person:dre muriel salmona

  • Le Sénat adopte l’amendement de M. Buffet sur l’amnésie traumatique à une très large majorité ! - Moi aussi amnésie
    https://moiaussiamnesie.fr/le-senat-adopte-lamendement-de-m-buffet-sur-lamnesie-traumatique-a-u

    Chers amis,

    Nous vous annonçons ce soir une très belle victoire et reconnaissance des victimes d’amnésie traumatique liées à des violences sexuelles.

    Le Sénat a adopté l’amendement de François-Noël Buffet visant à introduire l’amnésie traumatique dans la loi à une très large majorité.

    Le Sénat a en effet rejeté très unanimement un amendement du Gouvernement visant à supprimer la disposition de M. Buffet par 324 voix pour et 21 voix contre.

    • L’amendement Buffet permet aux victimes d’amnésie traumatique de demander une expertise pour établir cet obstacle insurmontable en cas de faits prescrits. Et d’avoir ainsi une chance, sous réserve de la libre appréciation des juges, de voir leur plainte instruite.

      Pour plus de détails voici un précédent article sur cette disposition. https://moiaussiamnesie.fr/lamendement-de-francois-noel-bu…/

      Ce vote à une très large majorité constitue un très bel aboutissement pour les victimes d’amnésie traumatique. C’est un combat que nous menons depuis plusieurs mois aux côtés de la Dre Muriel Salmona (Association Mémoire Traumatique et Victimologie).

      Un dernier mot pour dire qu’un amendement intéressant proposé par le gouvernement et voté par le Sénat permet désormais de lever la prescription pour des victimes dans le cas de violeurs en série, la prescription démarrant au dernier crime connu.

  • stop aux violences familiales, conjugales et sexuelles : Tribune de la Dre Muriel Salmona pour l’Humanité « Faut-il légiférer sur l’âge du consentement sexuel ? »
    https://stopauxviolences.blogspot.fr/2018/03/tribune-de-la-dre-muriel-salmona-pour.html

    Pour protéger efficacement les enfants, il est indispensable que le code pénal fixe pour les mineurs un seuil d’âge en dessous duquel toute atteinte sexuelle commise par un adulte est une agression sexuelle ou un viol, avec une présomption irréfragable d’absence de consentement. Nous demandons que cet âge soit de 15 ans (et de 18 ans en cas d’inceste, d’adulte ayant autorité ou si le mineur est vulnérable).

    Les enfants sont les principales victimes de violences sexuelles, 81% des violences sexuelles sont subies avant 18 ans, 51% avant 11 ans, 21% avant 6 ans, et 56 % des viols et des tentatives de viols ont été subis avant 18 ans, 40% avant 15 ans (Enquête Virage, 2016). Elles sont commises dans 94% des cas par des proches et dans plus de 50% des cas par des membres de la famille, surtout sur les filles et les enfants les plus vulnérables (IVSEA, 2015).

    Leurs conséquences psychotraumatiques sur la santé mentale et physique et sur la vie des enfants sont très lourdes à long terme, et en font un problème majeur de santé publique : 50% d’entre eux feront des tentatives de suicides, des dépressions à répétition, et auront des conduites addictives, 70% subiront à nouveau des violences sexuelles tout au long de leur vie (IVSEA, 2015).

    Or la justice échoue à protéger ces enfants. Moins de 9% des viols font l’objet de plaintes, 70% de ces plaintes sont classées sans suite, 20% sont correctionnalisées en agressions sexuelles ou en atteintes sexuelles comme pour Sarah, et seules 10% des plaintes aboutissent à une condamnation en cour d’assises. Cette impunité met en danger tous les enfants (ONDRP , Le Goaziou, 2016).

