person:david graeber

  • David Graeber : « Tous les recoins de nos vies sont envahis par des formulaires » - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2015/10/11/david-graeber-tous-les-recoins-vies-sont-envahis-formulaires-261593

    « C’est le pouvoir qui crée la stupidité. Une étude récente montre que plus vous êtes pauvre, plus vous avez la capacité d’identifier les émotions d’autres personnes. Les riches n’ont aucune idée de ce que les autres peuvent ressentir. Alors que si vous êtes pauvre, vous devez savoir ce que votre patron a en tête !

    Je travaillais dans un restaurant quand j’étais jeune. Quand quelque chose tournait mal, le boss descendait. Nous avions beau lui expliquer ce qui s’était passé, lui ne voulait rien savoir : “Toi, le nouveau, tu as dû merder.” Et ça devenait la ligne officielle.

    Le pouvoir rend aveugle. Cela se voit aussi dans les relations de genres. Dans les comédies des années 50, il y avait souvent des blagues sur le fait que les hommes ne comprenaient pas les femmes. Mais on ne s’est jamais demandé si les femmes avaient des difficultés à comprendre les hommes ! Elles n’avaient pas le choix : dans une structure patriarcale, les femmes doivent consacrer du temps à comprendre ce qui se passe dans la tête du “chef” de famille.

    Le problème n’est pas tant que les procédures bureaucratiques sont intrinsèquement stupides, c’est plutôt qu’elles sont des moyens de gérer des situations qui sont déjà stupides car fondées sur des inégalités sociales qui s’appuient en dernière analyse sur la menace de l’agression physique, sur la violence structurelle. »

  • David Graeber discusses why so many working class Americans vote for the Right.
    https://libcom.org/library/army-altruists-alienated-right-do-good

    Quote:
    You know, education, if you make the most of it, you study hard, you do your homework and you make an effort to be smart, you can do welt. If you don’t, you get stuck in Iraq.
    –Sen. John Kerry (D., Mass.)

    Kerry owes an apology to the many thousands of Americans serving in Iraq, who answered their country’s call because they are patriots and not because of any deficiencies in their education.
    –Sen, John McCain (R., Ariz.)

    In the lead-up to the midterm elections, the Republicans’ single fleeting ray of hope was a botched joke by Senator John Kerry. The joke was obviously aimed at George W. Bush, but they took it to suggest that Kerry thought only those who flunked out of school end up in the military. It was all very disingenuous, Most knew perfectly well that Kerry’s real point was to suggest that the president wasn’t very bright. But the right smelled blood. The problem with “aristo-slackers” like Kerry, wrote one blogger on the website of National Review, is that they assume “the troops are in Iraq not because they are deeply committed to the mission (they need to deny that) but rather because of a system that takes advantage of their lack of social and economic opportunities…. We should clobber them with that ruthlessly until the day of the election–just like we did in ‘04–because it is the most basic reason they deserve to lose.”

    In the end, it didn’t make a lot of difference, because most Americans decided they were not deeply committed to the mission either–insofar as they were even sure what the mission was. But it seems to me the question we should really be asking is: why did it take a military catastrophe (not to mention a strategy of trying to avoid any association with the sort of north-eastern elites Kerry typifies for so many Americans) to allow the Democrats to finally emerge from the political wilderness? Or, in other words: why has this Republican line proved so effective?

    It strikes me that to get at the answer, one has to probe far more deeply into the nature of American society than most commentators are willing to go. We’re used to reducing all such issues to an either/or: patriotism versus opportunity, “values” versus bread-and-butter issues like jobs and education. But I would argue that to frame things this way plays into the hands of the right. Certainly, many people do join the army because they are deprived of opportunities. But the real question to be asking is: opportunities to do what?

  • L’avènement de la #société de #prédation, conséquence du remplacement du #travail de l’homme par la "machine | Revue du Mauss permanente
    http://www.journaldumauss.net/?L-avenement-de-la-societe-de-1217

    Cet article développe trois séries de thèses. La première est que nous allons assister inexorablement et définitivement à un « grand remplacement » du travail humain par les machines et les robots, que ce grand remplacement est déjà bien amorcé et que c’est lui qui explique simultanément l’explosion des #inégalités, la montée du #chômage et celle de la #criminalité. La deuxième soutient que ce premier grand remplacement en engendre un second, le remplacement des activités productives et utiles par ce que David Graeber nomme des « bullshit jobs », traduisons des boulots à la con, des métiers improductifs qui ne servent qu’à assurer le contrôle social. La troisième est qu’il convient de transformer cette malédiction du grand remplacement en une bénédiction de la libération du temps grâce à l’instauration d’un #revenu de base financé par une création monétaire démocratique (une forme de quantitative easing à l’usage du peuple et non des banques). Pour ma part, je ne crois absolument pas en la possibilité d’un financement du revenu de base par la planche à billets, si c’est bien de cela qu’il s’agit in fine. En ce qui concerne la deuxième série de thèses, ll me semble qu’elle souffre d’un usage insuffisamment précis de la notion de travail improductif. En revanche, la première série de thèses m’apparaît malheureusement (ou heureusement ? ) de plus en plus plausible. Or on voit bien l’ampleur des problèmes qu’elle soulève : une grande partie de l’humanité est en passe de devenir inutile, énorme masse d’homme et de femmes « en trop » au regard des normes utilitaristes actuellement régnantes. C’est donc un tout autre monde qu’il s’agit d’inventer. Un monde convivialiste ? A.C.

    #bullshit_jobs

  • Why the Tech Elite Is Getting Behind Universal Basic Income | VICE | United States
    http://www.vice.com/read/something-for-everyone-0000546-v22n1

    As if Silicon Valley hasn’t given us enough already, it may have to start giving us all money. (...) I had been hearing calls for basic income from more predictable sources on the East Coast—followers of the anarchist anthropologist David Graeber and the editors of the socialist magazine Jacobin, among others. The idea certainly has a leftist ring to it: an expansion of the social-welfare system to cover everyone. (...)

    Basic income, it turns out, is in the peculiar class of political notions that can warm Leninist and libertarian hearts alike. Though it’s an essentially low-tech proposal, it appeals to Silicon Valley’s longing for simple, elegant #algorithms to solve everything. Supporters list the possible results: It can end poverty and inequality with hardly any bureaucracy. (...)

    The idea of basic income has been appearing among the tech-bro elite a lot lately. Mega-investor and Netscape creator Marc Andreessen recently told New York magazine that he considers it “a very interesting idea,” and Sam Altman of the boutique incubator Y Combinator calls its implementation an “obvious conclusion.”

    (...) This kind of reasoning has started to find a constituency in Washington. The Cato Institute, Charles Koch’s think tank for corporate-friendly libertarianism, published a series of essays last August debating the pros and cons of basic income. That same week, an article appeared in the Atlantic making a “conservative case for a guaranteed basic income.”

    (...) A basic income designed by venture capitalists in Silicon Valley is more likely to reinforce their power than to strengthen the poor. But a basic income arrived at through the vision and the struggle of those who need it most would help ensure that it meets their needs first.

    #robotisation #travail #revenu_de_base

  • Ces tâches « à la con » qui vident nos métiers de leur intérêt - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2013/09/14/taches-a-con-vident-metiers-interet-245542

    (Entretien avec Béatrice Hibou)

    Si Graeber met le doigt sur un phénomène de plus en plus prégnant, je ne suis pas entièrement d’accord avec lui dans son interprétation. Je ne pense pas qu’il y ait des « boulots à la con » en soi, des boulots que l’on puisse identifier comme « à la con ».

    Ce que l’on observe, c’est que les boulots ont, à des degrés divers, une part de tâches « à la con » si je reprends son vocabulaire, et que cette part devient certainement de plus en plus grande.

    Si on conceptualise ce phénomène en termes de « bureaucratisation », on se rend compte que c’est un phénomène aussi vieux que le capitalisme (ou le socialisme), autrement dit aussi vieux que l’organisation rationnelle de l’économie capitaliste (que le capitalisme soit privé ou d’Etat).

    Les pères de la sociologie et de l’économie politique comme Marx ou Weber l’avaient déjà souligné et en avaient fait un élément central de leurs travaux. Weber rappelait que « capitalisme et bureaucratie se sont rencontrés et sont devenus inséparables » !
    (...)

    Ce qui fait la nouveauté du moment actuel, c’est que la bureaucratie dont il est question aujourd’hui est avant tout une bureaucratie d’entreprise. (C’est pour cela qu’avec des collègues, nous avons intitulé notre livre collectif « La Bureaucratisation néolibérale ».)

    Avec le néolibéralisme, la part des tâches dont on a l’impression qu’elles ne servent à rien – et même plus, dont on a l’impression qu’elles font dévier du « vrai » travail, du sens du métier – s’accroît.

    Et elle s’accroît du fait de cette managérialisation de toutes les activités, du fait de la diffusion de ces formalités issues de la grande entreprise complexe et sophistiquée.

    Or cette organisation nouvelle du travail, qui donne une part importante à des tâches éloignées du métier, est liée à un changement de regard : peu à peu, on n’a plus regardé la productivité à partir du niveau des salaires, mais à partir de l’organisation du travail et de la maîtrise des coûts, et on a intensifié l’usage de la comptabilité.

