person:brigitte lainé

  • L’honneur perdu d’une institution – hommage à Brigitte Lainé | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2018/11/28/lhonneur-perdu-dune-institution-hommage-a-brigitte-laine

    Pour avoir témoigné en faveur de Jean-Luc Einaudi lors d’un procès intenté par Maurice Papon à propos de son rôle dans le massacre du 18 octobre 1961, et avoir confirmé à la barre l’existence de documents incommunicables attestant des ordres donnés directement par le préfet de police, Brigitte Lainé fut placardisée le restant de sa carrière. Elle est morte le 2 novembre dernier. Hommage à une archiviste héroïques et remarques vives sur son institution, les Archives.

    Rappelons les faits.

    Jean-Luc Einaudi avait consacré un livre à la répression policière de la manifestation des Algériens qui eût lieu à Paris le 17 octobre 1961. Un massacre. Des corps jetés dans la Seine. Officiellement trois ou quatre, sept tout au plus, et encore laissait-on entendre qu’il s’agissait de règlements de compte entre les combattants algériens. En réalité, des centaines. Le grand mérite de Jean-Luc Einaudi fut de sortir de l’oubli un événement sur lequel aucun historien professionnel ne s’était jusque-là penché. Il croisa pour cela quantité de témoignages, puis poursuivit son enquête, fréquenta les Archives de Paris, détentrices des archives judiciaires. Les dossiers de cette période n’étaient pas légalement communicables, sauf dérogation accordée individuellement après instruction du dossier du lecteur. Jean-Luc Einaudi n’essuya que des refus ou pire, ne fut même pas honoré d’une réponse.

    Le 20 mai 1998, il parla dans Le Monde du « massacre perpétré par une police aux ordres de Papon », alors préfet de Paris en 1961. Ce dernier, qui venait d’être condamné à Bordeaux pour son rôle dans la déportation des Juifs de la Gironde entre 1942 et 1944, se saisit de l’occasion. Il lui intente un procès en diffamation. Il sait que la loi sur l’accès aux archives le protège dès lors que les archives ne sont pas communicables : que Jean-Luc Einaudi apporte la preuve que la police a agi sous ses ordres ! C’est alors que l’avocat du chercheur va demander à Brigitte Lainé et Philippe Grand de venir corroborer, en tant que conservateurs de ces documents dont ils connaissent le contenu, les propos de Jean-Luc Einaudi. Le témoignage de Brigitte Lainé (Philippe Grand en fera un par écrit) sera décisif. Les centaines de morts, ils les ont sous les yeux. Papon sera débouté. Le soir même Brigitte Lainé et Philippe Grand seront accusés par leur hiérarchie de manquement au « devoir de réserve ». Ils encourent pour cela un an de prison et une lourde amende. Mais voilà : quiconque est régulièrement cité par un magistrat en qualité de témoin est relevé ipso facto de l’obligation au secret professionnel. Privée de poursuite pénale, l’administration n’a d’autres moyens de sévir que la persécution administrative. Alertés, les inspecteurs généraux des Archives de France déclenchent l’enquête administrative avec la perspective d’un conseil de discipline et de toute une série de sanctions allant jusqu’à la révocation. En attendant, Brigitte Lainé et Philippe Grand sont « placardisés ».

    #Archives #17_Octobre #Histoire

    Pour autant, rétive à la pensée réflexive, la corporation des archivistes, de même que celle des agents de l’Etat d’une manière générale, ne pourra faire longtemps l’économie d’un retour sur ses pratiques. Les scandales, qu’on transforme en « affaires » pour mieux les étouffer, ne cessent de s’accumuler. À la découverte du Fichier juif, par Serge Klarsfeld, en novembre 1991, a succédé celle de l’élimination d’archives concernant des biens juifs sous l’Occupation par les Archives de Paris en 1998 puis, comme le soulignèrent dans une lettre ouverte le 29 mai 2001 à Lionel Jospin, alors Premier ministre, Brigitte Lainé et Philippe Grand, la disparition de documents (toujours aux Archives de Paris) qui auraient permis l’enquête sur le massacre du 17 octobre 1961 (il n’existe plus un seul exemplaire du rapport du Préfet de police). On se demande encore où sont les rapports de la brigade fluviale qui pourraient contenir le nombre de manifestants noyés le soir du 17 octobre 1961. La « sale guerre » a du mal à émerger des archives lorsqu’elles existent encore. C’est seulement aujourd’hui que resurgit un fichier de mille et plus combattants algériens morts sous la torture à l’instar de Maurice Audin, alors que l’enquête sur la disparition de ce dernier n’a jamais été close !

