person:david graeber

  • La dette sera-t-elle le catalyseur de la prochaine grande révolte ?
    http://ouishare.net/fr/2013/10/histoire-dette-david-graeber-occupy

    Tout le monde doit payer ses dettes… N’est-ce pas ? Pour David Graeber, anthropologue et figure centrale du mouvement Occupy, il est temps de remettre en question cette proposition morale universellement admise. Dans son dernier livre, Dette : 5 000 ans d’histoire (ed. Les liens qui libèrent), il esquisse une nouvelle histoire de la dette et ressuscite notamment le concept ancien de jubilé.
    Anthropologue #anarchiste, ainsi qu’il déteste qu’on le décrive, David Graeber fut l’un des tout premiers m…

  • David Graeber L’« anthropologue anarchiste » et sa monumentale étude sur l’histoire de la dette

    http://www.rue89.com/2013/10/11/jai-lu-graeber-dette-depuis-balade-banquier-246437

    « Qu’est-ce qu’une #dette, en fin de compte ? Une dette est la perversion d’une promesse. C’est une promesse doublement corrompue par les mathématiques et la violence. »

    De la #monnaie grecque (Classical Numismatic/CC)
    Et ce passage de la promesse à sa perversion commence avec les pièces de monnaie.

    La différence entre le #crédit et la monnaie sonnante et trébuchante, c’est que les pièces peuvent êtres volées et personne ne demandera d’où elles viennent.

    A la taverne du coin, la soldatesque aura du mal à faire accepter une ardoise. Si elle tend du flouze, le patron sera moins réticent. En temps de guerre, la confiance se fait rare, le crédit aussi. Les pièces de monnaie sont apparues dans le sillage des soldats.

    Pour Graeber, le processus est simple :

    pour nourrir une armée, il faut que les #soldats puissent acheter avec des pièces de la boustifaille sur des marchés ;
    pour cela, il faut créer des marchés – où les soldats pourront acheter des poules, des fruits, des légumes ;
    ce que font les conquérants en exigeant que les #taxes soient payées en pièces métalliques. L’or et l’argent étant acquis par la guerre, extraits des mines par des esclaves et distribués aux soldats ;
    pour obtenir ces pièces et payer les taxes, les peuples « occupés » sont donc forcés de vendre leurs poules, fruits et légumes aux #militaires ;
    bingo.
    Du coup, les #historiens font valser les périodes :

    en temps de paix, c’est la monnaie virtuelle qui prédomine (la confiance règne, on se fait crédit) ;
    en temps de #guerre, la monnaie « en dure » fait la loi (on préfère des pièces à une promesse).
    Les bons du Trésor américain, « un tribut impérialiste »

    L’#anthropologue va plus loin :

    « De fait, on pourrait interpréter l’ensemble de l’#Empire romain à son apogée comme une immense machine à extraire des métaux précieux, à les transformer en pièces de monnaie et à les distribuer à l’armée – tout en encourageant les populations conquises, par des politiques fiscales, à utiliser ces pièces dans leurs transactions quotidiennes. »

    Plus près de nous, la #Banque d’Angleterre a été créée lorsqu’un consortium de quarante marchands de Londres et d’Edimbourg a offert au roi Guillaume III un prêt de 1,2 million de livres pour l’aider à financer sa guerre contre la France.

    Bref, la monnaie – et la dette – auraient toujours à voir avec la violence et l’esclavage. Et Graeber de souligner, perfide, que les « bons du Trésor » émis par les Etats-Unis sont achetés par les pays placés sous leur protection militaire. Ne peut-on pas parler de « tribut » ?

    « Le système de bons du Trésor américain, par exemple, est un tribut impérialiste. Pendant la guerre froide, les Etats qui ont acheté la dette américaine n’étaient autres que l’Allemagne de l’Ouest, le Japon, la Corée du Sud, les pays du Golfe, tous sous protection américaine. A plusieurs reprises, l’Allemagne a essayé de se désengager de cette dette et, à chaque fois, les #Etats-Unis ont menacé de retirer leurs troupes de l’Allemagne de l’Ouest. Les bons du Trésor sont en réalité un impôt indirect qui finance le budget du Pentagone. »

    Au commencement, le troc. Au cœur de l’économie se nicherait un « penchant naturel à tous les hommes » qui « les porte à trafiquer, à faire des trocs et des échanges ». Le postulat d’#Adam_Smith est devenu une vérité acceptée.

