migrants » : ce sont des #exilés. La migration est un chiffre, l’exil est un #destin.

    ping @reka @sinehebdo

    Ici le texte complet, pour ne pas le perdre :

    Monsieur le président de la République, chaque jour, vous humiliez la France en humiliant les exilés. Vous les nommez « migrants » : ce sont des exilés. La migration est un chiffre, l’exil est un destin. Réchappés du pire, ils représentent cet avenir que vous leur obstruez, ils incarnent cet espoir que vous leur refusez. C’est à leur sujet que je vous écris.
    Vous avez affirmé, dans votre discours de Calais, que « ceux qui ont quelque chose à reprocher au gouvernement s’attaquent à sa politique, mais qu’ils ne s’attaquent pas à ses fonctionnaires. » Je ne m’en prendrai ici qu’à vous. Et à vous seul.

    Je ne suis pas, comme vous dites, un « commentateur du verbe » : je suis un témoin de vos actes. Quant à votre verbe, il est creux, comme votre parole est fausse et votre discours, double.

    J’affirme, M. le Président, que vous laissez perpétrer à Calais des actes criminels envers les exilés. Je l’ai vu et je l’ai filmé.

    J’affirme, M. le Président, que des fonctionnaires de la République française frappent, gazent, caillassent, briment, humilient des adolescents, des jeunes femmes et des jeunes hommes dans la #détresse et le #dénuement. Je l’ai vu et je l’ai filmé.

    J’affirme, M. le Président, que des exilés non seulement innocents, mais inoffensifs, subissent sur notre territoire des atteintes aux #droits_fondamentaux de la personne. Je l’ai vu et je l’ai filmé.

    Ces actes de #barbarie, soit vous les ­connaissiez et vous êtes indigne de votre fonction  ; soit vous les ignoriez et vous êtes indigne de votre fonction. Ces preuves, si vous les demandez, les voici  ; si vous faites semblant de les demander, les voici quand même. Les Français constateront ce que vous commettez en leur nom.

    « Je ne peux pas laisser accréditer l’idée que les forces de l’ordre exercent des violences physiques », avez-vous dit. Ajoutant  : « Si cela est fait et prouvé, cela sera sanctionné ». D’abord, vous menacez de procès en diffamation ceux qui démasquent ­votre politique  ; ensuite, vous menacez de procédures de sanction ceux qui l’appliquent.

    Journalistes, policiers  : avec vous, tout le monde a tort à tour de rôle. Les uns d’avoir vu, les autres d’avoir fait. Tout le monde a tort sauf vous, qui êtes le seul à n’avoir rien vu et le seul à n’avoir rien fait. On attendait Bonaparte, arrive Tartuffe.

    Soit les forces de l’ordre obéissent à des ­#ordres précis, et vous êtes impardonnable  ; soit les forces de l’ordre obéissent à des ­ordres imprécis, et vous êtes incompétent. Ou bien les directives sont données par vous, et vous nous trahissez  ; ou bien les directives sont données par d’autres, et l’on vous trahit.

    Quand un policier, individuellement, ­dépasse les bornes, on appelle cela une #bavure. Quand des brigades entières, groupées, dépassent les bornes, on ­appelle cela un #protocole. Vous avez ­instauré à Calais, monsieur le Président, un #protocole_de_la_bavure.

    Quand une #police agit aussi unie, pendant si longtemps, elle ne peut le faire sans se plier à un commandement. Est-ce bien vous, monsieur le Président, qui intimez aux policiers l’ordre de déclencher ces ­actions souillant la #dignité de l’homme   ? Vous y avez répondu vous-même  : « Dans la République, les fonctionnaires appliquent la politique du gouvernement. »

    L’histoire a montré qu’on peut parfois ­reprocher à un policier de trop bien obéir. Mais elle a surtout montré qu’on doit ­toujours reprocher à un président de mal commander, précisément quand le respect humain est bafoué. En dénonçant les #violences_policières, en cherchant à savoir qui est le donneur de ces ordres, je ne fais que défendre la police, parce que lui ­donner de tels ordres, c’est justement ­porter atteinte à son honneur.

    « La situation est ce qu’elle est par la #brutalité du monde qui est le nôtre », dites-vous. Peut-on attendre, monsieur le Président, qu’une situation aussi complexe soit ­démêlée par une pensée aussi simpliste  ? Que des décisions si lourdes soient ­compatibles avec des propos si légers  ? On attendait Bonaparte, arrive Lapalisse.

    Serez-vous plus enclin à l’émotion qu’à la réflexion   ? Ecoutez la voix de ces jeunes qui, fuyant les assassins et la dictature, rançonnés puis suppliciés en Libye, traversent la Méditerranée sur des embarcations douteuses pour accoster, à bout de forces, dans une Europe que vous défendez par vos formules et qu’ils atteignent par leur courage.

    Vous avez osé dire  : « Notre honneur est d’aider sur le terrain celles et ceux qui ­apportent l’humanité durable dans la ­République. » Au vu de ce qui semblerait être votre ­conception de « l’#humanité », les associations préfèrent l’aide que vous leur avez ­refusée à celle que vous leur promettez. A Calais, on vous trouve plus efficace dans la distribution des coups que dans la distribution des repas.

    Ces associations, monsieur le Président, font non seulement le travail que vous ne faites pas, mais également le travail que vous défaites. Quant à votre promesse de prendre en charge la nourriture, elle n’est pas généreuse  : elle est élémentaire. Vous nous vendez comme un progrès la fin d’une aberration.

    La colonisation en Algérie, monsieur le Président, vous apparut un jour comme un « crime contre l’humanité ». Ne prenez pas la peine de vous ­rendre si loin dans l’espace et dans le temps, quand d’autres atrocités sont commises ici et maintenant, sous votre présidence. Sous votre responsabilité.

    Faites, monsieur le Président, avant que l’avenir n’ait honte de vous, ce qui est en votre pouvoir pour que plus un seul de ces jeunes qui ne possèdent rien d’autre que leur vie ne soit jamais plus violenté par la République sur le sol de la nation. Mettez un terme à l’#ignominie. La décision est difficile à prendre  ? On ne vous demande pas tant d’être courageux, que de cesser d’être lâche.

    Saccages d’abris, confiscations ­d’effets personnels, pulvérisation de sacs de couchages, entraves à l’aide humanitaire. Tel est le quotidien des exilés à Calais, monsieur le Président. Hélas, vous ne ­connaissez rien de Calais. Le Calais que vous avez visité mardi dernier n’existe pas  : c’était un Calais pipé  ; c’était ­un Calais imaginaire et vide  ; c’était un ­Calais sans « migrants ». Un Calais sur mesure, un Calais de carton-pâte. Le Calais que vous avez visité, monsieur le Président, ne se trouve pas à Calais.

    Le Défenseur des droits a dénoncé, lui aussi, le « caractère exceptionnellement grave de la situation », qu’il n’hésite pas à décrire comme étant « de nature inédite dans l’histoire calaisienne ». Une instance de la République, monsieur le Président, donne ainsi raison à ceux à qui vous donnez tort. Mais je vous sais capable de ne pas croire vos propres services, tant vous ­donnez si souvent l’impression de ne pas croire vos propres propos.

    Comme on se demande à partir de combien de pierres commence un tas, je vous demande, monsieur le Président, à partir de combien de preuves commence un #crime.

    Je citerai enfin les conclusions de la « mission IGA-IGPN-IGGN relative à l’évaluation de l’action des forces de l’ordre à Calais et dans le Dunkerquois » d’octobre 2017 – mission qui dépend du ministère de l’Intérieur  : « L’accumulation des témoignages écrits et oraux, bien que ne pouvant tenir lieu de #preuves formelles, conduit à considérer comme plausibles des manquements à la doctrine d’emploi de la force et à la #déontologie_policière, principalement à Calais. Ces manquements portent sur des faits de violences, sur un usage ­disproportionné des aérosols lacrymogènes, la ­destruction d’affaires appartenant aux ­migrants ainsi que le non-respect de l’obligation du matricule RIO [le référentiel des identités et de l’organisation]. »

    Permettez-moi, monsieur le Président, de traduire cette phrase dans un français non-policier  : « Nous croulons sous les preuves de violences policières, notamment de gazages, mais nous refusons de les considérer comme des preuves au sens strict, car cela risquerait de froisser monsieur le ­ministre de l’Intérieur, qui serait obligé d’enquêter sur l’épidémie d’anonymat qui saisit ses troupes au moment de l’assaut contre les migrants. »

    Vous dites  : « Je ne peux laisser accréditer l’idée que les forces de l’ordre utilisent la #violence. » Les violences vous dérangeraient-elles moins que le fait qu’on les laisse accréditer ?

    A l’heure, monsieur le Président, où vous décrétez ce qui est, ou n’est pas, une « fake news », vous nous rappelez de manière ­salutaire que vous êtes prompt au mensonge éhonté. On attendait Bonaparte, ­arrive Pinocchio.

    Je ne sais pas exactement de quoi vous êtes responsable  ; je sais seulement en quoi vous êtes irresponsable. Le grand mérite de votre politique, c’est qu’on peut la voir à l’œil nu.

    Surtout à Calais, où tout est fait pour ­rendre impossible aux exilés l’accès à l’Angleterre. Non seulement ils n’ont pas le droit de rester, mais ils n’ont pas la possibilité de partir. Que doivent-ils faire   ? Attendre qu’on leur brûle la rétine  ? Ou bien jouer leur destin en tentant la traversée  ?

    Vous menacez en tout, monsieur le Président, des gens qui ne nous menacent en rien. Votre politique ne fait pas que trahir nos #valeurs, elle les insulte. Les mesures antimigratoires sont toujours populaires. Mais voulant faire plaisir à la foule, vous trahissez le peuple.

    Le préfet du Pas-de-Calais m’a appelé, ­furieux, osant se réclamer de Jean Moulin  ; mais Jean Moulin s’est battu pour faire cesser la barbarie, non pour intimider ceux qui la dénoncent. Les exilés sont des victimes. Laissez les martyrs morts en paix  ; cesse de faire la guerre aux martyrs vivants.

    #Jean_Moulin fut supplicié pour une France qui accueille les hommes, pas pour une France qui les chasse. Dites à votre préfet que se réclamer d’un héros de la ­Résistance quand, dans sa sous-préfecture, Erythréens, Afghans et Soudanais sont harcelés, délogés, gazés nuit et jour, c’est prendre Jean Moulin en otage. Et c’est le trahir une deuxième fois.

