person:colin crouch

  • Les économistes et la crise du néolibéralisme aux États-Unis
    http://www.contretemps.eu/salle-mirowski-crise

    À propos de : Philip Mirowski, Never Let a Serious Crisis Go to Waste....

    Comment se fait-il que le néolibéralisme soit sorti indemne, et même renforcé, de la crise économico-financière ouverte en 2007-2008 ? Comment expliquer que la situation profite davantage aux discours et porte-parole de droite qu’à ceux de gauche ? Et secondairement, comment est-il possible que les économistes orthodoxes dominants n’aient pas été discrédités une bonne fois pour toutes, comme il aurait été raisonnable de s’y attendre, continuant même à faire autorité avec un aplomb insensé ? Telle est l’énigme qui motive ce livre dédié aux « néolibéraux de tous les partis », en reversement parodique de la dédicace hayekienne de la Route de la servitude, adressée aux « socialistes de tous les partis ». Philip Mirowski, connu entre autres pour un livre d’épistémologie économique de facture plus classique, n’est certes pas le premier à soulever le paradoxe (il cite — et critique — par exemple un livre de Colin Crouch éloquemment intitulé The Strange Non-Death of Neoliberalism). Mais il le fait avec une vigueur particulièrement incisive.

    #néolibéralisme #Conjoncture #Diaporama #banques #capitalisme #crise_économique #crise_financière #discours #économie #finance #idéologie

  • « Décryptage d’un terme qui apparaît ou resurgit dans le débat public. Aujourd’hui, la "post-démocratie". État d’urgence, technocratie européenne, abstention de masse : sommes-nous passés dans un régime "post-démocratique" ? »

    http://www.liberation.fr/debats/2016/02/26/post-democratie-nom-systeme-politique-qui-derriere-les-apparences-de-la-d

    Je n’ai pas lu le livre de Colin Crouch mais ça donne envie. Lors des débats sur, par exemple, la #Loi_Renseignement, la défense du PS avait souvent été « non, mais arrêtez, c’est quand même pas la dictature ». Cet argument m’a toujours gêné car, en effet, ce n’est pas la dictature mais la France de l’étau d’urgence n’est pas non plus la démocratie. Je suis content que des penseurs cherchent à clarifier ce concept.

    #politique #post_démocratie

  • Yves Sintomer : « La France peut évoluer vers un régime autoritaire » - L’Obs
    http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20160213.OBS4610/yves-sintomer-la-france-peut-evoluer-vers-un-regime-autoritaire

    Vous avez récemment déclaré, lors d’une conférence à Londres que, parmi les pays occidentaux, la France était celle qui risquait le plus de verser dans un #régime_autoritaire. Comment en arrivez-vous à une telle conclusion ?

    – Notre conférence portait sur l’avenir des démocraties. Nos vieilles démocraties, en Europe et en Amérique du Nord, traversent une crise de légitimité profonde, marquée par une défiance de plus en plus importante vis-à-vis des gouvernements et des élites. L’idée que nos systèmes, inventés au XVIIIe siècle, pourraient résister sans changement à cette crise n’est pas crédible, compte tenu de l’ampleur des mutations auxquelles la politique doit aujourd’hui faire face.

    Il est également illusoire de miser sur un retour en arrière, que ce soit vers un système fondé sur la compétition entre de grands partis de masse intégrant les couches populaires et dotés d’idéologies ou vers un système communiste, idée que caresse des philosophes en vogue comme Giorgio Agamben, Alain Badiou ou Slavoj Zizek. Ni statu quo, ni retour en arrière, nos démocraties représentatives vont donc muter.

    Muter dans quel sens ? Quels sont les scénarios possibles ?

    – Trois scénarios me semblent réalistes. Le premier est celui qu’on appelle « la #post-démocratie », une notion développée par le sociologue et politologue britannique Colin Crouch. C’est un système dans lequel, en apparence, rien ne change : des élections libres continuent d’être organisées, la justice est indépendante, les droits individuels sont respectés. La façade est la même, mais la souveraineté réelle est ailleurs. Les décisions sont prises par les directions de grandes firmes, les acteurs des marchés, les agences de notation, ou par des organes technocratiques… En Europe, nous sommes déjà engagés dans cette direction.

    Second scénario, plus heureux, celui d’une « démocratisation de la démocratie » : on vivrait alors un renforcement du politique face à l’économique, avec une participation citoyenne plus active. La démocratie se renforcerait sous des formes participatives et délibératives variées.

    Troisième scénario, celui de l’autoritarisme. Il ne s’agit pas de dictature, mais de systèmes où, à la différence de la post-démocratie, la façade est remaniée : les élections existent mais la compétition électorale est restreinte ; les #libertés (d’expression, d’association, d’aller et venir, de la presse…) sont amoindries par des lois liberticides ; la justice est moins indépendante… C’est la pente qu’ont pris les Russes, les Hongrois, les Polonais, les Turcs, et qu’on retrouve ailleurs, en Equateur ou au Venezuela par exemple. En Asie du Sud-Est, plusieurs régimes non-démocratiques sont allés ou vont, par une libéralisation très contrôlée, vers un tel modèle : je pense à Singapour ou à la Chine, deux pays où les droits y sont restreints.

    En Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord, c’est la France qui offre le plus de signes indiquant que ce scénario est possible. Même s’il n’est pas le plus probable.