person:daria marx

  • Ligue du LOL : aux racines d’une affaire de harcèlement qui secoue les médias français
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/02/14/ligue-du-lol-aux-racines-d-une-affaire-de-harcelement-qui-secoue-les-medias-

    Sur Twitter, les récits des méfaits de certains des membres de cette Ligue du LOL se multiplient ces derniers jours. Des « stars » auxquelles il était impensable de s’opposer, sous peine d’excommunication. Ils se veulent décalés et assument être des « trolls » – à l’époque, en 2010, quatre ans après la création de Twitter, on ne parle pas encore de « harceleurs ».

    Leurs victimes les décrivent comme arrogants, blessants et attaquant « en meute ». Celles et ceux qui ne leur plaisent pas subissent une vindicte numérique, des « raids » hostiles. Une ancienne blogueuse, Capucine Piot, raconte par le menu un « travail de démolition quotidien ». Des piques sur son physique, sur le moindre de ses Tweet.

    Une blogueuse féministe, Daria Marx, témoigne des attaques reçues lorsqu’elle a lancé une cagnotte pour acquérir un scooter. Son numéro de téléphone a été mis sur Leboncoin.fr, au bas d’une annonce de vente de scooter. « Les gens m’appelaient et me demandaient si je vendais mon scooter, en m’appelant “Madame Grosse”, le nom renseigné dans l’annonce », explique-t-elle. Elle a aussi eu droit à un photomontage pornographique avec sa tête. Stephen des Aulnois a, depuis, reconnu en être l’auteur.

    Les membres de la Ligue du LOL sont également accusés d’avoir commis des canulars cruels et anonymes. De grandes zones d’ombre persistent, dix ans après, entretenues par l’utilisation de comptes communs, de faux profils et le talent de dissimulation des membres du groupe. Et les aveux se font au compte-gouttes.

    David Doucet a reconnu avoir usurpé l’identité du producteur d’une émission de télévision très en vue auprès d’une jeune chroniqueuse scientifique, Florence Porcel. Il lui a proposé du travail pour mieux l’humilier ensuite en diffusant l’enregistrement du canular, effacé depuis, après que l’affaire a éclaté.

    « Ils avaient une envie de nuire sans limites », se souvient Martin Médus, un blogueur harcelé. En 2012, l’un des « loleurs » publie une photo retouchée de ce petit-fils de déportée. Le jeune homme apparaît avec une croix gammée sur le torse. « Ils s’en prenaient à tout le monde : aux hommes, aux femmes, aux juifs, aux autres, peu importe, se souvient la photographe Laurence Guenoun. Ils trouvaient une aspérité, et pour peu que la personne ait un peu de notoriété, ils lui sautaient dessus. Ils étaient organisés. C’était leur terrain de jeu. »

    Le retour de bâton est brutal pour ceux qui se présentaient comme des défenseurs du LOL. De l’anglais laughing out loud, « rire aux éclats », l’acronyme recouvre toute une culture, empruntée aux forums américains, aux mèmes – ces images détournées et réutilisées à l’infini – et aux communautés anonymes comme 4chan, célèbre pour son univers malsain. Au sein de la Ligue du LOL prédominait le sentiment que l’Internet leur appartenait.
    Une aristocratie des « early adopters »

    Au début des années 2010, le journalisme numérique tâtonne, entre budgets fragiles et notoriété à construire. Nombre de médias traditionnels tentent de s’adapter à un « Web 2.0 » qui se veut participatif. De ce décor en plein bouleversement émerge le fantasme d’ une aristocratie des early adopters, ceux qui ont usé des potentialités des nouvelles technologies avant les autres .

    « La génération des 30-40 ans a été bloquée par les soixante-huitards. Nous n’avons pas d’aînés dans la profession. Personne pour nous défendre, personne à imiter. Nous créons un nouveau métier », déclare Vincent Glad, cité dans « Les forçats de l’info », un article publié dans Le Monde en mai 2009.

    #Ligue_LOL #Cyberharcèlement

  • Ligue du LOL : 5 leçons que l’on peut tirer de cette histoire (liste provisoire et non exhaustive)
    https://www.franceinter.fr/emissions/la-fenetre-de-la-porte/la-fenetre-de-la-porte-12-fevrier-2019

    Xavier de la Porte revient sur la #ligueDuLOL : ces twittos (souvent des journalistes mais pas que) qui se retrouvaient sur les réseaux sociaux pour se moquer et harceler un certain nombre de leurs cibles.
    Leçon 1 : comprendre comment fonctionnent les réseaux ne signifie pas comprendre le monde dans lequel on vit

    Je dis ça parce qu’une partie de ces gens mis en cause étaient des petites stars du Twitter de l’époque. Ils en imposaient par leur coolitude, leur maniement des réseaux, leur ironie décomplexée, leur sens de l’auto-promo et pour certains d’entre eux la finesse de leurs analyses.

    Ils donnaient le ton à Twitter, ils pigeaient, faisaient des stages ou travaillaient dans des organes de presse progressistes, voire carrément innovants. Ils avaient tout compris à leur époque, et on les admirait pour ça.
    À lire

    Société

    Ligue du LOL : vague de sanctions sans précédent dans la presse parisienne

    Et en même temps, sur ce même réseau - dont ils savaient utiliser les fonctionnalités qui demeuraient obscures aux néophytes - ils se livraient à l’activité la plus archaïque qui soit : s’en prendre au plus faible, au minoritaire, à l’isolé. Les femmes, les gros, les homosexuels, les noirs… Ils perpétuaient, sous couvert d’une culture nouvelle, les dominations les plus ancestrales et le patriarcat le plus vieillot. L’avant-garde techno était une arrière garde politique.
    Leçon 2 : on peut avoir tout compris à l’Internet - et il est frappant comme certains de ces gens étaient et sont aujourd’hui parmi les meilleurs analystes des réseaux - et ne pas bien gérer l’espèce de zone grise entre privé et public que sont les réseaux sociaux.

