person:catherine chabrun

  • Calcul et lecture : le ministre de l’Éducation fait la leçon aux instituteurs (Le Parisien)
    http://www.leparisien.fr/societe/calcul-et-lecture-le-ministre-de-l-education-fait-la-lecon-aux-instituteu

    [À l’intention des enseignant·e·s], le ministre de l’Éducation nationale publie au « Bulletin officiel » quatre circulaires, qui détaillent avec une minutie rare, sinon inédite, des « recommandations » sur la meilleure manière d’inculquer aux écoliers les bases du calcul, de la résolution de problèmes mathématiques, de la lecture et de la grammaire. Des milliers de livrets sur « l’apprentissage de la lecture au CP », de 130 pages chacun, sont aussi partis du ministère. Destination de ce petit livre orange : le casier des maîtres et maîtresses, dans toutes les écoles de France.

    Les documents sont téléchargeables sur le site du Ministère :
    “4 priorités pour renforcer la maîtrise des fondamentaux”
    http://www.education.gouv.fr/cid129644/4-priorites-pour-renforcer-la-maitrise-des-fondamentaux.html

    De nouvelles recommandations pédagogiques viennent en appui des programmes scolaires pour faciliter l’apprentissage des savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter, respecter autrui. Quatre recommandations pédagogiques et un guide « Pour enseigner la lecture et l’écriture au CP » ont été transmis, le 26 avril 2018, aux professeurs des écoles et des collèges afin d’amener tous les élèves à la réussite scolaire.

    Cette démarche interroge :
    – Le contenu de ces documents est plus idéologique que pédagogique, sa médiatisation a été orchestrée autour du concept fantasmé du #retour (de la dictée, du calcul mental, de la grammaire). Le fondement scientifique de ces documents est adossé au nouveau Conseil scientifique de l’éducation nationale, créé à sa main par le Ministre, très orienté "#neurosciences" et dont les partis pris idéologiques et scientifiques sont contestés [1].
    – La démarche est maltraitante pour les enseignant·e·s qui semblent rappelé·e·s à l’ordre, être incompétent·e·s et ignorant·e·s sur leur cœur de métier. Une fois encore le Ministère semble considérer que rien ne se fait dans les classes et que tout est à remettre en ordre de marche : enseignant·e·s, pratiques, méthodes. C’est une spécificité récurrente du Ministère de l’Éducation.
    – La démarche est profondément macronnienne : démagogique, idéologique, verticale. Démagogique car il s’agit de jouer les usagers contre les enseignant·e·s en laissant croire que la méthode globale a encore cours, ou que la dictée ou la calcul mental ont disparu, ce qui est faux. Idéologique car ces textes participent d’une standardisation des méthodes sur le modèle anglo-saxon : taylorisation des apprentissages dans les écoles publiques, innovation dans les écoles (alternatives ou différentes) privées. Verticale : le retour de Jean-Michel Blanquer au Ministère a sonné le retour des années Darcos, de la caporalisation, de la verticalité du management et de l’extrême personnalisation puisque fait rarissime le ministre signe lui-même ces textes, circulaires et livre.
    – Cette agitation fait l’impasse sur l’essentiel. Tous les rapports de ces dernières années, issus du ministère (y compris ceux commandés récemment par ce ministre) ou d’une expertise internationale, pointent la faiblesse de la formation, initiale et continue, des enseignant·e·s français·e·s. Or la divulgation de la Vérité Révélée du Grand Timonier de l’éducation via son petit livre orange semble être la seule ambition gouvernementale en terme de formation des enseignant·e·s, là où un plan ambitieux de formation en lien avec la recherche, appuyé sur l’échange de pratiques et nourri d’expérimentations et d’innovations serait l’urgence.

    Les réactions n’ont donc pas tardé :

    Les circulaires Blanquer, « une négation totale de l’expertise des professeurs » (Francette Popineau - SNUipp/FSU, Libération)
    http://www.liberation.fr/france/2018/04/26/les-circulaires-blanquer-une-negation-totale-de-l-expertise-des-professeu

    Ce qui nous inquiète aussi est que, depuis le début, ce ministre laisse croire que la question de la réussite scolaire est attachée à une méthode. Ce discours extrêmement simpliste ne dit rien de toute la complexité du métier. […] Il y a surtout une négation totale de l’expertise des professeurs. On recrute des gens à bac + 5 et on leur donne une notice de montage. […] M. Blanquer sert à l’opinion publique des discours extrêmement simplistes, des leurres, qui mettent en difficulté les enseignants et les familles. […] Il fait l’inverse de ce que font les pays qui réussissent, qui mettent beaucoup de confiance dans le travail enseignant.

