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  • Antisémitisme et antisionisme : une assimilation absurde dans le monde arabe - Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1158662/antisemitisme-et-antisionisme-une-assimilation-absurde-dans-le-monde-

    Au Proche-Orient, c’est le sionisme et plus largement la politique israélienne qui ont fait le lit de l’antisémitisme.
    Caroline HAYEK et Anthony SAMRANI | OLJ
    23/02/2019

    C’est un débat qui se joue en France mais qui est suivi avec attention de l’autre côté de la Méditerranée. Emmanuel Macron a annoncé mercredi vouloir intégrer l’antisionisme – dans le sens de la négation du droit d’Israël à exister – à la définition juridique de l’antisémitisme. Le président français considère que « l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme », alors que les actes antisémites en France étaient en hausse de 74 % en 2018 par rapport à l’année précédente.

    Plusieurs voix critiques ont fait remarquer que cela pouvait conduire à des incohérences – la plus absurde étant d’être amené à considérer certains juifs antisionistes comme des antisémites – et à créer une confusion entre une idéologie politique et une identité religieuse. Cela revient aussi à faire le jeu du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, pour qui les deux termes sont indissociables, et à donner l’impression qu’il n’est pas permis en France de critiquer la politique israélienne, même si ce n’est pas du tout le sens de l’initiative présidentielle.

    Vue du monde arabe, l’assimilation entre ces deux termes apparaît pour le moins inadaptée. Si l’antisionisme peut parfois, comme en Europe, cacher des relents d’antisémitisme, c’est bien le sionisme qui apparaît comme la cause première de la montée de l’antisémitisme, et non l’inverse. L’antisémitisme est un terme inventé au XIXe siècle pour évoquer la discrimination à l’égard des populations juives au sein des sociétés européennes. Outre l’argument un peu simpliste que les Arabes sont eux-mêmes un peuple sémite, la notion n’a pas vraiment de sens dans le contexte arabe. Malgré un statut particulier les empêchant, à l’instar des chrétiens, d’accéder aux hautes fonctions politiques et administratives, les juifs étaient bien intégrés au sein des sociétés arabes et n’ont pas subi de persécutions comparables à ce qu’ont pu être les pogroms en Europe.

    « La communauté juive a connu un moment de gloire et de puissance à l’époque ottomane, notamment lors de l’arrivée massive des juifs chassés d’Espagne », note Henry Laurens, professeur au Collège de France et titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe, interrogé par L’Orient-Le Jour. « Avant la déclaration Balfour et tout ce qu’elle entraînera par la suite, les juifs sont une communauté parmi d’autres dans le monde arabe, qui, depuis l’ère ottomane en particulier, a été organisée sur une base communautaire », confirme à L’OLJ Gilbert Achcar, professeur à la School of Oriental and African Studies (SOAS, University of London), auteur d’un ouvrage sur Les Arabes et la Shoah : la guerre israélo-arabe des récits (2013).

    Dégradation continue

    La diffusion des thèses sionistes développées par l’intellectuel autrichien Theodor Herzl va peu à peu changer la donne jusqu’au tournant de la création d’Israël en 1948, véritable choc pour les populations arabes. Au début du XXe siècle, les populations locales ne font pas nécessairement la distinction entre juifs et sionistes, le second terme n’étant pas encore véritablement assimilé. « Les habitants de la Palestine historique avaient l’habitude de désigner les juifs comme juifs. Certains étaient sionistes, mais beaucoup ne l’étaient pas. Ils étaient pour la plupart des juifs religieux et asionistes ou antisionistes », décrit à L’OLJ Tarek Mitri, ancien ministre et directeur de l’institut d’études politiques Issam Farès de l’AUB.

    « Les Arabes ont d’abord connu le sionisme de façon indirecte, en lisant la presse européenne. En Palestine, les premières réactions ne sont pas nécessairement négatives, mais les choses changent à partir de la déclaration Balfour, et le sionisme est progressivement considéré comme un danger pour les Palestiniens d’une part, et pour les Arabes du Proche-Orient d’autre part. Cela conduit à une dégradation continue de la situation des communautés juives du Proche-Orient à partir des années 1930 », dit Henry Laurens.

    Les relations se compliquent à mesure que l’immigration juive s’accélère en raison de la répression dont ils sont victimes en Europe.

    « Dans les discours, il y avait une distinction entre les juifs et les mouvements sionistes. Dans la pratique, ce qui inquiétait particulièrement les Arabes, c’est le fait de voir une communauté parmi d’autres se doter d’un territoire, de passer de la communauté à la nation », note Henry Laurens.Dans les années 1930 et 1940, c’est l’histoire européenne qui rencontre frontalement celle du Proche-Orient, de façon encore plus brutale après l’Holocauste et jusqu’à la création de l’État hébreu. Durant cette période, le grand mufti de Jérusalem Hajj Amine al-Husseini – qui n’était toutefois pas représentatif des Palestiniens – va collaborer avec l’Allemagne hitlérienne, au départ pour contrecarrer les projets anglais d’établissement d’un foyer juif, jusqu’à approuver sa politique génocidaire contre les juifs. Cet épisode va être largement instrumentalisé par la propagande israélienne pour démontrer un soi-disant antisémitisme arabe, au point que Benjamin Netanyahu va même aller jusqu’à présenter le mufti comme l’inspirateur de la solution finale.

    Complotisme et négationnisme

    La création de l’État hébreu va profondément changer les rapports entre les juifs et les autres communautés dans le monde arabe. Si, pour les sionistes, l’aboutissement du projet étatique est avant tout le fruit d’une volonté collective de plusieurs décennies, il apparaît aux yeux des Arabes comme une injustice liée à un génocide dont ils ne sont en aucun cas responsables. Les juifs du monde arabe n’accueillent pas forcément avec enthousiasme la naissance d’Israël. « Les communautés juives du monde arabe, surtout d’Égypte et d’Irak, n’étaient pas vraiment tentées au début par la migration vers la Palestine. Mais il y a eu deux facteurs qui ont encouragé ce mouvement. D’une part, la politique israélienne qui a tout fait pour les attirer, au point que le Mossad a organisé des attentats contre des synagogues pour leur faire peur. D’autre part, il y a une méfiance arabe qui s’est installée et qui faisait que les juifs pouvaient être perçus comme une sorte de 5e colonne », explique Tarek Mitri.

    Après la proclamation de l’indépendance d’Israël par David Ben Gourion, l’antisionisme va devenir dominant dans le monde arabe. Le sionisme apparaît comme un projet colonial avalisé par les puissances occidentales visant à déposséder les Arabes de leurs terres. La distinction devient très nette dans les discours entre juifs et sionistes. « Dans leurs discours, Nasser ou Arafat ne font pas d’amalgame entre sioniste et juif, bien au contraire. Au début de son combat, le projet politique de Arafat était d’instaurer un débat laïc et démocratique en Palestine où juifs, chrétiens et musulmans coexisteraient », explique Tarek Mitri.

    Le double sentiment d’injustice et d’humiliation que les Arabes ont vis-à-vis de l’État hébreu va toutefois être le moteur d’un antisémitisme qui va avoir un certain écho au sein des classes populaires arabes – où le terme juif est parfois utilisé comme une insulte – et va être largement relayé par les mouvements islamistes. Cela va être particulièrement visible à travers la propagation de deux phénomènes intimement liés : le complotisme et le négationnisme.

    « Les théories du complot qui sont dans le discours antisémite occidental ont pu facilement trouver un public dans le monde arabe, parce que, de fait, c’est une région qui a connu de vrais complots, à commencer par les fameux accords secrets Sykes-Picot », constate Gilbert Achcar. L’idée complotiste des protocoles des sages de Sion, qui attribuent aux juifs des plans de domination du monde, est largement répandue au sein du monde arabe. « Chez les islamistes, il y a eu un moment où on a ressuscité une vieille littérature parareligieuse qui ridiculise et avilie les juifs. Ils puisent dans les textes sacrés ce qui est de nature à susciter la méfiance ou même la haine à l’égard des juifs », note Tarek Mitri.

    Le négationnisme concernant l’Holocauste trouve aussi ses adeptes, même s’ils restent minoritaires. Dans un article publié en 1998 dans le Monde diplomatique, le grand intellectuel palestino-américain Edward Saïd s’indignait que « la thèse selon laquelle l’Holocauste ne serait qu’une fabrication des sionistes circule ici et là. Pourquoi attendons-nous du monde entier qu’il prenne conscience de nos souffrances en tant qu’Arabes si nous ne sommes pas en mesure de prendre conscience de celles des autres, quand bien même il s’agit de nos oppresseurs ? » ajoutait-il non sans une certaine verve. « La plupart des gens qui ont un peu de culture savent que la Shoah n’est pas une invention, mais un certain négationniste a pu trouver un écho favorable chez les gens étroits d’esprit, qu’ils soient ultranationalistes ou intégristes », dit Gilbert Achcar.

    Ce dernier insiste toutefois sur le fait qu’il n’y a pas d’antisémitisme propre au monde arabe, mais que la diffusion des thèses antisémites dans cette région n’est pas comparable à ce qui se passe en Occident. « Toute l’équation entre le monde occidental et le monde arabe est complètement faussée par le fait que les juifs étaient opprimés pendant des siècles en Europe, tandis que dans le monde arabe, ce qu’on peut qualifier de haine envers les juifs est surtout le produit d’une histoire moderne marquée par la présence d’un État oppresseur, qui insiste lui-même à se faire appeler État juif », résume Gilbert Achcar. Et Tarek Mitri de conclure, pour insister sur la nécessité de distinguer les deux termes dans le monde arabe : « Il y avait une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU en 1975 qui disait que le sionisme était une forme de racisme et de discrimination. Elle a été révoquée en 1991, mais elle avait suscité un grand enthousiasme dans le monde arabe. »

  • Israël hanté par la Nakba
    Thomas Vescovi, Monde diplomatique, mai 2018
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/05/VESCOVI/58636

    « La marche du grand retour » : c’est ainsi que les organisations politiques palestiniennes nomment les actions menées chaque année depuis 2009 entre le 30 mars et le 15 mai. Pour l’État d’Israël, le 14 mai marque le souvenir de ce jour de 1948 où David Ben Gourion déclara l’indépendance. La société palestinienne, elle, commémore le lendemain la Nakba (« catastrophe », en arabe) : l’expulsion des 805 000 Palestiniens dont les descendants attendent encore l’application de la résolution 194, votée le 11 décembre 1948 par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU). Ce texte fonde leur « droit au retour » : c’est-à-dire de pouvoir rentrer dans leurs foyers ou de recevoir une compensation. Enfin, c’est à cette date que l’administration de M. Donald Trump entend inaugurer la nouvelle ambassade des États-Unis à Jérusalem.

    Au terme de la première guerre israélo-arabe, des centaines de milliers de Palestiniens se retrouvent éparpillés aux quatre coins de la région. Des historiens enregistrent les événements, conscients que la version du vainqueur risque de s’imposer. Les écrits de Walid Khalidi ou Sami Hadawi sont sans ambiguïté : qu’il ait préféré fuir de lui-même pour se protéger ou qu’il y ait été forcé, le peuple palestinien a été chassé de sa terre (1). Mais, pour que cette version des événements de 1948 se diffuse au-delà du monde arabe, il a fallu attendre 1987 et la publication des premiers ouvrages des « nouveaux historiens » israéliens, parmi lesquels Benny Morris, Tom Segev, Ilan Pappé et Avi Shlaïm (2). En s’appuyant sur les archives de leur État, ces chercheurs ébranlèrent un à un les piliers de l’historiographie officielle.

    La temporalité de ces publications n’est pas anodine. Le premier ouvrage paraît lorsque se déclenche la première Intifada, près d’une décennie après l’arrivée au pouvoir de la droite et le début du mouvement refuznik, qui voit des objecteurs de conscience refuser de servir dans les territoires occupés tandis que des militaires israéliens s’interrogent à propos des pratiques de leur armée. Les pacifistes entrent dans une phase d’ouverture et d’interrogation sur leur société, leur État et leur rapport à l’autre. L’accession d’Itzhak Rabin au poste de premier ministre en 1992 et le début des négociations avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui conduisent à la signature des accords d’Oslo en septembre 1993, s’inscrivent dans ce cadre. C’est l’époque où la guerre froide se termine et où le soutien de nombreux pays arabes à la coalition anti-irakienne durant la guerre du Golfe de 1991 sonne le glas d’un panarabisme longtemps opposé à toute négociation avec Israël.