    En dehors du groupe Facebook qui était fermé, tout ça était fait publiquement, parce qu’il fallait que la victime soit exposée publiquement.

    L’effacement de tweets et autres contenus auquel se sont livrés certains – qui ont supprimé parfois des centaines de leurs messages ces derniers jours – donne l’impression un peu pathétique qu’ils ne comprennent que maintenant que pour exposer publiquement une victime, ils se sont exposés publiquement eux-mêmes.
    Leçon 3 (corollaire de la précédente) : qui faute par les réseaux est puni par les réseaux.

    Même si, aux dires des victimes, le harcèlement s’est parfois prolongé dans la vie physique, il a d’abord eu lieu en ligne. C’est aussi en ligne que s’accumulent les témoignages et que pleuvent les insultes contre les membres de la ligue du Lol.

    On peut y voir une ironie du sort, se réjouir de cette forme de justice immanente.

    Pour ma part, je m’inquiète toujours des lynchages. On s’honore à ne pas y céder.
    À lire

    Société

    Victimes de la Ligue du LOL : des témoignages qui "tordent le bide"
    Leçon 4 : Ce n’est pas la levée de l’anonymat sur Internet qui réglera les problèmes du harcèlement

    … comme essaie de le faire croire le gouvernement, avec cynisme ou naïveté.

    Tous ces gens ont opéré sous leur nom ou sous des pseudos qui les dissimulaient à peine. Et même, l’une des victimes, opérant dans les réseaux sous le nom de Daria Marx, a expliqué que c’est son pseudonyme qui l’a sauvée, elle lui permettait de mettre à distance les attaques dont elle faisait l’objet.

    A méditer.
    Leçon 5 : L’excuse de la culture des réseaux à l’époque ne tient pas.

    Non Internet et Twitter n’étaint pas seulement cette jungle à la fin des années 2000.

    Par un hasard étrange, j’ai reçu vendredi, jour où cette histoire a fait surface, un beau livre. Il s’agit des archives du site Poptronics, mises sur papier. Poptronics est un site français qui depuis 12 ans s’intéresse aux cultures numériques et dans ce livre, on trouve ce qui a fait Internet de ce temps : le détournement, les mèmes, les blagues, mais aussi et surtout le travail des artistes. C’est très beau, très vivant, très créatif, très joyeux. Cela offre un parfait contrepoint à ce que fait émerger la Ligue du Lol.

    Il n’y a pas de fatalité à utiliser méchamment et connement les réseaux, et aucun des membres de la Ligue ne pourra faire l’économie d’une introspection sévère : “pourquoi, moi, j’ai fait ça, ou même accepté d’en être le témoin silencieux ?” À cette question, personne d’autre qu’eux ne pourra répondre.

  • Marlène Schiappa secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.

    Twitter :
    "Les conseils de la nouvelle secrétaire d’Etat aux « femmes rondes »

    Osez L’Amour Des Rondes – Marlène Schiappa – La Musardine
    http://dariamarx.com/2011/02/20/osez-lamour-des-rondes-marlene-schiappa-la-musardine

    Soirée Osez l’amour des rondes : le reportage photo ! | La Musardine – Le blog
    http://blog.lamusardine.com/2011/01/24/soiree-osez-lamour-des-rondes-le-reportage-photo

    Twitt Monna Chollet :
    6 Osez… l’amour des rondes de Marlène Schiappa (Ed. La Musardine) : retour sur la polémique | Fauteuses de trouble
    http://www.fauteusesdetrouble.fr/2011/04/pourquoi-tant-de-haine

    Mais faire l’amour à une ronde réclamerait-il des compétences hors normes ? A-t-on besoin d’un mode d’emploi pour savoir comment gérer la présence d’une grosse dans son lit ? Apparemment, c’est la question que semble poser le titre de l’ouvrage et on peut dès lors comprendre que d’emblée Marlène Schiappa se mette à dos un certain nombre de bloggueuses.

    Pourtant, contrairement aux apparences, le guide en question ne s’adresse pas tant aux hommes (ou aux femmes) voulant franchir le pas avec une grosse (oui, parce que la grosse est un extra-terrestre, c’est bien connu) qu’aux femmes enrobées (usons de cet euphémisme qui donne l’impression que les femmes sont des bonbons au chocolat).

    #gouvernement_macron

    • Marlène Schiappa n’annonce rien de bon pour les droits des femmes
      https://www.streetpress.com/sujet/1495119624-marlene-schiappa-sexiste-grossophobe

      Marlène Schiappa a écrit un manuel « sexiste et grossophobe » adressé « aux rondes ». La féministe Daria Marx s’inquiète du profil de la nouvelle secrétaire d’Etat aux droits des femmes. StreetVox

      Emmanuel Macron a fait campagne sur l’égalité femmes-hommes et les discriminations. Mais dès la nomination du nouveau gouvernement, le vernis des beaux discours a craqué.

      Sa première promesse non tenue : il n’y a qu’un secrétaire d’Etat aux droits des femmes et pas un ministère. Ça se passe de commentaire. Ensuite, la parité à la Macron est une parité cheap, au rabais : on a collé les femmes loin des grands ministères.

      Et puis, il y a notre nouvelle secrétaire d’État aux droits des femmes, Marlène Schiappa. J’ai ri jaune en entendant son nom.

      Marlène Schiappa a écrit des horreurs sexistes et grossophobes

      J’ai connu Marlène Schiappa via un livre qui m’a ulcéré quand il est sorti, en 2011, Osez l’amour des rondes. C’est la collection « Osez » de la Musardine. Des bouquins pratiques et légers qui parlent de pratiques sexuelles, sodomie, cunninlingus. Puis ils sont allés vers des choses différentes, comme ce livre-là.

