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  • Congo-Brazzaville : un opposant exilé en France cible d’une tentative d’assassinat - RFI
    http://www.rfi.fr/afrique/20180915-congo-opposant-mbaou-cible-assassinat-agents-dgse

    L’ancien général congolais Ferdinand Mbaou, exilé en France et détracteur de longue date du régime de Denis Sassou-Nguesso, aurait échappé à un complot visant à l’assassiner.

    Deux ressortissants français, présentés comme d’anciens agents de la DGSE, les services de renseignement extérieur français, ont été inculpés par la justice française mercredi 12 septembre. Accusés « d’association de malfaiteurs » et de « détention d’explosif », ils ont été placés sous contrôle judiciaire. Un troisième homme a quant à lui été placé sous le statut de témoin assisté.

  • La justice française estime avoir déjoué une tentative d’assassinat d’un opposant congolais
    https://www.lemonde.fr/international/article/2018/09/15/la-justice-francaise-estime-avoir-dejoue-une-tentative-d-assassinat-d-un-opp

    Les deux anciens agents de la DGSE mis en examen mercredi auraient projeté d’éliminer Ferdinand Mbaou, un ancien militaire prêt à en découdre avec le régime de Denis Sassou-Nguesso.

    La justice estime avoir déjoué une opération visant à assassiner, sur le sol français, l’opposant congolais Ferdinand Mbaou. Deux anciens agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Daniel Forestier et Bruno Susini, ont été mis en examen, mercredi 12 septembre, au tribunal de grande instance de Lyon, pour « participation à une association de malfaiteurs » et « détention d’explosif ». Ils ont été placés sous contrôle judiciaire contre l’avis du parquet, qui avait requis un mandat de dépôt. Le ministère public a fait appel de cette décision. Un troisième homme, Alain Brunet, a été entendu sous le statut de témoin assisté. Une information judiciaire a été ouverte le même jour et confiée à la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS).

    Tout s’est passé très vite. Le vendredi 7 septembre, la Direction générale du renseignement intérieur (DGSI) transmet au parquet de Lyon le fruit de ce qu’elle décrit comme un « entretien » avec Daniel Forestier mettant en évidence le projet d’élimination de Ferdinand Mbaou. La rencontre aurait eu lieu au commissariat d’Annemasse (Haute-Savoie), les 31 août et 1er septembre.

    L’ex-agent de la DGSE, qui affirme être un ancien militaire de carrière ayant servi quatorze ans au sein du service action, aurait, selon les dires de la DGSI, revendiqué être à la tête d’un groupe constitué pour tuer l’opposant congolais qui réside à Bessancourt, dans le Val-d’Oise. La motivation avancée porterait sur le fait que celui-ci « cherchait à renverser le président actuel » de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso. D’après les propos de M. Forestier, toujours rapportés par les agents de la DGSI, des repérages auraient été réalisés en mai et en juin de cette année en région parisienne. Il aurait néanmoins ajouté qu’il considérait que « le projet n’était pas réalisable ».

    Aucune protection

    Une enquête préliminaire est ouverte le jour même de la transmission des renseignements de la DGSI. Les 8 et 9 septembre, les policiers procèdent aux interpellations en Corse, en Haute-Savoie et à Orléans. Lors des gardes à vue, les trois personnes entendues, dont Daniel Forestier, démentent, néanmoins, l’existence de ce complot criminel.

    Pour étayer l’accusation, le parquet fait alors auditionner, le 11 septembre, les deux agents de la DGSI qui avaient recueilli les propos de l’ex-agent de la DGSE au commissariat d’Annemasse. Ils ont repris, dans le détail, les éléments déjà fournis sous forme de note de renseignement le 7 septembre et ont ajouté que l’élimination devait intervenir avant la fin de l’année. Au terme de leur « entretien », en dépit du risque encouru par la cible, ils disent avoir reçu « ordre de laisser [M. Forestier] repartir librement ».

    L’ancien général congolais devenu opposant en exil, M. Mbaou, aujourd’hui âgé de 62 ans, a déjà fait l’objet d’une tentative d’assassinat, le 10 novembre 2015, dont la justice est toujours saisie. L’attaque avait été perpétrée derrière son domicile. Il vit, depuis, avec une balle logée dans le bas du dos. « Je sais que le régime de Denis Sassou-Nguesso cherche à nous assassiner et est prêt à envoyer des agents du Congo ou à recruter des tueurs en France qu’ils paient des millions de dollars détournés des caisses de l’Etat », a-t-il affirmé au Monde, au téléphone.

