person:axel dörner

  • https://www.infocatho.fr/a-leglise-saint-merri-de-paris-le-blaspheme-et-la-profanation-sont-monnaie

    Article extrêmement documenté à propos de toutes les activités sataniques qui ont lieu à l’église Saint-Merri à Paris, où, personnellement, j’ai écouté tellement de beaux concerts, le dernier en date, au printemps, de mon ami Jean-Luc Guionnet et Axel Dörner (qui lui n’est pas mon ami, mais dont j’aime aussi beaucoup la musique). Un tel souci du détail dans la documentation trahit, bien sûr, une volonté, pas du tout masquée, d’édifier les paroissiens urbi et orbi, nul doute. Et on peut par ailleurs se demander ce que cela a du coûter de déplaisirs et de regards de biais pour la personne autrice de cet effort de documentation, tous ces sites internet consultés un chapelet dans la main gauche.

  • https://www.youtube.com/watch?v=6Lk5wHC0fls

    Hier après le concert à l’église Saint-Méri du trio Denzler - Gerbal - Dörner, puis une pièce d’Axel Dörner et une autre de Jean-Luc Guionnet, toutes les deux pour le Umlaut Big Band, concert de pure grâce à vrai dire, forcément, après pareil concert, on parle anches et cuivres, et le nom de Steve Lacy cité par une spectatrice fait reparaître dans mon champ de conscience ce merveilleux saxophoniste que je n’ai plus écouté depuis bien trop longtemps. Et c’est un immense tort, jugez plutôt

  • Elle et B. se croisent à un vernissage
    Elle est saoule
    Je tente une déclaration d’amour en collage

    J’ai réussi un exploit d’organisation
    Aujourd’hui je n’ai rien à faire
    C’en est vertigineux, paralysant

    J’utilise la page de Qui ça ?
    Comme jukebox aléatoire
    Je m’y retrouve totalement

    Je passe devant le carton d’invitation
    D’Agnès Geoffray, je pose un câble USB dessus
    Une image, une photographie

    Je croyais pourtant
    Avoir arrêté
    La photographie

    C’est tout juste
    Si je sais encore
    Changer d’objectif

    C’est tout juste
    Si je sais encore
    Faire la mise au point

    C’est tout juste
    Si je sais encore
    Cadrer

    Mais
    Je sais encore
    Déclencher

    Dans Frôlé par un V1
    Je peine à décrire le croisement
    D’avec les sœurs Le Pen

    Il est en effet nettement
    Plus plaisant de décrire, si bref fut-il
    Le croisement avec Romane Bohringer

    Alors Maréchal-nous-voilà,
    On vient apprendre à dessiner
    Des croix gammées à main levée ?

    Il n’y avait pas d’amour perdu,
    Ni gâché, entre Maréchal
    Et De Jonckheere

    Quelle est la probabilité
    D’avoir, dans son frigo, des huîtres, du beurre
    De la crème, du gingembre et de la coriandre ?

    Je me cuisine
    Pour moi seul
    Des huîtres chaudes !

    Je peine à trouver le sommeil à la sieste
    Action conjuguée de la digestion des huîtres
    Et du souvenir de la soirée avec B. hier soir

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140924_jacques_demierre001.mp3

    Tant pis
    Café
    Axel Dörner

    Je retourne
    À mes Fantômes
    Je retourne en 1986

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/metheny.mp3

    En 1986, j’ai eu mon permis
    J’ai bu une bière avec Pat Metheny
    Je suis entré aux Arts Déco, Daphna

    En 2017, j’ai perdu 25 kilogrammes
    Je suis tombé amoureux d’elle
    Une Fuite en Égypte

    Mais en 2017 aussi, j’ai été très malade
    Très malheureux, elle est partie
    Et Tante Moineau ne s’est pas réveillée

    En 2017, trop tôt pour faire le bilan ?
    Trois amis sont partis
    Encore dimanche. Stop !

    https://www.youtube.com/watch?v=Spwnz4q3iFw

    Des années que je me disais
    Que je devais aller écouter
    Le duo Sarah Murcia – Kamilya Jubran

    Sarah Murcia (b) – Kamilya Jubran (oud, chant)
    Régis Huby (v), Guillaume Roy (a)
    Et Atsushi Sakaï (vcl)

    Rarement ai-je écouté
    Une musique comme celle-ci
    Qui m’atteignait sans passer par la tête

    Il y a des musiques qui rendent triste
    D’autres qui poussent au suicide
    Celle-ci prend au ventre, sans détour

