person:cédric durand

  • Cédric Durand et Razmig Keucheyan : « L’Etat doit prendre les commandes de la transition écologique »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/24/cedric-durand-et-razmig-keucheyan-l-etat-doit-prendre-les-commandes-de-la-tr

    L’action de l’Etat en matière de transition écologique doit reposer sur trois piliers

    L’action de l’Etat en matière de transition écologique doit reposer sur trois piliers. Le premier est un programme d’investissements massifs en faveur des énergies et des infrastructures propres et de désinvestissement des énergies fossiles. Les chiffrages existent, ceux de l’association négaWatt par exemple. Les Américains, eux, proposent de décarboner leur économie d’ici dix ans. Ces investissements, combinés à la décroissance matérielle, doivent déboucher sur ce que les économistes de l’environnement appellent le « découplage » : jusqu’ici, la croissance économique s’est toujours accompagnée d’un surcroît d’exploitation de la nature, et notamment de dépenses énergétiques. Cette corrélation doit être défaite. Pour cela, l’Etat doit intervenir dans les choix productifs, car les marchés ou les taxes carbone relèvent d’une logique a posteriori, qui cherche à limiter les « externalités négatives » de l’activité économique en les internalisant. Il faut la remplacer par une logique a priori, qui empêche en amont les pollutions ou les dégradations de la biodiversité de survenir.

    #planification #économie #écologie #transition #énergie #climat #besoin

    • Prendre nous-mêmes les rênes pour ne pas subir l’#éco-fascisme d’une #écologie_punitive :

      Prendre au sérieux les préoccupations écologiques impose également d’écouter ceux qui ont pris soin de leur milieu et qui ont eu raison avant nous. Cessons de prendre au sérieux ceux qui ont échoué ! C’est le rapport à la chose politique – et non au personnel politique – qui est prioritaire.

      Pris en ce sens, celui des modalités du vivre ensemble et du règlement pacifique des conflictualités, le politique n’est pas « en haut », ni « là-bas », mais « ici », voire « en dessous » : là où des formes de vie sont sans cesse déracinées, des voix étouffées, des avenirs condamnés par les pouvoirs surplombants qui ont montré leur inefficacité.

      Le moment est venu de prendre exemple sur ceux qui ont eu raison mais qui sont subalternisés depuis des siècles : peuples autochtones ou inventeurs d’alternatives au développement industriel.

    • L’analyse marxiste de l’Etat a révélé depuis un bail que cette structure ne dépendait pas des nécessités objectives (révélées par une analyse rationnelle des enjeux et des besoins), mais de la nature des rapports sociaux. L’Etat est l’instrument de la classe possédante pour assurer l’ordre et perpétuer sa domination de classe. Quand on sait que cette classe, de plus en plus rapace et parasitaire, ne peut imaginer d’ordre que celui qui assure la seule reproduction du capital, donc de profits, quelles que soient les conséquences, c’est faire un contresens que d’attendre de l’Etat la moindre impulsion déterminante, que d’imaginer des solutions efficaces contre le désastre qui nous submerge de sa part. Rien ne sert d’en changer les locataires (ni même d’y installer des réformistes de gauche radicale) : l’Etat de la bourgeoisie devra être abattu, ou rien. Pour cela, il faudra exproprier cette classe.

      Sans cela, sans révolution sociale mondiale, il n’arrivera rien. Sauf, comme prévu, la catastrophe.