    De la « liberté pédagogique » à la sauce Blanquer… (Alain Refalo, blog)
    https://alainrefalo.blog/2018/04/27/de-la-liberte-pedagogique-a-la-sauce-blanquer

    J’ajoute que sans confiance et sans preuve de confiance vis-à-vis des enseignants du primaire, le ministre ne peut que susciter à nouveau découragement et désarroi. Las de tous ces changements au gré des ministres qui passent, épuisés par des conditions de travail de plus en plus stressantes, les enseignants du primaire n’accepteront pas que la nation continue à les mépriser et les déconsidérer éternellement. Ils ne le méritent pas. Ils demandent aujourd’hui tout simplement le respect et la considération, ce qui passe aussi par la revalorisation de leur métier, de leur formation comme de leur salaire.

    L’école est en danger d’implosion. Alors on attend du ministre, non pas des phrases démagogiques et assassines, mais de l’écoute et des décisions qui donnent du sens et des perspectives novatrices et positives pour construire une école plus juste, plus coopérative et si possible plus efficace.

    Jean-Michel Blanquer : plus que jamais, populiste et autoritariste (Paul Devin, Le Club de Mediapart)
    https://blogs.mediapart.fr/paul-devin/blog/260418/jean-michel-blanquer-plus-que-jamais-populiste-et-autoritariste

    L’idéologie simplificatrice, le discours populiste, l’autoritarisme … tous les ingrédients d’une politique qui tente désespérément de cacher son incapacité à faire preuve de la détermination budgétaire nécessaire pour améliorer l’école et lui permettre d’atteindre ses objectifs de démocratisation de la réussite scolaire.

    Orange is the new populisme Monsieur le Ministre (800 000 Feignasses)
    https://800000feignasses.com/orange-is-the-new-populisme-monsieur-le-ministre

    Un petit livre orange qui fait passer les enseignants pour des incompétents, ne sachant même pas quelle réglure choisir pour l’apprentissage de l’écriture, par exemple. Un petit livre orange qui fait passer les enseignants pour des paresseux qui en font le minimum, refusant de se remettre en question. Un petit livre orange qui fait passer les enseignants pour des idiots pratiquant, sans même s’en rendre compte, une méthode de travail menant inéluctablement leurs élèves à l’échec. […] Ce petit livre orange (et surtout toute la communication qui l’entoure) n’est pas destinée aux enseignants. Elle n’est pas destinée à faire avancer les choses ou à apporter de l’aide. Elle est destinée aux parents inquiets et à tous ceux qui pensent que l’école n’est plus ce qu’elle était. Elle est destinée à apporter une solution simpliste à un problème complexe. Un problème sociétal mêlant, bien entendu, des problèmes scolaires, mais également la grande pauvreté, l’urbanisme et la ghettoïsation, l’accès à la culture, les problèmes d’éducation, les nouvelles technologies, l’individualisme forcené… Et qu’importe si pour cela il vous faut discréditer l’éducation nationale, participant ainsi à la destruction du lien entre cette institution et le public.

    Un témoignage assez représentatif d’une enseignante (Charivari, Facebook)
    https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=2062803910711349&id=1610357745955970

    Les profs en ont assez de ces changements de cap, de ces ministres tonitruants qui ferment nos classes, alourdissent les programmes, suppriment les RASED, diminuent les heures/jours de classe tout en réclamant de meilleurs résultats. […]
    Or les programmes 2008, ils ont été appliqués de 2008 à 2015. Des bons programmes de droite, avec beaucoup de calcul, beaucoup de lecture, et la même aversion pour la vilaine méthode globale-beurk.
    À l’époque, comme aujourd’hui, on nous avait promis que grâce à ces bonnes vieilles recettes qui avaient fait leurs preuves, le niveau allait monter.
    Cela n’a pas été le cas du tout. Au contraire, tout le monde s’affole aujourd’hui à cause d’une dégringolade jamais vue jusque-là dans les classements internationaux.
    […]
    En attendant, les profs ne seront pas mieux formés, pas mieux encadrés… et une classe ferme dans mon école rurale alors que les effectifs n’y baissent pas.