    Selon cette thèse, la monnaie naît des difficultés pratiques posées par le troc. Si tu n’as pas besoin d’une vache en échange de tes poulets, je te les paie avec des pièces.

    Le crédit se développerait en dernier. Après le troc et la monnaie.

    « Historiquement, les marchés commerciaux sont nés du vol »

    Sauf que, selon #David_Graeber, c’est bidon. Personne n’a jamais vu une #société fonctionner ainsi. Les #échanges se font d’abord entre voisins. Les gens se connaissent, se font confiance. « Prends la vache si tu la veux ! » Même si c’est un non-dit, celui qui repart avec le bovidé sait qu’il en doit une à son voisin. Le crédit apparaît en premier. Vient ensuite la monnaie.

    Alors pourquoi les #économistes s’entêtent selon Graeber ?

    « L’inlassable récitation du mythe du troc, utilisée comme une incantation, est avant tout pour les économistes une façon de conjurer le risque de devoir regarder en face cette réalité. [...] Historiquement, les marchés commerciaux sont nés du vol. »

    Schématisons. Pour Graeber, c’est l’#esclavage, puis le #monnayage, qui en arrachant les personnes et les objets à leur contexte ont participé à faire émerger l’idée d’un #marché impersonnel traversé de rapports froids et mathématiques.

    Dette, 5000 ans d’histoire paru aux éditions Les Liens qui Libèrent

    #Economie #Anthropologie #Dette #Histoire #Finance #livre

    • L’avocate : « Quelle est votre position [sur la dette du Tiers-Monde, ndlr] ? »

      David Graeber : « La dette ? Nous voulons l’abolir [...]. Pour nous, trente ans de flux financiers des pays pauvres vers les riches, ça suffit ! »

      L’avocate (pourtant supposée gauchisante) : « Mais ils l’ont emprunté, cet argent. Il est clair qu’on doit toujours payer ses dettes. »

      L’air lui manque, ses mains deviennent moites, l’agacement pointe dans sa gorge. Ses arguments se bousculent :

      par la magie des intérêts composés, la somme empruntée par des dictateurs sous la pression des pays riches a déjà été remboursée « trois ou quatre fois » ;

      le FMI impose des coupes si drastiques que des gamins en crèvent ;

      le taux d’intérêt rémunère le risque de faire défaut fait partie du système.

      Elle, imperturbable : « Mais il faut rembourser ses dettes. »

      D’où la question qui tire toute la réflexion du livre :

      « [Qu’est-ce qui donne à cet énoncé (“il faut rembourser ses dettes”)] cette force morale capable de donner un air inoffensif et banal à des horreurs ? »

      Ce qui est dingue, c’est que la seule justification morale du prêt avec intérêt, c’est à dire la seule chose qui peut justifier le privilège des créanciers de prélever des intérêts, c’est l’idée que la faillite existe et que parfois un investisseurs peut perdre tout ou partie de son placement.

      Et là, pourtant la faillite est « l’impensé », « l’inenvisageable », « l’écueil ultime », qui fait qu’on est prêt à sacrifier les populations (rigueur, paupérisation..) pour épargner les créanciers opportunistes et imprudents, et rembourser la dette..
      A mettre en relation avec ça : http://seenthis.net/messages/183714#message183895 sur la nécessité de la banqueroute

      Mais non la banqueroute, la faillite c’est le tabou absolu, le blasphème plus fort encore que la spoliation, que l’expropriation : les capitalistes eux-mêmes (du FMI au Figaro...) envisagent leurs propres spoliation d’une partie de leurs capitaux plutôt qu’accepter l’idée d’un défaut de paiement envers nos créanciers, ou pire du retour de l’inflation, qui, comble de l’horreur, verrait les non-épargnants regagner du pouvoir d’achat par rapport aux épargnants...

      Mais existe-t-il des solutions douces de désendettement en dehors de l’inflation, la plus hypocrites de toutes ?

      http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/10/09/20002-20131009ARTFIG00524-le-fmi-propose-une-supertaxe-sur-le-capital.php

      #inféodation #soumission #capitulation

      Pour le reste, faillite ou spoliation, c’est la peste et le choléra, comme prévu la bulle explose, la chaine de Ponzi se disloque, bcp d’argent va partir en fumée..
      http://seenthis.net/messages/179510

    • David Graeber : « Le système capitaliste a terminé sa course. »
      http://ragemag.fr/david-graeber-systeme-capitaliste-termine-course-46632

      Eh bien on va vers une nouvelle crise financière, n’est-ce pas ? Rien n’a été réparé. On est à mi-chemin de la prochaine récession. Difficile d’imaginer que la prochaine crise économique ne sera pas aussi terrible que celle-ci, si ce n’est pire. C’est clair : le système capitaliste a terminé sa course. Il a un manque total pour imaginer une grande vision, une grandeur pour sauver le système, même dans les classes dirigeantes. Même si la survie de l’écosystème en dépend, il n’y a personne dans les classes dirigeantes qui a de vision pour le sortir de la crise. La raison à tout cela, c’est que le vrai projet politique des classes dirigeantes est une sorte de guerre contre l’imagination humaine.

