person:donald rumsfeld

  • Opinion | Fifteen Years Ago, America Destroyed My Country - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2018/03/19/opinion/iraq-war-anniversary-.html

    Par Sinan Antoon

    I left Iraq a few months after the 1991 Gulf War and went to graduate school in the United States, where I’ve been ever since. In 2002, when the cheerleading for the Iraq war started, I was vehemently against the proposed invasion. The United States had consistently supported dictators in the Arab world and was not in the business of exporting democracy, irrespective of the Bush administration’s slogans. I recalled sitting in my family’s living room with my aunt when I was a teenager, watching Iraqi television and seeing Donald Rumsfeld visiting Baghdad as an emissary from Ronald Reagan and shaking hands with Saddam. That memory made Mr. Rumsfeld’s words in 2002 about freedom and democracy for Iraqis seem hollow. Moreover, having lived through two previous wars (the Iran-Iraq war of 1980 to 1988 and the Gulf War of 1991), I knew that the actual objectives of war were always camouflaged by well-designed lies that exploit collective fear and perpetuate national myths.

    #Irak #crimes #Etats-Unis

  • Erik Prince, un « chien de guerre » dans les arcanes de la Maison Blanche

    http://www.lemonde.fr/international/article/2018/02/09/erik-prince-un-chien-de-guerre-dans-les-arcanes-de-la-maison-blanche_5254319

    Cet ancien militaire et fondateur de la société privée de sécurité Blackwater, jugée responsable d’exactions en Irak, a désormais ses entrées à Washington et envisage de se lancer en politique.

    Certains épisodes d’une vie ont l’apparence d’une incroyable répétition. Le 30 novembre 2017, la fine fleur du renseignement américain a les yeux rivés sur le Congrès, à Washington. Erik Prince, costume sombre et cravate rouge, cheveux ras, est convoqué par une commission d’enquête de la Chambre des représentants. Le fondateur de société militaire privée Blackwater et frère de la ministre de l’éducation Betsy DeVos est soupçonné d’avoir rencontré un financier russe aux Seychelles, neuf jours avant l’investiture du président Donald Trump, dans le but de créer un canal de communication discret entre le nouveau président des Etats-Unis et Vladimir Poutine. Cette rencontre, révélée en avril 2017 par le Washington Post, a encore un peu plus épaissi la ténébreuse affaire dite du Russiagate, l’enquête sur les interférences russes durant la présidentielle américaine.

    Devant une vingtaine d’élus, Erik Prince apparaît droit dans ses bottes, raide dans ses commentaires, sûr de lui. Lui, le baroudeur, l’ex-commando du corps d’élite des Navy Seals, l’ancien patron de l’armée privée la plus puissante au monde, le généreux donateur du Parti républicain et conseiller officieux du président. Il arbore un léger sourire en coin, presque hautain, impatient. Devant les élus, il ne dira pas grand-chose. Erik Prince accusera l’administration Obama de l’avoir surveillé illégalement, sans donner ses sources, ni convaincre les congressistes.

    Le rendez-vous aux Seychelles n’aurait, lui, duré qu’une demi-heure, peut-être même moins. Le temps d’une bière au bar d’un hôtel de luxe, « quatre étoiles ou plus », mais dont le nom lui échappe. Une discussion banale en somme, entre deux hommes d’affaires : « Je me souviens lui avoir dit que si Franklin Roosevelt a pu travailler avec Joseph Staline pour battre les nazis, alors Trump pourrait certainement travailler avec Poutine pour vaincre le fascisme islamique. Il semblait d’accord. » Rien d’autre. Pas de deal, aucun autre rendez-vous. Il ne se souvient même pas avoir échangé une carte de visite.

    « Rencontre d’affaires informelle »

    Le fait que son interlocuteur, Kirill Dmitriev, soit le patron du Fonds russe d’investissements directs, un consortium sous le coup de sanctions américaines depuis 2015, n’a pas l’air de l’émouvoir. Tout comme le fait que ce même Dmitriev, issu des premiers cercles de Poutine, croisera à Davos, une semaine après leur rencontre, Anthony Scaramucci, alors conseiller du président Trump avant de devenir brièvement son porte-parole.

    Le feu roulant de questions n’a pas d’effet. Erik Prince reste flou sur l’initiateur de la rencontre, « un des frères », se souvient-il vaguement, du prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed. Un prince héritier présent lui aussi sur l’île des Seychelles le jour de la rencontre et avec lequel Prince dit s’être entretenu un peu plus tôt dans la soirée pour « parler affaires de manière informelle » et « partager quelques points de vue » sur le théâtre du monde, « ou ce genre de choses comme le terrorisme en Somalie, en Libye, au Nigeria ».

    Erik Prince restera tout aussi évasif sur une éventuelle intermédiation d’un de ses proches, Steve Bannon. L’éminence grise et directeur de campagne de Donald Trump avait rencontré discrètement l’homme fort d’Abou Dhabi en décembre 2016, à New York, dans la Trump Tower, en compagnie du gendre du président, Jared Kushner, et de Michael Flynn, alors futur conseiller à la sécurité nationale, aujourd’hui poursuivi dans l’enquête du Russiagate.

    Zones d’ombre

    Etrange prestation. L’audition aura duré plus de trois heures sans qu’Erik Prince ne dévoile quoi que ce soit. Trois heures pour protéger ses réseaux et défendre ses proches. Tout comme il l’avait fait il y a dix ans, ici même, au Capitole, devant une autre commission de la Chambre, le 2 octobre 2007. Ce jour-là, pour la première fois, le nom de M. Prince renvoyait à un visage. Et il affichait déjà un aplomb déconcertant. Jeremy Scahill, auteur à l’époque d’une somme sur le personnage (Blackwater : l’émergence de l’armée de mercenaires la plus puissante au monde, Actes Sud, 2008), dira même qu’il était « provocant ». Lui était là pour répondre sur les agissements de sa société Blackwater devenue le symbole d’une entreprise de cow-boys hors de contrôle et profiteurs de la guerre en Irak. Deux semaines plus tôt, le 16 septembre, une de ses équipes avait tué 17 civils irakiens place Nisour, en plein centre de Bagdad.

    Dix ans séparent les deux auditions. Dix années truffées de zones d’ombre. Comme si la vie d’Erik Prince n’était qu’une longue nage en eaux troubles, jalonnée de hauts et de bas, mais jamais terminée. Assis au bar du Mayflower, hôtel iconique de Washington, surchauffé en cette froide journée de janvier, l’homme sourit en attendant son rendez-vous avec Le Monde. Pendant tout l’entretien, il ne prononcera pas un mot de plus sur son escapade dans l’océan Indien. « Tenez-vous en au transcript de l’audition », conseille-t-il. Et puis ceci :

    « On me prête beaucoup, surtout les médias de gauche qui sont le plus grand fléau de notre démocratie. Ils cherchent à faire leurs choux gras sur mon nom depuis tant d’années. Oui, je représente tout ce que les démocrates aiment détester. »
    Pour comprendre ce qui anime Erik Prince, il faut explorer son histoire personnelle, démêler aussi les liens qu’il a tissés au fil de son ascension avec la frange la plus religieuse et conservatrice du Parti républicain, aujourd’hui au pouvoir. Né en 1969 à Holland, dans un quartier calme et tranquille, le jeune Prince appartient à une très riche et puissante famille de l’Etat du Michigan. Son père, Edgar, qui s’engagea deux ans dans l’US Air Force, fait fortune en créant une entreprise de pièces détachées pour automobiles, la Prince Manufacturing. Il sera l’inventeur du pare-soleil au miroir éclairé par un spot lumineux, un accessoire qui allait équiper pratiquement chaque voiture dans le monde et envoyer la famille Prince dans la sphère des milliardaires.

    Figure paternelle forte

    Les journées de seize à dix-huit heures ont raison de la santé du père, frappé au début des années 1970 par une crise cardiaque, à laquelle il survit. Déjà très croyant, Edgar Prince se rapproche encore un peu plus de Dieu. « C’est à ce moment-là, allongé dans son lit d’hôpital à méditer sur tout ce que son labeur lui avait apporté qu’il a renouvelé sa foi en Jésus-Christ », dira l’ami de la famille, Gary Bauer, un des leaders de la droite religieuse et fondateur du lobby chrétien de droite, le Family Research Council.

    Fidèle soutien du Parti républicain, adepte d’une économie de libre marché et désormais grand propagandiste des valeurs chrétiennes, l’industriel marie sa fille Betsy, sœur aînée d’Erik, à Dick DeVos. Le père du jeune homme, Richard DeVos, est le fondateur d’Amway, le géant de la vente directe en réseaux. Une entreprise qui deviendra dans les années 1990 une des sociétés les plus actives dans le processus électoral américain, en utilisant son infrastructure comme un réseau d’organisation politique. Unis, les clans DeVos et Prince deviennent également les principaux financiers du Forum familial du Michigan (MFF), la branche locale de Focus on the Family de James Dobson, une puissante organisation de la droite religieuse et des extrémistes chrétiens.

    Erik Prince est très proche de son père. Dès son enfance, il règle son pas sur le sien. « Je passais des heures à parler avec lui », se souvient-il. Jeune sportif, il joue au foot et au basket dans les écoles chrétiennes de Holland, soutenues financièrement par sa famille. Dans l’entreprise paternelle, il se familiarise avec les principes de la firme reproduits dans ses brochures : « Ce sont les gens qui font la différence » ou encore « l’excellence est le résultat de l’engagement et du dur labeur de personnes dévouées ». « Je crois que j’ai toujours sa voix au-dessus de ma tête, affirme Erik Prince. Cette idée d’être toujours le bon gars dans ce qu’on fait, faire le plus avec ce que l’on a. »

    « Vision du Bien et du Mal »

    Pour ses 7 ans, il s’envole avec ses parents en Europe. Au programme, les plages de Normandie, Munich et le camp de Dachau, Berlin et son Mur : « Cela a marqué le gamin que j’étais. Cette haute muraille, les champs de mines, les pièges à chars, les barbelés et tous ces fusils m’ont renvoyé l’image d’une nation devenue une gigantesque prison. La vision du Bien et du Mal s’est ancrée en moi, même si celle-ci s’est nourrie d’un peu de cynisme avec le temps. »

    Dans la maison des Prince, Erik croise régulièrement un nouvel ami de la famille, Chuck Colson, l’ancien conseiller spécial de Richard Nixon, perçu par beaucoup comme le « génie du mal » de l’ancien président. Colson fut la première personne à être condamnée dans l’affaire du Watergate après avoir plaidé coupable d’obstruction à la justice. Une fois sorti de prison, il écrivit Born Again, un livre évoquant sa conversion, et deviendra une des voix les plus influentes des mouvements évangéliques.

    Après le lycée, il rentre à l’Académie navale du Maryland. L’atmosphère ne lui plaît pas, trop dilettante et en même temps trop politiquement correcte à ses yeux. Il démissionne pour s’inscrire au Hillsdale College du Michigan, l’établissement le plus conservateur du pays d’après un classement de la Princeton Review. « Erik Prince était brillant et parlait bien, déclarera un de ses professeurs d’économie. Ce qui est bien chez lui, c’est qu’il comprend la relation entre le marché et le système politique. »

    Engagement politique

    Avec l’âge, Erik s’engage de plus en plus en politique. Il décroche un stage de six mois à la Maison Blanche sous George Bush père. Il a 19 ans et fait son premier don, d’un montant de 15 000 dollars, au Comité national républicain du Congrès. Un soir, sur une piste de bowling, il croise l’élu républicain californien Dana Rohrabacher. Prince lui fait part de ses critiques à l’égard d’une administration qu’il trouve trop peu conservatrice. Alors assistant spécial et rédacteur des discours de Ronald Reagan, il l’invite à travailler un temps dans son bureau. Les deux hommes ne se perdront plus de vue.

    Au cours de la première audition d’Erik Prince au Congrès, Dana Rohrabacher le soutiendra à sa manière, affirmant que son ami « était sur la voie pour devenir un héros américain tout comme l’était Oliver North », l’ancien colonel de l’armée américaine impliqué dans le scandale de l’Irangate au milieu des années 1980. L’élu ultraconservateur se rendra célèbre par la suite pour ses prises de position pro-russes. Plus récemment, il essaiera d’obtenir la grâce de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, auprès du président Trump. Depuis décembre 2017, Rohrabacher fait partie de la liste de personnalités interrogées dans le cadre de l’enquête russe.