      Ce bouquin s’adresse moins aux hommes attirés par les rondes qu’aux femmes grosses ou rondes qui veulent être baisables. Marlène Schiappa présente les femmes comme de la chair soumise aux désirs des hommes et exotise les femmes grosses de façon proprement effrayante.

      Par exemple, elle rappelait aux femmes grosses qu’il fallait se laver parce qu’elles puaient, qu’il fallait éviter de manger en public (une femme grosse qui mange est moche et phallique, c’est un appel peu élégant à la fellation), ne pas acheter des twix quand on prenait l’avion parce que déjà qu’on prenait toute la place, il fallait pas abuser, etc.

      Le degré zéro du militantisme féministe. Et je ne vois pas en quoi ce bouquin peut aider qui que ce soit à s’épanouir sexuellement. Bref, j’ai halluciné à la lecture, et j’en ai fait un article de blog (link is external) qui a beaucoup fait parler.

      Elle n’avait fait aucune réponse publiquement, elle m’avait juste contacté en privé de façon assez agressive.

      Donc le fait que cette personne chargée de me représenter ait écrit un bouquin grossophobe et sexiste, sans s’excuser par la suite, ça n’annonce rien de bon.

      Un féminisme de cadres supérieures

      À partir de ce moment-là, je me suis intéressée au parcours de Marlène Schiappa. Elle est passé par le Bondy blog, ça s’est plutôt pas mal. Puis elle a lancé Maman travaille, un blog et un réseau de « mères actives ».

      Alors, pourquoi pas ? C’est vrai que la société met une pression dingue sur les femmes pour qu’elles aient à la fois une carrière professionnelle réussie, des enfants parfaits et un intérieur Instagram.

      Sauf qu’il n’y a pas que des femmes qui choisissent de travailler. Il y aussi celles qui ne veulent pas travailler ou au moins pas en faire le centre de leur vie : la libération des femmes peut passer par d’autres choses que le travail.

      Et surtout, il y a toutes ces femmes qui ne trouvent pas de travail, ou bien un travail peu rémunéré, précaire et difficile. Quand on est une femme, on a plus de difficultés à l’embauche, à la promotion, à garder son boulot, etc. La vision émancipatrice du travail promue par Marlène Schiappa s’adresse-t-elle à la caissière ? J’en doute.

      On va construire des salles d’allaitement dans les bureaux de trader.

      Au fond, cette nomination est dans la droite ligne de la politique économique de Macron et de sa loi travail. Déjà à l’époque les féministes étaient montées au créneau pour dénoncer des mesures largement défavorables aux femmes. Et ça risque d’aller de mal en pis.

      Alors, oui, les femmes blanches, bourgeoises, les femmes de pouvoir comme Marlène Schiappa vont peut-être profiter de quelques améliorations, à base de salles d’allaitement dans les bureaux de trader.

      Ou bien, et ça ce n’est pas une blague, on autorisera la police à verbaliser les insultes sexistes, histoire de fliquer le sexisme dans la rue, plutôt exprimé par les minorités raciales. Quand le sexisme des bureaux et des ministères restera bien tranquille, comme l’analyse (link is external) le blogueur Joao.

      #Le_pouvoir_Macron_se_met_en_place

    • Non, même pas grosse… trapue, boulotte.
      Ma taille surprend toujours mes interlocuteurs la première fois qu’ils me rencontrent en vrai après m’avoir connu en ligne.
      Mais je ne me vis pas comme petite ou trapue. Il se trouve juste que c’est ce que je suis comparativement à une grosse partie de la population.
      Je crois qu’il vaut mieux me connaitre en ligne qu’à table…

  • Demander leur avis aux prostituées, oui, mais lesquelles ?
    http://www.gqmagazine.fr/sexactu/articles/demander-leur-avis-aux-prostituees-oui-mais-lesquelles/21075

    Alors pourquoi n’entend-on pas les autres prostituées ?

    Parce qu’elles ont la trouille. Parce qu’elles ne parlent pas le français, ou mal. Parce qu’elles se planquent. Parce qu’elles ont déjà assez honte, elles ne vont pas en plus devenir porte-paroles d’une situation dans laquelle, euphémisme, elles ne se reconnaissent pas. Parce que ce n’est pas joli de montrer une fille à la télé qui a des marques de griffures sur le visage (anecdote personnelle vécue). Parce qu’elles fuient devant les journalistes. Parce que le temps que tu passes à parler tu ne le passes pas à ramener de l’argent. Et si tu n’en ramènes pas, ça va mal se passer.

    Donc on ne risque pas de les entendre, non.

    Et c’est justement ce silence qui en dit le plus long. Elles ne PEUVENT pas parler. C’est ça, l’#esclavage : quand ton corps, ta voix, ne t’appartiennent pas.

    #prostitution

    • Oui c’est ce que j’ai régulièrement dit ici, celles qui se disent porte-paroles de prostituées ne représentent à mon avis qu’une infime minorité d’entre elles. Et donc ne peuvent parler que pour le demi-pourcent qui est dans une situation de choix. Sauf que la quantité de paroles publiques qu’on entend venant de ce groupe est disproportionnée par rapport à la représentation. Et donc ensuite, quand on écoute ça de loin, on croit que c’est ça la réalité la plus courante.

    • Voilà, c’est exactement ça, like like like. :D

      Non mais pour dire que oui, ce que je disais, ce n’est pas contre le fait que des femmes arrivent à s’organiser entre elles pour aller mieux (Strass ou autre). Mais contre le principe même de la prostitution.

      C’est pas être abolitionniste des prostituées, c’est être abolitionniste de la prostitution. Je n’ai pas de solution miracle et je ne suis pas particulièrement pour interdire physiquement de vendre son corps (que ce soit en pénalisant côté pute ou côté client), mais c’est le but à atteindre, qu’il n’y ait plus de prostitution.

