person:christian etchebest

  • Lettre d’un gilet jaune depuis sa prison | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/soutienthomas-gj/blog/060519/lettre-dun-gilet-jaune-depuis-sa-prison

    Le 9 février lors de l’acte XIII des Gilets Jaunes à Paris se transforme en une immense manifestation sauvage, des policiers en civil dissimulés dans le cortège remarquent un individu qu’ils décrivent comme « particulièrement hostile à la présence de fonctionnaires de police ». 4 heures durant, ils vont suivre et filmer discrètement Thomas P., 25 ans, avant de procéder à son interpellation.

    Dans leur rapport, les forces de l’ordre reconstruisent minute par minute le parcours présumé du jeune émeutier en gilet jaune : de nombreuses devantures de banques et de compagnies d’assurances vandalisées, jets de cailloux ou de trottinettes électriques sur la police, incendie de la Porsche du chef cuisinier Christian Etchebest, incendie sous la tour Eiffel d’un véhicule Vigipirate de l’armée, etc. Immédiatement, Christophe Castaner exprimait son « indignation et [son] dégoût » faisant valoir que « les militaires de la mission Sentinelle protègent au quotidien nos compatriotes du risque terroriste ». La somme de faits reprochés à Thomas P. autant que les conditions atypiques de son interpellation ont suscité l’habituel déchaînement médiatique. Placé en garde à vue puis incarcéré et alors même qu’il ne s’était pas expliqué sur ses actes, il a tout de suite été présenté comme une sorte de « super casseur », ultra violent, ultra jaune ou ultra noir, les qualificatifs monstrueux ne manquaient pas. Depuis hier, une lettre écrite depuis sa cellule et authentifiée par ses avocats circule sur les groupes facebook dédiés au mouvement des Gilets Jaunes.

    Quoi que l’on pense des faits reprochés à Thomas P., ce dernier s’explique avec une grande sincérité et lève le mystère qui pouvait planer sur ses actes autant que sur le parcours qui l’a amené à rejoindre les gilets jaunes. Les paroles de détenus sont rares, celle de Thomas P. apparaîtra dès lors précieuse en tant qu’elle explique simplement ces gestes que d’aucuns qualifient un peu rapidement de « casse ». Dans ce récit introspectif, le jeune homme ne semble exprimer aucun regret, si ce n’est pour l’état de nos vies et du monde.

    #violence_d'état

  • #Violences en #cuisine : les vieilles traditions ont la vie dure
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/11/29/violences-en-cuisine-les-vieilles-traditions-ont-la-vie-dure_4531560_3224.ht
    On dirait les justifications des conjoints ou des parents violents : inadmissibles. Ce sont des salariés, pas des #esclaves.

    Cinq chefs de renom sont ainsi venus débattre de cette question des violences dans la restauration, lundi 17 novembre, dans un amphi comble de Sciences Po. Christian Etchebest, Grégory Marchand, Ludo Lefebvre, Cyril Lignac et Adeline Grattard ont pris leurs distances avec ces méthodes, mais ces chefs qui ont réussi n’éludent pas certains aspects bénéfiques de cette formation à la dure. « Je me souviens d’avoir dû porter des choses très très lourdes, peut-être pour me faire souffrir, confie la chef Adeline Grattard (Yam’Tcha). Mais j’ai eu besoin de vivre ça pour en arriver là où je suis. Si on ne m’avait pas humiliée, peut-être que je serais restée plus timorée, que je n’aurais pas osé certaines choses. »

    Christian Etchebest (La Cantine du Troquet) partage le point de vue de sa consœur : « Oui, j’ai pris des coups de pied au cul, oui j’ai pris un carré d’agneau dans la tête, mais je ne suis pas choqué. Parce que c’est pas de la violence gratuite. » Grégory Marchand, également intervenant ce soir-là, a, lui, fait les frais de ces pratiques. Victime de « violences morales », il a claqué la porte de l’établissement britannique où il travaillait. Le chef du Frenchie ne condamne pas pour autant cette méthode, à condition qu’elle soit exercée avec « respect » . « La ligne est très fine entre une méchanceté et un apprentissage », reconnaît-il.

    À mettre en perspective avec le fameux « À bas les #restaurants » http://seenthis.net/messages/105016

    • Le syndrome de Stockholm dans l’éducation (au sens large) devrait être un peu plus étudié.
      Enfants maltraités, élèves, étudiants acceptant et, pire, remerciant leurs bourreaux, car c’est « pour leur bien », reproduiront ce système d’éducation dans leur famille et leur travail (ou alors devront faire des années d’analyse et des efforts surhumains pour ne pas le faire).
      Evidemment que si c’est de la violence gratuite. La violence pas gratuite c’est quand tu es agressé-e et que tu réponds dans le même registre.
      Le « je n’aurais pas été aussi bon » si on ne m’avait pas violenté me fait rigoler (jaune) : t’en sais quoi si tu avais eu de l’amour si tu n’aurais pas été meilleur envers toi-même et les autres, et aussi bon dans ton boulot, puisque tu n’en as pas eu, mais que toutes les études le montrent ?
      Merci pour le rappel de à bas les restaurants.