    En 1992, Erik Prince s’emballe pour le candidat Pat Buchanan qui se présente avec un programme d’extrême droite, contre l’immigration, contre l’avortement et contre les homosexuels. La même année, il intègre les commandos Seals. Il servira en Haïti, en Bosnie et au Moyen-Orient, la plupart des points chauds du premier mandat Clinton. C’est durant ces quatre années, entre 1992 et 1996, qu’il rencontrera la plupart des personnes avec lesquelles il lancera Blackwater.

    Rester lié à l’armée

    Avec la mort de son père et un cancer en phase terminale diagnostiqué chez sa première femme, Erik Prince quitte les Seals en 1996 pour revenir auprès de sa famille. Celle-ci décide de vendre la société au groupe Johnson Controls pour 1,35 milliard de dollars, cash. « Je voulais rester lié à l’armée, expliquera Erik Prince quelques années plus tard. J’ai donc construit un complexe pour offrir un site de première classe aux militaires américains et aux alliés étrangers, ainsi qu’aux organismes de maintien de l’ordre, privés et gouvernementaux, qu’ils puissent se préparer à affronter le Mal. » En clair, un centre d’entraînement, qu’il inaugure en décembre 1996, à Moyock (Caroline du Nord), dans une immense tourbière située près de la base navale de Norfolk. L’année suivante, il acquiert plus de 2 000 hectares dans les comtés de Currituck et Camden voisins.

    L’époque est porteuse. Blackwater naît au moment d’une privatisation massive et sans précédent de l’armée, un mouvement lancé entre 1989 et 1993 par Dick Cheney du temps où il était le secrétaire à la défense de Bush père. Le budget de la défense est réduit de 10 milliards de dollars. Le nombre de soldats passe de 2,2 à 1,6 million. « L’idée était de réserver les troupes régulières pour le combat, tandis que les soldats privés s’occuperaient de la logistique à l’arrière-plan », écrit Dan Briody dans son livre The Halliburton Agenda (John Wiley and Sons Ltd, 2005, non traduit) sur l’entreprise Halliburton, premier fournisseur de matériel pour l’armée, que Cheney, futur vice-président de Bush fils, dirigea entre 1995 et 2000...

    Grâce à ses relations nouées dans l’armée, et aussi à celles tissées par son père et la famille DeVos au sein du Parti républicain, Erik Prince obtient rapidement des contrats avec le département de la défense, le renseignement et la police. En octobre 2000, l’attaque-suicide lancée par Al Qaida contre le destroyer USS Cole dans le port d’Aden (Yémen) jette une lumière crue sur les besoins en matière de protection de la marine américaine. Blackwater y gagne un contrat de 35,7 millions de dollars. Le 11-Septembre provoquera, lui, une nouvelle accélération cette privatisation de la chose militaire, reprise à son compte par le nouveau secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld.

    Proche d’une « société secrète »

    Prince est dans son élément. L’administration Bush fait appel à la droite la plus conservatrice et aux chantres du moins d’Etat. Le jeune homme d’affaires a maintenu des relations très proches avec certains acteurs du Conseil de la politique nationale (CNP), une organisation quasi secrète considérée comme l’un des piliers de la nouvelle droite, décrite par le New York Times comme « un club peu connu de quelques centaines des plus puissants conservateurs du pays qui se retrouvent derrières les portes fermées dans des lieux non divulgués pour une conférence confidentielle ».

    Le père Prince y avait exercé la fonction de vice-président. George W. Bush s’adressa au groupe en 1999, à la recherche de soutiens pour sa candidature. Dick Cheney, Donald Rumsfeld, John Bolton, ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, et John Ashcroft, procureur général, participent à ses réunions, tout comme un certain Dan Senor, qui deviendra le premier assistant de Paul Bremer, le « pro-consul » américain en Irak de 2003 à 2005.

    Erik Prince est également un proche d’Alvin « Buzzy » Krongard, le directeur exécutif de la CIA. A l’époque, l’agence a besoin de protection en Afghanistan. Elle manque de personnel, tout comme l’armée, qui manque d’agents de sécurité statiques. Krongard signera plusieurs contrats avec Blackwater pour la protection de sites secrets ou stratégiques de la CIA aux quatre coins du globe, en pleine « guerre contre la terreur ».

    « Mr. Fix-it »

    Dès 2001, Blackwater devient un des principaux supplétifs de l’armée en Afghanistan, puis en Irak deux ans plus tard. Erik Prince passera également de multiples contrats avec le département d’Etat pour assurer la sécurité de ses agents et diplomates. Dans l’administration, on le surnomme « Mr Fix-it » (M. Le Réparateur). Il trouve les failles, pointe les erreurs des déploiements militaires, formule des propositions clés en main.

    « Le Pentagone a construit une puissance militaire considérable ces soixante-dix dernières années pour vaincre l’URSS, explique-t-il. Mais utiliser ces tactiques, ces équipements, ce potentiel pour combattre des gars en pick-up chaussés en tongs, cela ne marche pas. Comment expliquer que, pour un soldat américain déployé en première ligne, il faut douze hommes derrière ? Qu’un ravitaillement opéré par des hélicoptères sur des navires nécessite 35 hommes de la Navy alors que nous le faisons avec huit ? Blackwater était là pour fournir des approches viables et à moindres coûts. Notre business avait l’avantage d’être un mélange de mentalité de commando et des meilleures pratiques commerciales existantes. »

    Jusqu’au point de rupture. En 2007, 177 « sociétés militaires privées » (SMP) exercent en Irak. Près de 48 000 contractuels y sont répertoriés, soit quasiment un privé pour un soldat. Blackwater fait alors partie des trois plus importants fournisseurs avec 1 200 hommes en permanence sur place, 155 véhicules et 26 aéronefs. Cette année-là, la société d’Erik Prince atteint le chiffre record d’un milliard de dollars de contrats signés avec le gouvernement, cinq fois plus qu’en 2000.

    La bavure de la place Nisour

    Le carnage du 16 septembre 2007 à Bagdad marquera le début de la fin. Blackwater est mis en cause dans une dizaine d’incidents meurtriers depuis son arrivée en Irak. Mais cette fusillade est le scandale de trop. L’audition au Congrès d’Erik Prince n’y changera rien. Tout comme sa tentative de rebaptiser la firme Xe en 2009. Outre l’impunité, le grand public a pris en aversion Blackwater pour s’être enrichi sur le dos du contribuable et avoir profité des guerres en Irak et en Afghanistan. « Une armée à ce point fidèle aux causes de l’extrême droite qu’elle en est devenue une garde du Parti républicain », écrit la journaliste et essayiste Naomi Klein. Pour l’ancien ambassadeur américain en Irak Joseph Wilson, « l’histoire de cette entreprise de mercenaires démontre clairement les graves dangers qu’entraîne la sous-traitance de l’usage de la force qui est un monopole de l’Etat. »

    En 2010, Erik Prince vend la société et ses filiales pour au moins 200 millions de dollars, selon différentes sources. Deux ans plus tard, il trouve un arrangement avec le gouvernement fédéral à hauteur de 50 millions de dollars pour une longue liste de violations commises entre 2005 et 2008 au regard du droit américain. S’ensuit une longue procédure durant laquelle quatre membres de son équipe responsable de la fusillade à Bagdad seront lourdement condamnés par un tribunal de Washington. Leurs peines sont en cours de révision.

    Lui n’en démord pas. « Il n’y avait aucune raison de s’en prendre ainsi à Blackwater », soutient-il, avant d’accuser les politiques. « Il fallait cibler Erik Prince. Dès que l’administration Obama a été mise en place, j’ai subi d’énormes pressions fiscales, des audits. La justice ici n’est pas aveugle, elle est politique, qu’elle aille au diable ! »

    Diversification

    Erik Prince prend le large. Il s’installera trois ans à Abou Dhabi. Le temps d’élargir ses réseaux et trouver de nouveaux ancrages. En 2011, le New York Times révèle qu’il a signé un contrat de 529 millions de dollars pour mettre sur pied une armée secrète de 800 mercenaires pour le compte des Emirats arabes unis. D’après le quotidien, ce bataillon est chargé de mener des opérations spéciales à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, de défendre les oléoducs et les gratte-ciel contre d’éventuels actes terroristes et de réprimer les révoltes intérieures. Les officiels émiratis confirmeront dans un communiqué l’existence d’un contrat, signé avec Prince, de « formation, d’entraînement et de soutien opérationnel » à leur armée.

    Lui investit, s’essaie à la finance, crée des holdings, plusieurs sociétés écrans aussi. D’Asie en Afrique, en passant par l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient, il se diversifie et brouille les pistes. En 2013, il crée Frontier Services Group (FSG), une société installée à Hongkong et spécialisée dans la logistique, les services de sécurité et d’aviation. Les premiers responsables sont, comme Prince, d’anciens soldats américains. Quelque 15 % du capital sont détenus par Citic, un important fonds d’investissement public chinois, très présent en Afrique. Dans la foulée, Prince achète des compagnies d’aviation au Kenya, des sociétés de transports au Congo.

    « Nous voulons être la première entreprise de logistique à couvrir l’ensemble du continent africain, même où cela semble dangereux », dit-il.
    En Autriche, il acquiert 25 % de la société d’aviation privée Airborne Technologies, spécialisée dans la transformation d’avions d’épandage agricole en vue d’une utilisation militaire ou de surveillance. Il acquiert encore 25 % encore des parts d’une entreprise chinoise ISDC, basée à Pékin, et présentée comme l’une des principales écoles de formation dans le domaine de la sécurité dans le monde.

    De nouveau, Prince est sur le devant de la scène. Le magazine Vanity Fair écrit qu’il travaille pour la CIA, Buzzfeed qu’il convoite les métaux rares en Afghanistan. Le quotidien espagnol ABC évoque un projet, financé par les Emirats arabes unis, d’invasion du Qatar, par l’armée privée de Prince. The Intercept, qui le suit à la trace, affirme que plusieurs enquêtes judiciaires américaines auraient été lancées contre lui pour avoir essayé de vendre des prestations militaires à des gouvernements étrangers. « Tout cela n’est que foutaises ! », écarte-t-il d’un revers de main. Il ne dira rien de plus.

    Le retour d’Erik Prince aux Etats-Unis correspond peu ou prou à la victoire de Donald Trump. Et visiblement, il fourmille d’idées. Au quotidien italien Corriere della Sera, il parle d’un projet destiné à résoudre la crise migratoire en Europe en créant une force de police de 650 hommes, formés par ses soins et postés à la frontière sud de la Libye. Dans un texte publié dans le Wall Street Journal, il expose un plan pour l’Afghanistan. « C’est la plus longue guerre de notre histoire, celle qui a coûté la vie à plus de 2 000 soldats américains et englouti près de 45 milliards de dollars de notre budget annuel pour un résultat désastreux », souligne-t-il. La solution passerait, selon lui, par le déploiement de moins 5 000 soldats contractuels, moins de 100 avions, pour un coût total d’à peine 10 milliards de dollars. Le pouvoir serait, lui, entre les mains un « vice-roi » américain nommé par l’administration Trump, à l’image des anciennes colonies britanniques.

    Candidat potentiel

    Le plan a été soumis à la Maison Blanche par l’entremise de Jared Kushner et Steve Bannon, qui y est très favorable. Les spécialistes l’ont vivement critiqué, le Pentagone l’a catégoriquement rejeté. « Les généraux sont très conventionnels », ironise l’homme d’affaires. De son côté, Donald Trump aurait dit à deux de ses conseillers d’examiner attentivement le projet. D’une source proche de la Maison Blanche, le secrétaire à la défense, le général issu des Marines James Mattis, aurait même apprécié l’état des lieux formulé par Prince, tout en écartant la solution proposée. « Ça viendra, glisse-t-il. La guerre a duré dix-sept ans, il faudra bien un jour ou l’autre explorer d’autres approches pour y mettre fin. »

    D’ici-là, Erik Prince dit ne pas écarter l’idée de se présenter à la primaire républicaine du Wyoming contre le sénateur sortant, le très populaire John Barrasso. Une candidature ardemment encouragée par l’ex-conseiller ultranationaliste Steven Bannon, inlassable pourfendeur de l’establishment républicain. « Le Wyoming est un des Etats les plus conservateurs du pays », explique l’ancien PDG de Blackwater, avant d’ajouter en forme d’autoportrait : « Il est composé d’hommes robustes. Les hivers y sont rudes. C’est un Etat qui a besoin d’un battant. » Les hostilités reprennent.