    Au cours de la première moitié des années 1990, les travaux des « nouveaux historiens » suscitent un réel intérêt au sein d’une partie de la société israélienne. Conférences, séminaires, débats dans les médias : sans être acceptées par tous, les thèses avancées dans ces ouvrages sont du moins discutées. Des projets d’écriture d’une histoire israélo-palestinienne surgissent, de même que des commissions visant à revoir les programmes d’histoire dans les écoles. Cependant, les discussions restent cantonnées aux milieux intellectuels. L’assassinat de Rabin par un extrémiste juif en 1995, puis l’arrivée au pouvoir de M. Benyamin Netanyahou en 1996 et le début des attentats-suicides sur le sol israélien mettent à mal ce processus d’ouverture, mais ne l’interrompent pas.

    Le déclenchement de la seconde Intifada, fin septembre 2000, referme néanmoins les derniers espaces d’échange et de dialogue entre Israéliens et Palestiniens au sujet de leurs récits historiques. Principaux promoteurs de ces relations, les mouvements pacifistes s’effondrent à la suite de l’échec, en juillet 2000, du sommet de Camp David ; un échec dont le premier ministre travailliste Ehoud Barak, par un tour de passe-passe masquant sa propre intransigeance (il reconnaîtra plus tard n’avoir rien proposé au dirigeant palestinien), impute la responsabilité au seul Yasser Arafat. Sans représenter l’avant-garde du mouvement, les militants de la gauche sioniste parvenaient à rassembler de larges secteurs de la société israélienne. Avec les déclarations de M. Barak et le déclenchement d’un second soulèvement palestinien bien plus meurtrier et militarisé que le premier, la majeure partie d’entre eux cessent toute activité pacifiste ; leurs organisations s’essoufflent.

    Pour la société juive, il n’y aurait alors « plus de partenaire » avec qui faire la paix. Les Israéliens perçoivent la seconde Intifada comme une attaque sans sommation des Palestiniens, qui plus est marquée par la mobilisation du Hamas, nouvelle force politique à tendance islamiste, ce qui fait écho à une actualité mondiale anxiogène. En 2001, Ariel Sharon, chef de file de la droite, remporte les élections en proposant une autre issue : puisque la cohabitation est impossible, la séparation amènera la paix. Conformément à cette logique unilatérale, un mur est construit en Cisjordanie entre Palestiniens et colons israéliens et l’armée se retire de la bande de Gaza.

    La mémoire de la Nakba est à nouveau profondément enfouie au profit de la vieille propagande : les Palestiniens auraient quitté leur terre pour ne pas vivre avec des Juifs ; Israël a droit à cette terre que Dieu aurait donnée à Abraham. Dès sa prise de fonctions, Sharon fait retirer des écoles le manuel d’histoire d’Eyal Naveh, qui introduisait une vision hétérodoxe de 1948. À l’université, les travaux des « nouveaux historiens » sont combattus avec virulence. Aujourd’hui, cette bataille est au cœur des actions d’Im Tirtzu, une organisation estudiantine proche du dirigeant d’extrême droite et actuel ministre de l’éducation Naftali Bennett, dont les militants ont mené ces dernières années une campagne baptisée « La Nakba est un mensonge » (3). Les Israéliens refusent de se considérer comme partie prenante de l’histoire palestinienne, et les institutions leur martèlent qu’ils sont les héritiers d’idées émancipatrices et progressistes.

    La création d’Israël a lieu au lendemain de la guerre la plus meurtrière de l’histoire, à l’issue de laquelle les idéaux de liberté ont triomphé du fascisme. Les Juifs incarnent les principales victimes de la terreur nazie, et la fondation d’un État-refuge au Proche-Orient doit venir réparer cette tragédie pourtant européenne. Dès lors, la défense d’Israël devient un enjeu à la fois politique et civilisationnel. La mémoire de la Nakba risque de ternir la totale innocence qu’affiche l’appareil d’État israélien. Accepter qu’à la création du pays ses combattants n’aient pas été des victimes, mais des bourreaux, ruinerait la « pureté des armes » dont se targue l’armée dite « de défense » d’Israël.

    La logique de séparation a entraîné dans la société juive israélienne un profond désintérêt pour la question palestinienne. Lors des élections législatives de mars 2015, seuls 9 % considéraient l’obtention d’un accord de paix avec les Palestiniens comme une priorité pour le prochain gouvernement (4). Ce sujet devenant invisible à leurs yeux, une forte proportion d’Israéliens se rallient aux idées les plus nationalistes. En 2001, lorsque la violence de la seconde Intifada était à son paroxysme, 35 % d’entre eux se disaient favorables à un « transfert » de la population arabe hors d’Israël vers la Cisjordanie ou la Jordanie (5). En 2015, 58 % soutiennent cette proposition, et 59 % la mise en place d’un régime d’apartheid privilégiant les Juifs en cas d’annexion de la Cisjordanie.

    Sur les ruines du grand mouvement pour la paix ont toutefois émergé de petites organisations agissant sur des questions plus ciblées. Ainsi Zochrot, fondée en 2001, se donne pour objectif d’enseigner la Nakba à la société israélienne. Elle a pris l’initiative de la première conférence sur le droit au retour des réfugiés palestiniens en Israël et organise depuis 2013 un festival annuel de films intitulé « De la Nakba au retour ». Elle propose également des visites de sites palestiniens « abandonnés » en 1948. La résidence d’un cheikh devenue cafétéria de l’université de Tel-Aviv, des maisons palestiniennes transformées en centre psychiatrique à Kfar Shaul : autant d’éléments du paysage israélien qui rappellent l’arabité de la terre. Pour les fondateurs du centre de recherche alternatif De-Colonizer (décoloniser), Éléonore Merza et Eitan Bronstein, la Nakba reste un tabou en Israël. En pratique, « la discussion se limite généralement à la question de savoir s’il est souhaitable ou même permis d’en discuter ». Cependant, ils notent que la situation a évolué, puisque le mot bénéficie d’un écho suffisant pour inquiéter les responsables politiques.

    Le 23 mars 2011, la Knesset, le Parlement israélien, adopte un amendement au budget prévoyant qu’aucune organisation commémorant le jour de la fête nationale comme un deuil ne reçoive plus de subventions. Naturellement, ces associations n’en bénéficiaient pas auparavant, mais il s’agit de les stigmatiser et de diffuser le sentiment que prendre part à ce type de manifestations vous place en dehors de la société. Par ailleurs, l’amendement dénie à la population arabe d’Israël, soit un habitant sur cinq, le droit d’honorer son histoire. D’ailleurs, depuis 2009, les écoles arabes n’ont officiellement plus le droit d’utiliser le terme « Nakba » dans leurs programmes.

    Pour la sociologue Ronit Lentin, il existe en Israël trois manières de considérer la Nakba (6). Une minorité ressasse la vision fantasmée de la Palestine comme « terre sans peuple pour un peuple sans terre ». D’autres reconnaissent partiellement la tragédie vécue par les Palestiniens, mais refusent d’admettre une quelconque responsabilité juive, voire répètent les arguments éculés sur les liens entre les Arabes et les nazis (7). Enfin, certains reconnaissent explicitement l’expulsion, mais refusent l’idée de présenter des excuses, ou regrettent même que le transfert n’ait pas été total — comme le « nouvel historien » repenti Benny Morris, qui a fini par affirmer : « Un État juif n’aurait pas pu être créé sans déraciner les Palestiniens (8). »

    Le Likoud, quant à lui, s’en tient à la version officielle niant toute expulsion, et par conséquent tout droit des Palestiniens sur la terre. La gauche sioniste reconnaît des massacres et des expulsions, mais en attribue la responsabilité aux milices nationalistes du Parti révisionniste, l’Irgoun et le Lehi.

    Pour certains militants anti-occupation, la découverte de la réalité de 1948 a marqué le début d’une remise en question plus générale de l’État d’Israël. D’où la réticence de beaucoup de leurs concitoyens à s’interroger sur cette période. Accepter de voir s’effondrer le récit inculqué depuis l’école les condamnerait à une marginalisation, voire à une stigmatisation ; on les accuserait d’accepter le discours de l’adversaire. Ainsi, certains parviennent à enfouir ces vérités au plus profond d’eux-mêmes afin de poursuivre normalement leur vie.

    Conformément à la théorie freudienne (9), Israël agit avec la Nakba comme un esprit traumatisé qui tente de refouler ce qui le hante. Une sorte d’« inquiétante étrangeté », à la source d’un sentiment de honte ressenti à l’égard d’actes passés, provoque un malaise qui pousse à vouloir les faire disparaître. Ce passé dérangeant revient, selon Freud, lorsque s’effacent les limites entre l’imagination et la réalité. La mémoire de la Nakba remonte à la surface par l’intermédiaire de divers acteurs qui détruisent les créations imaginaires pour montrer la réalité, et de Palestiniens qui saisissent toutes les occasions de resurgir dans l’espace public.

    La marche du 30 mars et celles qui ont suivi, avec leur lourd bilan humain, sont un cauchemar pour l’État d’Israël ; un rappel du fait que cinq millions de Palestiniens, les réfugiés et leurs descendants qui vivent à Gaza, en Cisjordanie ou dans d’autres pays de la région continuent de s’accrocher à leur droit au retour, ou à une indemnité à titre de compensation pour avoir été chassés de leur terre et de leurs demeures. Ils incarnent une injustice dont les Israéliens restent comptables.

    Thomas Vescovi Chercheur indépendant en histoire contemporaine, auteur de La Mémoire de la Nakba en Israël, L’Harmattan, coll. « Comprendre le Moyen-Orient », Paris, 2015.

    (1) Walid Khalidi, Nakba, 1947-1948, Sindbad - Actes sud - Institut des études palestiniennes, Arles, 2012.
    (2) Lire Dominique Vidal, « L’expulsion des Palestiniens revisitée par des historiens israéliens », Le Monde diplomatique, décembre 1997.
    (3) Lire Charles Enderlin, « Israël à l’heure de l’Inquisition », Le Monde diplomatique, mars 2016.
    (4) The Times of Israel, Jérusalem, 25 janvier 2015.
    (5) Gideon Levy, « Survey : Most Israeli Jews wouldn’t give Palestinians vote if West Bank was annexed », Haaretz, Tel-Aviv, 23 octobre 2012.
    (6) Ronit Lentin, Co-memory and Melancholia. Israelis memorialising the Palestinian Nakba, Manchester University Press, 2010.
    (7) Lire Gilbert Achcar, « Inusable grand mufti de Jérusalem », Le Monde diplomatique, mai 2010.
    (8) Haaretz, 9 janvier 2004.
    (9) Sigmund Freud, L’Inquiétante Étrangeté et autres essais, Gallimard, coll. « Folio essais », Paris, 1985 (1re éd. : 1919).

    #Palestine #Nakba #Histoire

  • Éloge de Netanyahou ?
    http://www.dedefensa.org/article/eloge-de-netanyahou

    Éloge de Netanyahou ?

    Comme l’on sait ou disons comme l’on devrait le savoir, le premier ministre israélien est en grand danger de graves suites judiciaires concernant des affaires de corruption et d’obstruction à la justice. Israël Shamir, qui consacre son texte du 26 février 2018 à la situation de Netanyahou, présente cette affaire de cette façon abrupte :

    « “Le meilleur premier ministre du pays”, c’est ainsi que Benjamin Netanyahou est défini par ses nombreux partisans. Il est le plus ancien, depuis le fondateur de l’État juif, David Ben Gourion, il a servi dans sa fonction plus longtemps que Vladimir Poutine. Mais apparemment, il est sur le point de suivre la voie de son prédécesseur, le Premier ministre Ehud Olmert, c’est-à-dire la prison. Olmert a été libéré il y a six mois à peine après (...)