    • J’ai collé quelques fessées à ma fille, mais plus le langage a pris de la place, plus ça m’a paru débile. Je pense que si j’avais un autre enfant, ça ne serait plus possible, j’ai trop évolué sur la question. Cela dit, prendre conscience, cela veut dire qu’on admet avoir été maltraitant : je pense que beaucoup de gens ne peuvent pas assumer de n’être pas aussi beaux dans le miroir que voulu.
      Après, ça ne sert à rien de regretter sans en parler. Ma fille me répond : « oui, mais je l’avais mérité ».
      Donc, là, on en vient à déconstruire notre propre discours antérieur. Quand je raconte que ma mère me battait avec un martinet, ma fille trouve cela barbare. Je lui répond qu’à mon époque, le truc était en vente libre et que beaucoup de parents achetaient le truc à priori, comme faisant partie de « l’arsenal éducatif standard ». Ce qui n’est déjà plus le cas pour sa génération.
      « Oui, mais ça ne fait pas vraiment mal, la fessée. »
      Non, ce n’est pas le but, le but c’est l’humiliation et la domination, tu trouves ça mieux pour expliquer la vie à quelqu’un ? « Non, pas vraiment non plus. »
      Bon ben maintenant que tu es grande et que tu as tout compris, tu va faire ta part dans cette maison et faire la vaisselle. « Ah non, j’ai mieux à faire et tu ne peux plus me coller de fessée pour me contraindre. » Le but n’est pas la contrainte, mais la participation volontaire à l’effort collectif... Si tu ne nous aides pas, tu es privée d’écrans. « Mais c’est dégueulasse, c’est du chantage ! » Yep, mais sans adhésion volontaire de ta part, pour l’instant, on n’a pas encore trouvé mieux... et toi ?

    • Sur un autre registre, avec mon compagnon, on se retrouver régulièrement à expliquer à des personnes extérieures que non, se faire engueuler, insulter ou humilier n’est pas admissible en entreprise, que ce n’est pas le mode de fonctionnement normal et que rien ne les oblige à supporter ça. Pourtant, autour de nous, ça ressemble beaucoup à la manière normale de confondre ses employés avec des serpillières. Mais cette soumission totale est d’autant plus ancrée dans les esprits qu’avec l’ assouplissement du droit du #travail, les salariés sont de plus en plus fragilisés dans leur poste, que le #harcèlement est devenu le mode habituel de gestion du personnel et que partout, la violence psychologique (voire aussi physique, mais pas trop, la loi protège encore un peu quand il y a des traces) est normalisée, banalisée avec des dégâts invraisemblables dans la population.
      Ces conditions rendent les gens malades et là, la Sécu les traque à son tour comme simulateurs. Cette violence permanente en col blanc est assez terrifiante et monstrueuse.

    • Pour l’éducation des enfants avec des fessées, baffes etc, je sais surtout la difficulté de se sortir d’un schéma violent parce qu’on l’a « dans la peau », que chaque fois qu’il y a une frustration ou un énervement, ce ne sont pas les mots qui viennent mais l’envie de frapper.
      @monolecte Autant j’ai donné quelques fessées à ma fille, autant je m’en excusais ensuite, et désespérais chaque fois de ne pas y échapper, j’avais l’impression que ma mère me contrôlait et guidait mes gestes, j’étais effrayée. Je voyais des gens proches, dans ma famille, donner des fessées à leurs enfants parce qu’ils faisaient pipi au lit et je devais me sortir absolument de ce cercle, parce qu’en théorie j’avais toutes les clefs. J’en ai beaucoup parlé, de la violence que j’avais subi que je risquais de retransmettre, des moyens d’y mettre fin.
      De comment remplacer cette énergie dévastatrice par des mots avant que ça ne déborde, savoir se mettre en colère sans violence, taper sur un coussin au besoin, apprendre à dire aussi pourquoi on devient la maman gorille stupide qu’on ne veut pas être. Pis, ça a marché, j’ai trouvé le chemin des mots, incroyable et splendide, j’en suis encore émue, parce que c’est tout de même nettement plus pérenne et enrichissant comme moyen de transmission, pour tout le monde : l’enfant, le parent mais aussi l’engendrement positif de ce choix sur sa dialectique avec le monde.

      Et je mettrais le tag #sexisme aussi dans toutes ces formations violentes : gynécologie-obstétrique , médecine, cuisine …
      Car à y regarder de plus près, c’étaient et ce sont encore des activités culturellement genrées et réservées dans le quotidien aux femmes : sage-femme, soignante, cuisinière, éducation. Le basculement professionnel en fait des activités masculines, dont les formations leur sont peut-être interdites parce que construites dans cette optique de les empêcher d’approcher, car seuls les hommes sont éduqués à supporter et à valoriser une telle violence.