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  • « The #Big_Short » : le film d’Adam McKay rhabille la finance pour l’hiver - Page 1 | Mediapart
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    On sait probablement de quoi il retourne : McKay et son scénariste Charles Randolph adaptent un essai de Michael Lewis, déjà intitulé The Big Short. Mediapart en avait salué la parution américaine en 2010, avant sa traduction française par le Seuil sous le titre Le Casse du siècle. Son sujet : la crise des subprimes et des prêts hypothécaires à risque de 2007-2008, vue à travers les quelques personnes qui surent la prévoir. Non pas qu’elles souhaitèrent l’empêcher. Le génie asocial Michael Burry (Christian Bale) voulait démontrer la justesse de ses calculs. Le banquier Jared Vennett (Ryan Gosling) voulait faire la nique à ses supérieurs. Le justicier de Wall Street Mark Baum (Steve Carell) voulait mettre à nu la saloperie du système. Les jeunots Jamie Shipley et Charlie Giller (Finn Wittrock et John Magaro), entraînés par le vétéran Ben Rickert (Brad Pitt), voulaient se faire une place au soleil. Et tous désiraient s’enrichir en pariant contre – en shortant – un marché immobilier à la stabilité pourtant proverbiale

    Comme ils évoluent sans cesse, sans cesse aussi le terrorisme, l’Internet et le capitalisme menacent de laisser le cinéma sur le carreau. Chaque film qui se voudrait actuel en traitant de l’un ou de l’autre encourt donc le risque, sitôt apparu, de passer pour démodé. La difficulté est connue. Une autre vient toutefois s’ajouter en l’occurrence. Ces trois réalités échappent aux visibilités ordinaires. Elles sont l’évidence de ce monde, ce dont on peut partout relever des indices. Mais elles en sont aussi l’inévidence ou la vérité secrète : il n’y a pas de blason du terrorisme, de l’Internet ou du capitalisme.

    McKay a vu dans la finance un vaste enfumage, un show sans autre substance a priori que les élucubrations de Ferrell en présentateur vedette ou en coureur automobile. The Big Short est donc une comédie d’aujourd’hui. McKay n’ajoute pas du rire à des situations communément exemptes de comique. Il filme la comédie qui est déjà là, une outrance et une autosatisfaction, des bravades et des insultes qui fabriquent un spectacle, une visibilité censément glorieuse qui semble faite pour que demeurent invisibles les enjeux et les effets véritables des manipulations financières.

    McKay sollicite un mélange d’images obéissant à d’autres règles et servant d’autres intentions. En 2010, son Very Bad Cops s’achevait avec des graphiques détaillant le fonctionnement d’une pyramide de Ponzi.

    The Big Short multiplie aujourd’hui les montages incongrus et les métaphores insolites. Un intertitre compare la tentative d’entrer en finance sans les fonds nécessaires à celle de disputer un grand prix automobile sur un lama. Vennett décompose une combine foireuse par le biais d’une construction en bois dont il jette rageusement les pièces à la poubelle. McKay convoque même d’autres vedettes afin qu’en leur nom elles expliquent, face caméra, certains mécanismes complexes : Margot Robbie – révélée par Le Loup de Wall Street – buvant du champagne dans son bain, Selena Gomez à une table de black-jack à Las Vegas, le chef Anthony Bourdain présentant certains produits douteux comme un mélange de poissons avariés qui serait servi au client sous couvert de nouveau plat.

    Dans ses moins bons moments, le didactisme de The Big Short flirte avec la démagogie. Loin d’être un grand film, The Big Short touche juste en montrant qu’à ce jeu il n’y a pas ni terme ni de bonne mesure. Juste une relance infinie où le cinéma lui-même est engagé.

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