person:boris cyrulnik

  • 65 #intellectuels invités à #débattre à l’#Elysée
    https://lundi.am/65-intellectuels-invites-a-debattre-a-l-Elysee

    "Pour clore en beauté le grand #débat national, 65 « intellectuels » ont été convié à l’Élysée ce lundi 18 mars, auprès du président en personne. Une rencontre qui sera retransmise en direct sur France Culture. Parmi les invités, nous pourrons écouter l’historien Marcel Gauchet, le sociologue Michel Wieviorka ou encore le psychiatre Boris Cyrulnik mais pas l’économiste et philosophe Frédéric Lordon. Alors que ce dernier était dûment invité par M. Macron, il a préféré décliner. Rompu aux usages de la bonne société, M. Lordon n’a cependant pas manqué de s’en excuser publiquement à l’occasion d’une assemblée extraordinaire qui se tenait à la Bourse du travail jeudi 14 [1]. Nous publions ici sa réponse au président ainsi que la vidéo de son intervention."

    • Grand débat : des intellectuels pris en otage
      Par Dominique Méda, professeure d’université Paris-Dauphine — 19 mars 2019 à 15:24
      https://www.liberation.fr/amphtml/debats/2019/03/19/grand-debat-des-intellectuels-pris-en-otage_1716086

      Invitée à débattre lundi soir avec Emmanuel Macron, la sociologue Dominique Méda estime que la rencontre s’est transformée en faire valoir présidentiel. Avec un chef de l’Etat qui n’a absolument pas pris la mesure de l’urgence sociale et écologique.

      Tribune. Selon la définition communément admise (1), le débat est « une discussion généralement animée entre interlocuteurs exposant souvent des idées opposées sur un sujet donné ». Après celui avec les maires, c’était au tour des intellectuels de tomber dans le piège : car de débat il n’y en eut point.

      J’avais accepté l’invitation à participer pensant – bien naïvement je l’avoue – que nous pourrions au moins de temps en temps rebondir pour, à notre tour, répondre au président de la République. Mais il n’en a rien été. Comme avec les maires, le non-débat avec les intellectuels, a consisté en une litanie inexorable de « réponses » d’Emmanuel Macron aux questions posées par les intellectuels. Comme nous étions plus de 60, il aurait fallu pour qu’il puisse y avoir sinon un véritable échange, au moins un retour sur ce qui avait été dit par le Président, que chacun puisse vraiment se limiter à deux minutes de parole. L’envie de chacun d’exposer plus longuement sa vision a fait que l’on a assisté à la juxtaposition de questions-réponses au cours desquelles le Président a eu tout loisir d’asséner ses convictions devant des intellectuels pris en otage (au moins pour ceux qui étaient en désaccord profond avec sa politique, peu nombreux).

      En le regardant parler pendant huit heures, écoutant certes chacun et répondant en effet aux questions, j’ai compris à quoi nous servions. Comme les maires, nous constituions le mur sur lequel le Président faisait ses balles, jouissant de la puissance de ses muscles et de la précision de ses gestes et donc de la propre expression, cent fois ressentie, de son moi. Nous étions son faire-valoir. (...)

    • Psychologie de la connerie Sous la direction de Jean-François Marmion
      octobre 2018 - 384 pages - ISBN : 9782361065096
      https://editions.scienceshumaines.com/psychologie-de-la-connerie_fr-699.htm

      Un monde sans connards est possible !

      En fait, non. Désolés.
      Mais ça n’empêche pas d’y réfléchir. La connerie, chacun la connaît : nous la supportons tous au quotidien. C’est un fardeau. Et pourtant les psychologues, spécia­listes du comportement humain, n’ont jamais essayé de la définir. Mieux la comprendre pour mieux la combattre, tel est l’objectif de ce livre, même si nous sommes vaincus d’avance. Des psys de tous les pays, mais aussi des philosophes, sociologues et écrivains, nous livrent ici leur vision de la connerie humaine.

      C’est une première mondiale. Et peut-être une dernière, profitez-en !

      Avec les contributions de  : Dan Ariely, Brigitte Axelrad, Laurent Bègue, Claudie Bert, Stacey Callahan, Jean-Claude Carrière, Serge Ciccotti, Jean Cottraux, Boris Cyrulnik, Antonio Damasio, Sebastian Dieguez, Jean-François Dortier, Pascal Engel, Howard Gardner, Nicolas Gauvrit, Alison Gopnik, Ryan Holiday, Aaron James, François Jost, Daniel Kahneman, Pierre Lemarquis, Jean-François Marmion, Patrick Moreau, Edgar Morin, Tobie Nathan, Delphine Oudiette, Emmanuelle Piquet, Pierre de Senarclens, Yves-Alexandre Thalmann.

  • De l’École Maternelle aux jardins d’enfants ?

    Il y a quelques années l’école Maternelle, présentée comme une spécificité française, était reconnue comme un point fort de notre système éducatif.

    Ces dernières années, elle a servi de variable d’ajustement lors des suppressions de postes (les effectifs de certaines classes ne permettant plus d’atteindre les objectifs annoncés), elle a subi un recul de l’âge de la scolarisation (avec la disparition des classes de 2 ans ou TPS, préjudiciable notamment pour les élèves les plus fragiles) et elle a été isolée du reste de l’école primaire lors de la dernière réforme des programmes (rattachement de la GS au cycle 1, programmes spécifiques publiés symboliquement à part de ceux de l’élémentaire et du collège).
    Néanmoins ses objectifs, son rôle et son importance ont été réaffirmée.

    Jean-Michel Blanquer a annoncé lors de son arrivée au Ministère qu’il ne réformerait rien, c’est donc assez logiquement que depuis 6 mois, il a défait ce qui avait été mis en place lors du précédent quinquennat et que tous les dossiers imaginables sont aujourd’hui sur la table pour des changements en profondeur du système éducatif, changements qui orienteront durablement celui-ci pour les décennies à venir (à mon avis…).
    Il était donc prévisible qu’il s’attaque à l’école maternelle…

    Jean-Michel Blanquer veut transformer l’école maternelle
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/01/06/01016-20180106ARTFIG00055-jean-michel-blanquer-veut-transformer-l-ecole-mat

    Le ministre de l’Éducation nationale annonce samedi envisager une réforme des formations des enseignants afin notamment de développer le langage des enfants.

    Il a confié la réflexion au neuropsychiatre Boris Cyrulnik en axant la réforme sur l’épanouissement des élèves et de l’apprentissage du langage.

    Le ministre de l’Education s’appuie sur un neuropsychiatre pour « penser la maternelle de demain » (Ouest France)
    https://www.ouest-france.fr/education/ecole/entretien-blanquer-s-appuie-sur-un-neuropsychiatre-pour-penser-la-mater

    Jean-Michel Blanquer veut transformer l’école maternelle. Le ministre de l’Éducation nationale va s’appuyer sur l’expertise du neuropsychiatre Boris Cyrulnik, spécialiste de la petite enfance pour « penser la maternelle de demain ». Des assises réunissant les principaux acteurs de l’école maternelle se tiendront en mars prochain. Objectif : faire en sorte que la maternelle française soit, plus encore, l’école de l’épanouissement et de l’apprentissage du langage.

    Or, Boris Cyrulnik, qui peut tenir des propos très pertinents sur l’école et l’apprentissage (les notes, la bienveillance, les rythmes…), est pour retarder l’âge de scolarisation. Pourtant, les études disponibles montrent l’influence d’une scolarisation précoce sur les inégalités scolaires, notamment dans les quartiers populaires, notamment en langage.

    Boris Cyrulnik : « Peu d’enseignants ont conscience de leur impact affectif sur les enfants » (VousNousIls)
    http://www.vousnousils.fr/2015/06/08/boris-cyrulnik-peu-denseignants-ont-conscience-de-leur-impact-affectif-s

    Nous serions toutefois bien inspirés de prendre exemple sur les pays nordiques. Comme eux, il nous faudrait nous intéresser à la sécurisation des tout petits, retarder leur entrée à l’école, ne pas attribuer de notes en primaire, raccourcir la durée des cours, confier des activités éducatives à des tiers issus du monde de la culture ou du sport, etc.