  • Ainsi parlait Donald Rumsfeld
    http://www.dedefensa.org/article/ainsi-parlait-donald-rumsfeld

    Ainsi parlait Donald Rumsfeld

    Il est vrai que lorsqu’eut lieu l’attaque du 11 septembre 2001, PhG, en train de tondre la pelouse, en fut fort agacé. Il avait d’ores et déjà bouclé un article pour le site dedefensa.org, alors dans ses limbes, et il tenait un bon sujet central pour le numéro du 25 septembre 2001 de la Lettre d’Analyse (paper only) nommée dedefensa & eurostratégie (dd&e). Ainsi parut-il sur le site dedefensa.org, à la date du 11 septembre 2001, un article intitulé : « Le courage de Rumsfeld et un discours historique ». Nous écrivîmes (notamment) ceci pour le présenter :

    « C’est assez rare pour être souligné : voilà un discours officiel qui mérite d’être lu et relu tant il a de significations profondes. Il s’agit du discours de Donald Rumsfeld, le 10 septembre 2001 au Pentagone. (...)

  • Naomi Klein : Maintenant, répliquons à la politique de la peur Blog de Paul Jorion - 11 Juin 2017
    http://www.pauljorion.com/blog/2017/06/11/naomi-klein-maintenant-repliquons-a-la-politique-de-la-peur

    Paru dans The Guardian le 10 juin 2017. Traduction française : Timiota

    Chocs politiques, chocs de sécurité, chocs climatiques, – si instable que le monde nous apparaisse aujourd’hui, cela pourrait devenir bien pire demain. Mais nous pouvons nous unir pour un futur meilleur.

    Choc, c’est un mot qui n’a cessé de revenir depuis que Donald Trump a été élu en novembre 2016 : pour décrire le suffrage faisant mentir les sondages, pour décrire l’état émotionnel de pleins de gens observant son ascension vers le pouvoir, et pour décrire son approche en mode blitzkrieg de l’art de la politique. « Un choc pour le système », c’est précisément ainsi que sa conseillère Kellyane Conway a constamment décrit la nouvelle ère.

    Depuis deux décennies maintenant, j’ai étudié les chocs de grande échelle subis par les sociétés : comment ils arrivent, comment ils sont exploité par les politiciens et les castes, et comme ils sont même délibérément accentués de façon à tirer profit d’une population désorientée. J’ai aussi longuement parlé de la contrepartie de ce processus : comment les sociétés qui parviennent à une compréhension d’une crise qu’elles partagent sont capables de changer le monde pour le meilleur.

    Observant l’ascension de Donald Trump, j’avais un sentiment étrange. Ce n’est pas seulement qu’il serait en train d’appliquer la politique du choc à la nation la plus puissante et la plus armée sur terre ; c’est davantage que cela. A travers des livres, des films documentaires et des enquêtes journalistiques, j’ai documenté un ensemble de tendances : l’ascension des « supermarques », l’extension du pouvoir des fortunes privées dans le système politique, la mainmise globale du néolibéralisme, mettant souvent à profit le racisme et la peur de l’« autre » comme un outil puissant, les impacts nocifs du commerce sans entrave des multinationales, et l’emprise profonde que le courant climato-sceptique a gagnée sur l’aile droite de l’éventail politique. Et quand je me suis mis à scruter Trump, il a commencé à ressembler au monstre de Frankenstein, fait d’un empiècement de morceaux du corps venant de toutes ces tendances à haut danger et de beaucoup d’autres.

    Il y a 10 ans, je publiais « La stratégie du choc » [The Shock Doctrine : The rise of Disaster Capitalism], une enquête qui couvrait quatre décennies d’histoire, depuis le Chili d’après le coup de Pinochet [le 11 septembre 1973] à la Russie après l’écroulement de l’URSS, depuis Bagdad sous l’attaque US « Shock and Awe » [Choc et Effroi] à la Nouvelle-Orléans après l’Ouragan Katrina. Le vocable de « Stratégie du Choc » décrit la tactique brutale consistant à mettre à profit systématiquement la désorientation du public qui suit un choc collectif — guerre, coup, attaque terroriste, crash des marchés boursiers ou désastre naturel,— pour imposer des mesures pro-grandes-firmes [pro-corporate], souvent appelées « thérapie de choc ».

    Trump et ses conseillers sont en train d’essayer d’exécuter une « stratégie du choc » de leur cru, dont le but est une guerre totale contre le domaine public [the public interest].

    Même si Trump a par certains côtés brisé le moule, ses tactiques du choc suivent bien un scénario, scénario familier aux pays qui ont eu à subir des changements majeurs imposés sous couvert de crise. Pendant la première semaine de Trump président, quand il signait un tsunami de décrets et que la population vacillait encore, essayant comme des fous de ne pas décrocher, je me suis prise à penser à la description qu’avait faite l’avocate des droits de l’homme Halina Bortnowska de l’expérience polonaise lorsque la thérapie de choc économique fut imposée par les USA en plein écroulement du communisme. Elle décrit la vitesse du changement que subissait son pays comme « la différence entre des années de chien et des années d’humains », et elle observait que « vous commencez à observer ces réactions semi-psychotiques ». Vous ne pouvez plus vous attendre à ce que les gens agissent au mieux de leur propres intérêts quand ils sont si désorientés qu’ils ne savent pas – ou n’ont cure de savoir – quels sont au juste ces intérêts.

    Pour ce que nous en voyons jusqu’ici, il est clair que Trump et ses principaux conseillers espèrent le type de réponse que Bortnowska décrivait, qu’ils mettent en œuvre une stratégie du choc à l’échelle nationale. Le but est une guerre sans merci contre la sphère publique, contre l’intérêt du public, qu’il s’incarne dans des règlements anti-pollution ou dans des programmes contre la faim. En lieu et place de quoi s’annoncent une liberté d’agir et un pouvoir débridés pour les grandes firmes [corporations]. C’est un programme à l’injustice si provocante et au caractère si manifestement vicieux qu’il peut seulement être exécuté avec l’assistance de politiques raciales et sexuelles de type « diviser pour régner », en même temps qu’une série-spectacle ininterrompue de distractions médiatiques. Et bien sûr, il s’appuie sur une augmentation massive des dépenses militaires, une escalade spectaculaire de conflits guerriers sur des fronts multiples, de la Syrie à la Corée du Nord, le tout ponctué de digressions présidentielles sur le point auquel « la torture ça marche ».

    Le gouvernement de Trump garni de milliardaires et multimillionnaires nous en dit long sur les buts sous-jacents de l’administration. Exxon Mobil pour le secrétariat d’Etat, General Dynamics et Boeing pour le département de la Défense, et les gars de Goldman Sachs pour à peu près tout ce qui reste. La poignée de politiciens de carrière qui ont été mis aux manettes des grandes agences semblent avoir été sélectionnés ou bien parce qu’ils ne croient pas aux missions centrales de l’agence, ou bien pensent que l’agence qu’ils dirigent ne devrait carrément pas exister. Steve Bannon, le stratège en chef de Trump qu’on dit écarté, était franc à ce sujet quand il s’adressait à un auditoire conservateur en février. Le but, disait-il, est « la déconstruction de l’état administratif » (ce par quoi il entendait les règlements gouvernementaux et les agences en charge de protéger le peuple et de veiller à ses droits). « Si vous regardez ces nominations ministérielles, elles ont été faites pour une bonne raison, et cette raison c’est la déconstruction. »

    On a attaché une énorme importance au conflit entre le nationalisme chrétien de Bannon et le transnationalisme des aides de Trump davantage issus de l’establishment, en particulier son gendre Jared Kushner. Et Bannon pourrait bien être entièrement viré de ce show de télé-réalité un brin gore d’ici pas très longtemps (à moins que ce ne soit, compte tenu des problèmes juridiques en cours, le sort de Kushner). Compte tenu de ces intrigues de palais, il convient de souligner que pour ce qui est de déconstruire l’État et d’externaliser autant que possible les taches à des entreprises à but lucratif, Bannon et Kushner ne sont nullement en conflit, mais en parfait alignement.

    À la faveur de l’atmosphère constante de chaos de cette administration, — une part délibérément générée par Trump, mais le gros lui étant attribué en raison de son incompétence et de sa cupidité — cet agenda partagé est poursuivi avec une détermination méthodique et inflexible. Par exemple, dans les quelques heures qui ont suivi son entrée en fonction, Trump a souhaité une réduction fiscale massive, qui verrait les sociétés ne payer que 15% (contre 35% actuellement), et a promis de diminuer les règlements de 75% . Son plan fiscal inclut un ensemble d’autres abattement et exemptions pour les plus fortunés comme ceux qui peuplent son gouvernement (pour ne pas parler de lui-même). Le plan sur la santé qu’il a appuyé fera perdre à environ un million de gens leur couverture, tout en ouvrant toujours plus d’exemption d’impôt pour les riches.

    Il a nommé Kushner à la tête d’un commando bourré de grands patrons, qui a été chargé de trouver de nouveaux règlements à éliminer, de nouveaux programmes à privatiser, et de nouvelles façons de faire tourner le gouvernement fédéral « comme une grande firme américaine » (suivant l’analyse du groupe de pression Public Citizen, Trump a rencontré au moins 190 grands patrons en moins de trois mois de fonction – avant d’annoncer que le carnet des visiteurs ne serait plus rendu public). Quand on lui a demandé avec insistance ce que l’administration avait accompli en substance dans ses premiers mois, le directeur du Budget Mick Mulvaney cita l’averse de décrets de Trump et souligna ceci : « La plupart d’entre eux sont des lois et règlements pour abroger d’autres lois. Des règlements qui abrogent d’autres règlements. »

    Et c’est bien en effet ce qu’ils sont. Trump et son équipe sont déterminés à mettre en miette les programmes qui protègent les enfants des toxines environnementales, ils ont dit aux compagnies gazières qu’elles n’auraient plus à rendre compte de tous les puissants gaz à effet de serre qu’elles recrachent, et préparent des dizaines et dizaines de mesures du même acabit. C’est, en bref, de la démolition à grande échelle.

    Ce que représente le gouvernement de Trump, c’est un fait simple : les gens qui possèdent d’ores et déjà une part absolument obscène de la fortune de la planète, et dont ladite part croît sans mollir année après année – les dernières statistiques d’Oxfam indiquent que les huit hommes les plus riches valent autant que la moitié la plus pauvre du monde – sont déterminés à mettre la main sur encore davantage. Selon NBC News, en décembre 2016, les ministres pressentis par Trump totalisaient une fortune nette considérable de 14,5 milliards de dollars (sans compter le conseiller spécial Carl Icahn qui pèse 15 milliards de dollars à lui tout seul).

    Une crise de grande échelle fournirait le bon contexte pour déclarer l’état d’urgence, et donc que les règles usuelles ne s’appliquent plus.

    Alors soyons clairs sur ce qui se passe à Washington. Ce n’est pas le passage de relais habituel entre partis. C’est une prise de pouvoir sans fard des grandes firmes, dans la suite logique de plusieurs décennies de la même volonté. Il apparaît que les intérêts économiques qui ont depuis longtemps arrosé les deux grands partis pour qu’ils prennent soin de passer les lois à hauteur de leurs enchères ont décidé qu’ils étaient fatigué de jouer ce jeu-là. Apparemment, tous ces dîners arrosés de bons vins pour les chefs élus, toute cette corruption légalisée et avenante, insultait le sens qu’ils avaient de leur propre droit divin. Et du coup, les voilà se débarrassant des intermédiaires – ces politiciens dans le besoin qui sont supposés protéger l’intérêt du public – et font ce que tous les caïds font quand ils veulent que quelque chose soit bien fait : ils le font eux-mêmes.

    Et c’est pour cela que les questions préoccupantes sur les conflits d’intérêts et les manquements à l’éthique ne reçoivent presque aucune réponse. De la même façon exactement que Trump a opposé une obstruction complète au fait de rendre publiques ses déclarations d’impôt, il a complètement refusé de vendre, ou de cesser de bénéficier, de son empire commercial. Cette décision, compte tenu du degré de dépendance de la Trump Organisation vis-à-vis des gouvernements étrangers dans l’attribution de juteuses licences d’exploitation et de permis, pourrait de fait enfreindre l’interdiction faite par la constitution des USA aux présidents de recevoir tout cadeau ou « émolument » de gouvernements étrangers. Au point qu’une poursuite judiciaire ayant ce grief comme base légale a déjà été lancée.

