person:cécile dolbeau-bandin

  • Mes Datas et Moi : l’Observatoire
    https://www.mesdatasetmoi-observatoire.fr/article/adolescents-et-internet-des-pratiques-non-hegemoniques

    Par Cécile Dolbeau-bandin

    « Prendre soin, de la jeunesse et des générations »(1), c’est exactement ce que fait Anne Cordier ici. Elle s’appuie sur des observations de terrain, des rencontres et des échanges avec des adolescents âgés de 11 à 17 ans. Son enquête repose sur un travail de récolte de données commencé en 2009 et poursuivi en 2015 dans des collèges et lycées français. Elle y observe au quotidien leur rapport au numérique, aux médias sociaux et à l’information. Ses recherches qualitatives lui permettent de développer une meilleure connaissance des imaginaires et des pratiques développés par les adolescents ; et d’entrer dans « l’environnement informationnel, personnel et social de ces adolescents. » (2) Cet ouvrage s’appuie aussi sur de multiples recherches scientifiques françaises et internationales.

    Ces résultats inattendus vont à l’encontre des discours médiatiques et marketing et des thèses de M. Prensky et M. Serres concernant les jeunes. Selon elle, « ces discours ne traitent pas en réalité d’internet mais des potentialités de changement sociétal que renfermerait le numérique. » (4) Elle préconise comme P. Breton (2000) d’adopter un discours laïque des Technologies d’Information et de Communication (TIC) ; et de s’éloigner de ces préjugés pour comprendre et surtout mieux connaître les adolescents pour (enfin) les considérer « comme des êtres sociaux aux prises avec les conflits de la réalité qu’ils veulent comprendre, expliquer. »

    Ce livre fait écho à celui de d. boyd qui considère la complexité des dynamiques interpersonnelles des adolescents lors de leurs pratiques numériques. Les adolescents soulignent le plaisir qu’ils ont à être accompagnés par un tiers. Les médiateurs (enseignants, professeurs documentalistes, éducateurs, parents) ont bien leur place dans ce processus. Proposer aux jeunes des tablettes, des cartables numériques, des ENT (espace numérique de travail), TBI (tableau blanc interactif) ne suffit pas à l’école. Il leur faut des « mentors » pour guider, éduquer, former, informer, favoriser des échanges, identifier, nommer, repérer, classer, repérer les différents types de documents, aider, « faire du lien », démystifier, favoriser un regard critique, apprendre à questionner le réseau et ses principaux acteurs (9) et écouter avec bienveillance leurs requêtes. Il faut faire des ponts entre les adultes et les adolescents tout en ayant connaissance de leur pratique ordinaire de l’information numérique, afin de mettre à distance les outils numériques et la mystification dont ils font l’objet, et de favoriser un enrichissement mutuel entre les générations.

    #C&Féditions #Anne_Cordier #Adolescents #Culture_informationnelle

  • Mes Datas et Moi : l’Observatoire
    https://www.mesdatasetmoi-observatoire.fr/article/adolescents-et-internet-des-pratiques-non-hegemoniques

    Lecture critique par Cécile Dolbeau-Bandin

    Dans son ouvrage Grandir connectés. Les adolescents et la recherche d’information, Anne Cordier nous éclaire sur la place occupée par internet dans la construction des imaginaires des adolescents et le développement de leurs pratiques d’information.

    A. Cordier montre ici que les pratiques informationnelles et communicationnelles des adolescents sont évolutives, profondément dépendantes d’un contexte à la fois social, culturel et académique.

    Ces adolescents ont bien des savoir-faire et des compétences liés au numérique mais ils ont aussi des doutes, des réticences, des inquiétudes et des comportements de fuite. Ce livre fait écho à celui de D. Boyd qui considère la complexité des dynamiques interpersonnelles des adolescents lors de leurs pratiques numériques. Les adolescents soulignent le plaisir qu’ils ont à être accompagnés par un tiers. Les médiateurs (enseignants, professeurs documentalistes, éducateurs, parents) ont bien leur place dans ce processus. Proposer aux jeunes des tablettes, des cartables numériques, des ENT (espace numérique de travail), TBI (tableau blanc interactif) ne suffit pas à l’école. Il leur faut des « mentors » pour guider, éduquer, former, informer, favoriser des échanges, identifier, nommer, repérer, classer, repérer les différents types de documents, aider, « faire du lien », démystifier, favoriser un regard critique, apprendre à questionner le réseau et ses principaux acteurs (8) et écouter avec bienveillance leurs requêtes. Il faut faire des ponts entre les adultes et les adolescents tout en ayant connaissance de leur pratique ordinaire de l’information numérique, afin de mettre à distance les outils numériques et la mystification dont ils font l’objet, et de favoriser un enrichissement mutuel entre les générations.