    Retarder l’âge de scolarisation signifie par ailleurs concrètement la fin de l’école maternelle (publique) au profit de "jardin d’enfants" (privés). Cette idée est déjà dans les esprits voire dans les tuyaux de l’institution ministérielle.

    Haute-Loire : l’Education Nationale propose des jardins d’enfants pour soulager les classes uniques (France 3 Auvergne-Rhône-Alpes)
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/haute-loire/haute-loire-education-nationale-propose-jardins-enfants

    Dans les plus petites communes de Haute-Loire, il ne subsiste souvent qu’une école à classe unique. Difficile pour les enseignants d’y faire la classe de la maternelle au CM2 pour des enfants de 2 à 11 ans. L’inspection académique propose aux maires de créer des jardins d’enfants

    Les mauvais esprits diront que les économies de postes en maternelle financeront les promesses de Macron de dédoubler les CP et CE1… ou juste une réduction des postes dans un contexte d’économies budgétaires. D’autres esprit chagrins remarqueront, une nouvelle fois, que J.-M. Blanquer, cheville ouvrière des sombres années Darcos… fait du Darcos.

    X. Darcos va supprimer l’école maternelle ? (Sébastien Rome)
    https://blogs.mediapart.fr/sebastien-rome/blog/110708/x-darcos-va-supprimer-l-ecole-maternelle

    Le gouvernement va mettre en place un large plan d’économie dans l’Education nationale en réduisant la scolarité des élèves. Progressivement, les élèves de deux ans puis de trois ans et enfin de quatre ans ne seront plus accueillis à l’école maternelle. Le plan en préparation depuis plusieurs mois à Bercy sera bientôt mis en œuvre. En effet, la Caisse d’allocations familiales de Montpellier vient d’annoncer aux crèches et aux PMI qu’elles devraient s’apprêter à accueillir (ou plutôt garder en leur sein) les enfants de 2/3 ans à la rentrée 2009 puis, à terme, les enfants de 3/4 ans.

    #éducation #école_maternelle #cycle1 #réforme #jardin_d'enfants #privatisation

  • Jean-Michel Blanquer veut transformer l’école maternelle
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/01/06/01016-20180106ARTFIG00055-jean-michel-blanquer-veut-transformer-l-ecole-mat

    Le ministre de l’Éducation nationale annonce dans Ouest France vouloir faire de la maternelle « l’école de l’épanouissement et du langage ». Jean-Michel Blanquer a confié pour cela une mission à Boris Cyrulnik, le célèbre neuropsychiatre. Des assises de la maternelle seront organisées à une date non précisée. Le ministre, pour sa première rentrée en septembre dernier, avait déjà souligné vouloir « développer le langage écrit et oral en maternelle, afin de réduire les inégalités. »

    « L’école maternelle doit donner à l’enfant l’appétit d’apprendre (...) », dit le ministre, qui veut faire de la maternelle « un bain de langage, le moyen d’acquérir un vocabulaire riche. » « Le langage est aujourd’hui la première des inégalités qui se traduit par la quantité de vocabulaire maîtrisé ». L’objectif étant d’obtenir une impulsion en vue de la réussite au cours de la scolarisation des élèves, et notamment dès le CP.

    Boris Cyrulnik vante dans Ouest France la méthode de l’attachement, axée sur le langage, le comportement et l’attitude de l’enseignant envers l’enfant. « La formation des professeurs et des intervenants à la maternelle, notamment des Atsem, sera l’un des sujets majeurs des assises. Il s’agira de revoir les formations initiales et continues, peut-être d’aller jusqu’à des formes de certification, mais également de créer de nouveaux outils pédagogiques, dont certains à l’adresse des parents », dit le ministre en complément. « L’école maternelle doit devenir une locomotive pour toute l’école, synonyme de bonheur et non d’angoisse. Une école de la confiance », poursuit-il.

    Jean-Michel Blanquer ajoute ensuite que pour favoriser le plaisir d’apprendre à l’école maternelle, il convient d’améliorer les relations entre les intervenants et les élèves mais aussi l’environnement de l’école (salles de classe, cantine, toilettes, etc.) « Tout a son importance et devra être étudié dans le cadre des assises. »

    À la rentrée de septembre 2017, le ministre avait annoncé que le budget de l’Éducation passerait de 49,3 à 50,5 milliards d’euros dès 2018.

    Ca va être encore une belle manière d’humilier et de précariser les femmes. D’abord les personnes qui travaillent avec la petite enfance sont majoritairement des femmes, ici leurs compétences sont mises en causes. Les injonctions aux « parents » de la part de ce ministre qui a une très grande proximité avec la #manif_pour_tous sera assurément des injonctions patriarcales. Ensuite prendre une psy médiatique qui tiens des propos masculinistes dans la presse grand publique (il entretiens par exemple le myth d’une scolarisation défavorable aux garçons) comme missionnaire sur le sujet tout ca pour former des générations qui n’aurons pas accès à l’université. Ensuite pour ce truc de l’environnement (salles de classe, cantine, toilettes, etc.) connaissant la macronie c’est sûrement un projet de privatisation de cet « environnement ». Si le budget augmente ca sera pour le filer à l’école privée vu que c’est ce qu’a déjà fait Blanquet.

  • L’art comme école, par Nicolas Roméas (Les blogs du Diplo)
    https://blog.mondediplo.net/2017-06-24-L-art-comme-ecole #st

    Parmi les éléments indispensables à la vie individuelle et collective des humains depuis les origines connues, il y en a un que l’on évoque rarement en tant que tel et qui est pourtant essentiel. On parle beaucoup, à juste titre, d’environnement, de géopolitique, de ce qui concourt à maintenir l’être humain en vie sans qu’il en vienne à s’autodétruire, que ce soit par des guerres, en surexploitant et polluant son biotope, ou encore, comme l’a évoqué Boris Cyrulnik à propos d’autres espèces, en se développant à un point si excessif qu’il en perd les codes élémentaires de la vie de groupe. Mais l’élément que l’on omet régulièrement de mentionner, tant l’habitude nous pousse à croire qu’il appartient à une catégorie différente, c’est l’#art.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/71942 via Le Monde diplomatique

  • Résilience, entretien avec Boris Cyrulnik
    https://asile.ch/2017/04/24/resilience-entretien-boris-cyrulnik

    La résilience désigne en mécanique la résistance d’un matériau au choc, sa faculté de retrouver sa forme initiale après un impact. Le mot évoque aussi la capacité psychique d’un individu à se reconstruire après un traumatisme. Né en 1937 à Bordeaux, dans une famille d’immigrés juifs, le psychiatre et psychanalyste français Boris Cyrulnik a survécu […]

  • Éditorial | Dépasser les traumatismes, (re)construire sa vie
    http://asile.ch/2017/03/03/editorial-depasser-traumatismes-reconstruire-vie

    « La façon dont nos sociétés accueillent les personnes forcées à migrer est un indicateur des bouleversements sociaux à venir. » (VE 161, p.2) Rescapé des atrocités de la Deuxième Guerre mondiale, le psychiatre Boris Cyrulnik a reconstruit sa vie en cherchant à comprendre ce qui permet à un enfant qui a connu les pires […]

  • VE 161 | Résilience. Dépasser les traumatismes, (re)construire sa vie
    http://asile.ch/2017/02/24/ve-161-resilience-depasser-traumatismes-reconstruire-vie

    A travers des témoignages, un entretien exclusif de Boris Cyrulnik, des analyses, cette nouvelle édition de la revue Vivre Ensemble explore les conditions nécessaires au dépassement des traumatismes et à la résilience pour les personnes poussées à l’exil. Quelle est l’importance du dialogue, de l’accompagnement individuel dans ce processus ? Comment le monde politique, économique et plus largement la […]

  • Violences sexuelles : au Sénat, les hommes ne se sentent pas tellement concernés - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/02/02/violences-sexuelles-au-senat-les-hommes-ne-se-sentent-pas-tellement-conce

    Ils étaient une petite trentaine, ce jeudi matin, sur les bancs du Sénat, pour assister et participer à un débat sur les violences sexuelles, à l’initiative de la sénatrice Europe Écologie-les Verts du Val-de-Marne Esther Benbassa. Dans l’hémicycle, à peine sept hommes en fin de séance. A la tribune, uniquement des femmes, parmi lesquelles la ministre Laurence Rossignol, venues parler de l’importance de libérer la parole des victimes. Le déséquilibre femmes-hommes saute aux yeux, alors que le Palais du Luxembourg est pourtant loin d’être très féminisé : seulement un sénateur sur quatre est une sénatrice. Les sénateurs avaient-ils oublié de régler leur réveil ? Ce désintérêt a en tout cas été relevé par plusieurs élues, et déploré par Esther Benbassa : « Les violences sexuelles ne sont nullement une affaire de femmes », a-t-elle insisté, devant les élus et la presse (quasi exclusivement féminine, elle aussi), rappelant que 62 000 femmes et 2 700 hommes sont chaque année en France victimes d’au moins un viol ou une tentative de viol, selon une enquête de l’Ined (dont Libération vous parlait ici).

