person:didier eribon

  • Contre Édouard Louis
    https://chronik.fr/contre-edouard-louis-crient-deni-de-bellegueule.html

    L’attaque la plus manifeste envers Édouard Louis consiste à s’interroger sur le parcours du transfuge de classe soupçonné de cacher une part de soi minable. Ceci est un nouveau « verdict », pour reprendre le terme de Didier Eribon, qui confine à l’assignation sociale, remettant « à sa place » l’auteur qui s’émancipe. Voilà l’attaque qui est faite à Édouard Louis en tant qu’individu même : celle de le ramener aux « siens » dans une acception bourgeoise de la reproduction sociale.

    Soutenir Édouard Louis, c’est s’opposer fermement à un discours rétrograde, et affirmer un droit à l’émancipation, à la parole, en même temps que notre égale humanité.

    Lors de la parution de son deuxième livre, le très cru Histoire de la violence, accusé de faire oeuvre de « kitsch naturaliste, tournant au procédé », l’auteur subit à nouveau l’accusation de mépris social. Le journaliste Jérémy Collado évoque « une autofiction qui sent bon la prolophobie » et qui, par l’assignation identitaire de ses personnages, « confine à l’excuse sociologique. » C’est précisément la thèse sociologique du livre qui dérange : « la volonté de faire de la sociologie écrase le lecteur, qui n’a aucune place. Et lui assène un message inéluctable : les institutions écrasent les hommes, le déterminisme les empêche d’avancer. » Puisque certains ont le droit d’être péremptoires, le journaliste ajoute qu’il est « idiot de poser ce déterminisme comme tout-puissant. »

    Non content de dénier à Edouard Louis la qualité de sociologue, il l’exclut également du champ des écrivains, puisqu’il « écrit à la truelle » : « ‘’Tout est vrai là-dedans, rien n’y est exact’’, aurait dit Maurice Barrès, qui appartenait à la droite nationaliste antisémite, mais qui était écrivain. »

    Ultime et insupportable attaque : si l’intellectuel est contré, l’homme dans sa construction identitaire est également chahuté : « l’auteur parvenait à perdre son identité d’Eddy Bellegueule pour devenir Édouard Louis, ce nom que même les Versaillais renieraient tant il sent la caricature. » Quelle violence. C’est un tour de force, pour qui fustige une lecture du monde par le prisme du déterminisme social, que de ramener Édouard Louis à ses origines, en tentant d’y démasquer celui qui ne pourrait être qu’un imposteur. Voilà pourquoi soutenir Édouard Louis, c’est s’opposer fermement à ce discours rétrograde, et affirmer un droit à l’émancipation, à la parole, en même temps que notre égale humanité.

  • Quand Bourdieu démolit Macron, une rencontre avec Didier Eribon
    https://la-bas.org/5079

    Pour notre invité, l’écrivain et philosophe Didier ERIBON, ami et bon connaisseur de BOURDIEU, la politique de MACRON poursuit la pensée de RICŒUR et toute l’idéologie conservatrice qui soutient la domination des élites contre la masse qui ne comprend pas, en imposant une politique de violence sociale sous le déguisement d’un discours humaniste…Continuer la lecture…

    #Vidéo #La_Guerre_des_Idées #Luttes

  • VIH, sexparties et pupilles dilatées : pour le communisme, éhontément https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/100317/vih-sexparties-et-pupilles-dilatees-pour-le-communisme-ehontement

    Interview de Tadzio Müller par Carl Melchers, publiée le 5 janvier 2017 sur Jungle World sous le titre Die Linke muss geil sein http://jungle-world.com/artikel/2017/01/55499.html

    Tadzio Müller, responsable de la justice climatique et de l’énergie à la Fondation Rosa Luxembourg à Berlin, est impliqué de longue date dans le mouvement pour la justice climatique.

    Traduit de l’anglais par Isabelle Saint-Saëns (@isskein).

    Tadzio Müller : En devenant cadre politique à plein temps, j’ai totalement marginalisé une part très importante de moi-même, je l’ai reniée. J’étais persuadé que c’était la seule façon de fonctionner pour un activiste, au point de ne pas tenir compte de moi-même – ou du moins de certains aspects de moi-même – ce qui a généré d’absurdes pathologies. J’ai complètement séparé de mon activité politique mon côté cuir-queer-sexuel-lubrique, et je me suis senti complètement marginalisé dans une gauche radicale pour laquelle, sans trop d’exagération, les corps n’existent tout simplement pas.

    Pouvez-vous en dire plus ?