  • En désaccord avec le traitement médiatique du conflit syrien, Nöel Mamère quitte Le Média — RT en français
    https://francais.rt.com/international/48352-desaccord-traitement-conflit-syrien-depart-mamere-media

    Une première raison avancée qui est suivie par une seconde, d’une autre nature : « Je n’accepte pas qu’on établisse un parallèle dans le conflit syrien meurtrier, entre les responsabilités du "boucher de Damas" et celles de ses opposants. » Une attaque à peine voilée contre l’analyse du chroniqueur spécialiste du Moyen-Orient du Média, Claude El Khal, au sujet de la situation dans la région syrienne de la Ghouta orientale, thème principal du journal télévisé de 20h diffusé le 23 février.

    Etonnant cette soudaine hyper-sensibilité d’un homme qui a vécu, comme tout le monde, environ un demi-siècle avec le pouvoir Assad en Syrie sans que cela ne le bouleverse outre mesure... Je vois sur sa fiche Wikipedia qu’il est en politique depuis 1988 après avoir été journaliste. Il devait être au courant tout de même ! Par ailleurs, sa participation au « Média » doit-elle être remise en cause à cause d’un désaccord sur une chronique (pourtant fort prudente à mon avis) à propos d’une question qui n’est tout de même pas centrale par rapport à son engagement, enfin j’imagine. Etrange tout de même cette brusque passion de #syrie aujourd’hui...

    • J’ai assisté à cette chronique, exceptionnellement, chronique qui reprenait essentiellement les faits relatés par Robert Fisk.

      J’ai trouvé cette chronique vraiment équilibrée.

      Noël Mamère est bizarre, sur ce sujet. Je n’ai pas entendu son argumentation, mais bon sang, il lui faut quoi ? On n’a plus le droit de dire que Al Qaida, ce sont des gros méchants ? Finalement, Assad, c’est pire que Al Qaida ? Il est capable, lui, de faire un classement dans l’horreur ? 6 ans que ça dure, et que l’Occident entretient le conflit (en dépit des pertes humaines odieuses)... encore maintenant, par exemple en incitant les Kurdes Syriens à ne pas s’entendre avec Assad... Mais c’est toujours Assad le « méchââânt », et l’armée de Assad, y sont rien que des nazis méchants transformés en démons décérébrés pour conquérir le monde !...

      Ils sont désespérants. Noël Mamère aussi. Il va finir oublié, comme Cochet et quelques autres qui confondent équilibre et... sentimentalisme.

      Il était où Noël Mamère au moment de la destruction de Mossoul il y a quelques mois ? Pourquoi est-ce que l’OSDH n’a pas décompté les morts à Mossoul ? Parce que cépapareil ?

    • Il se trouve que je l’ai regardée aussi (grâce à SeenThis, signalé je crois me souvenir par @Palestine). Très équilibré, de fait, trop même à mon goût dans le genre si je dis du mal des Israéliens il faut tout de même que j’en dise un peu des Palestiniens. Mais, de fait, pas le gloubi-boulga qu’on martelle depuis des jours. Quiconque à jamais les pieds dans la région rigole quand on compare la densité d’Alep à celle de la Ghouta à cet endroit, après des années de guerre. M’enfin...

    • Très équilibré, de fait, trop même à mon goût dans le genre si je dis du mal des Israéliens il faut tout de même que j’en dise un peu des Palestiniens.

      J’y ai pensé à ce « renvoi dos à dos gage d’équilibre », mais ce n’est évidemment pas tout à fait pareil dans ce contexte. Les « pauvres-rebelles-syriens » sont tout de même bien mieux équipés et soutenus que les « palestiniens-pas-tout-a-fait-innocents ».
      L’équilibre du commentaire à mon sens était plutôt du type : « la guerre, c’est vraiment moche, et les deux partis participent à égalité dans cette guerre ».

    • Justement, ce matin, j’avais envie de poster un message sur le thème : « J’ai comme l’impression qu’une campagne va bientôt démarrer pour faire virer Claude El Khal de Le Média. » Parce que je voyais monter les messages indignés du fan club de la rébellitude syrienne après sa chronique, je sentais le truc monter.

      Ça n’aura donc pas traîné.

    • Article de Patrick Cockburn, avec témoignages des deux côtés

      Trapped in eastern Ghouta: How both sides are preventing civilians escaping the horror in Syria siege | The Independent
      http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/eastern-ghouta-syria-civilians-deaths-trapped-damascus-siege-assad-re

      What does emerge is that the armed opposition groups in Eastern Ghouta as well as the government have been stopping people leaving. This is confirmed by a UN-backed report called Reach, which says: “Women of all ages, and children, reportedly continued to be forbidden by local armed groups from leaving the area for security reasons.” This has been the pattern in all the many sieges in Syria conducted by all sides who do not want their own enclaves depopulated and wish to retain as much of the civilian population as possible as human shields.
      […]
      But there is another reason why people fleeing Eastern Ghouta might be in danger in government held-Damascus. Seven years of civil war has ensured that Syrians on different sides, many of whom will have lost relatives in the violence, regard each other with undiluted hatred. In Damascus, the shellfire and bombing are largely by the government into rebel areas, but there is also outgoing fire from Eastern Ghouta, mostly from mortars, into government-controlled districts.

    • @biggrizzly Non, tu n’as pas besoin d’avoir un CV impeccable pour l’ouvrir. Comme tu le sais, tu as besoin d’être impeccable si tu décides d’aborder la Syrie d’une manière à peine hétérodoxe. Autrement tout te sera pardonné.

      C’est le principe du character assassination. On lui reproche des choses qui n’ont rien à voir avec la Ghouta, alors qu’il est clair que c’est à cause de ce qu’il a dit sur la Ghouta qu’on veut le faire virer.

      Si on prend le CV de François Burgat et Romain Caillet, ils ont quand même pondu un texte utilisant leur vernis universitaire à l’époque, prétendant démontrer que Nusra n’existait pas, et que les attentats revendiqués par Nusra, en réalité, avaient été commis par le régime lui-même, sous faux-drapeau, pour accuser les rebelles.
      http://ifpo.hypotheses.org/3540
      Wladimir Glasman, Hénin et Filiu ont également largement joué de la corde paranoïaque sur la Syrie.

      Je veux dire : je ne crois pas avoir vu personne reprocher à Burgat et Caillet leurs « positions pour le moins… étranges » à propos de la Syrie à chaque fois qu’ils l’ouvrent. Bon, Colonel Salafi a eu droit à un traitement spécifique pour sa fiche S, mais personne ne lui avait alors reproché les positions complotistes de cet ancien article. Et aujourd’hui, Conspiracy Watch participe au character assassination d’El Khal directement dans le flux Tweeter de Caillet, comme quoi il y a du complotisme qu’on a le droit, même pour un sujet aussi sensible que le jihadisme en Syrie.

    • Claude El Khal
      ‏3 hours ago

      Quand autant de gens malhonnêtes s’emploient à vous lyncher, c’est que vous avez raison. Ils utilisent les méthodes les plus abjectes pour vous faire taire. Mais ce néo-maccarthysme ne passera pas. Et je ne me tairai pas. Merci à celles et ceux qui me soutiennent ! #NoPasaran

    • Lundi matin hurle avec la meute !

      Quand on en est à colporter les propos de Raphaël... Enthoven sur Twitter et à s’en faire le messager c’est qu’on est en plein « naufrage » dixit Sarah Kilani et Thomas Moreau sur Lundi matin . @colporteur
      Pour ma part il me semble qu’il y autant de fanatiques en ISraël qu’en ISIS ; et ceci ne relève pas de la théorie du complot :)

    • Comment Mathilde s’est pris les pieds dans le tapis...

      FranceQ a donc confié la tâche de l’estocade anti LeMedia à une jeune chroniqueuse des Matins, Mathilde Serrell.

      A priori, les vieux routiers de l’info FranceQ ont préféré s’abstenir, ... pour le moment.
      Cette jeune journaliste est donc revenue, ce matin, sur la « démission » de Noël Mamère, laquelle fut annoncée sur cette chaîne de radio publique.
      Et voilà que notre Mathilde s’est pris les pieds dans le tapis.
      Elle aussi, à son insu, est victime des techniques de persuasion clandestine utilisées par les « mass media indépendants ».
      En effet, pour défendre Noël Mamère et ses arguments, elle reprend la vision dichotomique du conflit syrien : le méchant dictateur qui bombarde les gentils « rebelles » encerclés dans la Ghouta. Et elle sous entend que Claude Elkhal se situerait plutôt du côté du fils Assad (dur, dur, pour quelqu’un qui combattit les armées du père Assad au sein de l’armée libanaise...).

      https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-culturel/le-billet-culturel-du-mercredi-28-fevrier-2018

      Claude Elkahl a bien pris soin de rappeler que les « rebelles » en question étaient des groupes affiliés au Djihad et à Al Quaïda. Et, (ne te vexe pas Mathilde), je fais davantage confiance à Claude Elkhal qu’à toi pour définir plus avant la véritable nature de ces « rebelles ».
      Donc, Claude ne veut point diffuser d’images se rapportant à ce conflit sans pouvoir vérifier l’origine de ces images vidéo. Il redoute de se faire manipuler tout autant par les media du complexe dictatorial russo-syrien que par ceux des groupes djihadistes
      Il ne prend pas parti pour un clan ou un autre, il en revient simplement aux fondamentaux de son métier de journaliste...

    • La nouvelle Inquisition et les moukhabarat parisianistes
      https://seenthis.net/messages/673469

      ISISRAEL et les articles sur la Daech conspiracy

      Avant tout, je me dois de préciser que le jeu de mots et les articles en question ne sont en rien liés. Le jeu de mots déniché par les inquisiteurs pour me faire passer pour un antisémite a été publié sur les réseaux sociaux pendant la guerre contre Gaza en 2014. Les massacres de civils commis par l’armée israélienne dans cette prison à ciel ouvert qu’est la bande de Gaza n’ont rien à envier, à mes yeux, aux méthodes barbares de Daech (ISIS). Les crimes commis par Tsahal contre la population civile palestinienne ont été documentés et dénoncés par tous les organismes internationaux, les organisations de défense des droits de l’homme, la presse de gauche israélienne et de nombreux citoyens et artistes israéliens, comme la regrettée Ronit Elkabetz.

      On peut trouver le jeu de mot excessif, on peut en débattre, mais l’utiliser pour m’accuser de telle ou telle chose n’est rien d’autre que de la diffamation. Ils auraient pu dénicher d’autres jeu de mots de la même facture qui dénonçaient les exactions du régime syrien, comme Bachar d’assaut ou Blood Baath, ou même Bilad el Shame. Mais non, ils ont précisément choisi ISISRAEL pour leur entreprise de character assassination.

      Par ailleurs, on peut se demander en quoi ce jeu de mots qui les choque tant est plus grave que le négationnisme de Benjamin Netanyahu qui a osé déclarer en octobre 2015 qu’Adolf Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs. Curieusement, les hurleurs d’aujourd’hui n’ont pas poussé des hauts cris comme ils auraient dû le faire face aux propos scandaleux du Premier ministre israélien. Moi, par contre, je l’ai dénoncé avec force dans une note intitulée When Netanyahu absolves Hitler.

      Quant aux articles sur la Daech conspiracy, ils ont été écrits après que l’organisation terroriste s’est implantée au Liban, au su et au vu de toute la communauté internationale, sans que celle-ci ne bouge le petit doigt pour l’en empêcher. Si Daech, comme le prétendent encore certains, n’a existé que pour combattre le régime syrien, pourquoi s’est-il implanté au Liban ? Je me suis donc penché sur le sujet et cherché à comprendre.

      Le Liban est entouré par la Syrie et Israël, qui ont chacun de leur côté cherché à le dominer et à détruire tout ce qui leur résistait. Ils l’ont parfois fait de concert, comme le 13 octobre 1990, quand l’aviation syrienne, chapotée par l’aviation israélienne, a bombardé ce qu’on appelait alors le « réduit chrétien » et mis fin au rêve d’indépendance des Libanais.