  • Emplois Foireux – Bullshit Jobs / par David Graeber « La Grotte Du Barbu
    http://www.lagrottedubarbu.com/2013/08/20/emplois-foirreux-bullshit-jobs-par-david-graeber

    Mais plutôt que de permettre une réduction massive des heures de travail pour libérer la population mondiale et leur permettre de poursuivre leurs projets, plaisirs, visions et idées, nous avons pu observer le gonflement, non seulement des industries de “service”, mais aussi du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou la poussée sans précédent de secteurs comme les avocats d’affaire, des administrations, ressources humaines ou encore relations public. Et ces chiffres ne prennent pas en compte tous ceux qui assurent un soutien administratif, technique ou sécuritaire à toutes ces industries, voir toutes les autres industries annexes rattachées à celles-ci (les laveurs de chiens, livreurs de pizza ouvert toute la nuit) qui n’existent seulement parceque tout le monde passe tellement de temps au travail.

    C’est ce que je vous propose d’appeler des “Emplois Foirreux” [NDT : pas trouvé de traduction correcte pour Bullshit Jobs - ou emplois merdiaues]

    C’est comme si quelqu’un inventait des emplois sans intérêt, juste pour nous tenir tous occupés. Et c’est ici que réside tout le mystère. Dans un système capitaliste, c’est précisément ce qui n’est pas censé arriver. Dans les inefficaces anciens états socialistes, comme l’URSS, où l’emploi était considéré comme un droit et un devoir sacré, le système fabriquait autant d’emploi qu’il était nécessaire (une des raisons pour lesquelles il fallait trois personnes pour vous servir dans les supermarchés un morceau de viande). Mais, bien sûr, c’est le genre de problème que le marché compétitif est censé régler. Selon les théories économiques, en tout cas, la dernière chose qu’une entreprise qui recherche le profit va faire est de balancer de l’argent à des employés qu’ils ne devraient pas payer. Pourtant, cela arrive en quelque sorte

  • L’invasion des « métiers à la con », une fatalité économique ? | Slate
    http://m.slate.fr/story/76744/metiers-a-la-con

    David Graeber est bien conscient que personne n’a la légitimité pour décider quels boulots sont utiles et quels boulots sont « foireux ». Il ne s’agit même pas d’une distinction entre travail productif et improductif, mais plutôt entre travail socialement utile et travail vidé de sens. D’ailleurs, comme il l’observe, un métier est d’autant moins payé qu’il est utile à la société.

    « Que se passerait-il si toute une classe de gens devait simplement disparaître ? », se demande-t-il. A ce jeu là, ce ne sont évidemment ni les postes les mieux rémunérés ni les plus éloignés de la production qui viennent immédiatement à l’esprit : plutôt les éboueurs, les enseignants, les mécaniciens ou les infirmiers.

    Douglas Adams dans un des tomes de #h2g2 dit que l’origine de la vie humaine sur Terre serait qu’on a mis tous les marketeurs et les coiffeurs dans une fusée en prétextant que leur planète allait être détruite et en leur promettant qu’on les suivrait dans la fusée numéro 2, fusée qu’on omit sciemment d’affréter une fois la fusée numéro 1 partie. C’est assez raccord. :)

  • Le phénomène des « emplois bidon »
    http://revenudebase.info/2013/08/le-phenomene-des-boulots-bidon

    Dans une société où les poètes se métamorphosent en avocats d’affaires pour assurer les besoins matériels de leur famille et où l’inutilité de la plupart des emplois est criante au point d’être admise par ceux qui les occupent. L’anthropologue David Graeber revient sur les contradictions de la vision actuelle du travail. Source : Revenudebase.info

  • Emplois foireux
    http://www.lagrottedubarbu.com/2013/08/20/emplois-foirreux-bullshit-jobs-par-david-graeber

    Dans les années 30, John Maynard Keynes avait prédit que, à la fin du siècle, les technologies seront suffisamment avancées pour que des pays comme le Royaume Uni ou les Etats Unis envisagent des temps de travail de 15 heures par semaine. Et pourtant cela n’est pas arrivé. Au lieu de cela, la technologie a été manipulée pour trouver des moyens de nous faire travailler plus. Source : via La Grotte Du (...)

