Anarchisme et Islam
▻https://nantes.indymedia.org/articles/37918
Dans le cadre du Festival libertaire édition 2015, Conférence/Débat : « Anarchisme et Islam » avec Waheb Messaoud et Daniel Colson Samedi 7 novembre à 15H00 à la Librairie la Gryffe
Anarchisme et Islam
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Dans le cadre du Festival libertaire édition 2015, Conférence/Débat : « Anarchisme et Islam » avec Waheb Messaoud et Daniel Colson Samedi 7 novembre à 15H00 à la Librairie la Gryffe
L’anarchisme et les faits religieux - Daniel Colson
▻https://lundi.am/L-anarchisme-et-les-faits-religieux-Daniel-Colson
« Appelez cela Dieu, l’Absolu, si cela vous amuse, que m’importe »
« Appelez cela Dieu, l’Absolu, si cela vous amuse, que m’importe, pourvu que vous ne donniez à ce mot Dieu d’autres sens que celui que je viens de préciser ; celui de la combinaison universelle, naturelle, nécessaire et réelle, mais nullement déterminée, ni préconçue , ni prévue (souligné par B.), de cette infinité d’actions et de réactions particulières que toutes les choses réellement existantes exercent incessamment les unes sur les autres. »
[...]
Et c’est ici qu’il faudrait souligner une distinction importante à l’intérieur des positions marxisantes ; une distinction qui tient également aux faits religieux, à deux manières certes différentes de leur dénier toute importance mais l’une et l’autre tout aussi étrangères à l’anarchisme parce que placées sous le double signe de la « culpabilité » et du « ressentiment » [3].
-- Avec d’un côté des militants d’origine chrétienne, les plus nombreux, pour qui on peut effectivement parler de « culpabilisation », en raison de la rencontre singulière et hasardeuse entre, d’une part, leur appartenance accidentelle et par héritage aux impérialismes européens du XIXe et XXe siècle ; et, d’autre part, un sens du « péché » et de la « culpabilité » hérité de la tradition chrétienne (le « péché originel »), qui contribue à les lier intimement à tout affect ou procès de responsabilité collective.
-- Avec, d’un autre côté, des militants d’origine musulmane qui, à l’intérieur des représentations marxisantes, risquent sans cesse de s’identifier subjectivement à l’ « Islam » de l’« islamo-phobie », en substituant aux clivages marxistes traditionnels de « classes » et de « condition sociales et économiques » des clivages analogues mais catastrophiques dans leurs effets : les clivages essentialistes de races, de couleurs de peau et d’origines ethniques et religieuses.
[...]
Approche « marxiste » et approche « laïque » s’opposent, mais partagent pourtant une position commune : la sous-estimation des faits religieux ; par mépris et indifférence du côté marxiste, par énervement rationaliste du côté laïc (« comment peut-on - au XXIe siècle ! - croire encore à des choses pareilles ? ») ; avec dans les deux cas une même conception, (« providentielle » diraient les chrétiens) du temps et de l’histoire : le « Progrès » et la science contre l’obscurantisme et les superstitions d’un côté ; le matérialisme dialectique et la lutte des classes contre les brumes de l’idéologie religieuse de l’autre.
[...]
En raison de sa logique totalitaire et de la réduction du multiple à l’Un, à la souveraineté et à la bonté d’un Dieu tout puissant et créateur de toute chose, le monothéisme se trouve confronté à un problème difficile et que l’on peut résumer de la façon suivante : ou Dieu est tout puissant mais il n’est pas bon, puisqu’il tolère le mal, ou il est bon, mais impuissant, et pour la même raison. Comment rendre compte du bruit et de la fureur du monde réel ? Comment rendre compte du mal et du désordre ? Comment rendre compte de cette anarchie du monde et de la vie que les vieux agencements animistes et polythéistes exprimaient si facilement par la multiplication des « forces » religieuses à la fois bonnes et mauvaises, à l’image de la réalité dont elles étaient l’expression ? Confrontée au mal et au désordre, à la complexité anarchique de ce qui est l’unification divine du mono-théisme n’implique-t-elle pas nécessairement et de façon contradictoire, le dualisme du manichéisme, la double existence d’un Dieu du Mal et d’un Dieu du Bien, les deux divinités de Marcion par exemple [18] ? D’une autre manière et comme Ève sortant (par raccroc) d’une des côtes d’Adam, le « mal » doit-il lui-même sortir du bien, du monde voulu et ordonné par Dieu ?
Une critique de la cosmologie du big bang - La Revue des Ressources
►http://www.larevuedesressources.org/une-critique-de-la-cosmologie-du-big-bang,2912.html
La question de la genèse de l’univers revient à se demander quelle est la procédure d’apparition de la matière, de quel néant est extrait le monde.