      Israël n’est pas un ami du Liban – c’est le moins qu’on puisse dire. Depuis que je suis né, il y a déjà 50 ans, l’état hébreu bombarde régulièrement la population civile libanaise. Pendant les cinq décennies qui nous séparent de ma naissance, l’armée israélienne a envahi le pays des cèdres à plusieurs reprises, l’a occupé pendant plus de vingt ans, y a créé une milice qui n’avait rien à envier à celle qui a sévi en France durant l’occupation allemande (souvenez-vous de la prison de Khiam), y a commis de nombreux massacres (peut-on oublier Cana ?), a pillé ses ressources naturelles (notamment l’eau du Litani), et violé un nombre incalculable de fois sa souveraineté, ses eaux territoriales et son espace aérien.

      Les terroristes de Daech, venus de Syrie, sont entrés au Liban dans un silence international assourdissant. Et Israël, d’habitude si soucieux des organisations paramilitaires qui s’implantent au Liban, et qui n’hésite jamais à les dénoncer et à les attaquer, n’a ni moufté ni bronché. De quoi se poser des questions. Des questions légitimes que je me suis évidemment posé, tout comme bon nombre de Libanais.

      J’ai donc fait des recherches et posé la problématique dans un premier article : What’s Daech doing in Lebanon ? Dans cet article, j’ai cité, entre autres, une source attribuée à Edward Snowden (en précisant qu’elle n’était pas vérifiée), et une correspondance attribuée à David Ben Gourion et Moshe Sharett qui préconisait la division du Moyen-Orient en mini-états confessionnels, que Daech a mis en œuvre en créant un mini-état sunnite à cheval entre l’Irak et la Syrie. Dans un second article, qui faisait suite au premier, j’ai écarté ces deux éléments – la source attribuée à Snowden s’étant révélé être une fake news, et je n’avais pas pu vérifier la véracité de la correspondance entre Ben Gourion et Sharett.

      Ne pouvant, en toute honnêteté, rien affirmer, j’ai posé des questions légitimes et claires. Mais ma réflexion sur les origines de la création de Daech ne s’est pas limitée à ces questions auxquelles je n’ai pas encore trouvé de réponses, et à Israël. J’ai exploré d’autres possibilités et écrit plusieurs articles sur le sujet (Daech est sans doute le sujet que j’ai le plus traité sur mon blog), dont l’un s’interroge sur le parallèle géopolitique troublant entre la montée du nazisme en Europe et du daechisme au Moyen-Orient : History repeating ?

      Mais pour Éric Naulleau ou Raphaël Enthoven (pour ne citer qu’eux, le second étant plus fin que le premier qui a implicitement demandé mon renvoi du Média), la lecture ne peut être que franco-française, voire parisiano-parisienne. Leur monde, c’est Paris et ses plateaux télé. Pour eux, je ne suis peut-être qu’un Arabe sans grande importance, sans Histoire et sans passé. Qui n’a pas le droit à sa singularité, voire son individualité, et surement pas à sa liberté de penser, de s’interroger et de s’exprimer en dehors de leurs clous à eux.

      Je leur rappelle, ainsi qu’à tous les autres, que j’ai combattu l’occupation de mon pays par une armée étrangère, les milices totalitaires qui y régnaient en maître et le régime policier qui y sévissait, que j’ai risqué ma vie pour avoir le droit d’être libre et de m’exprimer comme bon me semble. Avant de m’interpeller du haut de leur célébrité et me jeter à la gueule toutes sortes d’anathèmes, qu’ils me montrent donc leur CV, qu’ils me fassent part de leurs combats et des risques qu’ils ont pris pour défendre leurs idées, qu’ils me démontrent ce qui leur donne le droit de me juger !

      Bref. Tout ce que j’ai écrit n’a rien à voir avec le complotisme (quel mot imbécile pour faire taire celles et ceux qui osent questionner les versions officielles des gouvernements, comme si ces derniers ne mentent jamais) et l’antisémitisme. Prétendre que je suis antisémite est aussi ridicule que d’affirmer que je mesure 1m90, que je suis blond aux yeux bleus et que je chausse du 54. Et surtout, de par mon passé, de par mes amitiés et mes amours, cette accusation m’est insupportable. Tout futur accusateur devra en répondre devant la justice française.

      Quant au complotisme, on m’accuse d’être un partisan de la théorie du complot liée aux attentats du 11 septembre (the 9/11 conspiracy explained in less than 5 minutes). Ils ont balayé d’un revers de main méprisant l’explication que j’ai donnée sur Twitter, qui disait que c’était de l’humour et du second degré. Mais si ces inquisiteurs à la petite semaine avaient fait correctement leur sale boulot, ils auraient trouvé d’autres notes de blog qui se moquent des théories du complots : The Gay conspiracy, The iPhone X anti-Lebanese conspiracy, Red Moon : the communists are taking over the heavens, sans oublier Le complot dont personne ne parle, celui de mes voisins du dessus qui ne font du bruit que lorsque je me mets à écrire !
      Claude El Khal

      @colporteur

    • Soutien et Total Respect à Claude El Khal ! Son intervention pour refuser la dictature si facile de l’opinion dominante m’a convaincue. Parce que je suis contre ceux @ colporteur « qui ont jeté aux chiens l’honneur d’un homme ».

      J’ai dit au cours d’un débat téléphonique sur France culture diffusé ce matin : « Il n’y a rien de plus similaire à une image de guerre qu’une autre image de guerre ». Voici un exemple en deux images, l’une a été prise en #Syrie et l’autre en #Irak (les deux nous viennent de l’AFP)


      Conclusion hallucinante de la présentatrice qui invitait Claude El khal ou plutôt le prenait en tenaille : "Faisons confiance aux journalistes...". Puis, juste après, le slogan de la station "FranceCulture, l’esprit d’ouverture"...
      sauf aux critiques du journalisme !

      #Syrie #meute_médiatique #character_assassination #attaques_en_diffamation #lynchage_médiatique_parisianiste
      #nouvelle_inquisition #police_de_la_pensée_dominante
      #bouffon_c'est_celui_qui_dit_qui_y_est !

    • « Le Média » est sur la bonne voie. Le journal du vendredi 2 mars était excellent, et en progrès sensible. Les interviews- chloroforme de Noël Mamère ne manqueront pas à la qualité de son contenu, et son départ, ainsi que les volte-face d’autres représentants de la mouvance ex-PS ne soulignent, une fois de plus, que l’instabilité de leurs opinions.

      Bon Vent ! aussi à

      – Aurélie Filippetti
      – Gérard Mordillat (dommage !)
      – Patrick Pelloux
      – François Morel et Judith Chemla
      – Cécile Amar de L’Obs
      – Edouard Perrin de Cash investigation
      – Giovanni Mirabassi et Médéric Collignon.

      Les rats quittent le navire ?
      La ligne de flottaison n’en sera que plus haute !  ;)

  • Interview de Richard Falk publié ce mois ci, alors qu’elle avait été réalisée à la Fête de l’Huma en septembre :
    https://seenthis.net/messages/632452

    Richard Falk : « Nétanyahou évolue vers une démocratie non libérale »
    Hélène Sallon, Le Monde, le 24 novembre 2017
    http://www.lemonde.fr/international/article/2017/11/24/richard-falk-netanyahou-evolue-vers-une-democratie-non-liberale_5219860_3210

    Selon l’ancien rapporteur spécial de l’ONU dans les territoires palestiniens, auteur d’un rapport très controversé, le premier ministre israélien cherche à instaurer un système de domination « soft », plutôt que de permettre la création d’un Etat palestinien.

    La publication, en mars 2017, par la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (ESCWA en anglais), d’un rapport, « Les pratiques israéliennes envers le peuple palestinien et la question de l’apartheid », dénonçant le « régime d’apartheid » imposé par Israël au peuple palestinien, avait provoqué la polémique au sein de l’ONU. A la suite des critiques des ambassadeurs américain et israélien, son secrétaire général, Antonio Guterres, a demandé le retrait du rapport du site Web de l’ESCWA. Sa secrétaire exécutive, Rima Khalaf, a démissionné en signe de protestation, soutenue par les 18 gouvernements arabes qui composent l’ESCWA.

    Richard Falk, professeur américain de droit international à l’université de Princeton (New Jersey) et ancien rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés (2008-2014), coauteur de ce rapport, revient sur ses conclusions et la polémique qu’elles ont suscitée.

    Pourquoi comparer la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens et l’apartheid en Afrique du Sud ?

    Le conflit israélo-palestinien est présenté comme un conflit territorial, dont le cœur de la dispute serait la fin de l’occupation. Or la querelle relève davantage d’un conflit entre deux peuples que d’un conflit de territoire. Tant que les deux peuples n’auront pas un statut égal, la paix ne sera pas établie. La formule pertinente est la fin de l’apartheid. Cela s’applique aux territoires occupés, mais aussi à la façon dont tout le peuple palestinien – réfugiés et citoyens d’Israël compris – sont administrés.

    Le terme d’apartheid a été utilisé par des responsables politiques en Israël. Le premier ministre David Ben Gourion avait prévenu, en 1949, que si le problème de la Palestine n’était pas résolu, Israël deviendrait un régime d’apartheid. Les anciens premiers ministres Ehoud Olmert et Ehoud Barak ont également utilisé ce terme, alors que son usage à l’étranger est dénoncé comme relevant d’un discours incendiaire.

    Comment justifier cette comparaison d’un point de vue juridique ?

    La définition juridique de l’apartheid est la domination d’une race sur une autre, pour maintenir une structure de contrôle, par des actes inhumains.

    Au départ, le mouvement sioniste voulait établir un foyer juif, mais l’Etat d’Israël a été fondé sur l’inégalité entre les juifs et les Palestiniens. Le défi sioniste était plus grand que celui du régime d’apartheid en Afrique du Sud : il entendait fonder un Etat à la fois juif et démocratique. Il fallait donc trouver un équilibre démographique. Depuis 1947, c’est-à-dire depuis l’expulsion de 750 000 Palestiniens et le refus de tout droit à leurs descendants, la politique israélienne vise à empêcher une majorité palestinienne, vue comme une menace, une « bombe démographique ».

    Cette préoccupation n’était pas présente en Afrique du Sud, où n’existait pas l’ambition démocratique : chaque peuple devait se développer séparément. Israël suit une autre approche, qui est la politique de fragmentation et de division des Palestiniens par le refus du droit au retour, le contrôle militaire des différents territoires conquis après 1967 et d’autres tactiques envers la minorité palestinienne d’Israël.

    L’aspect le plus problématique est que des juifs peuvent venir du monde entier, alors que des Palestiniens réfugiés à l’extérieur sont exclus. L’apartheid [en Israël] fonctionne sur un système de contrôle : occupation coercitive depuis cinquante ans, usage excessif de la force, tactiques administratives et punition collective pour faire de l’Etat juif une réalité immuable.

    Votre rapport a été vilipendé par Israël et les Etats-Unis, le secrétariat général des Nations unies s’en est désolidarisé et d’autres gouvernements ont jugé cette comparaison excessive…

    C’est une question de jugement et d’interprétation. Si on se place du point de vue des victimes, il est difficile d’y voir une comparaison excessive. J’ai vécu cette souffrance en visitant les camps palestiniens pendant six ans comme rapporteur de l’ONU. J’ai trouvé chez ces gens une patience extraordinaire et une disposition à parvenir à un compromis.

    En Israël, le sentiment qu’un compromis n’est plus nécessaire et que seul compte le rêve de l’Israël biblique va croissant. Les Israéliens veulent que les Palestiniens renoncent à un Etat en échange de droits économiques et de la paix. Le premier ministre Benyamin Nétanyahou veut maintenir ce statu quo ambigu : obtenir une paix relative tout en agrandissant les colonies. Le choix entre être juif ou démocratique doit être fait. Tout va dans le sens d’un choix en faveur d’un Etat juif, mais non démocratique. M. Nétanyahou évolue vers une démocratie non libérale.

    La comparaison avec l’apartheid en Afrique du Sud n’a-t-elle pas pour effet d’empêcher le débat ?