      Et quand j’entends les discours du Strass, ça ne va clairement pas dans ce sens, et c’est sur ce point-là que je m’y oppose. Car au-delà des opinions et propositions qui vont effectivement dans le sens d’aider les personnes prostituées (plus de droits, de protections, de préventions, etc), il y a dans le même temps un discours construit, conscient, de banalisation-légitimation de l’acte, décrit comme une action sociale ou psycho. Uniquement pour les hommes évidemment. Et qui a ensuite des conséquences sur l’ensemble des femmes.

      Au delà de tout ça, il y a un sous-débat qui me taraude, c’est qu’il y a certains groupes politiques, parfois eux-mêmes représentant de minorités (comme ici pour le Strass je pense), mais parfois pas, qui fondent quasiment entièrement leur argumentation sur les exceptions.

      Qu’on les aborde, ok, mais dans à peu près toute chose il y a des exceptions. Je ne vois pas comment on peut fonder sur la base d’exceptions des argumentations qui vont avoir des conséquences sur la vie de vraiment tou⋅te⋅s.
      Quand on parle de la prostitution on s’entend alors répondre :
      – oui mais il y en a pour qui c’est un choix => exception
      – oui mais il y a aussi des hommes qui se prostituent alors la liaison avec la condition des femmes hein => exception
      – oui mais il y a aussi des femmes qui achètent => exception

      Jveux dire, on sait que l’immense majorité des putes sont des femmes, qu’elles n’ont pas fait ça par choix, et que ce sont des hommes qui utilisent leur corps contre de l’argent. Et que tout ça a une conséquence bien réelle sur la vie de toutes les autres femmes.

      Alors après ça devient des choix philosophiques du coup (on en revient au libéralisme, Michéa, etc) : est-ce que parce qu’une minorité fait effectivement ça par choix, on doit de fait l’accepter légalement pour l’ensemble de la société, comme si ce n’était qu’un choix personnel, individuel, qui n’influait pas sur la vie sociale globale ? Ou est-ce qu’on doit se dire et décider communautairement que ce n’est pas un acte correct, qu’en faisant la balance, ça apporte trop de mauvaises choses à trop de gens à la fois, et qu’on doit donc trouver des moyens (les moins violents possibles) pour que ça n’apparaisse plus (ou, plus modestement, moins) ?

      Évidemment un libéral choisira de ne surtout pas faire de « choix philosophique » qui vaudrait pour l’ensemble d’un groupe : c’est ce qu’il dit, mais c’en est un ! Ha !

    • Oui, c’est exactement ça, @aude_v. Une exploitation uniquement au service des hommes avec assez de fric pour se le payer. Parce que les frustrations des chômeurs ou des SDF, tout le monde s’en tamponne. Et plus encore que tout le reste, les frustrations des femmes.

      Dans les justifications à la con, il y a aussi les hommes trop moches ou trop handicapés ou trop vieux... Il y a aussi des femmes moches, vieilles ou handicapées. Il y a même plein de femmes plus ou moins seules qui seraient tout à fait disposées à partager du sexe gratos. Pourquoi n’en parle-t-on jamais ?

      Parce que le principe c’est de pouvoir se payer quelqu’un qu’on n’aurait pas autrement. Des femmes très jeunes, limite presque pas femmes, par exemple. Des femmes avec lesquelles on ne discute pas, on ne négocie pas, on impose. Des femmes qu’on ne séduit pas.

      Je pense que pour avoir recours aux putes, quelque part, il faut avoir une bien piètre opinion de soi-même. Il y a tellement de gens pas spécialement beaux, pas spécialement intelligents, drôles, charmants, etc qui arrivent parfaitement à trouver des partenaires, voire à se reproduire. Donc... le problème n’est absolument pas la misère sexuelle, le problème est bien la domination, la possession.

    • @Rastapopoulos : « C’est pas être abolitionniste des prostituées, c’est être abolitionniste de la prostitution. »

      Et tu fait comment concrètement pour abolir la prostitution sans abolir les prostitué-e-s ?

      C’est comme les gens qui disent « on tape pas sur les prostitué-e-s on tape sur les clients »

      Sauf que concrètement un-e prostitué-e qui n’a plus de client, n’a plus de source de revenues, et plus rien a bouffer...

      Voici donc un argument qui vaut pour la majorité des prostituées (celleux que je croise régulièrement en action pour une association) : si une personne n’as pas d’autres
      choix que de se prostituer, lui retirer son client ne l’aidera pas à trouver une autre source de revenus.

    • Pourquoi suis-je devenue abo plutôt que légaliste comme je l’étais au début ?

      Au début, pour moi, une pute, c’est une femme concrètement exploitée jusqu’à l’os et qui vit sous une double contrainte dégueulasse dont la plus forte est sa marginalisation dans la société. Dans un de mes papiers, je demande pourquoi tout le monde fait comme si les putes n’étaient pas des personnes comme les autres, comme si elles n’avaient pas les mêmes besoins humains que les autres : http://blog.monolecte.fr/post/2006/03/08/184-les-putains.

      Donc, mêmes les proputes, on ne les entend pas des masses sur les questions essentielles de l’inclusion sociale des femmes : retraite, santé, enfants, droits, vie sentimentale, maritale, familiale. On va me dire : si on légalise, elles auront enfin accès à des droits sociaux. Certes. Et à être bien intégrées dans le tissu social, aussi ? J’ai de gros doutes sur toute la ligne. On devrait améliorer l’existence des quelques pour cent de putes « volontaires », mais pour toutes celles qui sont clandées, dans des réseaux, exploitées par des types et tout, j’ai comme des gros doutes quant à la volonté de leur exploiteur de remplir les liasses URSSAF ou de cocher les cases Sécu. Par contre, ils pourront continuer leur sale job d’esclavagistes en toute quiétude, même si on maintient la pénalisation du proxénétisme : je suis convaincue que même les putes analphabètes auront rempli des déclarations sur l’honneur qu’elles sont volontaires et sans mac.