    Ce n’est plus vous qui êtes en marche, monsieur le Président, c’est la vérité. Vous pouvez porter plainte contre moi pour ­diffamation  ; la postérité portera plainte ­contre vous pour infamie.

    #responsabilité

    • À chaque chose, une place. Que ne fait on pas pour un petit rôle ? Faire partie de la bande à BHL et avoir fricoté avec quelques antisémites, être pro israélien et blablater à la tévé, faire le romancier et le réalisateur, même en période d’imbécilité soutenue, ça ne suffit pas à faire un #intellectuel selon le canon français. L’hagiographie de Macron a déjà été écrite par Emmanuel Carrère et étayée par un livre de François Dosse, alors on rédige un J’accuse de saison, et qui prend soin de défendre l’honneur de la police...
      Au moins 600 manifestants à Ouistreham contre les « traques » de migrants
      http://www.europe1.fr/societe/au-moins-600-manifestants-a-ouistreham-contre-les-traques-de-migrants-355139
      #placement #relooking #Ration

    • @touti, dénoncer, je sais pas. Je voulais juste rappeler de quelle étoffe est notre héros ("faites moi un procès, président !) de circonstances. La triste réalité c’est que pour moi aussi l’écho donné à ce texte, son existence même, peut malgré tout tenir lieu de bonne nouvelle, façon fragmentation de la domination (parmi les dominants et leurs alliés)... sur fond d’occupations d’écoles, d’aide au passage des Alpes, d’ouverture de squat ou de manif significative, comme à Ouistreham.

    • #Yann_Moix, comment dire... Je viens de parcourir l’article de Wikipédia à son sujet. J’y ai relevé quelques passages principalement dans le paragraphe « sujets polémiques » :

      1) Cinéma Utopia (2009)

      Dans Le Figaro du 10 août 200948, Yann Moix s’indigne d’un tract des cinémas Utopia présentant le film Le Temps qu’il reste. Il reproche notamment à ce tract de débuter par : « Les tragédies de l’histoire sont souvent grotesques. Les Palestiniens vivent depuis 1948 un cauchemar kafkaïen », puis il relève ceci : « Quelques massacres plus tard, perpétrés par les milices juives » et s’indigne de la formule « milices juives » qui, selon lui, « évacue Auschwitz d’un coup d’adjectif non seulement mal placé mais déplacé, un concept qui donnerait aussitôt vie, dans la foulée, à de jolis avatars, comme des nazis juifs, des fascistes juifs, des hitlériens juifs ». Il est aussi particulièrement frappé par cet autre extrait du tract : « Elia Suleiman revient sur son enfance dans une école juive où la lobotomisation sioniste des élèves filait bon train... ». Il compare l’auteur du tract à Robert Brasillach et avance que les gérants des cinémas Utopia ont « la haine des juifs » et seraient « le visage nouveau de l’antisémitisme contemporain », comparant leur gazette à Je suis partout, journal collaborationniste pendant la Seconde Guerre mondiale. La revue La Règle du jeu (fondée en 1990 par Bernard-Henri Lévy) lui apporte son soutien.
      Les cinémas d’art et d’essai du réseau Utopia portent plainte pour injure, et Yann Moix, ainsi que Le Figaro, défendu par Patrick Klugman, sont condamnés en 2010 pour « délit d’injure envers particuliers » le 19 octobre 2010. David Caviglioli, journaliste de L’Obs, relève que le jugement précise que le tract a été écrit avec « une tonalité militante et abrupte », et lui-même soupçonne un antisémitisme sous-jacent à ce tract, relevant par exemple que le sionisme y est décrit comme le « rêve fou d’un état religieux juif ».

      #sionisme

      2) Polanski et la Suisse

      Yann Moix crée la polémique le 1er février 2010 en publiant un extrait de son prochain livre La Meute dans La Règle du jeu sous le titre « J’aime Polanski et je hais la Suisse ». Selon Le Parisien, Yann Moix prend « prétexte » de l’assignation à résidence du cinéaste juif Roman Polanski par la Suisse, pour attaquer cette dernière en la traitant de « pute », de « Gestapoland » et de « pays inutile », « nul » et « fondamentalement antisémite », puis un jour plus tard dans le journal Le Matin ses citoyens de « mous salauds ». En date du 2 février 2010, le texte est retiré du site à la demande de l’auteur. La presse francophone de Belgique et de France commence à relater l’information et l’ambassade de France en Suisse diffuse un communiqué de presse se désolidarisant de l’auteur en estimant à propos de l’ouvrage : « […] on peut à bon droit penser qu’il eût mieux valu qu’il ne parût point ».

      #culture_du_viol

      3) Loi Gayssot (2010) :

      Fin 2010, il apparaît comme un des signataires d’une pétition pour l’abrogation de la loi Gayssot aux côtés de Robert Faurisson, Dieudonné et de militants d’extrême droite, initiative également soutenue par Noam Chomsky. Opposé à cette loi mémorielle, il se rétracte cependant après avoir découvert qu’un des signataires n’était pas Robert Badinter comme il le croyait, mais Robert Faurisson ), et il refuse que son nom soit associé à ce dernier. Paul-Éric Blanrue se déclare déçu de l’attitude de Yann Moix, qui avait préfacé son livre Le Monde contre soi : anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme, jugeant « important de montrer que même les plus grands penseurs se sont trompés » ; les deux hommes, amis jusqu’ici et qui n’avaient « jamais parlé des Juifs ensemble » d’après Yann Moix, se séparent à cette occasion. Le blog du Monde.fr des droites extrêmes émet des doutes sur l’explication de Yann Moix, ayant relevé que l’explication initiale de Yann Moix quant à son soutien comportait la mention suivante, effacée par la suite : « J’ai signé une pétition en ce sens, sur laquelle figurent évidemment, figurent logiquement, mes pires ennemis et les ordures les plus avérées ».
      Selon le journaliste Nicolas d’Estienne d’Orves, Yann Moix est « un philosémite exacerbé, il a même appris l’hébreu ».

      #baltringue du #révisionisme

      Entre temps, Monsieur a eu le temps d’"être Charlie" :
      https://laregledujeu.org/2015/01/09/18656/le-pantheon-pour-charlie

      Monsieur le Président,
      Le Panthéon n’est pas un monument mort. Ce n’est pas, non plus, un monument aux morts : c’est le monument vivant de ceux qui ont rendu possibles la dignité et la pérennité de la République.
      Charb, Cabu, Wolinski et leurs camarades sont morts pour cette République, comme Jaurès en son temps. Et, comme Jean Moulin, ils ont été les héros d’une Résistance nouvelle : la Résistance à cette barbarie qu’est l’islamisme, ce fascisme du vingt-et-unième siècle. Ils sont les héritiers des Lumières. Le Panthéon fut inventé pour les accueillir, et, ainsi, souder la nation autour de ce qu’elle a d’essentiel : la liberté.
      Aussi, je vous demande, et au nom de tous les Français sans exception, de bien vouloir étudier ma demande : celle de faire entrer Charlie Hebdo au Panthéon.
      Yann Moix

      Je suis un charlot ...

      4) Accueil des migrants 2018 :

      Yann Moix le 6 janvier 2018, accuse les CRS d’exactions vis-à-vis des migrants de la Jungle de Calais. La préfecture du Pas-de-Calais dénonce, quant à elle, des informations erronées

      ... mais je continue de me rattraper aux branches.

    • « Il y a, parmi les afghans de Calais, des gens qui connaissent Victor Hugo sur le bout des doigts, ils arrivent en France et on les frappe ! » dit un Moix aussi élitiste que les récentes déclarations d’Aznavour (trier les meilleurs) avec sa confiance surjouée dans "la culture". Il utilisait il y a peu le faux argument de l’"appel d’air"... ; de plus :
      https://seenthis.net/messages/646690
      https://seenthis.net/messages/634053
      https://seenthis.net/messages/331825

    • @rastapopoulos oui c’était un peu provoc mais voir tant de monde sortir le CV de ce type (qui n’est qu’un dandy désinvolte aux convictions à mon avis peu profondes) comme s’il fallait à tout prix décrédibiliser ce qu’il dit, alors que pour une fois c’est assez pertinent, je trouve ça un peu désespérant (je lis même sur mondialisme.org que les gens qui reproduisent sa prose font le jeu de l’extrême droite car il a côtoyé des gens d’extrême droite... hum, j’ai hâte de voir Marine Le Pen ou des gudards soutenir le contenu de cette lettre). Finalement on lui donne peut-être encore plus d’importance qu’il n’en a.

  • Le président érythréen se rend en visite en #Egypte...
    Visite du président de l’Érythrée en Égypte - janvier 2018

    Le Président Abdel Fattah Al-Sissi a reçu 9 janvier 2018 son homologue érythréen, Issayas Afeworki actuellement en visite de deux jours en Egypte. L’hymne national des deux pays a été entonné au début des cérémonies de réception officielles réservées au Président de l’Erythrée. Les deux leaders ont eu un tête-à-tête après lequel s’est déroulée une séance d’entretiens élargie aux responsables des deux pays.
    Les discussions présidentielles ont planché sur les développements de la conjoncture dans les pays du Bassin du #Nil et de la #Corne_de_l'Afrique, ainsi que sur des questions d’ordre régional et international d’intérêt commun.
    Le président Al Sissi a fait part à son hôte de marque du grand intérêt qu’accorde l’Egypte au renforcement de sa #coopération stratégique avec l’Erythrée dans les divers domaines et à la fondation d’un partenariat durable entre les deux parties, en guise de consolidation des relations historiques et distinguées les unissant depuis bien des siècles. Le Chef de l’Etat a également estimé indispensable de faire progresser la mise en œuvre des projets de #coopération dans les différents secteurs, tels que l’agriculture, l’électricité, la santé et le commerce, sans omettre les domaines de la pisciculture et des ressources animales qui font la réputation de ce pays de la Corne de l’Afrique.
    Les deux dirigeants ont en outre évoqué leurs démarches conjointes en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, aspirant à intensifier leurs concertations relatives aux questions de la paix et de la stabilité régionales. Le Président érythréen a quant à lui, d’après des déclarations du porte-parole de la Présidence égyptienne, exprimé la grande estime de son pays à l’égard de l’Egypte avec qui il a tissé des relations historiques et stratégiques au fil des années. Il a de même salué le rôle pionner de l’Egypte dans la région et son souci de rétablir l’ordre et la stabilité dans le continent africain.
    « Nous désirons développer notre coopération bilatérale avec l’Egypte dans les divers domaines de sorte à réaliser les intérêts des deux peuples », a noté le Chef de l’Etat érythréen, avant de louer les expériences égyptiennes en matière d’assistance technique et de formation professionnelle.
    Les pourparlers constructifs entre l’Egypte et l’Erythrée démontrent la profondeur de leurs liens tous azimuts et leur convergence de vues vis-à-vis de nombreux dossiers de tout ordre, notamment des questions liées à la Corne de l’Afrique, cette région axiale dont la stabilité s’avère prioritaire pour la sécurité de la mer Rouge.