    Après le concert
    Je me demande si je ne trouve
    Pas la clef d’un tel pouvoir

    Sur les partitions de Kamilya Jubran
    On lit la musique de gauche à droite
    Et les paroles, en arabe, de droite à gauche

    Si un jour le récit de J.
    Est porté à l’écran − on peut rêver
    J’ai déjà trouvé mon actrice : Sarah Murcia

    Je repars avec la galette
    Que j’installe sur l’autoradio
    Je peux me sentir tellement heureux parfois

    #mon_oiseau_bleu

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/videos/052.htm

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140924_jacques_demierre001.mp3

    J – 95 : C’est rare mais cela peut arriver : la première partie d’un concert est d’un intérêt supérieur à la seconde partie qui elle avait motivé que vous ressortiez de chez vous par un froid mordant. Ainsi je voulais aller écouter Jonas Kocher à l’accordéon accompagné de Joke Lanz aux platines, en grande partie parce que j’avais été estomaqué par le jeu de Jonas Kocher en trio avec Jacques Demierre au piano et Axel Dörner à la trompette, cette fois je n’aurais pas été déçu nécessairement, en tout cas pas par le jeu toujours extraordinaire de Jonas Kocher, mais déçu parce qu’il m’a semblé qu’en une poignée de minutes Joke Lanz avait soit montré les limites de son dispositif, soit les siennes et que d’une certaine manière Jonas Kocher a donc été incapable de tirer ces dix minutes vers l’heure de jeu tout en nous maintenant captif de son jeu. En soi ce n’est pas un mauvais concert, juste une association qui ne fonctionne pas. Pas bien. Et justement rien à voir (et entendre) avec le trio avec Jacques Demierre et Axel Dörner dont je découvre, par bonheur, deux ans et quelques plus tard, qu’il a été enregistré, et très bien enregistré au vu des difficultés insignes que doit représenter un enregistrement d’une musique qui laisse une certaine part à l’à peine audible.

    En revanche, en première partie, Johanny Melloul (graphiste) et Ogrob (boutons) avaient par ailleurs, ce qui n’était pas prévu au programme mais qui a été infiniment heureux, invité Annie Lam, danseuse buto, laquelle est montée sur la scène au fond de laquelle un écran avait été tendu sur lequel un vidéo projecteur, dans un premier temps envoyait une lumière blanche un peu âpre dont on comprenait sans mal que c’était l’image renvoyée par une caméra filmant une grande feuille blanche au banc titre. Après une dizaine de minutes d’un solo de danse en silence, n’était-ce le bruit de la respiration rauque de la danseuse, des petits grattements se sont fait entendre d’abord doucement et dont on a vite compris qu’ils étaient produits par les feutres avec lesquels Johanny Melloul dessinait, épousant le corps de la danseuse, frottement et grattements qui n’ont pas tardé à être amplifiés et triturés par Ogrob aux boutons, danse, images et sons se renvoyant sans cesse les uns aux autres dans une spirale ascendante vertigineuse. Par moments on voyait les avant-bras de Johanny Melloul faire irruption dans l’image se mélangeant à la fois avec le corps de la danseuse et aussi par échange de tatouages, ceux, discrets, du graphiste sur les avant-bras et ceux de la danseuse, sur tout le corps, des épaules aux mollets. Il est assez difficile de décrire en quelques mots les sensations du spectateur devant cette osmose entre les trois artistes, mais il n’y avait pas que le plaisir esthétique de cette affaire qui entrait en jeu, rendant cette œuvre tricéphale admirablement émouvante, fragile et merveilleuse à la fois et condamnant les spectateurs à une certaine forme de mutisme bêtifiant : c’est beau. En tout cas le spectateur que je suis, qui, par ailleurs, n’a, pour ainsi dire, aucune connaissance en matière de Buto qui permettrait d’étayer un peu le propos, au delà du c’est beau. C’est merveilleux.

    Et en dépit du fait que c’était effectivement beau et merveilleux, sans compter, et c’est peut-être là que se tient le magique de ce spectacle : une tension de tous les diables. Avec trois fois rien. Du papier et des feutres, une danseuse nue et une console MIDI et d’autres tableaux pleins à craquer de fiches comme celles des opératrices du 22 à Asnières.