    Mais les Trump n’ont pas l’air plus concernés que ça. Ce sens quasi inentamable de l’impunité – d’être au-dessus des lois et des règles usuelles – est une marque de fabrique de cette administration. Quiconque représente une menace pour cette impunité est sommairement renvoyé – demandez par exemple au ci-devant directeur du FBI James Comey. Jusqu’ici, dans le monde politique des USA, il y avait la Maison Blanche qui se présentait comme un masque sur l’État dans l’État que sont les grandes firmes. Il y avait le sourire du visage d’acteur de Ronald Reagan, ou l’allure de faux cow-boy de Georges W. Bush (avec le regard torve de Dick Cheney/ Halliburton à l’arrière-plan). Mais maintenant le masque est tombé. Et personne ne se soucie de faire croire le contraire.

    La situation est rendue encore plus sordide du fait que Trump n’a jamais été à la tête d’une firme traditionnelle, mais a plutôt été la figure de proue d’un empire construit autour de sa marque personnelle – une marque qui, ainsi que celle de la marque de sa fille Ivanka, a déjà bénéficié de sa « fusion » avec la présidence fédérale d’une multitude de façons (les cotisations pour devenir membre à Mar-a-Lago ont doublé, les ventes de produits d’Ivanka, nous dit-on, crèvent le plafond). Le business modèle de la famille Trump fait partie d’un plus vaste changement dans la structure de gouvernance de nombre de firmes multinationales, un changement aux vastes conséquences transformationnelles sur la culture et sur le marché du travail, tendances que j’avais documentées dans mon premier livre « No Logo, Taking Aim at Brand Bullies » [No Logo, la tyrannie des marques]. Ce que ce modèle nous dit est que l’idée même qu’il puisse y avoir – ou qu’il doive y avoir une quelconque distinction entre la marque Trump et la présidence Trump est un concept dont l’occupant actuel de la Maison Blanche ne saisit pas le début du commencement. La présidence est l’extension sous forme de couronnement de la marque Trump.

    Le fait que des niveaux aussi provocants de mise à profit d’une charge publique puissent se dérouler en pleine lumière est assez dérangeant. Tout autant que les nombreuses actions de Trump dans ses premiers mois de fonction. Mais l’histoire nous montre que, aussi déstabilisées que soient les choses maintenant, la stratégie du choc veut dire que cela pourrait devenir bien pire.

    Les principaux piliers du projet politique et économique de Trump sont : la déconstruction de l’État régulateur, une attaque en règle de l’État-providence [welfare state] et des services sociaux (rationalisée entre autres, par les manipulations raciales alarmistes à visée belliqueuse, et les attaques sur les femmes ayant voulu exercé leurs droits [T. : allusion à l’avortement ?]) ; le déchaînement d’une frénésie de combustibles fossiles (qui exige de balayer la science du climat et de bâillonner une grande part de la bureaucratie gouvernementale) ; et d’une guerre civilisationnelle contre les immigrants et « le terrorisme islamique radical » (avec des théâtres d’action nationaux et étrangers qui s’étendent sans cesse).

    En sus des menaces immédiates que ce projet dans son entier pose à ceux qui sont déjà les plus vulnérables, c’est une vision qui ne manquera pas d’engendrer vague sur vague de crise et de chocs. Chocs économiques, tels que les explosions de bulles spéculatives – renforcées grâce à la dérèglementation – ; des chocs de sécurité, quand viendra dans le pays le contrecoup des politiques anti-islamiques et des agressions à l’étranger) ; et des chocs industriels, quand les pipelines de pétrole répandront des marées noires et que les puits exploseront [cf. plateforme DeepWater Horizon dans le golfe du Mexique], ainsi qu’ils risquent de le faire quand les règlements de sécurité et de respect de l’environnement qui empêchent le chaos sont victimes de coupes sombres.

    Tout cela est extrêmement dangereux. Et davantage encore le fait que l’on puisse faire confiance à l’administration Trump pour exploiter ces choses et faire avancer les volets les plus radicaux de son agenda.

    Une crise à grande échelle – qu’il s’agisse d’une attaque terroriste ou d’un krach financier – fournirait sans doute le prétexte pour déclarer un quelconque état d’exception ou d’urgence, durant lequel les règles usuelles cessent de s’appliquer. Cela conduirait, à son tour, à fournir une couverture pour faire passer des aspects de la réforme de l’agenda qui nécessitent une suspension encore plus forte du cœur des normes démocratique – tel que son vœu de refuser l’entrée à tout Musulman (pas seulement ceux de pays choisis), sa menace sur Twitter d’amener « les feds » [l’armée] pour faire taire la violence des émeutes dans les rues de Chicago, ou son désir évident de mettre en place des restrictions à l’encontre de la presse. Une crise économique assez profonde offrirait une excuse pour démanteler des programmes comme la Sécurité Sociale [aux EU, les retraites], dont Trump a promis qu’il la protègerait, mais dont beaucoup autour de lui verraient d’un bon œil la disparition depuis des décennies.

    Trump pourrait avoir d’autres raisons de hausser le niveau de la Crise. Comme le romancier argentin César Aira l’écrivait en 2001 : « Tout changement est un changement du sujet dont on parle ». Trump a déjà prouvé qu’il était le champion du changement de sujet à vous en donner le vertige, faisant feu de tout bois, des tweets foldingues jusqu’aux missiles Tomahawk. À vrai dire, son attaque aérienne sur la Syrie, en réponse à une affreuse attaque à l’arme chimique, lui a valu la couverture de presse la plus laudative de sa présidence (en quelques lieux, cela a mené à un glissement (encore en cours) vers un ton plus respectueux). Ou bien que ce soit encore au sujet de révélations sur ses connexions avec la Russie ou des scandales liés à des contrats ou pactes dans son labyrinthique empire international, nous pouvons nous attendre à encore davantage de cette rhétorique du changement de sujet — et rien n’offre la possibilité de changer de sujet autant qu’un choc de grande échelle.

    Ce n’est pas quand quelque chose de majeur et mauvais survient que nous sommes plongés dans un état de choc, il faut encore que ce soit quelque chose de majeur et mauvais qui échappe provisoirement à notre compréhension. Un état de choc, c’est ce qui survient quand un fossé s’ouvre entre les évènements et notre capacité initiale à les expliquer. Quand nous nous trouvons dans cette position, sans un narratif, sans un point d’ancrage, la grande majorité des gens devient vulnérable aux figures d’autorité qui nous disent de nous craindre les uns des autres et nous font nous dessaisir de nos droits au motif d’une cause supérieure.

    C’est aujourd’hui un phénomène global, en aucun cas une particularité restreinte aux États-Unis. Après l’attaque coordonnée des terroristes à Paris en novembre 2015, le gouvernement français a déclaré l’état d’urgence, interdisant les réunions politiques publiques de plus de 5 personnes – et a dans la foulée prolongé ce régime, et avec lui la possibilité de restreindre les manifestations publiques jusqu’en juillet 2017 [NdT : tout récemment prolongé à novembre 2017]. En Grande-Bretagne, après le choc du Brexit, beaucoup ont dit qu’ils se sentaient comme s’ils s’étaient réveillés dans un autre pays qu’ils ne reconnaissaient pas. C’est dans ce contexte que le gouvernement conservateur du Royaume-Uni a commencé à pousser pour un ensemble de réformes régressives, incluant la suggestion que le seul moyen pour la Grande-Bretagne de retrouver sa compétitivité était de tailler dans les règlements et les impôts sur les classes fortunées au point qu’il deviendrait de fait un havre fiscal pour toute l’Europe. Theresa May tenta d’exploiter davantage la peur de l’inconnu pour justifier sa décision d’une élection anticipée, et les électeurs furent instruits que le seul moyen de ne pas être humiliés par l’UE était de la mandater par un quasi plébiscite pour un « leadership fort et stable ».

    Le recours à la peur mit beaucoup d’électeurs mal à l’aise, et de cela il faut tirer des leçons. Car s’il y a bien une chose que j’ai apprise en enquêtant dans des dizaines d’endroits pris dans la tourmente d’une crise, que ce soit à Athènes bouleversée par la débâcle de la dette grecque, à la Nouvelle-Orléans après l’ouragan Katrina, ou encore à Bagdad pendant l’occupation américaine : c’est que, oui, on peut résister à ces pratiques. Pour y parvenir, deux choses essentielles doivent advenir : premièrement, il nous faut une bonne maîtrise des rouages de la stratégie du choc, et savoir quels sont les intérêts qu’elle entend servir. Cette compréhension est ce qui nous permet de sortir du choc rapidement, et de lancer une contre-offensive. Deuxièmement, et c’est un point tout aussi important, il nous faut produire un récit différent de celui que les « docteurs du choc » colportent à l’envi, une vision du monde assez probante pour concurrencer la leur à un même niveau de persuasion. Cette vision basée sur des valeurs doit offrir un chemin différent, à l’écart des séries de chocs – un chemin basé sur la réunion au-delà des divisions raciales, ethniques, religieuses et hommes/femmes, plutôt que d’être renvoyé chacun plus isolé dans son coin, et une vision qui soit aussi basée sur un soin et une guérison de la planète, plutôt que le déchainement d’un cortège de guerres déstabilisantes et de pollutions. Surtout, cette vision se doit d’offrir à ceux qui sont blessés – par le chômage, par le manque de soin de santé, par le manque d paix, par le manque d’espoir, — une vie tangiblement meilleure.

    Je ne revendique pas de savoir exactement à quoi cette vision ressemble. Je me l’imagine comme n’importe qui peut le faire, et je suis convaincue qu’elle ne peut naître que d’un processus authentiquement collaboratif, avec un leadership assuré par ceux qui sont les victimes les plus flagrantes de notre système actuel. Aux États-Unis, dans la foulée de réseaux tels que Black Lives Matter, Fight for $15 (qui exige de relever le salaire minimum) et de National Nurses United, nous commençons à voir de très fructueuses collaborations à la base [grassroots] entre des dizaines d’organisations et de penseurs qui commencent à se réunir pour mettre à jour ce type d’agenda [/manifeste], un programme qui soit capable de faire pièce au militarisme, au nationalisme et au corporatisme qui se dressent devant nous. Bien qu’à un stade précoce, cela donne à voir les éléments d’une majorité progressive, une majorité qui soit fondée sur un plan audacieux pour un monde
    assaini et porteur d’attention [aux plus faibles] que nous voulons et dont nous avons besoin.

    Tout ce travail est basé sur l’expérience que dire non à de mauvaises idées est encore loin du compte. Si nous acceptons l’hypothèse que, désormais, les batailles sont toutes sur le mode défensif, toutes autour du maintien de notre base contre les attaques régressives de style Trump, alors nous finirons sur un terrain véritablement très dangereux. Parce que le terrain sur lequel nous étions avant que Trump soit élu est le même que celui qui a pu produire Trump ; un terrain dont beaucoup d’entre nous savaient déjà qu’il constituait une urgence sociale et écologique, avant même ce dernier round de défaites.

    Bien sûr, les attaques venant de Trump et de sa clique de démagogues autour de la planète doivent rencontrer une farouche résistance. Mais nous ne pouvons pas passer les quatre années qui viennent à jouer uniquement en défense. Les crises sont toutes si urgentes, elles ne nous permettent pas de perdre de laps de temps.

    Sur un volet que je connais passablement bien, le changement climatique, l’humanité n’a qu’une fenêtre finie dans laquelle agir, après quoi protéger quoi que ce soit qui ressemble à un climat stable deviendra impossible. Et cette fenêtre se referme à toute vitesse.

    Ce qu’il nous faut donc, c’est à la fois la défensive et l’offensive – résister aux attaques du moment et en même temps trouver un espace pour construire le futur que nous voulons. En d’autres termes, les plus farouches des « non » doivent être accompagnés par d’audacieux et ambitieux « oui » – un plan pour le futur qui soit suffisamment crédible et captivant pour qu’une foule de gens se battent pour le voir réalisé, quels que soient les chocs et les mots d’ordre alarmistes qui soient mis en travers de leur chemin. Non – non à Trump, non à la France de Marine Le Pen, non à tout ce lot de partis hypernationalistes et xénophobes qui montent partout dans le monde – tel est sans doute le premier mouvement qui puisse rassembler des millions de gens dans les rues. Mais c’est un « oui » qui nous fera poursuivre la bataille.

    « Oui » est le phare dans les tempêtes en vue qui nous empêchera de nous égarer de notre route.