    Depuis cette première tentative, M. Mbaou dit avoir reçu d’autres menaces. « Il y a environ un mois, j’ai alerté les services français après avoir reçu des SMS et des appels de menaces de mort », nous a-t-il confié. Interrogé, par Le Monde, sur le projet d’assassinat qui a été dénoncé par la DGSI à la justice, il assure ne pas en avoir été informé. De même, il ne bénéficierait, aujourd’hui, d’aucune protection.

    Un opposant radical à Denis Sassou-Nguesso

    Nommé général une semaine avant la chute du président Pascal Lissouba en octobre 1997, renversé par les miliciens de Denis Sassou-Nguesso, M. Mbaou a effectué une partie de sa formation militaire au centre national d’entraînement commando (CNEC) de Mont-Louis, dans les Pyrénées-Orientales.

    Il se décrit comme un opposant radical, perçu, par certains de ses compatriotes, comme « un matamore » aux discours belliqueux. « On ne peut pas désarmer ce régime sans des armes, et je suis prêt à prendre les armes », insiste-t-il. Ces propos vindicatifs et ces intentions putschistes lui ont valu le gel de ses avoirs par les autorités françaises, « à quatre reprises depuis 2015 », note-t-il.

    Néanmoins, selon des spécialistes de cette région d’Afrique, Ferdinand Mbaou ne constituerait pas une réelle menace pour le régime actuellement à la tête du Congo. En revanche, son discours politique offensif serait habilement utilisé par des sociétés de sécurité privées pour nourrir la peur de certains chefs d’Etats africains sur l’existence d’une menace sécuritaire. De quoi, ensuite, ouvrir la voie à la signature de juteux contrats de protection.

    Enfin, une autre inquiétude pourrait justifier une éventuelle opération du régime de Brazzaville contre M. Mbaou. Il existerait, en effet, des liens entre ce dernier et le réputé brutal général Nianga Mbouala, qui a été écarté de la tête de la garde présidentielle après avoir été soupçonné de fomenter un coup d’Etat.

    « Qui cherche-t-on à déstabiliser et pourquoi ? »

    Dans ce contexte, Denis Sassou-Nguesso, réputé pour ses méthodes musclées, et son neveu, le puissant patron des services de sécurité, Jean-Dominique Okemba, pourraient ne pas avoir lésiné sur le recours aux services de sociétés de sécurité ou d’intelligence économique française pour faire surveiller les opposants.

    Jointe par Le Monde, l’avocate de Bruno Susini, Me Marie-Alix Canu-Bernard, a estimé qu’il s’agissait « d’une procédure ahurissante construite sur une simple déclaration anonyme et sans qu’aucune enquête judiciaire, ni même aucune vérification des propos tenus ne soient réalisées. On peut légitimement s’interroger sur les réelles motivations de cette affaire et de sa médiatisation. Qui cherche-t-on à déstabiliser et pourquoi ? »

    L’avocat d’Alain Brunet, Me Benjamin Audouard, s’est borné à souligner que son client n’était « qu’un acteur secondaire de l’affaire » et que le parquet de Lyon lui-même indiquait qu’il s’agissait « d’une procédure particulière ».

    Le conseil de Daniel Forestier, Me Cédric Huissoud, n’a pas souhaité répondre à nos questions. Son client, par ailleurs auteur de livres d’espionnage, a publié plusieurs ouvrages dans lesquels il relate ses missions en France et à l’étranger. Dans l’un d’eux, il mentionne, en exergue, cette phrase de Jean Cocteau, « Pour bien tuer l’ours, vendez d’abord sa peau. »

  • Comment le groupe Total a aidé le Congo à berner le FMI

    http://www.lemonde.fr/evasion-fiscale/article/2018/04/10/comment-le-groupe-total-a-aide-le-congo-a-berner-le-fmi_5283316_4862750.html

    « Le Monde » révèle comment le groupe a imaginé un opaque montage offshore pour permettre au Congo d’échapper à la vigilance du Fonds monétaire international.

