person:cédric villani

  • Gilets jaunes contre l’intelligence artificielle et la 5G - IAATA
    https://iaata.info/Gilets-jaunes-contre-l-intelligence-artificielle-et-la-5G-3285.html

    Ce jeudi 4 avril, les milieux d’affaires tarnais avaient convié dans l’amphithéâtre d’honneur de l’Ecole des Mines d’Albi l’excellent Cédric Villani, député En Marche et mathématicien, pour disserter sur l’économie numérique et la société du big data.
    Il a été interrompu par un cloud d’opposant.es à la Start-up Nation qui se sont introduit.es sur le podium pour lire la lettre suivante :

    Cher Cédric Villani,

    Nous vous remercions de vous être déplacé à Albi à l’occasion de cette conférence sur « L’économie numérique » à l’Ecole des Mines, car nous avions justement des choses à vous dire.

    Tout d’abord, nous avons le plaisir de vous remettre un compteur communicant Linky. Prenez-le, il est offert : c’est nous tous qui finançons, via la TURPE, leur déploiement à hauteur de 7 milliards d’euros.

    Ce petit boîtier jaune rend bien des services. Il s’est révélé un merveilleux outil d’éducation populaire. Dans toute la France, il a permis une prise de conscience massive de ce que signifie le monde du big data et des algorithmes, des véhicules autonomes et de la 5G. Dès lors, initié.es par ENEDIS aux joies des objets connectés, nous sommes devenu.es particulièrement sensibles aux mensonges dont on accompagne les investissements en faveur de l’intelligence artificielle.

    Par exemple, l’idée qu’elle serait une manière de créer des emplois. Soyons sérieux : l’automatisation sert à automatiser. Automatiser sert à licencier, à l’image des dizaines de milliers d’employés d’ENEDIS qui relevaient les compteurs électriques, ou à l’image de la désastreuse dématérialisation des services publics. Autre exemple : en France, le déploiement des véhicules autonomes, c’est-à-dire de la conduite par intelligence artificielle, menace directement plus de 600 000 professionnel.les (chauffeurs de bus, routiers, taxis, etc. ), soit 2 % de la population active. Et ne nous ressortez pas la bonne vieille théorie de la compensation : les conducteurs licenciés auront autant de chance de créer leurs start-up de robotique que les chevaux n’en avaient de se mettre à produire des pièces automobiles.

    Le problème, M. Villani, c’est aussi qu’il a fait chaud, beaucoup trop chaud à Albi en ce début de printemps. Or l’économie numérique est vorace : elle exige de produire toujours plus de processeurs, de capteurs, de serveurs, de câbles, d’antennes et d’écrans. Elle engloutit des quantités colossales d’énergie, de matières premières et de métaux. Le programme Linky est assez parlant : au nom de la transition écologique, on a commencé par bazarder 35 millions de compteurs en parfait état de marche, puis, en numérisant les réseaux, on génère des pétaoctets de données, stockées et traitées dans d’immenses entrepôts de béton qu’il faut refroidir en permanence. Vous ne pouvez l’ignorer : à l’échelle du globe, ces fameux data centers rejettent déjà autant de CO2 dans l’atmosphère que la totalité du transport aérien3. A ce stade, peut-on encore parler d’intelligence, même artificielle ?

    Enfin, qu’il s’agisse d’e-médecine, de maisons communicantes ou de voitures connectées, ce monde, qui fait de nos vies un grand réservoir à big data, est inacceptable pour une raison simple : il s’appuie sur le réseau 5G qui, plus encore que les précédents, menace directement notre santé. Nous refusons que tous les êtres vivants soient massivement exposés à des champs électromagnétiques d’une telle puissance pour faire fructifier l’industrie de l’électronique et les fortunes des Silicon Valley mondiales.

    Nous luttons pour la sobriété et la justice sociale. Si vous souhaitez employer votre curiosité intellectuelle et votre goût pour les sciences, tout en pérennisant votre carrière politique, n’hésitez pas, M. Villani, à rejoindre les rangs de l’écologie radicale et de l’anticapitalisme dont nous pensons, étant donnés les enjeux actuels, qu’ils constituent les filières d’avenir les plus populaires et les plus novatrices.❞

    Le comité d’accueil du député Cédric Villani à l’Ecole des Mines d’Albi

    #critique_techno #big_data #automatisation #villani #linky

  • Notes de lecture : « Algorithmes, La bombe à retardement » de Cathy O’Neil - Variances
    http://variances.eu/?p=3859

    Catherine O’Neil, Ph. D de mathématiques à Harvard, effectue d’abord des recherches en géométrie algébrique arithmétique. Quittant le monde feutré de l’Université en 2007, elle travaille quatre ans dans l’industrie de la finance, dont deux pour un fonds spéculatif puis dans une société de logiciels qui évalue le risque des fonds spéculatifs et des banques. En 2011, elle travaille pour une start-up qui construit des modèles prédictifs d’achats et de clics des consommateurs. Elle est active dans le mouvement Occupy Wall Street depuis ses débuts, tient un blog. Elle écrit Weapons of Math Destruction en 2016, traduit l’année dernière en français et préfacé par Cedric Villani.