    #qui_ca

  • Comme promis à @intempestive et @reka

    J – 100 : Pour faire une chouette tarte tatin aux poires. Installez sur la platine le disque de Paul Bley (piano) avec John Surman (anches), Gary Peacock (contrebasse) et Toni Oxley (batterie préparée), versez un monticule approximatif de farine, creusez-y un petit puis dans lequel il faut ajouter une quantité approximative de beurre, un peu de seul et un filet d’huile. Mélangez jusqu’à obtenir quelque chose d’à peu près homogène, puis ajoutez un peu d’eau, pétrissez, rajoutez un peu d’eau, pétrissez, répétez l’opération jusqu’à ce que la boule formée transpire, roulez la alors dans la farine, puis la réservez dans un bol au réfrigérateur. Sortez avec votre fils faire le tour du lac des Minimes dans le Bois de Vincennes, prendre une petite centaine de photographies notamment du petit lac gelé, d’abord à contrejour, puis au contraire dans un éclairage très favorable à la fois chaud et rasant de fin de journée. Partagez une boisson chaude avec vos enfants, eux chocolats chauds, vous un thé. Mettez un disque de Bill Evans au Village Vanguard (Scott La Faro à la contrebasse juste avant de mourir dans un accident de moto, Paul Motian, unique rescapé à l’heure actuelle de ce trio, à la batterie), sortez la pâte du réfrigérateur et laissez-la pas très loin de vos prochaines activités près du réchaud, pour qu’elle se réchauffe gentiment. Préparez un caramel dans lequel vous faites fondre un bon morceau de beurre, ce que votre amie Isa appelle un caramel (un peu) cochon, tout est dans le un peu. Beurrez très légèrement les bords du moule à tarte et faites couler le caramel dans le fond du moule, répartissez le uniformément à l’aide d’une maryse, ou, plus difficile et qui demande un peu de sang-froid étant donné la température du caramel, en agitant élégamment le moule dans des mouvements elliptiques et déliés. Pelez les poires entières à l’économe, répartissez les en quartiers, retirez les trognons puis débitez en quatre ou cinq tranches les quartiers et rangez les harmonieusement dans le caramel qui entretemps a figé (nulle crainte dans la chaleur du four, il va refondre). Mettre un autre disque, Axel Dörner (trompette) avec Phil Minton (voix et autres effets produits avec la gorge), farinez votre plan de travail et un rouleau à pâtisserie, et roulez votre pâte avec lenteur. Décollez-la lentement, pliez-la en deux puis en quatre et posez-la sur les poires et dépliez-la, bordez-la en enfonçant bien la pâte contre les bords beurrés du moule, faites un trou au centre qui servira de cheminée d’évacuation, mettez au four à 200 degrés Celsius pendant une quarantaine de minutes, démoulez dans un plat plus grand (foncez chez vos voisins en emprunter un si vous n’aviez pas bien prévu le truc) juste à la sortie du four. Photographiez votre tarte, ratez votre photographie, pas votre tarte.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/bley_surman_peacock_oxley.mp3

    http://www.desordre.net/musique/evans_vanguard.mp3

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/axel_dorner.mp3

    Et la promenade au bois de Vincennes avec Nathan : http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/images/winter_leaves/index_masque.htm

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_blue_train.mp3

    J-148 : Je me demande si je n’ai pas fini par obtenir la preuve ultime de la malhonnêteté des maisons de disques qui pendant des années nous ont vendu leurs galettes au prix de l’or ou du platine, non pas d’ailleurs que j’avais besoin d’une telle preuve pour savoir cette profession unanimement voleuse.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_good_bait.mp3

    Good bait avec Red Garland

    Le vendredi soir, en sortant du travail, c’est souvent que je vais à la librairie, je m’y achète un livre ou deux, de quoi étancher ma soif de lectures pour le week-end, et bien souvent également, je m’achète un vieux vinyle pour ce plaisir de le faire tourner tout le week-end, en général ce sont des rééditions, de très bonne qualité, de Blue note , des grands classiques de la fin des années 50, début des années 60, parfois ce sont des disques que j’ai enregistrés sur cassette au siècle dernier et que je retrouve avec plaisir, d’autres fois ce sont des disques que je ne connais pas encore, du Wayne Shorter d’avant la rencontre avec Miles et bien avant Weather Report , du Dexter Gordon, tel disque de Herbie Hancock avec un thème à tout casser - Watermelon man - en premier morceau de la première face, et naturellement c’est mon plaisir du samedi matin, je remets un peu d’ordre dans la maison, j’enchaîne les cafés, je bouquine pendant que la galette tourne et retourne.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_countdown.mp3