    Dans la gauche allemande nous avons tendance à nous méfier du corps, vu la façon dont les Nazis l’ont sollicité et mobilisé. À gauche, nombreux sont ceux dont le schéma conceptuel est influencé, consciemment ou inconsciemment, par l’École de Francfort. Ils en viennent à penser que l’émancipation doit venir de la tête, de la rationalité. Il en résulte que le champ politique des corps et des affects – sur lequel il y a une sorte de tabou dans la gauche allemande, qui le considère souvent comme un frein à l’émancipation – est abandonné à « l’autre bord ».

    Mais une part importante de la gauche allemande n’est-elle pas justement obnubilée par les émotions, les identités et la création des « espaces safe » ?

    Il est vrai que certains débats dans les universités sur les « espaces safe » et les terminologies politiquement acceptables ont pu involontairement créer des incompréhensions, voire provoquer des sentiments d’exclusion, au point de sembler parfois prêter le flanc à des accusations de sectarisme. La gauche ne devrait pas faire peur. La gauche doit être cool ! Nos pratiques politiques doivent absolument accorder une place beaucoup plus centrale à la question des corps et des affects. Si je me bats contre le changement climatique ce n’est pas seulement parce que c’est pour moi la plus importante question de justice à laquelle nous ayons jamais été confrontés ; c’est aussi parce que je veux contribuer à élaborer une façon de faire de la politique où quand on se bat pour une cause juste on se marre et c’est sexy. Bien sûr il faut continuer à ancrer notre pensée politique dans la raison, le débat sur le changement climatique se fonde nécessairement sur l’affirmation de vérités factuelles, de manière on ne peut plus classique.

    Qu’entendez-vous par « #affects » ?

    Il y a un excès de rationalisme dans la gauche allemande. L’idée de honte est, pour moi, centrale dans ce débat – comme l’a bien montré Didier Eribon dans Retour à Reims. La honte est un de ces mots dont la gauche allemande ne sait pas vraiment quoi faire.

    Quel rôle la #honte joue-t-elle dans votre vie ?

    Un rôle important, malheureusement, car il y a toujours quelque chose dont j’ai honte. J’ai honte d’avoir baisé avec des mecs en cachette de ma copine pendant sept ans et demi. J’ai honte d’avoir parfois des marques dans le dos, après un week-end où je me suis fait fouetter ; et ces jours-là, j’évite de faire du sport. Ou j’ai honte de m’écrouler pendant une réunion le lundi parce que j’ai passé tout le week-end à gober sans dormir. Et, il n’y a pas si longtemps, j’avais honte d’être séropositif. Quand je mesure à quel point la honte structure mes actes… et quelle incroyable sensation provoque l’énergie libérée, quand on arrive enfin à s’en débarrasser…

    #militer #émotions #rationalité #politique

  • Mayotte : peau comorienne, masques français… | Dénètem Touam Bona
    http://www.jeuneafrique.com/333052/societe/mayotte-peau-comorienne-masques-francais

    « Non, c’est pas possible, tu déconnes ! … » ; à chaque fois que je tente d’expliquer ce qui se passe à Mayotte, c’est d’abord à l’incrédulité que je me heurte. Mayotte, c’est l’impossibilité d’une île, impossibilité en premier lieu de dire ce qui s’expérimente sur cette île : les mots, les expressions, les catégories employées pour en rendre compte étant depuis longtemps corrompus et sclérosés. Tel un mauvais djinn, un désir d’apartheid – le rêve pathogène d’une communauté homogène – possède Mayotte : une île asphyxiée par sa propre frontière où schizophrénie et paranoïa vont de pair, et où l’on chasse l’étranger, village après village, au plus profond de soi-même. Source : Jeune (...)

  • « Il est toujours facile pour ceux qui occupent, dans le cadre d’une interaction, la position dominante, de ne pas voir ou de ne pas vouloir voir les effets de la domination, et comment les autres ont été constitués par une lente et irrésistible imprégnation de leur corps et de leur esprit par ces effets à la fois massifs et invisibles. Il est même important pour ces dominants de les nier, ou de les sous-estimer : sinon, cela les obligerait à se demander en quoi ils participent, dans le cours de leur vie quotidienne, de cette domination et de la perpétuation de celle-ci. »

    Didier Eribon, La Société comme verdict

  • « Qu’aurais-je pu lui dire ? Que la théorie dont on se revendique, même quand elle est vécue dans sa chair, et que la politique dont on se réclame, même quand elle vient du plus profond de soi-même et de l’expérience passée et présente, ne sont pas dotées d’une efficacité – performative – suffisante pour casser les inerties du monde social autour de nous et en nous. C’est pourquoi les oppositions toujours rejouées entre la « liberté » et le « déterminisme », la « prise de parole » et le fait d’« être parlé » par les structures du monde, etc., me semblent passer complètement à côté de cette vérité essentielle : c’est que les deux dimensions sont vraies en même temps, imbriquées l’une dans l’autre, que ce soit sur un plan collectif ou sur un plan individuel. »