    http://www.sis.gov.eg/Story/107180?lang=fr
    #Erythrée #Egypte

    Ce qui ne va pas améliorer les relations #Egypte-#Soudan
    Petit rappel : le #Soudan aurait fermé les frontières avec l’Erythrée, probablement aussi en lien avec le fait que l’Erythrée s’est rapprochée de l’Egypte

    cc @reka

    • La tension monte encore entre le Soudan et l’Egypte

      Le Soudan a fermé, la semaine dernière, sa frontière avec l’Erythrée et a annoncé l’état d’urgence dans deux de ses Etats de l’est et déployés des milliers de soldats dans cette zone. Khartoum accuse l’Erythrée, appuyée par l’Egypte, de vouloir intervenir sur son territoir et même de vouloir renverser le président Omar el-Béchir.

      http://www.rfi.fr/afrique/20180111-soudan-egypte-relations-tendues-caire-khartoum-mer-rouge

    • #Barrage de Grande Renaissance : l’Erythrée à la rescousse de l’Egypte pour la résolution de la crise

      L’Egypte a trouvé en l’Erythrée, un nouvel allié dans la tension régionale engendrée par la construction du #barrage_hydroélectrique de #Grande_Renaissance. « Les deux parties ont convenu de poursuivre une coopération intensive sur toutes les questions liées à la situation actuelle pour soutenir la sécurité et la stabilité dans la région. », a affirmé Bassam Radi, le porte-parole de la présidence égyptienne, lors de la visite du président érythréen Isaias Afeworki.

      https://www.agenceecofin.com/electricite/1001-53364-barrage-de-grande-renaissance-l-erythree-a-la-rescousse-de-
      #eau

    • L’Égypte et le Soudan au bord de la confrontation ?

      Le Proche et Moyen Orient sont source de tension entre les différentes puissances régionales appuyées par les puissances impérialistes. C’est au tour de la corne de l’Afrique d’être en phase croissante de tension inter-étatique. L’Égypte qui tente depuis le coup d’état du Maréchal al-Sissi de prendre plus de place dans la région se voit opposée à la Turquie à travers un conflit frontalier avec le Soudan et l’Érythrée

      Le #barrage_de_la_Renaissance

      Ce barrage est en train d’être achevé par l’#Éthiopie sur le Nil et inquiète au plus haut point l’Égypte. Le Caire craint, en effet, que ce barrage dont l’usine hydroélectrique générera plus de 6 400 mégawatts réduise sa part des eaux du Nil. L‘Éthiopie quant à elle, justifie le projet en expliquant qu’il est nécessaire à son développement économique, soulignant le fait que la grande majorité de ses 95 millions d’habitants manquent d‘électricité.

      L’Égypte accuse le Soudan, au préalable médiateur, de prendre fait et cause pour l’Éthiopie qui lui fournit 100 MW par an, ce qui correspond à près de 15% de la production d’électricité soudanaise. De fait, le Caire s’est rapprochée de l’Érythrée, frère ennemi de l’Éthiopie. Le gouvernement éthiopien a accusé le gouvernement érythréen d’entraîner des rebelles en vue de mener des attaques de sabotage contre le barrage.

      L’Égypte cherche donc à exclure les Soudanais des discussions sur les eaux du Nil. Le Caire vient, en effet, de soumettre à l’Éthiopie une proposition relative à la sortie du Soudan des discussions sur la construction du barrage. A la place, ils proposent l’introduction de la Banque mondiale en tant que médiateur. Ce qui a du mal à passer du côté du dictateur soudanais puisqu’avec la construction du barrage, il aurait pu importer davantage d’électricité de son allié éthiopien.

      http://www.revolutionpermanente.fr/L-Egypte-et-le-Soudan-au-bord-de-la-confrontation
      #conflit #tensions

  • Vu Le Grand Jeu, #film d’Aaron Sorkin

    J’ai trouvé ça juste mauvais.

    – Jessica Chastain, faudrait voir à lui donner autre chose que le rôle de la beauté fatale ultra-froide et arriviste, mais avec des sentiments sous la surface, qui à la fin fait le choix rédempteur de vivre en accord avec ses sentiments. Parce que bon, Miss Sloane, ça date d’il y a même pas deux mois (et elle était mieux habillée dans l’autre).

    – Je crois que tout le monde est d’accord : Aaron Sorkin ne sait pas filmer. C’est plat, c’est chiant, quand ça cause il filme des gens qui causent. Champ/contre-champ, emballé c’est pesé. (Et ça cause tout le temps.)

    – Mais surtout : je crois que je ne supporte pas Aaron Sorkin et ses scripts. Ça se veut malin et intelligent (et rempli de bons sentiments ricains, genre si tout le monde il faisait les choses bien, le système il serait trop chouette – The Newsroom, j’ai tenu 2 épisodes), mais surtout ça veut en permanence montrer que c’est intelligent. Et au final, ce ne sont pas les personnages qu’on veut montrer comme intelligents, c’est Aaron Sorkin lui-même.

    Le prototype, c’est la « psychanalyse en 3 minutes » à la fin entre Jessica Chastain et son père Kevin Costner. Il dit un truc, et elle fait mine de le reprendre : « Tu ne comprends pas l’ironie ? », et lui rétorque : « Non, toi tu ne comprends pas l’ironie » (« cassé », Brice), et hop on est censés se dire, à sa réplique à elle « oh, elle est maline », puis à sa réponse à lui : « oh, lui aussi il est trop intelligent », et surtout, comme si c’était écrit au néon au milieu de l’écran : « Aaron Sorkin est un scénariste encore plus intelligent et habile que ses personnages ». Genre Paul Auster. Sauf que là, ça marche pas. Les habilités de Paul Auster, j’arrive à être ému. Mais Aaron Sorkin me fait juste chier.

    Après, on a aussi Idris Elba qui baisse la tête avant le jugement en soufflant : « Wait for it ! » (oh, quel bon avocat, et expérimenté avec ça : lui aussi il a vu le gros plan pas subtile sur la tête déconfite du procureur…) ; le père qui insiste « I will tell you but you have to ask », et nous on n’a évidemment aucune idée de quoi il cause mais on devrait savoir si on était aussi intelligents que Sorkin ; et le père psychotruc qui retrouve sa fille à la patinoire pile-poil en pleine crise de nerf, parce qu’il est venu à New York pour la retrouver, alors la patinoire c’est pas moins hasardeux qu’un autre endroit (moi j’aurais tenté l’Apple Store de Grand Central Terminal, mais c’est juste moi). Et les flashbacks illustratifs/explicatifs sur des scènes que tu as déjà vues, mais maintenant tu comprends pourquoi elle disait ça (ahhh, en fait Aaron Sorkin lui il savait que ça allait resservir…).

    Et ça dure 2h20 ces conneries. Nan, vraiment.

  • Lettre ouverte à Yann LeCun, ancien Professeur au Collège de France, responsable de la recherche en Intelligence Artificielle de Facebook.

    De la part de Olivier Auber, chercheur, Université Libre de Bruxelles (VUB)

    Objet : Quitter Facebook

    en tant que chercheur comme vous l’êtes aussi, mais dans un autre domaine, celui de l’Intelligence Naturelle (IN), je me permets de m’adresser à vous publiquement pour vous signaler que je quitte Facebook, sans doute définitivement.

    La raison est simple. Facebook est évidemment un outil puissant de mise en relation. Je constate que beaucoup de chercheurs avec lesquels je travaille ont pris l’habitude de l’utiliser pour leurs échanges informels. Les conversations qui y sont menées sont parfois futiles, mais souvent aussi du plus grand intérêt.

    Or nous nous rendons compte que ces conversations, en quelque sorte, ne nous appartiennent plus dès lors qu’elles sont menées sur Facebook !

    La preuve en est que lorsque l’on veut quitter Facebook, la plate forme vous propose d’emporter avec nous une archive des plus sommaire. Elle ne comprend pas :

    – les liens des publications personnelles (rien que ça !)
    – les discussions suivant les publications personnelles.
    – les commentaires laissés sur d’autres publications
    – les liens des publications que vous republiez.
    – votre carnet d’adresse (on obtient que les noms, pas les mails ou autres coordonnées théoriquement partagées avec vous)

    Facebook retient environ 90% des données qui nous intéressent ! De plus, lorsque l’on quitte Facebook, au delà d’un certain nombre, la messagerie interdit d’envoyer un mot à chacun des contacts afin de les informer et de recueillir leurs coordonnées !

    En d’autres termes, Facebook ressemble à une sorte de saloon du Far-West dans lequel l’alcool serait gratuit. Si vous y entrez, non pour boire, mais pour discuter simplement avec vos amis, vous vous apercevez au moment de sortir que vos conversations et votre carnet d’adresse ne vous appartiennent plus. Ils appartiennent au patron du saloon ! Pour couronner le tout, le patron vous interdit de dire au revoir à vos amis avant de partir !

    Par cette lettre ouverte, je souhaite alerter mes collègues et plus généralement tous les travailleurs intellectuels professionnels ou indépendants (potentiellement tout le monde) :

    Ne publiez pas vos idées sur Facebook ! Ne menez aucune conversation digne d’intérêt sur Facebook ! Choisissez plutôt de discuter sur des réseaux sociaux libres et distribués tels Diaspora ou bien Mastodon. Choisissez des plateformes de veille partagée tel Seenthis ou des outils de rédaction collective tel Cryptpad qui, contrairement à Facebook ne donne aucun droit ni aucune visibilité à son fournisseur sur ce que vous écrivez.

    En particulier, amis chercheurs et artistes indépendants, n’attendez pas que Mark Zuckerberg, enrichi à l’extrême par votre travail gratuit, veuille bien vous verser un revenu de base. Il n’a aucune légitimité pour cela ! Expérimentez plutôt des réseaux distribués de création monétaire libre tels Duniter.

    Cher Yann, pour conclure, je ne doute pas que grâce à votre talent et à celui des chercheurs que vous avez rassemblés, Facebook dispose un jour de la plus puissante Intelligence Artificielle qui soit. Ce jour-là cependant, cette IA risque de régner sur un désert, car en se comportant ainsi Facebook pourrait se vider de ses utilisateurs. Gone !