      En admettant qu’on légalise totalement la prostitution, qu’on rentre les proxos dans le droit du travail (déjà qu’on a du mal avec les patrons d’activités légales, mais admettons, hein !), la prostitution devient une affaire totalement légale et normalisée, même qu’on l’appelle assistance sexuelle et qu’il y a des statuts spéciaux et une convention collective qui va bien. Oui ce serait un immense progrès pour la vie des putes... même si je pense que la grosse majorité étant liée aux trafics d’humain n’en verrait pas la couleur.

      Mais il y aurait un corolaire qu’on fait semblant de ne pas voir, tant on a bien intériorisé que les putes, c’est les autres : il devrait y avoir des filières de formation et des offres d’emploi de putes... et donc, très logiquement, on devrait pouvoir proposer à TA fille qui est un peu paresseuse à l’école, mais avec un beau capital fessier une orientation qui serait plus dans ses compétences... Et encore plus logiquement, pute devient une offre d’emploi acceptable pour Pôle Emploi, une voie royale d’insertion, surtout pour toutes ces jeunes femmes qui peinent tant à trouver un premier boulot... Et par un effet de non-discrimination, les offres de pute devraient être ouvertes à toutes les candidatures, que ce soit les hommes, les vieilles, les moches...

      Bon, allez, soyons clairs, vous sentez bien qu’il y a une couille dans le potage de la légalisation, non ? Parce que, précisément, pute n’est pas du tout un métier, c’est un acte de violence pure... mais on va y revenir.

      En dehors du fait que j’ai déjà réfléchi aux conséquences concrètes de la légalisation de la prostitution, à moment donné, je me suis posé la question du client en ces termes plutôt froids :
      Pourquoi payer pour avoir ce que l’on peut tout à fait obtenir gratuitement ?

      Quelle est la motivation du client ?

      Je connais le discours habituel - et j’en ai parlé plus haut - sur les motivations des clients, de pauvres petites choses incomprises, seules et malheureuses dans un monde de brutes. Sauf que si on veut s’en donner un tout petit peu (mais vraiment un tout petit peu...) la peine, on peut toujours trouver une femme disposée à partager un peu de sexe ou même quelques verres, ou même une oreille compatissante. J’ai plein de copines célibataires qui ne cherchent pas du tout le prince charmant et qui ont l’esprit très large...

      La réalité du terrain semble assez éloignée du clichton pour mauvais roman bourgeois, avec des putes qui, surtout, sont en butte à la violence de leurs clients (en plus celle de la société).

      Pourquoi acheter l’accès au sexe d’une femme ? Pour pouvoir la dominer et non pas partager, pour pouvoir l’utiliser et la contraindre, ce que l’on ne peut pas faire dans un échange vraiment consentant (si un partenaire consent à la domination, où est le plaisir de la coercition, je vous le demande ?).
      C’est donc bien une relation de type esclavagiste exercée quasi uniquement par des hommes.

      À la question du sexe des putes (oui, il y a des hommes putes), on rappelle que les hommes putes sont aussi à l’usage quasi exclusif des hommes et qu’ils sont généralement considérés comme des gonzesses.

      La prostitution est extrêmement genrée parce qu’elle consiste pratiquement uniquement en la domination des hommes. Pour s’en convaincre, il suffit d’inverser la proposition du sexe acheteur et tout de suite, on se rend compte que ça ne marche pas du tout : http://blog.monolecte.fr/post/2010/04/22/Des-putains-et-des-hommes

    • Une bien bonne participation de @klaus au débat http://seenthis.net/messages/191593

      Cela dit, l’exploitation des femmes, que ce soit sous la forme de putes ou d’épouses est largement antérieure au capitalisme. De là à penser que l’essence du #capitalisme, c’est la #domination et l’#exploitation des femmes, en tant qu’outils de re-production... Hum, hum, voilà qui change la perspective du #féminisme !

    • Si je peux me permettre d’intervenir, je trouve que vous mélangez tous et toutes pleins de choses et que ça rend le débat totalement confus.

      Prostitution et féminisme :

      A partir du moment où l’on admet/reconnait/constate que la prostitution ne concerne pas seulement des femmes prostituées, mais aussi des hommes prostitués, ça rend à mon avis le discours généralisateur sur LA prostitution comme expression de la domination masculine sur les femmes un tantinet... décalé.
      Bien sûr, ces hommes prostitués, c’est - le plus souvent - une histoire de pédés entre eux, c’est minoritaire, c’est marginal, etc. Pas besoin d’en tenir compte. Evacuons !

      Prostitution et contrainte :

      A partir du moment où l’on admet/reconnait/constate que la prostitution ne concerne pas seulement des femmes contraintes, soumises à des réseaux mafieux, mais aussi des femmes qui s’estiment libres de le faire (et aussi quelques hommes, mais on a déjà évacué cette question !), ça rend à mon avis le discours généralisateur sur LA prostitution comme pure aliénation un tantinet... excessif.
      Bien sûr, ces femmes et hommes prostitués libres, c’est minoritaire, c’est marginal, etc. Pas besoin d’en tenir compte. Evacuons !

      Une fois le terrain bien déblayé après ce double coup de karcher, on peut reprendre tranquillement son discours sur LA prostitution, et proposer toutes sortes de mesures plus coercitives les unes que les autres, en toute bonne conscience de participer à la grande et juste cause du rétablissement de l’Ordre moral.

      On évitera de considérer toutefois que toutes ces mesures proposées pour « protéger » les prostituées (fermeture des maisons closes, répression du racolage passif, et maintenant répression des clients), se sont toujours traduites dans les faits, invariablement, par une dégradation accrue de la situation concrète des prostituées les plus vulnérables...