    #violences_sexuelles #violence_masculine #fraternité #domination_masculine #viol

    • Une proximité qui empêche beaucoup de victimes de parler : si la médiatisation de certaines affaires a participé à la libération de la parole ces derniers mois, l’omerta est encore la règle, et la parole, « le premier tabou », selon le Collectif féministe contre le viol (CFCV). Dans son ouvrage Mourir de dire : la honte (Odile Jacob, 2010), le psychiatre Boris Cyrulnik explique ainsi comment on l’a « forcé à [s]e taire » : « Si je vous dis ce qui m’est arrivé, vous n’allez pas me croire, vous allez rire, vous allez prendre le parti de mon agresseur, vous allez me poser des questions obscènes ou pire, vous aurez pitié de moi. »

      Ce Boris Cyrulnik n’est pas membre de CFCV et son discours est sexiste, misogyne ( http://allodoxia.blog.lemonde.fr/?s=Boris+Cyrulnik+%3A+stop+ou+encore+%3F ) et libé ne trouve que ce mec à cité sur le sujet. Mec qui ose en plus tourner le sujet pour se faire passer pour une victime. Comme si il n’y avait pas des personnes à CFCV digne d’etre citées. Et pas de femmes spécialistes du sujet pour qu’on aille chercher ce patriarche et le laisser enfiler des banalités androcentrées.
      #invisibilisation_des_femmes #sexisme

      Le titre est aussi un bel euphémisme, c’est pas que « les hommes ne se sentent pas tellement concernés » c’est que les hommes sont clairement pour le viol, pour le harcèlement sexuel des femmes, pour l’humiliation des femmes dans la sexualité et ils sont solidaires entre eux pour bloquer tout changement à ce sujet.

  • Entretien
    « La tentation du Bien est beaucoup plus dangereuse que celle du Mal »

    Par Nicolas Truong

    Boris Cyrulnik et Tzvetan Todorov, deux intellectuels, deux observateurs engagés de nos sociétés, dialoguent sur la capacité des individus à basculer dans la « barbarie » ou bien à y résister.

    Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d’enseignement à l’université de Toulon. Tzvetan Todorov est historien et directeur de recherche honoraire au CNRS. Tous deux ont traversé l’époque de manière singulière. Tous deux sont devenus des penseurs plébiscités et des observateurs engagés de nos sociétés.

    Le premier, né en 1937 dans une famille d’immigrés juifs d’Europe centrale et orientale, fut l’un des rares rescapés de la rafle du 10 janvier 1944 à Bordeaux et popularisa, bien des années plus tard, le concept de « résilience », cette capacité psychique à se reconstruire après un traumatisme. Le second, né en 1939 à Sofia (Bulgarie) et théoricien de la littérature, rejoint Paris en 1963 et s’attache depuis les années 1980 aux questions mémorielles et au rapport à l’autre.

    Boris Cyrulnik a publié Ivres paradis, bonheurs héroïques (Odile Jacob, 2016), ouvrage sur le besoin et la nécessité de héros pour vivre et survivre. Tzvetan Todorov a écrit Insoumis (Robert Laffont/Versilio, 2015), portrait de ces contemporains qui, tels Etty Hillesum ou Germaine Tillion, Malcolm X ou Edward Snowden, ont su dire « non » et fait preuve de résistance à l’oppression.

    Tous deux dialoguent sur la capacité des individus à basculer dans la « barbarie » ou bien d’y résister au moment où une Europe meurtrie et apeurée par les attentats s’interroge sur son devenir.

    Quels héros vous ont aidé à vous structurer ?
    Tzvetan Todorov (T. T.) : J’ai grandi dans un régime totalitaire communiste où les modèles pour les enfants étaient des personnages tels que Pavlik Morozov, un garçon qui avait dénoncé son père comme koulak et que sa famille avait tué pour cette raison. Ou alors des personnages qui avaient lutté contre le « joug turc » au XIXe siècle. Tout cela ne suscitait pas beaucoup d’échos en moi. Mais j’aimais et admirais beaucoup mes parents et mes amis.

    Arrivé en France à l’âge de 24 ans, j’avais contracté une méfiance généralisée envers tout ce que l’Etat défend et tout ce qui relevait de la sphère publique. Mais, progressivement, j’intériorisais ma nouvelle situation de citoyen d’une démocratie – en particulier une sorte de petit mur est tombé dans mon esprit en même temps que le mur de Berlin, ce qui m’a permis d’accéder aussi à cette sphère publique. Je ne me sentais plus conditionné par cette enfance et cette adolescence vécues dans un monde totalitaire. Néanmoins, je restais indifférent aux grands personnages héroïques, glorifiés dans le cadre communiste, et attaché à des individus tout à fait ordinaires qui ne cherchaient pas à sacrifier leur vie, mais témoignaient plutôt d’un souci quotidien pour les autres.

    Deux personnages m’ont marqué particulièrement par leur parcours de vie et par leurs écrits. Dans Vie et Destin, ce roman épique sur la seconde guerre de l’écrivain russe Vassili Grossman [1905-1964], il y a une idée forte qui ne cesse de m’accompagner : la tentation du Bien est dangereuse. Comme le dit un personnage de ce livre, « là où se lève l’aube du Bien, les enfants et les vieillards périssent, le sang coule », c’est pourquoi on doit préférer au Bien la simple bonté, qui va d’une personne à une autre.

    La deuxième figure qui m’a beaucoup marqué, Germaine Tillion [1907-2008], ethnologue et historienne, résistante et déportée, je l’ai rencontrée quand elle avait 90 ans mais se portait comme un charme. Elle m’a ébloui non seulement par sa vitalité, mais par son cheminement : pendant la guerre d’Algérie, elle avait consacré toutes ses forces à sauver des vies humaines, de toutes origines, refusant d’admettre qu’une cause juste rende légitime l’acte de tuer. Vous voyez, mes héros ne sont pas des personnages héroïques. Mais plutôt des résistants.

    Boris Cyrulnik (B. C.) : Tzvetan Todorov a été élevé dans un régime certes totalitaire, mais aussi dans une famille et au sein d’institutions sociales, bien sûr très écrasantes, mais structurantes. Alors que ma famille a éclaté pendant le second conflit mondial. J’ai retrouvé après la guerre une tante qui m’a recueilli et un oncle qui s’était engagé dans la résistance à l’âge de 17 ans. Mais, pendant la guerre, je pensais que toute ma famille était morte.

    Seul, sans structure, sans famille, j’avais bien compris que j’étais condamné à mort. Arrêté à l’âge de 6 ans et demi par les nazis, j’avais clairement compris que c’était pour me tuer. Il n’y avait pas de doute. J’avais besoin de héros puisque j’étais seul. Je n’avais pas d’image identificatoire ni repoussoir. S’opposer, c’est se poser. Moi, je n’avais personne, juste le vide, je ne savais même pas que j’étais juif, je l’ai appris le jour de mon arrestation, et j’ai appris que ce nom condamnait à mort. Donc j’ai eu une ontogenèse très différente de celle de Tzvetan Todorov.

    Mon bourreau ne nous considérait pas comme des êtres humains. Et, dans mon esprit d’enfant, je me disais : il faut que je devienne physiquement fort comme Tarzan et, quand je serai fort comme Tarzan, j’irai le tuer. Tarzan me servait d’image identificatoire. J’étais petit, j’étais rachitique – j’ai retrouvé des photos de moi après guerre, j’étais d’une maigreur incroyable –, donc je me disais : il faut que je devienne grand, il faut que je devienne fort et musclé pour que je puisse le tuer. Donc Tarzan m’a sauvé.