    On imagine bien le parcours intellectuel de l’auteure : issue du monde académique des mathématiques théoriques, elle s’est immergée dans les mathématiques appliquées, d’abord dans la finance, au moment de la crise financière puis, effrayée par les utilisations malsaines de ses connaissances par un hedge fund (pensons aux subprimes et aux AAA décernés par les agences de notation), elle se tourne vers une entreprise de contrôle des risques qui la déçoit beaucoup. Son expérience dans des entreprises de l’internet qui visent à prévoir le comportement des consommateurs à partir de leur activité sur Internet la met en présence des « modèles » prédictifs (prévoir les clics des internautes plutôt que les mouvements de marché) avec leurs a priori. Elle se plonge dans les différents outils du même type, basés sur le big data, qui prolifèrent aux Etats-Unis et pointe le doigt sur leurs effets pervers. Elle s’engage alors dans des mouvements citoyens et publie son ouvrage qui, tout en étant complètement littéraire, est bien entendu basé sur une analyse rigoureuse.

    #Armes_de_Destruction_Mathématiques

  • France – Algérie : Macron va reconnaître que Maurice Audin est “mort sous la torture” – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/09/13/france-algerie-macron-va-reconnaitre-que-maurice-audin-est-m

    France – Algérie : Macron va reconnaître que Maurice Audin est “mort sous la torture”
    septembre 13, 2018 par salim sellami, publié dans uncategorized
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    APS
    13 SEPTEMBRE 2018 À 12 H 52 MIN
    La France a reconnu jeudi officiellement avoir instauré un “système” recourant à la “torture” pendant la guerre de libération nationale. La présidence française a indiqué, dans un communiqué, que le président Emmanuel Macron va reconnaître jeudi que le militant algérien Maurice Audin, disparu en juin 1957, est “mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France”.

    L’Elysée a ajouté que le chef d’Etat français remettra une déclaration à la veuve de Maurice Audin et annoncera “l’ouverture des archives sur le sujet des disparus civils et militaires, français et algériens”. C’est le député Cédric Villani, proche du président Macron et de la famille Audin, qu’il a annoncé cette nouvelle jeudi matin sur les ondes France Inter. En février dernier, rappelle-t-on, un témoignage d’un appelé de contingent, qui pense avoir enterré le corps de Maurice Audin, a relancé l’exigence de vérité sur ce crime vieux de 61 ans.

    “Je crois que c’est moi qui ai enterré le corps de Maurice Audin”, avait confié au journaliste de l’Humanité ce témoin des atrocités qu’avait fait subir l’armée française aux Algériens durant la guerre de libération et qui a voulu garder l’anonymat en se tenant à la disposition de la famille Audin. Il a raconté que les événements se sont déroulés dans une ferme à Fondouk (actuellement Khemis el-Khechna) où, dans une cabane fermée à clé, se trouvaient “deux cadavres enroulés dans des draps et cachés sous la paille”.

    “J’ai d’abord l’impression de loin que ce sont des Africains. Ils sont tout noirs, comme du charbon”, a-t-il précisé, faisant état des propos du soldat Gérard Garcet, désigné plus tard par ses supérieurs comme l’assassin de Maurice Audin qui racontait “fièrement” avoir passé les deux victimes à la “lampe à souder” (…) pour éviter qu’on puisse les identifier”. Depuis, plusieurs personnalités, intellectuels et associations réclament la vérité sur cet assassinat.

    En mai dernier, plus d’une cinquantaine de personnalités, historiens, politiques, juristes, journalistes et cinéastes, ont demandé au président Macron de reconnaître la responsabilité de l’Etat français dans l’assassinat du militant algérien.