    Bien à vous

    Olivier Auber
    http://perspective-numerique.net/wakka.php?wiki=YannLeCun
    #Duniter #Diaspora #Framasphere #Seenthis #Mastodon #Cryptpad INSIDE

    • En fait j’évalue à 90% les données textuelles qui sont retenues par FB, donc les utilisateurs n’ont droit qu’à 10% de leurs données personnelles. Cela n’a évidemment qu’un sens limité car les data ne se comptent pas en kilos... Une meilleure analogie serait le corps humain. FB garde tout sauf, disons les genoux, ou les avant bras avec lesquels vous pouvez repartir... ce qui ne fait pas un corps valide... Ce qui est grave, c’est que dans ses ToS, FB prétend que les utilisateurs peuvent repartir avec leurs data. C’est totalement faux. C’est une tromperie ! (UNFAIR). Je crois que devant un tribunal impartial et qui n’a pas froid aux yeux, c’est plaidable...

    • Pour aller dans votre sens, j’ai découvert, après le décès d’une amie et la transformation de sa page en page « souvenir » ou « hommage » je ne sais plus le terme, que la correspondance privée que j’avais eu avec elle via Fb Messenger avait été tronquée de ses écrits. Il n’y avait plus que mes propres interventions et des blancs à la place de ses contributions...J’ai également fermé mon compte qui avait été ouvert il y a 10 ans.

    • Il serait intéressant en effet de détailler un peu ce chiffre de 90%. Il est parlant, on aime les chiffres ronds et gros (comme nos patriarches), mais souvent ils manquent de précision.

      Une discussion récente m’a interloquer à ce sujet. On parle identité et anonymat à toutes les sauces, mais, ces 90% d’information, ces j’aime/j’aime pas, ces déplacements relevés par le localisateur, ces mots envoyés à la ronde.. sans compter les inscriptions -comme tu le mentionnes- à divers services (cafés, parking lots, et autre cyber communautés) qui demandent ton « compte Facebook ». Ça fait beaucoup de mon identité mise en morceau. Seul un inconscient volontaire qualifiera cette amoncellement de détails à mon sujet comme « anonymes ». Et pourtant.

    • @najort Ce chiffre de 90% n’est là que pour donner une idée du racket et accrocher l’attention (sorry, on fait son temps) mais au fond on ne peut bien entendu pas mesurer « l’information » de cette manière. Est-elle seulement mesurable ? C’est une grande question ! Une chose est claire, les mots au kilomètre livrés par Facebook n’ont pratiquement aucune valeur sans les liens qui les relient entre eux et avec leur environnement.
      Voici par exemple la sauvegarde de ma timeline :
      http://perspective-numerique.net/Facebook2011-2018/html/timeline.htm

    • Je m’interroge sur l’archivage de ses données personnelles sur les réseaux sociaux. Ce n’est jamais le pourquoi de ce genre de service. Ces services web seraient même plutôt basés sur l’idée de faire monter les gens dans le train pour qu’ils l’alimentent de leur énergie vitale mais jamais pensés pour qu’ils puissent en descendre. Je ne parle même pas des spécificités de FB, vols d’images, des droits, des visites, des mots, de la pensée spécifique, de l’annihilation sociale. Non, par exemple sur seenthis, on en discute parfois, lorsqu’une personne veut partir, je ne crois pas qu’elle ait cette possibilité d’archiver ses activités, toutes ses données sont supprimées et ses posts disparaissent. Du coup il faut deviner que @aude_v au milieu d’une discussion avait posté un truc important, et pas seulement important pour elle. Ça, ça fait chier quand même, non seulement la personne se casse mais en plus on perd des interventions souvent pertinentes.
      Voila, je note comme ça, pour aussi souligner les aspects de pourquoi c’est différent/ou pas et ce qui est questionné quand on parle d’archiver (ses) ces données.

    • Avant de quitter Facebook, voici la facture.
      USD 350.000.000.000.000
      Trois Cent Cinquante Mille Milliards de Dollar

      Lettre ouverte à Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook.

      Objet : Quitter Facebook

      Salut Mark !

      meilleurs voeux et toutes mes félicitations pour tes bonnes résolutions 2018 !

      1) tu nous dis que tu as pris conscience « qu’avec l’émergence d’un petit nombre de grandes entreprises technologiques - et les gouvernements utilisant la technologie pour surveiller leurs citoyens - beaucoup de gens croient maintenant que la technologie centralise le pouvoir plutôt qu’elle ne le décentralise. »

      Ce n’est pas qu’une croyance, c’est un peu vrai non ? Et tu y es un peu pour quelque chose n’est-ce pas ?

      Là dessus, tu nous dis être « intéressé à approfondir et étudier les aspects positifs et négatifs des technologies de décentralisation. »

      C’est cool ! Tu dois savoir que d’autres travaillent depuis longtemps ces questions - déjà bien avant la création de Facebook - en vue de créer les conditions d’une société plus équitable. Si ta prise de conscience est réelle, tu pourras sans doute nous aider. On manque de développeurs !

      2) tu sembles aussi avoir compris que tes algorithmes rendaient les gens fous en les inondant de posts sponsorisés et de fake news. Tu dis : « le renforcement de nos relations améliore notre bien-être et notre bonheur ». Tu vas donc modifier quelques lignes de code pour renforcer ce que tu appelles nos « liens forts » (strong ties) qui selon toi ont beaucoup de « valeur » (high value). Au final tu veux que le temps que les gens « dépensent » sur Facebook soit « plus précieux ».

      C’est cool ! Cependant, mon cher Mark, il faut que tu comprennes que ce temps est bien plus précieux encore que ce que tu imagines.

      Pour ma part, disons que je passe(ais) environ une heure par jour sur Facebook à développer ces liens et ma propre documentation professionnelle. En dehors de cela, j’y passe(ais) aussi du temps à titre « récréatif ». Ce point est évoqué plus bas*.

      Or comme mes liens et ma documentation sont irrécupérables par le système backup de Facebook comme je l’ai expliqué à ton collège Yann LeCun ? , je suis obligé de constater que Facebook me les a volés.

      Voyons combien cela coûte...

      365 heures par an. Arrondissons à 50 jours par an. Si je compte mon prix de journée à USD 1.000 /jour (c’est très raisonnable, les avocats de FB sont payés USD 1.000 de l’heure), ça fait USD 50.000 par an. Comme je suis sur Facebook depuis 7 ans, je t’adresserai une facture de USD 350.000.

      Les statistiques montrent que je suis dans la moyenne des utilisateurs de Facebook en terme de durée d’utilisation et d’ancienneté. On peut donc multiplier ce coût par le nombre d’utilisateurs (non pas les 2 milliards actuels mais disons 1 milliard pour faire bonne mesure sur les 7 dernières années). On obtient donc une facture globale de :

      USD 350.000.000.000.000
      (Trois Cent Cinquante Mille Milliards de Dollar).

      En conclusion, mon cher Mark, tu fournis une véritable interopérabilité des données personnelles qui permettrait aux gens de ne pas être otages de Facebook et de sa centrallisation, ou bien tu rembourses !

      Bien à toi

      Olivier Auber

      () Le temps récréatif n’est pas décompté. En effet, le divertissement fourni par Facebook est financé par la publicité. C’est-à-dire que chacun paie pour ce divertissement à travers sa consommation quotidienne de produits surfacturés à cause des budgets publicitaires des marques captés pour une bonne part par Facebook..

      ( *) Lettre ouverte à YannLeCun, ancien Professeur au Collège de France, responsable de la recherche en Intelligence Artificielle de Facebook.
      http://perspective-numerique.net/wakka.php?wiki=YannLeCun

      1) Résolution 1 : https://www.facebook.com/zuck/posts/10104380170714571
      2) Résolution 2 : https://www.facebook.com/zuck/posts/10104413015393571

  • Quand le casse-tête devient casse-couille, journal dune chômeuse épisode 219
    http://journaldemonchom.blogspot.com/2018/01/episode-219-quand-le-casse-tete-devient.html

    Malgré mes presque 49 ans, je me considère comme une nana raisonnablement moderne. Je sais consulter mes mails sur mon portable, scanner un document ou configurer une photo sur l’ordi. Mais attention, ces compétences viennent d’atteindre leurs limites... grâce à l’ami Pôlo.

    Petit résumé des faits.

    Lorsque tu communiques avec Pôle Emploi, c’est directement sur son site. Actualisation, contact avec ton conseiller, envoi de paperasse... inutile d’aller jusqu’au guichet sinon c’est cou-couche panier et retour à la maison devant ton écran.

    L’autre jour, j’ai voulu envoyer un justificatif via mon cosy « espace personnel ». Et c’est alors que ça a coincé. Car, comme indiqué : « un document = un envoi ». Et il est précisé « Si vous envoyez plusieurs documents dans le même envoi, ces documents seront refusés ». On se demande bien pourquoi, mais c’est une autre histoire... Ainsi, s’est donc posé pour moi le cas précis d’une « attestation d’employeur ». Car, dématérialisation oblige, l’employeur parisien en question m’a m’envoyé son attestation de quatre pages... en deux fois. Soit, trois pages et la dernière toute seule. Vous suivez ? Ce qui donne deux mignonnets PDF et pas d’originaux.

    Alors naturellement, moi j’ai fait deux envois distincts. Je ne pouvais pas envoyer deux documents ensemble (même si l’un est la suite de l’autre) puisque Monsieur Pôlo avait bien prévenu : « Si vous envoyez plusieurs documents dans le même envoi, ils seront refusés » Patin-couffin...
    Eh ben, vous savez quoi ? Ça a merdé quand même.

    Parce qu’un document, même de douze pages, doit être envoyé en une seule fois ET dans sa globalité !
    Donc le Pôlo a fait comme il sait faire : il a validé les trois premières pages... et pas la dernière. C’est con. J’ai failli réussir. J’avais au ¾ bon. Résultat : j’ai tout faux.

    Où l’on voit que la fracture numérique englouti bien au delà d’elle.

    #pôle_emploi #dématérialisation #maquis

    • Un emploi (du temps) de ministre, journal dune chômeuse, Episode 223
      http://journaldemonchom.blogspot.fr/2018/01/episode-223-un-emploi-du-temps-de.html?