    Caniculaire été 2003. Alors que le mercure dépasse allègrement les 30 degrés, les avocats d’un cabinet de Jersey échangent avec le gendarme financier de l’île anglo-normande. Il s’agit d’obtenir un accord de principe de la part de la commission des services financiers pour s’assurer de la légalité d’un montage opaque qui est en train d’être échafaudé dans la plus grande discrétion. « Ce dossier est extrêmement urgent », plaident-ils.

    C’est le point de départ d’une nébuleuse histoire liant le géant pétrolier Total à la République du Congo, qui peine à se relever financièrement après une guerre civile meurtrière. Avec l’aide de la banque BNP Paribas, la multinationale et le Congo ont cherché à contourner des engagements pris par Brazzaville envers le Fonds monétaire international (FMI). Ce dernier joue un rôle décisif dans l’allégement des dettes souveraines et ne doit en aucun cas être mis au courant de ce qui se trame : contre des promesses de transparence comptable, le FMI doit annoncer l’accession du Congo au statut très convoité de « pays pauvre très endetté », qui garantirait une annulation substantielle de la dette d’Etat.

    Total, de son côté, vante l’irréprochabilité de sa charte éthique, établie après l’absorption d’Elf, en mars 2000. Impossible dès lors de dévoiler aux instances internationales ou même à ses actionnaires le micmac financier qui se mijote dans les paradis fiscaux.

    L’étendue de cette tentaculaire affaire, qui s’étend sur trois continents différents, à l’insu du FMI, des créanciers congolais et du public, a été découverte par Le Monde en enquêtant sur des centaines de documents des « Panama Papers » et « Paradise Papers », deux fuites de données massives issues de cabinets d’avocats offshore, révélées en 2016 et 2017 avec le consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et ses partenaires.

    Passer l’éponge sur l’historique d’Elf

    Il faut donc remonter à 2003 pour comprendre l’histoire. Si l’avocat de Jersey se fait pressant, en ce 9 juillet, c’est qu’il s’agit d’une affaire de la plus haute importance pour son client, Total. La multinationale française vient de mettre la touche finale à un épineux problème qu’elle traînait comme un boulet depuis le tournant du siècle. Après plusieurs années de négociations, Total est enfin parvenu à un accord avec Brazzaville, qui permet au géant français des hydrocarbures de passer l’éponge sur le passif litigieux de son prédécesseur, Elf, dont les dirigeants sont alors en procès. A couteaux tirés avec Total, dans un climat de Françafrique qui ne dit pas son nom, le gouvernement congolais réclamait notamment réparation pour le rachat par la compagnie pétrolière, à prix bradé, des parts de l’Etat congolais dans Elf-Congo.

    C’est chose faite, le 10 juillet 2003, avec l’adoption d’un « accord général transactionnel », négocié par Denis Gokana, conseiller spécial du président congolais… et ancien ingénieur chez Elf. En quelques signatures, tous les contentieux sont effacés. Lavé des péchés d’Elf, Total obtient même les droits d’exploitation d’un nouveau champ pétrolifère. La multinationale française a dû pour cela consentir à un geste financier ; mais plutôt que de verser au Congo des espèces sonnantes et trébuchantes, elle lui cède pour 1 franc symbolique ses parts dans une concession pétrolière maritime en fin de vie, située au large des côtes africaines.

    Estimé à 160 millions de dollars (129 millions d’euros), ce « cadeau » n’est pas une si bonne nouvelle pour le Congo. Etranglé par ses dettes, le pays a besoin de liquidités plutôt que de champs pétroliers. L’une des solutions consisterait à vendre par anticipation le pétrole qui sera extrait du champ dans les prochaines années, pour empocher immédiatement des devises. Impossible ! Le FMI interdit de tels préfinancements pétroliers aux pays qui sollicitent son aide et le Congo s’est publiquement engagé à se passer de telles pratiques.

    Le 7 octobre 2003, le président Denis Sassou-Nguesso signe donc une loi pour vendre le champ à Likouala SA, une société congolaise fraîchement créée, ce qui lui permet de récupérer immédiatement une première tranche de 80 millions de dollars ainsi que la promesse d’une seconde tranche, d’un montant identique, dans quelques années. « La nécessité pour la République du Congo de monétiser au plus vite ses intérêts dans le champ de Likouala s’est avérée déterminante dans la logique de l’opération qui a ensuite été mise en place, avec la cession de ses droits à la société Likouala SA », explique au Monde un porte-parole de Total. Voilà pour la version officielle.