    Didier Eribon, La Société comme verdict

  • Désintégration | Ours vert
    http://oursvert.com/2014/05/30/desintegration

    Pour comprendre ce qui est sans doute la plus importante de ces causes, il faut d’abord sortir de Paris et des centres-villes des grandes métropoles (ou « idéopoles »), véritables OVNI politiques, et se plonger dans les franges du territoire métropolitain. Si on aime la littérature, on lira Retour à Reims de Didier Eribon, Les Lisières d’Olivier Adam, ou quelques planches du Combat Ordinaire de Manu Larcenet. Si on aime la sociogéo, on pourra lire Fractures Françaises de Christophe Guilluy. Tous témoignent de cette désintégration territoriale.

    #extrême-droite #front_national #politique

    • Dans le Monde papier du 11-12/05/ 14 ( je l’achète à cause des programmes télés et à cause du billet de F. Aubenas, mais elle est ailleurs depuis quelque temps,) donc dans la feuille du soir, Didier Eribon se lâche contre Piketty, lui reprochant en gros de pas respecter l’analyse marxiste des classes sociales.
      Didier Eribon se couvre avec Sartre ( tu parles d’une couverture ) Foucault et Bourdieu, (et ceux-là, gare ! interdit d’y toucher !) vaches sacrées.
      Eribon Didier fait chier avec ses rappels à l’Ordre de la Pensée Orthodoxe et ses aigreurs persos d’auteur. Son article laisse rêveur. On le trouverait même bouffé par la jalousie...

  • Depuis 24 heures, grosse #polémique dans le petit monde de la #sociologie universitaire française, avec un clash sur #facebook entre Didier #Eribon (qui a l’air d’avoir un sacré melon) et Jean-Louis #Fabiani, qui prenait la défense de #Boltanski accusé par Eribon d’être un « idéologue catholique ».
    Gros #bordel, mais il n’est pas inintéressant de voir jusqu’où mène l’appropriation (pas si ancienne que ça dans les sciences sociales) par des #universitaires des réseaux sociaux : vers une publicité des clashs et des invectives qui restaient jusque là dans les salles de séminaires.

    REMARQUES SUR LA PENSÉE RÉACTIONNAIRE ET SUR LES OPÉRATIONS DE RECHRISTIANISATION DE LA VIE INTELLECTUELLE
    http://didiereribon.blogspot.fr/2014/01/remarques-sur-la-pensee-reactionnaire.html

    On me raconte que, pour défendre son maître Boltanski, un certain Jean-Louis Fabiani (?) m’attaque sur sa page Facebook en me reprochant de n’avoir « jamais fait » de sociologie. Il s’indigne même qu’on ait pu me donner une « chaire » dans l’université française !
    Est-ce le même Fabiani que celui qui a publié un livre pathétiquement mauvais sur l’histoire de la philosophie en France, il y a quelque chose comme 25 ans, et qui, sans doute devenu conscient de ses limites après cela, n’a plus jamais rien fait depuis ?
    Et qui, bien sûr, siège (il a tout le temps pour ça) dans toutes les instances de contrôle (le CNU) de ce qu’il considère comme « sa » discipline ?
    Si c’est le cas, je suis fier de n’avoir jamais fait de « sociologie » au sens où il l’entend, et l’on comprendra aisément pourquoi je suis favorable à la suppression du CNU : pour que de telles nullités intellectuelles ne soient plus en mesure d’exercer leur faculté de nuisance et de reproduction éternelle de leur médiocrité.

    Jean-Louis Fabiani
    https://www.facebook.com/jeanlouis.fabiani?fref=ts

    Je voudrais rappeler à ceux qui, honte à eux, osent me traiter d’homophobe que je suis le seul universitaire français à avoir accepté de diriger la thèse de Geoffroy Daniel de Lagasnerie, au nom de la liberté d’expression, sans partager un seul de ses points de vue ?

    • D’ailleurs, comme lien vers les articles ou commentaires, il faudrait essayer de trouver les vrais liens y amenant directement et non le flux général, car une semaine, une mois, un an plus tard, ce ne sera plus pareil. Souvent ces liens sont sur les dates ou horaires (twitter, facebook, seenthis, etc). Par exemple là le vrai lien c’est :
      https://www.facebook.com/jeanlouis.fabiani/posts/10152112650029651

    • C’est vrai, mais la solution supérieure serait sans doute de réussir à intégrer le message lui-même dans le corps du billet, ce qui faciliterait la lecture et permettrait de le conserver même s’il est effacé.
      Je pense notamment au système des articles sur lemonde.fr, qui réussit à intégrer le post facebook ou twitter et sa mise en forme au corps de l’article. Mais j’avoue que je n’ai aucune idée de comment ils font…

    • C’est avec #Oembed, de la même manière que pour les vidéos ou images ici : on donne l’URL uniquement, et le système sait afficher le contenu distant en interne.