      Cela fait exactement 29 jours que je suis de retour dans la grande famille de Pôlo.
      Et le moins qu’on puisse dire... c’est qu’il ne s’y passe pas grand-chose. Comme je vous l’ai déjà expliqué (pour ceux qui suivent), si je n’ai pas gardé mon précédent contrat, c’est précisément parce que je ne suis pas que chômeuse dans la vie. Je suis aussi la mère d’un ado qui a besoin d’un suivi médical king size. Et dans la Nièvre, être malade, c’est comme être au chôm’ : ben c’est la merde ma bonne dame ! Bref. J’ai passé ce dernier mois à téléphoner puis à attendre... qu’on me rappelle. A râler donc, à grogner, aller, venir. A re-rappeller pour qu’on me re-rappelle. A passer à la MDPH, grogner, râler, et enfin récupérer le nom d’un praticien à Paris !
      Bref. Je fais passer la santé de mon gamin avant ma recherche d’emploi. Ce qui, je l’admets, n’est pas vraiment moral, ni très raisonnable, quand on vit dans une startup-nation.
      Dans le même temps, j’avais quand même mauvaise conscience. Peur que Pôlo me fasse une scène, me reproche de ne plus assez m’occuper de lui. Dans les salles d’attentes de toubibs, je pensais souvent à mon running-gag d’activité indépendante, essayant de structurer mon projet entre deux conseils de médecins. Je passais aussi régulièrement sur le site de Pôle Emploi pour guetter les annonces. Et là, je retrouvais les sempiternelles demandes pour devenir mécanicien, commercial, prof de chinois mais aussi – et surtout ! – infirmier, ergothérapeute, médecin généraliste, kiné, orthophoniste, psychologue, ambulancier, pédopsychiatre, pédiatre, pneumologue, oncologue et même... médecin du travail, et... porteur funéraire. Ces emplois vacants expliquent sans doute mes difficultés à soigner mon môme et à me consacrer à ma recherche de job. Sont chiants ces gosses ! Lorsqu’on habite une zone de non-droit médical on ne tombe pas malade !
      Mais pour rester une bonne élève dans les yeux de Pôlo, hier comme chaque jour, j’ai été faire mon tour sur LinkedIn – le facebook entrepreneurial – où j’ai remis le nez depuis début janvier. Sur le côté de la page, apparaît un lien qui permet de voir qui est venu sur ton profil. Parfois j’y jette un œil, histoire de savoir qui s’intéresse à ma petite personne. Dans les visites récentes, hier il y avait donc : une personne indépendante, une autre bossant dans une mission locale, une troisième dans le service à la personne et enfin une dernière... qui a le titre de ministre !
      Ben si ça se trouve, Muriel Pénicaud a mis en avance son contrôle des chômeurs de manière personnalisée.
      Merdum.
      Va vraiment falloir que je me mette au boulot.

      #contrôle_des_chômeurs

  • Oise : 200 chasseurs assermentés vont épauler les forces de l’ordre - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/oise-60/oise-200-chasseurs-assermentes-vont-epauler-les-forces-de-l-ordre-07-01-2

    « Nous serons un peu les RG des campagnes ». Dès la fin du mois, 200 chasseurs assermentés par la gendarmerie pourront patrouiller dans les bois pour prêter main-forte aux forces de l’ordre dans l’Oise.

    #milice #gendarmerie

  • Sabrina Ali Benali : « La ministre de la Santé met en place une politique du McDrive hospitalier »
    https://www.revue-ballast.fr/sabrina-ali-benali-ministre-de-sante-met-place-politique-mcdrive-hospi

    « Bonsoir madame Touraine, c’est encore moi ! C’est l’inteeeerne ! » C’est par ces mots que s’adressa Sabrina Ali Benali, interne en médecine générale en dernière année, à l’ancienne ministre de la santé, avant de démonter le plan de communication du gouvernement et de dénoncer le manque de moyens dans les hôpitaux, dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux (plus de 10 millions de vues). Malgré les polémiques, parfois violentes, celle qui fut l’an passé suppléante aux législatives sous l’étiquette France insoumise ne désarme pas et dénonce, de vidéo en vidéo, les politiques libérales qui continuent de mettre à mal l’hôpital public, en opposant aux chiffres abstraits la réalité de son quotidien — celui de tant de soignants et de patients. Rencontre avec une jeune femme qui assure parler « avec ses tripes » et se bat pour que le mot « politique » ne soit plus un « gros mot » aux yeux du grand nombre.

  • Je devrais aimer Édouard Philippe...

    Mon père me dit quelques fois que je devrais être content qu’il soit premier ministre, Édouard. Parce c’est quand même un gars qui a été maire de ma ville.

    Alors, bon, OK Papa, je suis né au Havre et j’y ai vécu 30 ans, mais bon, j’en suis parti il y a longtemps et c’est seulement après qu’il est devenu maire... et puis je sais pas ce qu’il te prend mais toi, tu devrais pas être content non plus. C’est pas ta came les mecs de droite...

    Il y a qu’ils se sont rencontrés mon père et Édouard. Et il faudrait reconnaître à cet homme qu’il connaît bien ses dossiers et qu’il est respectueux de ses interlocuteurs.

    Ça change tout.

    Alors j’ai écouté le premier ministre et comment il maîtrisait le respect et les dossiers.

    Et c’est vrai, je dois bien le reconnaître, quand il a dit « j’assume pleinement », j’ai frissonné d’admiration.

    Moi, je suis plutôt un mec direct et quand on me cherche des poux, je dit « va chier » ou « j’t’emmerde », tu vois ?

    Oh ! Arrêtez de me regarder comme ça (enfin, de me lire comme ça), ça va quoi ! Quand on est le fruit heureux de la lutte des classes et bénéficiaire des derniers coups d’ascenseur social, on garde malgré tout ce petit coté grossier du prolétaire que l’élite n’a pas. Faut l’assumer ça, pleinement…

    Toutefois, parce qu’il faut toujours écouter les conseils de ses parents, même maintenant, je crois qu’il faudrait que je fasse ce petit effort d’aimer Édouard. Assez fort pour faire mienne sa façon d’être et de respecter les gens.

    Édouard, je vais t’assumer pleinement.

    • C’est marrant de voir comment on fait plus attention, quand on a déjà entendu parler d’un homme politique avant. C’était le cas pour moi, quand Alain Lambert traînait au gouvernement... parce que je sais qu’il a fait du bon boulot à Alençon, d’où je suis originaire. M’enfin... à un moment, faut aussi revenir sur Terre et pas juste se dire « il est bien ! je le connais ! »

  • Cinq questions sur la #pénurie de #gynécologues en France - CRAPS
    http://association-craps.fr/actualites/cinq-questions-penurie-de-gynecologues-france
    Je pose ça là, comme une grosse bouse

    La situation a pu en outre créer une crise des vocations. « Les gynécos sont tellement maltraités, qu’ils abandonnent les tâches les plus difficiles du métier », selon Bertrand de Rochambeau. Dans les petits hôpitaux, les gynécologues enchaînent les gardes. « Les jeunes ne veulent plus travailler comme ça, cela renforce la pénurie », estime-t-il. « Attention, les médecins ne meurent pas de faim, il ne s’agit pas ça, mais ils travaillent beaucoup, dans des conditions parfois difficiles, même si leur métier est passionnant », poursuit-il.

    Généralistes et sage-femmes peuvent-ils se substituer aux gynécos ?

    « Ni les médecins généralistes, ni les sage-femmes ne sont suffisamment formés pour assurer le suivi gynécologique des patientes », assure Bertrand de Rochambeau. Les étudiants qui choisissent de devenir généralistes « doivent choisir, au cours de leur formation, entre un stage en gynécologie ou un stage en pédiatrie, c’est-à-dire qu’au mieux ils ont {…}

    • Consulter un gynécologue : la grande galère
      Entre 2007 et 2017, le nombre de ces spécialistes a chuté de 41,6 % à 1 136 et il pourrait tomber à 531 en 2025. Face à cette pénurie, des femmes renoncent à se soigner. François Béguin et Laura Motet, Le Monde

      C’est un parcours du combattant auquel sont confrontés de plus en plus de femmes. Dans de nombreuses villes, décrocher un premier rendez-vous avec un gynécologue est devenu mission impossible. A Melun (Seine-et-Marne), par exemple, elles sont trente à cinquante à appeller chaque jour le cabinet de Joëlle Robion, gynécologue en secteur 1 (sans dépassement d’honoraire), dans l’espoir de décrocher une première consultation. « Ce sont souvent des femmes dont le gynécologue est parti à la retraite et à qui je ne peux pas proposer de suivi », explique la spécialiste, qui n’accepte plus que les patientes envoyées par des généralistes.

      Dans certains départements, qui sont souvent déjà des « déserts médicaux », les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous s’allongent car les gynécologues se font rares, toutes spécialités confondues. On en compte 4,2 pour 100 000 habitants dans la Creuse, 4,32 en Dordogne ou 4,37 dans l’Ain, contre 28,6 à Paris ou 67,4 à Neuilly-sur-Seine, la ville la mieux dotée de France. Et selon les relevés réalisés par Le Monde, certaines grandes villes de la grande couronne parisienne, comme Aulnay-sous-Bois (56e ville française en termes de population) ou Ivry-sur-Seine (89e), ne comptent même aucun gynécologue libéral.

      « Il y a des coins de France où la situation est catastrophique, où des femmes ne sont plus suivies ou doivent changer de département pour l’être », alerte Anne Gompel, professeure de gynécologie à l’université Paris-Descartes.
      39 départements comptent moins de gynécologues par habitants que la moyenne française
      [graphique très parlant mais pas importable, ndc]

      Mobilisation

      Une situation d’autant plus inquiétante que tous les gynécologues ne font pas du suivi médical. Les obstétriciens se focalisent d’abord sur les accouchements et les actes chirurgicaux, leur cœur de métier. « Ils font du suivi par la force des choses, mais tout ce qui est problèmes hormonaux, par exemple, ça ne les intéresse pas », estime Laurence Mougenot, gynécologue médicale à l’hôpital de Bar-le-Duc, qui se demande par exemple « qui prendra en charge les femmes ménopausées ces prochaines années ».

      S’il est toujours possible de consulter un médecin généraliste ou une sage-femme libérale spécialisée pour un suivi de base, accéder à un gynécologue médical devient chaque année plus difficile. Le nombre de ces spécialistes de la « santé des femmes » (contraception, troubles du cycle, ménopause, stérilité, diagnostic et suivi des tumeurs) a chuté de 41,6 % en dix ans entre 2007 et 2017. Une baisse due à la décision des pouvoirs publics de ne plus en former entre 1987 et 2003 afin de s’aligner sur les formations des autres pays européens.