  • Etrange de croiser Houria Bouteldja dans cette revue néo-marxiste, mais j’aime bien ce passage qui nous invite à « aller chercher le petit Hitler qui se trouve au fond de nous-mêmes ». J’aime bien aussi celui qui explique que le racisme n’est qu’une astuce utile au capitalisme :

    Pouvoir politique et races sociales
    Houria Bouteldja, Période, le 25 mai 2016
    http://revueperiode.net/pouvoir-politique-et-races-sociales

    Au passage elle cite cette tribune que j’avais raté :

    Nuit debout peut être porteur d’une transformation sociale de grande ampleur
    Tariq Ali, écrivain ; Ludivine Bantigny, historienne ; Patrick Chamoiseau, écrivain ; François Cusset, écrivain et historien ; Christine Delphy, sociologue ; Cédric Durand, économiste ; Elsa Dorlin, philosophe ; Annie Ernaux, écrivain ; Eric Fassin, sociologue ; Bernard Friot, sociologue ; David Graeber, anthropologue ; Nacira Guénif, anthropologue ; Razmig Keucheyan, sociologue ; Stathis Kouvelakis, philosophe ; Frédéric Lordon, philosophe ; Gérard Mordillat, écrivain ; Toni Negri, philosophe ; Leo Panitch, sociologue ; Paul B. Preciado, philosophe ; Wolfgang Streeck, sociologue ; Enzo Traverso, historien, Le Monde, le 3 mai 2016
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/05/03/nuit-debout-peut-etre-porteur-d-une-transformation-sociale-de-grande-ampleur

    #Houria_Bouteldja #racisme #capitalisme #NuitDebout #impérialisme #Période #Tribune

  • Une tribune dans Libé pour défendre #Aude_Lancelin, responsable des pages Débats de #l'Obs :

    A « l’Obs », un #licenciement très politique
    Collectif, Libération, le 25 mai 2016
    http://www.liberation.fr/debats/2016/05/25/a-l-obs-un-licenciement-tres-politique_1455023

    Denis Podalydès Acteur Etienne Balibar Philosophe Claude Lanzmann Réalisateur Emmanuel Todd Démographe et historien Michela Marzano Philosophe Julia Cagé Economiste Alain Badiou Philosophe John MacArthur Directeur du magazine Harper’s La Rumeur Groupe Jérôme Prieur Auteur et réalisateur François Bégaudeau Ecrivain Christian Salmon Essayiste Jacques Rancière Philosophe Laurent Binet Ecrivain Raphaël Liogier Sociologue et philosophe Bernard Stiegler Philosophe Gérard Mordillat Ecrivain et réalisateur Stéphanie Chevrier Editrice André Orléan Economiste Christian Laval Sociologue Pierre Dardot Philosophe Hugues Jallon Editeur Michaël Fœssel Philosophe Cédric Durand Economiste Chloé Delaume Ecrivaine Geoffroy de Lagasnerie Sociologue Guy Walter Ecrivain et directeur de la Villa Gillet Chantal Jaquet Philosophe Razmig Keucheyan Sociologue Edouard Louis Ecrivain Frédéric Schiffter Philosophe Jacques de Saint-Victor Historien Caroline de Haas Militante féministe Christine Delphy Sociologue Benjamin Stora Historien Mathieu Terence Ecrivain Bernard Lahire Sociologue Roland Gori Psychanalyste Elsa Dorlin Philosophe Patrick Chamoiseau Ecrivain Anne Dufourmantelle Psychanalyste Annie Ernaux Ecrivaine Guillaume Le Blanc Philosophe Ollivier Pourriol Philosophe Hervé Le Bras Démographe François Gèze Editeur Sophie Wahnich Historienne Lydie Salvayre Ecrivaine Quentin Meillassoux Philosophe Romain Bertrand Historien François SchlosserAncien rédacteur en chef du Nouvel Observateur. Edwy Plenel Fondateur de Mediapart et Jean-Pierre Dupuy Philosophe.

  • Le capital fictif avec l’économiste Cédric Durand
    http://www.loldf.org/spip.php?article476

    Le capital fictif, Késako ? On en a parlé avec l’économiste Cédric Durand qui vient de publier « Le capital fictif, comment la finance s’approprie notre avenir » aux éditions Les prairies ordinaires. Le capital fictif pourrait n’être qu’un tigre de papier... Mais il mord ! Par la financiarisation, le capital s’est arrogé un pouvoir dont on ressent aujourd’hui toute la violence. Si la sophistication financière a permis un temps de masquer la déconnexion croissante entre l’épuisement de la dynamique productive et les exigences du capital, la crise de 2007-2008 a fait tomber le voile. L’hégémonie financière se pare des atours libéraux du marché, mais à chaque fois que les marchés s’effondrent, le capital fictif se tourne vers le politique pour mieux presser à son profit les corps sociaux. (...) Source : (...)