    Ainsi s’est développé, à côté du métier, l’usage de règles, de procédures de codage, de critères et de normes… qui s’éloignent de la conception purement technique du métier.

    (...)

    L’évolution du capitalisme vers une « efficacité », une « productivité », une « performance » toujours plus grande se fait aujourd’hui à travers des techniques (comptables, d’audit et d’évaluation quantitative) qui donnent le sentiment à un nombre croissant de personnes que leur occupation est « à la con », et qu’elle est en outre « non productive » comme le rappelle Graeber lorsqu’il parle d’inutilité.

    Ce qui constitue le paradoxe, c’est que cette inutilité perçue par un nombre croissant d’employés est considérée par les dirigeants et managers d’entreprises comme l’expression même de l’utilité, de l’efficacité.

    Pour eux, la recherche d’efficacité et de productivité accrues ne peut se faire que par le développement de ces techniques formelles ainsi que du contrôle, de l’évaluation, de l’audit… qui expliquent l’explosion des tâches « à la con », y compris au sein des métiers les plus techniques et qui exigent des compétences très pointues.

    Mais les choses sont plus compliquées et font aussi la part belle à des processus largement imprévus, voire des demandes inconscientes de notre part.

    C’est-à-dire ?

    Je m’explique de façon très concrète : la demande de sécurité – qui devient une obsession de la société toute entière – suscite la mise en place de procédures et de normes, exigeant un travail bureaucratique (ou « travail à la con ») toujours plus prenant.

    Il en va de même pour les attentes de plus grande transparence, par exemple vis-à-vis du système financier : la réponse aux scandales et aux exigences de « moralisation » de la vie économique se traduit par l’explosion de règles, l’invention de nouveaux ratios, de nouveaux critères, de nouvelles procédures à respecter, donc à documenter, à compiler, à comparer, à évaluer…

    On pourrait en dire de même des demandes populaires pour que les responsables rendent des comptes, qui nécessitent la production de dossiers, rapports, évaluation des travaux réalisés, établissements d’indicateurs de performance, ou des demandes des consommateurs d’un label de qualité...

    Chez elle, néanmoins, pas d’analyse conjointe de cette #bureaucratisation_néolibérale et de l’ #informatisation ...

    • Et aussi, il y a bien des boulots à la con « en soi ».

      Par conviction politique, esthétique ou écologique, on peut très bien dire que travailler dans une centrale nucléaire, poser des panneaux JCDecaux, concevoir des bandeaux de publicité web, fabriquer des puces RFID ou même tout autre minipuce d’appareils mobiles, etc, sont des exemples de métiers à la con tout à fait « en soi », absolument inutiles au buen vivir.

      #travail #capitalisme #boulots_inutiles (à ressortir)

    • Traduction du texte de Graeber :
      http://www.lagrottedubarbu.com/2013/08/20/emplois-foirreux-bullshit-jobs-par-david-graeber
      "La réponse n’est clairement pas économique : elle est morale et politique. La classe dirigeante a découvert qu’une population heureuse et productive avec du temps libre est un danger mortel (pensez à ce qui c’est passé lorsque cette prophétie à commencé à se réaliser dans les années 60). Et, d’un autre côté, le sentiment que le travail est une valeur morale en elle même, et que quiconque qui ne se soumet pas à une forme intense de travail pendant leur temps de veille ne mérite rien, est particulièrement pratique pour eux.

      Si quelqu’un avait conçu un plan pour maintenir la puissance du capital financier aux manettes, il est difficile de voir comment ils auraient mieux fait. Les emplois réels, productifs sont sans arrêt écrasés et exploités. Le reste est divisé en deux groupes, entre la strate des sans emplois, universellement vilipendé et une strate plus large de gens qui sont payés à ne rien faire, dans une position qui leur permet de s’identifier aux perspectives et sensibilités de la classe dirigeante (managers, administrateurs, etc.) et particulièrement ses avatars financiers, mais en même temps produit un ressentiment envers quiconque à un travail avec un valeur sociale claire et indéniable. Clairement, le système n’a pas été consciemment conçu, mais a émergé d’un siècle de tentatives et d’échecs. Mais c’est la seule explication pourquoi, malgré nos capacités technologiques, nous ne travaillons pas 3 à 4 heures par jour.

      Quels sont donc ces nouveaux emplois précisément ? Un rapport récent comparant l’emploi aux Etats Unis entre 1910 et 2000 nous en donne une bonne image (et je notes au passage, il en est de même pour le Royaume Uni). Au cours du siècle dernier, le nombre de travailleurs, employés dans l’industrie ou l’agriculture a dramatiquement diminué. Au même moment, les emplois en tant que “professionnels, clercs, managers, vendeurs et employés de l’industrie de service” ont triplés, passant “de un quart à trois quart des employés totaux”. En d’autres mots, les métiers productifs, comme prédit, a pu être largement automatisé (même si vous comptez les employés de l’industrie en Inde et Chine, ce type de travailleurs ne représente pas un pourcentage aussi large qu’avant)

      Mais plutôt que de permettre une réduction massive des heures de travail pour libérer la population mondiale et leur permettre de poursuivre leurs projets, plaisirs, visions et idées, nous avons pu observer le gonflement, non seulement des industries de “service”, mais aussi du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou la poussée sans précédent de secteurs comme les avocats d’affaire, des administrations, ressources humaines ou encore relations public. Et ces chiffres ne prennent pas en compte tous ceux qui assurent un soutien administratif, technique ou sécuritaire à toutes ces industries, voir toutes les autres industries annexes rattachées à celles-ci (les laveurs de chiens, livreurs de pizza ouvert toute la nuit) qui n’existent seulement parceque tout le monde passe tellement de temps au travail.

      C’est ce que je vous propose d’appeler des “Emplois Foirreux” [NDT : pas trouvé de traduction correcte pour Bullshit Jobs - ou emplois merdiaues]

      "

    • Si on conceptualise ce phénomène en termes de « bureaucratisation », on se rend compte que c’est un phénomène aussi vieux que le capitalisme (ou le socialisme), autrement dit aussi vieux que l’organisation rationnelle de l’économie capitaliste (que le capitalisme soit privé ou d’Etat).

      C’est encore quelqu’un qui n’a pas compris ce qu’est le capitalisme : contrairement aux systèmes économiques précédents la raison d’être et la forme pricinpale des échanges économiques dans une société capitaliste ne suit pas le modèle marchandise->argent->marchandise mais adopte la forme argent->marchandise->argent dans la quête d’accumulation d’argent qui se transforme ainsi en capital au lieu de constituer seulement une unité d’échange.

      Quand on a compris cette définition fondamentale on ne peut plus qualifier l’URSS et les autres pays dit du socialisme réel comme des capitalismes d’état. L’argent y servait d’unité d’échange, son accumulation par les échanges de marchandises ne constituait pas leur raison d’être. L’absence de classe capitaliste est un autre élément qui interdit de les qualifier de capitalistes.

      Après, la question si c’étaient vraiment des pays socialistes, communistes ou des dictatures totalitaires est d’un ordre différent. On peut éventuellement parler d’un capitalisme d’état quand chez nous les entreprises nationales sont transformées en sociétés anonymes, quand les dirigeants soviétiques se muent en oligarques, mais là encore c’est une autre question.

      Je le trouve important de préciser ces points parce qu’on essaie souvent de brouiller le regard sur les relations de classe en omettant des éléments essentiels à leur analyse. Cette démarche sert généralement à justifier un pouvoir en place qui est en train de perdre sa crédibilité. C’est le discours du « ... tu vois petit, ailleurs ce n’est pas mieux, on vit dans le meilleur des mondes possibles ... »

      D’ailleurs, j’ai oublié de mentionner que Marx a trouvé une manière scientifique de décrire les boulots à la con : il parle d’aliénation.

      L’aliénation est constituée par le fait que le l’ouvrier-producteur ne contrôle pas le processus de production mais qu’il est réduit à exercer des actes isolés. Pour simplifier on pourrait dire que le capitalisme ne connaît pas de travail qui ne soit pas aliéné / boulot à la con sauf pour les artistes et quelques riches qui ont les moyens de se consacrer librement à leur hobby de recherche scientifique ou de fouilles archéoligiques.

      Qui dit que son travail est vidé de son sens ne fait qu’exprimer le fait que jusqu’il y a peu il appartenait à cette couche de petit-bougeois qui était épargnée, il avait du sursis. Pour les ouvriers l’aliénation faisait toujours partie de leur existence leurs organisations et culture constituant leur stratégie de défense. Maintenant c’est à une partie de plus en plus grande de la société de suivre leur exemple.

      On a dit que le socialisme industrialisé place l’ouvrier dans la même situation d’aliénation. On peut y répondre que tant que la classe ouvrière contrôle le processus de production, le travail industriel sert à préparer sa propre abolition pendant un phase de reprise en mains individuelle et collective des actes de production. Ainsi l’alinéation totale capitaliste est remplacée par une lutte constante pour rendre le travail humain.

      Nous vivons dans une époque où le progrès technique capitaliste dévéloppe surtout des forces déstructrices. Dans la lutte pour une société socialiste le progrès technologique se transforme en source de progrès pour l’humanité.

      #capitalisme #socialisme #communisme #bloc_de_l_est #soviétisme #hacker

    • à klaus++

      Parce qu’il n’y a pas une catégorie minoritaire de la population qui accumule des richesses dans les pays que tu qualifie de « socialisme réel » ?