    Countdown de John Coltrane avec un Cedar Walton un peu dépassé par son soliste

    Depuis quelques temps mon libraire se désespère de ne plus pouvoir me procurer ces galettes, apparemment le catalogue de Harmonia Mundi est indisponible pour des questions judiciaires auxquelles je n’ai pas compris grand-chose, cela fait plusieurs mois que le libraire me dit que cela va revenir, force est de constater que les galettes ne reviennent pas, le bac est vide, littéralement.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_oleo.mp3

    Oleo , John Coltrane au ténor, Ray Draper au tuba qui dépote

    Du coup j’ai jeté un œil nonchalant, et pas très motivé, sur les CD, sauf que les CD, j’ai fait serment de n’en plus acheter qu’à la sortie des concerts notamment aux Instants Chavirés , parce que c’est un excellent moyen de découvrir de nouvelles choses, d’extrapoler dans des directions que l’on a appréciées en concert, sans compter que c’est presque comme de les acheter directement aux musiciens, d’ailleurs c’est que j’ai fait récemment en échangeant avec Axel Dörner et lui achetant deux de ces disques - et c’est littéralement dans les mains de ce trompettiste de génie que j’ai remis les vingt euros pour les deux disques, là on se dit qu’il n’y a pas tromperie, c’est direct du petit producteur au consommateur, si vous me passez l’expression -, un de ces deux disques d’Axel Dörner est une merveille, parmi les plus beaux de ma discothèque.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_wabash.mp3

    Wabash , Julian Cannonball Adderley et John Coltrane, Wabash, du nom d’une rue de Chicago où se trouvait un magasin de produits photo ( Central camera ), où j’ai acheté des kilomètres carrés de papier photo le vendeur était un sosie de Cannonball et cela le faisait rire que moi, blanc, je le sache.

    Des CD j’en ai acheté beaucoup, il y a une vingtaine d’années. En mai 1995, à la suite d’un pari idiot, mais à l’enjeu diabolique, avec mon père — mon père s’appelle Guy — j’ai arrêté de fumer. A l’époque je fumais un peu plus d’un paquet par jour. Cela a été une libération. J’avais fini par accepter de jouer et de parier avec mon père un dimanche soir où j’avais perdu deux heures, peut-être même plus, en écumant les rues de Paris pour trouver des cigarettes, j’avais trouvé la chose humiliante, rabaissant, j’avais soif d’émancipation, même si je ne savais pas très bien ce que cela voulait dire, j’ai décidé de jouer, d’accepter de perdre et aussi d’arrêter de fumer. Les débuts ont été pénibles. De cela je me souviens très bien - un ami tromboniste pourrait témoigner d’un séjour cévenol au cours duquel j’étais particulièrement à cran. Ce dont je me souviens aussi, c’est de m’être rendu compte, à l’époque chaque franc comptait, que ne fumant plus, je faisais chaque mois de très substantielles économies, il semble me souvenir qu’alors je gagnais 6500 francs mensuels nets et qu’une moitié de cette somme était mangée par le loyer et qu’à ce compte-là j’avais bien du mal à acheter du papier et des produits photographiques, je fabriquais moi-même les produits, mais films — en rouleau de trente mlètres qu’il fallait emmbobiner soit même, là aussi pour faire des économies — et papier, surtout le baryté, coûtaient une blinde. À l’époque j’empruntais compulsivement livres et CD à la médiathèque, j’ai dû lire la moitié de ce que la médiathèque comptait de livres du nouveau roman et emprunter et enregistrer, sur cassettes, un bon quart de leurs CD de jazz, nettement moins de classique, le classique c’est venu plus tard. Telle était mon économie, on ne plus tendue, à l’époque.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_billies_bounce.mp3

    Billie’s bounce , Red Garland avec John Coltrane.

    Par curiosité j’ai calculé que j’étais en train d’économiser 500 francs, presque, tous les mois, en ne fumant plus, ce qui équivalait, à l’époque - Chirac venait d’être élu après trente ans de gesticulations et simagrées pour être khalife à la place du khalife -, peu ou prou, au prix de cinq CD : j’ai décidé que désormais, puisque toutes ces années j’étais parvenu à trouver 500 francs par mois pour les brûler et m’intoxiquer de la fumée, chaque jour de paye, une fois par mois donc, j’irai chez le disquaire où je m’achèterais cinq disques, je sortais du magasin chaque fois en m’exclamant, pour moi-même, ils ne m’ont rien coûté. De cette manière j’ai constitué une bonne moitié de ma discothèque, l’autre moitié est venue à partir du moment, paradoxalement, où j’ai prêté serment de ne plus jamais acheter de disques puisque les majors avaient, semble-t-il, gagné leur patient et dégoûtant travail de lobbying et obtenu dans un premier temps la LEN, la loi sur l’économie numérique, et dans une deuxième temps la loi HADOPI, peigne-culs, cela n’a pas freiné mon appétence au téléchargement, au contraire, bien au contraire.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_things_aint_what_they_used_to_be.mp3

