person:denis diderot

  • [Seminaire] Les représentations des migrations #1. Les enjeux de la cartographie

    Le laboratoire Migrations internationales, espaces et sociétés (Migrinter 7301 CNRS - Université de Poitiers) ouvre un séminaire (2019-2021) intitulé "Représenter les migrations".

    Quatre séances introductives sont programmées, entre avril et octobre 2019. Elles seront suivies par sept séances thématiques prévues entre novembre 2019 et juin 2020 (dates à venir).

    La première séance introductive dédiée aux Enjeux de la cartographie des migrations est organisée autour des interventions de Nicolas Lambert (Riate, CNRS, Paris Denis Diderot) et de Françoise Bahoken (IFSTTAR, Université Paris Est).

    Elle aura lieu le jeudi 4 avril de 14 à 17 h à la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société de Poitiers.

    Résumé de la séance « Enjeux de la cartographie... » :
    « De tous temps, des cartes ont été mobilisées pour se repérer, se déplacer et représenter le monde. La cartographie des déplacements humains apparaît toutefois tardivement, notamment avec les premiers travaux de Charles-Joseph Minard, au milieu du XIXe siècle, figurant des mouvements humains ou des transports à différentes échelles géographiques. Dès lors, elle n’a cessé de se développer, en lien avec un engouement général et soutenu pour la visualisation de données. ... » Lire la suite : _http://migrinter.labo.univ-poitiers.fr/actualites/les-representations-des-migrations-seance-1/_

    – En savoir plus sur le séminaire : _http://migrinter.labo.univ-poitiers.fr/seminaires/representations-migrations/_

    #seminaire #cartographie #migrations #migrants #carte #cartedeflux #cartostats #dataviz #geoviz #théories #méthodes #concepts #sémantique #pratique #rhétorique

  • Un faible degré d’originalité
    http://www.nova-cinema.org/prog/2018/166-lebanon-days-of-tomorrow/public-domain-day/article/antoine-defoort-19748

    Inventeur loufoque et volubile, Antoine Defoort crée des spectacles inclassables où fantaisie désinvolte et rigueur intellectuelle se mêlent avec bonheur. Il relève ici le défi de proposer une conférence sur le droit d’auteur aussi claire et rigoureuse que ludique et palpitante. Une frise chronologique dans l’espace, des boîtes en carton ou encore l’adaptation d’un dessin animé constituent quelques-uns des outils burlesques employés par l’artiste pour inviter les spectateurs à se questionner sur la rémunération des auteurs. Bondissant d’une idée à l’autre, Defoort et ses « invité(e)s » (Catherine Deneuve, Denis Diderot, Maurice Ravel…) nous font remonter le temps jusqu’au 18e siècle, puis le traversent jusqu’à la révolution numérique et l’arrivée d’internet. Un spectacle unique en son genre, qui regorge (...)

  • 1870, une défaite choisie. colloque « Henri Guillemin et la Commune - le moment du peuple ? »
    Site Les Ami(e)s d’Henri Guillemin

    Intervention d’Annie Lacroix-Riz au colloque « Henri Guillemin et la Commune - le moment du peuple ? », le 19 novembre 2016 à Paris.
    Historienne, ancienne élève de l’ENS, agrégée d’histoire, docteur d’Etat, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris VII-Denis Diderot 

    http://www.henriguillemin.org/portfolio-view/annie-lacroix-riz

    http://www.dailymotion.com/video/x57mq8b_la-commune-de-paris-annie-lacroix-riz-colloque-henri-guillemin-

    Le drame de 1870 et la Commune - Henri Guillemin
    https://www.youtube.com/watch?v=P3opSWNFebk&list=PL9loupBcMDBN_aBoCfF6xy5HMU5nwYkl9

    L’affaire Bazaine - Henri Guillemin (1962)

    https://www.youtube.com/watch?v=euKkr_v-wFY

    Le fascisme en France - Henri Guillemin
    https://www.youtube.com/watch?v=W7OZWeZvUNU

    #1870 #bazaine #république_des_jules #guerre #france #allemagne #choix_de_la_defaite #Henri_Guillemin #facisme

  • Les Lumières et l’esclavage
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article836

    L’article « Sapere aude ! » http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article823 publié dans votre précédent numéro aborde rapidement, vers la fin, un point essentiel de la doxa anti-Lumières : leur rapport à l’esclavage. Face à l’avalanche d’âneries que l’on peut lire ou entendre sur ce sujet, je vous propose de faire un point.

    L’AIR DE LA CALOMNIE

    Si l’on tape sur « Google » les termes « histoire de l’esclavage » , on tombe très facilement – ce n’est qu’un exemple – sur la revue Hérodote qui affirme, péremptoirement,

    « L’esclavage, pudiquement qualifié d’institution particulière par les élites des Lumières, a été progressivement aboli à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle dans les États américains et les colonies européennes grâce à l’action des sociétés philanthropiques d’inspiration chrétienne. » [1]

    Deux remarques s’imposent : peut-être quelque auteur français des Lumières a-t-il employé cette expression, mais malgré une lecture assidue, je ne l’ai encore jamais rencontrée. En fait, l’expression est de Thomas Jefferson, le 3e président des USA, qui possédait lui-même des esclaves. Attribuer son expression « pudique » à l’ensemble des Lumières constitue une généralisation totalement abusive. Et ajouter que la lutte contre l’esclavage fut « d’inspiration chrétienne » [2], un parfait contre-sens au moins en ce qui concerne la France, comme nous l’allons voir. Mais on peut lire encore pire : de la calomnie pure et dure. Ainsi le Guide vert de Bretagne a osé imprimer que Voltaire aurait eu « une part de 5000 livres dans un négrier nantais » sans apporter, bien sûr, le moindre début de preuve ; affirmation reprise, quoique sous une forme non chiffrée, mais toujours sans l’ombre d’une preuve par des politiciens comme… Christiane Taubira, mais que l’on retrouve aussi – c’est un comble – dans une brochure du mouvement pédagogique Freinet et, bien entendu, distillée par des journaleux en mal de « révélations » [3].

    C’est la fameuse technique de la calomnie, décrite par Beaumarchais, un des esprits les plus pétillants des Lumières :

    « … il n’y a pas, écrivait-il, de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville, en s’y prenant bien.... D’abord un bruit léger, rasant le sol [...] telle bouche le recueille, et, piano, piano, vous le glisse en l’oreille adroitement ; le mal est fait : il germe, il rampe, il chemine, […] éclate et tonne, et devient un cri général […] » [4]

    Et nous en sommes là : d’insinuations fielleuses en affirmations parfaitement fausses, la campagne réactionnaire contre les Lumières bat son plein depuis plusieurs années, tant et si bien que beaucoup de lycéens, qui en ont lu au maximum une demi-page, sont persuadés que Montesquieu (quand ils le connaissent) est un esclavagiste et que les autres Lumières ne valaient pas mieux.
    Voyons donc ce qu’il en est en réalité.

    DE LA PRÉHISTOIRE AU XVIIIe SIÈCLE : DES SIÈCLES D’ESCLAVAGE

    Pour comprendre des textes anciens, il est nécessaire de les resituer dans leur contexte et donc de rappeler, au moins à grands traits, ce qu’était l’époque à laquelle ils ont été rédigés. Cette époque, ce XVIIIe siècle dans lequel apparaissent les Lumières est, comme toute la période qui la précède, un siècle esclavagiste, en France et dans le monde.

    Sur le plan mondial, personne ne s’insurge alors (ni même longtemps après) contre la « traite orientale » des esclaves, pourtant

    « la plus longue en durée et la plus importante en nombre d’esclaves puisqu’on estime que 17 millions de noirs seront mis en esclavage »

    et cela pour alimenter

    « le monde musulman en esclaves noirs, d’abord dans l’empire arabe puis dans l’empire Ottoman. » [5]

    pas plus d’ailleurs que contre la « traite intra-africaine » qui, d’une part a fourni les esclaves de la « traite atlantique » mais aussi alimenté la « clientèle » africaine ( « 14 millions de noirs furent ainsi réduit en esclavage sur place » [6].).

    La Grèce, Rome ont pratiqué l’esclavage. La France l’a aussi connu. Même en plein XVIIIe siècle, le servage (une forme locale d’esclavage) y persiste encore. L’esclavage est considéré comme tellement normal qu’à la fin du XVIIe il est réglementé par un texte juridique, le Code noir (1685) [7]. Les dispositions de ce code seront progressivement aggravées par Louis XV. A cette époque, La France est un pays dominé, écrasé même par l’église catholique. Et celle-ci, qui n’a jamais hésité à avoir des esclaves [8], justifiait sa position par le droit canonique, l’Ancien et le Nouveau Testament ainsi que par les Pères de l’Église. Si bien que les grands savants théologiens catholiques de l’époque, à commencer par Bossuet et en suivant par Jean Pontas, Germain Fromageau, Bellon de Saint-Quentin

    « n’ont jamais mis en discussion la légitimité de l’esclavage, notamment de l’esclavage des noirs » [9]

    Pire, pour le célèbre Bossuet ; condamner l’esclavage ce serait

    « condamner le St Esprit qui ordonne aux esclaves, par la bouche de St Paul, de demeurer dans leur état et n’oblige point les maîtres à les affranchir’’ » [10].

    D’ailleurs, et c’est une donnée essentielle pour comprendre l’acceptation de ce crime par une société pétrie de christianisme,

    « La justification officielle de la traite est l’évangélisation des Noirs » [11].

    Comme les choses, surtout sur une période de plusieurs siècles, sont rarement d’un bloc uniforme, il faut dire également qu’avant le mouvement des Lumières il y eut, ça et là, quelques tentatives courageuses d’interdire ou d’abolir l’esclavage mais sans effet pratique sur l’esclavage dans les colonies.

    En résumé, quand le mouvement des Lumières apparaît, il baigne, comme toute la société, dans cet esclavagisme. Et c’est par un effort soutenu de réflexion et de critique qu’il va réussir à s’en dégager.

    « QUE LES COLONIES EUROPÉENNES SOIENT DONC PLUTÔT DÉTRUITES, QUE DE FAIRE TANT DE MALHEUREUX ! »

    Les Lumières, il faut le rappeler, ne constituent ni une « école » ni un courant homogène. Ces auteurs (dont un petit nombre viendra du clergé) polémiquent souvent entre eux avec la plus grande virulence. Leur point commun est de vouloir penser par eux-mêmes, d’accepter la discussion, d’évaluer les raisonnements des uns et des autres et… d’évoluer en fonction de la pertinence des arguments.