    Qu’est-ce qui fait qu’un individu s’attache plutôt à des héros bénéfiques ou bien à des héros maléfiques ? La tentation du Mal est-elle aussi puissante que la tentation du Bien ?
    T. T. : Pour moi, la tentation du Mal n’existe presque pas, elle est très marginale à mes yeux. Il existe sans doute quelques marginaux ici et là qui veulent conclure un pacte avec le diable et faire régner le Mal sur la Terre, mais de ce point de vue je reste plutôt disciple de Grossman, pour qui le Mal vient essentiellement de ceux qui veulent imposer le Bien aux autres. La tentation du Bien me semble donc beaucoup plus dangereuse que la tentation du Mal.

    Je dirais, au risque d’être mal compris, que tous les grands criminels de l’histoire ont été animés par le désir de répandre le Bien. Même Hitler, notre mal exemplaire, qui souhaitait effectivement le Mal pour toutes sortes de populations, en même temps espérait le Bien pour la race élue germanique aryenne à laquelle il prétendait appartenir.

    C’est encore plus évident pour le communisme, qui est une utopie universaliste, même si, pour réaliser cette universalité, il aurait fallu éliminer plusieurs segments sociaux de cette même humanité, qui ne méritaient pas d’exister : la bourgeoisie, les koulaks, etc. Les djihadistes d’aujourd’hui ne me paraissent pas animés par le désir de faire le Mal, mais de faire le Bien, par des moyens que nous jugeons absolument abominables.

    Pour cette raison, je préfère ne pas parler de « nouveaux barbares ». Parce que la barbarie, qu’est-ce que c’est ? La barbarie n’est pas l’état primitif de l’humanité : depuis les premières traces de vie humaine, on trouve aussi des preuves de générosité, d’entraide. De nos jours, les anthropologues et les paléontologues affirment que l’espèce humaine a su survivre et s’imposer, alors qu’elle n’était pas la plus forte physiquement, grâce à l’intensité de la coopération entre ses membres, lui permettant de se défendre contre les menaces qui la guettaient.

    La barbarie, c’est plutôt le refus de la pleine humanité de l’autre. Or bombarder de façon systématique une ville au Moyen-Orient n’est pas moins barbare que d’égorger un individu dans une église française. Cela détruit même beaucoup plus de personnes. Lors des attentats dont Paris a été victime dernièrement, on a sous-estimé l’élément de ressentiment, de vengeance, de représailles, qui était immédiatement mis en avant quand on a pu interroger ces individus ou dans leurs déclarations au moment de leurs actes. Ils n’agissaient pas de façon irrationnelle, puisqu’ils pensaient atteindre les objectifs qui étaient les leurs en tuant indifféremment des personnes qui se trouvaient sur leur chemin : ils voulaient répondre à la guerre par la guerre, ce qui est une logique hélas répandue dans l’histoire de l’humanité.

    Qu’est-ce qui fait qu’on bascule du côté de la tuerie au nom d’une idéologie ?
    B. C. : La bascule se fait lorsqu’on se soumet à la théorie du Un, comme le dit le linguiste allemand Victor Klemperer. Si l’on en vient à penser qu’il n’y a qu’un seul vrai dieu, alors les autres sont des faux dieux, ceux qui y croient sont des mécréants, des « mal-croyants » dont la mise à mort devient quasiment morale. Si on se soumet à la théorie du Un, on peut basculer.

    Le mot « barbare », en effet, ne convient pas. C’est dans la belle culture germanique de Goethe et de Kant que s’est déroulée l’une des tragédies les plus honteuses du XXe siècle. Le psychiatre américain Leon M. Goldensohn [1911-1961], qui, lors du procès de Nuremberg, expertisa la santé mentale des vingt et un accusés nazis, interrogea Rudolf Höss, le directeur du camp d’Auschwitz, qui lui répondit en substance : « J’ai passé à Auschwitz les plus belles années de ma vie. » Comment est-ce pensable ? Rudolf Höss poursuit : « Je m’entendais bien avec ma femme, j’avais quatre enfants que j’aimais beaucoup. »

    Dans Les entretiens de Nuremberg, où figurent ces discussions, il y a même la photo de la maisonnette et du « bonheur » domestique du directeur du camp d’Auschwitz. « En même temps, poursuit-il, j’avais un métier bien difficile, vous savez, il fallait que je fasse disparaître, que je brûle 10 000 corps par jour, et ça, c’était difficile, vous savez. »

    Donc l’expression que je propose pour comprendre ce phénomène paradoxal est celle de « morale perverse ». Un individu peut être parfaitement éthique avec ses proches, qu’il cherche à défendre et à comprendre – ma femme, mes enfants, etc. – mais les juifs, ce n’est pas les autres, les Tziganes ce n’est pas les autres, les Nègres sont des humains, mais ils sont inférieurs, donc on en fera de l’élevage. Il est moral d’éliminer les juifs comme il est moral de combattre la souillure d’une société pour que notre belle race blonde et aux yeux bleus aryens puisse se développer sainement.

    C’est au nom de la morale, c’est au nom de l’humanité qu’ont été commis les pires crimes contre l’humanité. C’est au nom de la morale qu’ont été commis les pires crimes immoraux. Morale perverse, donc : on est moraux avec ceux qui partagent notre monde de représentation et on est pervers avec les autres parce que la définition de la perversion, c’est pour moi celle de Deleuze et de Lacan : est pervers celui qui vit dans un monde sans autre.

    T. T. : Le jugement moral se constitue à plusieurs niveaux successifs. Au départ, la distinction même du Bien et du Mal peut être absente, faute d’avoir entouré le petit être humain par des soins et de l’avoir protégé par des attachements. Le résultat de ce manque est le nihilisme radical. Le deuxième pas dans l’acquisition du sens moral consiste à dissocier l’opposition du Bien et du Mal de celle entre Je et Autrui ou entre Nous et les Autres ; l’adversaire ici est l’égoïsme ou, sur le plan collectif, l’ethnocentrisme. Enfin le troisième degré consiste à renoncer à toute répartition systématique du Bien et du Mal, à ne pas situer ces termes dans une quelconque partie de l’humanité, mais à admettre que ces jugements peuvent s’appliquer aussi bien à nous qu’aux autres. Donc, à combattre le manichéisme du jugement.

    A chacun de ces stades peut s’installer la perversité dont on parle. Il n’existe pas deux espèces d’êtres humains, les uns qui risquent de fauter et les autres, dont nous ferions partie, à qui ça n’arrivera jamais. D’un autre côté, si on s’ouvrait à une compassion universelle, on ne pourrait plus vivre, on devrait aider tous les sans-abri, tous les mendiants qu’on rencontre dans la rue et partager avec eux ce qu’on a, or on ne le fait pas et on ne peut le faire – sauf si on est un saint. Il y a une sorte d’équilibre qui doit s’établir entre la protection de soi et le mouvement vers autrui. Mais ignorer l’existence des autres, c’est cesser d’être pleinement humain.

    B. C. : J’étais emprisonné dans la synagogue de Bordeaux, ville où 1 700 juifs ont été raflés le 10 janvier 1944 par Maurice Papon. Il n’y eut que deux survivants, dont votre serviteur. Et j’ai retrouvé le fils et les petits-enfants de Mme Blanché, la dame mourante sous laquelle je me suis caché afin d’échapper à la rafle, avec lesquels j’entretiens aujourd’hui des relations amicales. Oui, la vie est folle, c’est un roman.

    Quand j’étais emprisonné, il y avait un soldat allemand en uniforme noir qui est venu s’asseoir à côté de moi un soir. Il me parlait en allemand et me montrait des photos d’un petit garçon. Et j’ai compris – sans comprendre sa langue – que je ressemblais à son fils. Cet homme avait besoin de parler de sa famille et de son enfant qu’il ne voyait pas, ça lui faisait du bien. On peut dire que j’ai commencé ma carrière de psychothérapeute ce soir-là !