      Les bureaucraties communistes ont accumulé presque partout des richesses, directement et par la corruption, elles ont confisqué le pouvoir et elles ont réprimé férocement pour conserver le tout.

      Ce n’est pas parce que le capitalisme a bien des graves défauts, et notamment le capitalisme financier qui est maintenant tout puissant et hors de tout contrôle, que le communisme bureaucratique serait devenu beau.

      L’économie marchande a d’ailleurs des intérêts : le dynamisme humain y est moins entravé qu’ailleurs et elle ne nécessite pas de mettre la population sous contrôle stricte pour se reproduire.

      Ton commentaire me ramène 40 ans en arrière. A moins que j’ai mal compris...

    • Tu as mal compris. Le monsieur te dit qu’on ne peut pas à proprement parler de « capitalisme » pour ces sociétés car le capitalisme ce n’est pas le fait d’accumuler des choses (ça ça existe dans d’autres sociétés), mais c’est un type de médiation entre les gens particuliers, basés sur la marchandise, la valorisation et l’argent. Et cette configuration particulière n’existe que dans le capitalisme. Et ce n’est pas lui qui dit « socialisme réel », il a bien marqué « pays dit du socialisme réel ».

      À part ça il y aurait d’autres choses à critiquer quand même :

      Dans la lutte pour une société socialiste le progrès technologique se transforme en source de progrès pour l’humanité.

      Non.

    • @stephane_m Le « socialisme réel » était le terme que nos chers camarades défenseurs du stalinisme est-allemand utilisaient pour se différencier des socialistes ayant une vison plus ouverte qu’eux du projet de société. Manière de dire "voyez, nous on réussit alors arrêtez de faire des rêves d’imbécile et soutenez-nous."

      Le texte initial fait effectivement mention du "capitalisme d’état" des pays de l’Est. C’était á l’époque (entre 1965 et 1989) la position ridicule des maoistes qui suivaient la dénociation du bloc soviétique par Mao après son conflit avec ses anciens alliés. Leur position était ridicule car ils préféraient l’idéologie maoïste, résultat de combats propres aux chinois, à la réflexion scientifique. A la lecture de la phrase j’ai d’abord ri, je n’ai pas voulu croire qu’encore aujourd’hui on soit confronté à ces bêtises, après je me suis décidé à mettre les pendule à l’heure.

      Peut-être mon français n’est pas assez bon, mais je croyais être clair en écrivant " l’URSS et les autres pays dit du socialisme réel" pour exprimer qu’ils se disaient socialistes sans vraiment correspondre à sa définition.

      Pourtant, je dois m’excuser, pour quelqu’un qui n’a pas suivi ces conflits de cinglés c’est parfois difficile à saisir les sous-entendus et références :-)

      A moins que ... le socialisme soit devenu chimère après la fin de l’histoire ?

    • @rastapopoulos Merci pour tes explications. Pourtant j’insiste : si ! C’est en s’appropriant la technologie qu’on la modifie. Résultat : on se débarasse de ses aspects nocifs. C’est un processus dialectique. Bon, j’avoue, je suis un technophile rodé ;-)


      P.S. Sais-tu pour quoi le socialisme va gagner sur le capitalisme ? Parce qu’il produit les plus grosses patates, les plus grands oeufs et les plus grands microprocesseurs. C’est une histoire qu’on se racontait à Berlin-Est, les gens n’étaient pas dupes.

    • Dans le passage du schéma M-A-M à A-M-A’ , il y a un double renversement dans la perspective proposée par Marx : d’une part il s’agit de « remettre sur pied » le ressort de la production de marchandise. Ce qui l’anime, c’est bien l’accumulation tautologique de la part abstraite et non la circulation de ses formes concrètes. Mais d’autre part, le point de vue change : c’est n’est plus du point de vue d’une marchandise particulière (ou d’un travail particulier) que le procès est saisi, mais selon une totalité (l’ensemble des travaux et de leurs produits). L’argent n’y est qu’une forme phénoménale qui exprime le mouvement de cette totalité. D’autres phénomènes peuvent s’y substituer si l’on se contente de décréter l’abolition de l’argent en maintenant le rôle médiatisant du travail. En ce sens, les « socialismes réellement existant » sont bel et bien des capitalismes. C’est d’ailleurs parce qu’il s’agissait de capitalismes sous-productifs qui ne pouvaient s’aligner sur la compétition mondiale qu’ils se sont effondrés. Les sociétés du bloc de l’est ne pouvaient plus se reproduire car elles ne pouvaient plus accumuler de travail humain au niveau de productivité requis par la compétition mondiale. L’URSS n’était pas un pays sur une autre planète mais un des compétiteurs au sein d’un système capitaliste globalisé.

      Le « socialisme réellement existant » est donc bien un capitalisme (= une forme de synthèse sociale médiatisée par le travail producteur de marchandises, ce qui est exprimé par la formule A-M-A’). Il n’est même pas la peine de préciser « d’État » car, dans le capitalisme, l’État est le présupposé et le produit de cette synthèse (qu’il soit libéral, keynésien, fasciste, autogestionnaire n’y change rien à l’affaire)

    • à klauss+++ : j’ai du mal à comprendre qu’on puisse écrire une phrase pareille :

      On a dit que le socialisme industrialisé place l’ouvrier dans la même situation d’aliénation. On peut y répondre que tant que la classe ouvrière contrôle le processus de production, le travail industriel sert à préparer sa propre abolition pendant un phase de reprise en mains individuelle et collective des actes de production. Ainsi l’aliénation totale capitaliste est remplacée par une lutte constante pour rendre le travail humain.

      Les ouvriers dans les régimes communistes ont été souvent aussi exploités qu’ailleurs, quand ce n’était pas pire. Parce que les médias étaient sous contrôle et qu’il n’y avait pas de contre pouvoirs syndicaux ou autres (les syndicats étant des émanations des pouvoirs en place). En URSS des zek, des gens emprisonnés (parfois pour raisons purement idéologiques), ont été condamnés au travail forcé pour construire les infrastructures.

      Le seul réel point positif des régimes communistes selon moi a été l’investissement dans l’éducation à grande échelle. Mais cela n’a pas suffi à garantir un développement suffisant de la science et de l’innovation dans ces pays.

      La médiatisation des échanges par l’argent c’est quand même bien utile. Autant on peut souhaiter au niveau local, le développement des échanges conviviaux de services et de biens qui échappent aux échanges marchands (phénomène favorisé par la communication par Internet). Autant une généralisation du troc à tous les échanges, n’est ni envisageable ni souhaitable, parce que cela serait une régression économique insupportable.

      à ktche :

      Que la force de travail produise davantage que sa propre reproduction, c’est la production d’un surplus, c’est ce qui permet la production d’outils, l’investissement, et à terme une croissance de la productivité du travail humain [c’est l’échange A-marchandise force de travail-A’]. C’est bien.
      Le problème c’est le contrôle, la régulation, de qui s’approprie ce surplus . Actuellement il va essentiellement aux gros actionnaires des grands groupes, des grandes banques et grands établissements financiers.

      à RastaPopoulos
      Je préfère vous vouvoyer, le respect fait partie de ma conception de l’échange d’idées (échange non marchand ... ;-) ).

    • Que la force de travail produise davantage que sa propre reproduction, c’est la production d’un surplus

      Distinguer ce qui est nécessaire de ce qui est excédentaire est déjà le produit d’une forme particulière de synthèse sociale, une façon inconsciente de s’accorder avec les contraintes imposées par la reproduction du capital qui est la voie unique de la reproduction de la société (capitaliste). Cette contrainte est à la fois le produit d’une façon de faire qui n’a pas de nécessité naturelle, mais aussi un facteur bien réel qui pèse ici et maintenant

      c’est ce qui permet la production d’outils, l’investissement, et à terme une croissance de la productivité du travail humain

      Dans le capitalisme, ce mouvement tourne sur lui-même, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’échappatoire en son sein pour décider (ou même constater) qu’un but souhaitable a été atteint à un moment ou un autre et qu’on peut se consacrer à autre chose. Pour sortir de ce mouvement, il faut qu’il soit lui-même aboli

      c’est bien

      ah bon ?

    • @ktche merci pour l’idée intéressante. J’ai pourtant des doutes si elle tient debout.

      D’autres phénomènes peuvent s’y substituer si l’on se contente de décréter l’abolition de l’argent en maintenant le rôle médiatisant du travail. En ce sens, les « socialismes réellement existant » sont bel et bien des capitalismes. C’est d’ailleurs parce qu’il s’agissait de capitalismes sous-productifs qui ne pouvaient s’aligner sur la compétition mondiale qu’ils se sont effondrés.

      J’essaie de comprendre : qu’est-ce qui se substitue à quoi précisément ? La morale à la valeur ?

      Qu’est-ce la définition du capitalisme sinon la combinaison du droit à la propriété privée en combinaison avec le droit d’exproprier les producteurs afin d’agrandir son capital personnel ?

      L’URSS n’était pas un pays sur une autre planète mais un des compétiteurs au sein d’un système capitaliste globalisé.

      Je ne vois pas le bien-fondé de la déduction. Explication ?