    “Le 11 juin 1957, pendant la bataille d’Alger, Maurice Audin, mathématicien communiste de 25 ans, était arrêté par les parachutistes du général Massu devant sa famille, avant d’être torturé. Le jeune assistant à la faculté d’Alger n’en est jamais revenu, et l’armée française a fait disparaître son corps”, avaient rappelé les signataires de la lettre ouverte adressée au président Macron.

    Ils ont souligné que tous ceux qui ont travaillé sur cette “affaire” ont établi que Maurice Audin avait été torturé et assassiné par l’armée française, agissant dans le cadre des pouvoirs spéciaux votés par le pouvoir politique. Pour ces personnalisés, le moment est venu pour “des actes forts sur cette période de l’histoire”, comme Emmanuel Macron en avait promis.                                                                      https://www.elwatan.com/edition/actualite/france-algerie-macron-va-reconnaitre-que-maurice-audin-est-mort-sous-la-tor

  • À l’Assemblée, nouvelles propositions de « charte du numérique »
    https://www.nextinpact.com/news/106828-a-lassemblee-nouvelles-propositions-charte-numerique.htm

    Alors que les débats sur la réforme constitutionnelle reprendront demain à l’Assemblée nationale, la députée Paula Forteza, rejointe par une trentaine de députés LREM, a revu son projet de « charte du numérique ». Sur les autres bancs, les propositions se multiplient.

    Cette seconde tentative sera-t-elle plus fructueuse que la précédente ? Lors des débats en commission, fin juin, les rapporteurs s’étaient assez sèchement opposés à l’introduction d’une charte constitutionnelle dédiée aux « droits et libertés numériques » (neutralité du Net, protection des données personnelles, etc.).

    « Il faut être extrêmement rigoureux dans ce que nous inscrivons dans ce texte constitutionnel » avait ainsi objecté Yaël Braun-Pivet (LREM), la majorité ne souhaitant visiblement pas que les députés amendent trop largement le texte présenté par le gouvernement.

    La présidente de la commission des lois avait surtout jugé « très aventureux » d’adopter une telle charte, « parce que nous n’en mesurons pas aujourd’hui les conséquences, les implications » (voir notre compte rendu).
    Début de mobilisation en faveur d’une « charte du numérique »

    À l’approche des débats en séance publique, qui débuteront mardi après-midi, le projet porté par Paula Forteza a reçu le soutien appuyé du président de l’Arcep, Sébastien Soriano.

    « Une charte des droits et libertés à l’ère numérique procéderait d’un contrat de résistance face à un ordre numérique susceptible de renverser nos libertés », a ainsi fait savoir le régulateur des télécoms, la semaine dernière au travers d’une tribune. À ses yeux, affirmer certains principes au plus haut niveau de la pyramide des normes « assurerait leur protection non pas seulement à l’intérieur de nos frontières, mais aussi à l’extérieur ». Un message relativement clair à l’heure où les États-Unis viennent de renoncer à la neutralité du Net.

    Le président de l’Arcep a enfin fait valoir que l’écriture de cette charte « serait l’occasion d’un exercice collectif d’affirmation et d’appropriation des principes qui la composent ».

    Au regard des nombreuses propositions de charte récemment déposées par différents députés, les discussions promettent justement d’être nourries.
    « Nous avons abouti à un texte solide techniquement », soutient Paula Forteza

    Si certains parlementaires ont repris le texte qu’ils avaient proposé en commission, Paula Forteza a retravaillé son projet de charte. Celui-ci contient désormais huit articles, contre sept auparavant :

    « Art. 1er. – Toute personne a le droit d’accéder aux réseaux numériques de manière libre, égale et sans discrimination.

    Art. 2. – Les réseaux numériques sont développés dans l’intérêt collectif et respectent le principe de neutralité : le trafic y est libre et nul n’est autorisé à y établir des différences de traitement.

    Art. 3. – Le numérique facilite la participation de toute personne à la vie publique et à l’expression des idées et des opinions.

    Art. 4. – Toute personne a le droit d’accéder aux informations détenues par les autorités publiques et de les réutiliser.

    Art. 5. – Toute personne a le droit à la protection des données à caractère personnel qui la concernent et à la maîtrise des usages qui en sont faits.

    Art. 6. – L’éducation et la formation au numérique doivent contribuer à l’exercice des droits et devoirs définis par la présente Charte.

    Art. 7. – La loi détermine les conditions et les limites d’exercice des droits et obligations définis par la présente Charte.