    Pourquoi est-il venu me parler ? Je l’ai compris en lisant Germaine Tillion, qui raconte que, lorsque les nouvelles recrues de femmes SS arrivaient à Ravensbrück, elles étaient atterrées par l’atrocité du lieu. Mais, dès le quatrième jour, elles devenaient aussi cruelles que les autres. Et, quand Germaine Tillion donnait des « conférences » le soir à Geneviève de Gaulle et à Anise Postel-Vinay, elle les faisait souvent sur l’humanisation des gardiens du camp.

    Elle disait : ce qui nous faisait du bien, quand on voyait un gardien courtiser une femme SS, c’est que c’était donc un être humain. Elle ne voulait pas diaboliser ceux qui la condamnaient à mort, elle voulait chercher à découvrir leur univers mental. Et c’est en lisant Germaine Tillion que je me suis dit : voilà, j’avais à faire à des hommes, et non pas à des monstres. Parce que comprendre, c’est non pas excuser, mais maîtriser la situation. Arrêté à l’âge de 6 ans et demi, j’étais considéré comme « ein Stück », une chose qu’on pouvait brûler sans remords, qu’on pouvait tuer sans culpabilité puisque je n’étais pas un être humain, mais « ein Stück ».

    Donc, contrairement à ce que l’on dit souvent, notamment à propos du djihadisme, il faut chercher à le comprendre, et non pas refuser, par principe, l’explication ?
    B. C. : Evidemment. La compréhension permet de lutter et d’agir. Par exemple, sur le plan psychosocial, le mot « humiliation » est presque toujours utilisé par ceux qui passent à l’acte. L’humiliation du traité de Versailles a été momentanément réelle, parce que pendant quelques années les Allemands ne pouvaient pas reconstruire une société, tout ce qu’ils gagnaient partant en dommages de guerre pour la France.

    Mais les Allemands oubliaient de dire que dans les années 1920 – lorsque les politiques ont compris que ça empêchait l’Allemagne de se reconstruire – il y eut un véritable plan Marshall pour aider leur pays à se reconstruire. Donc le mot humiliation servit d’arme idéologique pour légitimer la violence des nazis – comme celle des djihadistes, d’ailleurs. Tous les totalitarismes se déclarent en état de légitime défense. Il leur paraît normal et même moral de tuer sans honte ni culpabilité.

    Aujourd’hui, sur environ 8 400 fichés « S », rappelle une enquête du CNRS, on dénombre près de 100 psychopathes. La psychopathie, ce n’est pas une maladie mentale, mais une carence éducative et culturelle grave. Ce sont des enfants qui n’ont pas été structurés par leur famille, ni par la culture ni par leur milieu. Quand il n’y a pas de structure autour d’un enfant, il devient anomique, et l’on voit réapparaître très rapidement des processus archaïques de socialisation, c’est-à-dire la loi du plus fort.

    Michelet le disait : quand l’Etat est défaillant, les sorcières apparaissent. Cent psychopathes sur 8 400 cas, c’est la preuve d’une défaillance culturelle. C’est une minorité dans les chiffres, mais c’est une majorité dans les récits et l’imaginaire parce que le Bataclan, le Stade de France, Nice ou le 13-Novembre font des récits atroces et spectaculaires qui fédèrent une partie de ces meurtriers.

    T. T. : Très souvent, ces jeunes qui s’égarent dans le djihad cherchent un sens à donner à leur vie, car ils ont l’impression que la vie autour d’eux n’a pas de finalité. S’ajoute à leurs échecs scolaires et professionnels le manque de cadre institutionnel et spirituel. Quand je suis venu en France en 1963, il existait un encadrement idéologique très puissant des jeunesses communistes et des jeunesses catholiques. Tout cela a disparu de notre horizon et le seul épanouissement, le seul aboutissement des efforts individuels, c’est de devenir riche, de pouvoir s’offrir tel ou tel signe extérieur de réussite sociale.

    De façon morbide, le djihad est le signe de cette quête globale de sens. Il est la marque de cette volonté de s’engager dans un projet collectif qui frappe souvent des personnes qui jusque-là étaient en prison pour des petits vols et des menus crimes, mais qui cessent de trafiquer, de boire ou de fumer du haschisch pour être au service d’une doctrine vraie, de ce « Un » dont vous parliez tout à l’heure. Ils sont d’abord prêts à sacrifier la vie d’autrui, mais ensuite la leur aussi.

    Y a-t-il des héros ou des contre-récits qui pourraient permettre de structurer davantage leur univers mental ?
    T. T. : Oui, je crois beaucoup à cette force du récit, qui est bien plus grande que celle des doctrines abstraites et qui peut nous marquer en profondeur sans que nous en soyons conscients. Ces récits peuvent prendre la forme d’images idéelles, comme Tarzan et Zorro pour Boris Cyrulnik. Mais il y en a beaucoup d’autres encore. Dans mes livres, j’essaie de raconter moi-même des histoires, que ce soit la conquête de l’Amérique ou la seconde guerre mondiale. Mais c’est un travail qui doit se répercuter dans notre culture politique et dans notre éducation.

    Dans une classe d’une école parisienne aujourd’hui, on trouve des enfants de quinze origines différentes. Comment, sans rire, leur parler de nos ancêtres les Gaulois ? Je ne pense pas pour autant qu’il faudrait leur enseigner l’histoire ou la mémoire des quinze nationalités qui se retrouvent dans cette classe. On doit leur apprendre une histoire de la culture dominante, celle du pays où l’on se trouve, mais de manière critique, c’est-à-dire où l’on n’identifie aucune nation avec le Bien ou le Mal. L’histoire peut permettre de comprendre comment une nation ou une culture peut glisser et basculer dans le Mal, mais aussi s’élever au-dessus de ses intérêts mesquins du moment et contribuer ainsi à une meilleure vie commune. Bref, sortir du manichéisme qui revient en force aujourd’hui.

    Comment expliquez-vous ce qui apparaît comme une déprime collective française ?
    B. C. : Les conditions réelles d’existence d’un individu ont rarement à voir avec le sentiment de dépression. On peut avoir tous les signes du bien être – emploi et famille stables – et déprimer. Et, à l’inverse, on peut vivre dans des conditions matérielles très difficiles et ne pas déprimer. Il n’y a pas de causalité directe de l’un à l’autre. On peut avoir un sentiment de tristesse et de dépression provoqué par une représentation coupée du réel. Dans ces moments-là, ce qui provoque la dépression ou l’exaltation, ce sont les fabricants de mots. Je voyage beaucoup à l’étranger et je vous assure que les gens sont étonnés par notre déprime, ils n’en reviennent pas. Ils disent : « Mais nous, on prend tout de suite la condition de vie des Français, on la prend tout de suite ! »

    T. T. : Pour quelqu’un qui a sillonné plusieurs pays, il y a en France un pessimisme, une déprime, une complaisance excessive à observer le déclin, que je m’explique par le fait qu’au XXe siècle la France est passée d’un statut de puissance mondiale à un statut de puissance de deuxième ordre. Cela conditionne en partie cette mauvaise humeur, constitutive aujourd’hui de l’esprit français.

    Pourtant, les attentats et le retour du tragique de l’Histoire sur notre sol ont bel et bien miné le quotidien de chacun… La France serait-elle une nation résiliente ?
    T. T. : Je vois paradoxalement quelque chose de positif dans cette situation. Bien sûr, on ne peut se réjouir de l’existence de ces victimes en France. Mais il est salutaire de prendre conscience de la dimension tragique de l’Histoire, de ce que la violence n’est pas éliminée de la condition humaine juste parce qu’en Europe les Etats ne sont plus en guerre les uns contre les autres.

    B. C. : La réaction aux attentats a été magnifique à Paris et honteuse à Nice. Les Parisiens et les Français se sont solidarisés pour signifier : « Nous ne nous soumettrons pas, mais nous ne nous vengerons pas. Ne nous laissons pas entraîner dans la spirale de la violence. » J’étais à Munich, le soir du Bataclan. Le lendemain, dans les rues, j’ai vu des manifestants de Pegida qui n’attendaient qu’un incident pour déclencher une ratonnade.

    A Nice, quand les familles musulmanes ont voulu se rendre sur les lieux du massacre pour se recueillir, on leur a craché dessus en criant : « Rentrez chez vous, sales Arabes. » Or ils sont chez eux puisqu’ils sont Français.