      P.S. Voici une autre blague est-allemande : Qu’est-ce qu’est le capitalisme ? C’est l’exploitation de l’Homme par l’Homme. Et le socialisme ? C’est exactement le contraire.

    • Je ne vois pas le rapport entre le vouvoiement et le respect. On est pas dans une relation universitaire, de hiérarchie, ou je ne sais quoi, on est juste sur un forum internet informel. :D

      Bon, à partir là, il y aurait tellement de choses à tout réexpliquer, de ce qu’est le capitalisme, la marchandise, l’argent, de pourquoi le troc n’a absolument rien à voir là-dedans (mythe pourtant dégommé encore récemment par David Graeber, quelques soient les autres critiques qu’on peut lui faire), de pourquoi le problème n’est pas juste la financiarisation, la redistribution ou les méchants banquiers, etc. C’est ça qui est compliqué avec les stéréotypes, c’est qu’on peut les sortir en deux phrases mais qu’il faudrait 15 pages pour les critiquer une énième fois. :)

      Une introduction possible en français ici http://seenthis.net/messages/326988

    • à ktche,

      Le surplus c’est, dans une société donnée, le temps humain qui reste disponible une fois qu’on a produit ce qui est nécessaire à la vie humaine de base de tous les individus de la société.

      Le surplus existe dans n’importe quelle société. On peut l’utiliser comme temps récréatif, de palabre ou de repos, pour des danses ou des cérémonies religieuses, pour fabriquer des flèches en silex, pour découvrir le feu, pour produire les dons au chef, ou la dîme, ou les impôts féodaux, pour construire des machines, pour payer des taux d’intérêts, des dividendes, pour être accaparé à travers les salaires des haut managers, ou être rassemblé sous forme d’impôt qui sert, soit à grassement payer une classe politique incompétente et dévoyée, soit à construire des écoles et des universités ...

      Pour moi qu’il y ait une incitation à accroitre la productivité du travail et donc le surplus* (ce qui est le cas en système capitaliste), c’est bien. Mais ce qui est moins bien c’est qu’il n’y a plus de contrôle social réel sur ce que devient ce surplus et comment et qui l’utilise.

      * le surplus peut être du temps libre.

    • à RastaPopoulos,

      J’ai lu Marx, et beaucoup d’économistes de divers courants.
      Il faut différentier l’échange marchand et monétaire qui a existé bien avant la généralisation du raport salarial qui est la marque du capitalisme.

      J’ai lu cet article de David Graeber. Pourquoi ne considère-t-il pas qu’une bonne partie des « emplois foireux » sont du travail de captation et de contrôle du surplus au profit des classes dominantes (gros actionnaires, haut managers, banque et finance) ? C’est le cas d’une partie des emplois administratifs, des RH, des avocats d’affaires, des communicants et d’une bonne partie des journalistes aussi !

      J’ai écouté le début de la vidéo et je ne suis pas d’accord avec ce qui est dit dans cette « Conférence des amis du Monde Diplomatique ». C’est très long je m’excuse de n’avoir pas le temps de tout écouter ...

      Personnellement je ne récuse pas « tout le capitalisme ».

      La part du capitalisme qui permet l’initiative humaine me parait devoir être conservée. Tous les régimes qui ont visé à un égalitarisme absolu on été contraints de tuer la liberté des individu par un contrôle policier épouvantable. Je préfère un peu moins d’égalitarisme et un peu plus de liberté et de capacité d’initiative.

      La part du capitalisme qui incite à accroître le surplus dans une société est pour moi positive.

      Par contre il faut trouver les moyens d’un contrôle démocratique sur qui s’approprie quelle part du surplus et pourquoi faire, et quelle part du surplus doit être mutualisée et utilisée collectivement.

      Ce n’est pas que je manque de connaissance ...comme vous l’insinuez en cherchant un prendre un ascendant, c’est que je ne suis pas d’accord avec vous ! ;-))

      Bonne journée à tous

    • Dans le mode de production capitaliste, le surplus ne peut pas être du temps libre car ce qui « motorise » le capitalisme, c’est la transformation de travail productif en toujours plus de travail productif. Si une marge de temps « disponible » est dégagée, soit elle est réinvestie dans le procès de production pour que la société capitaliste se reproduise, soit elle apparait sous une forme non pas « libre » mais superflue, c’est-à-dire inemployable. Le surplus dans le capitalisme, c’est soit plus de travail soit plus de chômage (en fait, au niveau de la totalité, ce sont les deux à la fois). Toute tentative de « répartir » se traduit par le fait que le travail devient globalement non rentable et qu’il est purement et simplement dissout (alors même qu’il demeure la condition impérative pour chacun d’entre nous d’assurer notre subsistance ici et maintenant)

    • J’essaie de comprendre : qu’est-ce qui se substitue à quoi précisément ?

      Si l’argent est aboli mais que le travail producteur de marchandises reste le médiateur de la synthèse sociale, alors un autre phénomène va émerger pour le remplacer sans que cela enraye la dynamique sous-jacente ; Par exemple, on peut voir se mettre en place des systèmes de « bons de travail ». Ou bien encore le troc peut prendre une place importante (et toujours après l’apparition de l’argent, jamais avant) si l’argent fait défaut (ce fut le cas d’une partie du commerce internationale de l’URSS, par exemple)

      Qu’est-ce la définition du capitalisme sinon la combinaison du droit à la propriété privée en combinaison avec le droit d’exproprier les producteurs afin d’agrandir son capital personnel ?

      Ce n’est pas la définition que j’emploie pour caractériser le capitalisme. Il s’agirait plutôt là d’une de ses configurations historiques, ou bien encore d’une série de phénomènes certes non contingents mais superficiels. Cela reviendrait à définir une étoile comme étant ce qui lance des rayons lumineux. Ça correspond éventuellement à ce qu’on peut observer à un moment donné de son cycle de vie, mais cela ne nous dit rien sur ce qui l’anime intérieurement et permet d’en expliquer la trajectoire ou les transformations. (bien sur loin de moi l’idée de faire l’histoire des sociétés capitalistes à partir d’une loi naturelle , je prend juste une image pour illustrer mon point de vue)

    • Ça correspond éventuellement à ce qu’on peut observer à un moment donné de son cycle de vie

      Si on relativise tout parce que dans le grand contexte tout est éphémère il n’y a plus de méthode. Byebye le matérialisme scientifique et toute autre approche raisonnée. Ça nous mène où ?

      Dans ces pays « socialistes » on pouvait constater l’absence d’une processus d’échanges entre particuliers dans le but de transformer du capital en davantage de capital par l’exploitation des travailleurs. C’était d’ailleurs fait exprès. L’état soviétique ne remplacait pas ces capitalistes et ne suivait pas une logique d’accumulation de capital comme une fin en soi. L’accumulation de valeurs n’a d’ailleurs rien de capitaliste, elle est propre à chaque société ayant dépassé le stade primitif.

      Ceci n’est pas en contradiction avec l’existence d’injustices et de crimes contre l’humanité. A mon avis ces pays ne méritaient pas qu’on les appelle socialistes. Pourtant ils avaient conservé, comme la Chine entre 1949 et le milieu dees années 1980, les éléments essentiels de l’économie socialiste et n’étaient plus des pays capitalistes. Ils n’étaient surtout pas communistes parce que leur niveau de productivité était trop basse et la guerre constante avec le monde capitaliste empêchait une redistribution équitable les fruit de l’effort collectif. Sous ces condition leur système politico-économique ressemblait à une sorte de féodalisme socialiste. Il serait d’ailleurs intéressant d’analyser la société lybienne sous Khaddafi pour trouver jusqu’où allaient les ressemblances avec les pays de l’Est et la Chine.

      Encore - pourquoi est-il utile de poser ces questions ? Il est nécessaire de se forger des outils de combat pour éviter la confusion et les méprises qui constituent un danger très concrèt. Il ne s’agit pas d’une discussion académique qui s’intéresse aux phénomènes d’un état défunt mais de la mise au point d’une démarche actuelle.

      Pour le dire encore plus simplement : à moins d’être anarchiste primaire il faut réfléchir sur les qualité d’un état socialiste digne de ce nom. Il faut avoir où on en veut arriver. Ne pas tomber dans le piège du capitalisme d’état en fait partie.

    • Si l’argent est aboli mais que le travail producteur de marchandises reste le médiateur de la synthèse sociale, alors un autre phénomène va émerger pour le remplacer sans que cela enraye la dynamique sous-jacente ; Par exemple, on peut voir se mettre en place des systèmes de « bons de travail ».

      Justement ce n’est pas la question. Peu importe sa forme concrète le capital « veut » s’accumuler en s’appropriant la plus value / le profit. Ce n’était pas le cas dans l’économie des pays de l’Est. Le but économique de ces société était bien sûr l’accumulation du produit du travail de ses citoyens.

      Pourtant la raison de cette accumulation n’était pas la même que dans les pays capitalistes. Dans contexte du « socialisme » le capital avait perdu son côté fétiche et suivait une logique d’accumulation qu’on connaît de son budget familial : quand on va économiquement bien, on met une petite somme de côté tous les mois pour pouvoir se payer quelque chose de cher plus tard.