      Pour Twitter, ça pourrait être ajouté à @seenthis, car on sait que c’est court, mais si chaque lien FB (je parle du vrai lien du post) était intégré en entier, ça pourrait être énorme (sans parler des droits), sauf si on force la citation en n’affichant que les premiers N caractères.

    • J’ai une petite question, je ne suis pas sur moi même : pensez-vous qu’il st intéressant de donner autant de visibilité à ces querelles microcosmique ? Je n’ai pas trop l’impression ici qu’on soit dans une critique constructive utile, qui fait avancer le schmilblick (si je puis dire), mais je m trompe peut-être, l’alternative est que ce soit un stupide règlement de compte auquel cas l’intérêt pour le public est à peu près proche de zéro.

      Mais bon, je ne sais pas trop comment interpréter cela.

      #dubitatif

    • Le sociologue Luc Boltanski a écrit des pièces de théâtre en versets claudéliens, pas nulles d’ailleurs, mais qui rejoignent clairement des positions anti-IVG dans un style catholico-mystique assez fumeux. Vu le contexte ("Manif pour Tous", interdiction de l’avortement en Espagne, etc), Didier Eribon fait son boulot en le signalant. Non ?

    • @rastapopoulos, ok, merci beaucoup, mais quels problèmes de droits ça pourrait créer, si (comme en l’occurrence) le post est public ? Tu veux dire que c’est facebook que ça pourrait gêner ?
      @reka, Effectivement vu le tour que ça prend je suis en train d’être de plus en plus dubitatif moi-même. Cela dit, à la base, c’était plutôt parce que ça permet d’identifier un certain nombre de fractures et de chapelles différentes dans le milieu, ce qui n’est pas sans influence sur le contenu des travaux. Ce n’est pas vraiment le cas ici, mais en général je trouve que ça donne un arrière-texte intéressant à avoir en tête quand on lit certaines productions (notamment des articles ou des comptes-rendus critiques), que seuls quelques habitués des séminaires (dont je ne suis pas) peuvent vraiment contextualiser au sein du paysage universitaire.

    • En effet, pas simple, oui Irène et oui Alexandre. Je signale qu’en Norvège, puisqu’on parle de régression, la droite et l’extrême droite (coalition au pouvoir) proposent un projet de loi qui permettraient aux médecins de refuser de procéder à des avortements. La Norvège aussi, donc...

    • @cie813 Peut-être, mais pour le coup je n’ai pas l’impression que ça réponde à une grande nécessité du moment, et franchement (vu le ton) ça m’a plutôt l’air d’un réglement de comptes pour des motifs extérieurs de la part d’Eribon. Je n’ai pas particulièrement entendu Boltanski ces derniers temps, et je ne vois donc pas vraiment de raison de convoquer sa personne et ses écrits passés sur le débat, d’autant que c’est assez sévèrement ad hominem :

      ce pauvre Boltanski se situait du côté de la pensée critique quand ça lui semblait être payant (il était un disciple de Bourdieu), puis a dénoncé la pensée critique quand il est devenu payant de se rattacher à la révolution néo-conservatrice (rejoignant les cénacles chrétiens et insultant Bourdieu, et jusqu’au jour de sa mort), et il est fort probable qu’il cherche désormais à récupérer la « critique » qu’il a pratiquée puis dénoncée (ou de faire croire qu’il la récupère, tout en maintenant ses options idéologiques spiritualistes en assimilant notamment la sociologie critique à une théorie paranoïaque du complot - vieux discours de la droite, vieille rengaine de la pensée bourgeoise), puisque cela redevient peut-être payant...

      Enfin, je suis un poil sceptique sur la notion de « boulot » pour un sociologue dénonçant des sociologues, surtout qu’en l’occurrence l’ironie est qu’Eribon passe son temps à se lâcher sur « les flics de la pensée »

    • @alexandre, par défaut, sans licence explicitant autre chose, un texte appartient à son auteur, et seul lui peut décider où il veut le publier. Si tu le mets autre part, tu ne peux en mettre que des petits bouts : c’est le « droit de citation ». Mais pas plus. Un texte publié (donc public) ne veut pas dire qu’il est dans le « domaine public » !