    • Les clients sont à 99% (voire même plus) des hommes : tu ne peux pas évacuer la dimension extrêmement genrée.
      Quant à la prostitution « volontaire », je la mets toujours entre guillemets, parce qu’en dehors du fait qu’elle est extrêmement minoritaire (mais tout de même significative), je suis assez circonspecte sur ce que l’on met derrière le vocable de « volontaire ». Un peu comme les salariés « volontaires » pour bosser le dimanche, tu vois ce que je veux dire ?

      Après, l’ordre moral, pour moi, il commence avec cette merde de monogamie maritale qui emmerde si peut de monde mais qui me sort par les trous de nez, tant il s’agit de s’assurer une sorte de lien de propriété sur le corps de la femme, sur ce qui en sort et sur une domesticité à prix défiant toute concurrence !

    • Moi, je voudrais seulement qu’on évacue personne, justement. Notamment les minoritaires, et les minoritaires parmi les minoritaires...

      Réintégrer dans le débat sur la prostitution en général la question de la prostitution masculine conduit, à mon avis, à revoir la question de la possibilité d’une prostitution féminine volontaire (même si elle est minoritaire).

      Ça permet, à mon avis, d’éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain. Et le bébé en question, c’est la question de la liberté des minoritaires, quand elle ne cadre pas avec la vision majoritaire.

      Mais bon, les minoritaires sont assez bien habitués à se voir évacuer de cette manière...

    • @narvic : le débat semble être « comment éviter la traite humaine ». S’il te semble convenable de tolérer la traite des humains (noir, blanc, vert, jaune, homme, femme, martien) au prétexte que certains parmi ces humains y trouvent un intérêt philosophique... leur liberté d’utiliser leur corps pour... pour un intérêt financier, car c’est bien parce que c’est financier qu’on en parle, là, maintenant... bref, si la liberté de quelques uns doit justifier l’exploitation de tous, est-ce bien raisonnable, est-ce vraiment une façon pertinente de « taper dans la fourmilière » de ce débat... pas si complexe ?
      De plus, je crois qu’on cause de ce sujet parce qu’il y a une volonté de pénaliser les clients... et non les travailleurs/ses, qui actuellement sont les seul(e)s à être... précarisé(e)s... et maintenu(e)s, donc, du fait de la situation légale actuelle dans la misère et l’insécurité.

    • @narvic Mais ça veut peu dire grand chose « évacuer personne », dans le contexte dans lequel tu le dis, puisqu’au au final tu évacues encore plus de gens car tu fais passer les besoins d’une minorité ("moi j’ai choisis en toute connaissance de cause de vendre mon sexe") sur les conséquences que ça induit pour toutes les autres femmes : en premier lieu les prostituées forcées, qui sont la majorité, mais aussi toutes les autres femmes de la société. Ce qui fait quand même vraiment beaucoup de monde évacué pour quelqu’un qui ne veut évacuer personne.

      J’ai déjà évoqué les deux exceptions que tu évoques dans ton message précédent, donc non je n’ai rien mélangé, j’ai bien dit que ça existait. Mais qu’ensuite c’est justement un choix philosophique de baser ou pas son argumentation sur cela.
      => OUI cela existe (des putes hommes et des putes par choix) MAIS rendre l’acte acceptable pour tou⋅te⋅s induit des conséquences néfastes pour vraiment trop de monde, et donc ce n’est pas bien d’aller dans ce sens. Car ce n’est PAS uniquement une question de petit choix égoïste dans son coin, chacun son idée, chacun sa manière de vivre personnelle. Ça a des conséquences globales.
      (Et ceci sans même parler du fait que les putes par choix sont quasiment exclusivement des femmes pour vendre un service à des hommes, oh comme par hasard. Et que comme déjà dit plus haut, les putes hommes vendent à peu près toujours leur cul et leur bouche à des hommes encore une fois, oh comme par hasard. Mais bien sûr ce n’est pas du tout une histoire d’exploitation genrée hein…)

      Par ailleurs, c’est toi qui mélange tout, car aussi bien @aude_v que @monolecte ou moi, absolument aucun⋅e n’a dit qu’on était absolument pour la criminalisation ou la pénalisation des prostituées ou des clients. Seulement il semblerait bien que l’on différencie la défense des droits, de la vie décente, avec la défense de l’acte de prostitution. Ce n’est pas pareil, et pas forcément lié.

      Et pour @intempestive qui dit :

      On ne peut pas dire aux putes : vous avez raison de défendre vos droits si vous le pouvez, mais mettez-la en sourdine parce que ça opprime les autres femmes si vous obtenez satisfaction.

      J’ai pourtant bien fait la distinction entre le fait de se battre pour des droits, pour une vie plus décente, et le fait de rendre légitime l’acte prostitutionnel lui-même.

      J’ai bien dit que dans les discours du Strass que j’ai lu pour l’instant, il y a les deux. Mais que c’est différent. Et que donc on peut très bien imaginer l’un sans l’autre : il y a des gens qui peuvent se battre pour que les putes aient plus de droits mais sans légitimer la prostitution ; et inversement, il est possible (et c’est ce que font les salauds !) de légitimer la prostitution sans vouloir aider la vie des prostituées. Et il peut y avoir les deux à la fois : c’est ce que fait le Strass apparemment. C’est sur ce point que je ne suis pas d’accord.

      d’abord les droits des opprimé-e-s, ensuite la fin de l’oppression

      Je pense que cela dépend des sujets. Pour certaines choses, il y a parfois des choix philosophique globaux à définir pour la société entière. Quand on a finalement décidé que l’esclavage n’était pas acceptable, on a pas dit qu’on allait « juste » donner plus de d’avantages aux esclaves en attendant plus tard. À un moment il y a une rupture où on dit « non l’esclavage n’est pas acceptable, jamais, et personne ne doit et ne peut vendre une autre personne ». Ça ne fait pas disparaître l’esclavage d’un coup (ça existe toujours), mais au niveau légal le concept est aboli. Et ce n’est pas un droit donné à une catégorie de personnes, mais un choix plus général.