Avec la théorie du big-bang et de l’expansion corrélative de l’univers, il n’y a pas de création mais un point de départ aux constructions mathématiques à partir duquel se déploient tout à la fois l’espace-temps et la matière universelle. Le modèle exclut la description de ce qui s’est passé avant et se refuse à décrire une quelconque genèse. Il s’attache essentiellement à élaborer un système formel cohérent avec pour ambition de faire basculer tout le savoir sur l’origine du côté de la démonstration rigoureuse et vérifiable.
Il est tracé une frontière entre science et métaphysique qui autorise le développement autonome de chaque discipline : au savant la mathématique du cosmos, aux philosophes le discours sur les causes premières. A la limite, la cosmogenèse standard se présente comme non critiquable puisque ses concepts échappent à la sphère métaphysique.
Or le refus des vérités ’plurielles et invérifiables’ de la métaphysique repose sur une option métaphysique dissimulée. Ainsi, la cosmologie actuelle s’initie à partir d’un point reculé où l’espace-temps et la matière étaient infiniment concentrés, ce que les équations permettent effectivement de poser. Mais ces conjectures reviennent à admettre que l’univers est né d’un rien, qu’il est issu du nihil absolu : sont absentes la cause physique et la procédure qui permettent le passage du néant au réel, du temps zéro à la première seconde. De même, s’il y a eu première seconde c’est qu’on choisit une philosophie de l’histoire, un point d’origine du temps qui autorise le calcul de l’âge de l’univers. Nous pourrions opposer une conception d’un monde incréé, anhistorique, qui n’a ni commencement ni fin.
Cependant, bien qu’optionnel, ce modèle d’univers a fini par s’imposer, les critiques de ses adversaires ont été désarmées par des justifications aussi bien théoriques qu’observationnelles. Or cette conception comporte de graves incohérences et nous propose une vision assez extravagante de la genèse en dérogeant à certaines lois physiques et logiques élémentaires.
#cosmologie #big_bang vs #univers_incréé
Daniel Colson discute souvent, dans ses écrits ou ses conférences, de cette conception anarchiste du monde : sans début ni fin, mais en perpétuelle transformation.
Il note à juste titre que au delà de l’acception courante de l’étymologie du terme anarchie, sans hiérarchie ou sans hiérarque, il faut aussi prendre en compte un autre sens de « arch » qui est début ou commencement. Ainsi l’anarchie peut s’entendre sans principe premier, sans début, sans commencement.
On peut écouter ses conférences à ce sujet sur ce site :
▻http://raforum.info/article.php3?id_article=4257&lang=en
Même le wikitionnaire est d’accord avec cette étymologie :
▻https://fr.wiktionary.org/wiki/%E1%BC%84%CF%81%CF%87%CF%89#Verbe
ἄρχω, árkhô \ˈaːr.kʰɔː\ (conjugaison)
Être le premier.
Aller en tête.
Commander, être le chef.
Faire le premier, ou la première fois.
Commencer, prendre l’initiative de, faire le premier.
Se mettre à, commencer.
Organisation libertaire à la lyonnaise
▻http://rebellyon.info/?L-organisation-des-libertaires-a-Lyon-au
Rebellyon republie ce texte intéressant de Daniel Colson paru au milieu des années 1980 dans la revue IRL consacrée aux « Libertaires entre Saône et Rhône ». Colson écrira près de vingt ans plus tard « Le petit lexique philosophique de l’anarchisme, de Proudhon à Deleuze », directement inspiré de cette expérience pratique.
▻http://lagryffe.net/Chronique-parue-dans-A-Contretemps.html
Le texte fait le point sur une structuration assez originale de ce mouvement à ce moment-là, à l’origine d’une forte implantation locale, encore visible aujourd’hui, ou qui inspire encore des structures comme la librairie La Gryffe, Rebellyon (ou Radio Canut mais dans une moindre mesure).
A l’heure où les groupes anti-autoritaires sont à la fois aussi divisés qu’impuissants, c’est une piste toujours actuelle de réflexion pour repenser un mouvement, au moins à une échelle locale.