    Enfin pour une lecture critique des conceptions du ministre sur la lecture et l’étude de la langue, on pourra jeter un œil sur :
    La liberté pédagogique n’est plus ? (Catherine Chabrun, blog)
    http://www.catchabrun.com/2018/04/la-liberte-pedagogique-n-est-plus.html

    #éducation #école #primaire #apprentissages_fondamentaux #MEN #injonctions #agitation_médiatique #polémiques_stériles

    [1] cf. http://seenthis.net/messages/658626, http://seenthis.net/messages/659075, http://seenthis.net/messages/670344

  • Ecoles alternatives, école du peuple ? (Bernard Collot)
    http://education3.canalblog.com/archives/2016/02/24/33421126.html

    La pédagogie Freinet était faite pour les enfants du Peuple, pour qui sont faites les “écoles différentes” ?

    « Je constate que la plupart de ces amis qui se tournent vers la création de ces écoles alternatives sont dans des quartiers et des écoles publiques où ce sont les derniers à assurer un minimum de mixité sociale. Je constate que ces "écoles différentes" où nous aimerions mettre nos gamins sont effectivement payantes et que donc les gamins des classes populaires n’y auront pas accès (et, en passant, pas plus que la plupart des enfants en milieu rural qui servent actuellement de variable d’ajustement à l’EN).
    Et que donc ces écoles - formidables pédagogiquement et où j’adorerais aller bosser un jour - emmènent avec elles les dernières familles qui "faisaient société" et construisent un nouvel "entre soi" social. »

    À lire, donc, la réponse de Bernard Collot.

    #éducation #école #pédagogies_alternatives #inégalités #entre_soi_social #territoires #école_publique

    • Ce que je dis depuis le début avec les écoles Montessori, et qui me hérisse le poil (doux euphémisme) alors qu’au départ c’était pour les quartiers populaires et les enfants en difficultés. Comment faire quand on veut à la fois promouvoir ces manières d’organiser les apprentissages, et qu’on n’est contre les écoles privés payantes, et les écoles de riches/blancs uniformes fussent-elles associatives d’ailleurs (même si c’est légèrement mieux)…

    • Oui, c’est attirant et effrayant. Je suis allée farfouiller un peu dans les divers liens facebook, et je suis tombée sur le site de « l’école à l’envers », qui se présente comme une « école démocratique » située prochainement à Toulouse, où les enfants et ado de 4 à 19 ans apprendraient à être libres. Sur le papier, ça a l’air génial. Et puis dès qu’on creuse un peu, on tombe sur ce genre de propos : « Après ouverture de l’école, chaque nouveau membre passera par une période d’essai de deux semaines, qui lui permet de faire suffisamment l’expérience de l’école pour faire un choix éclairé sur son désir d’intégration à l’école, et de transmettre ses impressions à sa famille. Cette période nous permet également de vérifier si l’école constitue à notre avis un environnement adapté au développement du nouveau membre.

      Au bout des deux semaines, un rendez-vous est pris entre la famille et l’école pour partager nos impressions respectives. Si les personnes concernées considèrent que l’école et le nouveau membre s’accordent bien, nous finalisons l’inscription et poursuivons l’aventure. A ce moment, la famille remplira le formulaire d’inscription définitive et validera son engagement financier. L’enfant sera alors membre actif de notre école, et pourra ensuite participer aux Conseils d’École. » Je suis la seule à qui ça donne envie de hurler ? N’est-ce pas le comble de l’entre-soi ? Le pire c’est que c’est imparable. Sur quel critère va-t-on décider qu’un nouveau membre n’est pas « adapté » ? On voit bien que derrière la prétendue ouverture d’esprit et l’idée d’une école qui s’adapterait à tous, on en arrive au fond au plus parfait sectarisme. Pas question d’accepter un « mouton noir » qui pourrait perturber le bon fonctionnement de la structure...