      Je ne donne pas cet exemple pour comparer les deux actes entre eux, mais uniquement pour montrer qu’il y a certains choix qui valent pour la société entière et qui sont plus généraux que donner des droits à certaines personnes.

      Ceci étant dit, je n’ai pas la solution magique, et je ne crois pas que ce soit l’interdiction physique de faire ci ou ça qui va aider (je l’ai déjà dit plus haut, je me répète). Mais là où je suis (pour l’instant) sûr de moi, c’est dans le fait de ne pas rendre normal le geste de se prostituer.

    • BigGrizzly et Rastapopoulos, vous pourriez essayer de ne pas me prêter des positions que je n’ai écrites nulle part, SVP ?

      Alors, je précise : oui, l’argument selon lequel on peut s’autoriser à sacrifier - un peu - une minorité, pour sauver - beaucoup - une majorité est à mes yeux, dans son principe même, moralement immonde. Il suffit de s’essayer un peu à appliquer ce même principe à quelques autres situations comme celle des juifs ou des homosexuels vis à vis de la majorité, pour prendre toute la mesure du problème.

      Précision deux : prétendre qu’on va aider les prostituées aliénées par des mesures telles que la fermeture des maisons closes, la répression du racolage passif et la répression des clients, est d’une odieuse hypocrisie, car la simple observations des faits prouve que ces mesures aggravent profondément leur situation, même si ça soulage la bonne conscience des bien pensants.

      Alors, qu’est-ce que je propose ? Il serait temps que j’en parle même si BigGrizzly et Rastapopoulos semblent déjà convaincu de savoir ce que je prône...

      Alors, pour moi le problème n’est pas la prostitution, mais uniquement la prostitution qui s’exerce sous le régime du proxénétisme. Toute mesure qui ne s’attaque pas directement au proxénète lui-même (et ses complices : banquiers, hôteliers, trafiquants, hommes de mains, etc., bref le « système du proxénétisme ») renforce ce dernier au détriment des prostituées contraintes.

      Hors de ça, la relation qui s’établit directement entre deux adultes consentants ne me regarde pas, et je ne la juge pas avec mes propres repères moraux qui me conduisent pourtant, en ce qui me concerne, à ne m’être jamais prostitué et n’avoir jamais fait appel à une ou un prostitué(e).

    • Et hop, une argumentation #légaliste de Daria Marx :

      Je crois que les femmes ont le droit de se prostituer. Qu’elles ont aussi le droit de le faire en étant protégées par le droit du travail. Qu’elles devraient avoir le droit à une sécurité sociale, à une retraite, à une protection juridique, qu’elles devraient avoir le devoir de cotiser, de payer des impôts, de déclarer leur activité comme on le fait pour n’importe quel métier. Je ne crois pas aux maisons de passes, aux visites médicales imposées, aux velléités hygiénistes de certains légalistes. Je crois que les putes sont des femmes et des hommes comme les autres, responsables de leur santé et de leur bien être. Je ne les pense pas plus sales, plus à risque, moins informées, au contraire. Je crois au droit des putes à être amoureux(ses), à vivre avec leurs partenaires sans que ce(tte) dernier(ère) soit accusé(e) de proxénétisme. Je crois aussi qu’on ne tombe pas dans la prostitution comme on tombe en amour, qu’on puisse choisir dès l’enfance d’être travailleur du sexe, comme on ne rêve pas d’être tourneur-fraiseur ou caissier chez Bricomarché. Je crois que nous sommes contraints à des choix professionnels qui correspondent souvent peu à nos espoirs d’étudiants, à nos soupirs d’enfants. Mais que nous faisons du mieux que nous pouvons pour nous sortir de la précarité et de la pauvreté. Et que la prostitution n’est pas un métier indigne, et qu’il mérite les mêmes égards et les mêmes règles qu’un autre.

      http://dariamarx.com/2013/11/04/penalisation-des-clients-prostitution-en-vrac

      Elle fait un peu l’impasse sur la motivation des clients et de ce qui en découle en terme de comportement. Elle limite l’apport de la violence aux réseaux mafieux. Elle exclut totalement le client de sa réflexion et je pense que c’est là que le bas blesse souvent dans le débat.

    • J’entends absolument tous les argumentaires, mais je reste dans l’expectative sur la direction à prendre.

      Le parallèle de l’esclavage est intéressant (et je ne dis pas cela parce que je relis la série « Les passagers du vent », dernière page du tome 2, Le Ponton) en ce que le processus de « progrès » n’a pas été instantané, et qu’il ne pouvait semble-t-il pas l’être... (enjeux de civilisation ?)
      Et que donc, il semble totalement légitime de rendre la vie de ces travailleurs plus normale que ce qu’elle est actuellement, entre condamnations légale et morale.

      Et c’est vrai... Comment permettre à ces gens de travailler si on décide que les clients doivent être pénalisés ? Et si c’étaient les clients qui étaient soumis à des visites médicales et à des questionnaires de santé (physique et morale) ? Avec obligation de tenir un registre des clients et tout et tout :-D

      Bon, je pars en roue libre là... Je voulais juste exprimer que j’ai la sensation de ne pas encore avoir lu de réflexion sur l’Alternative.

    • @aude_v La situation juridique en Allemagne est simple : En tant que prostitué/e tu peux déclarer tes revenus et accéder au statut d’entrepreneur indépendant. Actuellement chacun, qu’il travaille ou non, est obligé de prendre une assurance maladie, chacun peut cotiser pour la retraite. L’avantage du statut d’entrepreneur fait que tu as la droit de cotiser pour l’assurance chômage. Tout le monde y paye le même tarif, mais l’allocation que tu touches au cas où dépend de ton niveau de formation. Alors il vaut mieux être pute avec doctorat que spécialiste réseau sans diplôme officiel.