    Partant d’une société dans laquelle l’esclavage est une sorte « d’évidence » générale, que personne ou presque ne questionne, il n’est pas étonnant que

    « L’élaboration de la culture critique anti-esclavagiste au XVIIIe siècle [… n’ait pas été] sans hésitations puisque cette critique devait briser une longue tradition de légitimation théorique de l’esclavage qui, auparavant, n’avait jamais été mise en question en ces termes. » [12] .

    C’est par une sorte de tâtonnement que cette critique s’élabore. Pour schématiser, on peut observer trois phases : celle où l’esclavage n’est pas reconnu comme un problème ou même est admis (quelques rares auteurs en resteront à ce stade), celle du début de la réflexion éthique avec des contradictions et des ambiguïtés, et enfin celle de la révolte et de l’affirmation de l’anti-esclavagisme (à partir des années 1770). Les textes des principaux auteurs vont nous montrer les conclusions auxquelles ils parviennent.

    VOLTAIRE

    C’est sous forme d’un conte, un genre qu’il affectionnait pour faire passer ses idées chez le plus grand nombre possible, que Voltaire s’attaque à l’esclavage :

    « En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite.

    – Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon ami, dans l’état horrible où je te vois ?
    – J’attends mon maître, monsieur Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre.
    – Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi  ?
    – Oui, monsieur, dit le nègre, c’est l’usage. […]
    – Ô Pangloss ! s’écria Candide, tu n’avais pas deviné cette abomination ; c’en est fait, il faudra qu’à la fin je renonce à ton optimisme. […] Et il versait des larmes en regardant son nègre, et, en pleurant, il entra dans le Surinam. »
    [13].

    Et Candide, qui n’avait pas perdu son optimisme devant les plus grands désastres (tel le tremblement de terre de Lisbonne) le perd irrémédiablement quand il est confronté à cette abomination qu’est l’esclavage.

    ROUSSEAU

    Dans ce qui est son ouvrage fondamental de philosophie politique, « Du contrat social » , Jean-Jacques Rousseau consacre un chapitre, « De l’esclavage » , à cette question. Il débute par ces mots :

    « Puisque aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable, […]. »

    et se conclut, à la suite de tout un raisonnement par :

    « Ainsi, de quelque sens qu’on envisage les choses, le droit d’esclave est nul, non seulement parce qu’il est illégitime, mais parce qu’il est absurde et ne signifie rien. Ces mots, esclavage et droit, sont contradictoires ; ils s’excluent mutuellement. Soit d’un homme à un homme, soit d’un homme à un peuple, ce discours sera toujours également insensé : je fais avec toi une convention toute à ta charge et toute à mon profit, que j’observerai tant qu’il me plaira, et que tu observeras tant qu’il me plaira. » [14]

    Par « le droit d’esclave » il faut bien entendu entendre « le droit d’avoir des esclaves ». Ce droit est nul, nous dit Rousseau, qui illustre son propos en soulignant le caractère tout à fait léonin de toute « convention » qui régirait l’esclavage.

    DIDEROT

    Denis Diderot est encore plus clair quand il écrit :

    « À qui, barbares, ferez-vous croire qu’un homme peut être la propriété d’un souverain ; un fils, la propriété d’un père ; une femme, la propriété d’un mari ; un domestique, la propriété d’un maître ; un esclave, la propriété d’un colon ? » [15].

    En quelques lignes, Diderot s’attaque non seulement à l’esclavage mais aussi au servage, au patriarcat et au machisme ! Et c’était il y a plus de 200 ans ! C’est peu de dire que l’ouvrage dont sont extraites ses lignes ne plut pas aux autorités. Le Parlement et l’Église le censurèrent et Louis XVI le fit brûler publiquement. Le directeur de publication partit prudemment en exil…

    CONDORCET

    Condorcet de son côté dénonce vigoureusement une époque

    « … souillée par de grandes atrocités. Elle fut celle des massacres religieux, des guerres sacrées, de la dépopulation du nouveau monde. Elle y vit rétablir l’ancien esclavage, mais plus barbare, plus fécond en crimes contre la nature ; elle vit l’avidité mercantile commercer du sang des hommes, les vendre comme des marchandises […] et les enlever à un hémisphère pour les dévouer dans un autre, au milieu de l’humiliation et des outrages, au supplice prolongé d’une lente et cruelle destruction » [16].

    Il s’adresse directement aux esclaves :

    « Quoique je ne sois pas de la même couleur que vous, je vous ai toujours regardé comme mes frères. La nature vous a formés pour avoir le même esprit, la même raison, les mêmes vertus que les Blancs. Je ne parle ici que de ceux d’Europe, car pour les Blancs des Colonies, je ne vous fais pas l’injure de les comparer avec vous (…). Si on allait chercher un homme dans les Isles de l’Amérique, ce ne serait point parmi les gens de chair blanche qu’on le trouverait. » [17].

    La condamnation de l’esclavage et de ceux qui la pratiquent est claire.

    DE JAUCOURT

    Louis de Jaucourt est moins connu du grand public. C’est pourtant, peut-être, un des auteurs qui illustre le mieux l’universalisme des Lumières. Après des études de théologie (protestante) à Genève, il se rend à Cambridge pour étudier mathématiques et physique, puis il poursuit sa peregrinatio academica à Leyde où il devient docteur en médecine. Louis de Jeaucourt parlait cinq langues vivantes (français, allemand, anglais, italien, espagnol) et maîtrisait deux langues mortes (grec et latin). Fin connaisseur des littératures anciennes et modernes et bien instruit en histoire et politique, philosophie et théologie, physique et mathématiques, chimie et botanique, belles-lettres et beaux-arts, Louis de Jaucourt est le principal contributeur à ce qui fut l’œuvre majeure des Lumières, l’ Encyclopédie [18], puisqu’il en rédige à lui seul un bon quart (soit quelques 18 000 articles sur les 72 000 qu’elle comprend, cela sans compter les articles qu’il cosigne). Fuyant les mondanités, travaillant sans relâche à ses articles, de Jaucourt avait fait don de ses biens aux pauvres qu’il soignait, en tant que praticien, à titre gratuit [19].

    Voici ce qu’il écrit dans deux articles de l’Encyclopédie « Esclavage » et « Traite des Nègres » :

    « Après avoir parcouru l’histoire de l’esclavage, nous allons prouver qu’il blesse la liberté de l’homme, qu’il est contraire au droit naturel et civil, qu’il choque les formes des meilleurs gouvernements, et qu’enfin il est inutile par lui-même. […] rien au monde ne peut rendre l’esclavage légitime. »

    Dans le second article, de Jaucourt n’hésite pas à aborder les aspects économiques (qui constituent, in fine, un des arguments majeurs des esclavagistes) :

    « On dira peut-être qu’elles seraient bientôt ruinées, ces colonies, si l’on y abolissait l’esclavage des nègres. Mais quand cela serait, faut-il conclure de là que le genre humain doit être horriblement lésé, pour nous enrichir ou fournir à notre luxe ? Il est vrai que les bourses des voleurs des grands chemins seraient vides, si le vol était absolument supprimé : mais les hommes ont-ils le droit de s’enrichir par des voies cruelles et criminelles ? Quel droit a un brigand de dévaliser les passants ? »

    Et de conclure, conclusion que nous faisons nôtre :

    « Que les colonies européennes soient donc plutôt détruites, que de faire tant de malheureux ! »

    C’est de ce mouvement des Lumières que naîtra la première organisation abolitionniste de France, la « Société des amis des noirs » (1788) qui ouvre la voie à l’abolition officielle de l’esclavage par la Révolution française, le 16 pluviôse de l’an II. Napoléon Ier, qui n’avait rien d’une Lumière, rétablit l’esclavage par la loi du 20 mai 1802, et c’est un décret du 27 avril 1848, porté par Victor Schœlcher qui abolira définitivement l’esclavage en France.

    RETOUR SUR L’AIR DE LA CALOMNIE

    Comme les textes apportent, pour peu qu’on prenne la peine de les lire, un démenti cinglant à ceux qui veulent assimiler esclavage et Lumières, une deuxième ligne d’attaque – nous en avons dit un mot en introduction – s’est insidieusement développée ; celle qui prétend que les philosophes des Lumières auraient eu un double langage et qu’ils auraient tiré des bénéfices direct de l’esclavage.

    De Jaucourt (qui donne tous ses biens), Rousseau (qui vit dans la misère) et bien d’autres étant totalement inattaquables, la calomnie se concentre sur un des auteurs les plus connus Voltaire, et vient accessoirement tenter de salir Diderot.

    Dès son époque, Voltaire était surveillé, scruté par ses nombreux ennemis, en particulier les Jésuites qui lui vouaient une haine farouche. S’il y avait eu la moindre contradiction entre ses écrits et sa vie, ils se seraient fait un plaisir de le publier. Or, il n’en est rien. 238 ans après sa mort, alors que des travaux sans nombre lui ont été consacrés dans le monde entier ses ennemis, toujours aussi nombreux, n’ont pas trouvé le moindre début de preuve de ce qu’ils avancent. Il semble que l’origine de cette rumeur nauséabonde se trouverait dans l’article d’une historienne, Nelly Schmidt. Mais elle n’en publie aucune preuve et ne répond pas quand on l’interroge :

    « Sollicitée à plusieurs reprises d’indiquer sa source, Mme Schmidt ne m’a pas répondu »

    note Jean Ehrard [20].

    Ceci dit, si je me permets un commentaire personnel, je m’étonne que les quelques universitaires et autres individus qui attaquent les Lumières pour de prétendues complicités avec l’esclavage au XVIIIe siècle ne se fassent pas connaître dans la lutte contre l’esclavage aujourd’hui ni en France [21], ni dans le monde. Pourtant, au bas mot, il y a actuellement, au moins 45,8 millions de personnes réduites en esclavage, un tiers d’entre elles étant des enfants [22]. Mais, probablement, travailler à tirer de l’esclavage quelques millions d’enfants et d’adultes est moins « vendeur » (ou moins subventionné) que de cracher sur ceux qui, les premiers, ont lutté pour cette libération. De même, je ne me souviens pas d’avoir vu les détracteurs des Lumières s’élever conte le génocide rwandais, le génocide cambodgien et tant d’autres horreurs. Sans doute étaient-ils trop occupés à leurs misérables recherches pour protester contre les abominations de notre temps.

    Parvenu à ce stade, je me permettrai une dernière remarque. Quand on veut « peser » le « pour » et le « contre » il faut aussi « peser » le rapport de forces. Les auteurs qu’on appelle les Lumières n’étaient qu’une poignée, quelques dizaines. Les opposants aux Lumières, au moins ceux qui étaient organisés, formaient de véritables armées (à la veille de la Révolution, le clergé compte 120 000 hommes, essentiellement hostiles aux Lumières) et ils avaient le pouvoir. Critiquer l’organisation sociale exposait à des interdictions (l’Encyclopédie fut interdite), à des bannissements, des exils, à de la prison et même à la mort [23]. Dans ce contexte, avoir dénoncé l’esclavage, un des piliers du système, c’était faire preuve d’un grand courage. Un courage qui manque tant de nos jours aux « élites » intellectuelles pour dénoncer les abominations du monde actuel.