    • C’est comme si quelqu’un inventait des emplois sans intérêt, juste pour nous tenir tous occupés. Et c’est ici que réside tout le mystère. Dans un système capitaliste, c’est précisément ce qui n’est pas censé arriver. Dans les inefficaces anciens états socialistes, comme l’URSS, où l’emploi était considéré comme un droit et un devoir sacré, le système fabriquait autant d’emploi qu’il était nécessaire (une des raisons pour lesquelles il fallait trois personnes pour vous servir dans les supermarchés un morceau de viande). Mais, bien sûr, c’est le genre de problème que le marché compétitif est censé régler. Selon les théories économiques, en tout cas, la dernière chose qu’une entreprise qui recherche le profit va faire est de balancer de l’argent à des employés qu’ils ne devraient pas payer. Pourtant, cela arrive en quelque sorte.

      Alors que les entreprises s’engagent dans des campagnes de licenciement, celles ci touchent principalement la classe des gens qui font, bougent, réparent ou maintiennent les choses, alors que à travers une alchimie bizarre que personne ne peut expliquer, le nombre de salariés “pousse-papier” semble gonfler, et de plus en plus d’employés se retrouvent, au contraire des travailleurs de l’ex URSS, travaillant 40 ou 50 heures par semaine, mais travaillant de façon réellement efficace 15 heures, comme Keynes l’avait prédit, passant le reste de leur temps à organiser ou aller à des séminaires de motivation, mettre à jour leur profile facebook ou télécharger des séries télévisées.

    • Le fonctionnement concurrentiel ayant intégralement envahi l’entreprise, il n’est pas surprenant de constater ce phénomène. Le pouvoir, dans le monde capitaliste, c’est ce qui permet de vivre aux dépens des autres, d’être nourri par les autres. On se comporte à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise : en prédateurs, même si ça va à l’encontre de l’intérêt de l’entreprise, les actionnaires ferment les yeux tant que eux mêmes sont confortables.

      A chaque strate de l’entreprise, le pouvoir que l’on a va pouvoir être exploité pour vampiriser le travail de ses subordonnés. Je serais d’autant mieux payé que j’ai réussi à optimiser le rapport valeur ajoutée / masse salariale de l’équipe que je chapeaute.
      Je vis aux dépens des gens que je pressurise au niveau inférieur, sans dépense d’énergie, pas besoin de m’agiter, c’est mon poids hiérarchique, mon pouvoir, qui suffit à me nourrir...

    • Yves Smith, http://www.nakedcapitalism.com/2013/08/the-rise-of-bullshit-jobs.html

      I disagree with almost all of this discussion.

      First, if you look back historically, the idea that the lower classes needed to be kept busy for their own sake was presented in moralistic terms but was in fact ruthlessly economic. The whole point of making the peasants work instead of faff around and drink was to enable them to be exploited by the newly-emerging entrepreneurial class.

      (...)

      In other words, a big part of the capitalist exercise is to find or create workers to exploit. Graeber has the story backwards. The moral fable (idleness is bad for the perp and putting him to work is thus a moral undertaking) was not, as Graeber suggests, because lazy people are proto-insurrectionists. It is that people who are self-sufficient and have time on their hands on top of that drove the early capitalists nuts. They were exploitable resources lying fallow, no different to them than a gold vein in the next hill that the numbnick farmer/owner was unwilling to mine because he liked the view and was perfectly content grazing sheep.

      A second problem with Graeber’s discussion is (...)

      ...

    • One thing that the historical record makes obviously clear is that Adam Smith and his laissez-faire buddies were a bunch of closet-case statists, who needed brutal government policies to whip the English peasantry into a good capitalistic workforce willing to accept wage slavery…

      Yep, despite what you might have learned, the transition to a capitalistic society did not happen naturally or smoothly. (...)…

      Faced with a peasantry that didn’t feel like playing the role of slave, philosophers, economists, politicians, moralists and leading business figures began advocating for government action . Over time, they enacted a series of laws and measures designed to push peasants out of the old and into the new by destroying their traditional means of self-support.