  • Cédric Durand : pour une critique radicale de Gauche de l’Union Européenne 2/2
    http://ilfautledire.fr/2014/12/cedric-durand-pour-une-critique-radicale-de-gauche-de-lunion-europeenne

    Deuxième partie de l’entretien avec Cédric Durand qui a dirigé, en 2013, En finir avec l’Europe publié aux Editions La Fabrique. Si l’Union Européenne a « depuis l’origine un biais pro-marché et anti-démocratique », on en fait quoi ? Voilà où je voulais…Read more →

    http://ilfautledire.fr/wp-content/uploads/2014/12/045.Cedric_Durand_En_finir_avec_l_Europe_2_sur_2.mp3

  • Enregistrement complet du débat entre Anselm Jappe (wertkritik) et Cédric Durand (économiste atterré) : l’Euro, l’Europe, le capitalisme pendant presque 2h !

    http://www.grand-angle-libertaire.net/wp-content/uploads/2013/12/sons-rencontre-Jappe-Durand.mp3

    Comme disent les organisateurs :
    http://www.grand-angle-libertaire.net/rencontre-grand-angle-cedric-durand-anselm-jappe

    Le débat a fait venir près de soixante personnes. Les présentations des auteurs étaient de grande qualité et l’échange contradictoire qui a suivi a porté sur des éléments d’analyse aussi essentiels qu’ignorés la plupart du temps par les commentateurs les plus autorisés. Ce genre de confrontation est rarissime.

    Via #Palim-Psao :
    De quoi l’Euro et l’Europe sont-ils le nom ? Débat entre Anselm Jappe et Cédric Durand sur l’Europe [Enregistrement]
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-de-quoi-l-europe-est-elle-le-nom-enregistrement-du-deba

    Le débat, la polémique, la disputatio

    L’historien britannique Edward P. Thompson confessait en 1973 que « ce n’est que que dans une attitude d’opposition que je suis capable d’organiser mes pensées » (in « Poverty of Theory and Other Essays », Merlin Press, 1978, p. 116). C’est ce précepte que suivra à la lettre Anselm Jappe dans sa réaction à l’exposé très « gauche du capital » de Cédric Durand, auteur dernièrement de « En finir avec l’Europe » (La fabrique, 2013), ouvrage qui a le mérite de condenser le bric-à-brac des interprétations de la « gauche de la gauche » néokeynésienne au sujet de la crise de ces dernières décennies. L’anticapitalisme tronqué de Durand ne pouvant proposer autre chose qu’un « écosocialisme » qui aura (sans rire) pour « finalité la production et la préservation de la valeur d’usage et non l’accumulation illimitée de valeurs d’échange » (in Revue Contretemps).

    On retrouvera ci-dessous l’enregistrement des exposés des intervenants puis le débat qui ouvre sur une confrontation sur les questions fondamentales de la nature de l’Union européenne, du capitalisme et de la crise . Crise du libéralisme comme le pense la gauche altercapitaliste, ou crise interne du capitalisme (quel que soit sa configuration historique) comme le pense la wertkritik ? Un débat forcément riche et houleux !