      L’économie capitaliste ne fonctionne pas comme ca. Le capitaliste emprunte du capital pour réaliser un profit. Le meilleur exemple est l’effet de levier décrit ici :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_de_levier

      Cette manière de penser était étrangère aux économistes « socialistes ». Au fond leur système économique était ni expansionniste ni agressif. C’est un aspect de ces sociétés qui est masqué par le désir de pouvoir de ses dirigeants et par le fait que les états qui se rencontrent sur la scène internationale y ressemblent toujours à des bandes de voyous.

    • Dans ces pays « socialistes » on pouvait constater l’absence d’une processus d’échanges entre particuliers dans le but de transformer du capital en davantage de capital par l’exploitation des travailleurs.

      Dans les pays « socialistes », l’État définissait un plan économique et passait donc « commande » à la société pour réaliser ce plan. Les entreprises (ou des entités au sein d’une même entreprise) qui répondaient à ces commandes étaient durement mises en concurrence les unes avec les autres. Dans ce procès, c’était bien l’extraction (plus ou moins réussie) de plus-value au dépend des travailleurs qui permettaient aux entreprises de sortir gagnante ou perdante.

      Les bureaucraties sont le résultat « nécessaire » du pilotage (souvent illusoire) de ce plan où les entités productrices restent en concurrence et sont jaugées sur leur capacité à faire émerger une meilleure productivité (c’est-à-dire un meilleur ratio entre la quantité de marchandise produite et la quantité abstraite de temps de travail consacrée à cette production)

      Non seulement, le capital n’était pas aboli dans ces formes apparentes « fonctionnelles » (il y avait bel et bien des banques d’investissement, par exemple) mais ce qui en fait la substance même, c’est-à-dire l’accumulation de travail était même glorifié.

    • Non seulement, le capital n’était pas aboli dans ces formes apparentes « fonctionnelles » (il y avait bel et bien des banques d’investissement, par exemple) mais ce qui en fait la substance même, c’est-à-dire l’accumulation de travail était même glorifié.

      A ce sujet : https://seenthis.net/messages/624575

      [...] si l’URSS n’était pas « socialiste », cela n’était pas donc dû seulement à la dictature d’une couche de bureaucrates, comme l’affirmait la gauche anti-stalinienne qui en opposant à l’Etat la forme-conseil et bientôt l’« autogestion » des entreprises, laissait intacte et hors de portée l’ontologie capitaliste qu’elle ne cessait à son tour, d’affirmer positivement. La véritable raison du caractère non socialiste de l’URSS en était que les catégories centrales du capitalisme – marchandise, valeur, travail, argent – n’y étaient pas du tout abolies. On prétendait seulement les gérer « mieux », au « service des travailleurs ». Ainsi en 1989-1991, ce n’était pas une « alternative » au système capitaliste qui s’était écroulée, mais le « maillon le plus faible » de ce système même.

  • « L’anarchisme, dans les comptes rendus classiques, est habituellement présenté comme le parent pauvre du marxisme, théoriquement un peu boiteux, mais compensant peut-être l’intelligence par la passion et la sincérité. »

    David Graeber, Pour une anthropologie anarchiste

  • David Graeber pour un communisme au quotidien | Le Comptoir
    http://comptoir.org/2014/12/11/david-graeber-pour-un-communisme-au-quotidien

    Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la logique de l’échange marchand est parvenue à s’introduire jusque dans la pensée de ses adversaires les plus résolus, à commencer par l’anthropologie du don. Faire un don revient bel et bien à créer une dette qui obligera celui qui a reçu à rendre. Pour David Graeber, cette logique de l’échange réciproque ne permet pas d’expliquer à elle seule l’ensemble de la vie sociale. L’un des principes moraux qui échappe à la logique de l’échange est ce qu’il appelle le communisme, mais qui n’a pas grand-chose à voir avec la dictature du prolétariat ou la nationalisation des moyens de production. Il s’agit plutôt des comportements humains qui obéissent au principe « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». Dans ce cadre, nous agissons d’une manière désintéressée, sans nous demander si nous y trouvons forcément notre compte. L’anthropologue soutient que tout le monde agit en communiste une bonne partie de son temps, même s’il reconnaît qu’une société organisée exclusivement sur ce principe ne pourra jamais exister.

    « L’obligation de partager les denrées alimentaires et tout produit que l’on juge de première nécessité devient souvent le fondement de la morale quotidienne dans une société dont les membres se perçoivent comme égaux. » David Graeber

    Au nom de l’efficacité, les entreprises capitalistes fonctionnent d’ailleurs elles-mêmes partiellement sur ce principe. Quand une canalisation s’est rompue et que celui qui la répare réclame une clé anglaise, son collègue ne lui demandera pas « Qu’est-ce que j’aurai en échange ? » mais s’exécutera, même s’ils travaillent pour Burger King ou Goldman Sachs. C’est également ce qui se passe au lendemain de grands désastres, qu’il s’agisse d’une inondation, d’une panne d’électricité géante ou d’un effondrement de l’économie. Dans ces circonstances extraordinaires, l’entraide prévaut sur les hiérarchies et les marchés, les étrangers deviennent soudain frères et sœurs et la société humaine semble renaître. Un grand nombre de nos comportements sont d’ailleurs déterminés par ce communisme au quotidien, qui constitue le fondement de toute sociabilité humaine. Quand nous échangeons dans une conversation, quand nous demandons une cigarette, quand nous aidons quelqu’un en train de se noyer ou un enfant qui tombe sur les rails du métro, nous ne nous posons pas la question de savoir si cela est dans notre intérêt. C’est ce que David Graeber appelle le « communisme fondamental » : si le besoin est jugé assez important ou le coût assez raisonnable, chacun suppose qu’entre des gens qui ne se considèrent pas comme des ennemis, le principe « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » l’emportera.

    La notion de partage joue un rôle essentiel dans le communisme. Tout fumeur sait à quel point il est difficile de refuser une demande de cigarette dès lors qu’on a été identifié comme appartenant le partage sauvera le mondeà la communauté des fumeurs. En cela, nous ne sommes pas très éloignés des tribus Nuers de la haute vallée du Nil, pour qui il était impossible de rejeter une demande de n’importe quel article de consommation courante lorsqu’elle venait de quelqu’un qui avait été accepté comme membre du clan. Le communisme échappe fondamentalement à la logique de l’échange parce qu’il ne fonctionne pas sur le mode de la #réciprocité. La seule chose qui est égale, c’est la certitude que l’autre en ferait autant pour vous, sans forcément l’attendre. Dans un cadre où personne ne cherche à savoir s’il a reçu autant qu’il a donné, l’idée même de compter paraîtrait blessante.

    #logique_du_don #gratuité #marchandisation

  • Vers une société de « jobs à la con » ? - Libération
    http://www.liberation.fr/societe/2013/08/28/y-a-t-il-un-phenomene-des-jobs-a-la-con_927711

    En introduction, David Graeber cite Keynes, qui, en 1930, prédisait que les avancées technologiques permettraient d’ici la fin du XXe siècle de réduire le #temps de #travail hebdomadaire à 15 heures par semaine. Pourtant, si la #robotisation du travail a bien eu lieu dans de nombreux secteurs, « la #technologie a été manipulée pour trouver des moyens de nous faire travailler plus », énonce Graeber. « Pour y arriver, des emplois ont dû être créés et qui sont par définition, inutiles », explique-t-il, donnant en exemple « le gonflement, non seulement des industries de service, mais aussi du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou la croissance sans précédent de secteurs comme le droit des affaires, les administrations, ressources humaines ou encore relations publiques ». Et Graeber de conclure : « C’est comme si quelqu’un inventait tout un tas d’emplois inutiles pour continuer à nous faire travailler. »

  • From Occupy Wall Street to Occupy Central: The Case of Hong Kong | The Los Angeles Review of Books, by David Graeber & Yuk Hui (14/10/2014)
    https://lareviewofbooks.org/essay/occupy-central-the-case-of-hong-kong

    Sometimes it seems as if every time #Occupy has been declared dead in one place, it crops up somewhere else. From Nigeria to Turkey, Brazil to Bosnia, and most recently, now, #Hongkong, where a sudden and unexpected revival of “Occupy Central” — the movement that set up camp on the ground floor of the HSBC headquarter in Central in 2011 in solidarity with the occupation of Zuccotti Park in New York — has paralyzed the city for over a week.

    This is not just a change of language or tactics by those engaged in social protest. 2011 marked a moment where the very notion of what it means to organize a democratic revolution permanently changed.

    (…) there has been a revolution is the transformation of political common sense, then the movement we are seeing today marks a genuine watershed. While its tactics and demands may often look superficially similar to older movements, the notion of democracy, and government, have by now been so decisively severed from one another that even those ostensibly protesting for the creation of institutions of representative government are adopting anarchist tactics, sensibilities, and modes of organizing.

  • Occupy Democracy is not considered newsworthy. It should be | David Graeber | Comment is free | theguardian.com
    http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/oct/27/occupy-democracy-london-parliament-square?CMP=share_btn_tw

    There was no plan to turn this into a permanent tent city, which are now explicitly illegal. True, this law is very selectively enforced; Metropolitan police regularly react with a wink and a smile if citizens camp on the street while queuing overnight for the latest iPhone. But to do it in furtherance of democratic expression is absolutely forbidden.

    #monde_libre

  • Pourquoi le monde ignore-t-il les Kurdes révolutionnaires en Syrie ?