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      On compte 6 748 gynécologues pour 28 millions de Françaises de plus de 16 ans. Mais les gynécologues ne sont pas les seuls professionnels de santé à effectuer des suivis gynécologiques. En 2016, les pilules contraceptives ont par exemple été prescrites pour moitié (51,2 %) par des gynécologues, à 44,2 % par des médecins généralistes et à 1,7 % par des sages-femmes, selon des chiffres obtenus par Le Monde via Open Médic, une base de données recensant les médicaments délivrés en pharmacie de ville. Quant aux actes relatifs au suivi gynécologiques (frottis, pose de stérilet), ils ont été réalisés en 2016 à 2,9 % par des sages-femmes, en hausse de 52 % par rapport à 2015, selon l’Ordre des sages-femmes.
      A la suite de la mobilisation du Comité de défense de la gynécologie médicale (CDGM), créé en 1997, une soixantaine de ces spécialistes (des femmes pour 95 % d’entre eux) sont de nouveau formés chaque année, mais c’est insuffisant pour compenser les départs à la retraite. Résultat : ils ne sont plus que 1 136 pour près de 28 millions de femmes âgées de plus de 16 ans. Six départements n’ont aucun « gynéco med ». Beaucoup plus demain.
      Près des deux tiers (62 %) de ceux aujourd’hui en activité ont plus de 60 ans et cesseront leur activité ces prochaines années sans avoir – pour la plupart – de successeur. Entre 2010 et 2025, selon les projections de l’Ordre des médecins, la France devrait avoir perdu plus de mille gynécologues médicaux. Ils ne seraient plus que 531 en 2025, contre 1 648 en 2010. Dans le même temps, les gynécologues obstétriciens passeraient, eux, de 3 577 à 5 452.
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      « Grand désarroi »

      « L’accès de plus de plus en difficile aux gynécologues médicaux met en danger la santé de millions de femmes, des jeunes filles en particulier », fait valoir Noëlle Mennecier, coprésidente du CDGM. Elle plaide en faveur de « mesures vigoureuses en termes de nombre de postes d’internes ouverts, et ce sur des années, pour rattraper le retard ».
      Bientôt la fin des gynécologues médicaux ?

      Effectifs entre 2010 et 2017 et projection des effectifs entre 2018 et 2015 par l’Ordre des médecins [graphique, ndc]

      Chaque départ à la retraite oblige des centaines de femmes à trouver leur propre solution. « Beaucoup de patientes sont dans un grand désarroi, raconte une gynécologue qui vient de cesser son activité dans une grande métropole de Rhône-Alpes. Certaines m’ont dit qu’elles ne se feraient plus suivre car elles ne voulaient pas l’être par un médecin généraliste… » « Je vois arriver des femmes de 65 ou 70 ans qui saignent depuis six mois mais que ça gêne d’en parler à leur généraliste… », confirme le docteur Mougenot.

      Lorsque la gynécologue de Josette (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille) est partie à la retraite il y a trois ans, sans personne pour lui succéder, cette professeure retraitée dans un petit village de l’Eure a renoncé à être suivie, après presque un demi-siècle de visites annuelles de contrôle. A 70 ans, elle ne se voyait pas demander un rendez-vous à l’hôpital de Mantes (Yvelines), à 30 km de chez elle. « Trop compliqué », dit-elle.
      Des femmes renoncent, au moins pour un temps. D’autres font des kilomètres ou se tournent vers d’autres structures ou d’autres professionnels de santé. C’est ce qu’a fait Marie, une infirmière de 24 ans, lorsqu’elle a emménagé dans une petite commune de l’agglomération toulousaine il y a trois ans et qu’aucun gynécologue parmi les dix qu’elle a sollicités ne l’a acceptée. C’est à l’hôpital public qu’elle a fini par obtenir un rendez-vous, avec un délai de deux mois. Une solution qui la satisfait, même si la consultation se fait « une pendule au-dessus de la tête » et avec le sentiment que « le temps est minuté ».

      « Rupture dans la qualité des soins »

      Christine, une cadre retraitée de 62 ans habitant Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), a fini par quitter le gynécologue qui la suivait depuis dix ans. Là encore, parce que c’était devenu « trop compliqué ». « Il y avait un créneau de deux jours pendant lesquels on pouvait prendre rendez-vous, et si on le ratait, il fallait de nouveau attendre six mois… Et comme cela faisait trois fois que je ratais les “bonnes journées” pour m’inscrire… », explique-t-elle. C’est finalement dans une clinique privée qu’elle a trouvé une solution.

      Alors qu’elle vit à Paris, l’une des villes de France les mieux pourvues en gynécologues, Héloïse, une étudiante salariée de 23 ans, n’en a trouvé aucun au tarif Sécu qui l’accepte comme patiente. « Vous êtes jeune, on ne peut pas prendre le risque que vous tombiez enceinte et qu’on soit obligé de vous suivre, on est débordé », lui a même expliqué une secrétaire médicale. Au vu des tarifs prohibitifs pratiqués par les médecins à honoraires libres, c’est finalement auprès d’un généraliste au planning familial d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), soit trois heures de trajet aller-retour, qu’elle a finalement trouvé une place.

      La banlieue parisienne peut également s’avérer être un désert médical (gynécologie) [À Neuilly ? ça va, ndc]


      Certains gynécologues médicaux semblent aujourd’hui se résigner à un passage de relais aux sages-femmes libérales, autorisées à pratiquer un suivi de prévention, dont le nombre augmente de 10 % par an. Plusieurs s’interrogent cependant sur leur formation. « Elles arrivent sur le marché sans être suffisamment formées en gynécologie, met en garde Anne Gompel, de l’université Paris-Descartes. Il va y avoir des années avec une rupture dans la qualité des soins. Les généralistes ont un rôle à jouer, mais une spécialité de quatre ans ne se remplace pas par une formation de trois mois en gynéco pour un généraliste, ou un peu
      plus avec un DU, ou de sage-femme avec un mois de formation. »

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      Dépassements d’honoraires des gynécologues : des consultations supérieures à 120 euros à Paris
      Seuls 38,5 % des gynécologues pratiquent le tarif « Sécu » à 30 euros. Faute de moyens, des femmes se privent de gynécologue dans les grandes villes.

      Très chers gynécos... Chez près de la moitié (45 %) des 3 000 gynécologues (médicaux et obstétriciens) exerçant dans les cent plus grandes villes de France, il faut payer au moins 60 euros pour une consultation standard, soit le double du tarif « Sécu », fixé à 30 euros. Dans ces communes, le tarif moyen s’élève à 47 euros.
      Pour obtenir ces chiffres inédits, Le Monde a « aspiré » sur Ameli.fr le site de l’Assurance-maladie, les données contenues dans les fiches tarifaires de ces praticiens qui représentent plus de 60 % de la profession.
      Pour l’ensemble de la France, selon ces chiffres, seul un gros tiers (38,5 %) de ces spécialistes ne fait payer que 30 euros pour une consultation de suivi. Mais, selon nos relevés, ils ne sont plus que 18 % à le faire à Paris. Dans la capitale, le tarif moyen est particulièrement élevé, à 70,30 euros. Et près d’un quart (23 %) demande plus de 90 euros, soit au moins trois fois le tarif « Sécu » ! Enfin, 5 % des gynécologues parisiens demandent plus de 120 euros. Dans les quartiers huppés, il faut débourser jusqu’à 150 euros.

      Renoncements aux soins
      D’une commune à l’autre, le tarif moyen varie fortement. A Neuilly, il s’établit à 85 euros, contre 35 euros à Grenoble ou 55 euros à Marseille. Dans les dix plus grandes villes de l’Hexagone, il dépasse 45 euros, sauf à Nantes et à Toulouse (38 euros et 40 euros). Quant aux consultations privées dans les hôpitaux publics, elles présentent les prix les plus élevés, à 56 euros (87 euros à Paris).
      La gynécologie fait partie des cinq spécialités – gériatrie, psychiatrie, stomatologie, gynécologie obstétrique – les plus gourmandes en dépassements d’honoraires. Sa branche médicale se classe même en tête de l’observatoire des pratiques tarifaires publié par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), le 29 novembre, tandis que sa branche chirurgicale (l’obstétrique) est cinquième.

      Conséquences : ces tarifs élevés peuvent entraîner des renoncements aux soins, notamment chez les étudiantes ou les retraitées, pas ou peu couvertes par une mutuelle.
      C’est ce qui est arrivé à Monique, 64 ans, retraitée du Trésor public. Quand sa gynécologue a quitté Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) pour les « beaux quartiers » de la capitale et s’est mise à pratiquer des dépassements d’honoraires non pris en charge par sa mutuelle, elle a préféré renoncer à ses deux visites de contrôle par an. Une rupture dans son suivi qui aurait pu avoir des conséquences si elle n’avait pas fini par trouver à Sète (Hérault), son lieu de vacances, une spécialiste au tarif « Sécu » qui a accepté de la suivre.

      Optam, un outil de maîtrise des tarifs
      « Ce que veulent les gens, c’est d’abord être bien soignés et qu’on les écoute », fait valoir une gynécologue qui pratique des « petits » dépassements en région. Elle rappelle que, outre la prise en charge des patients à la couverture maladie universelle (CMU), les médecins en secteur 2 (en honoraires libres) « ont toujours fait des tarifs “Sécu” pour les gens qui n’avaient pas les moyens ».
      Une bonne pratique dont n’a jamais bénéficié Valentine, une étudiante nancéenne de 21 ans, qui a toujours payé « entre 50 euros et 80 euros » sa consultation chez le gynéco de ville et a parfois dû demander une aide financière à ses parents. « Il y a certes le tarif de la consultation de base, mais dès qu’il y a une prescription ou un examen, cela augmente, dit-elle. Et l’on va rarement chez le gynécologue sans avoir besoin de l’un ou de l’autre. »
      Paris, championne des dépassements d’honoraires dans les grandes villes

      « Les tarifs sont affichés sur le site Ameli.fr, les gens ne sont pas surpris », explique une gynécologue médicale du 14e arrondissement de Paris. Elle demande 70 euros pour une visite et un frottis, soit, selon elle, 40 euros pris en charge par la « Sécu », avec qui elle a signé une « option pratique tarifaire maîtrisée » (Optam, anciennement CAS pour « contrat d’accès aux soins ») et 30 euros de dépassement, « généralement pris en charge par les mutuelles ».
      Pour l’Assurance-maladie, la hausse spectaculaire des dépassements a été enrayée grâce à Optam. En échange de leurs bonnes pratiques, la « Sécu » prend en charge une partie des cotisations des praticiens. Depuis 2012, ce mécanisme a stabilisé le taux de dépassement chez les gynécologues qui était passé de 25 % à 43 % depuis 2000. Mais, à Paris, il peine à convaincre. En juin, seulement vingt-cinq gynécologues de secteur 2 avaient adhéré au dispositif, soit moins de 5 %.