    [1] cf : https://www.herodote.net/De_l_Antiquite_a_nos_jours-synthese-16.php .

    [2] Aux USA, les Quakers ont effectivement joué ce rôle.

    [3] Jean Ehrard, Lumières et esclavage. L’esclavage colonial et l’opinion publique en France au XVIIIe siècle , André Versaille éditeur, 2008, 239 pages. C’est l’ouvrage de référence dans ce domaine.

    [4] Beaumarchais, Barbier de Séville, 1775.

    [5] http://dp.mariottini.free.fr/esclavage/histoire-chronologie/les-3-traites.htm

    [6] http://dp.mariottini.free.fr/esclavage/histoire-chronologie/les-3-traites.htm

    [7] On oublie souvent de le préciser : cette ignominie qu’est le « Code Noir » est également antisémite : il s’attaque, dès son premier article, aux juifs.

    [8] Les fils naturels de prêtre étaient systématiquement esclaves de l’église catholique.

    [9] Alessandro Tuccillo, « Jean Ehrard, Lumières et esclavage. L’esclavage et l’opinion publique en France au XVIIIe siècle » http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?article943 .

    [10] Citation de Bossuet, Dictionnaire rationaliste, article esclavage.

    [11] Jean Ehrard, Lumières et esclavage. L’esclavage colonial et l’opinion publique en France au XVIIIe siècle , André Versaille éditeur, 2008, 239 pages.

    [12] Alessandro Tuccillo, « Jean Ehrard, Lumières et esclavage. L’esclavage et l’opinion publique en France au XVIIIe siècle » http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?article943 .

    [13] Voltaire, Candide ou l’optimiste , 1759.

    [14] Rousseau, Du contrat social , 1750.

    [15] « Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes » . Cet ouvrage collectif, considéré comme la « bible » de l’anticolonialisme, a été, dirait-on aujourd’hui, publié sous la direction de l’abbé Raynal. Le passage cité ici est de Diderot. 1780. On peut consulter à ce sujet la notice BnF no FRBNF31182796.

    [16] Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain , 1793/1794

    [17] Condorcet, Réflexions sur l’esclavage des Nègres , 1781.

    [18] Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers , sous la direction de Diderot et D’Alembert. Il faudra plus de vingt ans (1751-1772) pour que la publication soit complète et parvienne à surmonter les immenses difficultés qu’on lui opposa.

    [19] Musée virtuel du protestantisme, article de Jaucourt, http://www.museeprotestant.org/notice/louis-de-jaucourt-1704-1779

    [20] Jean Ehrard, Lumières et esclavage. L’esclavage colonial et l’opinion publique en France au XVIIIe siècle , André Versaille éditeur, 2008, 239 pages.

    [21] Vous aviez publié il y a quelques années le cas d’un « esclave moderne » que vous aviez tiré de cette situation, à Lauzerte (82) je crois. Autant qu’il me souvienne, et bien que l’affaire ait fait du bruit, aucun des universitaires anti-Lumières n’a apporté la moindre aide ni n’a manifesté de soutien.

    [22] https://www.walkfree.org d’après, en particulier, des chiffres de l’UNICEF.

    [23] En 1766, après avoir subi la torture, le chevalier de la Barre, à peine âgé de 21 ans, est condamné pour « impiété ». Il est décapité et son corps jeté aux flammes avec l’exemplaire saisi chez lui du « Dictionnaire Philosophique » de Voltaire.

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    Outre les références citées en notes, on lira avec grand intérêt !

    Christian Albertan, « Jean Ehrard, Lumières et esclavage. L’Esclavage colonial et l’opinion publique en France au XVIIIe siècle » , Annales historiques de la Révolution française.
    http://ahrf.revues.org/11508

    Marie Leca-Tsiomis, « Jean ERHARD, Lumières et esclavage. L’esclavage colonial et l’opinion publique en France au XVIIIe siècle » , Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, numéro 43 Varia, [En ligne], mis en ligne le 26 novembre 2008. . Consulté le 19 septembre 2016.
    http://rde.revues.org/3812

    Ann Thomson, « Diderot, Roubaud et l’esclavage » , Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, numéro 35 Varia.
    http://rde.revues.org/179

    Article d’@Anarchosyndicalisme ! n°151 Oct-Nov 2016
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article834

    • Qu’apporte cette précision de la « traite intra-africaine » pour une "« clientèle » africaine" dans ce texte ? à part un dédouanement de l’occident et un détournement du sujet, je ne voie pas trop. Et au passage cette précision prend vraiment lea lecteurice pour une buse, comme si tout le monde n’étais pas au courant que l’esclavage existait hors du contexte de l’histoire moderne... et comme si cette précision n’étais pas le plus gros poncif qu’on puisse sortir sur le sujet. Ca me semble être du pure #whitesplanning

      Il me semble évident que les militant·e·s afro-descendant·e·s actuels auquel se texte semble vouloir répondre parlent et veulent parler de l’esclavage par les pays occidentaux pendant la période classique et moderne, et n’ont pas d’intérêt pour la grèce antique ou l’empire ottoman dont ils sont de toute façon déjà largement informé·e·s par tous les fafs, FNoïdes et bravepatriotes depuis belles lurettes.

      Par rapport à Voltaire, c’est bien de sortir Candide mais c’est aussi une réponse qui tombe à coté, il semble que le texte qui pose problème soit l’"Essai sur les Mœurs et l’esprit des Nations"(1756)
      voici un extrait explicitement raciste :

      Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu’ils ne doivent point cette différence à leur climat, c’est que des nègres et des négresses transportés dans les pays les plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce, et que les mulâtres ne sont qu’une race bâtarde d’un noir et d’une blanche, ou d’un blanc et d’une noire.

      source ; http://www.contreculture.org/AG%20Voltaire.html

    • « Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l’acheteur.
      Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir. »
      (tome 8, page 187)

      Lettre à Michaud de Nantes, son associé dans l’armement du Congo (Cité par César Cantu, Histoire universelle, 3ème édition, Tome XIII, p 148. Accessible sur Google books)
      « Je me félicite avec vous de l’heureux succès du navire le Congo, arrivé si à propos sur la côte d’Afrique pour soustraire à la mort tant de malheureux nègres... Je me réjouis d’avoir fait une bonne affaire en même temps qu’une bonne action. »

      l’Essai sur les moeurs, Voltaire publie le Traité de Métaphysique. La thèse de l’origine différente et de l’inégalité des races humaines est déjà présente, dans toute sa nudité et toute sa violence.

      Descendu sur ce petit amas de boue, et n’ayant pas plus de notion de l’homme que l’homme n’en a des habitants de Mars ou de Jupiter, je débarque vers les côtes de l’Océan, dans le pays de la Cafrerie, et d’abord je me mets à chercher un homme. Je vois des singes, des éléphants, des nègres, qui semblent tous avoir quelque lueur d’une raison imparfaite. Les uns et les autres ont un langage que je n’entends point, et toutes leurs actions paraissent se rapporter également à une certaine fin. Si je jugeais des choses par le premier effet qu’elles font sur moi, j’aurais du penchant à croire d’abord que de tous ces êtres c’est l’éléphant qui est l’animal raisonnable. Mais, pour ne rien décider trop légèrement, je prends des petits de ces différentes bêtes ; j’examine un enfant nègre de six mois, un petit éléphant, un petit singe, un petit lion, un petit chien : je vois, à n’en pouvoir douter, que ces jeunes animaux ont incomparablement plus de force et d’adresse ; qu’ils ont plus d’idées, plus de passions, plus de mémoire, que le petit nègre ; qu’ils expriment bien plus sensiblement tous leurs désirs ; mais, au bout de quelque temps, le petit nègre a tout autant d’idées qu’eux tous. Je m’aperçois même que ces animaux nègres ont entre eux un langage bien mieux articulé encore, et bien plus variable que celui des autres bêtes. J’ai eu le temps d’apprendre ce langage, et enfin, à force de considérer le petit degré de supériorité qu’ils ont à la longue sur les singes et sur les éléphants, j’ai hasardé de juger qu’en effet c’est là l’homme ; et je me suis fait à moi-même cette définition :

      L’homme est un animal noir qui a de la laine sur la tête, marchant sur deux pattes, presque aussi adroit qu’un singe, moins fort que les autres animaux de sa taille, ayant un peu plus d’idées qu’eux, et plus de facilité pour les exprimer ; sujet d’ailleurs à toutes les mêmes nécessités ; naissant, vivant, et mourant tout comme eux.

      « Mais qu’est-ce donc que Voltaire ? Voltaire, disons-le avec joie et tristesse, c’est l’esprit français ».
      (Victor Hugo. « Shakespeare »)

      #anarcho_bourgeois

    • Bonjour @mad_meg ,

      Des amis m’ont transmis la réponse que vous avez bien voulu me faire sur Seenthis. J’ai pris assez de temps pour vous répondre car, comme indiqué plus bas, j’ai cherché, sans les trouver, quelques références.

      Votre première remarque est la suivante :

      Qu’apporte cette précision de la « traite intra-africaine » pour une "« clientèle » africaine" dans ce texte ? à part un dédouanement de l’occident et un détournement du sujet, je ne voie pas trop. Et au passage cette précision prend vraiment lea lecteurice pour une buse, comme si tout le monde n’étais pas au courant que l’esclavage existait hors du contexte de l’histoire moderne... et comme si cette précision n’étais pas le plus gros poncif qu’on puisse sortir sur le sujet. Ca me semble être du pure #whitesplanning

      Je vous rappelle que le titre de mon article était « Les Lumières et l’esclavage ». La question de l’esclavage « pèse » donc la moitié du titre. Il était légitime qu’elle soit au moins succinctement abordée. Vous écrivez « comme si tout le monde ne savait pas que l’esclavage existait hors du contexte de l’histoire moderne » . Votre assertion est erronée ou du moins imprécise car l’esclavage ne concerne pas que le passé, il continue à sévir dans l’histoire moderne. Au jour d’aujourd’hui, il y a quelques 36 millions d’esclaves dans le monde (1), ce qui est à peu près l’équivalent de la population du Canada. Ce n’est donc pas « rien ». Or l’esclavage actuel se maintient dans l’indifférence quasi-générale : où sont les écrivains, les intellectuels, les militants de gauche et d’extrême gauche qui osent dénoncer publiquement le problème et militer pour qu’il cesse ? J’en voie fort peu. Et permettez-moi de m’étonner que l’on critique les Lumières pour ne pas avoir été assez radicales contre l’esclavage il y a 200 ans tout en se moquant bien du sort des 36 millions d’enfants, de femmes et d’hommes qui sont réduits aujourd’hui à ce triste sort. C’est une énorme contradiction. Si j’étais chrétien, cela me rappellerait la parabole selon laquelle on voit plus facilement la paille dans l’œil de son voisin que la poutre de son propre œil.