    • Ce que je devine être la réponse de Bernard Collot (à mon avis, largement à côté de la plaque : aaaah, le « racisme à l’envers ») à Catherine Chabrun sur ces sujets…

      L’Education nouvelle est-elle populaire ? (Catherine Chabrun)
      https://blogs.mediapart.fr/edition/celestin-freinet-2016-un-cinquantenaire-populaire/article/210316/leducation-nouvelle-est-elle-populaire

      Ces écoles alternatives qui fleurissent, fleurissent… et dérangent (Bernard Collot)
      http://education3.canalblog.com/archives/2016/03/22/33549864.html

  • La pédagogie Freinet est-elle révolutionnaire ? (Mediapart)
    https://blogs.mediapart.fr/edition/celestin-freinet-2016-un-cinquantenaire-populaire/article/140216/la-pedagogie-freinet-est-elle-revolutionnaire

    Qu’a-t-on osé nous reprocher, en effet ? D’avoir laissé nos enfants dire qu’ils avaient faim, qu’ils ne voulaient plus partir à la guerre, que leurs parents étaient en chômage, que les riches boivent du vrai champagne — faits qu’on ignore systématiquement, en effet, dans les manuels officiels où s’étale le bourrage pseudo-moral, instrument de la mystique patriotique qui nous a conduits sur les champs de bataille et que notre ministère exalte aujourd’hui encore comme un devoir de notre charge.
    Grâce à notre technique, l’enseignement élémentaire ne sera plus basé sur cette phraséologie plus ou moins officielle mais bien sur la pensée et la vie des enfants dans leur milieu naturel — préoccupation, nous l’avons dit, avant tout pédagogique, en concordance directe avec nos conceptions éducatives et nullement dictée par je ne sais quelle orthodoxie politique.
    Toute notre action est justifiée pédagogiquement comme se justifie pédagogiquement aussi notre refus d’inculquer à nos élèves des pensées, des sentiments, des modes de vie en opposition avec leurs nécessités fonctionnelles, notre refus d’abstraire les enfants de leur milieu, même si les enseignements qu’ils en reçoivent sont en désaccord avec les théories sociales dominantes, notre refus de préparer ces enfants à la défense sanglante d’une entité, la Patrie, qui n’a de sens aujourd’hui que pour ceux qui en retirent un évident bénéfice.
    […]

    Texte de Célestin Freinet paru dans l’Éducateur prolétarien en novembre 1933 et republié par Catherine Chabrun.

    #éducation #école #pédagogie #Freinet

  • Est-il moral d’enseigner la morale à l’école ? (L’Humanité)
    http://www.humanite.fr/est-il-moral-denseigner-la-morale-lecole-583460

    L’enseignement moral 
et civique à l’école est légitime par Pierre Kahn

    [L’enseignement] insiste sur la dimension sensible de la vie morale, en cherchant à développer les capacités d’empathie, de bienveillance et de souci des autres ; il insiste également sur le rapport instituant, et non seulement subi, aux règles ; également encore sur le principe d’égale considération des personnes. Il prend acte du fait et de la valeur de la pluralité des convictions, des croyances et des modes de vie. […] En ce sens, même les «  anti-Charlie  » doivent pouvoir s’exprimer à l’école, exactement pour les mêmes raisons que l’erreur y est permise.

    La morale ne s’enseigne pas, elle se vit par Catherine Chabrun

    C’est le rôle de l’enseignant de faire de la classe un milieu social où l’enfant s’exerce à agir et à penser en être humain et en citoyen. Pas si évident, car pour lui, l’enfant est encore trop souvent réduit à un rôle d’élève obéissant, à un «  vase à remplir  ».
    […]
    Certes, [l’école] n’est pas la seule responsable, mais étant fille et mère de la société elle en prend une bonne part, notamment avec :
    – la #reproduction des inégalités sociales qu’elle transforme en inégalités scolaires avec si peu de mixité (sociale ou scolaire) dans les classes et dans les établissements qu’une partie de la jeunesse en sortira démunie, frustrée et humiliée ;
    – la #transmission des savoirs basée uniquement sur les fonctions intellectuelles reconnues, méprisant ainsi les cultures et les vécus de chacun, qui provoque chez beaucoup d’enfants un sentiment de rejet et d’injustice souvent révélé à l’entrée au collège par le décrochage scolaire et des comportements violents ;
    – la #compétition omniprésente qui isole l’individu au détriment du vivre-ensemble et renforce l’individualisme d’autant plus néfaste aujourd’hui qu’il n’est plus contrebalancé par la solidarité qui existait autrefois, par exemple au sein de la classe ouvrière ;
    – l’#orientation professionnelle précoce qui exclut un grand nombre d’élèves des temps d’enseignement réservés à la compréhension du monde et de l’humanité.
    […]
    […] notre école n’est guère bienveillante et encourageante : comparaison, compétition, pression, #humiliation, #stigmatisation, sentiment d’#échec, fatalisme, orientation non choisie…