    David Graeber

    http://lavoiedujaguar.net/Pourquoi-le-monde-ignore-t-il-les

    Au sein de la zone où se déroule la guerre de Syrie, une expérience démocratique est en train de se faire écraser par l’État islamique. Que le reste du monde n’en soit pas conscient est un scandale.

    La région autonome du Rojava, telle qu’elle existe aujourd’hui, est l’un des rares points lumineux — même très lumineux — issus de la tragédie de la révolution syrienne. Après avoir chassé les agents du régime d’Assad en 2011 et malgré l’hostilité de la quasi-totalité de ses voisins, le Rojava a non seulement maintenu son indépendance mais développe une expérience démocratique remarquable. Des assemblées populaires ont été créées comme organe absolu de prise de décisions, des conseils ont été choisis soigneusement en tenant compte de l’équilibre ethnique (dans chaque commune, par exemple, les trois responsables principaux doivent inclure un Kurde, un Arabe et un chrétien assyrien ou arménien, et au moins un des trois doit être une femme), il y a des conseils de femmes et de jeunes, et, en écho remarquable au mouvement Mujeres Libres (Femmes libres) d’Espagne, la milice « YJA Star » (l’Union des femmes libres, le star fait ici référence à la déesse mésopotamienne Ishtar), une armée de femmes qui a effectué une grande partie des opérations de combat contre les forces de l’État islamique. (...)

    #Kobané #résistance #solidarité #Kurdistan

  • Why is the world ignoring the revolutionary Kurds in Syria? | David Graeber | Comment is free | theguardian.com

    http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/oct/08/why-world-ignoring-revolutionary-kurds-syria-isis?CMP=twt_gu

    Why is the world ignoring the revolutionary Kurds in Syria?
    Amid the Syrian warzone a democratic experiment is being stamped into the ground by Isis. That the wider world is unaware is a scandal

    #syrie #kurdistan #is #kurdes

  • David Graeber: “Spotlight on the financial sector did make apparent just how bizarrely skewed our economy is in terms of who gets rewarded” | Thomas Frank 2014-06-01

    David Graeber explains why the more your job helps others, the less you get paid

    http://www.salon.com/2014/06/01/help_us_thomas_piketty_the_1s_sick_and_twisted_new_scheme

    [...]

    Well, the casual explanation is always consumerism. The idea is always that given the choice between four-hour days, and nine or ten-hour days with SUVs, iPhones and eight varieties of designer sushi, we all collectively decided free time wasn’t really worth it. This also ties into the “service economy” argument, that nobody wants to cook or clean or fix or even brew their own coffee any more, so all the new employment is in maintaining an infrastructure for people to just pop over to the food court, or Starbucks, on their way to or from work. So, sure, a lot of this is just taken as common sense if you do raise the issue to someone who doesn’t think about it very much. But it’s also obviously not much of an explanation.

    [...]

    I have a lot of friends who grew up in the USSR, or Yugoslavia, who describe what it was like. You get up. You buy the paper. You go to work. You read the paper. Then maybe a little work, and a long lunch, including a visit to the public bath… If you think about it in that light, it makes the achievements of the socialist bloc seem pretty impressive: a country like Russia managed to go from a backwater to a major world power with everyone working maybe on average four or five hours a day. But the problem is they couldn’t take credit for it. They had to pretend it was a problem, “the problem of absenteeism,” or whatever, because of course work was considered the ultimate moral virtue. They couldn’t take credit for the great social benefit they actually provided. Which is, incidentally, the reason that workers in socialist countries had no idea what they were getting into when they accepted the idea of introducing capitalist-style work discipline. “What, we have to ask permission to go to the bathroom?” It seemed just as totalitarian to them as accepting a Soviet-style police state would have been to us.

    [...]

    When I talk about bullshit jobs, I mean, the kind of jobs that even those who work them feel do not really need to exist. A lot of them are made-up middle management, you know, I’m the “East Coast strategic vision coordinator” for some big firm, which basically means you spend all your time at meetings or forming teams that then send reports to one another. Or someone who works in an industry that they feel doesn’t need to exist, like most of the corporate lawyers I know, or telemarketers, or lobbyists…. Just think of when you walk into a hospital, how half the employees never seem to do anything for sick people, but are just filling out insurance forms and sending information to each other. Some of that work obviously does need to be done, but for the most part, everyone working there knows what really needs to get done and that the remaining 90 percent of what they do is bullshit.

    [...]

    The concept of bullshit jobs seems very convincing and even obvious to me–I used to work as a temp, I saw this stuff first-hand–but others might pull market populism on you and say, who are you to declare someone’s else’s job to be bullshit, Mr. Graeber? You must think you’re better than the rest of us or something.

    Well, I keep emphasizing: I’m not here to tell anybody who thinks their job is valuable that they’re deluded. I’m just saying if people secretly believe their job doesn’t need to exist, they’re probably right. The arrogant ones are the ones who think they know better, who believe that there are workers out there so stupid they don’t understand the true meaning of what they do every day, don’t realize it really isn’t necessary, or think that workers who believe they’re in bullshit jobs have such an exaggerated sense of self-importance that they think they should be doing something else and therefore dismiss the importance of their own work as not good enough. I hear a lot of that. Those people are the arrogant ones.
    [...]

    I think the spotlight on the financial sector did make apparent just how bizarrely skewed our economy is in terms of who gets rewarded and for what. There was this pall of mystification cast over everything pertaining to that sector—we were told, this is all so very complicated, you couldn’t possibly understand, it’s really very advanced science, you know, they are coming up with trading programs so complicated only astro-physicists can understand them, that sort of thing. We just had to take their word that, somehow, this was creating value in ways our simple little heads couldn’t possibly get around. Then after the crash we realized a lot of this stuff was not just scams, but pretty simple-minded scams, like taking bets you couldn’t possibly pay if you lost and just figuring the government would bail you out if you did. These guys weren’t creating value of any kind. They were making the world worse and getting paid insane amounts of money for it.

    Suddenly it became possible to see that if there’s a rule, it’s that the more obviously your work benefits others, the less you’re paid for it. CEOs and financial consultants that are actually making other people’s lives worse were paid millions, useless paper-pushers got handsomely compensated, people fulfilling obviously useful functions like taking care of the sick or teaching children or repairing broken heating systems or picking vegetables were the least rewarded.
    But another curious thing that happened after the crash is that people came to see these arrangements as basically justified. You started hearing people say, “well, of course I deserve to be paid more, because I do miserable and alienating work” – by which they meant not that they were forced to go into the sewers or package fish, but exactly the opposite—that they didn’t get to do work that had some obvious social benefit. I’m not sure exactly how it happened. But it’s becoming something of a trend. I saw a very interesting blog by someone named Geoff Shullenberger recently that pointed out that in many companies, there’s now an assumption that if there’s work that anyone might want to do for any reason other than the money, any work that is seen as having intrinsic merit in itself, they assume they shouldn’t have to pay for it.

    [..]

    What I ended up concluding is that working class people hate the cultural elite more than they do the economic elite—and mind you, they don’t like the economic elite very much. But they hate the cultural elite because they see them as a group of people who have grabbed all the jobs where one gets paid to do good in the world. If you want a career pursuing any form of value other than monetary value—if you want to work in journalism, and pursue truth, or in the arts, and pursue beauty, or in some charity or international NGO or the UN, and pursue social justice—well, even assuming you can acquire the requisite degrees, for the first few years they won’t even pay you.

    [...]

    So the right wing manipulates the resentment of the bulk of the working class from being able to dedicate their lives to anything purely noble or altruistic. But at the same time—and here’s the real evil genius of right-wing populism—they also manipulate the resentment of that portion of the middle classes trapped in bullshit jobs against the bulk of the working classes, who at least get to do productive work of obvious social benefit. Think about all the popular uproar about school teachers. There’s this endless campaign of vilification against teachers, who they say are overpaid, coddled, and are blamed for everything wrong with our education system.

    [...]

    But I don’t think we can solve the problem by mass individual defection. Or some kind of spiritual awakening. That’s what a lot of people tried in the ‘60s and the result was a savage counter-offensive which made the situation even worse. I think we need to attack the core of the problem, which is that we have an economic system that, by its very nature, will always reward people who make other people’s lives worse and punish those who make them better. I’m thinking of a labor movement, but one very different than the kind we’ve already seen. A labor movement that manages to finally ditch all traces of the ideology that says that work is a value in itself, but rather redefines labor as caring for other people. I think we saw the first stirrings of that kind of movement during Occupy.

    [...]

    Demographically it was a very telling. Maybe 80% of them were women. And even those who were men were mostly in caring professions: health care, social services, education. And the complaints were surprisingly uniform: basically they were all saying, “I want to do something with my life that actually benefits others; but if I go into a line of work where I care for other people, they pay me so little, and they put so much in debt, that I can’t even take care of my own family! This is ridiculous!”

    [...]