    #C&Féditions #Anne_Cordier #Grandir_Connectés #Education

  • Likez-vous les pratiques numériques des adolescents ?
    https://www.mesdatasetmoi-observatoire.fr/article/likez-vous-les-pratiques-numeriques-des-adolescents

    Lecture critique du livre de danah boyd « C’est compliqué, les vies numériques des adolescents » par Cécile Dolbeau-Bandin

    Pour parodier Saint-Exupéry, on pourrait écrire que le livre C’est compliqué, les liens numériques des adolescents de danah boyd est un livre d’adolescents pour les adultes. Cette étude socio-ethnographique, qui cherche à réconcilier les adolescents et leurs parents, est à la fois simple et complexe comme ses principaux acteurs. Boyd incite les parents à relativiser et à prendre du recul par rapport à l’usage d’Internet et des médias sociaux (Facebook, Twitter, Snapchat,WhatsApp…) par leurs enfants devenus adolescents. C’est un ouvrage avec un message quasi-universel s’appliquant principalement aux sociétés occidentales : comprenons et accompagnons ensemble et avec bienveillance nos adolescents dans leurs pratiques numériques.

    Ainsi, le fait de traîner avec leurs amis, que ce soit physiquement ou en ligne, est primordial pour les adolescents parce que c’est ainsi qu’ils apprennent la vie sociale. Et ils le font comme leurs aînés en rigolant, en draguant, en se défiant, en se méprisant, en testant leurs limites, en jouant, en se disputant, en s’enthousiasmant, en raillant, en s’évadant, en critiquant, en pastichant, en s’aimant, en se haïssant, en lançant des rumeurs… Aujourd’hui, ils se socialisent avant tout en ligne. Pourquoi ? La thèse de danah boyd est qu’« ils préfèrent Internet au réel ». La plupart des jeunes interrogés le disent : s’ils pouvaient voir leurs amis et traîner avec eux physiquement, ils le feraient. Mais ils ne le peuvent pas ou plus. En vingt ans, sous une double injonction à la fois économique et sécuritaire, les parents américains ont considérablement limité l’autonomie de leurs enfants (la peur de l’extérieur et le danger de l’inconnu a conduit à un cloisonnement plus important et une restriction des déplacements) et surchargent leur emploi du temps (accroissement de la compétition scolaire, charges familiales abusives). N’ayant plus le temps ni l’autorisation de traîner et de flâner, les adolescents le font ou du moins essaient de trouver du temps via Internet et les médias sociaux.

    Il n’y a pas un adolescent mais des adolescents fréquentant des labyrinthes numériques complexes. Boyd souligne d’ailleurs qu’il n’y a pas un accès égal à Internet : « les adolescents sont l’exemple type de la façon complexe dont la technique interagit avec la société. » et cite un des créateurs du web, Vinton Cerf : « Le Net est le miroir de la société. ». Les inégalités sociales et raciales se reproduisent en ligne, où les différences ethniques et leurs difficultés sont aussi présentes. Et puis, les jeunes sont très inégaux devant les réseaux du fait de l’hétérogénéité de leurs conditions d’accès à la technologie, résultant d’un contexte économique, social et culturel préexistant. Boyd refuse de « cataloguer » les adolescents en « digital natives » qui auraient un usage naturel voire inné du numérique. Elle remarque et constate qu’ils se heurtent souvent à des difficultés d’appropriation, d’usage, de compréhension, de contextualisation et qu’ils doivent aussi se former et apprendre.

    #danah_boyd #C_est_compliqué #C&Féditions