    Par ailleurs, je ne comprends pas le mouvement de lutte contre l’islamophobie, qui fait des procès à ceux qui ont peur de l’islam et n’en fait pas aux assassins qui provoquent la peur de l’islam. Pour éviter les réactions racistes et s’opposer aux terroristes, il faut se rencontrer et parler. Plus on se rencontre, moins il y a de préjugés.

  • J – 128 : Je dois terriblement vieillir au point sans doute de me fossiliser de mon propre vivant. Par exemple c’est de plus en plus souvent que je constate mon désintérêt dans une exposition d’art contemporain, désintérêt qui parfois s’orne également d’un peu de mépris ou tout simplement de soupirs lassés. Je me demande cependant si je ne suis pas parvenu à mettre le doigt dessus à l’exposition annuelle du Prix Marcel Duchamp à Beaubourg sans compter que la semaine dernière une rapide promenade dans les collections contemporaines du musée, le fameux nouvel accrochage dont on fait grand cas dans le milieu de l’art contemporain, cette rapide déambulation m’avait déjà ennuyé jusqu’à l’agacement. En soi ce n’est pas grave, je peux difficilement être retenu comme un étalon du bon goût en matière d’art contemporain, un repère de bon jugement, il y aurait des limites immédiates à ce que mon jugement, lapidaire et amateur par excellence, puisse servir de boussole, en revanche je me désole, qu’en étant, a priori, une personne, qui a un vrai goût pour l’art contemporain, s’emmerde, il n’y a pas d’autres verbes, dans les expositions des derniers développements de l’art contemporain, pas toutes, mais cela arrive quand même souvent.

    Ainsi cette fameuse exposition de ce qui devrait être le sang neuf de la création contemporaine, le prix Marcel Duchamp, et donc, les quatre finalistes de 2016, Kader Attia, Yto Barrada, Ulla von Brandenburg et Barthélémy Toguo.

    Je ne peux m’empêcher de me navrer qu’il est devenu impossible de rentrer dans la perception de telles œuvres sans lire des textes de présentation qui sont longs comme le bras et qui décrivent par le menu toutes les symboliques qu’il convient que le visiteur décèle dans les signes d’œuvres amorphes et, sans une telle lecture, impossible, même pour un visiteur un peu aguerri tout de même, en l’occurrence, moi, qui visite des expositions d’art contemporain depuis une trentaine d’années, d’établir de liens entre l’œuvre, à première vue, et les intentions capillotractées des artistes. Ainsi quand on pénètre dans cette exposition collective, on tombe sur d’immenses jarres de Barthélémy Toguo, en porcelaine, à la façon de celles que l’on trouve à l’entrée de la plupart des restaurants chinois et dont les motifs sont le répertoire habituel de dragons et de fleurs d’orchidées, à la différence près que les jarres de Barthélémy Toguo sont immenses, plus grandes que les visiteurs qui donc ne peuvent regarder dans la jarre, et qui sont ornées de motifs, certes asiatisants, si vous me passez l’expression, mais néanmoins certains motifs sortent du lot, notamment un visage dont on comprend qu’il s’agit de celui de l’artiste et de représentations qui sont telles des constellations. Dans cette forêt de jarres hypertrophiées, en son centre, se trouve une manière de clairière, qui accueille une paillasse de carreaux blancs sur lesquels sont posées des petites formes abstraites manifestement obtenues par la pulvérisation de ces substances de rebouchage bien commode que l’on trouve dans les magasins de bricolage, et qui évoquent, lointainement des corps cellulaires, des amibes, et encore je mentionne la chose uniquement parce que j’ai déjà commencé à loucher du côté des explications sérigraphiées sur les murs de l’exposition (et je précise que c’est sérigraphié, ce que j’ai appris il y a quelques années d’un ami sérigraphe dont c’est devenu la spécialité, la sérigraphie verticale, uniquement pour sous entendre que si à moi on offrait la possibilité de sérigraphier quoi que ce soit sur un mur dans un musée, je crois que j’aurais à cœur de choisir des images qui en valent la peine, et, si je suis contraint d’en rester au texte, le texte que j’écrirais pour la circonstance aurait, je l’espère, une autre portée que celle d’explications de ce qu’il convient de voir et déceler dans les œuvres contenues dans cette grande pièce d’exposition).

    Je ne doute pas que l’on puisse travailler, dans le cas présent, celui de Barthélémy Toguo, sur une thématique un peu pointue tout de même, ici une ode à la recherche scientifique en matière de SIDA, à sa grande créativité qui n’est pas rappeler celle des artistes, encore que là..., chacun voit la beauté où il veut, no problem , mais enfin il me semble que le propos peut être un peu plus critique de l’enjeu que de vaguement suggérer par des moyens tellement tellement indirects que la recherche est vertueuse et pleine d’imagination que c’en est presque de l’art. Franchement. Je n’ose imaginer la facture de réalisation d’une telle exposition pour accoucher d’un propos tellement maigre en somme.

    Ce qui est embêtant dans cette première œuvre de l’exposition c’est la façon dont elle conditionne le regard du spectateur, c’est une exposition collective et donc on va retrouver des préoccupations comparables chez les trois autres artistes, et de fait l’exposition de Kader Attia est une longue explication avec une vidéo surplombante dans laquelle se succèdent des personnalités philosophantes pour donner leur point de vue sur des sujets costauds, la mort, la religion, les morts, les fantômes, le deuil, au milieu desquelles personnalités on trouve Boris Cyrulnik qui, comme à son habitude, parle d’autorité, de sa haute autorité d’imposteur, et on comprend in fine que ce parcours chargé doit servir de justification intellectuelle à une œuvre qui est assez belle en soi et qui en fait se passerait très bien du verbiage précité, mais étant fabriqué dans des matériaux peu nobles, ce sont des sortes de totems constitués de compartiments d’emballage, on sent une incapacité de l’artiste de les imposer en tant que telles sans les habiller d’un discours qui fait autorité justement, quelle curieuse conception de l’art, c’est un peu comme si Mario Merz, Yannis Kounellis ou encore Gilberto Zorio, ou même encore Josef Beuys, affichaient à l’entrée de leurs expositions un petit texte plaintif à l’adresse des visiteurs pour indiquer qu’il s’excusaient d’avoir travaillé avec du feutre, de la récupération de palissade, du bois de coffrage, du rebut, de la paille, de la graisse, etc...

    Je passe sur l’œuvre assez ratée d’Ulla von Brandenburg, autrement plus inspirée en d’autres occasions, et pareillement le travail très riche d’Yto Barrada aurait pu être représenté très différemment, là aussi on louche du côté de l’explicatif et du discours de justification, dont l’œuvre se passe très bien, merci pour elles (l’œuvre et l’artiste).

    Et tout ceci est en contraste assez frappant de l’exposition monographique voisine, celle de Jean-Luc Moulène, qui, elle, n’a nul besoin de se parer de quelque discours que ce soit. Les œuvres sont autonomes, nullement accompagnées d’explications et elles détiennent en elles assez de force pour requérir du spectateur une implication personnelle, un regard. Du coup, c’est une vraie respiration.

    Une trentaine de sculptures sont présentées sur des socles neutres, elles se présentent dans des matériaux à la fois très différents et très contemporains, certaines œuvres semblent avoir été conçues et fabriquées brutes de fonderies c’est mal dit à l’aide d’imprimantes en trois dimensions, elles portent les stigmates du genre, présentées sur des socles, elles ont un caractère irréel, elles pourraient peser quelques grammes comme quelques quintaux. Dans un mélange qui se moque pas mal des conventions les formes, ces sculptures sont tantôt abstraites, tantôt figuratives, souvent le mélange étonnant des deux, quand elles ne sont pas la reproduction, à l’échelle un, de modules existant dans la paysage, ainsi l’assemblage d’un bas côté routier en ciment (mais est-ce du ciment ?), un de ces volumes dont on garnit les jetées pour les protéger de la violence des tempêtes ou encore un de ces modules de construction de murs de séparation, notamment de ceux qui abritent les colonies israéliennes. Ou encore une sculpture, à la forme abstraite a priori, est la rencontre, pas très subtile, mais néanmoins opérante, d’un corps féminin et d’une voiture de sport.