    David Graber chez seenthis:
    http://seenthis.net/recherche?lang=de&recherche=David+Graeber

    #travail #altruisme #salaire #exploitation

  • Pourquoi David Graeber soutient le revenu de base
    http://revenudebase.info/2014/05/06/david-graeber-bureaucratie

    Un autre exemple que je donne toujours celui de John Lennon. Pourquoi il n’y a plus de nouveaux groupes surprenants en Angleterre ? Depuis les années 60, nous avions l’habitude de voir émerger tout les cinq ans, 10 ans, un groupe incroyable. Que s’est-il passé ? J’ai posé cette question à beaucoup d’amis, et ils m’ont tous répondu : c’est parce que les politiques ont mis en miette les allocations chômage. Car en fait, tous ces génies étaient au chômage. À l’époque, être « Rock & Roll » signifiait dans le jargon londonien vivre de l’assistance chômage. Bref, si vous donnez de l’argent aux enfants de la classe ouvrière, un certain nombre d’entre eux forment des groupes, et quelques-uns seront fabuleux, et ca profitera 1.000 fois plus au pays que tout ce que ces enfants auraient fait s’ils avaient du (...)

  • The truth is out: money is just an IOU, and the banks are rolling in it | David Graeber | Comment is free | theguardian.com
    http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/mar/18/truth-money-iou-bank-of-england-austerity

    Back in the 1930s, Henry Ford is supposed to have remarked that it was a good thing that most Americans didn’t know how banking really works, because if they did, “there’d be a revolution before tomorrow morning”.

    Last week, something remarkable happened. The Bank of England let the cat out of the bag. In a paper called “Money Creation in the Modern Economy”, co-authored by three economists from the Bank’s Monetary Analysis Directorate, they stated outright that most common assumptions of how banking works are simply wrong, and that the kind of populist, heterodox positions more ordinarily associated with groups such as Occupy Wall Street are correct. In doing so, they have effectively thrown the entire theoretical basis for austerity out of the window.

  • The truth is out: money is just an IOU, and the banks are rolling in it | David Graeber | Comment | The Guardian
    http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/mar/18/truth-money-iou-bank-of-england-austerity

    Back in the 1930s, Henry Ford is supposed to have remarked that it was a good thing that most Americans didn’t know how banking really works, because if they did, “there’d be a revolution before tomorrow morning”.

    Last week, something remarkable happened. The Bank of England let the cat out of the bag. In a paper called “Money Creation in the Modern Economy”, co-authored by three economists from the Bank’s Monetary Analysis Directorate, they stated outright that most common assumptions of how banking works are simply wrong, and that the kind of populist, heterodox positions more ordinarily associated with groups such as Occupy Wall Street are correct. In doing so, they have effectively thrown the entire theoretical basis for austerity out of the window.
    (…)
    Why did the Bank of England suddenly admit all this? Well, one reason is because it’s obviously true. The Bank’s job is to actually run the system, and of late, the system has not been running especially well. It’s possible that it decided that maintaining the fantasy-land version of economics that has proved so convenient to the rich is simply a luxury it can no longer afford.

    But politically, this is taking an enormous risk. Just consider what might happen if mortgage holders realised the money the bank lent them is not, really, the life savings of some thrifty pensioner, but something the bank just whisked into existence through its possession of a magic wand which we, the public, handed over to it.

    Historically, the Bank of England has tended to be a bellwether, staking out seeming radical positions that ultimately become new orthodoxies. If that’s what’s happening here, we might soon be in a position to learn if Henry Ford was right.

    Note: #IOU, juste à lire phonétiquement I owe you

    En même temps,

    David Graeber (né le 12 février 1961) est un anthropologue et anarchiste américain.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/David_Graeber

  • La #dette est-elle une institution dangereuse ?
    http://www.laviedesidees.fr/La-dette-est-elle-une-institution.html

    Dans son dernier livre, désormais bestseller international, l’anthropologiste David Graeber analyse le rôle de la dette dans l’évolution de l’histoire humaine. Il s’intéresse tout particulièrement aux aspects moraux de la dette, et signale un retour des positions anarchistes, qui reflète une frustration grandissante par rapport à l’État et au marché.

    Livres & études

    / dette, #crise, #histoire

    #Livres_&_études

    • (…)
      Dans le capitalisme moderne, l’inégalité formelle la plus pertinente est celle qui existe entre personnes physiques et personnes légales, c’est-à-dire entre individus et sociétés ; ces dernières bénéficient généralement de nombreux privilèges, notamment en termes de responsabilité limitée, de dispositions prises en cas de faillite, de taux d’imposition et d’accès aux législateurs et au système judiciaire [15]. Les récentes crises des subprimes aux États-Unis, en Irlande ou en Espagne peuvent servir d’exemples contemporains, puisque les propriétaires immobiliers lourdement endettés furent soumis à une saisie forcée de leur bien alors que les entreprises financières qui s’étaient servies des hypothèques pour spéculer furent sauvées par l’État. L’argument officiel selon lequel certaines entreprises sont essentielles à la survie du système économique, qui implique de manière plus officieuse que le peuple, lui, ne l’est pas, montre bien qu’il ne s’agit pas là d’échanges entre égaux basés sur un principe de réciprocité.

      Graeber semble en avoir conscience lorsqu’il écrit à la dernière page de Debt : « Il semble donc que nous n’ayons pas tous besoin de payer nos dettes. Ce n’est obligatoire que pour certains d’entre nous » (p. 391). Tout au début de son ouvrage, il raconte également comment dans les années 1720 en Grande Bretagne, les prisons des personnes endettées « comportaient en général deux sections » (p. 7), l’une « tout confort » pour les aristocrates, et l’autre, invivable, pour le bas peuple. Mais au lieu de pousser plus loin son analyse de l’institutionnalisation de l’inégalité entre acteurs économiques, l’auteur en reste à sa conviction que c’est la quantification des obligations et la froide logique des échanges entre égaux qui rend la dette néfaste. On dirait presque que Graeber prend les revendications fondamentales du libéralisme au pied de la lettre, alors que dans le monde réel, elles se voient perverties depuis leur début : rappelons que John Locke lui-même eut aussi sa part dans le système de enclosure en Angleterre, de l’esclavage aux États-Unis et du colonialisme. [16]

  • David Graeber : « La façon la plus simple de désobéir à la #Finance, c’est de refuser de payer les dettes »
    http://www.bastamag.net/David-Graeber-La-forme-la-plus

    La dette ? Une construction sociale, fondatrice d’un pouvoir arbitraire, estime David Graeber, anthropologue et économiste états-unien, considéré par le New York Times comme l’un des intellectuels les plus influents actuellement. Les pays pauvres et les personnes endettées sont aujourd’hui enchainés aux systèmes de crédit. Piégés dans des relations basées sur la violence, les inégalités et justifiées par la morale, décrit l’auteur, dans un ouvrage qui retrace 5000 ans d’histoire de la dette. « Rembourser (...)

    #Décrypter

    / #Capitalisme, Finance, Indignés de tous les pays..., #Redistribution_des_richesses, #Amériques, #Entretiens, A la (...)

    #Indignés_de_tous_les_pays... #A_la_une

  • Troc - Eco(dé)mystificateur
    http://ecodemystificateur.blog.free.fr/index.php?post/Troc

    Définition selon David Graeber dans "Dette : 5000 ans d’histoire" :


    « sous-produit accidentel de l’usage des pièces de monnaie ou du papier-monnaie. Historiquement, c’est essentiellement ce que font les gens habitués à utiliser les pièces de monnaie quand, pour une raison quelconque, ils n’en ont pas »

    Cela est tout à fait cohérent avec ce que nous avions vu avec l’exemple de la Russie dans "Le troc, une réponse possible à la crise ?" où le troc était défini comme une transaction monétaire sans monnaie.

    On peut aussi reprendre ce qu’en dit Jean-Baptiste Bersac dans "Devises – L’irrésistible émergence de la monnaie" :

    « La différence entre la monnaie et le troc, est que la monnaie est un bien très particulier, extrêmement abstrait, et totalement différent des biens troqués usuels : la monnaie est un bien qui veut que son prix soit toujours strictement égal à lui-même »

    #dette
    #monnaie

  • Le blues des intellos précaires

    La vérité vraie sur le travail de bureau
    L’anthropologue David Graeber a déterré une vérité qui dérange. Comme le dit l’auteur de Dette : 5 000 ans d’histoire (Les Liens qui libèrent), les progrès immenses de productivité auraient dû nous amener à travailler quinze heures par semaine, ainsi que l’avait prédit Keynes dès les années 30 (ce que martelait aussi Jeremy Rifkin dans les années 90 avec la Fin du travail). Que s’est-il passé ? Comme le capitalisme et la morale commune ont horreur du vide, le système a engendré, selon Graeber, tout un tas de métiers insignifiants censés nous occuper : « Le secteur qui a augmenté le plus étant celui des services, des emplois administratifs et des fonctionnaires. »

    Résultat : les salariés ont des horaires très soutenus, bien qu’ils effectuent leur travail réel en deux ou trois heures par jour, « passant le reste de leur temps à aller dans des séminaires de motivation, à mettre à jour leur page Facebook ou à télécharger des séries télé ». Tant d’études pour en arriver là ? Vite, donnez-nous une clé de 12 pour faire enfin quelque chose d’utile !

    Après le Gymnase Club, le Brico Club !
    Les tech shops, makerspaces et autres fab labs sont la nouvelle lubie aux Etats-Unis. Dans ces ateliers high-tech, situés à chaque coin de rue, qui proposent des outils sophistiqués au grand public (il suffit d’être abonné, comme dans un club de gym), chacun peut imaginer et créer les objets qu’il souhaite. Selon certains, ces nouvelles pratiques vont révolutionner l’industrie manufacturière en Amérique. Prototypes, meubles, électroménager, habits en tout genre...