    Art. 8. – La présente Charte inspire l’action européenne et internationale de la France. »

    De fait, les thématiques restent les mêmes. Seule la rédaction évolue, afin de prendre en compte les réserves émises en commission. Paula Forteza nous explique en effet avoir « retravaillé le texte avec des constitutionnalistes, des régulateurs, des administrations pour circonscrire les préoccupations des rapporteurs sur les potentiels impacts non maîtrisables du dispositif ».

    La principale nouveauté réside dans l’article 7, qui confie au législateur le soin de fixer les « conditions » et « limites d’exercice » de tous les droits et obligations posés par la charte.

    « Nous avons abouti à un texte solide techniquement, qui est mûr au niveau de la rédaction » soutient désormais Paula Forteza.

    « La décision sera maintenant politique », poursuit l’élue, qui a réuni une trentaine de cosignataires (parmi lesquels Cédric Villani, Matthieu Orphelin et Éric Bothorel) sur son amendement. « Il devrait y avoir une ouverture des rapporteurs sur le sujet du numérique », espère-t-elle également.
    De nombreuses propositions de charte

    La majorité se sait attendue au tournant. Mis à part Les Républicains, des amendements seront soutenus sur la plupart des bancs de l’Assemblée nationale, de l’extrême gauche à l’extrême droite.

    Les députés PS ont repris le texte issu du groupe de travail Assemblée/Sénat sur les « droits et libertés constitutionnels à l’ère numérique » (voir ici). Celui-ci vise notamment à protéger la neutralité des réseaux, la liberté d’expression, l’accès à Internet et aux informations publiques, ainsi que le droit à l’éducation au numérique.

    Le groupe communiste a quant à lui ajouté un article à ce même texte pour que toute personne ait « le droit à une alternative aux procédures dématérialisées dans ses relations avec le service public » (voir ici).

    Philippe Latombe (Modem) a également repris le texte du groupe de travail sur les « droits et libertés constitutionnels à l’ère numérique », tout en y intégrant quelques modifications rédactionnelles (voir ici).

    Le groupe La France Insoumise a redéposé le projet de charte qu’il avait préparé pour les débats en commission (voir ici). Comme nous avons déjà eu l’occasion de l’expliquer, celui-ci est beaucoup plus étendu : protection contre la surveillance des communications électroniques, promotion de la « netiquette » et des logiciels libres, reconnaissance d’un « domaine commun informationnel », etc.

    Idem pour la députée Delphine Batho (ex-PS), qui continue de défendre un projet de charte alternatif, orienté tout particulièrement autour des questions de souveraineté (voir ici).

    Six députés Rassemblement national (ex-FN) ont déposé un amendement favorable à l’introduction d’une charte. Ceux-ci ne détaillent toutefois pas son contenu.

    Afin de mettre davantage de pression sur les parlementaires, l’Internet Society France, qui milite pour un Internet « ouvert et neutre », a lancé une pétition en ligne.

    #Charte_numérique #Constitution #Neutralité_internet

  • ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA BIOÉTHIQUE
    Quel monde voulons-nous pour demain… et quel débat pour aujourd’hui ?

    Les États généraux de la bioéthique viennent de s’ouvrir avec cette question : « Quel monde voulons-nous pour de- main ? » Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) qui les préside est un organisme « indépendant » composé d’un président nommé par le chef de l’État, lequel nomme également 5 des 39 autres membres, 19 étant choisis par les ministres et les présidents d’assemblée et de grands corps d’État, les 15 derniers par leurs pairs dans le secteur de la recherche. Une large majorité est donc redevable au pouvoir en place, et nombre d’entre eux sont déjà acquis à la cause des lobbys. La consultation en cours n’est donc qu’un vaste trompe-l’œil et ce CCNE n’a rien d’éthique : fortement politisé (on a vu comment fin 2013 il fut remanié de fond en comble par François Hollande pour sa politique de diversion sociétale), il n’obéit à aucune charte éthique claire. Sa constitution laisse déjà présager des conclusions de ses travaux.

    On consacre le fait qu’il y aurait un « sens de l’histoire », qui ne peut qu’accompagner la libéralisation progressive des règles freinant le marché de la reproduction et de l’artificialisation de l’homme. Le généticien Jean-François Mattei, ancien rapporteur des lois de bioéthique, nous a avertis : « Dans le domaine bioéthique, chaque pas que nous faisons ne nous paraît pas absolument déterminant et repoussant, mais vient un jour où l’on se retourne et où l’on est arrivé plus loin que ce que nous aurions voulu. Pour éviter cette pente eugéniste, il a fallu se battre1. » Sous couvert d’avancées thérapeutiques, il s’agit d’imposer par le fait accompli le tri des êtres humains, la numérisation de nos existences et l’« augmentation » d’un homme préalablement diminué par ces mêmes technologies.