    #débat #Anselm-Jappe #Cédric-Durand #critique_de_la_valeur #wertkritik #capitalisme #Europe #Euro #libéralisme #travail #valeur #gauche

  • En finir avec l’Europe
    http://www.radiogrenouille.com/actualites-2/critiques-cedric-durand-en-finir-avec-leurope

    La construction européenne est-elle un facteur de progrès social ? est-elle un projet démocratique, permettant d’assurer prospérité, paix et protection sociale ? Ou bien est-elle au contraire devenue un obstacle à de telles ambitions ? Critiques reçoit Cédric Durand, économiste, qui a coordonné l’ouvrage collectif « En finir avec l’Europe », aux éditions la Fabrique, paru en 2013. Durée : 1h. Source : Radio Grenouille

    • L’auteur semble partir du principe qu’une autre politique, plus conforme à ses voeux serait possible sans l’Europe mais l’Europe n’est en rien responsable de l’absence de mise en oeuvre de son projet politique : elle est dirigée par les gouvernements issu du vote des Européens et ses lois sont approuvées par nos élus au Parlement européen. Avec ou sans l’Europe son projet n’a pas de majorité.

  • Après la #croissance, la revanche de la valeur d’usage | Contretemps
    http://www.contretemps.eu/interventions/apr%C3%A8s-croissance-revanche-valeur-dusage

    Après avoir défendu la thèse d’une fin de la croissance, Cédric Durand revient ici sur les apports et limites de la démarche décroissante, puis dessine ce que pourrait être une perspective écosocialiste se donnant « comme finalité la production et la préservation de la valeur d’usage et non l’accumulation illimitée de valeurs d’échange ». Ce texte constitue la transcription d’une introduction à un débat sur l’écosocialisme. Annotations : (...)

    #:Cedric_Durand #Capitalisme #décroissance #Écologie #éco-socialisme #Alternatives #Economie #biens_communs #productivisme #consommation

  • ( Reprise ) Jacques Sapir : « Euro, l’éruption peut reprendre à tout moment » - Décryptage - Actualité - Liberté Politique
    http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Jacques-Sapir-Euro-l-eruption-peut-reprendre-a-tout-moment

    Jacques Sapir est économiste, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS). Spécialiste de l’économie russe et des questions monétaires, il a consacré son dernier ouvrage à la crise de la monnaie unique : Faut-il sortir de l’euro ? (Seuil, Janvier 2012). Il est aussi co-auteur, avec les économistes Philippe Murer et Cédric Durand, d’une étude sur les scenarii de dissolution de l’euro, publiée par la Fondation Res Publica. En septembre 2012, nous avions déjà ouvert nos colonnes à cet économiste hétérodoxe. Il y décrivait les conséquences économiques, sociales et politiques de la crise de l’euro. La fin de la monnaie unique apparaissait alors comme inéluctable et souhaitable. Un an plus tard, Jacques Sapir dresse un rapide bilan de l’année écoulée, et pose les enjeux des prochains mois.

     

    Liberté politique – Depuis le précédent entretien, le chômage en zone euro a poursuivi son ascension, le pouvoir d’achat des citoyens a encore baissé, Mario Monti a été démis de ses fonctions par les électeurs et le gouvernement italien demeure fragile, les dirigeants européens se sont affolés à l’occasion de la crise chypriote, plusieurs manifestations de masse contre l’austérité ont eu lieu dans les pays du sud de l’Europe et ont parfois été marquées par des violences comme récemment en Grèce, un livre-anti-euro est arrivé en tête des ventes au Portugal… Malgré tous ces événements, les dirigeants européens n’ont pas changé les règles de l’union monétaire. Ne font-ils que gagner du temps ?

    Jacques Sapir – La stratégie des dirigeants européens est de gagner du temps parce qu’il y a des divergences structurelles sur la question des réformes à mener dans la zone euro. On l’a bien vu avec le projet d’union bancaire, signé en octobre. Dès la fin de l’année, l’Allemagne remettait en cause l’accord. Non seulement il a été réduit, mais le gouvernement allemand prétend que cet accord ne pourra être appliqué qu’après modification des traités ; ce qui repousse l’échéance à 2015, voire à 2016.