    La morale contre l’«  ennemi intérieur  » par Ruwen Ogien

    Une certaine forme de paranoïa continue cependant d’inspirer les projets moralistes qui s’y forment. Mais au lieu d’être dirigés contre des ennemis extérieurs, ils visent désormais un ennemi intérieur.
    […] un nom de code qui sert à désigner une population désavantagée socialement, stigmatisée par un flot incessant de propos alarmistes […].
    En fait, derrière le projet de restaurer des cours de morale à l’école, plusieurs idées différentes se bousculent. L’une des plus récurrentes consiste à supposer qu’un tel enseignement pourrait permettre de «  civiliser  » ces nouveaux «  barbares  ».
    C’est pourquoi ce projet repose finalement sur une conception du monde profondément conservatrice.

    Beaucoup de bruit pour rien ? par Bernadette Groison

    Cet enseignement remplace en fait l’instruction civique dans le primaire et se substitue à l’éducation civique, juridique et sociale dans le secondaire. Il ne s’agit donc pas d’une nouveauté, même si l’on souhaite lui faire revêtir une autre forme. Du CP à la terminale, il bénéficie d’horaires propres, à raison d’une heure par semaine en primaire et de deux heures par mois dans le secondaire. Enfin, pas partout puisque le financement n’a pas été prévu pour les séries technologiques ni professionnelles.
    […]
    Le temps politique, une fois encore, a été privilégié au détriment du temps éducatif nécessaire pour stabiliser ces programmes.

    #école #programmes #enseignements #éducation_morale_et_civique

  • L’Éducation nationale est-elle fiable ? (Catherine Chabrun)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/catherine-chabrun/270815/l-education-nationale-est-elle-fiable

    Ce n’est pas la personnalité de ces enseignants invités qui est mise en doute, ce n’est pas non plus celle des personnes référentes, ni une absence de documents… non la raison invoquée, c’est le peu de « fiabilité » de l’association ICEM-pédagogie Freinet.
    […]
    De quoi l’ambassade de France au Togo a-t-elle peur ? Que ces enseignants togolais rejoignent les milliers de migrants en Europe ? Que l’ICEM emploie des clandestins ?
    […]
    Ou tout simplement, n’ont-ils pas jugé nécessaire de se renseigner… ce ne sont que des enseignants togolais, qu’ont-ils à apporter aux enseignants français ? Ne perdons pas notre temps.

    Un mot me vient à l’esprit : mépris.

    #éducation #formation #coopération #ICEM #enseignants #visa #mépris

  • La laïcité s’affiche ! (Catherine Chabrun)
    http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/36650

    Dans le document de travail qui a circulé cet été, l’un d’eux affirme que la laïcité « implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations », mais l’École publique est bien mal placée pour donner des leçons, elle qui transforme les inégalités sociales en inégalités scolaires :
    – n’est-elle pas violente avec ses pressions de performance, ses évaluations et ses orientations forcées ?
    – n’est-elle pas stigmatisante avec les enfants en difficulté ?
    – n’est-elle pas discriminante avec le gouffre qui sépare les écoles de la périphérie de celles du centre-ville ?
    – n’est-elle pas excluante quand elle laisse à sa porte tant de jeunes sans formation ?