      Avec tes références au « monde universitaire », j’eus cru que tu savais cela. :)

    • @rastapopoulos Je comprends, mais en l’occurrence c’est la notion de « texte » qui me paraît problématique : un post facebook aurait ce statut et pas un tweet ? Parce que lemonde.fr (pour y revenir) ne se gêne pas pour intégrer des tweets, y compris (me semble-t-il mais je ne suis plus certain tout à coup) anciens voire effacés par leurs auteurs.
      A partir de là, j’ai supposé (sans doute abusivement) que la différence était que la publicité du message sur twitter permettait de contourner ça.
      Donc par curiosité, tu sais si c’est la licence de twitter qui permet ça, ou si c’est juste le statut journalistique du monde.fr qui fait qu’ils ne s’encombrent pas de ça en disant qu’ils ne font que rapporter des infos ?

      Mais je suis loin d’être tout-terrain sur le « monde universitaire », d’autant que (comme on le voit un peu), quand il se transfère sur le numérique ça fait un beau bordel à tous points de vue ;)

    • C’est différent suivant plusieurs critères : la longueur du texte de base, et le but et l’auteur de la citation. Lorsqu’il s’agit pour un journal de « rendre compte de l’actualité », il peut être permis de citer un texte en entier, par exemple.

      De plus Twitter c’est une phrase ou fort peu de phrases, donc à mon avis ça revient à citer une parole de quelqu’un à l’oral, qu’il aurait prononcé à la radio ou à la télé. Quand ça devient un texte de plusieurs paragraphes, ce n’est pas forcément de la même nature.

    • @cie813, entendu dire (…) que Boltanski ayant changé de femme, il a moins de goût pour le catholicisme (réac), avec la réussite de sa carrière, cela irait jusqu’à "expliquer" son retour à des thèses plus critiques (?). Mais si on ne s’en tient pas qu’à cet aspect, on lira une recension critique de son livre phare Le Nouvel Esprit du Capitalisme dont le conservatisme des thèses de Boltanski ne sortent guère indemnes :

      La thèse qui court tout au long du « Le nouvel esprit du #capitalisme » est la suivante : la #critique_artiste (fondée sur, et revendiquant la liberté, l’autonomie et l’#authenticité) et la #critique_sociale (fondée sur, et revendiquant la solidarité, la sécurité et l’#égalité) « sont le plus souvent portées par des groupes distincts » et sont « incompatibles ».[1] Le flambeau de la critique artiste, transmis par les artistes aux étudiants de #mai_68, aurait été repris par la suite par les gens « branchés » qui travaillent dans les médias, la finance, le show business, la mode, Internet, etc., c’est-à-dire, les « créatifs » du « haut de la hiérarchie socioculturelle ». La critique sociale, par contre, portée par les ouvriers de 68, aurait été reprise par les petits gens, les subordonnés, les exclus du libéralisme. Critique artiste et critique sociale sont donc « largement incompatibles ».

      La « critique artiste » suscite un malaise chez les auteurs, voir un certain mépris, qu’ils ont du mal à cacher. De leur point de vue, cela se comprend aisément, puisque la « critique artiste […] n’est pas spontanément égalitaire ; elle court même toujours le risque d’être réinterprétée dans un sens aristocratique » et « non tempérée par les considérations d’égalité et de solidarité de la critique sociale peut très rapidement faire le jeu d’un libéralisme particulièrement destructeur comme nous l’ont montré les dernières années ». D’ailleurs, la critique artiste n’est « pas en soi nécessaire à la mise en cause efficace du capitalisme comme le montrent les succès antérieurs du mouvement ouvrier sans les renforts de la critique artiste. Mai 68 était, de ce point de vue, exceptionnel ». A la lecture, on sent aussi que le livre est parcouru par un ressentiment contre mai 68 qui, depuis quelques années, traverse les élites intellectuelles françaises, et dont font les frais, ici aussi, comme chez l’ancien ministre de l’Education Nationale, Michel #Foucault, Gilles #Deleuze et Félix #Guattari, qui, en tant que maîtres de la pensée 68, auraient déposés des germes de libéralisme dans les têtes de gens sans y prendre garde.