    Ceux qui soutiennent Israël sont réticents à s’engager dans un débat, car cela donne du crédit à ces accusations. Il n’y a aucun argument substantiel pour contrer nos conclusions. La question demeure : comment faire pour que ces deux peuples vivent ensemble dans une paix réelle ? Il faut mettre fin au système d’inégalité et s’attaquer à la structure de domination. L’expérience de l’Afrique du Sud est pertinente car son leadership (blanc) a dû recalculer son intérêt et libérer Nelson Mandela pour s’engager sur la voie d’une Constitution démocratique et la fin de l’apartheid.

    Israël voudrait passer à un système de domination « soft » , plutôt que de permettre la création d’un Etat palestinien. Or ce serait aussi une bonne chose pour le peuple juif que de sortir de ce système de domination. Il faut impliquer la partie dominante pour qu’elle accepte l’illégalité de cette inégalité.

    Au bout de soixante ans, la lutte palestinienne a-t-elle encore un avenir ?

    Le scénario d’Israël consiste à faire croire que sa force et les développements régionaux sont tels que la lutte palestinienne est une cause perdue. Ce raisonnement fonctionne auprès des gouvernements. Ils ignorent cependant l’influence croissante des sociétés civiles au détriment des Etats. C’est pourquoi Israël cible surtout l’agenda des activistes. Ce qui l’inquiète n’est plus la lutte armée, mais la campagne « Boycott, désinvestissement, sanctions » (BDS) qu’il cherche à délégitimer. C’est une guerre de légitimité qui se joue : qui va remporter la bataille de l’opinion ? De ce point de vue, les Palestiniens sont en train de gagner. Tous les mouvements de décolonisation ont gagné contre les armées. De leur côté, les Etats-Unis, comme Israël, n’arrivent pas à penser hors du cadre militaire. Or, ces cinquante dernières années, les conflits militaires ont souvent été gagnés par la partie la plus faible…

    Le Hamas s’est engagé dans une réconciliation avec le Fatah, pensez-vous qu’il a changé ?

    Je pense que le Hamas est sérieux dans sa volonté de parvenir à un cessez-le-feu de long terme avec Israël. Après les élections de 2006, il a ouvert des canaux de discussion avec les Etats-Unis pour parvenir à des accords. Il n’a pas abandonné l’idée d’une Palestine unifiée dans sa charte, mais il a abandonné le ton antisémite. Reste des éléments qui peuvent être vus par Israël comme une menace existentielle. Israël veut garder le Hamas dans la catégorie « terroriste ».

    L’abandon de la lutte armée par les Palestiniens pour la voie diplomatique est-il le bon choix ?

    Oui. En menant des attaques terroristes, c’est la force d’Israël qui est éprouvée alors que sa faiblesse réside dans la dimension morale et juridique du conflit. L’erreur des Palestiniens a été de ne pas le faire prendre cette voie dès après les accords d’Oslo.

    Vous répétez que les Nations unies ont échoué à résoudre le conflit israélo-palestinien. A quoi sert l’ONU ?

    L’ONU est très importante dans la guerre de légitimité. Elle détient l’autorité pour distinguer le bien du mal, le légitime de l’illégitime. En cela, elle continue à être importante. Mais elle ne peut pas modifier les comportements. Les Nations unies sont trop faibles pour exercer une pression indépendante hors d’un consensus géopolitique. En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, l’ONU, comme l’Europe, a un rôle mineur.

    Etes-vous favorable à ce que les Etats-Unis jouent le rôle moteur dans les pourparlers de paix ?

    La géopolitique a poussé les Palestiniens à accepter les Américains comme médiateurs alors qu’ils ne sont pas un intermédiaire équitable. Si vous avez une lutte entre deux parties, voulez-vous que l’allié le plus proche de l’un des camps soit le médiateur de ce conflit ? Les Palestiniens sont naïfs : ils ont accepté le processus d’Oslo, alors qu’il n’incluait même pas le droit à l’autodétermination.

    Une solution diplomatique peut-elle encore être trouvée ?

    M. Nétanyahou ne veut pas d’un accord. Il faut convaincre l’opinion publique israélienne que la paix est possible et souhaitable. Il faut créer les conditions pour l’égalité, abandonner les structures qui maintiennent l’inégalité et l’idée d’un Etat juif – ce qui ne signifie pas l’abandon de l’idée d’un foyer juif.

    Vous soutenez la campagne BDS. Pour quelles raisons ?

    Pour modifier le climat politique, il faut modifier le climat diplomatique. L’ancien président américain Barack Obama était en train d’évoluer à la fin de son mandat. L’Europe a un rôle à jouer. Avec Donald Trump, il n’y a aucune raison de penser qu’Israël se sentira pressé d’offrir quelque chose aux Palestiniens. Le seul débat en Israël est : doit-on formaliser notre contrôle sur la Cisjordanie et Gaza, ou rester dans ce statu quo ?

    Je soutiens toute initiative non violente exerçant une pression sur le leadership israélien pour se conformer au droit international et évoluer vers une solution pacifique. La campagne BDS est un instrument efficace de pression dans une guerre de légitimité. Il y avait eu une campagne BDS très soutenue contre le régime sud-africain. Ses initiateurs n’ont jamais été attaqués comme le sont aujourd’hui ceux qui la mènent pour les Palestiniens. Le débat suscité en Israël confirme la menace que représente ce genre d’initiatives. Cela fonctionne déjà au point qu’Israël a tenté de délégitimer cette campagne en la taxant d’antisémitisme.

    #Palestine #Richard_Falk #ONU #apartheid #BDS

  • Guerre de 6 jours, occupation de 50 ans… – Le Saker Francophone
    http://lesakerfrancophone.fr/guerre-de-6-jours-occupation-de-50-ans

    https://youtu.be/7d4V4EHT0m0

    Aaron Mate : – Vous avez abordé un peu ce sujet, mais peut-être pouvez-vous entrer dans les détails : pourquoi Israël a-t-il pris des mesures si extraordinaires pour lancer cette guerre et s’emparer de tant de territoires ? Quelle était leur motivation ?

    Norman Finkelstein : – Eh bien, ce sont plusieurs motivations qui convergent. L’image d’ensemble est qu’Israël, depuis sa fondation en 1948, en particulier son Premier ministre et sa figure dominante, David Ben Gourion, s’est toujours inquiété de ce qu’il appelait un « Atatürk arabe » arrivant au pouvoir dans le monde arabe. À savoir, quelqu’un comme la figure turque Kemal Ataturk qui a modernisé la Turquie, a amené la Turquie dans le monde moderne, et il y avait toujours la peur de Ben Gurion selon lequel une figure comme Ataturk pourrait émerger dans le monde arabe, et le monde arabe se retirerait alors de l’état d’arriération et de dépendance vis-à-vis de l’Occident, et deviendrait une puissance avec laquelle il faudrait compter dans le monde et dans la région. En 1952, quand il y a eu la révolution égyptienne, et que finalement Nasser a émergé comme la figure dominante, Nasser était une sorte de figure emblématique de cette époque. C’est évidemment complètement oublié par tout le monde, sauf les historiens, mais c’était une époque très enivrante, c’était l’ère d’après-guerre du non-alignement, le Tiers-mondisme…

    Aaron Mate : – La solidarité au sein du Tiers-Monde, oui.

    Norman Finkelstein : – … l’anti-impérialisme, la décolonisation et les figures emblématiques étaient Nehru en Inde, Tito en Yougoslavie et Nasser. Ils n’étaient pas officiellement dans le bloc soviétique. Ils étaient une troisième force.

    Aaron Mate : – Non-alignée.

    Norman Finkelstein : Non alignée, exactement. Les non-alignés ont tendance à pencher vers le bloc soviétique parce que le bloc soviétique était officiellement anti-impérialiste, mais ils n’étaient pas alignés. Nasser était l’un des personnages dominants de cette période, donc il était anti-impérialiste, il était un modernisateur. Israël était vu, non sans raison, comme un implant occidental dans le monde arabe, et était également considéré comme essayant de maintenir le monde arabe [dans l’arriération].

    Il y avait donc une sorte de conflit et de collision entre Nasser et Israël. Et cela a commencé, encore une fois [ce que je dis est] très scrupuleusement documenté, pas par Finkelstein, mais par un historien dominant très réputé, à savoir Benny Morris. Si vous regardez son livre, Les guerres des frontières d’Israël, qui parle de la période de 1949 à 1956, il montre qu’autour de 1952-1953, Ben Gourion et Moshe Dayan étaient vraiment déterminés, et je le cite littéralement, à provoquer Nasser. À continuer à le frapper et à le frapper jusqu’à ce qu’ils aient un prétexte pour détruire Nasser. Ils voulaient se débarrasser de lui, et continuer à le provoquer, et dans une certaine mesure, Nasser ne pouvait pas s’empêcher [de riposter] après un certain point, il a été pris dans le piège, essentiellement. Cela n’a pas fonctionné exactement comme l’espéraient les Israéliens et donc en 1956, ils ont comploté, en collusion avec les Britanniques et les Français, pour renverser Nasser. Cela a fonctionné, jusqu’à un certain point. Ils ont envahi le Sinaï, les Britanniques et les Français ont joué leur rôle dans cette collusion…

    Aaron Mate : – Mais les Américains leur ont dit d’arrêter.

    #israël #palestine #juin67

  • François Hollande : La capitulation en rase campagne du foudre de guerre de Syrie . René Naba - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2016/12/francois-hollande-la-capitulation-en-rase-campagne-du-foudre-de-gu

    L’homme de l’année 2016

    Fait sans précédent dans les annales de la Vème République, François Hollande a annoncé jeudi 1 er décembre 2016, qu’il renonçait à briguer un deuxième mandat présidentiel, tragique aveu d’une grande impuissance.

    L’homme qui avait mené deux batailles au Mali et en Syrie, a renoncé à livrer bataille sur le plan intérieur pour défendre son bilan. Pour un foudre de guerre sur la scène internationale, qui avait eu le plus grand mal à se retenir de bombarder la Syrie en 2013, ce renoncement a retenti comme une capitulation en rase campagne. Une implosion en plein vol.

    « L’Homme d’état de l’année 2016 » aura eu un triomphe météorique, à l’image de ses prédécesseurs malchanceux, les conservateurs européens, l’espagnol José Marie Aznar ou le britannique David Cameron (lauréat 2015) ; à l’image de l’adhésion populaire dont il a bénéficié à son élection, plombée à son envol par le tweet ravageur de la « première peste de France » (1), soutenant le rival de la propre mère des quatre enfants de son compagnon, symptomatique de la confusion mentale qui a régné au plus haut niveau de l’état, tant au niveau de la vie privée du premier magistrat de France que de sa politique.

    Scipion l’Africain au Mali (2), général Flamby (3) en Syrie, Scooter One Rue du Cirque -quel cirque- François II aura été aux antipodes de son prédécesseur. Falot et mal fagoté, au regard d’un florentin brillant et flamboyant, grand manœuvrier devant l’éternel. Retour sur la dérive de ce quinquennat calamiteux.

    De la trahison au Parti Socialiste ou le vaudeville d’une « présidence normale ».

    « La gauche de gouvernement devient suspecte dès qu’elle accède aux responsabilités et son destin est de toujours être accusée de trahison », soutient François Hollande dans un entretien à la revue débat.

    http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/09/15/francois-hollande-la-gauche-de-gouvernement-est-toujours-accusee-de-trahison

    Non François Hollande, au vu de votre comportement et celui de votre gouvernement tout au long de votre mandat, ce n’est pas la gauche de gouvernement qui est accusé de trahison, c’est le gouvernement lui même qui a trahi et la nomenklatura « solférienne » avec.
    L’exemple vient de très haut, du premier des socialistes François Hollande lui même, qui a trahi sa compagne d’alors et mère de ses 4 enfants, avant de lui saborder sa campagne présidentielle, en 2007, puis de récidiver avec sa compagne présidentielle, la dénonciatrice des « sans dents », un scandale qui a terni durablement son mandat.

    Engagé sur deux théâtres d’opérations extérieurs (Syrie-Mali) et sur le front intérieur du chômage, ce vaudeville consternant a plombé durablement sa mandature présidentielle et sinistré le parti socialiste, faisant du socialo-motoriste, le plus impopulaire président de la Vme République
    Jean Pierre Jouyet, une prime à la trahison.