Réellement divers, non par le nombre de ses composantes, mais par leurs différences de nature, par leur caractère éclectique, non ordonnable, non classable, le mouvement libertaire lyonnais a peu à peu appris à chacun de ses militants à renoncer à projeter sur lui, sur sa surface d’enregistrement, l’unité de ses conceptions du moment. Au prix de nombreux conflits, non seulement il a appris à chacun de nous à accepter que d’autres agissent et pensent autrement que soi, à ne pas vivre comme limite, manque ou frustration les pratiques échappant à son propre imaginaire, à sa propre insertion sociale, mais il nous a aussi appris à tirer satisfaction et richesse de l’extrême diversité dans laquelle nous nous insérons, à faire confiance dans l’ajustement contradictoire d’un espace qui, pour échapper au caractère forcément totalitaire du rêve propre à chacun de nous, fait écho, dans la réalité, au désir libertaire que ce rêve prétend exprimer.
Mieux, en interdisant l’affrontement meurtrier et idéomaniaque des porteurs de rêve et d’utopie que nous sommes tous, les formes actuelles du mouvement libertaire à Lyon tendent peu à peu à nous libérer de notre propre et pseudo-« unité », de « femme », d’« homme », de « syndicaliste », de « manuel », d ’« intellectuel », etc. Aux contradictions nécessaires d’un espace militant complexe et diversifié peuvent répondre les contradictions et les diversités qui nous constituent individuellement. Cela non pas seulement en laissant à chacun le soin de reconnaître une partie de lui-même dans la prise de position, la manière de voir et de sentir de telle ou telle structure ou groupe, mais aussi en nous autorisant à participer à la vie de plusieurs structures ou groupes de telle façon que chacun puisse être enfin plusieurs, suivant le lieu et le moment.
Un espace formel qui fédère ces libertaires « non-organisés spécifiquement », la Coordination libertaire, montre la tentative de dépasser les différentes contradictions entre militants. Mais c’est surtout la pensée du même et du différent qui permet d’élaborer un espace à la fois de discussion, d’entraide et d’offensive.
Espace militant ouvertement divers et contradictoire, la Coordination libertaire cesse d’être une citadelle assiégée (ou conquérante) ne comptant que sur la force de ses structures, sur son drapeau, sur le nombre, la discipline et la foi des bataillons qu’elle peut aligner dans les manifestations.
Parce qu’elles tirent leur existence de problèmes propres, d’une inscription sociale particulière, les composantes de la Coordination répercutent forcément ces problèmes dans les discussions et les prises de position du mouvement, s’en font les représentants et, un pied dedans, un pied dehors, peuvent permettre :
– de tisser des liens avec l’extérieur ;
– de contribuer à l’élaboration d’une analyse générale qui tienne compte de la complexité et de la totalité de la réalité ;
– de former des militants habitués à confronter non plus seulement des idées, mais des manières d’être et d’agir ;
– de préfigurer en partie, bien mal mais mieux que ne le permettrait un simple regroupement idéologique, ce que pourrait être un mouvement libertaire de masse, unifiant toute la diversité du réel, des différentes luttes, des différents intérêts et aspirations nécessaires à une transformation radicale de la société.
C’est rigolo de republier numériquement une ancienne revue qui s’appelle « IRL ». Ça fait double sens maintenant, mais ça colle plutôt bien au sujet. :)
@rastapopoulos : c’était une idée de titre je crois pour une version papier de Rebellyon.
Le jeudi 3 mai à 10 heures sur France Culture, les Nouveaux Chemins de la connaissance reçoivent Daniel Colson autour de « L’Art de gouverner 4/4 : Bakounine et l’anarchisme ».
►http://www.atelierdecreationlibertaire.com/+-COLSON-Daniel-+.html
Les actes du colloque Philosophie de l’anarchie vont partir à l’imprimerie début janvier. 464 pages de textes divers et il est toujours possible d’envoyer 20 euros pour la souscription (►http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Colloque-Philosophie-de-l-anarchie,705.html).
En avant-première la présentation par Jean-Christophe Angaut, Daniel Colson et Mimmo Pucciarelli
Les textes qui composent ce volume sont issus du colloque « Philosophie de l’anarchie : théories libertaires, pratiques quotidiennes et ontologie », qui s’est tenu à Lyon du 12 au 15 mai 2011. Pour nous qui l’avons organisé, il s’agissait de proposer un espace de rencontre, d’expression et de problématisation à même de rendre compte de la réaffirmation, au niveau international, de la pensée anarchiste et des pratiques qui s’en réclament ou peuvent y être rattachées.