      Donc non seulement la critique artiste n’est pas nécessaire, sinon à « modérer le trop d’égalité de la critique sociale » qui risque de « faire fi à la liberté » (sic), mais en plus elle joue le cheval de Troie du libéralisme, à qui elle est apparenté par le goût aristocratique de la liberté, de l’autonomie et de l’authenticité que les artistes auraient transmis d’abord aux « étudiants », et qui aurait ensuite transité chez les « bobos ». Boltanski et Chiapello nous rejouent ici l’opposition de la liberté et de l’égalité , de l’autonomie et de la sécurité, d’une autre époque, sur laquelle d’ailleurs se sont cassés les dents aussi bien le socialisme et le communisme,.

      extrait de Les malheurs de la « critique artiste » et de l’emploi culturel
      http://eipcp.net/transversal/0207/lazzarato/fr

      @alexandre, quand même, Didier Eribon, entre son Retour à Reims et son D’une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française, où les #socialistes sont de façon tout à fait argumentée vigoureusement étrillés, c’est un des rares académiques dont les travaux relèvent au moins pour partie de la question de l’émancipation, non ?

      #Maurizio_Lazzarato

    • @colporteur, pour être très honnête je n’ai pas lu Eribon, mais j’ai lu et entendu pas mal de choses intéressantes sur ces deux livres qui m’ont effectivement plutôt donné envie de me rattraper, encore qu’il me semble que tout cela n’a un rapport qu’assez lointain avec une démarche et une méthode sociologique. Ce n’est pas un mal, et peut-être qu’une lecture détaillée montrerait que je me trompe, mais puisque toute cette histoire est partie de là (et que c’est à cause de ça qu’Eribon a pris le bourdon)…

      Cela dit, ça n’était franchement pas mon propos (d’ailleurs je n’avais pas de propos à la base, je signalais juste le truc), mais simplement ça me paraît curieux cette mentalité mi-cour de récré, mi-ubu roi, où la situation au final c’est un type qui traite la terre entière (et notamment des universitaires qui ne sont pas tout à fait insignifiants) d’intégristes cathos, de nains de la pensée et de flics universitaires, et des réactions qui se centrent autour du fait qu’il écrit des bons bouquins à côté (ce qui me paraît un peu à côté du souci du moment).

      Au final, un propos qui a quand même fini par mûrir, c’est que voir comme ça les conflits d’égos éclater en place publique numérique, ça permet de mesurer la relativité d’une certaine pondération/nuance qu’on attend généralement des chercheurs, et de se rappeler qu’un bon paquet d’entre eux attendent essentiellement de s’engueuler comme des poissonniers (c’est juste qu’on le voit).
      Et, accessoirement, qu’il me paraît vraiment très discutable de convoquer des notions de « boulot » pour une sorte de veille documentaire intellectuelle des idées de la terre entière (btw, @cie813, Eribon a sauté dessus et a repris la chose sur sa page facebook) - mais c’est discutable, et ça peut faire partie de l’éthique d’engagement de certains. Je suis loin de supporter les anti-IVG et leurs soutiens idéologiques, mais enfin Boltanski a quand même le droit de penser et d’écrire ce qu’il veut (surtout quand c’est aussi dépourvu d’intention militante que ce qu’on convoque là) sans qu’on le rabatte sur un débat où il n’a pas voulu se pointer (à ma connaissance), pour lui faire porter une responsabilité indirecte sur une bande d’allumés.

  • De l’auto-analyse à la critique sociale
    http://www.laviedesidees.fr/De-l-auto-analyse-a-la-critique.html

    Poursuivant l’auto-analyse engagée dans Retour à Reims, Didier Eribon fait de celle-ci une clé pour saisir les rapports de classes. Mettant la honte au centre de ses analyses, il en fait un levier pour une critique sociale qui ne soit pas une apologie du populaire. Reste à savoir si ce geste n’occulte pas la complexité des mondes populaires.

    Livres & études

    / #sociologie, homosexualité, pauvreté, #justice_sociale

    #Livres_&_études #homosexualité #pauvreté

  • « La société comme verdict » de Didier Eribon fait suite au travail d’auto-analyse amorcé par « Retour à Reims », puis par « Retours sur retour à Reims ».

    Entretien de Didier Eribon à Têtu en juin 2013 :
    http://didiereribon.blogspot.fr/2013/06/entretien-dans-tetu-sur-la-societe.html

    citation p.50 "Etre gay - et cela vaut pour d’autres « catégories » infériorisées, bien sûr : être lesbienne, être transgenre, être noir, être juif, etc. - c’est être vulnérable, toujours à la merci d’une insulte ou d’une agression."