    Les dirigeants européens peuvent gagner du temps grâce à la politique de Mario Draghi à la tête de la Banque centrale européenne. Il rachète régulièrement des titres de dettes des pays « à risques » et maintient ainsi les taux auxquels empruntent ces pays à un niveau plus ou moins tolérable (même si des taux à 4,5% sont extrêmement lourds pour un pays comme l’Italie). Il n’y a plus de crise spéculative majeure depuis la fin du printemps, mais comme rien n’est réglé, nous sommes à la merci d’une nouvelle secousse, qu’elle soit économique, politique (un arrêt de la cour constitutionnelle de Karlsruhe, élections italiennes, françaises…) ou sociale. Pour reprendre une formule, nous dansons au dessus d’un volcan. Le volcan est provisoirement endormi. L’éruption peut reprendre à tout moment.

    #économie
    #euro
    #Jacques-Sapir

  • Misère de l’économie du développement, par Cédric Durand et Charlotte Nordmann | RdL La Revue des Livres
    http://www.revuedeslivres.fr/misere-de-leconomie-du-developpement-cedric-durand-et-charlotte-nordm

    Abhijit V. Banerjee et Esther Duflo, Poor Economics. A Radical Rethinking of the Way to Fight Global Poverty, New York, PublicAffairs, 2011, 320 p., 26,99 $ (traduction française à paraître au Seuil en 2012).

  • Esther Duflo : misère de l’économie du développement | RdL La Revue des Livres

    extrait de l’article de Cédric Durand et Charlotte Nordmann

    « Repenser radicalement la lutte contre la pauvreté », c’est ce que se proposent de faire Esther Duflo et Abhijit V. Banerjee dans Poor Economics. Jusqu’à récemment, nous expliquent-ils, les politiques de lutte contre la pauvreté étaient élaborées sur la base de grands principes sans ancrage probant dans la réalité. L’introduction dans le domaine de la lutte contre la pauvreté de l’expérimentation aléatoire, ou « évaluation randomisée », permettrait enfin de sortir du sommeil dogmatique – des « idéologies » – pour entrer dans l’ère du pragmatisme et de la scientificité.

    Derrière ces formules aux noms imposants se cache un principe simple : l’extension au champ de l’économie du développement de la méthode des essais cliniques, en usage en médecine, afin de tester empiriquement la validité de politiques de lutte contre la pauvreté. Tout le travail du chercheur consisterait dès lors à définir une intervention, puis à l’appliquer à une population choisie de façon aléatoire pour déterminer les effets obtenus en comparant, au terme de l’intervention, la population choisie à un groupe de contrôle n’ayant pas fait l’objet du programme évalué. C’est ce principe que les auteurs de l’ouvrage et leurs équipes rassemblés au sein du laboratoire J-PAL au MIT sont parvenus à imposer ces quinze dernières années en économie du développement.

    De même que l’on évalue l’effet de nouveaux médicaments avant de les mettre sur le marché, pour savoir si un programme de lutte contre la pauvreté est efficace ou non, il faut le tester, nous disent-ils avec bon sens. Plutôt que de trancher la question sur la base de grands principes (comme « les gens ont besoin de liberté, pas d’aides » ou « les gens ont besoin d’aide pour accéder à la liberté »), il faut pouvoir concrètement et précisément mesurer les effets du programme. Par exemple, comparer ce qui se produit quand on distribue des moustiquaires gratuitement et quand on les propose à prix réduit, plutôt que de se déterminer a priori pour l’une ou l’autre option – les uns estimant que ce bien essentiel à la santé publique doit être gratuit, les autres affirmant que donner quelque chose le dévalue et nuit à son usage. Au final, des résultats sont obtenus et certains frappent l’esprit : telle étude montre l’effet considérable d’une mesure peu coûteuse – comme l’administration de vermifuges aux enfants pauvres, qui permet d’allonger leur scolarisation et conduit à une augmentation de leurs revenus à l’âge adulte (p. 272) ; telle autre montre l’importance d’un facteur qu’on aurait sinon négligé – comme le fait que, pour maîtriser leur fécondité, les femmes doivent certes avoir accès à des moyens de contraception, mais surtout y avoir accès sans le contrôle de leur mari (p. 116-117).