Cette réaffirmation s’est traduite par deux phénomènes. En premier lieu, une multiplication de travaux universitaires traitant aussi bien de l’histoire du mouvement libertaire que des contributions théoriques d’auteur.e.s anarchistes, et manifestant une prise en compte tardive de l’importance historique et théorique de l’anarchisme, après des décennies d’ignorance et de mépris. Mais surtout, dans un contexte marqué par un regain de la contestation anticapitaliste et par la faillite du prétendu socialisme réel, nombre de mouvements et de pratiques sociales et quotidiennes se réclament de l’anarchie ou ont un air de famille très prononcé avec elle. Si d’une part l’anarchie a longtemps été associée à des images d’Épinal (celle des poseurs.euses de bombes et des bandits de la Belle-Époque) ou réduite unilatéralement à telle ou telle de ses dimensions (l’athéisme, le syndicalisme), si d’autre part son premier moment d’affirmation a partie liée avec le mouvement ouvrier, il n’est plus possible aujourd’hui de ne pas tenir compte des transformations de l’idée anarchiste depuis 1968, les luttes écologistes et féministes des années soixante-dix, le renouveau récent du féminisme radical, le mouvement altermondialiste ou encore les pratiques d’auto-organisation que mettent en œuvre, dans le monde entier, les mouvements qui mettent en cause telle ou telle forme de la domination. Or ces deux dimensions, que l’on pourra dire théorique et pratique, d’une réaffirmation de l’anarchisme aujourd’hui, sont évidemment liées entre elles. C’est un même contexte historique et social qui a ouvert à l’anarchisme un espace dans le monde académique et lui a redonné une place dans l’imaginaire politique et social. Et les pratiques se réclamant de l’anarchie ou pouvant s’y rapporter ne cessent de produire leurs propres théorisations, alors que dans le même temps les théories anarchistes font signe vers des pratiques politiques et sociales. Par rapport à tout autre courant politique ou idéologique, l’anarchisme a en effet pour particularité de ne pas se réduire à un corps de doctrine auquel des militant.e.s seraient censés adhérer sans se soucier plus avant de sa réalisation ici et maintenant, et qui proposerait une conception d’un monde futur (celui des lendemains de la révolution) débarrassé de la domination, conception qui serait hétérogène avec les moyens de sa mise en œuvre.
C’est cette ambition de prise en compte du caractère pratique des théories anarchistes et de la manière dont les théories libertaires continuent aujourd’hui d’accompagner des pratiques concrètes nous a poussés à nous concentrer sur l’anarchie plus que sur l’anarchisme, et sur la philosophie comme savoir pratique engagé dans la vie des personnes qui le mettent en œuvre plus que comme système doctrinal. La capacité qu’a l’anarchisme de resurgir tient à l’ampleur et à la radicalité du projet libertaire, mais cette radicalité et cette ampleur conduisent aussi l’anarchisme à affronter des questions philosophiques fondamentales, et cela non dans la tour d’ivoire des professionnel.le.s du concept, mais bel et bien dans les réflexions et les débats que fait surgir toute pratique anti-autoritaire. Les textes rassemblés dans ce volume ne présentent pas un point de vue unique sur ce que serait la philosophie de l’anarchie, ni sur l’existence même d’une telle philosophie. Certains d’entre eux se contredisent, et on ne trouvera pas deux textes qui concordent sur ces deux questions. Cette diversité nous semble correspondre à cette autre particularité du mouvement libertaire, qui ne s’est jamais référé à quelque dogme officiel ou à quelque maître penseur que ce soit, et a toujours préféré la contradiction à l’uniformité.
Mais en voulant fournir un espace d’expression aux théories et aux pratiques les plus contemporaines, nous ne pouvions prétendre connaître a priori ce que chercheurs-euses et militant.e.s avaient pu produire sur les questions qui nous intéressaient. C’est pourquoi nous avons organisé, dans les mois qui ont précédé le colloque, un séminaire préparatoire au cours duquel plusieurs intervenant.e.s ont pu apporter leurs contributions à notre réflexion, contributions qu’il nous a paru important de faire figurer dans ce volume. C’est aussi pour cette raison que, lorsque la question de l’élaboration du programme s’est posée à nous, nous avons décidé de ne pas nous cantonner à ce que nous connaissions mais d’appeler, aussi largement que possible, à des propositions de contributions, et nous n’avons pas été déçus, puisque nous avons vu surgir tout un continent de recherches précises et actuelles qui nous étaient inconnues.
Enfin, ce colloque a été l’occasion de créer des liens entre des générations différentes, entre militant.e.s et chercheurs.euses, entre institutions et lieux alternatifs (l’ENS de Lyon, le CEDRATS et le Salon des éditions libertaires). Ce fut, avec la fraîcheur des propos et des échanges dont il a été l’occasion, l’une des sources du plaisir que nous avons eu à l’organiser. La publication de ce volume ne poursuit pas d’autre but que de continuer à créer de tels liens au sein du mouvement libertaire et plus largement avec toutes les personnes qui continuent à chercher des formes d’actions et des idées pouvant nous rapprocher toujours plus d’une société émancipée…