    #éducation #école #laïcité #inégalités

  • Un enseignement de l’entrepreneuriat (Catherine Chabrun)
    http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/34124

    Car cette visée est en contradiction avec la logique de performances individuelles, de la concurrence et de compétition du monde de l’entreprise et de cette fameuse recherche de « compétitivité » tant portée par le gouvernement.
    L’« esprit d’entreprise » décliné dans le Socle commun dans « autonomie et initiative » a encore le sens d’entreprendre des projets, des actions et non de jouer au chef d’entreprise compétitive ou au salarié exemplaire ou au chef de service zélé.
    L’esprit compétitif balaiera bien vite les « valeurs communes » pour laisser place propre aux valeurs boursières ! […]
    Pour quoi vouloir faire aimer l’entreprise aux collégiens ?
    On n’aime pas l’entreprise en soi, on peut aimer des domaines professionnels autour de la santé, de l’éducation, du bâtiment, de la mode, du commerce…
    Que les jeunes découvrent des métiers par la rencontre avec les personnes qui les vivent au quotidien !
    Qu’ils puissent se découvrir une passion, un domaine d’activité et quels que soient leurs cursus scolaires puissent y travailler !
    Que cela permette d’éviter des orientations par défaut liées aux résultats scolaires !
    Il existe déjà l’enseignement économique et social, peut-être justement garantir son indépendance par rapport aux pressions de certaines entreprises qui veulent y glisser leurs intérêts particuliers et lui laisser le soin d’éclairer les jeunes sur la compréhension du monde économique, ses enjeux sociaux, ses possibles transformations… Il serait préférable d’élargir cet enseignement à tous et dans tous les lycées.
    Même Jules Ferry présent dans le discours de François Hollande lors de son intronisation en mai 2012 désavouerait cette intrusion de l’entreprise dans les programmes scolaires. Bien que pourtant favorable à la politique économique libérale, il mettait en garde : « C’est une garantie des forces de la société française, une des garanties les précieuses de son avenir, que d’avoir conservé, à tous les degrés, sous le régime de la liberté la plus étendue, un enseignement de l’État fortement organisé […]. Dans une société démocratique, surtout, il est de la plus haute importance de ne pas livrer les études aux entreprises de l’industrialisme, aux caprices des intérêts à courte vue, aux courants impétueux et contradictoires d’un monde affairé, positif, tout aux soucis de l’heure présente » (discours de Jules Ferry à la distribution des prix du concours général, le 4 août 1879).

    #éducation #relations_école_entreprises

  • L’homme assis (Catherine Chabrun)
    http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/33598

    Les enfants vont certainement questionner l’adulte sur le pourquoi et sur ce qui va arriver à cet homme.
    Peut-être que l’enseignant de retour en classe prendra le temps pour en discuter avec les enfants ? Peut-être que ce moment de parole rendra un peu de dignité à cet homme ?

    Peut-être pas.

    Peut-être que l’enseignant ne répondra pas aux questions, pas le temps, pas l’affaire de l’école, mieux vaut préserver les enfants. Alors, l’homme sera perçu selon l’imaginaire de chacun comme un vilain, un hors-la-loi, un vaurien, un bandit…
    Peut-être que la veille ou un autre jour, le professeur dans le cadre de l’éducation civique et morale a enseigné les valeurs de fraternité, d’égalité, de liberté. Mais le lien ne se fera pas, la leçon de classe ignorera la leçon de vie.

    Les valeurs humanistes ne s’enseignent pas, elles se vivent et la vie offre quotidiennement des situations de réflexion, de remise en question comme celle que j’ai vécue hier dans le métro.
    Une école ouverte à la vie et vers la vie, un essentiel de la pédagogie Freinet !

    #éducation #école_ouverte #éducation_civique

  • Le temps de l’enfant ne se réduit pas à celui de l’école (Catherine Chabrun)
    http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/32743

    On entend depuis la parution du décret des inquiétudes sur le long temps passé en collectif pour les enfants. Décret ou non, il n’a guère changé quantitativement et il ne changera pas (sauf si les mères arrêtent de travailler ou si toutes les familles ont les moyens financiers de s’offrir des éducateurs à domicile).
    Le qualitatif doit être au cœur de tous les temps éducatifs et de repos des enfants.
    Seulement, le décret de Vincent Peillon ne prend pas en compte le temps de l’enfant dans sa globalité, il le réduit au temps scolaire… et à la semaine scolaire.
    Le temps de l’enfant, c’est tous les jours, toutes les semaines, toute l’année. Ce temps devrait pouvoir s’étendre tranquillement sans pression, sans discordances avant, entre et après l’école (vacances comprises).