      Vous écrivez ensuite :

      Il me semble évident que les militant·e·s afro-descendant·e·s actuels auquel se texte semble vouloir répondre parlent et veulent parler de l’esclavage par les pays occidentaux pendant la période classique et moderne, et n’ont pas d’intérêt pour la grèce antique ou l’empire ottoman dont ils sont de toute façon déjà largement informé·e·s par tous les fafs, FNoïdes et bravepatriotes depuis belles lurettes.

      Vous affirmez que les « afro-descendants » sont largement informés sur la traite par « l’empire ottoman ». Je ne sais pas ce qui vous autorise à proférer une telle affirmation. Malgré d’assez longues recherches, je n’ai trouvé strictement aucune étude pouvant servir d’assise à votre affirmation. Tout au contraire, en interrogeant autour de moi des amis « noirs de peau » (pour reprendre une terminologie exécrable) et des amis de ces amis il m’est apparu que si quelques-uns avaient vaguement entendu parler de la traite intra-africaine, la plupart « tombaient de cul » en la découvrant. La traite intra-africaine est une réalité qui émerge à peine depuis quelques années dans les consciences. Et cette réalité, plus on la creuse, plus elle apparait comme effrayante, tant et si bien que les auteurs « noirs » qui travaillent la question finissent par dire que si la traite atlantique est constitutive d’un crime contre l’humanité, la traite africaine constitue un véritable génocide : non seulement par la mortalité lors de la traversée des déserts dans des conditions épouvantables mais surtout par le passage systématique garçons dans des « ateliers de castration », avec une mortalité de l’ordre de 70 à 80 % et une infécondité pour les survivants. Comme l’esclavage intra-africain s’est poursuivi au XIXème siècle et même aujourd’hui, il y a des traces iconographiques qui font froid dans le dos. Une présentation édulcorée de la question, mais intéressante, a été faite sur Arte (2).

      Au total, je vous retourne votre question : pourquoi donc ne faudrait-il pas aborder dans un article sur l’esclavage la forme d’esclavage la plus massive, c’est-à dire l’esclavage intra-africain ? Voyons vos arguments :

      – ce serait pour dédouaner l’Occident de ses propres crimes. Remarquons que, même si cela a pris trop de temps, l’Occident, ou du moins la France puisque c’est ici qu’on vit (et où ont vécu les Lumières dont il est question dans mon article) a déclaré officiellement par la loi n°2001-434 du 21 mai 2001 « la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité » (https://www.herodote.net/La_traite_un_crime_contre_l_humanite_-article-17.php), à l’égal de la Shoah et des autres génocides du XXe siècle et a proclamé le 10 mai journée des « Mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions » . Je ne crois pas beaucoup aux lois, mais j’aimerais tellement que le Qatar (premier pays esclavagiste) ou le Maroc par exemple (150 000 esclaves) abolissent dans les fait l’esclavage et reconnaissent que c’est un crime !

      – ce serait inutile en général car « tout le monde serait au courant » . Affirmation totalement gratuite qu’aucune étude ne vient étayer en ce qui concerne la traite intra africaine.

      – ce serait inutile en particulier pour les « afro-descendants » qui n’y porteraient aucun intérêt (on se demande bien pourquoi) et surtout qui seraient « largement informés par par tous les fafs, FNoides et bravepatriotes depuis belle lurette » . Assertion fausse à au moins deux niveaux :
      1/ Il y a maintenant des afro-descendants qui découvrent la traite intra-africaine, qui s’y intéressent, et de plus en plus, un petit tour sur « youtube » vous en donnera d’assez nombreux exemples.
      2/ comme indiqué plus haut, il n’existe pas d’étude prouvant que les « afro-descendants » soient largement informés », le constat que j’ai pu faire montre même l’inverse.

      – Finalement, c’est dans la dernière ligne du paragraphe cité qu’on comprend votre motivation : les fafs, FNoïdes et bravepatriotes parlent de l’esclavage intra-africain, donc les autres doivent s’interdire d’en parler. Votre logique est une logique que l’on connait bien en politique : taire la vérité car elle pourrait mettre en contradiction telle ou telle théorie. Ce fut la logique du Parti Communiste qui étouffait tous les méfaits du stalinisme sous prétexte de « ne pas désespérer Billancourt ». On connait le résultat de cette politique de l’autruche : ça marche un certain temps, puis ça s’effondre, parfois violemment. A l’inverse des taiseux de la vérité, je pense que toute vérité doit être dite. C’est la condition même du débat démocratique. Et si nos adversaires disent une vérité, rien ne doit nous interdire de dire la même. Sauf à se mettre dans des situations éthiquement inadmissibles et qui pourraient friser le ridicule : si MadameLe Pen, à l’encontre de certains fondamentaliste de son parti, affirmait que « Oui, la terre est ronde », serions-nous pour cela dans l’obligation de proclamer qu’elle est plate ? Assez de calculs politiciens minables !

      Votre deuxième grand point concerne Voltaire. Vous écrivez

      Par rapport à Voltaire, c’est bien de sortir Candide mais c’est aussi une réponse qui tombe à coté, il semble que le texte qui pose problème soit l’"Essai sur les Mœurs et l’esprit des Nations"(1756)
      voici un extrait explicitement raciste :

      Je dois dire que, malgré mes recherches, je n’ai pas trouvé un exemplaire de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations comportant cet extrait. La référence que vous citez (http://www.contreculture.org/AG%20Voltaire.html.) donne un passage très court, et j’aurais bien aimé lire ce qu’il y avait avant et après. J’observe que la citation est tirée d’une édition de 1805, soit bien après la mort de Voltaire. Si quelqu’un parmi les lecteurs dispose d’un accès à l’édition originale, je serais preneur des deux ou trois pages qui précèdent et suivent cette citation. Dans l’attente, et s’il ne s’agit pas d’une interpolation, ce que le texte permet de conclure c’est qu’il s’agit d’une description raciste, mais racisme et esclavage ne sont pas synonymes. Ma deuxième observation sur ce point, c’est que, comme indiqué dans mon article, la pensée des Lumières évoluent au fil du temps. Je me permets de me citer

      « Pour schématiser, on peut observer trois phases : celle où l’esclavage est ou admis (quelques rares auteurs en resteront à ce stade) ou du moins n’est pas identifié en tant que question (première moitié du siècle), celle de la mise à jour de cette problématique et donc du début de la réflexion éthique avec des contradictions et des ambigüités, et enfin celle de la révolte et de l’affirmation de l’anti-esclavagisme ».

      Voltaire lui aussi évolue : l’Essai est de 1756, le Candide de 1759. Sans d’ailleurs passer sous silence qu’elles ont été précédées d’exécrables vaticinations, quand une pensée évolue, ce sont me semble-t-il, les dernières positions dont il faut tenir compte pour « juger » un auteur.

      En vous remerciant encore de la peine que vous avez prise pour me répondre.

      (1) - (http://www.liberation.fr/planete/2014/11/17/pres-de-36-millions-d-esclaves-dans-le-monde_1144709 – Estimation de l’ONG Walk Free)

      (2) - Emission Arte Thema https://www.youtube.com/watch?v=a-Xa4nR3EWM

      Vous pouvez lire aussi Le génocide voilé de Tidiane N’Diaye, Gallimard, Continents noirs, 2008 et les travaux de Salah Trabelsi

    • Merci pour ta réponse @anarchosyndicalisme
      Et Non je n’ai pas les textes de voltaire en édition originales sous la main pour te prouver mon copié collé ! Tu affirme qu’il n’a jamais dit de choses racistes ni esclavagiste et maintenant tu dit « Voltaire lui aussi évolue : l’Essai est de 1756, le Candide de 1759. »
      C’est très interessant merci pour toute cette volonté de dialogue.

      Ciao et bonne journée en 1756.

    • @mad_meg Tu sors des passages de leur contexte en niant les évolutions de la langue et autres nuances... Tu fais aussi références à des lettres qui sont connues pour être apocryphes... Ces sources sont utilisées par des suprémacistes noirs afin de calomnier les Lumières. Tu ne répond que à ce qui t’arrange. En accusant la CNT-AIT de racisme en donnant des sources aussi litigieuses tu calomnie. Tout comme tu calomnie dans d’autres posts en utilisant toi-même les catégorisations raciales chères au PIR et à ses avatars associatifs.

    • Le coup du complot suprématisme noir qui en voudrait aux lumières et auraient hacker Google book pour y insérer des textes apocryphes c’est super drôle. Je te demande pas de sources j’ai ma dose de rigolade pour un moment.
      Bonne soirée et merci

    • Parler avec les deux me fait le même effet que de discuter avec des membres des jeunesses identitaires. J’ai lu que Céline, Drumont et Rebatet sont considérés comme anarchistes de droite. Nous avons là une longue lignée littéraire et cultivée.

      WP : Polysémique, le terme anarchie s’entend sous des acceptions, non seulement différentes, mais absolument contradictoires. Employé péjorativement, comme synonyme de désordre social dans le sens commun ou courant et qui se rapproche de l’anomie,
      L’anarchisme de droite est une sensibilité philosophique et politique caractérisée par un refus d’adhérer à une société ou un système s’appuyant sur la démocratie parlementaire, le pouvoir de l’argent, les idées reçues en matière d’ordre social, et plus généralement toute forme d’autorité se réclamant d’eux.

      Un test :
      " Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l’acheteur.
      Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir. »"
      Comment traduire ce passage dans une langue qui a évolué ? Comment vont jouer les nuances ?

    • @unagi @mad_meg insinuer que la CT-AIT cautionne l’esclavage en les comparant aux fachos c’est de la calomnie lénifiante.
      Pour Voltaire il vous a déja été répondu qu’il avait évolué. Et comme pour tout le monde la position qui compte c’est la dernière. De Mussolini qui a commençé comme socialiste mais je penses que ce qu’on retiens c’est plutôt son activité fasciste...
      Toujours est-il que vous semblez refuser le fait qu’on questionne la pèriode des Lumières. Réflexe autoritaire propre aux postmodernes anti-Lumières. Si Voltaire est criticable, la pèriode en soit à permi la liberation de l’esclavage, du servage, à permis plus tard la libération féministe etc.
      Ce qui est rassurant c’est que de fait vous validez le reste de l’article et l’analyse des autres auteurs de la pèriode. Tout n’est peut-être pas perdu ...