    • Le texte de David Graeber est agréable à lire, son auteur sait présenter un sujet sérieux sur un ton provocateur avec des chutes marrantes, mais le contenu de son article reste sur le niveau du "common sens" et ne nous apprend rien de nouveau par rapport aux drôleries de Douglas Adams dans Hitchhiker’s Guide to Galaxy

      http://www.ebooktrove.com/top_ten/DouglasAdams_TheHitchhikerTrilogy_5Books1ShortStory.pdf

      The first officer was just standing there holding the drinks tray and smiling benignly.
      “Bodies?” said the Captain again. Ford licked his lips. “Yes,” he said, “All those dead telephone sanitizers and account executives, you know, down in the hold.”
      The Captain stared at him. Suddenly he threw back his head and laughed. “Oh they’re not dead,” he said, “Good Lord no, no they’re frozen. They’re going to be revived.”
      Ford did something he very rarely did. He blinked. Arthur seemed to come out of a trance. “You mean you’ve got a hold full of frozen hairdressers?” he said.
      “Oh yes,” said the Captain, “Millions of them. Hairdressers, tired TV producers, insurance salesmen, personnel officers, security guards, public relations executives, management consultants, you name them. We’re going to colonize another planet.”
      Ford wobbled very slightly.
      “Exciting isn’t it?” said the Captain.
      ...
      “Well,” said the Captain, picking his way through the words carefully, “I think as far as I can remember we were programmed to crash on it.”
      "Crash?" shouted Ford and Arthur.
      “Er, yes,” said the Captain, “yes, it’s all part of the plan I think. There was a terribl y good reason for it which I can’t quite remember at the moment. It was something to with ... er ...”
      Ford exploded. “You’re a load of useless bloody loonies!” he shouted.
      “Ah yes, that was it,” beamed the Captain, “that was the reason.”

      Pas grave, mais le Professeur Graeber se trompe sur un point essentiel :

      It’s as if someone were out there making up pointless jobs just for the sake of keeping us all working. And here, precisely, lies the mystery. In capitalism, this is precisely what is not supposed to happen.

      Mais si, « élémentaire, mon cher Watson », c’est précisément ce qui est nécessaire pour sauver le capitalisme de sa crise de surproduction actuelle. On n’explique pas des "bullshit jobs" avec des "bullshit theories". Depuis le début le capitalisme n’est pas trés rationaliste tout comme les théories qui justifient son existence. Rien de nouveau ici non plus. L’idéologie cachée derrière ces théories a été démasquée il y a 150 ans déjà.

      http://www.rote-ruhr-uni.com/texte/elbe_charaktermaske.pdf

      Charaktermasken sind so als Ausprägung von Individualitätsformen auf dem Boden der Verdinglichung und Versachlichung gesellschaftlicher Verhältnisse zu begreifen. Die Individuen repräsentieren und personifizieren hier gesellschaftliche Dinge: Waren, Geld, Kapital usw. In den unterschiedlichen Formen sozialer Praxis nehmen sie verschiedene Charaktermasken an: Im Zirkulationsprozess handeln sie als Käufer/Verkäufer oder Gläubiger/ Schuldner, im Produktionsprozess treten sie sich als Arbeiter und Kapitalist gegenüber, legen plötzlich völlig andere Verhaltensweisen an den Tag.

      La définition du Charaktermaske explique trés bien pourquoi tous ces bullshit jobs sont essentiels pour le fonctionnement du capitalisme avancé. Outre la nécessité de gérer le système d’exploitation planétaire chacun de ses fonctionnaires est une incarnation de son idéologie. Karl Marx le dit beaucoup plus simplement que la majorité de ceux qui on essayé de l’interpréter :

      Karl Marx - Friedrich Engels - Werke, Band 23, "Das Kapital", Bd. I, Siebenter Abschnitt, Der Akkumulationsprozeß des Kapitals, S. 589 - 604, Dietz Verlag, Berlin/DDR 1968 http://www.mlwerke.de/me/me23/me23_589.htm

      Die ökonomische Charaktermaske des Kapitalisten hängt nur dadurch an einem Menschen fest, daß sein Geld fortwährend als Kapital funktioniert.

      Pour Karl Marx et Friedrich Engels les acteurs du capitalisme ne sont qu’un "Charaktermaske", l’homme de paille du système qui est quotidiennement trempé dans le bain idéologique de son exercice professionnelle. N’empêche en situation de crise même l’élite souffre de son travail déshumanisé et commence à mettre en question quelques éléments de sa situation. Tout d’un coup la réalité du "entfremdete Arbeit", du travail aliéné s’étend visiblement au delà du monde prolétaire et touche les intellectuels et les petits bourgeois jusqu’ici épargnés. C’est à ce moment précis qu’ils commencent à se poser des questions, exactement comme Karl Marx l’a déjà observé à son époque.