    Comme l’écrivait récemment le mathématicien Cédric Villani, chargé par le gouvernement d’une mission sur l’intelligence artificielle (IA) : « Il faut tout d’abord une initiation aux bases et à l’esprit de l’algorithmique et de la robotique dès le plus jeune âge […]. Si on ne rassure pas la population, on ne pourra pas avancer. Cela passe par la mise en place de comités d’éthique, qui pourront édicter des règles de bonne conduite, ou conseiller gouvernement et entreprises2… » Et Jacques Testart, le père du bébé-éprouvette, d’affirmer sur son blog Critique de la science que « la fonction de l’éthique institutionnelle est d’habituer les gens aux développements technologiques pour les amener à désirer bientôt ce dont ils ont peur aujourd’hui ».

    QUEL HOMME VOULONS-NOUS POUR DEMAIN ?

    On aura remarqué que la quasi-totalité des thèmes abordés ont trait au transhumanisme, cet ultime avatar du capitalisme et sa sortie de secours avant l’inéluctable effondrement : derrière le marché juteux de la reproduction artificielle de l’humain (procréation médicalement assistée, diagnostic préimplantatoire, contrats de location d’utérus, recherche embryonnaire, génétique et génomique), il sera aussi question d’intelligence artificielle, de robotique, de big data et de contrôle des comportements par les neurosciences.
    Pour mieux masquer l’idéologie générale qui sous-tend ces débats, l’ensemble sera fragmenté par régions, chacune n’ayant droit qu’à quelques thèmes de réflexion sur tel ou tel élément technique du système qu’on impose. Sera à l’honneur en Nouvelle-Aquitaine le big data, ce grand pourvoyeur de données pour l’intelligence artificielle qu’il nourrit – ou « éduque » comme disent les ingénieurs3. Le site officiel des États généraux nous suggère que l’IA implantée dans des robots permettra de pallier le manque de médecins dans les déserts médicaux, voire de prendre en charge les aînés dont plus personne ne souhaite s’occuper, comme c’est déjà le cas au Japon. Avant sans doute l’hybridation avec le cerveau humain sur laquelle travaillent les transhumanistes, pour compenser le déclin des capacités intellectuelles mesuré ces dernières années, déclin dont les pollutions chimiques, l’abrutissement par le monde virtuel et les prothèses technologiques sont, entre autres, la cause. Dans un monde où la déshumanisation veut s’imposer jusque dans l’intimité de la maladie et de la fin de vie, la protection des données personnelles n’a que peu d’importance. Ainsi Laurent Alexandre, qui conseille le député Cédric Villani et le ministre du Numérique Mounir Mahjoubi, demande que « la Cnil soit modifiée pour permettre aux IA françaises d’utiliser les données personnelles4 ».

    La technocratie, cette classe toute-puissante qui concentre désormais le pouvoir, le savoir et l’avoir, a intégré la leçon des sociologues de l’acceptabilité : « Faire participer, c’est faire accepter. » C’est ainsi que, après avoir dévasté notre milieu naturel et empoisonné nos organes – pensons seulement aux pesticides et autres perturbateurs endocriniens, largement responsables de l’infertilité qui justifie la PMA –, les technocrates requièrent notre assentiment pour parachever « dé- mocratiquement » la transformation de nos corps et de nos modes de vie. Coup double ! Ceux qui commercialisent les poisons facturent désormais les remèdes.
    C’est pourquoi ils nous invitent à valider l’avancée des technologies « convergentes » ou « exponentielles », selon la novlangue de la Silicon Valley, pendant que sondages et médias préparent l’opinion à l’adoption des mesures qui avaient été mises de côté il y a sept ans : libéralisation de la PMA et de la GPA, désormais sans justification médicale, suicide assisté… en attendant les prochaines sessions, qui pourraient désormais avoir lieu tous les cinq ans, afin de mieux coller à l’accélération des avancées technologiques. On y fera accepter le bébé à la carte, la FIV à trois parents, le clonage thérapeutique, l’utérus artificiel et ce qui en découlera : la formation d’un embryon à partir des chromosomes de deux femmes ou deux hommes, voire l’autoreproduction, à la demande des sujets postmodernes autoconstruits : « Parce que j’y ai droit, parce que c’est mon choix » ! Et l’on voit apparaître les concepts de « stérilité sociétale » ou d’« infertilité sociale » pour légitimer le « droit à l’enfant » et en appeler à la technologie afin de s’affranchir d’une nature humaine dénoncée comme arbitraire, inégalitaire, voire « fasciste » !