    • Non non, aucune calomnie lénifiante, à moins que tu ne t’exprimes en vieux français et dans des contextes lointains.
      Effectivement il nous a été répondu, mais par qui ?
      On voit ou te porte ton esprit confus en parlent de libération de l’esclavage et non pas de libération des esclaves. Comme celle des cerfs, etc, etc...

      Montesquieu, Voltaire, Diderot, Beaumarchais,
      Bernoulli, Euler, Laplace, Lagrange, Monge, Condorcet, D’Alembert en mathématiques, en physique générale et en astronomie. Cavendish, Coulomb et Volta. Lavoisier, Linné, Réaumur, Buffon, Jussieu, Lamarck.
      C’est plus un siècle féministe qu’un siècle de présence féminine.

    • Autant pour moi, ta liste commençant par une marquise et une baronne, en dit long sur le féminisme de cette époque.

      Rousseau fut de suite fasciné par l’esprit de Louise Marie Madeleine Guillaume de Fontaine :
      « Madame Dupin était encore, quand je la vis pour la première fois, une des plus belles femmes de Paris. Elle me reçut à sa toilette. Elle avait les bras nus, les cheveux épars, son peignoir mal arrangé. Cet abord m’était très nouveau. Ma pauvre tête n’y tint pas. Je me trouble. Je m’égare. Et bref, me voilà épris de Madame Dupin. Mon trouble ne parut pas me nuire auprès d’elle, elle ne s’en aperçut point. Elle accueillit le livre et l’auteur, me parla de mon projet en personne instruite, chanta, s’accompagna au clavecin, me retint à dîner, me fit mettre à table à côté d’elle. Il n’en fallait pas tant pour me rendre fou. Je le devins. »
      Mais je m’égare.

    • Beaumarchais, un des esprits les plus pétillants des Lumières

      J’ai bien ri quand j’ai lu cet éloge de Beaumarchais, barbouze et vendeur d’armes au service du roi, anobli puis républicain, censeur, veuf noir, boursicoteur et capitaliste à l’origine de la propriété intellectuelle blanchie sous le terme « droits d’auteur ».

      Encore un coup des suprémacistes noirs.

      Vous avez aussi des posters de Steve Jobs dans les locaux de la CNT-AIT Toulouse ?

    • C’est une féministe Rousseau maintenant ? Il a été secrétaire... et alors je voie pas le rapport. Ces femmes n’ont pas été invités à écrit l’encyclopédie, ni cités comme Lumières par les anarchosyndicalistes. C’est pas des mecs du XVIIIeme qui vont m’aider à m’en sortir en 2016 et même chose je pense pour les personnes racisées qui n’en ont rien à faire de l’abstraction humaniste des bourgeois blancs du temps de l’apogée de l’esclavage moderne.

      Prétendre comme le fait @critical_hi que les lumières sont a l’origine de l’abolition de l’esclavage et de la servitude des femmes c’est encore une belle confiscation des luttes par des hommes blancs. Si l’esclavage des noirs à été aboli c’est parce qu’illes se sont révolté·e·s et que ca devenais trop cher de poursuivre cette industrie devenu moins rentable d’avoir des ouvrier·e·s endettés. Pour les femmes je vais pas entré dans le détail non plus mais c’est la lutte des femmes et le pleine emploi qui les a émancipées pas les lumières.

      Pour le PIR c’est des suprématistes noirs alors ? C’est quoi ce délire à la Finkielkraut ! Pas de sources bien sur pour lancé cette anathème. Comme @unagi j’ai pensé à des anarchistes de droite, en fait c’est juste des mecs blancs qui veulent garder le monopole de la langue comme l’avaient leur ancêtres « les lumières », exactement pareil que Finki, Zemour, Soral... ils disent comme vous sur Voltaire et n’oublient jamais de rappeler que les noirs aussi ont pratiqué l’esclavage.

      Sinon je suis aussi étonné d’un tel acharnement des anarchosyndicalistes toulousains à défendre la pensée des lumières comme une totalité parfaite et immuable. Je savait pas que les lumières étaient anarchistes, ni même syndicalistes. Il y aurais pas des penseurs anarchistes qui ont parlé des noirs depuis les lumières ? Parce que se servir de texte qui utilisent le mot « nègre » pour parler du racisme en 2016 ca me laisse songeuse. Genre vous auriez pas plutot envie de discuter sur la pensée des anarchistes noir·e·s qui se sont penché sur le sujet ? Est-ce que vous en connaissez plus proches de nous (et moins blancs) que Voltaire &co ? Voltaire et les lumières ca fait deux siècles que des hommes blancs se sont penché sur ces textes, on connais deja en long et en large, il manque pas de visibilité et n’en a jamais manqué. Il est plus que temps de s’occuper de laisser la place et la parole et le choix des mots, aux personnes racisées qui sont toujours silenciées, y compris dans cette discussion.

    • Non @unagi je constate seulement que depuis l’époque des Lumières des femmes ont participé à la vie des idées par des correspondances, des écrits ou des traductions. Elles ont pu jouer un rôle dans les transferts culturels, elle ont pu se frayer une place dans des domaines réputés masculins, et participer aux débats publics de leur temps. Les Lumières ce ne sont pas seulement des essais et des corps de doctrine mais aussi et surtout le partage des idées et la participation active à des échanges intellectuels. Ces participations féminines sont longtemps restées invisibles et vous venez d’en remettre une couche.

    • Dur, pour un mouvement historiquement blanc et masculin, de devoir faire le deuil de celui de ses privilèges qui lui est le plus cher (j’en suis passé par là moi aussi) : celui de prétendre détenir déjà le nec plus ultra du discours révolté et du projet politique émancipateur. Difficile pour celui-ci d’entendre qu’un discours élaboré sans les femmes, les racisés et tant d’autres minorisé-e-s l’est toujours de fait contre elleux - et que, lorsque celleux-ci prennent leur émancipation en main, ellils ne viennent pas le rejoindre et faire chorus en le remerciant d’avoir déjà forgé tous les outils nécessaires.
      Pourtant un des fondateurs de l’Internationale - la première, celle de 1864 - avait dit un truc fondamental sur « l’émancipation des opprimés ». Il n’était certainement pas le premier : mais c’est de lui, un homme blanc hétéro et un peu bourgeois, qu’on se souvient.
      Vraisemblablement, ni lui ni l’essentiel du mouvement ouvrier depuis, y compris dans ses composantes libertaires n’imaginaient avec conséquence qu’ils pouvaient, en dépit de leur position et de leur combat de classe, compter aussi au rang des oppresseurs.
      Tous les vestiges actuels de cette histoire ne s’accrochent pas nécessairement mordicus à leurs chères œillères.
      Mais au vu ne serait ce que du succès chez les libertaires d’auteurs récents comme Escudero ou Garcia, de la place éminente que tient dans leur propos la construction d’ennemis de l’émancipation en grande partie fantasmés, comme « les post-modernes » ou « les déconstructeurs », accusés par eux de venir de leurs universités plus ou moins américaines pour dévoyer les saines luttes révolutionnaires populaires, et utilisés comme autant d’anathèmes ; comme au vu des accusations de « scission » que provoquent a répétition, depuis des années, voire des décennies, l’irruption sur la scène politique des combats féministes, LGBTQI, des luttes des racisés, des remises en question antispécistes, toutes et tous rendus systématiquement responsables par nos émancipateurs de l’affaiblissement de la critique sociale traditionnelle (la leur, la seule qui vaille, LA critique générique, universelle, exempte de particularisme : celle la même qui, sous la plume de Garcia, serait aujourd’hui désertée, puisque selon une telle perspective, ne pas rejoindre les anarchistes, c’est nécessairement déserter la critique : a fortiori, venir leur porter la contradiction sur ce point.), tous ou presque sont tentés de le faire.

    • Pour revenir au sujet initial du post, il ne serait peut-être pas inutile de s’intéresser aux travaux de quelqu’un d’a priori aussi peu suspect de sympathie pour l’obscurantisme que l’est #Louis_Sala_Molins.

      En particulier, « #Esclavage_Réparation : les lumières des capucins et les lueurs des pharisiens. », où il expose dans le détail deux exemples de condamnation et de combat mené contre l’esclavage en occident au XVIIè siècle - et l’éclairage violent que ces luttes là projettent sur les prétentions anti-esclavagistes des Lumières qui ont suivi.

      Faits historiques qui affaiblissent singulièrement « l’argument » maintes fois ressassé auquel l’auteur du post initial a recours

      Partant d’une société dans laquelle l’esclavage est une sorte « d’évidence » générale, que personne ou presque ne questionne

      de fait, les ressources intellectuelles, culturelles, requises pour penser contre cette institution étaient déjà là, et les philosophes cités n’en étaient pas dépourvus.

      Et c’est vraisemblablement l’inverse qui devrait nous intéresser et troubler notre confort : le fait de la construction de l’acceptabilité de l’esclavage dans l’Europe des XVIIe et XVIIIe siecles, et la part qu’y ont pris les "lumières", plutôt que de céder à la facilité de forger a posteriori de toutes pièces une histoire de « tatonnements » et de questionnements prudents mais rigoureux et de lent progrès dans les ténèbres, tellement plus valorisante !

      Il faut seulement avoir le mince courage intellectuel que requiert de remettre la question sur ses pieds : pourquoi, alors que tout était là, les philosophes dits « des lumières » n’en ont ils fait usage que si peu et si tardivement ?

    • Les travaux de Louis Sala-Molins présentent beaucoup d’intérêts et méritent discussion. Mais une chose est sûre, vous ne l’embaucherez pas à son corps défendant dans votre petite initiative raciste :

      "Ceci dit, comme beaucoup, je suis troublé par les dérives racialisantes ou carrément racistes des comportements et des choix idéologiques de certains. Dont je ne suis pas. Dont je n’ai jamais été. Dont je ne serai jamais, sauf naufrage dans la folie..."
      Louis Sala-Molins met les points sur les i http://1libertaire.free.fr/LSalaMolins04.html

    • @Rubber

      Je ne vois pas comment je pourrais m’imaginer « embaucher » quelqu’un comme Louis Sala Molins, ni dans quel but je pourrais vouloir le faire. Je ne vous connais pas, mais vous avez l’air de savoir cela bien mieux que moi.

      De même, je suis des plus curieux de vous lire plus longuement sur la « petite initiative raciste » que vous vous permettez de me prêter ici. Il est vrai que, quoi que je puisse en penser, je n’ai pas l’extravagance de m’imaginer indemne du racisme qui structure la société capitaliste, des rapports sociaux qu’il institue, et que je ne doute pas qu’il me soit arrivé et qu’il m’arrivera comme à tout un chacun ou presque de m’en faire l’agent à mon corps défendant. Serait-ce donc ce que vous entendez par là ? Auquel cas il serait bienvenu que vous précisiez votre propos.