    En 2ème position, l’ami le plus proche du président, Jean Pierre Jouyet, en aura été l’incarnation la plus achevée. Ralliant sans hésitation ni vergogne, Nicolas Sarkozy au poste de ministre des Affaires européennes, le camarade de l’ENA « promotion Voltaire » sera néanmoins repêché par François Hollande au secrétariat général de l’Élysée. Un repêchage perçu comme une prime à la trahison. Autres transfuges célèbres, Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères du néo gaulliste atlantiste Nicolas Sarkozy, de même qu’Eric Besson et Jean Marie Bockel, le « Tony Blair de gauche ». Une trahison à sens unique de la gauche vers la droite, sans le moindre mouvement en sens inverse.

    Sur fond d’un paysage dévasté par une considérable destruction de l’emploi industriel, de l’ordre de 1,4 millions d’emplois en 25 ans, – 407 usines fermés en deux ans, 190 usines en 2015 et 217 en 2014, l’armée française désormais équipée d’armes allemandes et de rangers allemands- de l’hémorragie du vote ouvrier vers le Front National, de la préemption démagogique des mots d’ordre sécuritaire de l’extrême droite sous l’effet d’une panique nationale (déchéance de nationalité), la fonction de la gauche depuis le début du XXI me siècle a surtout consisté à servir d’appoint électoral à la droite, sans renvoi d’ascenseur. Un marche pied.

    « Le PS a zappé le peuple ». L’admonestation de Pierre Mauroy lors de la présidentielle 2002, fatale à Lionel Jospin, demeure d’actualité. Plutôt que d’initier une politique de la demande et de la relance de la consommation par l’augmentation du pouvoir d’achat, l’ennemi de la haute finance s’est révélé un zélé passeur de plats du grand patronat. En 2015 et 2016, les entreprises françaises ont été les plus gros payeurs de dividendes d’Europe sur fond de casse sociale.
    La social démocratie préconisée par François Hollande apparaît rétrospectivement comme l’enterrement en grande pompe du socialisme par la mort du social.
    De Lionel Jospin ( 1997-2002) à François Hollande (2012-2017), la gauche s’est réduite à soutenir une droite qui se distingue de moins en mois de l’extrême droite.

    Ainsi le « Front Républicain de 2002 » est apparu comme une prime à la corruption en ce que Jean Marie Le Pen n’avait aucune chance de gagner la bataille présidentielle alors que Jacques Chirac avait été le dirigeant qui avait institutionnalisé la corruption au plus niveau de l’État, le seul président français depuis Pétain a être condamné par la justice pour des faits ayant rapports avec l’argent illicite.

    Il en a été de même avec le « Front Républicain pour les régionales 2016 », qui a débouché sur la propulsion du motoriste Christian Estrosi à la tête du PACA et l’élimination du PS de tous les exécutifs régionaux. La récidive a été fatale au crédit de la gauche de gouvernement qui a donné l’impression de courir derrière une droite de plus en plus contaminée par le discours Lepeniste. La démarcation s’est dissipée dans l’esprit des électeurs.
    Servir d’appoint électoral à la droite radicale et continuer à ostraciser un authentique homme de gauche, Jean Luc Mélenchon, relève de l’aberration mentale et explique la dispersion des forces du progrès en France et la perplexité de nombre de personnes se réclamant de la gauche, qui y voient un jeu d’apparatchik contre productif.

    De François Mitterrand à Lionel Jospin, à Harlem Désir et Jean Christophe Cambadélis, en passant par le socialo motoriste Hollande, le charisme du leadership socialiste s’est considérablement dégradé. Le PS souffre d’absence de clarté dans son positionnement. D’une locomotive. Évident manque d’appétence à son égard.

    Du bon usage de « Munich et des Sudètes de Tchécoslovaquie » : « Le changement, c’est maintenant »

    MUNICH : Seul pays au Monde à faire un usage intensif de ce terme pour stigmatiser ce qu’il considère être « le défaitisme » des adversaires de sa politique, « Munich » et par extension « Munichois », est en fait l’apanage du socialisme français. Son arme de destruction massive pour neutraliser toute critique à son égard.

    Harlem Désir, en la matière, n’est en fait que le piètre successeur de Guy Mollet, le dernier Premier ministre socialiste de la IV République, l’homme de Suez et d’Alger, -beau palmarès-, qui avait brandi cet argument pour disqualifier les opposants à l’agression tripartite de Suez, en 1956, contre Nasser. 57 ans après, Harlem Désir nous ressert la même rengaine… Le changement, c’est maintenant. Vraiment ?

    Dans la terminologie de l’époque, l’« expédition punitive » anglo-franco-israélienne, -menée, faut-il le souligner, par les deux puissances coloniales de l’époque en association avec leur pupille israélien-, devait châtier le « Bickbachi ». Terme de l’ordonnancement militaire ottoman équivalant au grade de Colonel, le Bickbachi Nasser sera ainsi désigné à la vindicte publique comme le nouvel Hitler de l’après-guerre, sous le vocable de Rayïss, que l’on faisait rimer dans le subconscient européen avec le Reich.

    Le 2ème Hitler arabe sera naturellement Yasser Arafat, le chef de l’Organisation de Libération de la Palestine. Figure de croquemitaine dans l’imaginaire occidental, l’Arabe, surtout lorsqu’il est porteur d’une revendication nationaliste, est un Hitler en puissance, quand bien même les Arabes et les Africains (chrétiens et musulmans) ont été parmi les principaux pourvoyeurs de « chairs à canon » pour la libération de la France, à deux reprises en un même siècle, phénomène rarissime dans l‘Histoire. De Gamal Abdel Nasser (Égypte) à Mohammad Mossadegh, à l’Ayatollah Ruhollah Khomeiny et Mahmoud Ahmadinejad (Iran) en passant par Yasser Arafat et Cheikh Ahmad Yassine (Palestine), à Moqtada Sadr (Irak) et Hassan Nasrallah (Liban), tous ont eu l’honneur d’assumer cette fonction sans que jamais personne n’ait songé à établir un lien entre l’arrogance occidentale et la radicalisation des contestataires de sa suprématie.

    Munich, spécialité française, est d’autant plus vigoureusement brandie que les socialistes, plutôt répressifs en ce domaine, n’ont jamais apporté le moindre soutien aux guerres de libération du tiers-monde. Pour exemple, Léon Blum, le chef du gouvernement du « Front Populaire » ne lèvera pas le petit doigt pour le « Fronte Popular » espagnol, ses confrères Républicains, lors de la guerre d’Espagne (1936) et Guy Mollet agressera l’Égypte nassérienne, ordonnant en prolongement les ratonnades d’Alger. C’est Pierre Cot, ministre communiste de l’aviation du gouvernement Léon Blum et son directeur de Cabinet, le mythique Jean Moulin, de connivence avec André Malraux qui doteront les Républicains espagnols de l’escadrille ESPANA.

    Alors Harlem Désir, Munich, la Chambre des Communes qui a infligé une retentissante leçon de démocratie à la France ? Munich, Barack Obama, qui a jugé plus conforme à l’éthique démocratique de prendre l’avis des représentants de la nation ?

    Munich, l’Inde qui a vaincu le colonialisme par la non-violence ? Munich, l’Afrique du Sud qui triomphé de la ségrégation raciale par une réconciliation nationale et non par la stigmatisation ? Munich, le Pape François qui prie pour la paix en Syrie quand le mufti de l’Otan, le prédicateur millionnaire du Qatar, Youssef Al Qaradawi, supplie que la Syrie soit bombardée par ces anciens colonisateurs ?

    Munich à la manière de Guy Mollet, comme en 1956…. Le changement, c’est maintenant ? Ou tout bonnement Harlem Désir, tête brûlée pour une politique de terre brûlée.

    Les Palestiniens, les Sudètes du XXI e siècle

    Dans sa démarche vis-à-vis de la Syrie, François Hollande, nous a chuchoté le quotidien Le Monde -jamais avare de confidence dès lors qu’il s’agit d’épauler le nouveau pouvoir socialiste au point de lui servir d’amplificateur médiatique et de relais diplomatique-, est hanté par le précédent de la Tchécoslovaquie et le sort des Sudètes (1938) qu’Hitler absorba sans crier gare du fait de la passivité européenne, résultante des accords de Munich.

    Le conditionnement idéologique est tel, la servitude intellectuelle si forte que les ravages de la pensée socialiste paraissent incommensurables. Ainsi Laurent Fabius, qui passe, à tort, pour être l’un des esprits les plus brillants de la République, préconisait avec morgue et suffisance d’armer l’opposition syrienne pour établir une parité militaire et créer les conditions équilibrées à une négociation avec le pouvoir syrien. Il suggérait de même une action énergique en vue de favoriser le retour des réfugiés syriens dans leur pays. Préoccupation humanitaire légitime qui aurait pu honorer son auteur si elle s’était accompagnée d’une requête similaire concernant les Palestiniens, dépouillés, exilés et déplacés, eux, depuis soixante ans…Eux, les véritables Les Sudètes du XXI me siècle.

    « La Syrie, le drame du XXIe siècle » ? La Syrie ou l’Irak ?

    Le premier drame du XXIe siècle est non la Syrie, comme le soutient François Hollande, mais l’Irak tant par son antériorité que par son ampleur. L’Irak où s’est refusé à s’enliser Jacques Chirac et non la Syrie ou se sont laissés embourbés Nicolas Sarkozy et François Hollande, deux philo-sionistes atlantistes patentés. « Des néoconservateurs américains avec un passeport français », selon l’expression du transfuge socialiste Eric Besson.

    Sauf à concéder à l’auteur de ce constat l’excuse de troubles précoces de mémoire, une telle approximation est inexcusable. Que dire de l’Irak, désormais dénommé « Le pays des veuves » ? Invasion américaine, Daech.., Mossoul, Falloujah, près de deux millions de victimes. Et des dizaines d’autres quotidiennement depuis treize ans.

    La prostitution en guise de survie alimentaire. Quatre millions d‘exilés, sans la moindre assistance humanitaire. De l’Uranium appauvri, arme de destruction massive prohibée par le droit international, abondamment utilisé contre biens et personnes par « le plus vieil allié de la France » et son nouveau partenaire dans l’équipée syrienne. Un fait avéré, qui ne fera l’objet de la moindre enquête dans l’ancien journal de référence Le Monde, davantage soucieux de faire office de caisse de résonance au Quai d’Orsay avec ses enquêtes préprogrammés et ses blogs relais.

    Le tropisme philo-sioniste ou le prurit belligène du socialisme français.

    De l’expédition de Suez contre Nasser, en 1956, ordonnée par Guy Mollet, aux ratonnades d’Alger par Robert Lacoste (1955-1958), au caillassage de Lionel Jospin à Bir Zeit pour avoir traité de « terroriste » le Hezbollah libanais, l’unique formation politico-militaire du monde arabe à avoir infligé un double revers militaire à Israël (2000-2006), à l’esplanade David Ben Gourion dédiée par Khoyya Bertrand Delanoë, le Maire de Paris, au fondateur de l’armée israélienne au lendemain de l’attaque navale israélienne contre un convoi humanitaire turc en direction de Gaza…. Le registre est connu et bien tenu.

    La filiation est lointaine et ne se dément pas, remontant au grand manitou du socialisme français, Léon Blum, qui invoquera son « trop d’amour » pour son pays « pour désavouer l’expansion de la pensée et de la civilisation française », admettant « le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture ». Cette profession de foi surprenante est parue dans le journal « Le Populaire » en date du 17 juillet 1926, sans que ce vénérable humaniste, premier chef du gouvernement socialiste de la France moderne, artisan des premières conquêtes sociales sous le gouvernement du Front Populaire (1936), ne se doute que, lui-même, à son tour, subira, quinze ans plus tard, les lois de l’infériorité raciale de la part de ses compatriotes non coreligionnaires.