    Voici ce qu’il nous faut nous mettre en tête : Trump, tout extrême qu’il soit, n’est pas tant une aberration qu’une conclusion logique – une parodie d’à peu près tout ce qu’ont été les pires tendances du demi-siècle écoulé. Trump est le produit d’un système de pensée puissant qui classe les vies humaines suivant leur race, leur religion, leur genre, leur sexualité, leur apparence physique et leur degré de handicap – et qui ont systématiquement fait usage de la race comme arme au service de politiques économiques brutales depuis les tout débuts de la colonisation nord-américaine et du commerce transatlantique [triangulaire] des esclaves. Trump est aussi la personnification de la fusion des humains avec les grandes firmes – une mégamarque d’un seul homme, dont la femme et les enfants sont des marques dérivées, avec toutes les pathologies et tous les conflits d’intérêt inhérents à une telle situation. Il est la réalisation de la croyance suivant laquelle l’argent et la puissance garantissent le droit d’un seul d’imposer sa volonté aux autres, que cette licence s’exprime par attraper des femmes [allusion au « grabbing by their pussy » de Trump] ou par se saisir des ressources finies d’une planète au bord d’un réchauffement catastrophique. C’est aussi le produit d’une culture entrepreneuriale qui fétichise les « disrupteurs » [les briseurs de tabous, les innovateurs, style BFM] qui font leur fortune en ignorant de façon flagrante tant les lois que les standards règlementaires [voir Uber, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft ou VW].

    Plus que tout, Trump est l’incarnation du projet idéologique du marché libre, encore tout-puissant – un projet relayé tant par les partis centristes que les partis conservateurs – qui déclare la guerre à tout ce qui est public et possédé en commun, et veut voir dans les PDG [CEO] des grandes firmes des superhéros qui vont sauver l’humanité. En 2002, George W. Bush organisa un anniversaire des 90 ans pour celui qui fut l’architecte intellectuel de cette guerre contre la sphère publique, l’économiste apôtre radical du libre marché Milton Friedman. Lors de cette sauterie, Donald Rumsfeld, alors Secrétaire américain de la Défense [Ministre de la Défense] déclara : « Milton est l’exemple incarné de la simple vérité suivant laquelle les idées ont des conséquences ». Il avait raison – et Donald Trump est une conséquence directe de ces idées.

    En ce sens, un pan important se révèle de ce qui ne devrait pas nous choquer chez Trump. Il est le résultat entièrement prévisible, jusqu’au cliché le plus stéréotypé, d’idées et de tendances qui auraient dû être stoppées depuis bien longtemps. Et c’est pourquoi, même si sa présidence cauchemardesque devait se terminer demain, les conditions politiques qui l’ont produite, et qui en produisent des répliques à travers le monde, devront encore être combattues. Avec le Vice-président US Mike Pence ou bien le speaker de la chambre Paul Ryan aux aguets dans les coulisses, et un Parti démocrate lui aussi de mèche avec la classe des milliardaires, le monde dont nous avons besoin ne sera pas gagné juste en remplaçant l’actuel occupant du Bureau Ovale.

    Alors, il nous faut être très clairs sur ce à quoi nous disons non – pas seulement à un individu ou même à un groupe d’individus (bien que ce soit aussi cela). Nous disons aussi non à un système qui les a élevés à de telles hauteurs. Et de là passons à un Oui – un oui qui soit porteur d’un changement si fondamental que l’actuelle mainmise des grandes firmes sera reléguée à une note de bas de page historique, un avertissement à nos enfants. Et Donald Trump et ses compagnons de route seront vus pour ce qu’ils sont : un symptôme d’une maladie profonde, une maladie qui nous a décidés, collectivement, à nous rassembler pour la soigner.

    #Naomi_Klein #blitzkrieg #trump #thérapie_de_choc #stratégie_du_choc #domaine_public #sphère_publique #intérêt_public #déconstruction #état_d_urgence #Peur #Résister Les idées politiques de Monsieur #macron #national_libéralisme

    • Extraits

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      Une crise à grande échelle – qu’il s’agisse d’une attaque terroriste ou d’un krach financier – fournirait sans doute le prétexte pour déclarer un quelconque état d’exception ou d’urgence, durant lequel les règles usuelles cessent de s’appliquer. Cela conduirait, à son tour, à fournir une couverture pour faire passer des aspects de la réforme de l’agenda qui nécessitent une suspension encore plus forte du cœur des normes démocratique.
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      Plus que tout, Trump est l’incarnation du projet idéologique du marché libre, encore tout-puissant – un projet relayé tant par les partis centristes que les partis conservateurs – qui déclare la guerre à tout ce qui est public et possédé en commun, et veut voir dans les PDG [CEO] des grandes firmes des superhéros qui vont sauver l’humanité.
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      On croirait que Naomi Klein par de la France en marche

  • Henry Kissinger a-t-il une conscience ? (New Yorker) — Jon Lee ANDERSON
    http://www.legrandsoir.info/henry-kissinger-a-t-il-une-conscience-new-yorker.html

    Le mois de mai dernier, alors que le président Obama se rendait en Argentine pour se réunir avec le nouveau président, Mauricio Macri, ses apparitions publiques ont été tourmentées par des manifestants qui ont bruyamment demandé des explications, ainsi que des excuses, au sujet des pratiques étasuniennes, passées et actuelles. Il existe peu de pays en Occident où l’antiaméricanisme s’exprime aussi vigoureusement qu’en Argentine, où une culture très politisée de la plainte a évolué vers une situation dans laquelle de nombreux problèmes du pays sont reprochés aux Etats-Unis. Il existe à gauche, tout particulièrement, une rancune persistante à cause du soutien octroyé par le gouvernement des Etats-Unis à l’aile droite militaire Argentine, qui a pris le pouvoir en mars 1976 et a instauré une "Guerre sale" contre la gauche, causant la mort de milliers de vies durant les sept années qui suivirent.

    La visite d’Obama a coïncidé avec le quarantième anniversaire du coup d’État. Il a précisément rendu hommage aux victimes de la Guerre sale en visitant un sanctuaire construit en leur honneur dans la périphérie de Buenos Aires. Lors d’un discours prononcé à cet endroit, Obama a reconnu ce qu’il a appelé le "péché par omission américain", mais sans aller jusqu’à présenter de véritables excuses. "Les démocraties doivent avoir le courage de reconnaître lorsqu’elles ne sont pas à la hauteur des principes qu’elles proclament, (...) et nous avons été trop lents à parler franchement de la question des droits de l’homme, et ce fut le cas ici."

    Durant la période préparatoire du voyage d’Obama, Susan Rice, la conseillère pour la sécurité nationale du président, avait annoncé l’intention du gouvernement de déclassifier des milliers de documents de l’armée étasunienne et des services secrets appartenant à cette période tumultueuse de l’histoire Argentine. Un geste de bonne volonté dans le but de souligner les efforts en cours mis en place par Obama pour changer la dynamique des relations entre les Etats-Unis et l’Amérique latine – "pour enterrer les derniers vestiges de la Guerre Froide", comme il l’avait signalé à La Havane lors de ce même voyage.

    La semaine dernière, une première tranche de ces documents déclassifiés a été publiée. Les documents révèlent que des fonctionnaires de la Maison Blanche et du Département d’Etat étaient très au fait du caractère sanguinaire de l’armée argentine, et que certains de ces fonctionnaires étaient horrifiés par ce qu’ils savaient. D’autres, tout particulièrement Henry Kissinger, ne l’étaient pas du tout. Dans un câble de 1978, l’ambassadeur étasunien, Raul Castro, écrit à propos d’une visite de Kissinger à Buenos Aires, où il était reçu en tant qu’invité du dictateur, Jorge Rafael Videla, alors que le pays recevait la Coupe du Monde : "Mon unique préoccupation est que le concert intarissable d’éloges de Kissinger au sujet des mesures prises par l’Argentine pour éradiquer le terrorisme ne soit trop monté à la tête de ses hôtes", écrivit Castro. L’ambassadeur poursuivit anxieusement : "Nous courons le risque que l’Argentine utilise les éloges de Kissinger comme justification pour durcir sa position vis-à-vis des droits de l’homme."

    Les dernières révélations dévoilent le portrait d’un Kissinger qui a agi comme l’incitateur impitoyable, pour ne pas dire co-conspirateur actif, des régimes militaires latino-américains impliqués dans des crimes de guerre. Des documents déclassifiés antérieurement, sous l’administration Clinton, avaient déjà prouvé que Kissinger, non seulement était au courant des agissements des militaires, mais aussi qu’il les avait activement encouragés. Deux jours après le coup d’Etat en Argentine, Kissinger est briefé par son Secrétaire d’Etat assistant pour les affaires Inter-Américaines, William Rogers, qui le prévient : "Je pense qu’il faut s’attendre à pas mal de répression, probablement à une bonne dose de sang, d’ici peu en Argentine. Je pense qu’ils vont devoir s’en prendre très durement non seulement aux terroristes mais aussi aux dissidents des syndicats et des partis opposants." Ce à quoi Kissinger répond, "Quelles que soient les risques qu’ils encourent, ils auront besoin d’un peu d’encouragement... et je veux vraiment les encourager. Je ne veux pas leur donner l’impression qu’ils ont les Etats-Unis sur le dos."

    Sous la direction de Kissinger, il est certain que [les militaires] n’étaient pas tourmentés. Juste après le coup d’Etat, Kissinger a envoyé son soutien aux généraux et a renforcé ce message en approuvant un ensemble de mesures d’assistance sécuritaire américaine. Durant une réunion avec le Ministre argentin des Affaires étrangères, deux mois plus tard, Kissinger lui conseilla en clignant de l’œil, d’après le mémo de la conversation archivé, "Nous sommes conscients de la période difficile que vous traversez. Ce sont des temps étranges, où les activités politiques, criminelles et terroristes tendent à se rejoindre sans séparation claire. Nous comprenons que vous deviez rétablir votre autorité. .. S’il y a des choses à faire, vous devriez les faire rapidement."

    Les forces militaires argentines ont fait un coup d’Etat afin d’étendre et d’institutionnaliser une guerre qui était déjà en cours contre les guérillas de gauche et leurs sympathisants. Ils appelèrent cette campagne le Processus de Réorganisation Nationale, ou plus simplement "le processus". Durant la Sale guerre, nous le savons bien aujourd’hui, jusqu’à 30 000 personnes ont été enlevées, torturées et exécutées par les forces de sécurité. Des centaines de suspects ont été enterrés anonymement dans des fosses communes, des milliers d’autres furent déshabillés, drogués, embarqués dans des avions militaire et lancés en plein vol à la mer, vivants. Le terme "los desaparecidos " – "les disparus" – est depuis devenu un apport de l’Argentine au vocabulaire de l’humanité.

    Pendant la période du coup d’Etat, Gerald Ford était le président intérimaire des Etats-Unis et Henry Kissinger avait la double fonction de Secrétaire d’Etat et conseiller pour la Sécurité nationale, postes qu’il avait déjà occupé pendant l’administration de Nixon. Immédiatement après les événements en Argentine, suite aux recommandations de Kissinger, le Congrès des États-Unis a approuvé la demande d’assistance en matière de sécurité de la junte pour un montant de 50 millions de dollars, auxquels se sont ajoutés 30 millions de dollars avant la fin de cette même année. Des programmes d’entraînement militaires et des ventes d’avion pour une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars ont aussi été autorisés. En 1978, après un an de présidence de Jimmy Carter, les inquiétudes en matière de violations des droits de l’homme ont mis fin à l’aide étasunienne. Plus tard, la nouvelle administration a cherché à écarter la junte militaire de toute assistance financière internationale. Néanmoins, ces restrictions ont été annulées avec l’arrivée de Reagan à la Maison-Blanche, début 1981.

    Dans les faits, Kissinger n’a jamais été inquiété pour ses actions au Chili, où des milliers de personnes ont été assassinées par les hommes de main de Pinochet, ou pour le Vietnam ou le Cambodge, où il a ordonné des bombardements aériens à grande échelle qui ont couté la vie d’innombrables civils. L’un de ces principaux critiques, feu Christopher Hitchens, a publié en 2001 un pavé accusateur –"Le Procès de Henri Kissinger" – dans lequel il réclamait que Kissinger soit poursuivi "pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, et pour infractions contre le droit coutumier ou international, incluant la conspiration pour commettre des meurtres, des enlèvements, et la torture".

    En pleine Guerre Sale, bien entendu, les généraux argentins nièrent tout simplement tout événement malencontreux. Interrogés au sujet des "disparus", le leader du coup d’Etat, le Général Videla, expliqua avec une froide ambiguïté, "Les disparus sont simplement cela : des disparus. Ils ne sont ni vivants ni morts. Ils sont disparus". D’autres officiers suggéraient que les disparus étaient probablement en train de se cacher, préparant des actions terroristes contre la patrie. En réalité, la grande majorité d’entre eux était brutalisée par des agents gouvernementaux dans des prisons secrètes, pour être ensuite – ans la plupart des cas – exécutés. Comme en Allemagne durant l’holocauste, une grande partie de la population argentine comprenait ce qu’il se passait, mais gardait le silence dans un esprit de complicité, ou de peur. Signe d’une époque durant laquelle il était plus simple de se voiler la face, les Argentins qui assistaient à l’enlèvement de leurs voisins par des policiers en civil pour ne jamais revenir adoptèrent une expression qui devint populaire dans le pays : "Algo habrán hecho" – "Ils ont sûrement fait quelque chose".