      Pour la discussion, je suis ouvert, pour peu qu’on ait la décence ne pas se permettre d’ôter les mots de la bouche d’autrui, ou de falsifier son propos.

      Mais de curieux interlocuteurs, qui pullulent ces temps-ci chez les libertaires, semblent redouter plus que tout la confrontation à une discussion. En lieu et place, sitôt que confrontés à une révolte, une lutte, une critique contre le racisme, le colonialisme, le patriarcat, l’hétérosexisme formulée depuis un point de vue autre que le leur, et tout particulièrement depuis le point de vue de celleux qui les subissent, on les voit aussitôt, sûrs de leur fait, prétendre décider unilatéralement des seules discussions possibles et jeter l’anathème sur les fâcheux. On l’a vu lors d’un salon du livre anarchiste, et lors de la sortie de quelques uns. Hélas, en s’empressant trop grossièrement de venir mettre n’importe quoi dans la bouche de celleux qui formulent de telles critiques et mènent ces luttes (ou qui, comme je l’ai fait ici, s’en font seulement l’écho) - n’importe quoi, pourvu que cela vienne conforter l’idée flatteuse qu’ils se font du monde et d’eux mêmes, ces étonnants « libertaires » courent surtout le risque de passer pour des analphabètes, des imbéciles ou des falsificateurs, sinon une combinaison plus ou moins heureuse des trois : ce qui, j’en conviens volontiers, n’est guère enviable.

    • @martin5

      « Mais de curieux interlocuteurs, qui pullulent ces temps-ci chez les libertaires, semblent redouter plus que tout la confrontation à une discussion. En lieu et place, sitôt que confrontés à une révolte, une lutte, une critique contre le racisme, le colonialisme, le patriarcat, l’hétérosexisme formulée depuis un point de vue autre que le leur, et tout particulièrement depuis le point de vue de celleux qui les subissent, on les voit aussitôt, sûrs de leur fait, prétendre décider unilatéralement des seules discussions possibles et jeter l’anathème sur les fâcheux. »

      Si je résume, les interventions contre cette ’révolte’ ferait donc partie d’un simple ’backlash’ de vieux blancs tenant à leurs privilège ?

      La culpabilité devrai m’envahir, mais mon identité banlieusarde fait que je ne suis jamais rentrer dans genre de culpabilité judéo-chrétienne.

      Je n’ai pas l’impression d’être confronté à une « une révolte, une lutte, une critique contre le racisme, le colonialisme », mais plutôt une acceptation relativisme culturel au nom d’un antiracisme.

      Je me bat pour émancipation des individus et une société égalitaire en essayant de le faire avec bienveillance (conscient que la fin ne justifie pas les moyens).
      Vos ’arguments’ et vos procès d’intention n’y changerons rien.

      La rhétorique ne suffit pas toujours à se défausser d’engagements politiques.
      Défendre des gens (fussent-ils ’racisé-e-s’) avec des positions ouvertement racistes ou pour reprendre vos mots : relayer leurs « luttes* » de ceux-ci est une position politique.
      Certains ’racisé-e-s’ sont mis en avant et d’autres serons toujours taxés d’être ’noirs ou arabes de service’.

      Enfin feindre d’un manque de volonté de débat est pour le moins étonnant.
      Comme les coups ne sont pas des arguments recevables, à moins d’être un curé de gauche, qui tend l’autre joue.
      Je considère qu’il n’y pas volonté de débattre dans ce milieux aujourd’hui. Il n’y jamais eu autant d’attaques physiques autour de ces débats :
      – Plusieurs attaques de la librairie « La Discordia »
      – 1 attaque à « Milles Babords »

      (*) En dehors des séminaires universitaires et des récupérations éhontés quelles sont les luttes du PIR

  • La Russie et le labo suisse

    Communiste et anti : un avant-goût de douce puissance
    « Histoire Vivante » s’intéresse aux relations russo-suisses et à une période dans laquelle la Russie s’est rapprochée, entre autre, de la Suisse pour se faire des alliés. Une semaine réalisée en duo avec l’historien Jean-François Fayet autour de son ouvrage « VOKS, le laboratoire helvétique » paru chez Georg éditeur.

    Dimanche 29 novembre 2015, vous pouvez découvrir sur RTS Deux : « Staline-Trotski, le tsar et le prophète » un documentaire de Marie-Laurence Rincé (France / 2014) :

    Le duel entre #Staline et #Trotski se prolonge sur trente ans et se déroule sur plusieurs continents : duel idéologique entre deux visions du communisme, duel politique pour la prise du pouvoir, mais surtout – et avant tout – duel entre deux hommes que tout oppose, du physique à l’intellect, des origines aux motivations…

    http://www.rts.ch/2015/11/25/10/54/7277501.image?w=353&h=198
    http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/7277280-la-russie-et-le-labo-suisse-1-5.html

    #Histoire_vivante #Russie #Suisse #URSS #propagande #communisme

    En 5 épisodes :
    Entretien avec #Sophie_Coeuré

    Rencontre avec Sophie Cœuré, historienne spécialiste dans l’histoire des représentations de la Russie et de lʹURSS en Occident aux XIXe et XXe siècles et dans l’histoire du communisme. Elle enseigne à l’Université de Paris 7-Denis Diderot.

    http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/7277280-la-russie-et-le-labo-suisse-1-5.html

    Entretien avec Michel Caillat

    « Créer de la compréhension et se faire des amis » : la Russie soviétique a excellé dans cet exercice de séduction consistant à utiliser la culture pour améliorer son image auprès de lʹopinion publique internationale. Ecrivains, peintres, sculpteurs, architectes, musiciens, chanteurs, danseurs, photographes et cinéastes, mais aussi scientifiques et sportifs, souvent de grand talent, ont été convoqués à maintes reprises pour promouvoir le régime.

    Avec lʹhistorien Jean-François Fayet nous voyons quel rôle a joué la Suisse dans ces opérations soviétiques de séduction. Un entretien croisé avec Michel Caillat, historien qui enseigne à lʹuniversité de Genève et qui parlera de lʹanticommunisme en Suisse

    http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/7277281-la-russie-et-le-labo-suisse-2-5.html

    Entretien avec #Matthieu_Gillabert

    Rencontre avec Jean-François Fayet et Matthieu Gillabert autour de la question historique de la diplomatique culturelle de la fin du XIXe siècle à la Guerre froide. Jean François Fayet est historien spécialiste de lʹUnion soviétique, il enseigne à la faculté des sciences sociales et politiques de lʹUniversité de Lausanne. Matthieu Gillabert est historien spécialiste de la #diplomatie culturelle suisse.

    http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/7277282-la-russie-et-le-labo-suisse-3-5.html

    Entretien avec Matthieu Gillabert

    Rencontre avec Matthieu Gillabert, historien de lʹuniversité de Fribourg, chercheur à l’Institut des Sciences sociales du Politique de lʹUniversité de Paris Ouest. Un entretien sur la politique et la diplomatie culturelle suisse à lʹétranger et autour de son ouvrage : « Dans les coulisses de la diplomatie culturelle suisse. Objectifs, réseaux et réalisations (1938-1984) » paru aux éditions Aphil.

    http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/7277368-la-russie-et-le-labo-suisse-4-5.html

    Entretien avec la réalisatrice Marie-Laurence Rincé

    Rencontre avec Marie-Laurence Rincé, réalisatrice de : « Staline-Trotski, le tsar et le prophète », un documentaire que vous pouvez découvrir dimanche 29 novembre 2015 sur RTS Deux :

    Le fils de savetier géorgien face au juif cosmopolite, le rustre taciturne contre l’intellectuel bavard, le calculateur méthodique face à l’homme enthousiaste, l’organisateur patient contre le flamboyant, le nationaliste rationnel face au théoricien mondialiste... Beaucoup d’intellectuels ont de la vénération pour Trotski. Il serait un pur champion des prolétaires, le prophète de l’égalité universelle, des conseils d’usines, de la terre à ceux qui la cultivent.

    Staline, au contraire, serait le méchant, le nouveau tsar, claquemuré dans le Kremlin avec une nouvelle classe de privilégiés, la nomenklatura, une poignée de bureaucrates qui monopolisaient les datchas, les magasins d’État et les gardes du corps. Trotski aurait lutté contre le fascisme et Staline pactisé avec Hitler. Et le méchant Staline aurait tué le bon Trotski. Sans doute oublient-ils que Trotski est l’inventeur des camps de concentration ?

    En réalité, sous l’apparence d’une lutte idéologique, les deux rivaux n’ont reculé devant rien pour asseoir leur soif de dictature absolue. L’un, au regard tranchant comme une lame d’acier, mais trop sûr de lui. L’autre, au sourire mystérieux, implacable, aux yeux de chat virant parfois au jaune.

    Des yeux qui hypnotisent et laissent entrevoir d’étranges profondeurs de calcul. Le corbeau et le renard. Mais ce n’est pas d’une fable dont il s’agit. C’est d’un drame en cinq actes…

    http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/7277372-la-russie-et-le-labo-suisse-5-5.html

  • Colloque : peut-on encore analyser les relations franco-africaines sous l’angle de la « Françafrique » ?
    http://survie.org/activites/campagnes-et-mobilisation/article/colloque-peut-on-encore-analyser-5007

    A l’occasion du 30ème anniversaire de la fondation de l’association Survie et du 10ème anniversaire de la mort de François-Xavier Verschave, Survie et le fonds de dotation « Les amis de François-Xavier Verschave » organisent un colloque international « Peut-on encore analyser les relations franco-africaines sous l’angle de la Françafrique ? » qui se tiendra le samedi 14 novembre 2015 à l’Université Paris 7 – Denis Diderot. Programme (sous réserve de modifications) 8 h 30 : accueil 9 h 00 – 9 h 30 : (...)

    #Campagnes_et_mobilisation

    http://survie.org/IMG/pdf/tract_Colloque.pdf

  • Smellwalk, une cartographie olfactive de Noailles

    http://www.fotokino.org/Smellwalk-une-cartographie

    23 et 24 mai 2015

    Smellwalk, une cartographie olfactive de Noailles

    http://www.fotokino.org/IMG/arton1546.jpg?1431459674

    Studio Fotokino

    Vernissage samedi 23 mai 2015 à 11h

    Exposition samedi et dimanche
    de 14h à 18h30

    Studio Fotokino
    33 allées Léon Gambetta, Marseille 1er

    Artiste pratiquant la «  marche olfactive  », l’artiste britannique Kate McLean a mené en février un workshop avec cinquante étudiants en design issus de quatre établissements marseillais : Jean Perrin, Marie Curie, Denis Diderot et Saint-Éxupéry. Leur exploration du quartier de Noailles, et de ses environs, s’est prolongée en douze maquettes d’«  odorages  » (sur le modèle de «  paysage  »). Elles sont exposées le temps d’un week-end en compagnie de photographies et croquis retranscrivant le processus de collecte.

