person:c’est manuel valls

  • Les Bleus, l’équipe de quelle #France ? ou la victoire posthume (ah non pardon) de Finkielkraut
    http://lemonde.fr/euro-2016/article/2016/06/02/les-bleus-l-equipe-de-quelle-france_4930696_4524739.html

    Dans un article publié par les revues Plein Droit et @Vacarme, le maître de conférences en sciences politiques précise que « l’équipe de France de #football est bien devenue le réceptacle de tous les fantasmes sur l’affaiblissement du sentiment patriotique et sur la hantise de double-nationaux “traitres à la nation” ».

    M. Blanchard s’interroge plus longuement sur la sous-représentativité des footballeurs d’origine nord-africaine en sélection tricolore, rappelant notamment qu’entre 1962, date de l’indépendance de l’Algérie, et 1994, soit la première sélection de Zinédine Zidane, un seul joueur ayant des racines algériennes – Omar Sahnoun en 1977-1978 – a évolué sous le maillot bleu.

    « La France black-blanc-beur de 1998 est un mythe », insiste le chercheur. L’obsession actuelle de la classe politique pour le patriotisme ou l’exemplarité des joueurs n’en serait que l’autre versant.

    http://lemonde.fr/euro-2016/article/2016/06/01/la-france-black-blanc-beur-de-1998-est-un-mythe_4930556_4524739.html

    La France Black-blanc, par François Bégaudeau
    http://lemonde.fr/euro-2016/article/2016/05/19/black-blanc-par-francois-begaudeau_4922575_4524739.html

    Il n’est pas écrit que la sélection doive représenter les minorités. Ce qu’on lui demande, c’est de gagner, et tant pis si cela se fait avec un échantillon de joueurs non représentatif de la totalité de l’humanité.

    Mais justement les seuls critères sportifs auraient dû conduire Deschamps à retenir Benzema et Ben Arfa, les deux joueurs français les plus doués de leur génération, bien que le second n’ait pas fait preuve de l’exceptionnelle constance du premier, avant-centre titulaire du plus grand club du monde depuis six ans.

    D’autres paramètres ont prédominé. Ce n’est pas nous qui faisons une fixette sur le sujet, c’est eux. C’est Manuel Valls, qui, alors qu’on ne lui demandait rien, a fait savoir qu’il s’opposait à la participation de Benzema à la fête. C’est son impayable ministre des sports qui, entre une sortie sur les prières à la mi-temps dans les vestiaires de banlieue et une autre sur les footballeuses voilées, a jugé ­préférable que le néodélinquant madrilène restât à la maison en juin.

    #race #racisme #identité_culturelle #football

    Rappel (2005) :

    « On nous dit que l’équipe de France est adorée par tous parce qu’elle est “black blanc beur”, en fait aujourd’hui elle est “black black black”, ce qui fait ricaner toute l’Europe. Si on fait une telle remarque en France, on va en prison, mais c’est quand même intéressant que l’équipe de France de football soit composée presque uniquement de joueurs noirs. »

    http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2005-11-23-Qui-a-dit

    • Une petite nuance tout de même :
      le foot est un sport collectif, ce qu’on oublie trop souvent dans cette époque de glorification de la performance individuelle.
      Aussi bien savoir dribbler est une chose, mais l’apport global au groupe en est une autre.
      Cantona et Anelka, des joueurs les plus doués de leur génération, ont été écartés de l’équipe de France pour des problèmes disciplinaires. On peut parler de Ribéry aussi.
      Benzema est certes doué, mais a moins brillé en équipe de France que dans ses clubs. Et surtout il est impliqué dans une affaire de malveillance grave envers un coéquipier, ce qui dans un groupe peut nuire durablement au maintien d’un bon climat de confiance. Faudrait vérifier les stats, mais ce n’est peut être pas un hasard si l’Equipe de France marque plus de buts lorsqu’il ne joue pas.
      Ben Arfa avait aussi des problèmes de comportement dès le centre formation. Il s’est peut être assagi dans son club, mais les dernières polémiques sont encore assez récentes.
      J’apprécie pas spécialement Deschamps comme entraineur et j’ai pas envie de prendre sa défense. Mais son discours consistant à dire qu’il voulu construire une équipe sur la durée me semble cohérent et pertinent.
      Oui une bonne partie du pays est raciste (Valls en tête) et en veut viscéralement à Benzema de ne pas marquer son allégeance au drapeau français avec son attitude jugée nonchalante et en ne chantant pas la Marseillaise.
      Mais y a aussi une partie du pays qui est attachée aux valeurs collectives et qui comme moi ne comprendrait pas qu’on mette dans une équipe des individus qui ne vont pas dans le sens du collectif, juste parce qu’ils sont « techniquement » plus doués que les autres.

    • Et donc l’article d’Emmanuel Blanchard, « tenue correcte exigée »
      http://www.vacarme.org/article2896.html

      France, Euro 2016. Alors que les Bleus sont souvent présentés comme le modèle même de « l’intégration » française, une généalogie de l’équipe de France dévoile une toute autre réalité. Comme le remarque ici Emmanuel Blanchard, l’équipe de France n’a jamais été aussi « Black-Blanc-Beur » qu’on a voulu le dire.