    Things ain’t what they used to be , John Coltrane et Paul Quinichette aux ténors, Frank Wess à la flute, et quelle ! et Cadar Walton qui a repris son souffle depuis Giant Steps and Countdown

    Par curiosité je regarde les bacs de CDS et j’avise un petit coffret d’une quinzaine de disques, des débuts de John Coltrane quand il était encore, essentiellement, un sideman de musiciens désormais moins connus que lui, mais qui, à l’époque, fin des années, étaient, par rapport au jeune Coltrane, des étoiles, Paul Quinichette, Tadd Dameron, Red Garland, Cannonball Adderley, dans les quinze disques que renferme ce petit coffret, je dois en avoir quatre ou cinq de ces disques, notamment celui avec Adderley, une merveille, et là où je m’attendais que ce petit coffret soit vendu, au bas mot, à une centaine d’euros, ce que j’aurais trouvé naturellement dégoutant, pas du tout, dix-neuf euros. Soit un euro vingt-six cents le disque.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_cattin.mp3

    Cattin’ , John Coltrane et Paul Quinichette aux ténors

    A ce prix-là, le jazz afficionado que je suis ne fait pas la fine bouche, et donc les quinze disques de Coltrane ont chaleureusement accompagné mon week-end, parmi lesquels j’ai eu le bonheur de retrouver Blue Train , une merveille, la chair de poule, dès le début, cette exposition du thème ampoulée mais magistrale, en pensée, j’ai revu mon appartement de l’avenue Daumesnil les soirées avec mon ami Pascal à se passer du Coltrane jusqu’au bout de la nuit en buvant du whisky - on commençait menu menu avec Blue Train , puis la période avec Miles, Kind of blue et ensuite Giant Steps , la période Atlantic et enfin la face nord avec la période Impulse ! de A Love Supreme à Ascension -, le disque avec Adderley donc, toujours émouvant - Adderley devait être un type bien, un type sympa, il devait exactement savoir que le jeune Coltrane allait bientôt tirer dans une toute autre catégorie que la sienne, du coup, c’est souvent qu’il laisse le premier solo au ténor, ce n’est évidemment pas Miles qui aurait fait cela -, mais aussi des trucs plus improbables, une collection de morceaux avec du tuba dedans et donc son association avec le ténor du jeune Coltrane, oui, je sais je suis en train de vous parler de mon train électrique dans le grenier, bref des morceaux que je connais et d’autres, l’essentiel de ces quinze disques, que je n’ai jamais entendus Dave !

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_mating_call.mp3

    Mating call , John Coltrane et Tadd Dameron

    N’empêche, à la fin de cet excellent week-end de musique et de cafés, sans compter un brin de lecture, notamment Littoral de Bertrand Belin, Je Paye d’Emmanuel Addely que j’ai enfin fini et le début de la Guerre du Cameroun (voir si, des fois, je en parviendrais pas à ressusciter la Petite fille qui sautait sur les genoux de Celine ), je me pose cette question : combien d’étagères aurais-je dû construire dans ma maison si les CDs avaient été à ce prix très raisonnable de 1,26 euros, lequel prix doit encore permettre à ces putains de maisons de disques de faire un peu de bénéfice, sinon, pensez s’il vous vendrez de tels petits coffrets ?

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_eclypso.mp3

    Eclypso , John Coltrane et toutes sortes de chats

    Ces gens-là nous ont volés, pendant des années, des lustres, des décennies. Ils ont continué de nous vendre des CD au prix des vinyles qui eux, apparemment, coûtaient nettement plus cher à fabriquer. Et ce sont les mêmes, vingt ans plus tard, qui ont ensuite œuvré dans les salons de l’Assemblée pour nous empêcher de partager ce que nous aimions tellement écouter ensemble jusqu’au bout de la nuit, en buvant un peu de whisky. Peigne-culs.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_tenor_conclave.mp3

    Tenor Conclave , John Coltrane avec Hank Mobley et Zoot Sims aux ténors, ça envoie un pue du bois quand même

    Et loué soit Coltrane ! Pa pa pa pam, Pom pom pom, Pa pa pa pam, Pom pom pom.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/coltrane_polka_dots_and_moonbeans.mp3

    Polka dots and Moonbeans , John Coltrane, Donald Byrd, Hank Mobley, Elmo Hope, Paul Chambers et Papa Jones derrière les fûts.