    Dans chaque cas, on s’interroge sur la responsabilité de l’institution des Archives.

  • Une lanceuse d’alerte au placard : l’archiviste qui avait raconté le massacre du 17 octobre 1961
    https://www.franceculture.fr/histoire/une-lanceuse-dalerte-au-placard-larchiviste-qui-avait-raconte-le-massa

    Brigitte Lainé est morte début novembre. On lui doit un apport historiographique inestimable sur le 17 octobre 1961, quand des milliers d’Algériens ont été réprimés dans les rues de Paris par le #préfet #Maurice_Papon. Elle a payé cher d’avoir fait connaître cet épisode tabou de la guerre d’Algérie.

    Vous aurez beau chercher, vous ne trouverez nulle par le nom de Maurice Papon. Pas une seule mention du préfet de police collaborationniste sauvé de l’épuration, qu’on retrouvera plus tard à le tête de la Préfecture de police de Paris, dans le court texte publié par les Archives de Paris cette mi-novembre à la mort de #Brigitte_Lainé. L’historienne y fut pourtant archiviste la majeure partie de sa carrière, entre 1977 et 2008, et c’est elle, avec un autre archiviste, Philippe Grand, qui a joué un rôle immense dans l’#historiographie du #massacre des Algériens le #17_octobre_1961 à Paris.

    Encore un titre mal choisi, on lance l’alerte au moment des faits, pas 16 ans après !

  • Hommage à Brigitte Lainé, l’infatigable conservatrice de notre mémoire
    Bondy Blog - Le 11/11/2018
    https://www.bondyblog.fr/opinions/tribune/hommage-brigitte-laine-linfatigable-conservatrice-de-notre-memoire

    Le 8 novembre 2018, Brigitte Lainé était inhumée dans sa ville, Saint Denis. Une très grande dame, courageuse, nécessaire, férue de vérité et de justice notamment sur le massacre des Algériens du 17 octobre 1961, dont il convient de rappeler l’engagement. Hommage signé de l’historienne Mathilde Larrère.

    #17octobre

  • archives et raison d’etat
    http://lmsi.net/Archives-et-raison-d-Etat

    La presse vient de révéler un projet des plus inquiétants de l’actuel ministère de la Culture. Ce dernier, au prétexte d’exigences budgétaires, semble s’apprêter à ne plus « privilégier » que la conservation de ce qu’il qualifie d’ « d’archives essentielles »… Comme on le verra à la lecture du texte qui suit, cette tentation d’éliminer des traces du passé au nom d’une raison technocratique et/ou d’Etat n’est pas nouvelle. Extrait du livre de Fabrice Riceputi, La bataille d’Einaudi, comment la mémoire du 17 octobre 1961 revint à la République [1], il revient sur le combat mené par Jean-Luc Einaudi pour obtenir le droit de consulter les archives de l’Etat, ainsi que sur l’effarante « affaire Grand-Lainé ». Brigitte Lainé et Philippe Grand sont ces deux archivistes qui eurent en 1999 le courage de dire devant la justice que les archives judiciaires contenaient la preuve d’un massacre de manifestants algériens par la police de Papon, et qui payèrent cette audace d’un véritable calvaire professionnel, jusqu’à leur retraite.

  • Francis Démier, Daniela Gallingani, Brigitte Lainé et Elena Musiani, #Germaine_Berton anarchiste et meurtrière. Son procès en cour d’assises du 18 au 24 décembre 1923.

    Le 24 décembre 1923, la cour d’assises de la Seine acquitte Germaine Berton pour le #meurtre de #Marius_Plateau. Ce procès est loin d’être simplement celui d’une femme tuant un homme. Onze mois plus tôt, la jeune femme, anarchiste individualiste, a en effet abattu le chef des Camelots du Roi dans les locaux de l’Action française. L’affaire Germaine Berton est en effet à inscrire au tableau des grands procès du premier XXe siècle, d’autant plus que les questions politiques sont amplement convoquées, aussi bien dans la presse que dans le prétoire. S’il ne s’agit pas à proprement parler d’un procès politique, Germaine Berton, elle, « itinéraire politique haletant qui semble emblématique d’un après-guerre immédiat » (p. 50), revendique la portée politique d’un crime qui, plus largement, met en jeu plus les différentes composantes de la société française du début de l’entre-deux-guerres. Au terme de six journées d’audience, l’acquittement clôt ainsi le feuilleton politico-judiciaire médiatisé de l’année 1923.

    http://www.lemouvementsocial.net/comptes-rendus/francis-demier-daniela-gallingani-brigitte-laine-et-elena-musiani
    #anarchisme #meurtre