    Il y a un vrai plaisir à cette exposition des œuvres sculptés de Jean-Luc Moulène, chaque volume interroge à propos de ses conditions d’obtention, de ses potentielles significations, nécessairement polysémiques, de ses masses propres et de leur densité, et des matériaux même ou encore de leur assemblage, ce plaisir naît, c’est une évidence, de la grande liberté de l’artiste qui ne semble ne rien s’interdire et n’obéir qu’à sa seule curiosité et ce faisant il interroge à la fois les lois du genre, sa propre motivation et donne dans la foulée des pistes inspirantes pour d’autres œuvres. Ce n’est pas rien.

    Mais alors quel dommage de trouver sans cette rétrospective exposition, dans les quatre tomes d’un travail photographique du recensement, dans lequel figure les objets de grève , les objets fabriqués en Palestine , un quatrième tome de recensement de plantes sauvages poussant en milieu urbain, pas nécessairement le plus intéressant de cette série et, donc, la série des douze prostituées d’Amsterdam, douze femmes, prostituées donc, qui posent, nues, forcément nues (elles ne sont que cela aux yeux de l’artiste, une nudité mercantile, les jambes écartées, des fois que l’on n’aurait pas compris que ce sont ces sexes par lesquels vivent ces femmes, sur fond rouge, si des fois on n’aurait toujours pas compris que ces femmes sont des prostituées, que l’on identifie donc dans cette série par leurs sexes, nécessairement épilés, pour ne nous épargner aucune obscénité.

    Et là on peut vraiment se demander quel était le besoin de cet artiste tellement doué finalement de produire une telle série, tellement médiocre et qui à la différence du reste de son travail ne dit rien, ne fait nullement réfléchir, et qui montre au contraire à quel point cet artiste ne recule pas devant un surcroît d’exploitation de ces femmes, pour lesquelles il ne lui suffit donc pas qu’elles soient contraintes à la prostitution ( au même titre, c’est un rappel important, et toujours nécessaire, que 96% des prostituées ), il souhaite donc les exposer davantage, et les exposer en tant que prostituées, ce dont on peut se douter qu’elles ne sont pas nécessairement fières (ce dont elles ne devraient pas rougir, les pauvres), et tout cela selon ce qui est vraisemblablement acquis au travers d’une transaction financière qui relève, quels qu’en soient les termes exacts, de la prostitution pure et simple, une forme même de méta prostitution. En cela la démarche rejoint celle d’un Andres Serrano lançant son armée d’assistants dans les rues de New York acheter les panonceaux par lesquels les mendiants et les homeless demandent la charité, pour les besoins d’une vidéo dans laquelle la pauvreté des uns devient la décoration des autres ( http://www.desordre.net/blog/?debut=2014-01-12#3065 ).

    Jean-Luc Moulène, en quoi cette œuvre est-elle indispensable dans un corpus par ailleurs magistral ? Quel est votre droit supérieur de la produire ? Bref, qu’est-ce que vous branlez ?

    Exercice #60 de Henry Carroll : Photographiez un mot de manière à en changer le sens.

    Ce matin regardant en l’air je remarque, pour le photographier, le mot Pain, en lettres immenses, de l’enseigne de la boulangerie industrielle, qui se détache sur un ciel gris. Et reculant pour le cadrer moins serré, je me cogne violemment la tête à l’angle d’un auvent. C’était donc à comprendre en anglais. Douleur. Bel exemple de faux-ami. (Extrait du Bloc-notes du Désordre )

    #qui_ca

  • Boris Cyrulnik : “Moi je dis que tout se joue entre 0 et 120 ans” - Idées - Télérama.fr
    http://www.telerama.fr/idees/boris-cyrulnik-moi-je-dis-que-tout-se-joue-entre-0-et-120-ans,151616.php

    Non, on disait avant que tout se jouait entre 0 et 3 ans. Moi je dis que tout se joue entre 0 et 120 ans ! Un enfant battu n’est pas obligé de devenir un parent maltraitant. Tout se joue durant toute notre vie, mais ce n’est pas le même jeu, les mêmes règles du jeu. L’#enfance est un camp de base, comme on dit en montagne, le lieu qui permet justement d’aller dans différentes directions. A partir de ce point de départ, tout est possible. Freud disait bien que l’enfant, c’est le père de l’homme. Ce que l’homme a été dans son enfance, c’est sa base, ce socle qui oriente tous ses autres #développements et déplacements. Ceux qui ont un mauvais départ dans la vie pourront toujours le rattraper mais en étant privés de cette base de départ inscrite dans notre mémoire. On constate que ceux qui ont raté la première enfance auront plus de mal à être résilients, alors que ceux qui ont eu une petite enfance sécurisante, quand ils sont confrontés à un grand malheur dans leur existence, le supportent mieux, et reprennent plus facilement un ­développement résilient. Il faut donc offrir à nos enfants un bon camp de base par l’#affection et l’#éducation. Ce sont les deux mots clés.

    #paywall

  • « Peu d’enseignants ont conscience de leur impact affectif sur les enfants » (Boris Cyrulnik, VousNousIls)
    http://www.vousnousils.fr/2015/06/08/boris-cyrulnik-peu-denseignants-ont-conscience-de-leur-impact-affectif-s

    Nous avons en France de bons enseignants, motivés, bien formés et désireux de bien faire leur métier. Mais peu ont conscience de l’impact affectif qu’ils ont sur les enfants. Certains instituteurs, professeurs de collège et de lycées, vont rassurer et réconforter les enfants par leur façon d’être, leur manière de parler, leur attention à reprendre autrement une explication mal comprise… Généralement, ils ne s’en rendent pas compte. Un encouragement, une appréciation de leur part qui seraient perçus comme des banalités par des adultes, auront chez un gamin en recherche de sécurisation, une valeur inestimable. Ce sera un événement émotionnel fort qui participera à structurer sa personnalité.
    […]
    Les enseignants sont formés et payés pour instruire or, on leur demande de plus en plus d’éduquer. Non seulement ce n’est pas leur rôle, mais c’est aussi très compliqué, car le nombre d’enfants agressifs a beaucoup augmenté. Les problèmes anxieux de ces gamins ne naissent pas à l’École, mais c’est là qu’ils s’y expriment.
    […]
    Aujourd’hui les parents associent le fait de rater sa scolarité à celui de rater sa vie. Et désormais ce qui construit notre identité sociale, c’est le diplôme. Résultat, la « sélection » est extrêmement forte et précoce. Tout cela avec l’aval des parents qui surinvestissent le rôle de l’école ; il suffit de constater combien d’entre eux paniquent à l’idée que l’on puisse assouplir des rythmes scolaires alors que toutes les études sérieuses en ont confirmé le bien-fondé.
    […]
    Il ne faut jamais oublier que l’intelligence est incroyablement plastique, qu’un mauvais élève peut devenir bon en l’espace de quelques mois quand il est dans un milieu sécure. Or, plus un système est rigide – et le nôtre l’est – moins il tient compte de cette plasticité de l’intelligence.

    #éducation #école #effet_Pygmalion #rassurance #relations_élèves_enseignent.e.s

  • L’enthousiasme dans la soumission
    Notre culture n’accueille plus les adolescents

    Il m’a surpris et j’écoute malgré moi.

    Avons-nous besoin de héros ?
    http://www.franceculture.fr/emissions/l-invite-des-matins/avons-nous-besoin-de-heros


    Le psychanalyste Boris Cyrulnik publie le 21 avril « Ivres paradis, bonheurs héroïques » chez Odile Jacob. Dans ce nouvel ouvrage, il théorise la nécessité d’avoir des héros et aussi le risque qu’il existe à les laisser être pervertis. Mais pourquoi avons-nous besoin de héros ?