    Voici venu l’ère des makers (les gens qui fabriquent des choses), selon le titre du livre à succès de Chris Anderson, ex-rédacteur en chef à Wired, geek qui a retrouvé les joies du fait main. Le premier fab lab s’est installé en France à Gennevilliers, dans les locaux de la fac. On peut, entre autres, s’y initier aux machines à découpe laser et surtout aux imprimantes 3D, véritable établi miracle de l’ère 2.0. Bricorama n’a qu’à bien se tenir.

    Article en entier : http://www.marianne.net/Le-blues-des-intellos-precaires_a234423.html

    #capitalisme #société #marianne

  • Quand David Graeber étale la dette : une critique du livre « La dette : 5000 ans d’histoire »
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-quand-graeber-etale-la-dette-une-critique-du-livre-la-d

    « La langue du marché a envahi toutes les dimensions de la vie humaine », dit Graeber. Cependant, la façon dont il se sert de cette langue est complètement acritique. C’est bien trop souvent que la terminologie dominante est aussi la sienne. On est frappé par la naïveté totale avec laquelle sont employées des catégories quotidiennes telles que économie, politique, démocratie, capital, crédit. Celles-ci sont utilisées sans la moindre distance critique, comme si aucune d’elles n’était problématique. Il y a un rapport positif constant, voire lassant, à la justice et, bien sûr, aux valeurs. D’après Graeber, la valeur ou les valeurs doivent être comprises en termes de simple bon sens, comme une « manière de se faire une idée ce qu’on désire », ou comme des formulations de ce que nous « devrions vouloir » (David Graeber : La Fausse Monnaie de nos rêves / Valeur, échange et activités humaines [2001], Zürich 2012, p. 20). La valeur est donc discutée en suivant l’ornière apparemment non problématique de l’« axiologie » (ibid., page 21).

    #livres #édition #critique_de_la_valeur

  • Mais pourquoi voulez-vous payer vos dettes ? | Olivier Demeulenaere – Regards sur l’économie
    http://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2013/11/22/david-graeber-mais-pourquoi-voulez-vous-payer-vos-det

    Anthropologue et économiste américain, David Graeber enseigne à la London School of Economics. A 52 ans, c’est aussi un militant altermondialiste qui a participé activement au mouvement Occupy Wall Street. Son livre « Dette. 5000 ans d’histoire » a eu un grand retentissement aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Il vient de paraître en France aux Editions Les Liens qui libèrent.

    Le Nouvel Observateur – Dans votre livre, « Dette. 5000 ans d’histoire », vous contestez l’idée, persistant à travers les siècles, que l’incapacité à s’acquitter d’une dette soit immorale alors que l’histoire et les religions nous enseignent que payer ses dettes est une obligation impérieuse.

    David Graeber - La dette est une promesse faite par un débiteur à un créancier. Bien sûr, lorsque l’on promet quelque chose à quelqu’un, il faut s’efforcer d’honorer cette promesse du mieux que l’on peut. Mais ce qui m’a interpellé, c’est le poids moral considérable que l’on associe à ce type de promesse économique.

    Quand un homme politique promet, lors d’une campagne, monts et merveilles lorsqu’il sera élu et quand un gouvernement promet aux banques de leur payer un taux d’intérêt préalablement fixé à l’avance, on aura tendance à considérer que la première des promesses est vouée à ne pas être tenue tandis que la seconde paraît absolument sacrée

    #économie
    #dette
    #crise
    #David-Graeber

  • Blog de Paul Jorion » Dette, 5000 ans d’histoire, de David Graeber, par Vincent Présumey
    http://www.pauljorion.com/blog/?p=59642

    Dette, 5000 ans d’histoire, de David Graeber, paraît en français aux éditions Les liens qui libèrent, deux ans après sa parution aux États-Unis où le livre a connu un succès significatif, accompagnant le mouvement Occupy Wall Street. L’auteur est un universitaire londonien qui s’inscrit dans le courant de pensée anarchiste entendu au sens large. Une bonne partie de ce succès d’édition, sans aucun doute un signe des temps et certainement un bon signe, s’explique par la préconisation faite en conclusion : ne plus payer la « dette publique ». Il s’explique aussi par le fait que c’est un livre agréable à lire et fourmillant d’informations et d’anecdotes toujours signifiantes et bien placées. Malgré ses près de 500 pages on peut donc l’avaler assez vite, après quoi, passé le goût sucré et stimulant de ce plat, on se demande qu’est-ce que l’auteur a voulu formuler exactement, comme explications théoriques, historiques et sociales des problèmes majeurs auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés. Et l’on réalise qu’une certaine légèreté, pour ne pas dire une certaine inconsistance, est ici présente. Les mêmes caractères qui concourent au charme de l’ouvrage : le recours illimité à l’analogie comme méthode dans l’analyse et la description des sociétés humaines en tous lieux et toutes époques, fondé sur une tendance manifeste à considérer que tout se répète toujours et qu’il n’y a pas beaucoup de nouveautés sous le soleil, apparaissent alors comme ses points faibles.

    L’auteur, après un chapitre d’entrée en matière, s’attache pourtant à nous présenter les grilles d’analyse qui ne sont pas les siennes et qu’il récuse. Au chapitre II il dénonce à juste titre le calamiteux « mythe du troc » qui est toujours enseigné dans les facultés d’économie et invoqué dans les écoles de commerce, qu’a formulé, excellemment, Adam Smith en 1776 dans sa Wealth of Nations : déjà les hommes préhistoriques pratiquaient le troc individuel, flèches contre poisson par exemple, et il a fallu inventer la monnaie pour que les échanges puissent prendre de l’ampleur, l’État arrivant en bout de course pour garantir que la monnaie n’est pas fausse et que tout un chacun respecte les contrats. David Graeber se gausse de ces représentations mythiques dépourvues de tout fondement historique, plus exactement complétement démolies par tout ce que l’on sait tant par l’histoire que par l’ethnographie. Il faudrait tout de même préciser ici qu’il n’invente rien : bien des auteurs, et en particulier, de manière centrale et centrée sur ce sujet, Karl Polanyi ont démonté ce mythe et établi que des échanges non marchands ont dominé les sociétés anciennes. Cette non référence à l’occasion d’une convergence apparente (alors que Polanyi figure dans la bibliographie) peut surprendre, mais quand, poursuivant le parcours des nombreux exemples et anecdotes narrés par D. Graeber, il apparaît que pour lui des marchés au sens moderne, avec marchandises et monnaie circulant de manière autonome dans de grandes sphères géographiques, existaient en Grèce ancienne, ou que les temples assyriens pratiquaient le grand commerce et son financement, on comprend mieux : le troc est un mythe, certes, mais seulement le troc ; des formes d’échanges ne présentant pas de différences spécifiques, qualitatives, par rapport aux relations de crédit les plus modernes, semblent avoir existé dés la haute Antiquité. Autres mythes que, précisément, Polanyi a largement déconstruits (voir dans le recueil Essais de Karl Polanyi, Seuil 2002, plusieurs articles sur ces questions). Il semblerait donc que D. Graeber s’amuse d’autant plus du mythe du troc qu’il partage par ailleurs, sous la forme d’évidences indiscutées, les autres mythes des économistes libéraux sur l’existence éternelle de rapports de crédit et de relations contractuelles reposant, ouvertement ou de manière cachée, sur l’inégalité et la domination....

    #économie
    #dette
    #David-Graeber
    #Karl-Polanyi
    #Marcel-Mauss

  • CADTM - Un dialogue Piketty-Graeber : comment sortir de la dette
    http://cadtm.org/Un-dialogue-Piketty-Graeber

    Il existe quatre méthodes principales pour réduire significativement une dette publique : la répudiation, l’impôt sur le capital, l’inflation et l’austérité. Mediapart a organisé une rencontre inédite entre l’économiste Thomas Piketty et l’anthropologue David Graeber.

    Dette, 5000 ans d’histoire, de l’anthropologue David Graeber, publié par Les Liens qui libèrent, et Le Capital au XXIe siècle de l’économiste Thomas Piketty, édité au Seuil, constituent sans doute les essais les plus forts, décapants et politiques de cette rentrée. Chacun des deux auteurs recourt à l’histoire longue – trois siècles pour Thomas Piketty et 5000 ans pour David Graeber – pour dresser un saisissant paysage de la manière dont nous sommes arrivés à une situation où l’inégalité entre les hommes et le poids des dettes atteint des sommets insoutenables.
    Tous deux s’appuient sur un corpus impressionnant pour proposer des solutions originales : un impôt exceptionnel, progressif et, si possible, mondial, sur le capital et les patrimoines pour Thomas Piketty ; une répudiation des dettes, comme plusieurs sociétés en ont connu au cours des siècles, pour David Graeber.

    D’où l’envie d’organiser une rencontre entre les deux chercheurs, à l’occasion de la venue à Paris de l’Américain, rencontre centrée sur la question de savoir comment se libérer économiquement, politiquement, mais aussi mentalement, des processus d’endettement et de creusement des inégalités...."

    #économie
    #Piketty
    #Graeber
    #dette
    #capital