    De nombreuses preuves sont là pour confirmer l’insensibilité totale de Kissinger, pour certaines aussi inexplicables que choquantes. Il y a aussi une attitude machiste dans certaines de ses remarques. Cela pourrait se comprendre, peut-être, s’il n’avait jamais vraiment exercé de pouvoir, comme c’est le cas jusqu’à maintenant du candidat à la présidence Donald Trump et ses offenses gratuites. Et puis l’on se rend compte que Kissinger, la plus ancienne et emblématique figure de paria de l’histoire moderne des États-Unis, n’est qu’un individu parmi toute une série de personnages à la fois craints et méprisés à cause de l’immoralité des services qu’ils ont rendu mais toujours protégés par l’establishment politique en reconnaissance de ces mêmes services. Les noms de William Tecumseh Sherman, Curtis LeMay, Robert McNamara, et, plus récemment, Donald Rumsfeld, nous viennent à l’esprit.

    Dans le remarquable documentaire d’Errol Morris The Fog War (2003), nous voyions que Mc Namara, qui était un octogénaire à l’époque, était un homme tourmenté qui affrontait ses vieux démons, sans y parvenir, à cause du fardeau moral dû à ses actions en tant que Secrétaire de la Défense américain pendant la Guerre du Vietnam. Il a récemment publié un mémoire dans lequel il tente de faire face à son héritage. A cette période, un journaliste nommé Stephen Talbot l’a interviewé, et a ensuite obtenu une interview avec Kissinger. Il écrivit plus tard sur sa première rencontre avec Kissinger : « Je lui ai dit que je venais d’interviewer Robert McNamara à Washington. Ça a retenu son attention, tout d’un coup il est devenu sérieux et puis il a fait quelque chose d’extraordinaire. Il a commencé à pleurer. Mais non, pas avec de vraies larmes... Tout juste devant moi, Henri Kissinger était en train de faire du théâtre. "Boohoo, boohoo," fit-il, en imitant un bébé qui pleure en frottant ses yeux. "Il s’autoflagelle encore n’est-ce pas ? Il se sent encore coupable." Il dit cela d’une voix chanteuse et d’un ton moqueur, en se tapotant le cœur. »

    McNamara est mort en 2009,à l’âge que Kissinger a aujourd’hui – 93 ans – mais les problèmes de conscience qu’il a publiquement exprimés vers la fin de sa vie ont aidé à adoucir sa sombre réputation. Maintenant qu’il approche la fin de sa vie, Kissinger doit se demander quel sera son propre héritage. Il peut être sûr que, au moins, son inébranlable soutien au projet de la superpuissance américaine, peu importe ce qu’il aura coûté en vies, représentera une grande part de cet héritage. Néanmoins, contrairement à McNamara qui aura tenté d’exprimer une certaine repentance tant méprisée par Kissinger, celui-ci n’a fait que démontrer qu’il ne possédait pas de conscience. Et c’est pour cela qu’il paraît fort probable que l’histoire ne l’acquittera pas si facilement.

    Jon Lee Anderson, est un journaliste, contributeur du New Yorker depuis 1998.

    Le New Yorker est un magazine hebdomadaire étasunien fondé en 1935 qui publie des reportages mais aussi de la critique, des essais, des bandes dessinées, de la poésie et des fictions. Depuis 2004, il a soutenu les candidats démocrates à la Maison Blanche. Il est catalogué comme étant de tendance libérale.

    Traduit pour Le Grand Soir par Luis Alberto Reygada (Twitter : @la_reygada – la.reygada@gmail.com).

    20 août 2016

  • The American Way of Life et l’avenir de la Russie
    http://www.dedefensa.org/article/the-american-way-of-lifeet-lavenir-de-la-russie

    The American Way of Life et l’avenir de la Russie

    14 octobre 2016 – Je me rappelle combien j’avais été frappé, à la fin septembre 2001, en lisant ce que Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la défense et certainement le plus intelligent dans la bande belliciste autour de GW Bush, avait dit de l’attaque du 11 septembre. La chose a été rappelée dans ce texte du 12 octobre :

    « Peu après l’attaque, le secrétaire à la défense Rumsfeld, décidément le philosophe de la bande, expliquait que ce que les terroristes attaquaient, c’est l’American Way of Life, — effectivement la façon d’être de l’Amérique, car pour elle “être” c’est “vivre” et rien d’autre. On ne peut réduire cette attaque à une attaque contre la politique de l’Amérique. Elle vise la substance de l’Amérique ; elle vise et touche (...)

  • Rumsfeld, le jour d’avant
    http://www.dedefensa.org/article/rumsfeld-le-jour-davant

    Rumsfeld, le jour d’avant

    Nous avons cité hier dans notre F&C le discours du 10 septembre 2001 du secrétaire à la défense Donald Rumsfeld. (« On pense aussi bien à l’hypothèse dramatique de Rumsfeld le 10 septembre 2001 [voir le 11 septembre 2001], et plus généralement l’on pense à l’idée centrale pour nous du Système. ») En retrouvant notre texte du 11 septembre 2001, nous avons découvert que le lien du discours qui y était offert ne menait, sur le site du Pentagone, nulle part pour notre compte, pour les différents essais que nous avons faits. Quelques recherches supplémentaires nous ont finalement convaincu : si nous avons trouvé dans les archives du DoD un texte d’un journaliste officiel à propos du discours (Jim Garamone, de American Forces Press Services, le 10 septembre 2001), nous n’avons (...)

  • Pentagon Weapons Buyer Orders Review of Troubled New Carrier - Bloomberg
    http://www.bloomberg.com/news/articles/2016-08-29/pentagon-weapons-buyer-orders-review-of-new-carrier-s-troubles

    The Pentagon’s top weapons buyer has ordered an independent review of the $12.9 billion Gerald R. Ford aircraft carrier, citing a list of actual and potential deficiencies with the costliest warship ever.
    With the benefit of hindsight, it was clearly premature to include so many unproven technologies” on the vessel, from those needed to generate power and launch and land aircraft to its radar and elevators to move munitions, Frank Kendall said in an Aug. 23 memo addressed to Navy Secretary Ray Mabus and obtained by Bloomberg News.
    […]
    The inclusion of unproven technologies was a decision “made long ago as part of a DoD-level initiative called ‘Transformation,’” Kendall wrote. The initiative, which also produced several failed space programs, came under Defense Secretary Donald Rumsfeld starting in 2001.
    […]
    Kendall’s memo lists five primary technology areas to be reviewed, including propulsion and electrical system components that he said could be tied to “recent issues discovered with the Main Turbine Generators,” launch and recover systems for aircraft and a new dual-band radar that he said has had “integration issues” on the Ford “that need to be avoided” on the next two vessels in the class.

  • Meet the World’s Most Notorious Taxonomist - Facts So Romantic
    http://nautil.us/blog/meet-the-worlds-most-notorious-taxonomist

    Quentin Wheeler speaking at the History of Science Society in 2009, in Phoenix, Arizona.Sage RossIn 2005, the taxonomist Quentin Wheeler named a trio of newly discovered slime-mold beetles after George W. Bush, Donald Rumsfeld, and Dick Cheney. He believed the names could increase public interest in the discovery and classification of new species, and help combat the quickening pace of extinction. (Species go extinct three times faster than we can name them.) He knew he was onto something when, having received a call from the White House, it was Bush on the other end, thanking him for the honor. Wheeler, now the president of SUNY’s College of Environmental Science and Forestry, began attributing all sorts of provocative names to his bugs, including Darth Vader, Stephen Colbert, Roy (...)

  • Pando : #Silicon_Valley vs Civilization
    https://pando.com/2015/11/17/silicon-valley-vs-civilization/446c5504d796dfc506200e27a414235ccdd356dd

    Late in September, Mark Zuckerberg was pictured hugging India prime minister Narendra Modi at Facebook’s Menlo Park headquarters.

    About the same time, on the other side of the world in Modi’s India, a Hindu lynch mob broke into a local Muslim family’s home and bludgeoned to death 50-year-old Mohammad Akhlaq by smashing in his skull, and then dragged him through the streets of Bisara, a village just 30 miles north of the capital New Delhi. The mob also bashed in his 22-year-old son’s head, leaving him in a coma with severe brain damage, and sexually assaulted the dead man’s daughter.

    It was just the latest in a series of increasingly gruesome attacks by Hindu extremists, reportedly inspired and encouraged by Modi’s far-right political party, and affiliated grassroots organizations like the notorious RSS, a paramilitary group established in the 1920s explicitly modeled after Mussolini’s and Hitler’s paramilitaries, through the ranks of which Modi rose to power. For weeks, Modi kept menacingly quiet about the lynching, one of several this year, while his ministers and party officials fanned the flames.

    Modi’s culture minister dismissed the lynching as an “accident” in which no one was at fault — even though a local Hindu temple priest admitted he organized the mob at his temple through announcements over the loudspeaker falsely accusing the only Muslim family in the village of killing a cow. Modi’s culture minister then claimed that the father had died of “shock” after being wrongly told that his son had been killed. This is the father whose head was crushed by bricks in front of his family, and whose body was dragged through the streets of the village.

    Other members of Modi’s party threatened riots and worse if any of the lynch mob murderers were prosecuted. Another BJP party official called for the prosecution of the Muslim family’s survivors for allegedly killing the cow.

    After two weeks, Modi finally issued a statement so vague and tepid that it worked more like gasoline than cold water. Which was exactly the point. As many have explained already, it was Modi himself who began exploiting cow-slaughtering and beef-eating as a way to whip up hatred and rearrange the political divisions along communal religious lines rather than along class and caste lines.

    (For an excellent rundown of how Modi has spent years cultivating and whipping up communal violence with speeches about minorities slaughtering cows and political rivals waging a “pink revolution” [i.e. raw meat] read this Quartz article, “How Narendra Modi spread anti-beef hysteria in India”.)

    While Silicon Valley swoons over Modi’s talk of Digital India and SmartCities and bullet trains and the rest, back at home Modi has talked up a very different and very violent, far-right game. And it seems just about everyone in the world who isn’t a far-right Hindu chauvinist understands just how bad and how dangerous Modi is. 

    Everyone, that is, apart from Silicon Valley’s “smartest guys in the room.”

    The New York Times editorial board has been sounding the alarm over Modi’s dangerous lean towards violent sectarianism, authoritarianism and censorship for the past half year (see here, here, here, here, and here). Meanwhile, India under Modi now leads the world in Facebook censorship, and well surpassed Putin in shutting down progressive western NGOs and foundations (excluding Omidyar Network, which has played a hugely supportive role in helping Modi to power). Indian Nobel laureate Amartya Sen was forced out as chancellor of Nalanda University, set up by a consortium of Asian governments on the site of what was one of the oldest universities in the world, as Modi’s allies have cracked down on academics and intellectuals across the country who don’t adhere to the ruling party’s line. In an unprecedented protest for India, dozens of leading writers have been returning the most prestigious literary award from India’s National Academy of Letters, citing intolerance and violence against intellectuals and minorities.

    Salman Rushdie spoke about what writers are facing in India under Modi:

    “There are attacks on ordinary liberties, the ordinary right to assembly, the ordinary right to organize an event in which people can talk about books and ideas freely and without hostility.”
    Last month, Rushdie tweeted,

    “Alarming times for free expression in India.”
    And it isn’t just intellectuals and minorities who have been complaining. The head of India’s central bank, Raghuram Rajan—long a respected favorite of the global neoliberal elites, and a quiet supporter of Modi’s election victory—made a rare and unusual public criticism of Modi’s intolerance. And Moodys, the ratings agency, issued a warning to Modi that his ruling party’s violent intolerance could jeopardize business and investments.

    None of this, however, seems to have put even the slightest damper on Silicon Valley’s love affair with their favorite world leader.

    It’s not hard to imagine how Zuckerberg’s photo gleefully bro-hugging the far-right Indian leader — or Pierre Omidyar’s top India partner in Omidyar Network becoming Modi’s Minister for Finance after spending years helping to elect Modi using his Omidyar perch — will come back to haunt them.