      La popularité de l’Article sur les "bullshit jobs" est le résultat de ce malaise, mais il n’en explique pas les mécanismes. Donner cette explication n’est vraisemblablement pas le rôle d’un professeur d’université payé par ceux qui se trouvent plus haut que lui sur la chaîne alimentaire capitaliste.

      #capitalisme #crise #ideologie

  • Why Would You Ever Give Money Through Kickstarter ? - NYTimes.com
    http://www.nytimes.com/2013/02/10/magazine/why-would-you-ever-give-money-through-kickstarter.html?pagewanted=all

    Kickstarter et la culture du cadeau (via @ou_pas sur Twitter)

    In his book “Debt: The First 5,000 Years,” the anthropologist David Graeber examines our history of debt and money, concluding, in part, that humans do not naturally tend toward impersonal, reciprocal exchange. Instead, exchange usually develops in cultures first as a part of a larger social and cultural ritual. One of the most compelling cultures Graeber profiles is the Tiv of West Africa, who have very particular rules about exchange. For starters, they believe that bringing an economic transaction to full completion is essentially immoral, or at least frowned upon, because it implies that one party doesn’t want anything to do with the other in the future. If a Tiv man or woman gives you a gift, you are supposed to respond with another gift of slightly greater or lesser value. The outstanding debt between the two of you is a signal that your relationship is going to continue. To respond with a gift of equal value would be to say implicitly that you wish to even things out and draw your relationship to a close.

    Kickstarter is run according to a similar form of gift logic. The artists create a short video, explaining themselves and conveying their personality. People contribute to them because they’re friends who know the artist personally; they’re fans engaged in a highly personal if unidirectional relationship with the artist; or simply because they’re intrigued by the project and want some sense of participation in it. (Though it has been estimated that only 10 to 20 percent of contributors find projects this way, through the Kickstarter site rather than through the artists’ own social-media promotions — and on average, these people donate less money.)

    #Kickstarter #cadeau #Tiv #crowdfunding #anthropologie

  • David Graeber : qu’est-ce que la dette ? (Organisation Communiste Libertaire)
    http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1264

    La plupart des économistes affirment que la monnaie a été inventée pour remplacer le système du troc. Mais vous avez trouvé quelque chose d’assez différent. Oui, il y a une histoire standard que nous apprenons tous, un « il était une fois » qui est un véritable conte de fées. Selon cette théorie, toutes les transactions étaient d’abord réalisées par le troc : « Vous savez quoi, je vais vous donner vingt poulets pour cette vache ! » Comme cela pouvait conduire à des problèmes si votre voisin n’avait pas besoin de poulets, il a fallu inventer la monnaie. Puis, après un moment, quand vous devenez capable de transactions plus sophistiquées, vous inventez le crédit. L’histoire remonte au moins à Adam Smith, et c’est à sa manière le mythe fondateur de l’approche économique. (...) Source : Organisation Communiste Libertaire

  • R.A. Forum > LAGALISSE, Erica. "Participation et influences anarchistes dans le Mouvement “Occupy Wall Street”"
    http://raforum.info/spip.php?article6688&lang=en

    J’ai lu les débats en Espagnol sur le mouvement “Occupy Wall Street” et je vois qu’il y a un grand manque d’information et de curiosité sur comment est apparu ce mouvement, comment il est organisé, et quelle a été la position des anarchistes à ce sujet.

    L’information que je vous transmets vient de conversations avec David Graeber [1] qui a été l’un des premiers organisateurs des assemblées de New York d’où le mouvement a surgi, de nos propres observations des événements “Occupy” à Austin (Texas) et des débats entre activistes anarchistes sur les listes et les forums ici aux Etats-Unis, entre autres sources.

  • « L’idée d’avoir une revendication unique ne parle à personne », entretien avec David Graeber - Mouvements (Mouvements)
    http://mouvements.info/L-idee-d-avoir-une-revendication.html