    #cartographie_olfactive #cartographie_sensible #cartographie_radicale

  • Michelle Perrot : « La chambre raconte le monde » - Libération
    http://www.liberation.fr/culture/2011/07/16/la-chambre-raconte-le-monde_749503

    Michelle Perrot, historienne spécialiste des mouvements ouvriers, des prisons et des femmes, professeure émérite de l’université Paris-VII-Denis Diderot, a publié Histoire de chambres, en 2009, au Seuil.

    #habitat #histoire

  • Une parole authentique, lucide et sincère, sur Gaza, l’Autorité Palestinienne, le Hamas, la CPI et l’Union Européenne :

    Christophe Oberlin est chirurgien des hôpitaux et professeur de médecine à la faculté Denis Diderot à Paris. Il participe depuis trente ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement au Maghreb, en Afrique sub-saharienne et au Moyen Orient. Depuis 2001, il dirige régulièrement des missions chirurgicales en Palestine, particulièrement dans la bande de Gaza. Il témoigne de ce qu’il observe sur le terrain, à travers interviews, articles de presse, ouvrages et activités associatives.

    Entretien avec Christophe Oberlin réalisé le 25 novembre 2014 à Paris par Silvia Cattori et Gérard Lazare :

    http://arretsurinfo.ch/video-christophe-oberlin-la-population-de-gaza-est-a-bout-tout-peut-arr

  • Does Immigration Mean ’France Is Over’?
    Justin E. H. Smith is professor of the history and philosophy of science at the University of Paris 7, Denis Diderot. He is the author of “ Divine Machines: Leibniz and the Sciences of Life ” and the forthcoming “ Nature, Human Nature, and Human Difference: Race in Early Modern Philosophy .”
    http://opinionator.blogs.nytimes.com/2014/01/05/does-immigration-mean-france-is-over/?_r=0

    Equality is of course one of the virtues on which the French Republic was founded, yet critics of the Enlightenment philosophy behind the Revolution have long noticed a double standard: when equality is invoked, these critics note, it is understood that this is equality among equals. Political and social inequality is allowed to go on as before, as long as it is presumed that this is rooted in a natural inequality.

  • Greuze et la peinture morale | ARTPOL | Scoop.it
    http://www.scoop.it/t/artpol/p/4008755950/greuze-et-la-peinture-morale?hash=297fbdaf-af2a-4d7a-b258-d13c2d8ff796

    « Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les excès de la société aristocratique et libertine incitent le gouvernement ainsi que certains penseurs, tels La Font de Saint-Yenne ou Denis Diderot, à encourager fortement le retour à une vie plus vertueuse. En 1761, la publication des Contes moraux de Marmontel amorce cette nouvelle lecture morale, propre à édifier le lecteur et dont la République des Lettres et des Arts discute lors des séances au salon de Mme Geoffrin, où se réunissent Greuze, Diderot, d’Alembert, La Live de Jully, Grimm.

    L’art doit également promouvoir cette nouvelle idée moralisatrice. Face aux scènes de genre et de marivaudage qui avaient envahi les cimaises dans les précédents salons, la vertu et la morale reprennent leurs droits en art. (...) »

    #art #société #peinture #histoire #éducation #culture #morale #France #Greuze #enseignement #histoire_de_l'art #éthique #politique #Artpol #vangauguin

  • La Maison Diderot, défense et illustration de l’esprit des Lumières au XXIe siècle • Brèves, Diderot, Lumières, Encyclopédie, Langres • Philosophie magazine

    http://www.philomag.com/lepoque/breves/la-maison-diderot-defense-et-illustration-de-lesprit-des-lumieres-au-xxie-

    http://www.philomag.com/sites/default/files/styles/image_570/public/image/8230/diderot-par-van-loo-photo-s-riandet.jpg?itok=u-JGAbvT

    Philosophie magazine. Quelle est l’ambition initiale du projet ?
    Olivier Caumont. La Maison des Lumières-Denis-Diderot est un projet de longue haleine qui s’est étendu sur presque quatre ans. Ce musée est le premier dédié à Denis Diderot dans son siècle. Établi à Langres, dans la ville natale du philosophe, il occupe un ancien hôtel particulier. Plus question d’une célébration épisodique, deux fois par siècle pour fêter sa naissance et sa mort. Diderot sera désormais à l’honneur toute l’année dans cette maison qui pourrait avoir au fronton ce mot pour en résumer l’ambition : « Défense et illustration de l’esprit des Lumières au XXIe siècle » !
     
    « Donner une vision large du “réseau” des Lumières »
    Pourquoi avoir baptisé ce musée Maison des Lumières-Denis-Diderot ?
    D’abord, en entrant dans le musée, le visiteur pénètre réellement dans une « maison ». Ce magnifique bâtiment a d’ailleurs été occupé par une riche famille jusqu’au XIXe siècle.
    Ensuite, « Des Lumières-Denis-Diderot », car la vocation du lieu n’est pas uniquement biographique. Diderot est « remis en contexte » : par la diversité de ses engagements intellectuels, il est un bon exemple pour comprendre l’ampleur du mouvement des Lumières, mais ce mouvement est aussi le creuset, le substrat de ses œuvres. Grand épistolier, il a abondamment fréquenté les salons, les sociétés de gens de lettres, et s’est mêlé au réseau des savants de l’époque. La Maison des Lumières entend donner une vision large de ce « réseau ». Ce choix, comme tous ceux qui concernent ce musée, s’est fait en concertation avec un collège scientifique.

    #Lumières
    #Denis-Diderot,
    #tricentenaire
    #musées de Langres,
    #philosophie
    #culture

  • Culture : des critiques cinéma de France-Inter - @f_inter - parlent d’une adaptation d’un roman de #Denis_Diderot : La #Religieuse avec la volonté de se démarquer d’autres médias qui, eux, se souviennent de la version ayant déjà fait polémique en 1966 ; celle de #Jacques_Rivette : « La Religieuse », histoire d’une adaptation hautement inflammable. Anna Karina, donc, à l’époque ; Pauline Etienne, sera la Suzanne Simonin de Guillaume Nicloux (2013). @nouvelobs http://cinema.nouvelobs.com/articles/24429-enquetes-la-religieuse-histoire-d-une-adaptation-hautement-i

  • Nouvelles de l’université : AG contre le projet de loi Fioraso.

    Semaines du 18 et du 25 Février - Sauvons l’Université !
    http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article5951

    Semaines du 18 et du 25 Février

    mercredi 20 février 2013

    APPEL A TENIR DES A.G. PERSONNELS / ETUDIANTS DANS TOUTES LES UNIVERSITES

    Nous rappelons le calendrier de la MOTION UNIQUE votée à l’Assemblée Générale des étudiants et des personnels de l’ESR le 18 février 2013 :

    L’AG réunie le lundi 18 février à l’université Denis Diderot Paris VII appelle
    – à un rassemblement unitaire demain 19 février devant le MESR rue Descartes (Paris, 5e ar.) à 14h dans le cadre de la tenue du CNESER
    – à des AG de mobilisation étudiants/membres du personnel
    – à une semaine de manifestations et mobilisation dans les facs et les labos du 25 février au 2 mars (avec notamment la participation à la manifestation sur l’école le 28 février)
    – à l’organisation d’une prochaine AG nationale le samedi 2 mars.

    Pour alerter et mobiliser,

    Les Assemblées Générales ouvertes à tous les étudiants et à tous les personnels de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

    C’EST MAINTENANT !

    • Et un texte-invitation d’un collègue :

      De l’Impossible à Notre Monde

      On ne connaît de la réalité que ce qu’on s’en donne à connaître. Bien sûr, c’est toujours infiniment peu comparé à ce qu’il y aurait à comprendre, et même fondamentalement partial,
      car rien jamais n’a établi que les présupposés de nos
      constructions de pensée, jusqu’aux axiomes de la science, coïncident d’aucune manière avec des principes donnés a priori dans la nature. Ce n’est pourtant pas une raison pour se
      contenter du brouet public qu’on nous sert sans cesse à la louche comme succédané du vrai ou de l’inévitable. C’est même précisément l’inverse. L’orchestration permanente des
      manipulations dominantes nous est un devoir de contreconnaissance, au moins par respect de nous-mêmes.