    #eribon #categorie #societe #gay

  • Didier Eribon, La Société comme verdict (et comme meurtre) - DU TEXTE AU TEXTE
    http://www.joel-jegouzo.com/article-didier-eribon-la-societe-comme-verdict-et-comme-meurtre-118315

    A l’heure où de sinistres ligues sont lâchées dans les rues, où le retour de l’extrémisme assassin s’accomplit au grand jour, où l’ambiance délétère de la société française, pleine d’effroi pour ce Dernier Virage à Droite qui la tente tellement désormais, éclate au grand jour, il y a tout à la fois quelque chose comme une sourde angoisse qui perce de cet essai de Didier Eribon, et l’espoir, immense, que nous avons peut-être la maturité de ne pas nous laisser enfermer dans les plis nauséeux d’on ne sait quelles annales typiquement françaises.
    Effroyable verdict cependant, que celui que notre société prononce pour marquer les uns au fer rouge, distinguer les autres, installer des frontières hargneuses, hiérarchiser férocement les individus et les groupes -très tôt, à vrai dire, stigmatisant, enfermant, punissant. Effroyable société dont l’ambiance délétère fleurit sans vergogne.

    #violence #critique #livre #Didier-Eribon

  • « On assiste au retour du refoulé homophobe » (Didier Eribon)
    http://didiereribon.blogspot.fr/2012/12/on-assiste-au-retour-du-refoule.html

    Karl-Heinrich Ulrichs, le premier avocat de la cause gay, au milieu du XIXe siècle, évoquait déjà le droit au mariage pour les couples de même sexe ! C’est donc une aspiration très ancienne. Mais pour s’en tenir à l’époque contemporaine, on peut désigner deux grands axes. Le premier, c’est l’épidémie du sida : l’absence de reconnaissance juridique des couples produisait des situations affreuses, où l’on voyait la famille du malade interdire l’accès à la chambre d’hôpital à son compagnon, empêcher celui-ci de venir aux obsèques, le chasser de l’appartement occupé en commun etc. Les acteurs de la lutte contre le sida ont vite pris la mesure politique de ces drames intimes et ont intégré dans leurs combats la nécessaire instauration d’une telle reconnaissance. Le second, c’est ce qu’on a appelé le « gay babyboom » et surtout le « lesbian babyboom » des années 1990. (...) Source : Didier Eribon

  • La gauche perd toujours les élections, surtout quand elle les gagne (Didier Eribon)
    http://didiereribon.blogspot.fr/2012/09/la-gauche-perd-toujours-les-elections.html

    La gauche au pouvoir, et ses penseurs officiels, ses experts, adoptent toujours un point de vue de gouvernants, et considère dès lors, que toute expression du point de vue des gouvernés devient une entrave à son action, l’expression de passions irrationnelles face à la sagesse et à la raison des gouvernants et de leur savoir bien informé, des intérêts particuliers qui viennent s’opposer à l’intérêt général, etc. Mais je crois aussi qu’il faut considérer que, avant même l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche, c’est toute la logique électorale dans le système de la démocratie représentative et le système des partis qui lui est lié, qui produisent inévitablement ces processus, qui se répètent à intervalles régulier. (...) Source : Didier Eribon

  • Pour mémoire : Plenel tel quel | Didier Eribon (Relevé sur le Net...)
    http://didiereribon.blogspot.fr/2012/01/pour-memoire-plenel-tel-quel.html

    Je me souviens de la mobilisation hystérique de tout l’univers journalistique, d’un bout à l’autre de l’espace politique, contre Bourdieu, traîné dans la boue dans des termes que les journaux n’appliquaient même pas à Le Pen. Encore aujourd’hui, il suffit de mentionner Sur la télévision pour provoquer des bouffées délirantes chez les journalistes qui aimeraient pouvoir contrôler qui et ce qui a accès, ou non, à l’espace public, et qui ne supportent pas que ce pouvoir leur ait été contesté par Bourdieu. Source : Relevé sur le Net...

    • - Les intellectuels - de tous bords – sont issus de la bourgeoisie. Leurs travaux, leurs discours ne sont-ils pas, finalement, conformes aux intérêts des classes dirigeantes ?