    CONTRE L’EUGÉNISME ET LA MARCHANDISATION DES CORPS

    Dans le cadre de la fabrication industrielle de l’humain, l’enfant devient une marchandise comme une autre. La location des ventres se révèle alors comme une nouvelle forme de l’exploitation humaine. Comme le proclamait Pierre Bergé, entérinant la prostitution de l’humanité comme un des rouages du système capitaliste : « Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant. »

    Quant à la procréation médicalement assistée, le diagnostic préimplantatoire qui en est une condition obligatoire conduit de fait à de nouvelles formes d’eugénisme. Déjà, des couples non stériles y ont recours pour sélectionner les caractéristiques de leur progéniture (on a même vu un couple de sourdes-muettes réclamer un enfant sourd-muet). Encore une fois, le problème central ne se résume pas à telle ou telle technique en particulier mais concerne le système dont elles sont l’avant-garde : la normalisation de la fécondation in vitro, couplée aux avancées de la prédiction génomique – déjà effective sur le bétail et les plantes grâce au big data – permettra d’étendre le diagnostic préimplantatoire à un ensemble de critères (taille, couleur des yeux, des cheveux, performances diverses…) qui n’ont plus rien à voir avec des maladies. On prépare des générations d’humains qui, pour la première fois, ne seront plus le fruit du hasard, mais celui d’une sélection d’embryons optimisée en salle blanche. Bienvenue à Gattaca… On se rappellera que l’eugénisme, avant que le nazisme n’en ternisse l’image, était un projet partagé par presque tous les progressistes au début du xxe siècle (la social-démocratie suédoise, par exemple, en fut une pionnière, ne l’abandonnant que dans les années 1970). Peut-on fonder une société humaine décente sur la transgression perpétuelle par la technique des limites biologiques et sociales afin de satisfaire des désirs particuliers ?

    Nous, simples humains qui souhaitons le rester, dénonçons la mascarade de ce débat qui consacre l’artificialisation du vivant. Nous refusons la marchandisation et la robotisation des corps et voulons naître, vivre, aimer, nous reproduire et mourir décemment, sans être incarcérés dans ces dispositifs d’assistance machinale. On ne nous trouvera ni dans les défilés des technoprogressistes des lobbys LGBT, ni avec les catho- réactionnaires de Civitas et consorts.

    Nous refusons l’accroissement indéfini de notre dépendance à des innovations qui nous privent de notre plus élémentaire liberté. Nous voulons stopper la dévastation du monde plutôt qu’adapter notre corps à un milieu saccagé. Et débattre sans intermédiaires, ni politiciens, ni journalistes, ni experts.

    Les Chimpanzés du futur gascons, février 2018
    chimpanzesgascons@riseup.net

    « Ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur. » Kevin Warwick, cyborg transhumaniste

    --
    Notes
    1. La Croix, 30 janvier 2018.
    2. Le 1, janvier 2018.
    3. Ces données sont piégées sur la Toile ou recueillies par nombre de capteurs et mouchards électroniques, dont le très contesté compteur Linky.
    4. Discours à Bordeaux French Tech, 12 décembre 2017, disponible sur Internet.

  • Paradis1280x720 on Vimeo
    https://vimeo.com/205778279


    Amusante parabole sur les mathématiques, la longévité des travaux, la reconnaissance par les pairs, l’entassement de l’information, et la gloire.
    Avec Patrick Dehornoy et Cedric Villani.
    En plus une bonne stratégie publicitaire pour des livres invendables ;-)

    #mathématiques

  • Villani-Avila, la rencontre au sommet
    https://lejournal.cnrs.fr/audios/villani-avila-la-rencontre-au-sommet

    Il y a quelques jours, Cédric Villani et Artur Avila, lauréats 2010 et 2014 de la médaille Fields, la plus prestigieuse récompense en mathématiques, se sont retrouvés au siège du CNRS pour une émission exceptionnelle de la Webradio de l’organisme. Celle-ci a été organisée à l’occasion du 20e anniversaire de la renaissance de l’Institut Henri-Poincaré (IHP), qui est célébré le 17 octobre. Au menu de cette riche discussion animée par Christoph Sorger, directeur de l’Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions (Insmi) : l’impact de la médaille Fields sur leur vie, la manière dont ils voient leur travail de recherche, les raisons du succès de l’école mathématique française ou encore l’histoire de (...)