    #éducation #temps #réforme_rythmes_scolaires

  • De la "Refondation" de l’école aux rythmes scolaires (revue de web subjective)

    – Sur les rythmes scolaires, tout n’a pas été dit ! (Guillaume Hamon, Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/02/Rythmesscolaires_toutnapasetedit.aspx

    Si on ne peut que souscrire au retour à 4 jours et demi d’école, on peut se demander pourquoi l’application de la réforme ne suscite pas l’adhésion de tous les acteurs et si elle respecte l’objectif d’allègement fixé au départ. Force est de constater que même chez les enseignants favorables à ce retour, de fortes réserves sont émises sur le projet actuel. En effet, celui-ci présente plusieurs défauts et soulève de nombreuses interrogations très concrètes.

    – Le temps de l’enfant ne se réduit pas à celui de l’école (Catherine Chabrun)
    http://seenthis.net/messages/114404

    Seulement, le décret de Vincent Peillon ne prend pas en compte le temps de l’enfant dans sa globalité, il le réduit au temps scolaire… et à la semaine scolaire.
    Le temps de l’enfant, c’est tous les jours, toutes les semaines, toute l’année. Ce temps devrait pouvoir s’étendre tranquillement sans pression, sans discordances avant, entre et après l’école (vacances comprises).

    – Rythmes scolaires : pourquoi je ne suis pas en grève (Sébastien Rome, blog Médiapart)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/sebastien-rome/110213/rythmes-scolaires-pourquoi-je-ne-suis-pas-en-greve

    J’imaginais bien qu’avec l’arrivée au pouvoir du PS, tout ne serait pas réglé et que les réformes devraient être vues avec un œil critique. Mais je n’imaginais pas que je serais en opposition totale avec ceux avec qui je manifestais ces cinq dernières années. Ceux qui appellent à la grève mardi 12 février tirent une balle dans le pied des enseignants et donc dans mon pied : autant dire pourquoi cela me fait mal.

    – Refondation de l’école : c’est le pédagogique qui est urgent. (Éveline Charmeux)
    http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2013%2F02%2F13%2F216-refondaton-de-l-ecole-c-est-le-pedagogique-q

    Bien plus que l’organisation des semaines, c’est celle des journées qui importe, ce qu’on met dedans et pourquoi on l’y met. Une autre manière de travailler, une autre manière de penser le travail, une autre manière d’accueillir les enfants, un autre regard sur leurs erreurs.

    – Sarko reviens, tout est devenu flou ! (Sylvain Grandserre)
    http://seenthis.net/messages/116569

    Historiquement, les rythmes de l’école n’eurent jamais l’élève pour principal souci. Les congés d’été avaient pour priorité, dans une France encore paysanne, de restituer à leur famille une jeune main d’œuvre bien utile en période de récolte et de vendange. Plus tard arrivèrent les congés payés, puis le tourisme de masse organisant de vastes transhumances vers les pentes enneigées et les plages
    surpeuplées. Certes, on convint tardivement qu’une alternance de 7 semaines de travail et de 2 semaines de vacances permettrait de ne pas faire n’importe quoi en la matière, mais même cette mesure resta pour l’essentiel lettre morte.

    – Rythmes scolaires : le ministre doit résister ! (Alain Refalo, blog Médiapart)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/alain-refalo/191112/rythmes-scolaires-le-ministre-doit-resister

    Certes, la réforme des rythmes scolaires ne saurait résumer la refondation de l’école. Celle-ci doit se conjuguer notamment avec la refonte des programmes, un changement de paradigme dans l’évaluation des élèves et des enseignants, un renforcement de la formation pédagogique initiale et continue, la valorisation des méthodes participatives et coopératives au sein de la classe. Mais cette réforme est indispensable, y compris sur le plan symbolique car elle se heurte à des intérêts particuliers qui n’ont que faire de l’intérêt de l’enfant. Son aboutissement, malgré les réticences et les résistances, témoignera de la volonté du gouvernement de réellement refonder l’école de la République.

    – « Refondation » de l’École : erreurs et blocages (Philippe Watrelot, Les Cahiers pédagogiques)
    http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article8263

    Pour comprendre la situation, il faut analyser les erreurs commises par Peillon et son équipe mais il faut aussi se garder comme on le fait si souvent en France de juger et condamner une politique avant même qu’elle soit mise en œuvre. De nombreux blocages existent et il faut les mesurer.