    Zuckerberg especially should be worried. There are those rare photos in history that can capture something dark and contrary that can never be erased from a public figure’s image: Donald Rumsfeld shaking Saddam’s hand a few years before the Iraqi dictator gassed Kurdish villages; Milton Friedman advising Gen. Pinochet even as his concentration camps were torturing tens of thousands of Chilean students, intellectuals and labor union activists.

    Ignorance is no defense; particularly when you pride yourself in being boy-geniuses, with the best information of anyone in the world. Silicon Valley’s Modi problem is apparent to everyone in the world but Silicon Valley’s billionaires. Now, even Modi’s own citizens in India are revolting against him. In the recent election in the state of Bihar, Modi’s party suffered a shocking, crushing defeat to a socialist-led rival. In the campaign before the election, Modi and his top party officials tried inciting communal violence for electoral gain, but locals overwhelmingly rejected it. Now Modi’s own party is openly criticizing him.

    It’s not like Pando hasn’t been warning about the Modi danger since he was first elected in May 2014. Modi crossed our radar precisely because he was such a favorite of so many big-name Silicon Valley leaders — Pierre Omidyar, Zuckerberg, Eric Schmidt, Sheryl Sandberg, Tim Cook. . . .

    And yet, what we’re seeing is that one of the most divisive, intolerant and dangerous leaders in the world has charmed the socks off of Silicon Valley’s best and brightest, against all information and opinion and evidence out there. Our tech leaders are literally the last people in the world to get it.

  • Une ex-espionne américaine : « De nombreux pays se méfient désormais de la CIA »

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/10/24/une-ex-espionne-americaine-de-nombreux-pays-se-mefient-desormais-de-la-cia_4

    L’ex-espionne américaine Sabrina de Sousa, aujourd’hui réfugiée au Portugal, dénonce les mensonges de son pays et de l’Italie dans l’affaire de l’enlèvement par la CIA, à Milan, en 2003, d’un imam égyptien. Définitivement condamnée par contumace à sept ans de prison en mars 2014, avec vingt-cinq autres agents de la CIA par la justice milanaise, elle proteste de son innocence et livre, pour la première fois, un témoignage de l’intérieur sur le programme secret des «  transferts extrajudiciaires  ».

    Les attentats du 11 septembre  2001 ont marqué une rupture profonde en matière de lutte contre le terrorisme aux Etats-Unis et ouvert une guerre sans frontières. Comment avez-vous vécu ce basculement alors que vous étiez en poste en Italie pour la CIA  ?

    Avant, la palette des sujets était large. Après le 11-Septembre, puis la guerre en Irak, en 2003, tout a été focalisé sur le terrorisme. Le mot d’ordre de Langley [siège de la CIA] et de la Maison Blanche, c’était «  sortez et allez chercher [ceux qui ont fait ça]  ». Certains programmes secrets de la CIA sont nés à cette époque. D’autres, comme celui des «  transferts extrajudiciaires  » [l’enlèvement et le transfert par la CIA de ressortissants étrangers vers des centres de détentions secrets dans des pays tiers] existaient avant le 11-Septembre. Mais après, ils ont pris une ampleur sans précédent.

    (...)

    En septembre 2003, Pironi a été invité à Langley pour y être récompensé pour service rendu. On lui a versé de l’argent. En 2005, quand la justice italienne commençait à devenir menaçante, la CIA lui a proposé d’être exfiltré vers les Etats-Unis avec sa femme et... son chien. Mais Pironi n’était pas le seul Italien sur le dispositif. Je peux vous dire qu’il était accompagné par un autre carabinier italien en qui la CIA avait assez confiance pour être intégré dans l’opération.

    Si la justice italienne a pu trouver autant de traces du séjour, en Italie, des contractuels de la CIA envoyés des Etats-Unis, dès 2002, pour étudier la faisabilité de l’enlèvement et kidnapper Abou Omar, c’est qu’ils pensaient, avec raison, qu’ils n’avaient rien à cacher au Sismi qui les couvrait.

    L’Italie est le seul pays à avoir organisé un procès pour juger ce type d’enlèvement sur son territoire. N’est-ce pas un gage de bonne foi ?

    C’est un argument de façade avancé par Rome pour se dédouaner. L’Italie pense avoir assumé ses responsabilités en faisant condamner des lampistes américains pour protéger ses agents, comme Pironi et son collègue ou les directeurs du Sismi de l’époque, sans qui l’enlèvement n’aurait jamais pu être réalisé. Le déni italien est pourtant manifeste. Il s’abrite derrière le secret d’Etat, comme cela a encore été plaidé, en juin, par les avocats du gouvernement italien devant la Cour européenne des droits de l’Homme. Pollari, l’ex-Sismi, affirme que cet interdit l’empêche de démontrer son innocence. Mais la véritable raison de ce mutisme, c’est d’éviter toute poursuite, à Rome et Washington, aux chefs qui ont rendu possible cet enlèvement. Seule l’indépendance du parquet de Milan a permis de lever une partie du voile, face à la volonté des gouvernements d’étouffer l’affaire.

    Vous stigmatisez l’Italie, mais ce sont tout de même les Etats-Unis qui ont créé le programme des « transferts extrajudiciaires » ?

    Sans la volonté de Castelli, le chef de poste de la CIA en Italie, d’utiliser cet enlèvement comme tremplin pour sa carrière, Abou Omar serait sans doute encore à Milan. Ce programme était très en vue à Langley. Castelli a même évoqué un projet d’attentat contre un bus. L’Egypte a émis un mandat d’arrêt sur la base de ces accusations, mais la Digos n’a jamais trouvé d’éléments confirmant ce projet.

    Le processus de validation de ce type d’opération à la CIA est très strict, et ce d’autant plus que l’Italie est un proche allié au sein de l’Union européenne et de l’OTAN. Au-dessus de Castelli, quatre hommes ont permis l’enlèvement d’Abou Omar : Tyler Drumheller, chef de la division Europe au sein de la direction des opérations de la CIA basé au siège à Langley, José Rodriguez, chef du contre- terrorisme à la CIA, John Rizzo, le juriste en chef de la CIA, et James Pavitt, le directeur adjoint des opérations. Lorsqu’elles étaient en fonctions, ces personnes ont autorisé l’ensemble du programme secret des transferts, de détentions et d’interrogatoires. Elles avaient le pouvoir de stopper l’opération et ont fait valider ce dossier par l’échelon supérieur. Le feu vert final a été donné par le directeur de la CIA, George Tenet, son adjoint John McLaughlin, le conseiller national à la sécurité, Condoleezza Rice, et son adjoint, Stephen Hadley, le secrétaire d’Etat, Colin Powell, et le secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld. Hadley, Rice, Powell et Rumsfeld savaient qu’on pratiquait la torture dans les pays hôtes.

    Les promoteurs de ce programme disent qu’il a sauvé des vies. Son efficacité ne vous convainc pas ?

    Quelle efficacité ? Abou Omar a été relâché après avoir été torturé. De plus, en s’affranchissant des règles de droit et des souverainetés nationales, la CIA a donné un argument en or à tous ceux qui combattent les Etats-Unis dans le monde. Washington a usé de la torture par procuration à travers l’Egypte. L’effet est le même que celui produit par les frappes de drones causant des victimes civiles. Des familles, des villages ou des communautés entières ont adhéré, d’un coup, à une cause qui leur était lointaine.

    La coopération antiterroriste américano-italienne a pâti de cette affaire. La CIA considère que les autorités italiennes n’ont pas su protéger des agents américains de la justice. De son côté, le pouvoir politique italien a voulu démontrer son indépendance. La relation s’est dégradée. Avant le 11-Septembre, le monde entier voulait travailler avec nous. Désormais, de nombreux pays se méfient de la CIA. Maintenant, si des gouvernements tentent d’ouvrir des procédures contre des agents américains, Washington menace de couper tout échange d’informations.

  • Decoding the current war in Syria : The WikiLeaks Files - Robert Naiman
    http://www.versobooks.com/blogs/2219-decoding-the-current-war-in-syria-the-wikileaks-files

    By 2014, the sectarian Sunni-Shia character of the civil war in Syria was bemoaned in the United States as an unfortunate development. But in December 2006, the man heading the US embassy in Syria advocated in a cable to the Secretary of State and the White House that the US government collaborate with Saudi Arabia and Egypt to promote sectarian conflict in Syria between Sunni and Shia as a means of destabilizing the Syrian government. At that time, no one in the US government could credibly have claimed innocence of the possible implications of such a policy. This cable was written at the height of the sectarian Sunni-Shia civil war in Iraq, which the US military was unsuccessfully trying to contain. US public disgust with the sectarian civil war in Iraq unleashed by the US invasion had just cost Republicans control of Congress in the November 2006 election. The election result immediately precipitated the resignation of Donald Rumsfeld as secretary of defense. No one working for the US government on foreign policy at the time could have been unaware of the implications of promoting Sunni-Shia sectarianism.

    L’auteur évoque le plan de déstabilisation proposé dans le cable 06DAMASCUS5399_a (note : il faut absolument lire ce câble) :
    https://www.wikileaks.org/plusd/cables/06DAMASCUS5399_a.html

    –- Vulnerability:

    –- THE ALLIANCE WITH TEHRAN: Bashar is walking a fine line in his increasingly strong relations with Iran, seeking necessary support while not completely alienating Syria’s moderate Sunni Arab neighbors by being perceived as aiding Persian and fundamentalist Shia interests. Bashar’s decision to not attend the Talabani ) Ahmadinejad summit in Tehran following FM Moallem’s trip to Iraq can be seen as a manifestation of Bashar’s sensitivity to the Arab optic on his Iranian alliance.

    –- Possible action:

    –- PLAY ON SUNNI FEARS OF IRANIAN INFLUENCE: There are fears in Syria that the Iranians are active in both Shia proselytizing and conversion of, mostly poor, Sunnis. Though often exaggerated, such fears reflect an element of the Sunni community in Syria that is increasingly upset by and focused on the spread of Iranian influence in their country through activities ranging from mosque construction to business. Both the local Egyptian and Saudi missions here, (as well as prominent Syrian Sunni religious leaders), are giving increasing attention to the matter and we should coordinate more closely with their governments on ways to better publicize and focus regional attention on the issue.

    #cablegate #wikileaks

    Note : câble référencé ici en septembre 2013 :
    http://seenthis.net/messages/177610

  • War by Media and the Triumph of Propaganda » CounterPunch: Tells the Facts, Names the Names
    http://www.counterpunch.org/2014/12/05/war-by-media-and-the-triumph-of-propaganda

    In 2003, I filmed an interview in Washington with Charles Lewis, the distinguished American investigative journalist. We discussed the invasion of Iraq a few months earlier. I asked him, “What if the freest media in the world had seriously challenged George Bush and Donald Rumsfeld and investigated their claims, instead of channeling what turned out to be crude propaganda?”

    He replied that if we journalists had done our job “there is a very, very good chance we would have not gone to war in Iraq.”

    That’s a shocking statement, and one supported by other famous journalists to whom I put the same question. Dan Rather, formerly of CBS, gave me the same answer. David Rose of the Observer and senior journalists and producers in the BBC, who wished to remain anonymous, gave me the same answer.

    In other words, had journalists done their job, had they questioned and investigated the propaganda instead of amplifying it, hundreds of thousands of men, women and children might be alive today; and millions might not have fled their homes; the sectarian war between Sunni and Shia might not have ignited, and the infamous Islamic State might not now exist.

    (...)

    The main whistleblower during this terrible, silent period was Denis Halliday. Then Assistant Secretary General of the United Nations and the senior UN official in Iraq, Halliday resigned rather than implement policies he described as genocidal. He estimates that sanctions killed more than a million Iraqis.

    What then happened to Halliday was instructive. He was airbrushed. Or he was vilified. On the BBC’s Newsnight programme, the presenter Jeremy Paxman shouted at him: “Aren’t you just an apologist for Saddam Hussein?” The Guardian recently described this as one of Paxman’s “memorable moments”. Last week, Paxman signed a £1 million book deal.

    #propagande #média

  • Dear #Ann_Coulter
    http://africasacountry.com/dear-ann-coulter

    Ann Coulter, an American columnist who makes Richard Littlejohn and Donald Rumsfeld look like easy-going lefties, has finally written about football, having “held off on writing about soccer for a decade — or about the length of the average soccer game – so as not to offend anyone” (Note to Ann: a soccer game is […]

    #JOURNALISM #MEDIA #Stupidity #USA #World_Cup

  • The Certainty of Donald Rumsfeld (Part 1) - NYTimes.com

    http://opinionator.blogs.nytimes.com/2014/03/25/the-certainty-of-donald-rumsfeld-part-1/?_php=true&_type=blogs&emc=edit_th_20140326&nl=todayshead

    When I first met Donald Rumsfeld in his offices in Washington, D.C., one of the things I said to him was that if we could provide an answer to the American public about why we went to war in Iraq, we would be rendering an important service.