    La relève : Manuel Valls et Laurent Fabius (4)

    L’éviction de la vie politique française de Dominique Strauss Khan, un des parangons d’Israël, de même que la dérive xénophobe du gouvernement israélien matérialisée par la présence au sein du cabinet de l’ultra droitier Avigdor Libermann, ministre des Affaires étrangères puis de la défense, n’ont pas pour autant réduit la vigueur du tropisme pro-israélien au sein de la hiérarchie socialiste, en ce que la relève est désormais pleinement assurée par Manuel Valls, un sarkozyste de gauche, dont il a hérité de son poste à Beauvau, ainsi que Laurent Fabius.

    Manuel Valls, lié de son propre aveu, « de manière éternelle à la communauté juive et à Israël », stigmatise le boycott d’Israël, mais non la phagocytose de la Palestine ou sa rétention des recettes d’exportation des produits de Cisjordanie. Il se place ainsi sur la même longueur que Richard Prasquier, le président du CRIF, dont la tonitruance inconditionnellement pro-israélienne s’accommode mal du positionnement qui se veut « normal » du nouveau président français. En résonance avec son comportement abusivement dilatoire dans l’affaire Georges Ibrahim Abdallah où la diplomatie française a subi les diktats de Hillary Clinton à l’époque secrétaire d’État.

    Laurent Fabius : L’esbroufe comme mode opératoire.

    L’esbroufe aura été son mode opératoire. De même que le mépris et la morgue, ses deux plus implacables ennemis. En trois ans de parade au Quai d’Orsay, Laurent Fabius aura poussé les travers français à leurs expressions les plus extrêmes. Donné toute la mesure de ses faux talents, un mélange de malveillance, de bonne conscience, d’outrecuidance, de morgue et de mauvaise foi (5).

    La propulsion du premier ministre des Affaires étrangères de François Hollande à la tête d’une prestigieuse institution, clé de voûte du système juridique et politique français, loin de constituer le couronnement d’une carrière publique exemplaire, paraît devoir s’apparenter à une opération d’évacuation par le haut d’un personnage à bien des égards calamiteux, en application du vieux adage latin, plein de sagesse, « Promoveatur ut Amoveatur » dont la traduction administrative courante se décline en français par le principe anglais du « Principe de Peter ». Au delà des lauriers, au delà des louanges, la propulsion de Laurent Fabius à la présidence du Conseil Constitutionnel signe sa congélation politique ad vitam dans un placard doré, terme ultime d’un parcours désastreux.
    En fait Laurent Fabius avait été déjà carbonisé en direct par ses amis américains incommodés par son rôle de « bad cop » tant dans les négociations sur le nucléaire iranien que sur un éventuel règlement politique en Syrie.

    Les révélations de la presse américaine sur les frasques casinotières de l’aîné des Fabuis, Thomas, -sur des faits datant de 2013 mais fuités le 29 octobre 2015 à la veille de la première conférence multilatérale de Vienne sur la Syrie-, ont retenti comme un rappel à l’ordre américain renvoyant à ses pénates le paternel de l’enfant prodige.
    En lui suggérant de se préoccuper de ses affaires domestiques plutôt que de se trémousser dans la gestion des affaires du Monde, les États-Unis lui montraient par là même le chemin de la sortie.

    Les attentats de Paris-Bataclan quinze jours plus tard, le 13 novembre 2015, à la veille du deuxième round de Vienne, ont signé la fin de sa lévitation en même temps qu’ils scellaient son sort en ce que de nombreux observateurs ont perçu ce massacre collectif de Parisiens comme la sanction d’une politique erratique du socialo motoriste François Hollande en tandem avec son âme damné Fabiuçius.

    Bachar Al Assad « ne mérite pas d’être sur terre »

    Bachar Al-Assad « ne mérite pas d’être sur terre ». Laurent Fabius ne s’imagine sans doute pas les millions de personnes qui ont formulé pareil vœu à son égard tant sa morgue, sa suffisance et ses outrances verbales ont indisposé et choqué venant du chef de la diplomatie d’un pays réputé pour sa courtoisie et sa finesse d’esprit.

    Le plus capé des socialistes, réputé pour ces somnolences dans les forums internationaux, passera ainsi dans l’histoire comme « le petit télégraphiste des Israéliens dans les négociations sur le nucléaire iranien », le piètre pensionnaire du Quai d’Orsay de la gauche française, à l’égal du transfuge sarkozyste du socialisme Bernard Kouchner.

    François Hollande, non un homme de poids, mais un homme empesé

    Atteint de plein fouet sur le plan domestique par les gazouillis de la « Première peste de France » , caramélisé sur le plan international par la défection de ses deux alliés atlantistes, les États-Unis et le Royaume Uni, François Hollande, en dépit d’une reprise pondérale n’est pas un homme de poids, mais un homme empesé, affligé d’une posture dépareillée par un langage suranné, secondé par le pire ministre socialiste des Affaires étrangères de la Vème République.

    En contre pied de l‘aîné corrézien passé à la postérité pour sa gestuelle gaulliste de Chirac d’Irak, le point d‘orgue de sa double mandature par ailleurs calamiteuse, le cadet socialiste de Tulle, à dix ans de distance, s’est laissé happé par la tourmente d’un « anus horribilis », Scipion l’Africain du Mali, en janvier 2013, Général Flamby en Syrie, à l’automne de la même année, une performance qui sonnait prématurément son crépuscule diplomatique.
    Camouflet supplémentaire, « le plus vieille allié des États Unis » n’a pas échappé à l’espionnage de son partenaire outre atlantique, qui lui a dérobé près de 70 millions de communications électroniques entre décembre 2012 et Janvier 2013, en pleine campagne du Mali et de Syrie. Véritable dindon de la farce, que n’a-t-il perçu cela avant de s’engouffrer dans la brèche syrienne alors que ce scandale marquait et l’affaiblissement et la duplicité des États Unis.

    Ségolène Royal, meilleure présidente que François Hollande.

    En cinq ans de gouvernance, seul fait indubitable, François Hollande par ses bourdes successives pourrait accréditer l’idée que Ségolène Royal, la précédente postulante socialiste à la magistrature suprême, aurait fait meilleure présidente que lui, dans tous les cas de figure, qu’il a, comble de cynisme, lui, en tant que secrétaire général du PS, elle, en sa qualité de la mère de ses quatre enfants, plaqué au paroxysme de la campagne présidentielle ; indice indiscutable d’une grandeur d’âme.

    Quarante ans après Epinay, le glorieux parti de Jean Jaurès, le parti du conquérant François Mitterrand qui rêvait d’un dépassement du socialisme par l’Europe n’est plus que l’ombre de lui-même. Un syndicat de barons arc boutés sur des privilèges surannés. Sans créativité, ni réactivité. Sans novation ni innovation. Sans vitalité. Un électro-encéphalogramme plat.

    La Syrie apparaîtra rétrospectivement comme l’ultime expédition post coloniale d’un pays en déclin : « Parmi les grands perdants de la mondialisation, parmi les grands perdants de l’Européanisation », selon l’expression de Marcel Gauchet (6), la France de François Hollande figure aussi parmi les grands perdants en Syrie et, indice patent de la déflagration mentale des socialistes français, les meilleurs alliés des Saoudiens et néoconservateurs américains, des néo conservateurs israéliens.

    « JE RESTERAI TOUJOURS UN AMI D’ISRAËL » « Tamid esha’er haver shel Israel ! »*

    Accueilli en grande pompe par Benyamin Netanyahou, dès son atterrissage à Tel-Aviv, François Hollande entendait visiblement faire honneur au « tapis rouge » que le premier ministre droitier avait annoncé dérouler pour la visite du président français. Au point de le clamer, en hébreu dans le texte : « Je resterai toujours un ami d’Israël ».

    Une déclaration qu’aucun des présidents français n‘avait osé faire auparavant, pas même Nicolas Sarkozy, qui passait jusqu’à présent comme le plus philo-sioniste des dirigeants français. Chapeau l’artiste socialiste tel qu’en lui-même l’éternité le figera. CF : Le « chant d’amour » de François Hollande « pour Israël et ses dirigeants ».

    Malheur aux vaincus : L’ingratitude est la loi cardinale des peuples pour leur survie. Le naufrage collectif du socialisme français portera les noms de Dominique Strauss Khan et Jérôme Cahuzac, de parfaits représentants de la déliquescence du socialisme et non de sa quintessence, de même que sur le plan diplomatique, le nom du tandem comique Laurel et Hardy, alias Lolo et Flamby, une risée planétaire.

    Référence

    http://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/exclu_-_julie_gayet_et_francois_hollande_leurs_stratagemes_pour_garder_leur_his

    1- La première peste de France :
    http://www.madaniya.info/2014/10/02/journalisme-metier-deontologie sport-combat/

    http://www.grazia.fr/societe/phenomenes/articles/valerie-trierweiler-la-premiere-peste-de-france-487191

    2-Scipion l’Africain (Publius Cornelius Scipio Africanus) est un général et homme d’État romain, né en 235 av. J.-C. mort en 183 av. J.-C. à Linterne en Campanie. Vaincu par le carthaginois Hannibal Barca à la bataille de Cannes, près de l’actuelle Canossa, il s’emploiera à prendre sa revanche à sa nomination Consul en 205 av. J.-C. A la tête d’une armada de 50 vaisseaux de guerre et 400 navires de transport, emportant près de 35.000 soldats, il passe en Afrique. Deux ans plus tard, il réussit à vaincre le général Carthaginois Hannon et prend le titre Scipion l’africain.

    3-Flamby : Pâtisserie sans œufs ni crème désigne péjorativement un être mollasson et onctueux. Sobriquet réservé à François Hollande avant son accession à la présidence de la république française.

    4-Le gouvernement Ayrault satisfait les Français d’Israël
    http://jssnews.com/2012/05/16/ayrault1

    Ainsi qu’ à propos du tropisme socialiste à l’égard d’Israël : La France gagnée par le sionisme, par Eyal Sivan
    http://www.rue89.com/2013/10/07/eyal-sivan-cineaste-israelien-france-est-gagnee-sionisme-246345

    5-Laurent Fabuis et la réforme du droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU http://www.madaniya.info/2016/02/10/5762

    6-Marcel Gauchet in « Les quatre failles d’une présidence », Le Monde en date du 1er octobre 2013, article de Françoise Fressoz, page 6.

    Illustration

    François Hollande et son prix, entourés notamment (de gauche à droite) par le milliardaire Carlos Slim et l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger le 19 septembre 2016. AFP PHOTO / STEPHANE DE SAKUTIN

    http://www.renenaba.com

  • Shimon Peres : « Un infatigable intrigant »
    Michel Warschawski, Politis, le 28 septembre 2016
    http://www.politis.fr/articles/2016/09/shimon-peres-un-infatigable-intrigant-35449
    https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1174633379282594&id=159385534140722