    Exercice #47 de Henry Carroll : Liste de livres sur la photographie que vous aimeriez lire.

    Sur le sujet j’ai lu pas mal de choses au point que je ne sais pas si j’ai encore de l’appétit pour de telles lectures. Cela fait des années que je me dis que je devrais lire le livre d’André Rouillé sur la photographie contemporaine, il est même, ce qui est surprenant, dans la bibliothèque du Comité d’Entreprise de la Très Grande Entreprise qui m’emploie, mais sinon la question serait plutôt de savoir quels seraient les livres que j’aimerais relire sur le sujet de la photographie et alors la réponse est simple

    La chambre claire de Roland Barthes
    De la photographie de Susan Sontag
    L’ombre et son instant de Jean-Christophe Bailly.

    #qui_ca

  • Je me demande si je ne vais pas finir par faire partie des meubles aux Instants chavirés , au même titre d’ailleurs que nombre de personnes que je reconnais chaque fois sans mal, et qui doivent être nettement plus assidues que moi, et je vois bien qu’eux ont leurs habitudes, tel type qui est toujours le premier arrivé, qui se rue au premier rang, n’en sera jamais délogeable, à l’entracte ou l’entre deux sets il ne quitte pas cette place du premier rang au centre, il enregistre tous les concerts à l’aide d’un petit enregistreur qu’il sort d’une chaussette noire et qu’il pose tel quel sur son genou, jambes croisées et il ne bouge pas, il doit disposer d’une discothèque extraordinaire des Instants, mais aussi de nombre d’autres lieux de concert, certains parmi les plus reculés, je pense par exemple au troisième sous-sol de la rue Polenceaux où j’ai écouté des concerts irrésistibles notamment de Jean-Luc Guionnet, et le type était là, au premier rang aussi, l’enregistreur posé sur son genou et il me semble que c’est toujours le même genou et donc la même façon de croiser les jambes, pour un encore jeune arthritique comme moi, c’est fascinant cette immobilité, ce confort dans la pause, ce type ferait un excellent modèle assis, son visage d’ailleurs n’est pas inintéressant, si cela se trouve c’est un frère. Dont j’ignore encore tout, mais dont je devine déjà qu’il est informaticien, qu’il s’ennuie toute la journée dans un vaste open space en attendant le soir ayant marqué dans son agenda, presque tous les soirs de la semaine, des dates de concert, aux Instants, mais aussi dans bien d’autres endroits de la région parisienne, enregistrant des heures et des heures de ces concerts de musique contemporaine improvisée et attendant in fine l’âge de la retraite pour se consacrer, enfin, à cette grand recherche d’historien de la musique contemporaine improvisée. Il y a cet autre type nettement plus effacé qui lui sirote des bières tout au fond de la salle, même quand cette dernière n’est pas très remplie, toujours l’épaule gauche appuyée contre le mur, une queue de cheval sur le côté gauche aussi. Et entre ces deux types, plein d’autres types, la moitié de la salle est remplie plus ou moins des mêmes personnes, les femmes ne sont pas très nombreuses, cela dépend un peu des soirs, mais des statistiques même empiriques tendraient à démontrer que la musique contemporaine improvisée est une affaire plutôt masculine, ce dont je doute.