    À cette idée qu’il faut tester les politiques, les auteurs ajoutent qu’il est essentiel de comprendre la façon dont vivent et pensent les pauvres pour élaborer des politiques adéquates. Les évaluations aléatoires qui identifient les effets exacts de tel ou tel dispositif peuvent aussi permettre de saisir les « motivations » des comportements des pauvres, et à partir de là de concevoir de nouvelles mesures plus efficaces.

    L’écho rencontré par ces travaux est considérable : ils ont valu à leurs auteurs des prix prestigieux, ils ont bénéficié d’une couverture médiatique très large et ils sont devenus une référence incontournable pour les gouvernements, les ONG et des institutions économiques centrales comme la Banque mondiale. Les nombreuses études évoquées dans l’ouvrage attestent de ce succès. Poor Economics est ainsi une démonstration de force de ceux qu’on appelle les randomistas : il synthétise les résultats de leurs travaux sous une forme à la fois exhaustive et extrêmement accessible. Destiné à un lectorat bien plus large que le seul monde universitaire, cet ouvrage s’inscrit dans une stratégie de construction d’une nouvelle hégémonie dans le champ de l’économie du développement et de la lutte contre la pauvreté.

    Étant donné l’ampleur de ce phénomène, il est urgent d’adopter à son sujet un regard critique. Le point de départ est bien entendu de reconnaître qu’il y a quelque chose de précieux dans ce « retour à l’empirie », mais il faut aussitôt pointer le caractère excessif de l’engouement qu’il suscite. Il y a là quelque chose de surprenant, qui renvoie à la crise intellectuelle que subit l’économie du développement depuis le tournant des années 2000.

    Du point de vue de la démarche scientifique, la validité et la portée des résultats de l’expérimentation aléatoire posent des problèmes très largement sous-estimés. Sur le plan éthique, le rapport de pouvoir qui s’instaure entre chercheurs et sujets du test doit aussi être interrogé. Enfin, la neutralité idéologique à laquelle prétend cette démarche est largement illusoire : elle procède d’une entreprise dangereuse de dépolitisation des débats de politique économique.

    Article accessible par le lien proposé en fin d’article sur la page de RdL mentionnée ci-après :
    http://www.revuedeslivres.fr/esther-duflo-misere-de-leconomie-du-developpement

  • Esther Duflo : misère de l’économie du développement (La Revue des Livres)
    http://www.revuedeslivres.fr/esther-duflo-misere-de-leconomie-du-developpement

    La presse française lance un cocorico sonore et unanime : Esther Duflo, une économiste française, professeur d’économie du développement au MIT et titulaire d’une chaire au Collège de France, va conseiller Barack Obama sur les questions de développement. C’est le moment de relire un article remarquable, « Misère de l’économie du développement », publié par Cédric Durand et Charlotte Nordmann dans la première livraison de la RdL (septembre-octobre 2011). Alors que les médias français ont accueilli avec une complaisance étonnante Repenser la pauvreté d’Esther Duflo et Abhijit V. Banerjee (Paris, Seuil, 2012), Cédric Durand et Charlotte Nordmann dévoilent les impensés et les confusions d’une pensée indigente. A lire ou à relire donc pour se prémunir des enthousiasmes médiatiques et entreprendre de poser une peu sérieusement la question de la pauvreté et du développement dans le monde. Source : La Revue des Livres

    • La force du discours de Banerjee et Duflo tient à sa capacité à s’imposer dans l’espace public de manière consensuelle, en jouant sur plusieurs cordes à la fois : celle de la scientificité, mais aussi celle du « bon sens (...) court-circuiter toute perspective systémique et de masquer en pratique les conflits d’intérêts et la domination, sans lesquels « la #pauvreté » – une réalité qui est loin d’être donnée de toute éternité – est inexplicable.

      voir aussi http://seenthis.net/messages/59467