    Le monde entier le célèbre, on parle de lui comme un saint ou, pour le moins, un Nelson Mandela. Pourtant, pendant un demi-siècle, Peres a été le mal-aimé de la politique d’Israël. « Comment la punaise est arrivée au sommet ? » chantait-on déjà dans les années soixante, exprimant là le mépris des élites israéliennes envers celui qui ne faisait pas partie du sérail : il n’avait pas grandi au kibboutz, ni participé aux aventures guerrières des commandos du Palmach. Jusqu’à aujourd’hui son accent trahit son extériorité à ceux qui ont façonné l’État hébreu à leur sale image. Disons-le clairement, Peres n’a pas volé l’image négative qui l’a accompagnée tout au long de sa carrière : aucun politicien israélien n’a su être aussi opportuniste que lui, et faire de la trahison un art. « Infatigable manipulateur », c’est ainsi que le décrit dans ses mémoires Yitzhak Rabin, qui l’a côtoyé pendant de longues années à la tête du Parti travailliste. Il a même trahi son mentor David Ben Gourion, quand il décidait de quitter le parti Rafi, réalisant que, malgré l’aura de son chef, cette formation dont il avait été à l’initiative, s’avérait incapable de mettre fin à l’hégémonie travailliste.. Ayant repris sa place à la direction travailliste, il quitte à nouveau ce parti pour le Qadima d’Ariel Sharon, qu’il abandonnera dès qu’il a senti le naufrage proche. Mais sa plus grande trahison a, sans aucun doute, été la trahison de Yasser Arafat qu’il avait convaincu de s’impliquer à fond dans le processus d’Oslo… que Peres sabote après l’assassinat d’Yitzhak Rabin, n’ayant pas le courage de confronter ceux qui, en tuant le Premier ministre, mettaient définitivement fin audit processus de paix. Shimon Peres est le seul politicien israélien de premier plan qui n’a jamais été élu par le peuple, gagnant ses galons (ministre des Affaires étrangères, ministre de la Défense, Premier ministre puis finalement président de l’État) dans des batailles d’appareil. Les médias locaux et internationaux font déjà le bilan de l’action politique de Shimon Peres : comme directeur général du ministère de la Défense, dans les années soixante, il est non seulement à l’origine du nucléaire israélien, mais de la transformation de Tsahal en armée moderne et performante. C’est d’ailleurs grâce à ses liens étroits avec le Parti socialiste de Guy Mollet qu’il a pu faire de l’État d’Israël une puissance militaire, symbolisée par les Mirage des entreprises Dassault et leurs performances en juin 1967. Peu d’eulogies par contre ne mentionneront le massacre de Kana au Liban en 1996, préférant s’étendre sur le prix Nobel de la Paix, reçu pour son rôle dans les accords d’Oslo… qu’il sabotera trois ans plus tard. À son crédit, on doit reconnaître que la biographie de Peres n’est pas entachée d’affaires de corruption, de viols ou de harcèlements sexuels, ce qui tranche nettement avec la classe politique israélienne d’aujourd’hui. Ceci dit, et en dépit des couronnes de lauriers qu’on lui tresse aujourd’hui aux quatre coins du monde, l’ancien président de l’État d’Israël n’aura pas été un grand politique, mais un politicard manipulateur, devenu un des grands maîtres de notre temps dans l’art du mensonge et de la trahison.

    Autres articles :
    https://seenthis.net/messages/528548

    #Palestine #Shimon_Peres

  • #Nétanyahou tire à droite, la #Knesset vacille
    http://www.liberation.fr/monde/2014/11/24/netanyahou-tire-a-droite-la-knesset-vacille_1149912

    Sur sa page Facebook, la ministre de la Justice, Tzipi #Livni, a affiché les premiers paragraphes de la déclaration d’indépendance de l’Etat d’#Israël, lue par David Ben Gourion en 1948, dont elle a rayé au feutre rouge les éléments qui deviendraient caduques si cette loi était adoptée par le Parlement. Ainsi, du « développement du pays dans l’intérêt de tous ses habitants », elle a retiré « dans l’intérêt de tous ses habitants ». Idem pour les termes « égalité absolue des droits sociaux et politiques pour tous les habitants sans différence de religion, de race et de sexe ». De son côté, Yaïr Lapid affirme que ce texte de loi, « qui place l’Etat juif avant l’Etat démocratique » n’aurait été approuvé « ni par Ben Gourion, ni par Begin, ni par Jabotinsky », des sionistes ayant marqué l’histoire de l’Etat d’Israël.

  • Le Sionisme et l’antisémitisme : l’Accord signé en août 1933 entre les plus hautes autorités sionistes et nazies | annie bannie’s Weblog
    par Jacques Bude
    http://anniebannie.net/2014/08/30/le-sionisme-et-lantisemitisme-laccord-signe-en-aout-1933-entre-les-plus

    (...) Il est évidemment significatif que ce principal promoteur de l’accord Haavara soit un des plus hauts responsables de la communauté juive implantée en Palestine mandataire puis de l’État d’Israël. Lévi Eshkol faisait partie du Haut Commandement de la Hagana, l’armée clandestine juive sous le Mandat britannique et il est en 1950-1951 le Directeur Général du Ministère de la Défense. De 1949 à 1963, il est le Chef du Département Colonisation de l’Agence juive.[8] En 1951, il devient Ministre de l’Agriculture et du Développement. Il est Ministre des Finances de 1952 à 1963. En 1963, il succède à David Ben Gourion à la fois comme Premier Ministre et comme Ministre de la Défense.

    L’accord Haavara a suscité de vives oppositions parmi les Juifs de l’époque. Cet accord qui bénéficiait du soutien des plus hautes autorités nazies[9] et des plus hautes autorités sionistes[10], traduisait les intérêts complémentaires des nazis qui voulaient que les Juifs quittent l’Allemagne et des sionistes qui voulaient qu’ils émigrent en Palestine. Or la plupart des Juifs allemands auraient préféré rester dans leur pays. L’idée d’un boycott économique et diplomatique international naquit aux États-Unis avec le soutien du Congrès juif américain. Il avait pour but d’essayer de forcer les nazis à mettre fin aux persécutions afin que les Juifs puissent continuer à vivre en Allemagne.[11]

    Le débat entre l’incitation à l’émigration en Palestine et l’appel au boycott de l’Allemagne nazie s’inscrit dans l’opposition qui existait de longue date entre sionisme et assimilation, entre d’une part la volonté de certains Juifs – une petite minorité – d’émigrer en Terre d’Israël et d’autre part la volonté d’autres Juifs – une écrasante majorité – de rester dans leur pays ou d’émigrer ailleurs qu’en Israël, ce qui impliquait évidemment le désir que leurs droits humains soient respectés partout – notamment en Allemagne – et donc de combattre l’antisémitisme.

    Selon Ben Gourion, “Les assimilationnistes ont toujours déclaré la guerre à l’antisémitisme. Aujourd’hui, cette guerre s’exprime par un boycott contre Hitler. Le sionisme, lui, a toujours plaidé pour l’indépendance du peuple juif dans sa patrie. Aujourd’hui, certains sionistes ont rejoint le chœur des assimilationnistes : « guerre » à l’antisémitisme. Mais nous devons donner une réponse sioniste à la catastrophe que subissent les Juifs allemands – transformer ce désastre en une occasion de développer notre pays, et sauver les vies et la propriété des Juifs d’Allemagne pour le bien de Sion. C’est ce sauvetage qui a priorité sur tout le reste.“ Et Ben Gourion de conclure que se focaliser sur le boycott constituerait un “échec moral“ d’une envergure sans précédent.[12]

    À l’évidence, “sauver les Juifs“ n’était pas la priorité de celui qui sera 10 ans plus tard le Père fondateur de l’État d’Israël. Il déclare le 7 décembre 1938, soit un mois à peine après les Nuits de cristal : “Si j’avais su qu’il était possible de sauver tous les enfants d’Allemagne en les transportant en Angleterre, mais seulement la moitié en les transportant en Palestine, j’aurais choisi la seconde solution – parce que nous ne devons pas seulement faire le compte de ces enfants, mais nous devons faire le compte de l’histoire du peuple juif.“[13] Bref l’ultranationalisme, la priorité du bien de Sion sur tout le reste. (...)

    #Haavara

    http://www.association-belgo-palestinienne.be/le-sionisme-et-lantisemitisme

  • Aux sources du négationnisme israélien : comment David Ben Gourion a sciemment mis en place la propagande niant la Nakba pour résister aux pressions américaines de Kennedy, qui voulait faire appliquer le droit au retour des Palestiniens expulsés.

    Lire absolument l’article de Shay Hazkani : Catastrophic thinking : Did Ben-Gurion try to rewrite history ?
    http://www.haaretz.com/weekend/magazine/catastrophic-thinking-did-ben-gurion-try-to-rewrite-history.premium-1.52430

    In 1961, after John F. Kennedy assumed office as president of the United States, calls for the return of some of the Palestinian refugees increased. Under the guidance of the new president, the U.S. State Department tried to force Israel to allow several hundred thousand refugees to return. In 1949, Israel had agreed to consider allowing about 100,000 refugees to return, in exchange for a comprehensive peace agreement with the Arab states, but by the early 1960s that was no longer on the agenda as far as Israel was concerned. Israel was willing to discuss the return of some 20,000-30,000 refugees at most.

    Under increasing pressure from Kennedy and amid preparations at the United Nations General Assembly to address the Palestinian refugee issue, Ben-Gurion convened a special meeting on the subject. Held in his office in the Kirya, the defense establishment compound in Tel Aviv, the meeting was attended by the top ranks of Mapai, including Foreign Minister Golda Meir, Agriculture Minister Moshe Dayan and Jewish Agency Chairman Moshe Sharett. Ben-Gurion was convinced that the refugee problem was primarily one of public image ‏(hasbara‏). Israel, he believed, would be able to persuade the international community that the refugees had not been expelled, but had fled. “First of all, we need to tell facts, how they escaped,” he said in the meeting. “As far as I know, most of them fled before the state’s establishment, of their own free will, and contrary to what the Haganah [the pre-independence army of Palestine’s Jews] told them when it defeated them, that they could stay. After the state’s establishment [on May 15, 1948], as far as I know, only the Arabs of Ramle and Lod left their places, or were pressured to leave.”

    Ben-Gurion thereby set the frame of reference for the discussion, even though some of the participants knew that his presentation was inaccurate, to say the least. Dayan, who as GOC Southern Command after 1949 ordered the expulsion of the Negev Bedouin, was not in a position to take issue with the prime minister’s statement that the Arabs had left “of their own free will,” despite being well aware of the facts. Ben-Gurion went on to explain what Israel must tell the world: “All of these facts are not known. There is also material which the Foreign Ministry prepared from the documents of the Arab institutions, of the Mufti, Jamal al-Husseini [He probably meant Haj Amin al-Husseini; Jamal al-Husseini was the Palestinians’ unofficial representative at the United Nations − S.H.], concerning the flight, [showing] that this was of their own free will, because they were told the country would soon be conquered and you will return to be its lord and masters and not just return to your homes.”

    In 1961, against the backdrop of what Ben-Gurion described as the need for “a serious operation, both in written form and in oral hasbara,” the Shiloah Institute was asked to collect material for the government about “the flight of the Arabs from the Land of Israel in 1948.”

  • La souffrance de Sderot : comment ses véritables habitants ont été balayés de la carte et de la mémoire d’Israël
    http://questionscritiques.free.fr/edito/Independent/Robert_Fisk/Sderot_Huj_Najd_nettoyage_ethnique_Palestine_Nakba_261112.ht

    Donc, les gens de Huj avaient aidé l’armée juive de la Haganah à échapper aux Britanniques - et le remerciement qu’il obtinrent fut d’être envoyés à Gaza comme réfugiés. Selon Morris, trois mois plus tard, les trois chefs des kibboutzim les plus proches se plaignirent même par écrit auprès de David Ben Gourion, le premier Premier ministre israélien, du traitement infligé à leurs anciens voisins. Celui-ci répondit : « J’espère que le QG prêtera attention à ce que vous dites et qu’il évitera de telles actions injustes et injustifiées à l’avenir, et je ferai tout mon possible pour réparer ces choses au regard du passé. » Mais Ben Gourion ne donna pas d’instructions à la nouvelle armée israélienne pour permettre aux villageois de revenir à Huj.

    Le mois suivant, ils supplièrent de rentrer. Le Ministère israélien aux Affaires des minorités nota qu’ils méritaient un traitement spécial puisqu’ils avaient été « loyaux », mais l’armée israélienne décida qu’ils ne devaient pas rentrer. Ainsi, on a laissé pourrir les Palestiniens de Huj dans la Bande de Gaza, où leurs descendants vivent toujours comme réfugiés.

    Mais la Sderot d’aujourd’hui, écrit l’historien palestinien Walid Khadili, a été construite sur des terres agricoles appartenant à un autre village arabe qui s’appelait Najd, ses 422 habitants musulmans vivant dans 82 maisons, cultivant des agrumes, des bananes et des céréales. Ils ont partagé le même sort que les gens de Huj. Les 12 et 13 mai 1948, la Brigade Negev de l’armée israélienne - une fois encore, selon Morris - les a chassés. Eux aussi furent envoyés en exil à Gaza. Ainsi, le nettoyage ethnique de la Palestine, comme un autre historien israélien, Illan Pappé, le dit crûment, a bien balayé de l’histoire le peuple qui cultivait la terre sur laquelle Sderot serait construite.

    #Palestine #Israël #histoire