    La création du montage

    En coulisses se trame une histoire bien plus complexe. Les éléments rassemblés par Le Monde permettent de penser que Likouala SA, loin d’être une compagnie pétrolière comme les autres, était en réalité un faux nez de la République du Congo. La société a été créée en septembre 2003, quelques semaines avant d’obtenir la concession sur le champ pétrolier.

    Ses actionnaires ne sont ni des investisseurs congolais ni de grandes multinationales occidentales, mais une société-écran baptisée Montrow International Limited, enregistrée aux îles Vierges britanniques un mois plus tôt. Les autorités de ce territoire des Caraïbes sont très peu regardantes sur les modalités des montages offshore et permettent un enregistrement extrêmement rapide des sociétés-écrans.

    Pour rajouter une couche d’opacité, Montrow International Limited est elle-même logée dans un trust tout juste créé à Jersey, le Montrow Trust. Ce type de structure de droit anglo-saxon présente un avantage incomparable pour les entreprises en quête d’opacité : les propriétaires officiels sont les avocats du cabinet Nautilus, qui ne sont en réalité que de simples gestionnaires (trustees). Les bénéficiaires du trust restant invisibles, les véritables détenteurs de la concession pétrolière sont donc protégés par un double verrou de confidentialité.

    Pour s’offrir la concession, la mystérieuse Likouala avait besoin de 70 millions de dollars. Difficile d’obtenir de tels montants pour une société sortie de nulle part, dotée d’à peine 15 000 euros de capital et détenue par des actionnaires inconnus. Cette somme lui a pourtant été prêtée par la banque française BNP Paribas.

    Likouala SA, une coquille vide

    C’est ce prêt qui expliquerait pourquoi le Congo s’est donné tant de mal pour ériger un mur étanche avec le champ pétrolier : frappé de l’interdiction de s’endetter lui-même pour des projets pétroliers, l’Etat congolais n’aurait en aucun cas pu effectuer la même opération avec sa société pétrolière publique, sous peine de s’attirer les foudres du FMI. Grâce à ce montage habile, Brazzaville a donc pu obtenir l’argent frais de la BNP sans éveiller les soupçons de l’institution internationale. Sollicité par Le Monde, le FMI n’a pas souhaité commenter ces révélations.

    Total a toujours affirmé n’avoir gardé qu’un intérêt subalterne dans le champ pétrolier après en avoir cédé sa participation, en 2003. Des documents montrent au contraire que la multinationale française a continué à y jouer un rôle de premier plan. C’est Total qui a élaboré le montage offshore impénétrable permettant de dissimuler les propriétaires du champ pétrolier, avec l’aide du cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel et de Nautilus, un prestataire offshore basé à Jersey. Total, toujours, qui a payé les avocats de Gide Loyrette Nouel pour rédiger le contrat de prêt entre Likouala et la BNP. Total, encore, qui est resté à l’époque le seul maître à bord dans Likouala, comme en attestent les contrats confidentiels épluchés par Le Monde. Total, enfin, qui a prévu de racheter pour seulement 1 500 euros les actions de la société Likouala afin de les rétrocéder gracieusement à Brazzaville, après le remboursement du prêt bancaire.

    Likouala SA, gérée par un cadre congolais de Total, n’est en réalité qu’une coquille vide sans dépenses ni revenus, sans personnel ou compte en banque à son nom. En vertu d’un « contrat d’“operating délégué” », elle a en effet transféré « tous les aspects techniques, administratifs, légaux, comptables et financiers » à Total, qui continue d’exploiter les puits pétroliers.