      « Difficulté à trouver un gynécologue »
      Interrogée par Le Monde, la CNAM reconnaît que « le dispositif de régulation des dépassements d’honoraires produit des résultats encore insuffisants pour certaines spécialités comme la gynécologie ». Dans certaines villes, les gynécologues présentent à la fois des dépassements trop élevés pour les rendre éligibles à l’Optam tout en restant sous les seuils au-delà desquels des procédures pour pratique tarifaire excessive peuvent être déclenchées. « Pour les autres », la CNAM assure « agir », assurant qu’en septembre « un certain nombre de médecins dont les niveaux de dépassements étaient à fois élevés sans être orientés à la baisse ont été alertés, et ce afin qu’ils modifient leur pratique ».
      Le taux de dépassement a explosé depuis 2000, avant de se stabiliser à partir de 2012

      Au Syngof, le Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France, on estime que le premier problème n’est pas le niveau des dépassements d’honoraires, jugé modéré dans la plupart des villes, mais « la difficulté à trouver un gynécologue », selon Elisabeth Paganelli, la secrétaire générale du syndicat. Et de rappeler que les gynécologues médicaux libéraux ont en moyenne un revenu avant impôt inférieur à celui des médecins généralistes (72 900 euros contre 88 700 euros).

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      A Aulnay, « certaines femmes n’ont pas eu de suivi gynéco depuis six ans »
      Depuis près d’un an, il n’y a plus de gynécologue libéral dans cette ville de 82 000 habitants. Patientes et pouvoirs publics tentent de trouver des solutions. Laura Motet

      « C’est la galère ! J’étais suivie par une gynéco, mais elle est partie il y a trois ans. J’ai enchaîné avec des consultations à 80 euros à la clinique du Blanc-Mesnil, avant d’atterrir ici après plusieurs mois d’attente, parce que je n’avais plus d’argent. » Le parcours de Sabrina (le prénom a été modifié), rencontrée à l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois, illustre celui de nombreuses femmes de cette commune de Seine-Saint-Denis.

      Les quatre gynécologues libérales qui exerçaient il y a encore quelques années dans cette ville de 82 000 habitants sont parties à la retraite ou sont mortes. Symptôme d’un mal qui touche toute la France : le vieillissement des médecins et en particulier celui des gynécologues médicaux – l’âge moyen de ces spécialistes de la santé des femmes est de 60 ans. La ville compte seulement deux sages-femmes libérales et une médecin généraliste spécialisée en gynécologie, installée peu avant l’été. Son arrivée a été saluée par les habitantes et par la mairie.

      Ce mardi après-midi de décembre, la salle d’attente de la docteure Teanini Tematahotoa ne désemplit pas. A l’image des habitants d’Aulnay, sa patientèle est composée de 20 % de personnes très précaires, bénéficiaires de la couverture maladie universelle ou de l’aide médicale d’Etat.
      « Ils n’ont pas forcément le même rapport au médecin que les plus aisés. […] C’est une patientèle moins fidèle, qui ne perçoit pas toujours l’importance de la notion d’accompagnement à long terme. Si un autre médecin est disponible avant, ils iront le voir. Le suivi est parfois difficile, surtout s’ils ont vu quatre ou cinq collègues avant, dans différentes villes et dans différentes structures. »

      Un nomadisme amplifié par les départs à la retraite des gynécologues libéraux, dont la patientèle est rarement reprise par un confrère. Les patientes tentent alors de trouver la meilleure solution en termes de prix, d’horaires, d’accès géographique et de délai ; certaines abandonnent, tandis que d’autres vont à l’hôpital, au planning familial, dans un centre de protection maternelle et infantile (PMI) ou dans des centres municipaux.

      « Il arrive qu’on reçoive des femmes qui ne se sont pas fait suivre pendant six ou huit ans, explique une soignante exerçant au Planning familial. Elles ne peuvent pas toujours prendre le temps de se faire suivre pour faire de la prévention. Elles ne le font quand elles ont besoin de nous de façon urgente. »

      « Face à la pénurie de gynécologues médicaux, les urgences gynécologiques ont explosé, parce qu’il n’y a pratiquement plus de médecins de ville, affirme la docteure Hélène Dauphin-Merlot, cheffe du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital intercommunal Robert-Ballanger. Pour autant, c’est notre mission d’accepter tout le monde et de nous débrouiller, en triant les patientes selon la gravité et en nous coordonnant avec les autres acteurs de santé locale, comme les PMI. »
      Mi-décembre, le carnet de rendez-vous de consultation de gynécologie affichait complet jusqu’en février et pourrait continuer à se remplir pour les semaines suivantes si le planning était ouvert. « On évite de donner des rendez-vous trop en avance, sinon les patientes oublient de venir. On a un taux d’absentéisme aux consultations de 40 %. C’est malheureux, parce que cela prend la place de femmes qui en ont vraiment besoin », déplore Nathalie Cherradou, sage-femme coordinatrice du Planning familial et des consultations à l’hôpital d’Aulnay.

      Si les Aulnaysiennes parviennent à se faire suivre tant bien que mal, la situation de l’offre de santé reste très fragile, puisqu’elle dépend uniquement des priorités définies par la mairie et le département. Priorités qui, comme les élus, changent au gré des élections.

      En 2014, quelques mois après son élection, le nouveau maire Les Républicains d’Aulnay, Bruno Beschizza, décide de mettre fin à la convention qui le liait au département pour financer les centres de planification. « Les motifs de cette suppression sont purement d’ordre financier, analyse Evelyne Demonceaux‌, élue socialiste et ancienne adjointe à la santé. Mais le maire n’avait pas réalisé que la suppression de la convention entraînait la perte de la subvention du département dès le 1er janvier 2016, subvention qui permettait de payer le personnel municipal des centres de santé. »

      En 2016, les négociations avec le département reprennent ; une nouvelle convention est signée en octobre, divisant presque par deux le budget total du Planning familial et par plus de six l’apport de la municipalité (de 90 000 à 14 200 euros). Contactée à de nombreuses reprises, la mairie n’a répondu que par écrit à nos questions. Elle récuse l’idée que la nouvelle majorité souhaiterait réduire les budgets de santé et met notamment en avant qu’elle prévoit de recruter un équivalent temps plein en gynécologie pour l’un de ses centres municipaux. Pour l’instant, l’annonce n’a pas été publiée sur son site.

      Comme disait l’autre, faudrait commencer par #soigner la médecine, l’hôpital... Ça n’en prend pas le chemin.

      #observatoire_des_pratiques_tarifaires #santé #tarification #inégalités

  • Emmanuel Macron, ou l’oligarchie au pouvoir (2) - Le blog de Bernard Gensane
    http://bernard-gensane.over-blog.com/2017/10/emmanuel-macron-ou-l-oligarchie-au-pouvoir-2.html

    Au diable la flexi-sécurité à la sauce danoise ! Le peuple français va plonger vers une véritable #flexi-pauvreté, un peu comme celle qu’avait connue l’Allemagne après les « réformes » du marché du travail de 2003 à 2005 qui avaient, certes, fait reculer le taux de chômage, mais qui avaient également créé treize millions de nouveaux pauvres avant de produire des millions de retraités à 1 200 euros par mois. Les lobbies financiers vont donc prendre directement le pouvoir économique, avec l’aide des grands médias, propriétés de ce que le communiste Georges Marchais appelait en son temps « le grand capital ». Economique, le projet de Macron est également civilisationnel. La République française doit devenir une start-up nation, sa vie politique étant complètement managérialisée, à l’image du développement de son parti En Marche, la formation la moins démocratique depuis l’après Deuxième Guerre mondiale. Il faudra faire vite car l’adhésion des Français au macronisme ne concerne guère plus de 10% de l’électorat. Selon un sondage Opinionway, Macron (dont la cote de popularité personnelle ne cesse de chuter depuis trois mois) n’a recueilli que 55% d’adhésion directe parmi ses électeurs, 45% l’ayant choisi comme « vote utile » pour éviter un second tour Le Pen-Fillon.

    • Lorsqu’il a pensé ses équipes de direction, son management de la France, Emmanuel Macron a joliment brouillé les cartes en s’adjoignant des personnalités du secteur public et surtout de l’entreprise privée, sans vraiment s’embarrasser de conflits d’intérêts. L’assureur et financier Gilles de Margerie a été nommé directeur de cabinet de la ministre de la Santé. Il saura « réformer » les retraites dans le bon sens et articuler le rôle de l’Assurance-maladie et des assureurs privés. Dans cette optique, le profil de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ne manque pas d’intérêt. Brillante professeur de médecine âgée de 55 ans, belle-fille de Simone Veil, elle est proche de grands laboratoires pharmaceutiques qui l’ont rémunérée. Comme par hasard, elle a décidé d’augmenter de trois à onze le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants. Son mari dirige l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), dont la cotutelle politique est le ministère de la Santé. Le gouvernement du Premier ministre Edouard Philippe compte de nombreuses personnalités issues de ce qu’on appelle désormais la « société civile » (on disait autrefois « la population active »). Parmi elles, le très médiatisé militant écologiste et animateur de télévision Nicolas Hulot – qui avait flirté un temps avec les équipes de Jean-Luc Mélenchon avant de voter Hamon au premier tour de la Présidentielle – comme ministre de la Transition écologique et solidaire. Le ministre de l’Education nationale est Jean-Michel Blanquer, ancien directeur de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), première école de commerce française à s’associer aux grandes entreprises pour créer des chaires d’entreprise. Le jeune entrepreneur Mounir Mahjoubi (exemple remarquable de l’intégration réussie d’un immigré de deuxième génération) est nommé secrétaire d’Etat chargé du numérique. Il a rejoint le mouvement de Macron en janvier 2017 après avoir été proche de Ségolène Royal puis de François Hollande. Antoine Foucher symbolise, à lui seul, la pénétration du ministère du Travail par les patrons : il fut directeur général adjoint du Medef, avant de rejoindre Schneider Electric. Il est désormais directeur de cabinet de la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Il lui reviendra la tâche de piloter les contre-réformes hostiles aux travailleurs. Muriel Pénicaud, fut elle-même directrice des ressources humaines de Danone puis de Dassault Systèmes. Chez Danone, elle organisa, malgré des bénéfices pour l’entreprise de près de deux milliards d’euros, un licenciement massif qui fit grimper le cours de ses propres stock-options. Dans les milieux patronaux et syndicaux, elle est connue comme une spécialiste du lean management, la gestion sans graisse, au plus juste, qui vise à accroître les marges au détriment de l’emploi et des conditions de travail.