    Mi-mars, à New York. Voilà maintenant six mois que quelques centaines d’activistes ont occupé, un soir de septembre, le parc de Zucotti, au cœur du quartier financier du sud de Manhattan. L’occupation a cessé deux mois plus tard, après son expulsion par la police new-yorkaise. Mais les militant-e-s ne se sont pas démobilisé-e-s. En cette fin d’hiver / début de printemps, ils s’affairent à préparer de grosses mobilisations, prévues pour le mois de mai : « occupy spring », le « printemps d’occupy », en référence, bien sûr, au « printemps arabe » qui les a tant inspiré. Libérés des contraintes liées à l’animation du campement, ils multiplient les actions – le 16 mars, Occupy Wall Street a même brièvement occupé, pour la toute première fois… Wall Street même, manifestant devant la bourse, à l’heure où retentit la cloche qui annonce sa fermeture pour le week-end. Les débats sont nombreux, sur les suites à donner au mouvement, les risques de « récupérations » par des organisations soupçonnées d’être proches du parti démocrates, la structuration et l’organisation de la dynamique, etc. L’occasion de faire le point avec David Graeber, anthropologue et militant anarchiste qui a activement contribué à la préparation de l’occupation (...) Source : (...)

  • « L’idée d’avoir une revendication unique ne parle à personne », entretien avec David Graeber - Mouvements
    http://mouvements.info/L-idee-d-avoir-une-revendication.html

    Mi-mars, à New York. Voilà maintenant six mois que quelques centaines d’activistes ont occupé, un soir de septembre, le parc de Zucotti, au cœur du quartier financier du sud de Manhattan. L’occupation a cessé deux mois plus tard, après son expulsion par la police new-yorkaise. Mais les militant-e-s ne se sont pas démobilisé-e-s. En cette fin d’hiver / début de printemps, ils s’affairent à préparer de grosses mobilisations, prévues pour le mois de mai : « occupy spring », le « printemps d’occupy », en référence, bien sûr, au « printemps arabe » qui les a tant inspiré. Libérés des contraintes liées à l’animation du campement, ils multiplient les actions – le 16 mars, Occupy Wall Street a même brièvement occupé, pour la toute première fois… Wall Street même, manifestant devant la bourse, à l’heure où retentit la cloche qui annonce sa fermeture pour le week-end. Les débats sont nombreux, sur les suites à donner au mouvement, les risques de « récupérations » par des organisations soupçonnées d’être proches du parti démocrates, la structuration et l’organisation de la dynamique, etc.
    L’occasion de faire le point avec David Graeber, anthropologue et militant anarchiste qui a activement contribué à la préparation de l’occupation (voir son texte sur notre site).

  • Press Action :: : Anarchist Nation

    Thanks to the involvement of anarchists in the Occupy movement, anarchism is generating increased attention from the mainstream news media. Most of the press reports, however, have been negative — with some exceptions. The stories on anarchist David Graeber, for example, have been relatively even-handed.
    Generally, the mainstream media has thrown around the words “anarchy” and “anarchists” without the slightest hint of insight into the theory and practice of anarchism. Members of the mainstream media aren’t the only ones guilty of peddling unfounded stories about anarchism. Occupiers themselves, many of whom are unfamiliar with the tradition of anarchism, have attacked anarchists, blaming them for sabotaging or hijacking the Occupy
    movement. How ironic is this, given that the global Occupy movement adopted the anarchist critique of hierarchy and domination.

    ...

    In his Dec. 19 piece in The Nation titled “Thank You, Anarchists,” Nathan Schneider does a decent job describing the role played by anarchists in the Occupy movement. He explains how anarchists and other autonomists “try to build a culture in which people can take care of themselves and each other through healthy, sustainable communities.”

    ..

    Anarchists, however, do not want to make the system more “honest.” To anarchists, “the system” is the problem, and it’s a problem that anarchists believe should be addressed as soon as possible.

    Anarchists recognize the incredible damage caused by a grow-or-die economic system and its associated top-down political system. And eco-minded anarchists realize time is growing short to stop the system from killing the entire planet.

    http://www.pressaction.com/news/weblog/full_article/thenation12232011

  • « Dette : les 5000 premières années », de David Graeber

    Laissez moi commencer par l’institution de l’esclavage, dont le rôle, je pense, est central. Dans la plupart des époques et des lieux, la violence est vue comme une conséquence de la guerre. Parfois la plupart des esclaves sont réellement des captifs de guerre, parfois ce n’est pas le cas, mais presque invariablement, la guerre est vue comme la fondation et la justification de l’institution. Si vous vous rendez dans une guerre, ce que vous rendez est votre vie ; votre conquérant a le droit de vous tuer, et souvent il le fera. S’il choisit de ne pas le faire, vous lui devez littéralement votre vie ; une dette conçue comme absolue, infinie, impossible à payer [irredeemable]. Il peut en principe exiger [extract] ce qu’il veut, et toute les dettes – les obligations – que vous pourriez avoir vis à vis d’autres (vos amis, votre famille, les anciennes allégeances politiques) , ou que d’autres ont vis à vis de vous, sont vues comme absolument nulles [negated]. Votre dette vis à vis de votre propriétaire est tout ce qui existe désormais.