    Omniprésence de Total

    C’est également Total qui règle l’intégralité des frais administratifs des sociétés offshore et se charge de rembourser l’emprunt à la BNP, comme le confirme une source proche du dossier : « La BNP n’a qu’un seul interlocuteur dans ce deal : Total. D’ailleurs, la créance est garantie par Total. » La banque française récupère au passage un nouveau client de poids. « La contrepartie, c’est qu’il ne fallait pas trop poser de questions… »

    Pourtant, dans l’entourage du pétrolier, on affirme au contraire que toutes les conditions du prêt étaient posées par la banque. En substance, pour que le prêt soit accepté par la banque, la BNP aurait imposé à Total un certain nombre de garanties, notamment que la République du Congo n’apparaisse jamais dans le cadre du montage offshore. Et pour cause : à la même époque, la BNP préside le comité rassemblant les créanciers privés du Congo. Elle connaît donc l’étendue de la dette congolaise et ne peut pas prêter directement au Congo dans ces conditions.

    L’omniprésence de Total est telle que, dès la création du montage, l’un des gestionnaires de Jersey met en garde le géant des hydrocarbures. Dans un mail envoyé à Gide Loyrette Nouel, le fiscaliste écrit : « Avec autant de garanties (…) envers Total, si jamais cela devait pour une quelconque raison atterrir devant les tribunaux, je pense que le juge pourrait décider que Total est le véritable gestionnaire » du montage… ce qu’évidemment Total veut absolument éviter. D’autant que son prédécesseur, Elf, avait déjà fait l’usage de montages peu ou prou identiques dans les années 1990, de l’aveu même du PDG de l’époque, Loïk Le Floch-Prigent.

    L’attaque des vautours

    Ce secret aurait pu s’oublier dans les placards de Total sans l’entrée en jeu d’Elliott Management, un fonds d’investissement américain spécialisé dans l’achat de dette souveraine, considéré comme un « fonds vautour » pour ses méthodes très agressives.

    L’une de ses filiales aux îles Caïmans, Kensington International Limited, détient une partie de la dette congolaise, rachetée au rabais. Elle cherche à obtenir le paiement de sa créance depuis quelques années déjà, mais faute d’obtenir le remboursement intégral des 93 millions de dollars qu’elle réclame encore à l’Etat congolais, Kensington s’est tournée vers Likouala, qu’elle soupçonne d’être une « façade » du Congo-Brazzaville.

    Représenté par Appleby – le cabinet d’avocats au cœur des « Paradise Papers » –, le fonds assigne l’actionnaire unique de Likouala, Montrow, devant un tribunal aux îles Vierges britanniques, après avoir obtenu des jugements favorables à Jersey, en Angleterre et aux Etats-Unis. Cherchant notamment à établir une volonté de dissimulation et de fraude de la part du Congo, les plaignants se livrent à une bataille légale féroce et très coûteuse durant la période d’instruction, qui s’étale sur toute l’année 2007. L’un des acteurs va jusqu’à assigner Gide Loyrette Nouel et la BNP en justice en France dans le but d’obtenir des documents permettant de prouver la fictivité du montage offshore, mais les plaintes sont jugées irrecevables.

    Le règlement secret

    Ce procès aux îles Vierges, prévu pour février 2008, est l’occasion pour la justice de déterminer une bonne fois pour toutes qui est le véritable propriétaire de Likouala. Mais la vérité judiciaire n’éclatera pourtant jamais au grand jour. Les avocats de Kensington et du Congo parviennent in extremis à un règlement à l’amiable. Dans l’accord paraphé le 15 janvier 2008, le Congo se résout à payer « une somme d’argent (…) en règlement des revendications découlant des jugements au Royaume-Uni ».

    En échange, Kensington renonce à toute prétention supplémentaire sur « les dettes souveraines qu’elle a achetées ». Le fonds d’investissement abandonne aussi toutes ses procédures judiciaires, y compris contre Total et la BNP. En professionnels respectueux du secret des affaires, les cabinets d’avocats représentant Kensington s’engagent même à effacer les milliers de pages de documentation utilisées durant le préprocès. Aucune publicité n’est faite de l’accord, ou du contenu des discussions.

    La société Likouala n’existe plus depuis janvier 2011. Quelques mois auparavant, elle avait cédé pour 130 millions de dollars sa concession pétrolière à CongoRep, une coentreprise détenue par la République congolaise et la compagnie franco-britannique Perenco. Une fois les dettes à la BNP et à Total soldées, Brazzaville devait récupérer au moins 52,2 millions de dollars dans l’opération. Les pudiques comptes publics congolais empêchent pourtant toute vérification.