    N’empêche hier soir c’était concert debout aux Instants , pas mes préférés, mais il m’arrive cependant d’y aller, tentant par là même de m’ouvrir à d’autres formes qui sont plus, davantage, les miennes, de la musique très électrifiée et très amplifiée, voire marquée lourdement pour le tempo — mais qu’a fait la musique pour être aussi sévèrement battue ?, pour employer l’expression de L.L. de Mars dans son Dialogues de morts à propos de la musique —, plutôt que ce que je préfère, et de loin, des recherches plus amples, partant d’une séparation ténue entre le silence et le son et progressant avec lenteur vers une complexité accrue, presque narrative par endroits. Et moi les concerts debout, ce n’est plus de mon âge, pas tant pour le volume — encore que je refuse rarement l’offre paradoxale des Instants qui fournissent des boules Quiès pour son public un peu moins jeune, au premier rang duquel on trouve quelque arthritique — mais davantage, parce que debout, ce sont les rotules qui prennent et elles sont, vous l’ai-je déjà dit ?, arthritique. Alors il y a bien, çà et là quelques endroits où l’on peut s’assoir, un peu à ses risques et périls, mais assis, alors on ne voit pas grand-chose des gestes des musiciens, ce qui, quand ils sont, de plus en plus nombreux, tripoteurs de boutons, ne revêt pas de gêne considérable, et pour tout dire j’en ai un peu pris mon parti. Et c’est souvent dans un des deux sièges dits de cinéma, près des toilettes que je finis par échouer, situation imparfaite par excellence, assis certes, mais de travers par rapport à la scène dont j’aperçois quelques extraits, avec force premiers plans obstrués, comme dans certaines de mes photographies de concert où je préfère jouer des premiers plans flous plutôt que de les subir, et surtout plus ou moins sous un des deux haut-parleurs, c’est-à-dire à un endroit où je ne reçois pas grand-chose des bains de pieds, des retours de scène et pas entièrement la sonorisation, mais la plupart du temps, qu’est-ce que j’y suis bien, et bien souvent, même pour les concerts assis, ceux où je peux voir tout aussi bien que tout un chacun dans la salle, la scène, qui, la plupart du temps, est plongée dans un éclairage très médiocre, quand il n’est pas inexistant, et bien je ferme les yeux, pour me concentrer sur la musique. Cela valait bien la peine.

    Et hier soir, concert de la Squadra Omega , jeunes gens italiens jouant fort et par nappes des mélopées pour beaucoup répétitives, pas du tout ma tasse de thé, puis Konstrukt , truc free jazz turc hyper électrifié, John Zorn, sans la virtuosité, l’agression oui, mais pas la maîtrise orchestrale, ni musicale, je me disais, les choses auxquelles on pense au concert, assis à côté de la porte d’entrée des toilettes, fermant les yeux, pas souvent, comprenant que je n’avais pas besoin de ce surcroît de concentration, cette musique ne me posait pas de problème de compréhension, qu’il m’arrivait d’écouter vraiment toutes sortes de choses aux Instants, des choses qui m’emballent, me transportent, me transforment même, la dernière fois Axel Dörner avec Jean-Philippe Gross mais aussi la première partie avec Stéphane Rives et d’autres fois pas du tout, mais alors pas du tout. Et le mieux quand pas du tout c’est encore que cela me laisse indifférent, car il m’est arrivé deux fois de ne pas rester jusqu’au bout du concert, les deux fois, agressé, Stephen O’Maley que j’ai fini par apprivoiser ou encore Otomo Yoshihide, dont j’avais le sentiment ce soir-là, qu’il jouait comme un pied et que tous ses effets échouaient, non sans causer des blessures potentiellement durables à mes oreilles et peut-être pas qu’aux miennes.

    Et hier soir, indifférence. Mais finalement content. J’étais sorti, j’en avais eu le courage, en dépit de la fatigue, j’avais écouté, pas aimé, pas détesté non plus et j’étais retourné chez moi, je m’étais couché en lisant Je Paie d’Emmanuel Adely, la vie est belle, pas toujours parfaitement réussie, mais belle. Dans toute son imperfection. Et une partie de cette vie se passait donc aux Instants Chavirés . Dans toute leur imperfection. Certains soirs sublimes Instants , d’autres soirs, indifférents Instants .

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/musique/couperin.mp3

    Je mène parfois une drôle de vie. Une vie décousue, ou plus exactement cousue de pièces tellement disparates. Ainsi en ce mercredi, je me réveille assez tôt, je prends mon petit déjeuner avec un Nathan bougon, pas anormalement, juste matinalement, Madeleine vient de partir au lycée, Nathan s’en va à son externat médico professionnel, je descends avec une tasse de café dans le garage, je travaille d’arrache-pied à Arthrose , ça avance plutôt pas mal, Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, travaille bien, je parviens à bien doser les différentes tâches en arrière-plan de telle sorte qu’il ne broute pas de trop, vers onze et demie, je remonte du garage, je mets en route le déjeuner des filles, poulet sechuan, je pars chercher Madeleine au lycée en écoutant les Leçons des tenèbres en plein jour de François Couperin, nous déjeunons avec les filles, Nathan rentre, Adèle part à son atelier de céramique, Nathan au cercle d’échecs, je retourne travailler un peu dans le garage, mais Guy commence à brouter gravement, je ne fais rien de bon, je pars chercher Adèle à son atelier pour l’emmener chez l’orthophoniste, dans le salle d’attente d’icelle où je bouquine le Traité de la ponctuation française de Jacques Drillon, il n’y a pas de sotte lecture, nous rentrons, Nathan rentre du cercle d’échecs, nous partons chez son psychologue, nous nous frayons un chemin au travers d’une circulation dense et tendue, pendant que Nathan en découd avec la machine à coudre, je tente de prendre quelques notes avec l’ardoise numérique, succès mitigé, j’expérimente avec la fonction dessin, mes doigts sont tellement gros que je ne vois presque pas où je les pose, mais je m’obstine, le résultat est parfois surprenant, nous rentrons, je dépose Nathan, avale à la volée quelques pâtes préparées par Madeleine et part au concert aux Instants chavirés , je rentre assez tard, après avoir échangé quelques paroles en allemand avec Axel Dörner, cela m’étonne toujours de voir à quel point cette langue peut parfois avoir la capacité de me revenir, je rentre, descends rapidement dans le garage, tisse quelques liens hypertextes depuis le texte central d’ Arthrose , envoie à la fois la compression d’un gros fichier vidéographique et la synchronisation du répertoire des Ursula , et monte finalement me coucher.