    He agreed. Unfortunately, after having spent 33 hours over the course of a year interviewing Mr. Rumsfeld, I fear I know less about the origins of the Iraq war than when I started. A question presents itself: How could that be? How could I know less rather than more? Was he hiding something? Or was there really little more than met the eye?

    #états-unis #donald_rumsfeld

  • Mostra : face caméra, le poids du mensonge
    http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/09/05/mostra-face-camera-le-poids-du-mensonge_3471354_3246.html

    The Unknow Known se présente comme un long entretien entre Donald #Rumsfeld et Morris. Rumsfeld en gros plan ; aucun témoignage à charge ou à décharge, seuls des documents d’archives et des images tournées pour le film ponctuent le jeu de questions-réponses.
    (…)
    « Voulez-vous, je vous prie, lire ce mémo de février 2004 ? » Rumsfeld s’exécute : « Les informations selon lesquelles quelque chose ne s’est pas produit m’intéressent toujours parce que, comme nous le savons, il y a ce que nous savons que nous savons, ce sont les choses connues connues. Il y a des choses inconnues connues, c’est-à-dire que nous savons que nous ne les connaissons pas. Mais il y a aussi des choses dont nous ignorons que nous ne les connaissons pas. Ce sont les choses inconnues. » Ce pourrait être du Raymond Devos, c’est du Rumsfeld, lu avec un sourire en coin.
    (…)
    Toujours ce petit sourire aux lèvres. Parler face caméra lui plaît.
    (…)
    « Il y a une chose connue connue, dit George W. Bush à son adresse, grâce à vous l’Amérique est plus forte. Vous nous manquerez. » Une larme coule sur la joue de Rumsfeld. Il pleure, on ne sait pas trop pourquoi, mais Rumsfeld pleure !
    Une dernière question : « Pourquoi avez-vous accepté de me parler ? » Léger sourire : « Je crois que je ne le sais pas moi-même ! » Parmi tout ce que Donald Rumsfeld sait qu’il sait, il y a quelque chose qu’il ne connaît pas : lui-même.

    Extrait sur l’Irak
    http://www.youtube.com/watch?v=NptUMuDAljA

    Et le célèbre…
    http://www.youtube.com/watch?v=GiPe1OiKQuk

  • Bradley Manning Headed To Prison, While Those Who Presided Over Torture Go Free
    http://www.huffingtonpost.com/2013/08/21/bradley-manning-prison_n_3789867.html

    Here are some of the individuals who have been involved since 9/11 in detainee abuse and torture, and potential war crimes, and have never been prosecuted.

    George W. Bush
    George W. Bush was president when the U.S. invaded Iraq based on faulty intelligence, tortured terror prisoners and conducted extraordinary renditions around the world.

    “Enhanced interrogation,” a Bush administration euphemism for torture, was approved at the highest level. A “principals committee” composed of Vice President Dick Cheney, National Security Advisor Condoleezza Rice, Defense Secretary Donald Rumsfeld, Secretary of State Colin Powell, CIA Director George Tenet and Attorney General John Ashcroft signed off on the methods.

    “There are solid grounds to investigate Bush, Cheney, Rumsfeld, and Tenet for authorizing torture and war crimes,” said Kenneth Roth, executive director of Human Rights Watch, when the group released a report called “Getting Away With Torture” in 2011.

    Dick Cheney
    As Bush’s vice president, Cheney pushed the nation over to the “dark side,” as he called it, in the war on terror.

    The U.S. used extraordinary renditions to swoop up terror suspects and send them to repressive regimes in places like Syria and Libya for torture. Cheney was the key driver in producing the faulty intelligence that led the U.S. into war in Iraq. And he steadfastly defended the CIA’s use of water-boarding and other torture tactics on U.S. prisoners.

    Cheney “fears being tried as a war criminal,” according to Colin Powell’s former chief of staff Col. Lawrence Wilkerson, but he never has been.

    Donald Rumsfeld
    One of the planners of the Iraq War, Rumsfeld steadfastly maintained while Defense Secretary under Bush that U.S. soldiers did not have an obligation to stop torture being used by their Iraqi counterparts. He also approved of “stripping prisoners naked, hooding them, exposing prisoners to extremes of heat and cold, and slamming them up against walls” at Guantanamo.

    While deployed to Iraq, Manning discovered that Iraqi soldiers had arrested members of a political group for producing a pamphlet called “Where Did the Money Go?” decrying corruption in the cabinet of Prime Minister Nouri al-Maliki.

    “‘i immediately took that information and ran to the officer to explain what was going on,” Manning wrote in the chat logs. “he didn’t want to hear any of it … he told me to shut up and explain how we could assist the FPs in finding MORE detainees.”

    George Tenet and CIA torturers
    Tenet was the CIA chief who told Bush that the case for war with Iraq was a “slam dunk.” Under his watch, the CIA waterboarded Khalid Sheikh Mohammed, Abu Zubaydah and Abd al-Rahim al-Nashiri.

    Further down the chain of command at the spy agency, lower-level officers have escaped prosecution for killing a prisoner in Iraq and one in Afghanistan in CIA custody. Attorney General Eric Holder in 2012 ruled out prosecuting anyone responsible for those deaths.

    In sharp contrast, former CIA agent John Kiriakou is currently serving a 30-month sentence for revealing to reporters the names of interrogators involved in detainee abuse.

    Abu Ghraib higher-ups
    Although low-level soldiers like former Army Reserve Specialist Lynndie England were court-martialed for their role in detainee abuse at this notorious prison in Iraq, graphically illustrated in photos, the only officer prosecuted in the case had his conviction tossed out.

    A 2009 Senate Armed Services Committee report found that the abuses at Abu Ghraib were not the result of a few unmonitored bad apples but rather the direct result of “enhanced interrogation” practices approved of by officials much higher up in the Bush administration.

  • The Way of the Knife: The CIA, a Secret Army, and a War at the Ends of the Earth
    http://www.aucegypt.edu/GAPP/CairoReview/Pages/articleDetails.aspx?aid=392

    The Way of the Knife: The CIA, a Secret Army, and a War at the Ends of the Earth. By Mark Mazzetti, The Penguin Press HC, 2013, 400 pp.

    When Secretary of Defense Donald Rumsfeld asked a man who would go on to become his chief of special operations whether it was legal for the Pentagon to conduct operations in countries with which the United States was not actively at war, the man replied that it was, comparing it favorably to Richard Nixon’s secret bombing of Cambodia and Laos during the Indochina conflicts. Never mind that those strikes were among the most scandalous acts of Nixon’s scandal-laden tenure.

    This idea that history repeats itself is a central theme of Mazzetti’s book. Back in the 1980s, before there was the infamous Blackwater organization, there was a little-known, off-the-books Pentagon spy unit known as Intelligence Support Activity. The unit’s secret budget and retired special operators became “the perfect ingredients for a toxic recipe,” Mazzetti writes. It was shut down within two years, after a blistering inspector general report complained that the government “should have learned the lesson of the 70s” about creating such units.

  • « Obama a normalisé les pires errements de l’administration Bush » Entretien avec un journaliste de The Nation - regards.fr
    http://www.regards.fr/monde/obama-a-normalise-les-pires,5785

    Les rêves les plus fous de Dick Cheney et Donald Rumsfeld sont devenus réalité : tous les mardis, le président décide de qui doit être tué par une attaque ciblée de drone, sans jugement et quel que soit le pays (lire notre encadré). Et très rares sont les voix qui s’y opposent. Barack Obama inspire la confiance.

    #drones

  • Histoire de l’Aspartame, histoire d’un poison | Regard sur le monde
    http://www.regardsurlemonde.fr/blog/histoire-de-laspartame-histoire-dun-poison#more-1773

    1980 : L’enquête conclut que NutraSweet ne doit pas être approuvé en attendant d’autres études sur les tumeurs au cerveau trouvées chez les animaux. La commission déclare que preuve n’a pas été faite que l’aspartame est sans danger en tant qu’additif alimentaire.
    Jan 1981 : Donald Rumsfeld, PDG de G.D. Searle annonce dans une réunion commerciale qu’il utilisera toute son influence politique pour que l’aspartame soit approuvé dans l’année.
    21 janvier 1981 : Ronald Reagan prête serment et devient président des États-Unis. L’équipe de transition intègre Donald Rumsfeld. L’ancien commissaire de la FDA est démis de ses fonctions, et le Dr. Arthur Hull Hayes est nommé pour le remplacer. C’est bon d’avoir des amis.
    Juillet 1981 : Un de ses premiers actes officiels, du Dr. Arthur Hull Hayes, ignorant les recommandations de son équipe, est d‘approuver officiellement le NutraSweet pour les produits secs (gomme, céréales de petit déjeuner et autres produits secs).

    • Ce cas est à ajouter à la liste des ignominies des 30 dernières années, où l’obscurantisme l’a emporté sur l’intelligence... Je suis impressionné que tant de scientifiques puissent à ce point critiquer Séralini, en l’insultant et en le mettant plus bas que terre, quand par ailleurs, autant de précédents existent, de l’aspartame aux OGM, de l’amiante aux PCB... Combien de carrières détruites afin de couvrir ces horreurs industrielles ?

  • Guerre psychologique pour le schiste » OWNI, News, Augmented
    http://owni.fr/2011/12/16/guerre-usarmy-gaz-schiste-propagande-psyops

    Des entreprises gazières font usage de techniques et de personnels issus des unités de guerre psychologique de l’armée américaine, pour convaincre les populations de l’intérêt de leurs opérations d’exploitation à grande échelle des gaz de schiste dans le nord-est des États-Unis.

    Voté en 1948, le Smith-Mundt Act interdit formellement l’utilisation d’opération de guerre psychologique contre d’autres cibles que les troupes étrangères ennemies. Contacté par OWNI à plusieurs reprises, Matt Pitzarella n’a pas donné suite à nos messages.

    Le plus beau :

    Si vous êtes un responsable de communication dans ce secteur, je vous recommande de faire trois choses. Trois choses que j’ai lues récemment et qui me paraissent dignes d’intérêt :
    Téléchargez le manuel de contre-insurrection du corps des Marines de l’armée américaine [étonnement dans la salle] car nous faisons face à une insurrection. Il y a beaucoup de bonnes leçons là dedans, provenant d’une expérience militaire. [...] Par ailleurs, il y a une formation organisée par Harvard et le MIT deux fois par an intitulé “Gérer un public en colère”. Assistez à cette formation [...] ; beaucoup d’officiers dans nos troupes le font déjà. Cela vous donne des outil, les outils médiatiques, pour gérer l’énorme polémique avec laquelle notre industrie se débat.
    Troisièmement, j’ai un exemple des “Rumsfeld’s rules” (“règles de Rumsfeld”). Vous connaissez tous Donald Rumsfeld – c’est un peu une Bible, par ailleurs, pour guider ma façon d’opérer.

    http://www.analects-ink.com/weekend/020308.html

    #gaz_de_schiste #guerre_psychologique #le_citoyen_voilà_l_ennemi

  • Moi aussi, j’aime beaucoup ce que vous faites, monsieur Rumsfeld.

    Donald Rumsfeld Tells Al Jazeera “I Am Delighted You Are Doing What You Are Doing”
    http://www.huffingtonpost.co.uk/2011/09/29/donald-rumsfeld-tells-al-_n_986856.html

    Former US Secretary of Defense Donald Rumsfeld has given an interview to Al Jazeera, ending his feud with a channel he once described as “vicious”.

    Questioned by Sir David Frost, Bush’s former right-hand man, who many see as the architect of the second Gulf War, struck a conciliatory tone in the interview.

    “Its audience has grown and it can be an important means of communication in the world,” he said of the channel.

    “I am delighted you are doing what you are doing.”

  • Donald Rumsfeld, le tortionnaire - Actualités du droit
    http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/archive/2011/08/10/donald-rumsfeld-le-tortionnaire.html

    Le grand humaniste Donald Rumsfled est défendu par Obama, au nom de la continuité de l’Etat, et ça fait une gamelle de plus. La cour fédérale d’appel de Chicago, a autorisé deux Américains à poursuivre Donald Rumsfeld, car ils ont été torturés en 2006, lors de leur détention en Irak par l’armée américaine, dans le cadre des ordres donnés par le beau Donald.