    [...]

    Par exemple, si l’esclavage est une dette, alors la dette peut mener à l’esclavage.

    [..]

    II. L’âge Axial (800 av. J.C. – 600 ap. J.C. )

    Forme dominante d’argent : pièces et lingots métallique

    Tout au long de l’Antiquité on peut continuer à parler de ce que Geoffrey Ingham a nommé le « complexe militaro-monétaire » [military-coinage complex]. Il aurait peut-être été mieux de l’appeler « complexe militaro-monétaire-esclavagiste » [military-coinage-slavery complex], puisque la diffusion de nouvelles technologies militaires (hoplites grecques, légions romaines) était toujours liée à la capture et la commercialisation d’esclaves. L’autre source majeure d’esclaves était la dette : comme désormais les États n’effaçaient plus régulièrement les ardoises, ceux qui n’étaient pas assez chanceux pour être les citoyens des Cités-États militaires majeures – qui étaient en général protégés des prêteurs prédateurs – étaient des proies légitimes [were fair game]. Les systèmes de crédit du Proche-Orient ne se sont pas effondrés sous la compétition commerciale ; ils furent détruits par les armées d’Alexandre – armées qui nécessitaient une demie-tonne de lingots d’argent par jour pour les salaires. Les mines dans lesquelles les lingots étaient produits étaient en général travaillées par des esclaves. Les campagnes militaires en retour assuraient un flot incessant de nouveaux esclaves. Les systèmes de taxes impériales, comme noté plus haut, étaient largement conçus pour forcer leurs sujets à créer des marchés, pour que les soldats (et aussi, évidemment, les fonctionnaires de gouvernement), puissent utiliser ces lingots [bullions] pour acheter tout ce qu’ils voulaient. Le genre de marchés impersonnels qui autrefois tendaient à surgir entre les sociétés, ou dans les lisières des opérations militaires, commença alors à imprégner la société entière.

    http://fa86.noblogs.org/?page_id=1079

  • Occuper Wall Street, ré-imaginer le monde | David Graeber (The Guardian via ContreInfo)
    http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3122

    Nous assistons au début de l’affirmation revendicative d’une nouvelle génération d’Américains, une génération qui fait face à la perspective de terminer ses études sans trouver d’emploi, une génération sans avenir, mais lestée d’une dette exigible énorme. La plupart de ceux que j’ai rencontré viennent de la classe ouvrière ou sont d’origine modeste. Ce sont de jeunes gens qui ont fait exactement ce qu’on leur a demandé : étudier, entrer à l’université, et qui sont maintenant non seulement pénalisés pour cela, mais aussi humiliés - promis à une vie où ils seront traités comme des mauvais payeurs, des réprouvés. Est-ce vraiment surprenant qu’ils aient envie de s’expliquer avec les magnats financiers qui leur ont volé leur avenir ? (...) Source : The Guardian via ContreInfo

  • Social Text: Blog: Is Anonymous Anarchy?
    http://www.socialtextjournal.org/blog/2011/08/is-anonymous-anarchy.php

    For many, the political movement known as Anonymous conjures one thing and one thing alone: anarchy. I have now seen this association made so many times, I thought it might be a good idea to lay out in some detail where the connections between Anonymous and anarchism might lie, dispel a few myths, and ask some questions for further exploration.

    From the outset it is key to note that anarchism can mean quite distinct things so let me provide three relatively narrow definitions, which don’t fully exhaust its meaning and expression.

    First I will look at what I will call contemporary political anarchism (CPA). To help define it, I will draw heavily on one of its foremost chroniclers, thinkers, and participants, the anthropologist David Graeber. CPA has experienced an efflorescence of sorts, especially visible during the heyday of the counter-globalization protests. CPA is diverse, encompassing many different strains, philosophies and regional differences. However, we can say without too much controversy that its recent incarnation is marked by a lefty sensibility, an anti-capitalist/anti-neoliberal ethos, a commitment to consensus, and new modes of imagining directly democratic action. Graeber describes it in this way: “However you choose to trace their origins, these new tactics are perfectly in accord with the general anarchistic inspiration of the movement, which is less about seizing state power than about exposing, delegitimizing and dismantling mechanisms of rule while winning ever-larger spaces of autonomy from it.”

    #anonymous #anarchie