      Victor Malo Selva, Le paradis des dinosaures

      Chères et chers amies,
      chères et chers habitantes de ce pays et des autres,
      chères et chers collègues – puisque par notre commune présence en ce monde nous sommes de
      quelque façon relié-e-s,
      si vous pensez que ceux qui font métier de faire de la politique, de nous représenter, de gouverner et
      de décider tant de choses essentielles pour le présent et l’avenir, pour nous, pour les générations
      futures et en notre nom ;
      si vous pensez que ces politiciens de profession ne répondent que très imparfaitement à ce qu’on
      pourrait et devrait espérer – y compris simplement parce qu’on les aurait crus, serait-ce juste un
      peu, quand ils cherchaient à électoralement nous séduire – et qu’ils sont à l’inverse toujours plus
      décevants que le plus négligent des plombiers (qu’on obligerait par la loi à respecter ses
      engagements et à refaire l’installation qu’il a bâclée et qui abîme le plafond du voisin du dessous),
      que le plus piètre des boulangers (dont on cesserait simplement d’acheter le pain préférant les
      biscottes même quand il est le seul ouvert de tout le quartier) ou que le plus incompétent des
      électriciens (dont au pire l’assurance nous dédommagerait des dégâts d’incendie que le tableau de fusibles défectueux qu’il a posé a provoqués dans notre salon) ;
      si vous ne pouvez tout à fait écarter l’idée que – sans nier que certaines et certains soient
      humainement animées de bonne volonté mais dans un cadre qui politiquement les bride presque en
      leur entier tant il est immensément plus fort qu’eux – ceux qui font profession de la politique sont de
      l’espèce des mauvais professionnels, tous secteurs confondus, et ceci même en les considérant du
      point de vue du monde marchand qu’ils servent pour le reste avec zèle, tant ils ratent leurs
      obligations de résultat, échouent à atteindre leurs objectifs et leurs targets, déçoivent les termes du
      contrat de confiance, méprisent les droits du service après-vente, méconnaissent la règle du satisfait ou remboursé, violentent le droit de retrait du client sous sept jours ouvrés, ne remboursent pas la différence si on trouve moins cher ailleurs, s’assoient sur l’évidence empirico-médiatique du vu à la télé, et même, et pire, et surtout : bafouent l’engagement de fournir le produit correspondant au
      descriptif préalable dudit, – et que ce faisant, toute blague à part, il demeure qu’ils ne cessent de perpétrer un crime véritable contre la notion même de confiance, ne cessent de proclamer et démontrer en leurs actes que les promesses et serments n’engagent en rien ceux qui les font, ne cessent
      d’alimenter nos raisons de douter les uns des autres et de nous-mêmes, ne cessent donc de
      saper un fondement essentiel de la vie ensemble, dont le présupposé minimal est que, sauf
      exception, l’autre est un être capable comme moi-même de bonne foi et que sa parole envers
      moi l’engage et que s’il ne fait pas ce qu’il a promis il aura du moins tout mis en oeuvre pour essayer et mettra tout en oeuvre pour s’en expliquer ; en somme ne cessent d’incarner et réitérer – au plus haut niveau, dans la plus grande visibilité publique, dans une pédagogie puissante du mal fait et du méfait à vaste échelle – une injure et une agression permanentes contre les principes qui les ont portés où ils sont et dont ils sont garants et gardiens, tout cela depuis les lieux mêmes de leur investissement officiel de défenseurs et gérants de la société ;
      – et que ce faisant, toute indignation morale mise à part, il demeure qu’ils ne cessent d’inciter
      massivement par cette trahison récurrente à ne plus croire en aucun engagement, à cultiver
      le cynisme et l’opportunisme comme vertus souveraines, et à laisser le monde dévaler vers
      ses gouffres, où gisent les monstres que l’on sait – les mêmes sans doute aujourd’hui qu’hier,
      mais aujourd’hui armés jusqu’aux dents et jusqu’aux orteils, armés d’armes toujours plus
      destructrices, planétaires et définitives ; et armés de médias toujours plus tentaculaires pour nous le faire oublier, nous faire croire autre chose ou nous détourner d’y songer ; et armés de la complicité contrainte de toutes celles et ceux que leur précarité (savamment programmée
      ou insavamment combattue par ces mêmes hérauts et porte-parole dévoyés ou bâillonnés) écrase ; et armés de l’interdiction d’antenne des paroles qui diraient un peu tout cela, hormis en quelques plages d’élection qui les rendent si rares que, lorsqu’elle se font un peu entendre, elles en paraissent, à nos oreilles tétanisées de bruits rassurants ou d’inquiétudes sur commande, effrayantes de radicalité – quand leur fréquentation posée, débattue, réfléchie et régulière les feraient voir pour ce qu’elles sont : les fruits d’une sagesse vraie et désintéressée, le contraire très exact de ce « bon sens » qui nous gouverne et dont on nous
      gouverne ;
      et si vous pensez, ou sentez, ou pressentez, ou supposez, ou présupposez, ou croyez, ou savez – à la folie, passionnément, beaucoup, un peu – que la résignation à cet état de fait, le « rien de nouveau
      sous le soleil », le « réalisme politique » (qui ne définit jamais la réalité dont il parle sinon par des
      tautologies éhontées et biaisées), le ponce-pilatesque lavage de mains sont, en vérité, non des
      attitudes neutres face à ces choses mais un encouragement tacite ou paresseux ou cynique ou
      intellectuellement-très-chic à les laisser durer ; non des positions d’observation sans incidence mais
      des consentements par défaut, par absence de mots publics qui diraient le contraire ;
      et si vous pensez, ou sentez, ou pressentez, ou supposez, ou présupposez, ou croyez, ou savez – à la folie, passionnément, beaucoup, un peu – que se taire ou ne pas écouter, ne pas en parler et ne pas
      vouloir en entendre parler, quand il est évident que tant d’endroits sont les foyers déjà en feu des
      incendies futurs du pays et de la planète, c’est laisser que d’autres continuent de mettre, par leur
      négligence ou leur malignité, de l’huile sur ces brasiers et s’en remettre aux explosions à venir pour
      d’hypothétiques nettoyages par le vide ;
      et si vous pensez, ou sentez, ou pressentez, ou supposez, ou présupposez, ou croyez, ou savez – à la folie, passionnément, beaucoup, un peu – que notre action dans le monde, action personnelle et
      collective, même minime, n’est pas entièrement sans effet sur le monde, ou si vous l’espérez
      seulement – et surtout si vous l’espérez ;
      et si vous pensez toujours, ou souvent, ou parfois, ou rarement, ou juste quelques instants par an, ne
      fût-ce qu’une partie de ne serait-ce qu’une seule de ces choses ;
      alors, dans l’immédiat et sans exclure tant d’autres choses possibles, il y a deux actes qui s’offrent à
      vous, actes utiles et qui donnent de surcroît du plaisir, deux petits et grands objets à soigner et à
      accompagner, petits parce qu’à notre portée immédiate et à moindres frais, grands par leur force et leur visée :
      • Lire et faire lire chaque mois le journal L’Impossible, fondé voici un an par Michel Butel
      (L’autre journal, c’était lui), en vente dans les kiosques et les (vraies) librairies. Il en est au
      numéro 10. C’est le genre de journal qu’il faut promouvoir pour qu’un jour, entre autres et
      peut-être, les professionnels de la politique cessent d’être des usurpateurs de leurs propres
      promesses et donc de nos mandats et de nos volontés.
      • Voir et faire voir le film Notre Monde, de Thomas Lacoste (Universités, le Grand soir, c’était
      lui), sortie en salle le 13 mars. Il en est à son 6e long métrage, et celui-ci a été produit
      notamment par Agat (Robert Guédiguian et associés). C’est le genre de film qu’il faut
      promouvoir pour qu’un jour, entre autres et peut-être, les professionnels de la politique
      cessent d’être des usurpateurs de leurs propres promesses et donc de nos mandats et de nos
      volontés.
      Deux objets de pensée, deux objets où des pensées prennent formes, deux formes – en mouvement –
      qui donnent à penser.
      Deux mallettes contenant des outils et de quoi fabriquer des outils, de ceux dont nous avons besoin, comme citoyens et collectifs de citoyens.
      Deux objets inscrits dans la durée ; deux lieux où des humains se relient dans un travail en chemin,
      deux lieux où chacune et chacun peut s’associer – ne serait-ce même que par son observation
      méditative et silencieuse – à une aventure collective de recherche et de construction d’une
      « commune pensée », et qui nous donnent, sinon l’assurance, l’espoir que « les mauvais jours
      finiront » ; et deux actes qui contribueront à nous offrir en bonus, le moment venu, quand nous
      quitterons un jour la vie, un tout dernier surcroît de satisfaction d’avoir bien fait notre métier de
      vivre, et le sentiment d’avoir de notre mieux essayé ce qui nous était possible pour, sinon empêcher,
      du moins ne pas précipiter nous aussi, par paresse, par lassitude ou incurie, l’effondrement d’un
      nombre grandissant de vies présentes et futures vers davantage encore d’effroi et de misères.
      Christophe Mileschi

  • Ouverture d’une enquête universitaire après une question sur Gaza lors d’un examen de médecine

    Le Monde.fr avec AFP | 14.06.2012 à 19h26

    Donc un prof de médecine évoque l’assassinat de 22 membres d’une même famille à Gaza (événement qui était mentionné dans le rapport Goldstone), et le CRIF par la voix de son infréquentable patron, Richard Prasquier crie à l’incitation à la haine d’Israël.

    Donc, Pour Prasquier, il est normal de tuer 22 personnes d’une même famille, et le dénoncer est une incitation à la haine. C’est le business as usual de l’armée israélienne, la fameuse armée la plus morale du monde ?

    Le président de l’université Paris VII-Denis Diderot, Vincent Berger, a annoncé jeudi 14 juin l’ouverture d’une enquête administrative après une question d’examen sur Gaza, à « caractère polémique », posée mardi à des étudiants en médecine.

    De son côté, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) « s’indigne », dans un communiqué publié jeudi, de cette question d’examen qu’elle juge « scandaleuse », autour d’un bombardement de civils à Gaza, et qui incite, selon elle, à « la haine d’Israël ».

    QUESTION SUR LA MORT D’UNE FAMILLE À GAZA

    Selon le CRIF et un fac-similé transmis par le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme, le Pr Christophe Oberlin a posé aux étudiants une question de médecine humanitaire, en prenant l’exemple de la mort de 22 membres d’une même famille dans un « bombardement classique » pendant le conflit dans la bande de Gaza en 2008-2009. « Quelle est la ou quelles sont les qualifications des crimes perpétrés (crime de guerre, crime contre l’humanité, crime de génocide) ? », demande-t-il, selon le fac-similé.

    Le président de l’université a fait part de « sa consternation à la lecture [de cette] question posée dans le cadre d’un examen optionnel de médecine ». « Elle comporte un caractère polémique regrettable qui contrevient à l’esprit de neutralité et de laïcité de l’enseignement supérieur », a-t-il ajouté. M. Berger rappelle que "le principe d’indépendance des enseignants-chercheurs, inscrit dans notre Constitution, n’autorise en rien le non-respect des valeurs fondamentales du service public.

    « UNE INCITATION À LA HAINE D’ISRAËL »

    « Telle qu’elle est intitulée, cette question est une véritable incitation à la haine d’Israël », s’indigne Richard Prasquier, président du CRIF. « Elle n’a de lien ni avec l’enseignement de la médecine ni avec l’université, dont le professeur Oberlin viole la neutralité. »

    L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) juge que le professeur a « contraint les étudiants à adopter ses positions haineuses » en leur posant cette question. Pour l’UEJF, « le professeur Oberlin abuse de sa position d’autorité, d’autant plus qu’il fait partie du jury d’examens, empêchant ainsi les étudiants de manifester publiquement leur désaccord devant ces déclarations mensongères et idéologiques ». Jonathan Hayoun, président de l’UEJF, demande à l’université de ne pas comptabiliser les points liés à la question litigieuse, et de convoquer le professeur Oberlin."

  • Hacker le domaine public ? (S.I.Lex)
    http://scinfolex.wordpress.com/2011/09/12/hacker-le-domaine-public

    Cela fait des années que nous sommes habitués à subir des lois absurdes et liberticides en matière de droit d’auteur, mais on ne peut rien imaginer de plus grave qu’un allongement de la durée des droits, en termes d’atteinte aux libertés. L’Union européenne s’achemine vers un passage de 50 à 70 ans des droits voisins, avec effet rétroactif, ce qui signifie que non content d’empêcher des oeuvres d’entrer dans le domaine public, cette réforme va en faire sortir des enregistrements pour lesquels les droits s’étaient éteints.
    Pour expliquer les choses par le biais d’une métaphore, c’est un peu comme si un législateur fou décidait qu’il fallait vider la mer pour désormais la vendre en bouteilles… (...)