      Quand je lis un auteur comme Jacques Rancière, par exemple, et que je constate que tout son discours depuis 40 ans se résume – que dit-il d’autre ? Rien ! – à une exaltation populiste d’une sorte de savoir politique, culturel, scientifique… spontané de la classe ouvrière, de compétence égale de tous avec tous, je ressens de la colère et du dégoût… Car c’est ignorer délibérément les inégalités réelles, et les effets de la dépossession culturelle, c’est ignorer le fonctionnement du système scolaire, c’est ignorer comment se forment et comment se transforment les opinions politiques, etc. Et c’est même empêcher de poser tous ces problèmes ! Quand il ose affirmer qu’essayer d’analyser les inégalités (notamment scolaires), comme l’a fait Pierre Bourdieu, aboutirait à figer les gens dans cette inégalité et à les priver de leur liberté, de leur mobilité, je trouve ce genre de propos vraiment grotesques et même indécents (pour rester poli). Il est un cas typique du penseur bourgeois qui se penche de haut sur le peuple, qu’il ne rencontre jamais ailleurs que dans des livres du XIXe siècle… et qui fantasme sur les gens qu’il ne connaît pas (n’est-ce pas ce « savoir spontané » des classes populaires qui les conduit, par exemple, à l’auto-élimination scolaire que j’ai évoquée plus haut, et que Rancière croit sans doute être une invention de sociologues, si toutefois il en a entendu parler). Postuler une égalité principielle de tous avec tous, comme il le fait, c’est refuser de voir ce qu’est l’inégalité dans la réalité, ses mécanismes de fonctionnement et de perpétuation, et aussi ses effets dans les modes de pensée et d’agir, dans le rapport à la politique, dans les vies.... C’est donc tout simplement ratifier et reconduire l’inégalité à partir d’une position idéaliste qui n’a que l’apparence de la radicalité politique mais qui en est tout le contraire. Je sais que c’est payant : on l’applaudit partout, car cette façon de fantasmer le peuple est largement partagée dans les milieux intellectuels. Mais cela n’en est que plus révoltant, car ce genre de discours empêche de comprendre les inégalités telles qu’elles sont, et donc de les combattre. Cela conforte l’ordre établi.
      Pour reprendre le modèle qu’affectionne Rancière et qui découle logiquement de sa perspective de maître ignorant du monde social, celui du tirage au sort dans la Grèce antique, je dois dire que je ne voudrais pas que ma mère soit tirée au sort pour gouverner la Cité, sinon cela donnerait l’application du programme du Front National : rétablissement de la peine de mort, expulsion des immigrés, durcissement des politiques pénales, sortie des enfants du système scolaire à quatorze ans… Par conséquent, il convient d’analyser –oui, analyser ! – comment se forment ce type d’opinions, comment elles se répètent, à quelles conditions elles peuvent changer…
      En réalité, Rancière est resté l’intellectuel maoïste bourgeois qu’il a été autrefois – l’accablant maoïsme de l’Ecole normale supérieure, c’est-à-dire les philosophes et leurs pauvres - et qui s’enthousiasmait pour la Révolution culturelle populaire chinoise, qu’il opposait à Bourdieu et aux savants, dans son livre de 1973 contre Althusser, et dont on sait bien qu’elle était décrétée d’en haut et imposée au peuple qui était censé la porter. C’est la vérité de la position de Rancière : il n’a pas changé... il a simplement gommé la référence à la Chine. Je hais ce populisme-là, qu’il est nécessaire de rejeter autant que les autres formes de populisme si l’on veut se donner les moyens de penser ce que peut être la participation des classes populaires à la politique, et si l’on veut se donner les moyens de réfléchir à une politique émancipatrice qui ne soit pas simplement une mythologie d’intellectuels pour intellectuels.

    • sur le fond je suis assez d’accord avec lui mais il oublie quand même que le pouvoir actuel est déjà en train d’appliquer le programme de sa mère

    • Il y a de belles pages dans Retours sur notamment sur l’articulation entre problématiques dites « de société » et « sociales » ; mais j’ai la flemme de les recopier et je ne trouve pas le texte de cet entretien sur google.

    • Débat entre Rancière et Bourdieu relayé par @pariaurbain :
      http://seenthis.net/messages/150990

      Je dirais que Bourdieu est dans la méthodologie, la modélisation factuelle (et approximative, comme tout modèle assumé) pour expliquer le réel à travers les phénomènes dominants (et donc la suprématie des schémas de domination paralysants), quand Rancière est dans l’idéologie « idéaliste », pour tenter d’infléchir le réel, en s’appuyant les phénomènes, éventuellement marginaux, dynamisant la structure sociale, mais ce faisant, il donne l’impression de prendre ses désirs pour des réalités...

  • Féminisme à la française ou néoconservatisme | Didier Eribon (Libération)
    http://www.liberation.fr/societe/01012344782-feminisme-a-la-francaise-ou-neoconservatisme

    Il nous faut remercier Joan Scott pour son retentissant article, paru dans Libération le 9 juin. L’écho qu’il a rencontré et la fureur qu’il a déclenchée chez ceux et celles qu’il visait suffisent à montrer que la célèbre historienne américaine a soulevé un problème aussi sensible qu’important. Car elle ne se contente pas de rappeler à nos mémoires quelques discours isolés, dont le caractère incongru provoque le fou rire ou, plutôt, dans le contexte actuel, le dégoût. Elle nous invite à reconstituer la cohérence d’une entreprise idéologique qui a marqué de son emprise toute une séquence de la vie intellectuelle française et qu’on peut sans exagération décrire comme une révolution conservatrice, un spectaculaire déplacement vers la droite de la pensée politique au cours des années 1980 et 1990.