      Macron rime avec clarification

      Quoi qu’il lui arrive, Macron aura été très utile à la France. En précipitant la fin d’un parti socialiste acquis depuis des décennies aux lois d’airain du capitalisme financiarisé, il aura opéré une vraie clarification du spectre politique français. Il aura ouvert, peut-être pas un boulevard, mais en tout cas une belle avenue à la gauche de gauche : la France insoumise, les communistes, et tous ceux pour qui le combat écologique est forcément articulé à une vraie transformation économique et sociale. Et il aura offert la preuve que les banques dirigent effectivement le pays, sans la caution, sans l’intermédiaire, des deux grandes formations politiques traditionnelles.

  • Mesdames, Messieurs,

    L’éditeur Springer, qui publie plusieurs centaines de revues académiques au format numérique dans toutes les disciplines, fait actuellement l’objet d’une négociation ardue par le consortium Couperin, qui regroupe l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur et de recherche français. Cet éditeur entend appliquer des tarifs exorbitants et l’objectif de la négociation est de le faire revenir sur ces prix.

    Les difficultés liées à ces discussions complexes ne permettent pas de conclure un accord avec l’éditeur avant le 31 décembre prochain, terme de l’actuel contrat sous lequel se trouve notre établissement.

    Nous vous informons que nous avons demandé à l’éditeur de procéder à l’interruption des accès à ses revues à compter du 1er janvier prochain. Nous ne savons pas encore à ce stade si l’éditeur procèdera effectivement à cette interruption mais il est important de nous y préparer.

    Cette démarche a un triple objectif :
    – éviter les risques de contentieux (l’éditeur ne pourra pas nous réclamer une quelconque redevance s’il décide de maintenir les accès à ses contenus à compter de janvier prochain),
    – renforcer la position des négociateurs vis à vis du fournisseur en faisant preuve de détermination,
    – pouvoir plus facilement générer un manque à gagner pour l’éditeur sur les périodes d’interruption du service, que cette interruption ait été effective ou pas, totale ou partielle.

    La CPU ainsi que le CNRS et l’ensemble des organismes de recherche se sont prononcés en faveur de cette action, destinée à soutenir la position des négociateurs face à Springer. En outre, dans l’enquête menée par Couperin pour établir la conduite à tenir dans la négociation, 76 établissements sur les 78 qui ont répondu se sont prononcés sans ambiguïté en faveur d’un refus des conditions initiales données par l’éditeur. Des mouvements de même nature sont également en cours ailleurs en Europe et notamment en Allemagne.

    Le SID se tient à la disposition des chercheurs qui auraient un besoin urgent et précis concernant un article publié chez cet éditeur : il usera de moyens alternatifs pour fournir les documents et vous pourrez contacter à ces fins bu-docelec@univ-grenoble-alpes.fr

    Cordialement,

    Lise DUMASY
    Présidente de l’Université Grenoble Alpes

    Pierre BENECH
    Administrateur général de Grenoble INP

    –-> lettre envoyée le 13 décembre 2017 aux directeurs de labo de l’uni de Grenoble Alpes

    #édition_scientifique #publications_scientifiques #science #springer #université #université_de_grenoble_Alpes #Grenoble #résistance

    –-

    ajouté à la métaliste sur l’éditions scientifique :
    https://seenthis.net/messages/1036396

    • @fil @cdb_77

      Sujet : Message à diffuser largement – Négociations Springer
      De : INP Direction

      Chères et Chers collègues,

      Veuillez trouver ci-dessous un message relatif aux négociations avec l’éditeur #Springer, à diffuser largement auprès de vos équipes.

      En vous remerciant.

      Bien cordialement,

      Alain Schuhl

      Directeur de l’Institut de Physique

      CNRS – Institut de Physique

      –-

      Négociations Springer : Information importante

      Les négociateurs et négociatrices de Couperin.org sont entrés dans une phase de négociation difficile avec l’éditeur Springer.

      Toutes les propositions de Springer sont jugées inacceptables et comportent, pour la reconduction de l’offre d’abonnement au bouquet principal dite « big Deal », une hausse de prix à minima de 1,5 % par an et pendant 3 ans.

      Les prix des abonnements, aujourd’hui purement électroniques pour l’essentiel, sont en hausse constante depuis deux décennies, occasionnant chez les très gros éditeurs des bénéfices fantastiques alors que les budgets de la Documentation sont en baisse constante.
      Cette situation est d’autant plus difficile à accepter qu’une proportion non négligeable et croissante (au minimum de 9 % selon l’éditeur, mais probablement plus proche de 15 %) des articles contenus dans les revues concernées par les abonnements est désormais librement disponible puisque leurs auteurs (ou leurs institutions) ont déjà payé les frais de mise à disposition du public réclamés par Springer.

      Les communautés se mobilisent à l’international pour se dégager de cette spirale inflationniste comme l’université de Montréal qui s’est désabonnée en 2016 du bouquet complet ou encore le Danemark qui demande de meilleurs prix et plus de services pour les chercheurs.

      Pour que les négociations françaises puissent s’inscrire dans ce mouvement, il faut accepter le risque de coupure des accès en janvier : les chercheur.e.s ne pourraient consulter les articles parus en 2018 dans les revues diffusées par Springer que par des #voies_de_substitution ("dépôts" de prépublications, réseaux sociaux, etc.) , tous les articles parus avant 2018 demeureraient accessibles pour les établissements de l’ESR. Selon les termes des contrats précédents, pendant au moins deux ans et sans frais supplémentaire, les chercheurs conserveraient l’accès à une grande partie des archives des ressources acquises jusqu’en 2017 inclus :

      – les ressources figurant dans le contrat de chaque établissement abonné (lequel est la trace historique de leurs abonnements antérieurs aux accès aux bouquets électroniques) ;

      – les ressources acquises de manière définitive dans le cadre du projet Istex (origine à 2001 pour les revues Springer).

      –->Lettre envoyée le 1er décembre 2017

    • #Lingua: Entire editorial team of respected linguistics journal resign en mass in turf war over publishing

      The entire editorial team of a respected linguistics journal has resigned en masse in an escalation of the turf war between university researchers and the publishers who dominate the highly-lucrative world of academic publishing.

      The six academic editors and 31-strong editorial board of Lingua, published by Dutch giant Elsevier, confirmed that they were stepping down in order to set up a rival publication which will be freely available rather than subject to an expensive subscription charge.

      The rupture is the latest development in a long-running dispute between publishing houses, which profit from charging often substantial subscriptions for their journals, and academics in favour of an “open access” model whereby their research papers are put into the public domain free of charge.

      The academics behind Lingua, who include five researchers at British universities, said they were stepping down in protest at what they said was the refusal of Elsevier, which last year recorded a pre-tax profit of 1bn euros (£710m), to accept their proposals to improve free access to the journal.

      Johan Rooryck, the Dutch professor who is executive editor of the journal, said he and others had become increasingly frustrated after being told by libraries that they could no longer afford to subscribe to Lingua. According to the Elsevier website, the institutional rate for the journal is £1,500 a year for a print copy, although the publisher, like many of its competitors, also offers bundle deals of multiple titles to libraries, thereby reducing the total cost.

      Writing on his Facebook page, Prof Rooryck, who is based at Leiden University, said: “All six editors of Lingua have resigned their positions in reaction to Elsevier’s refusal to accept our conditions of Fair Open Access. Independently, all 31 members of the editorial board have resigned as well.”

      He added: “We are aiming to find a path from subscription-based publishing to an open access one. This has been a long time coming.”

      The group said that once their existing contracts with Elsevier run out at the end of this year they will launch their own open access journal, Glossa, with help of funding from Dutch universities, who have been at the forefront of efforts to end the hegemony of the main academic publishers.

      The Lingua resignations, first reported by the Inside Higher Ed website, could have profound implications for the entire sector by encouraging researchers in other sectors of academia to break rank and set up freely accessible journals to rival established titles. Nearly two million research papers are published every year in no fewer than 28,000 separate journals.

      Supporters of such a development argue that while publishers are entitled to a reasonable income they have too long benefited handsomely from an arrangement whereby they charge academics for publishing their papers and then profit again by selling on research that is publicly-funded in the first place.

      Prof Rooryck said: “Public money must be wisely spent, it is not meant to line the pockets of the shareholders of scientific publishers. Certainly not when university budgets are shrinking everywhere.

      “I believe that scientific results reached with public money should be accessible to all taxpayers who have paid for the public money financing those results.”

      Elsevier defended its position, pointing out that it publishes 300 fully open access journals and the process of maintaining the integrity of a title with peer review, copy editing and publication is costly. The company also said the proposals for open access to Lingua, charging £285 to make an article freely available as opposed to its current rate of £1,000, would have forced its closure.

      In a statement, the publisher said: “Had we made the journal open access only and at the suggested price point, it would have rendered the journal no longer viable - something that would serve nobody, least of which the linguistics community.”

      https://www.independent.co.uk/news/world/europe/lingua-entire-editorial-team-of-respected-linguistics-journal-resign-

  • Pas de passagers avant 2018 pour le bus électrique TOSA à Genève RTS - ats/ta - 13 Décembre 2017

    A #Genève, le bus électrique révolutionnaire #TOSA, victime d’un problème technique lors de sa mise en service dimanche, ne transportera plus de passagers cette année. Une investigation est en cours.


    ABB et HESS, les fabricants du véhicule, ont décidé de faire subir au TOSA une série de tests afin de le remettre en service commercial en janvier prochain. Le #bus-électrique, qui se recharge aux arrêts en s’accrochant à une borne aérienne, était à nouveau en circulation sur la ligne 23 mercredi, mais sans passagers à bord.

    TOSA a été développé à Genève. Ce bus est une première mondiale. Il a la particularité de se recharger très rapidement, en quelques secondes, aux arrêts. Au terminus, les batteries du véhicule, relativement petites, disposent d’un peu plus de temps pour faire le plein d’électricité.
    . . . . .

    La suite : http://www.rts.ch/info/regions/geneve/9171449-pas-de-passagers-avant-2018-pour-le-bus-electrique-tosa-a-geneve.html

    #Suisse #trolleybus sans fil #Nantes en a commandé 20.