      Sans oublier, @isskein, le « Plein droit » où est parue une première version de cet article, in. « Sportifs immigrés : le revers de la médaille »
      http://www.gisti.org/spip.php?article5308

      Et @mona a ressorti ce texte « La nation et la France postcoloniale »
      http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/1095-la-nation-et-la-france-postcoloniale.html

      La polémique sur « politique des quotas » envisagé par certains cadres de la Fédération Française de Football n’est pas terminée. L’équipe de France est, par nature, discriminante, puisque seul un petit nombre d’hommes peuvent y prétendre. Le milieu est fertile pour la ségrégation. Jusqu’au terme de « sélection nationale », qui évoque un cheptel labellisé qualité française au sein duquel le « sélectionneur » désigne les bêtes de concours les plus « méritantes ».

  • Les mots creux

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2014/10/19/les-mots-creux_4508643_3232.html

    C’est Manuel Valls lui-même qui a sonné l’alarme devant l’Assemblée nationale, lors de son premier discours de politique générale, le 8 avril : « Beaucoup de nos compatriotes n’y croient plus. Ils ne nous entendent plus. La parole publique est devenue pour eux une langue morte. » Son diagnostic, grave et volontiers provocateur, d’une classe politique qui ne parviendrait plus à s’adresser à ses concitoyens, est partagé par beaucoup, à gauche comme à droite : la crise que traverse le système politique en France est aussi une crise de langage, une crise des mots qui ne font plus sens et peinent à décrire le réel comme à parler aux consciences.

    De ce point de vue, les deux premières années du quinquennat de François Hollande ont été un modèle du genre. L’« inversion de la courbe du chômage » est devenue au fil des premiers mois le symbole de cette langue désincarnée et technique, née d’une expression forgée par Michel Sapin, alors ministre du travail, et reprise plusieurs fois par le chef de l’Etat lui-même. La non-réalisation de ladite inversion a à la fois signé l’échec de la gauche à obtenir des résultats, entamé durablement sa crédibilité pour le reste du mandat et souligné sa propension à se couler dans une novlangue technocratique rejetée massivement par les Français.

    « On ne sait plus parler aux gens, on parle comme des machines ! », se désolait ainsi un député socialiste au lendemain de la déroute de la majorité aux élections municipales de mars. Depuis le remaniement qui s’en est suivi, la formule malheureuse a d’ailleurs été définitivement abandonnée par le nouveau gouvernement et remisée au rang des expressions bannies.

    Le mal-langage politique a contaminé l’ensemble de l’échiquier partidaire et standardisé des discours, davantage clivés par le passé. Un phénomène provoqué largement par la fin des batailles idéologiques à partir des années 1990, et renforcé depuis par les mutations médiatiques de l’information en continu et du tweet, qui réclament une expression « à chaud » et calibrée, au risque de se limiter parfois à des slogans ou à des mots-valises. Combien de fois au cours de ces dernières années n’a-t-on pas entendu un(e) responsable « en situation » expliquer « les yeux dans les yeux » que le pays était « à la croisée des chemins », ou affirmer que telle « réforme d’ampleur » était « la mère de toutes les batailles » ? Quels que soient les gouvernements, tout nouvel accord est forcément qualifié de « gagnant-gagnant », de même que l’emploi, l’éducation ou la lutte contre le terrorisme sont toujours « la priorité des priorités »… Ces mots, forts en apparence, ont en réalité perdu de leur substance au fil du temps : des coquilles vides rendant leurs locuteurs inaudibles par les Français qui éprouvent de plus en plus de défiance envers leurs dirigeants.

    Quand cette politique qui s’exprime en bannissant toute aspérité est menée par la gauche, l’effet social et démocratique n’en est que plus désastreux, car « l’histoire de la gauche est jalonnée de marqueurs très forts dans le vocabulaire et leur disparition n’en est que plus spectaculaire », explique l’historien Christian Delporte, auteur d’Une histoire de la langue de bois (Flammarion, 2009), qui remarque que « le PS ne parle plus depuis longtemps des ouvriers, ni même des travailleurs, mais des salariés noyés dans le grand ensemble flou des classes moyennes ».

    CHAMPIONS EN ACRONYMES

    L’affaire n’est pas nouvelle. Déjà François Mitterrand et les socialistes avaient inventé les expressions de la « pause » ou de la « parenthèse » pour ne pas avoir à nommer le « tournant de la rigueur » de 1983. De même aujourd’hui, alors que le gouvernement s’apprête à engager 50 milliards d’économies publiques en trois ans, il n’est pas question de parler d’« austérité », ni même de « rigueur », mais plutôt de « sérieux budgétaire », idiome censé être moins douloureux et anxiogène. « Se réfugier derrière des mots techniques et pragmatiques est une réaction hélas assez classique par gros temps économique », rappelle Christian Delporte.

    #novlangue #PS #technocratie #politique