    Total a assuré dès 2003 avoir « cédé son intérêt de 65 % dans la concession » Likouala sans jamais plus s’appesantir sur la question. Contactée à de multiples reprises, la société s’est contentée de justifier, par le biais d’un porte-parole du groupe, que « cette opération s’est inscrite dans un cadre légal et n’a causé de préjudice à personne. » Les autres protagonistes n’ont pas souhaité commenter les informations du Monde, et pour cause : la plupart sont liés à une clause de confidentialité qui leur interdit de « publier des communiqués de presse à des fins de divulgation de l’accord » signé aux îles Vierges britanniques.

  • La fortune du clan #Sassou-Nguesso dans le viseur de la justice américaine
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/06/13/la-fortune-du-clan-sassou-nguesso-dans-le-viseur-de-la-justice-americaine_49

    En plus du dossier des « biens mal acquis » qui vise le président congolais Denis Sassou-Nguesso et ses proches à Paris, une autre affaire inquiète Brazzaville. Cette fois, c’est entre les Etats-Unis et la France que se déroule l’offensive judiciaire de l’homme d’affaires anglo-libanais né au Nigeria, Mohsen Hojeij, 60 ans, actionnaire majoritaire de la société de BTP Commissions Import Export (Commisimpex) qui fut l’un des plus grands groupes privés du Congo. Cette société est détenue à 89 % par M. Hojeij, le reste du capital étant entre les mains d’un associé américain, John Grosso.

    On peut regretter que ce ce soit le système de (in)justice commercial qui tape là où ça fait mal.

  • Le bureau de Vincent Bolloré perquisitionné dans le cadre d’une enquête sur ses activités africaines
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/04/12/le-bureau-de-vincent-bollore-perquisitionne-dans-le-cadre-d-une-enquete-sur-

    Vendredi 8 avril, la tour Bolloré à Puteaux (Hauts-de-Seine), siège notamment du groupe Bolloré Africa Logistics, a fait l’objet d’une perquisition sur commission rogatoire des juges d’instruction financiers Serge Tournaire et Aude Buresi. A cette occasion, le bureau du PDG, Vincent Bolloré, alors en déplacement en Bretagne, ainsi que celui du directeur général et du directeur juridique du groupe, ont été visités par les enquêteurs. Une opération qui est venue donner une tout autre dimension à l’enquête initiale. Les policiers se demandent en effet aujourd’hui si le groupe du milliardaire breton a utilisé son bras publicitaire, Havas, pour faciliter l’obtention de la gestion des ports de Conakry en Guinée et de Lomé au Togo.
    Le cadre d’Havas qui mène les enquêteurs à Bolloré

    C’est en effet de façon incidente que les magistrats ont été amenés à s’intéresser aux affaires africaines du groupe Bolloré, présent dans 46 pays du continent où il s’est imposé dans la logistique portuaire. Plus précisément en se penchant sur l’entregent de Francis Perez, président du groupe Pefaco.

    Cette société française, basée à Barcelone, entretient des liens étroits avec plusieurs figures corses de l’univers des casinos, ainsi qu’avec certains chefs d’Etat africains tels les présidents togolais Faure Gnassingbé et congolais Denis Sassou-Nguesso. Francis Perez compte par ailleurs parmi ses relations un certain Jean-Philippe Dorent, dont le nom apparaissait déjà dans le signalement Tracfin – le service antiblanchiment du ministère des finances – qui avait provoqué l’ouverture de l’enquête préliminaire en juillet 2012. « Je connais M. Perez tout comme je connais plein de monde en Afrique et ailleurs », précise au Monde M. Dorent.

    #Bolloré #Afrique

  • EN #AFRIQUE, LE RETOUR DES PRÉSIDENTS À VIE
    Tierno Monénembo 21 mars 2016

    La démocratie progresse partout en Afrique. Pourtant, de vieilles habitudes persistent dans plusieurs pays : dans l’indifférence internationale, des chefs d’Etat manipulent sans vergogne la Constitution pour prolonger leur règne. Ces dictateurs sortis des urnes se trouvent surtout en Afrique francophone, en raison d’une infernale accumulation de handicaps.