    – Le projet de loi, faire l’abeille du coche (Catherine Chabrun, blog ICEM)
    http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/32705

    Je comprends et je partage l’inquiétude et la déception des différents acteurs de l’éducation suite à la parution du décret sur les rythmes. Mais je ne suis pas leur demande quant à l’abandon de la loi d’orientation et de programmation.
    Certes, cette loi n’est guère ambitieuse et encore moins bouleversante ; je dirai juste qu’elle est bienveillante, qu’elle contient quelques petites avancées et beaucoup de manques à combler.

    – Rythmes scolaires : pourquoi Vincent Peillon ne parvient pas à rassembler (L’instit’humeurs)
    http://seenthis.net/messages/114129

    Les années Sarkozy ont laissé des traces. Durant 5 ans, Xavier Darcos puis Luc Chatel ont mené une politique agressive envers les enseignants, les dévalorisant fréquemment, les stigmatisant souvent, les pointant du doigt comme responsables de tous les maux de l’école, ils ont abîmé leurs conditions de travail, organisé un caporalisme stérile et stressant, et surtout réformé en toute méconnaissance de l’école et des besoins des élèves. Cette période noire pour l’école peut être élargie à une dizaine d’année, période sur laquelle le niveau général des élèves a baissé sensiblement, à mesure que baissait le pouvoir d’achat des profs, - 14 % depuis 1999.
    […]
    Lassitude, démotivation, colère, rancœur se sont durablement emparés de nombreux collègues. Les troupes sont à fleur de peau, ne sont plus en mesure d’accepter quoique ce soit, se réfugient dans des réflexes de protection – donnez-nous d’abord, nous verrons ensuite ce qu’on pourra, éventuellement, donner.

    – « Rythmes » et « territorialisation » (Claude Lelièvre, blog Médiapart)
    http://blogs.mediapart.fr/blog/claude-lelievre/110213/rythmes-et-territorialisation

    De nombreuses organisations syndicales ou proches de l’École ont pris des positions communes à propos de ce sujet (controversé) dans le cadre de l’Appel de Bobigny.

    – Rythmes scolaires : un vrai-faux débat ? (L’Humanité)
    http://www.humanite.fr/societe/rythmes-scolaires-un-vrai-faux-debat-513736

    En l’espace de deux mois, le relatif consensus autour de la nécessité de réformer les rythmes scolaires en primaire, devenus intenables depuis le passage à la semaine de quatre jours, a volé en éclats. Devant le manque d’ambition et les incertitudes entourant ce projet, enseignants, parents d’élèves et collectivités locales s’en sont peu à peu détournés, allant jusqu’à rejeter le projet de décret présenté début janvier devant le Conseil supérieur de l’éducation.

    – Rythmes scolaires : le précédent de 2008 (LeMonde.fr)
    http://seenthis.net/messages/114149

    La suppression du samedi matin, en 2008, pourtant critiquée par des représentants syndicaux et des chronobiologistes, n’avait, elle, suscité ni grève ni manifestation. Comment ce changement s’était-il passé ? Retour en trois actes sur le passage à la semaine de quatre jours en 2008.

    – Vive l’école le mercredi ! (Thomas Piketty, Libération)
    http://www.liberation.fr/economie/2013/01/28/vive-l-ecole-le-mercredi_877408

    Voici maintenant venu le temps des réformes dans l’école, avec en particulier la question de l’école le mercredi dans le primaire. Que l’on ne s’y trompe pas : il s’agit d’une réforme fondamentale, sans doute l’une des plus importantes du quinquennat.

    #éducation #refondation #réforme_rythmes_scolaires

    • Un peu de pédagogie dans ce monde de brutes (ou de management pyramidal) :

      On a parfois l’impression que tout est fait pour que ça rate. La frénésie de textes ne peut rien y changer, au contraire. Tachant de rattraper le retard pris dans la communication au peuple et aux enseignants, on sort un projet de décret par jour alors que les fondations n’ont pas été reconstruites sur un modèle nouveau.
      Il aurait pourtant été facile d’annoncer la suspension des programmes de 2008 qui ont été imposés brutalement, sans la moindre concertation, avec un autoritarisme débridé, et de donner une grande liberté aux enseignants pour reprendre ceux de 2002, pour expérimenter de nouvelles approches du savoir et en rendre compte, pour expérimenter. Il aurait été facile de suspendre les évaluations stupides et de faire confiance aux enseignants...