    Finalement cela ne me manque pas de trop de ne plus lire le journal.

    Exercice #14 de Henry Carroll : photographiez une ombre (me demander ça à moi !)

    #qui_ca

  • http://www.desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/axel_dorner.mp3

    C’est un vrai plaisir de pouvoir emmener Michele et Raffaella, parisiens les prochains mois, aux Instants Chavirés et c’est amusant de constater la surprise de Michele, cette scène qu’il connait de nom, est en fait un tout petit local qui ne paie pas de mine, dans lequel, ce soir, ne se presse qu’une cinquantaine de personnes, bien avisées d’ailleurs parce que les deux concerts de ce soir sont un ravissement.

    En première partie Stéphane Rives joue du saxophone soprano et chacun de ses souffles est transmis à l’ordinateur de Rodolphe Alexis qui les module, les triture, les amplifie, les distend, rien ne se perd, tout se transforme, tout se gagne, par moments le saxophone tente de reprendre la main, il ne fait qu’alimenter une machinerie plus grande que lui qui, nourri de nouvelles notes, produit de nouveau de grandes plages de plus en plus sonores de plus en plus envahissantes, c’est un univers en quadrophonie de grande intensité qui est joué là sous nos yeux, par Stéphane Rives, vagabond de son propre instrument, itinérant dans les rangs des spectateurs et la silhouette sombre de Rodolphe Alexis, campé derrière un ordinateur de genou, un petit pad midi et une autre table, les deux éclairés à contre-jour par une tout petite lampe de chevet, la lampe de chevet des Instants qui fait de ces derniers la salle la plus sombre du monde, les photographes apprécient, nul doute.

    La deuxième partie n’est pas moche non plus. Jean-Philippe Gross aux boutons abrité derrière une forêt vierge de câbles fichés avec science dans un tableau digne du 22 à Asnières et Axel Dörner trompettiste démultiplié, jouant à la fois de la trompette donc, celle-ci étant munie d’une petite coulisse qui permet certains effets de trombone, mais aussi d’une parure de boutons et de tirettes, permettant l’obtention d’une palette improbable de sons allant du suraigu au souffle à peine audible tellement il est bas, le tout relié à un ordinateur de genou qui triture, module, amplifie et distend les sons reçus de cette trompette protéiforme. L’alliage entre ces deux musiciens est très surprenant, cérébral à bien des égards, on se demande un peu comment ils font pour y retrouver leurs petits dans pareil encombrement dédales de boutons, de fiches et de câbles, mais si vous perdez contact visuel avec ces deux-là, par exemple, en fermant les yeux, c’est un monde étrangement habité de sonorités, de craquements acousmatiques, de fulgurances, de souffles qui ouvrent des plages synthétiques, une musique d’une très grand beauté, architecturée dans les grandes lignes et peuplée d’endroits tout en improvisation. C’est beau c’est extrêmement beau, ça vous brasse de l’intérieur, ici il n’est pas question de s’abriter derrière des effets de crescendo quand on n’a plus rien à dire, pas davantage de faire la liste inventaire de toutes les choses que l’on peut produire avec pareil attirail, non, il est vraiment question de musique, de musique improvisée, mais pas sans l’épure, la beauté d’un dessin qui esquisse une construction même empirique et cela brasse, masse parfois les tympans ou crée encore des sensations purement physiques.

    Comme je suis content que cette première soirée aux Instants pour Michele et Rafaella soit à me mesure de ce qui est produit les grands soirs aux Instants .

    Exercice #14 de Henry Carroll : agrandissez quelque chose de petit.

    #qui_ca