    Enième mandat ou énième putsch ? Le sujet relève du brigandage politique, comme le montre le référendum constitutionnel du 25 octobre au Congo-Brazzaville, émaillé d’incidents et boycotté par l’opposition. Au pouvoir depuis 1979 — avec une interruption de cinq ans, entre 1992 et 1997 —, le président Denis Sassou-Nguesso a voulu prolonger son règne. Obtenu aux forceps, ce tripatouillage constitutionnel, qui s’apparente à un coup d’Etat, lui permet désormais de briguer un troisième mandat. Au Burundi, son homologue Pierre Nkurunziza s’est lui aussi permis de passer en force, en juillet dernier, au bout de deux mandats, sans prendre la peine pour sa part de modifier la loi fondamentale. Il s’est fait réélire en réprimant à tour de bras l’opposition, la presse et les défenseurs des droits de l’homme, qui demandaient le respect de la Constitution de 2005. Un texte d’autant plus important qu’il est issu des accords de paix, qui ont mis fin à dix années de guerre civile. Le signal donné par le Burundi annonce la prochaine crise qui menace toute l’Afrique centrale et la région des Grands Lacs, en proie aux mêmes tentations.

    #gouvernance #dictature #autoritarisme

  • L’orchestre de l’épouse de #Manuel_Valls se trouve au cœur de montages financiers douteux
    https://www.mediapart.fr/journal/france/310316/lorchestre-de-lepouse-de-manuel-valls-se-trouve-au-coeur-de-montages-finan

    Jean-Yves Ollivier décoré par Manuel Valls. © Capture d’écran de la Fondation Brazzaville Comme le révèle L’Obs, la formation musicale dirigée par #Anne_Gravoin, épouse du premier ministre, est financée par un homme d’affaires naviguant entre la #France et le Koweït, aux revenus à l’origine mystérieuse. Et l’Alma Chamber Orchestra est également étroitement lié à plusieurs figures de la #Françafrique, notamment dans l’entourage du despote Denis Sassou-Nguesso.

    #Alma_Chamber_Orchestra #gouvernement

  • Elections en #Afrique, la #France toujours à la traîne de l’Histoire
    https://www.mediapart.fr/journal/international/210316/elections-en-afrique-la-france-toujours-la-traine-de-l-histoire

    Au lendemain des #élections présidentielles au #Bénin, au #Niger et au #Congo_Brazzaville, où Denis Sassou-Nguesso a verrouillé tout espoir d’alternance politique, la France brille par son absence. Omniprésente sur le volet sécuritaire, les champs politique et diplomatique sont laissés à l’abandon.

    #International #Denis_Sassou_N'guesso #diplomatie #François_Hollande

  • Congo : la presse africaine dénonce le soutien « complice » de François Hollande au président Sassou-Nguesso
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/10/22/congo-la-presse-africaine-denonce-le-soutien-complice-de-francois-hollande-a

    En reconnaissant à son homologue congolais, Denis Sassou-Nguesso, « le droit de consulter son peuple », François Hollande s’est attiré les foudres de la presse africaine francophone jeudi 22 octobre. Coutumier des formules fleuries, L’Observateur Paalga n’a pas hésité à tirer à vue sur le locataire de l’Elysée. « Il y a des revirements qui donnent le tournis et vous donnent l’envie de vomir tripes et boyaux », tonne le quotidien burkinabé.

    « Ô rage ! ô désespoir ! ô reniement complice ! »
    « Le coq gaulois bénit la forfaiture congolaise. »

    Dans un registre moins baroque, Le Quotidien, journal sénégalais, s’étonne que le président français « ne chausse pas les mêmes lunettes pour jeter un regard sur les dossiers du 3e mandat ». Il « a encore manqué une occasion de se taire », ironisent les journalistes béninois de La Nouvelle Tribune, qui voient dans la sortie du chef de l’Etat une survivance de la « Françafrique ».

    #Afrique #Congo #sassoufit #democratie_bafouée

  • A French Shift on Africa Strips a Dictator’s Son of His Treasures
    http://www.nytimes.com/2012/08/24/world/europe/for-obiangs-son-high-life-in-paris-is-over.html

    Known in France as the case of the ill-gotten gains, it was originally brought in 2007 by two nongovernmental organizations and an association of Congolese citizens abroad. They filed a criminal complaint accusing Mr. Obiang and two other African heads of state, Omar Bongo of Gabon and Denis Sassou-Nguesso of the Republic of Congo, of embezzling state money to buy properties in France illegally.

    @survie