    #FranceCulture #héros #citoyenneté

  • L’impact affectif de l’enseignant sur l’élève (L’instit’humeurs)
    http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2015/09/12/limpact-affectif-de-lenseignant-sur-leleve.html

    « Nous avons en France de bons enseignants, motivés, bien formés et désireux de bien faire leur métier. Mais peu ont conscience de l’impact affectif qu’ils ont sur les enfants. Certains instituteurs, professeurs de collège et de lycées, vont rassurer et réconforter les enfants par leur façon d’être, leur manière de parler, leur attention à reprendre autrement une explication mal comprise… Généralement, ils ne s’en rendent pas compte. Un encouragement, une appréciation de leur part qui seraient perçus comme des banalités par des adultes, auront chez un gamin en recherche de sécurisation, une valeur inestimable. Ce sera un événement émotionnel fort qui participera à structurer sa personnalité. D’ailleurs, lorsqu’on évoque avec des étudiants leurs motivations à suivre telle ou telle filière du Supérieur, il y a presque toujours le souvenir d’un enseignant en particulier. » (Boris Cyrulnik)

    […]

    Tant et si bien que nous avons pris l’habitude, inconsciemment et malgré nous, de quasi-bannir le terme d’enfant, de sagement rester dans la zone de l’élève, parce que le mot élève contient l’école et le maître tout ensemble (alors que c’est l’école et le maitre qui, dans les faits, contiennent l’élève). Et même, de ne retenir de l’élève que sa part d’écolier, et tenir à distance l’enfant pourtant omniprésent. Or, c’est bien l’enfant qui fait avancer l’écolier, dans l’élève.
    […]
    Le problème, c’est que cette conscience se dilue considérablement et constamment dans le quotidien : tous les jours, je dois préparer […], tous les jours je dois organiser […], ces tâches-là sont au cœur de ma pratique professionnelle quotidienne et elles ont tendance à éclipser les autres, par exemple l’attention portée à chaque élève, le regard porté sur chacun.
    […]
    Puis, avant l’élève, souvent, il y a le groupe […] et ce groupe prend le pas sur les individus qui le composent.
    […]
    A l’inverse, face à lui, l’enfant n’a que l’enseignant, qu’il doit partager. La relation affective est donc inégale, elle est pourtant à construire.

    #éducation #relation_élèves_enseignant.e.s #enfants #impact_affectif #bienveillance #triangle_didactique

  • « La représentation permet de métamorphoser en production artistique une blessure qui a été réelle. »Entretien avec Boris Cyrulnik autour de la résilience dans l’art
    http://www.nectart-revue.fr/cyrulnik

    Il est l’un des plus grands psychiatres de ces dernières décennies. À partir de sa propre histoire, celle d’un enfant juif orphelin témoin de la déportation de ses parents pendant la Seconde Guerre mondiale, Boris Cyrulnik a approfondi et vulgarisé le concept de résilience (renaître de sa souffrance). L’art, à travers la construction d’un récit mettant à distance le réel, est selon lui l’une des voies essentielles de la (re)construction de soi.

    #L'invité #Nectart_#1

  • #Société et #suicide par Boris Cyrulnik | France Culture Plus
    http://plus.franceculture.fr/societe-et-suicide-par-boris-cyrulnik

    Loin de l’image tantôt blasphématoire, tantôt folle ou encore héroïque que l’on a pu lui accorder, le suicide est désormais abordé comme un acte social avant tout, ainsi que l’a prouvé Emile Durkheim. A cette dimension sociale, s’ajoutent les récentes découvertes en neurosciences expliquant le passage à l’acte de certains sujets. Par ailleurs, la tendance en psychologie, qui consiste aujourd’hui à intégrer le savoir et non plus à le fragmenter, offre un autre point de vue sur le suicide. A la lumière de ces données, Boris Cyrulnik livre, au cours de cette conférence, les résultats de ses recherches.

    #fait_social

  • http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2013/06/27/boris-cyrulnik-stop-ou-encore-partie2

    C’est avec la complicité plus ou moins volontaire d’innombra bles intermédiaires que s’est construit un leurre non seulement étonnant, mais aussi et surtout préoccupant. Car travesties pour le grand public en parole de sagesse pétrie de science, les théories portées par la voix lénifiante du bon docteur sont loin d’être anodines.

    Patiente et méticuleuse déconstruction de Boris Cyrulnik

    Je suis tombé dessus en suivant le lien d’un commentaire (très rare que je fasse ce genre de choses, je devais être possédé par je ne sais quel démon) de cet article du Monde à propos de Gilles Bernheim
    http://www.lemonde.fr/le-magazine/article/2013/08/16/gilles-bernheim-les-emprunts-du-rabbin_3461410_1616923.html

    Les deux cas à des degrés différents n’étant pas sans me rappeler le cas terrible du faux docteur Jean-Claude Romand dont Emmanuel Carrère avait écrit l’Adversaire ( http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=2-86744-682-1 )

  • Boris Cyrulnik : stop ou encore ? 2e partie
    http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2013/06/27/boris-cyrulnik-stop-ou-encore-partie2

    s’il est déjà problématique en soi qu’une imposture d’une telle ampleur ait pu se mettre en place et durer si longtemps, il l’est a fortiori que cette imposture ait pu servir à instiller dans les esprits des idées qui ont de fortes implications politiques. Depuis plus de vingt ans, Boris Cyrulnik défend en effet de manière diffuse et néanmoins têtue voire obsessionnelle, la faisant passer pour scientifiquement établie soit explicitement, soit du fait de la stature scientifique qui lui est prêtée, (...)

  • Boris Cyrulnik : stop ou encore ? (1ère partie)
    http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2013/05/24/boris-cyrulnik-stop-ou-encore-partie1

    Si la déformation outrancière de la pensée de Judith Butler est habituelle chez les pourfendeurs du concept de #genre, Boris Cyrulnik s’illustre en la poussant ici particulièrement loin. Est-il nécessaire de signaler que Butler n’a jamais dit que « la #biologie n’existe pas » (bien au contraire), et que lui faire dire « seul le genre existe » revient à inverser le sens de la théorie qui l’a fait connaître (la théorie de « la performativité du genre » et non la théorie « du genre », soit dit en passant) [15] ? Les écrits de cette philosophe, qu’il n’est pas neutre de préférer présenter comme étant simplement « une Américaine », sont certes un peu ardus. Mais pour en arriver à les distordre à ce point il faut soit être un peu bas du front, soit n’avoir jamais lu ce qu’écrit Butler, soit faire preuve d’une malhonnêteté intellectuelle considérable. Cette dernière hypothèse a ma préférence concernant Boris Cyrulnik, bien que je n’exclue pas celle qu’il se contente de répéter ce que d’autres disent de Butler sans l’avoir lue lui-même.

    Le cas échéant, ce serait d’autant plus ennuyeux qu’il ne s’arrête pas là, puisqu’il affirme ensuite que Butler « reprend ainsi Simone de Beauvoir : "on ne naît pas femme, on le devient", ce qui implique que seuls les hommes restent à l’état de nature et ne deviennent pas hommes ». Par cette phrase, non seulement il donne une image trompeuse de la pensée de Butler en suggérant qu’elle est basée sur celle de Beauvoir, mais il laisse en outre entendre que leur #féminisme serait teinté de misandrie, argument classique de la rhétorique antiféministe qui n’a ici aucun fondement. Ni Beauvoir, ni Butler n’ayant jamais émis l’idée qu’au contraire des femmes, les hommes resteraient « à l’état de nature », j’en déduis que c’est Cyrulnik qui interprète ainsi « on ne naît pas femme, on le devient ». Loin d’éclairer la pensée de ces deux philosophes, cette mention fournit plutôt un indice supplémentaire sur ce qui est au fondement de sa pensée à lui sur le genre (j’y reviendrai).

  • Boris par pitié reste en dehors de tout cela (Une heure de peine...)
    http://uneheuredepeine.blogspot.com/2011/10/boris-par-pitie-reste-en-dehors-de-tout.html

    Lorsque l’on croise ces différents élèments, on se rend compte d’une chose : Boris Cyrulnik, après avoir introduit la « résilience » en France, semble bien décidé à y introduire une forme particulièrement basse de néoconservatisme. Il utilise une rhétorique qui est celle des néoréactionnaires : affaiblir une théorie scientifique par une mésinterprétation du mot « théorie » tout en surfant sur les valeurs les plus consensuelles (la différence, que l’on ramène discrètement à la seule différence de sexe...). La pathologisation de l’adversaire - « les théoriciens du genre sont juste des pervers » - appuyée sur une interprétation approximative de Freud achève le tableau : faute d’argument, on raconte n’importe quoi qui plaise aux médias... Source : Une heure de peine...