      L’intention qui a poussé le Bundestag à accorder un statut légal aux prostituée consistait dans une amélioration de leur situation : avant cette décision un client pouvait simplement ne pas payer parce l’acte de se prostituer était sittenwidrig (contre les bonnes mœurs) d’où l’impossibilité de conclure un contrat légal. Bien sûr la discrimination de principe et dans la réalité était visée aussi.

      Actuellement la discussion tourne autour de la question si la « légalisation » a amélioré le sort des prostituées.

      – La position conservatrice dit que la prostitution forcée et le proxénétisme existent toujours, alors la loi n’aurait pas eu le résultat souhaité.

      – La position plus moderne, qui est partagée par beaucoup de policiers qui travaillent « sur le terrain », dit qu’il n’y pa pas de rapport, mais que ce seraient d’autres lois qui permettraient au criminels de continuer à contrôler une partie du marché de la prostitution. Il serait par exemple nécessaire de changer le statut d’un bordel privé en entreprise gastronomique ou hôtelière pour autoriser la police et les douaniers à contrôler les locaux. Actuellement ils ne peuvent intervenir dans les appartements privés transformés en bordel.

      Pour être clair : Par les choses que j’ai vu je suis arrivé á considérer la prostitution comme un sale métier avec des tarifs systématiquement en dessous du niveau nécessaire pour justifier l’effort fourni par les prostituées. Il y a pourtant quelques rares exceptions à cette règle.

      C’est une occupation qui use toute la personnalité d’une « fille qui n’a rien que sa jeunesse », au point de pousser beaucoup d’entre elles vers des comportements auto-destructifs. Il faudrait abolir la prostitution, mais c’est impossible dans le contexte actuel, alors il faut protéger ces hommes et femmes contre toute agression extérieure si déjà il n’est pas possible de les protéger contre la force destructrice de l’argent et du dédain allant avec cette occupation professionnelle.

    • Moi si je dois résumer la problématique, déjà je mettrais juste les prostituteurs face à leur responsabilités, de façon à ce qu’ils se positionnent publiquement et assument socialement leurs comportements. Pour cela, je retiens la proposition de Nancy Huston : le service prostitutionnel obligatoire pour les femmes, incluant (surtout) les mères et les soeurs des prostituteurs.
      http://seenthis.net/messages/171960
      Pour les mal-comprenants (je parle des mâles clients-rois pour qui l’argent est la solution à tout), rien ne vaut une bonne démonstration par l’absurde. Cela ne peut pas laisser indifférent je crois.

      Et si le référendum de ces mecs confirme qu’ils restent malgré tout favorable à la prostitution dans ces conditions, alors je serais pour que les « transactions » sexuelles puissent apparaître sur un registre public, accessible à tous, et réglementé (une accréditation de prostitueur responsable ?) puisqu’on serait sur un domaine d’activité commerciale sur un sujet socialement sensible, un peu comme on réglemente le commerce des armes à feux..

  • Facebook (DariaMarx)
    http://dariamarx.com/2012/11/11/facebook

    J’ai tué mon profil, du mieux que j’ai pu, mais il refuse de crever, c’est un putain de zombie maintenu sous oxygène par la machine, c’est un peu comme le pitch d’un mauvais film d’horreur, personne ne quitte jamais Facebook, tu t’endors simplement. Ni fleurs ni couronnes pour mon enterrement, aucun mail pour me demander ce que je foutais ou si j’étais vraiment morte, kidnappée ou si j’avais enfin changé de sexe, je me suis volatilisée dans l’indifférence la plus totale, sans qu’un seul de mes 321 amis ne s’en inquiète. Preuve supplémentaire de l’inutilité totale de mon existence, virtuelle en tout cas. Ceux qui ignorent que je suis Daria Marx, c’est à dire 90%, c’est à dire à peut près 300 amis, ne me suivent plus d’aucune façon. Et je n’ai aucun moyen de joindre 70% d’entre eux. J’ai donc consciemment brisé le dernier lien merdique qui nous unissait. Fini le stalkage pour voir si la petite grosse de 4eme, celle qui avait fait pipi dans le car pendant le voyage de classe avait fini par se marier. Fini d’épier l’ex de mes 16 ans, fini les likes hypocrites sur la photo des enfants de mon ennemie jurée de dortoir. Rien à taper. Eux non plus. C’est parfait. Et un peu triste aussi, pour le bisounours qui aime à penser que quelqu’un pense toujours à toi quelque part, surtout si un avion passe dans le ciel et si ton nez te gratte. Les vrais savent qui je suis, je sais qui ils sont, pas besoin de s’envoyer des moutons et des semences virtuelles pour se kiffer. Et puis surtout, il y a Twitter. Je peux maintenant étaler toute ma vie au gré de mes impulsions, de la couleur de mon étron à ma dernière baston avec la vieille du supermarché. Et des gens me lisent. Et parfois même ils réagissent et on se marre. Ca dure quelques minutes, et puis on passe à autre chose, un message en chasse un autre, ce n’est pas là, gravé dans ton wall, exposé à tous pour toujours. Enfin si, tu peux faire une recherche Google, remonter toute ma timeline, faire des fiches sur des petits papiers bristol que tu ranges dans un mini classeur chic, mais honnêtement, je ne mérite pas tant d’intérêt, tu ferais mieux de chercher du travail, vraiment.

  • Bite et bouffe
    http://dariamarx.com/2012/04/09/bite-et-bouffe

    Je me demande à quoi il pense quand il me baise celui là, et cet autre encore, quand il regarde ma chatte dans le blanc de la queue et qu’il s’apprête à me saillir, alors qu’il ne connaît ni mon âge ni mon nom de famille, parfois même pas mon vrai prénom, je me demande à quoi il pense, le latex moulé sur son gland hypertrophié, les doigts couverts de mes odeurs et de mes envies, les genoux tremblants enfoncés dans ce mauvais matelas, à quoi tu penses mon gars, à ta femme, à ta mère, à celle que tu baiseras tout à l’heure, parfois juste un peu à moi.