Travail en prison : la servitude organisée | Le Club de Mediapart
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Travailler en tant que détenu, c’est faire un bond en arrière, avant même l’avènement du salariat. Tout a des « relents du XIXe siècle » (1). Sans contrat, les détenus sont privés de tous les droits afférents. Ou presque. Pas d’indemnité en cas de chômage technique, d’arrêt maladie ou d’accident du travail. Pas d’encadrement ferme de la durée du travail, pas de jour de repos garanti, ni de revenu minimum respecté. Pas de médecine du travail. Tout droit d’expression collective ou de représentation syndicale leur est aussi dénié. Être travailleur détenu, c’est se trouver dans une dissymétrie totale de la relation de travail, éprouver l’arbitraire, l’incertitude et le nondroit. Malgré tout, le travail reste très prisé chez les personnes détenues, d’autant plus que les postes se font rares. Pour le sociologue Fabrice Guilbaud, « si les détenus souhaitent tant travailler, quand bien même il s’agit de "sales boulots", dans des conditions de "surexploitation" (dont ils sont conscients), c’est qu’ils vivent un drame social, une expérience sociale extrême, à savoir l’enfermement » (2). Et, dans le travail, ils trouvent des ressources pour résister aux conditions de détention (lire l’encadré). Une situation qui donne la mesure des privations et de la pauvreté en détention.