  • stop aux violences familiales, conjugales et sexuelles : Assiste-t-on à un tournant historique pour les victimes de violences sexuelles avec le mouvement #BalanceTonPorc et #MeToo ? Article de la Dre Muriel Salmona
    http://stopauxviolences.blogspot.fr/2017/10/le-vent-tournerait-il-en-faveur-des.html

    Il est essentiel que ce mouvement spontané se fasse le porte parole de toutes les personnes victimes de violences sexuelles, et particulièrement de toutes celles qui ne peuvent pas être entendues sur les réseaux sociaux, dans les médias et dans la rue et qui en sont les principales victimes, à savoir les enfants, les personnes les plus vulnérables (personnes handicapées, présentant des troubles du spectre de l’autisme, migrantes, sans domicile fixe, marginalisées, victimes de la traite, personnes placées dans les institutions, etc.), ce sont les plus nombreuses, elles représentent une masse invisible en grande détresse, le plus souvent abandonnées. Il faut aller vers elles, pour savoir ce qu’elles subissent et se battre pour elles, pour qu’elles soient enfin protégées et que leurs droits soient respectés.

    La lutte contre ces violences est un combat politique de toute la société et des pouvoirs publics qui sont dans l’obligation de protéger impérativement toutes les personnes qui y sont exposées, et plus particulièrement celles qui les subissent majoritairement : les filles, les femmes et les personnes les plus discriminées et vulnérables.

    Une société gangrénée par les inégalités, le déni et la culture du viol

    Une société encore trop inégalitaire et un long passé de culture du viol consistant à culpabiliser, humilier, discriminer et mépriser les victimes, de tolérance et de complicité avec les agresseurs, ont entravé et ralenti une prise de conscience de la gravité de ces violences et de l’injustice faite aux victimes, et ont empêché la mise en place de réformes nécessaires.

    Nos structures éducatives, sociales, sanitaires et judiciaires ont toutes échoué presque totalement à protéger et à prendre en charge les victimes, ainsi qu’à empêcher ces crimes sexuels de se produire à grande échelle, principalement sur les personnes les plus vulnérables et discriminées. La gravité des conséquences des violences sexuelles sur leur vie et leur santé à long terme n’est pas encore reconnue comme un problème majeur de santé publique et de société. Les professionnels du soin ne sont toujours pas formés et l’offre de soin est très insuffisante. La protection, la solidarité et les aides sociales ne sont pas à la hauteur. La justice est quasi absente. Les victimes de ces crimes sont confrontées à des injustices en cascades, et leur perte de chance en terme de santé et d’intégration sociale est énorme, d’autant plus qu’une prise en charge précoce et des soins appropriés éviteraient la majeure partie des conséquences des violences ainsi que la production de nouvelles violences.

    Aux termes du droit international, l’Etat peut être tenu responsables d’actes de violence sexuelle perpétrés par des particuliers s’ils ont manqué à leur obligation d’empêcher ces actes ou de protéger les victimes.

  • stop aux violences familiales, conjugales et sexuelles : Vidéos du Caféministe avec Dre Muriel Salmona du 30 septembre 2017 : « Osons le mot FÉMINICIDE ! » organisé par les effronté-e-s
    http://stopauxviolences.blogspot.fr/2017/10/videos-du-cafeministe-avec-dre-muriel.html

    Le thème du 5ème Caféministe du 30 septembre 2017
    de 16H à 18h30 :
    « Osons le mot FÉMINICIDE ! »

    Avec la Dre Muriel Salmona
    psychiatre française. fondatrice et présidente de l’association « Mémoire traumatique et victimologie »

    vidéo 1/2
    avec l’intervention de la Dre Muriel Salmona

    https://www.youtube.com/watch?v=JxYQUkQhhuE

    vidéo 2/2
    avec les échanges très riches de la Dre Muriel Salmona avec avec le public
    https://www.youtube.com/watch?v=364s4Ppnc1c

    #féminicide

    • Dans la première video j’apprend que le sexisme est une qualification pénale depuis juin 2016 et que ca sert à des circonstances aggravantes, comme c’est deja le cas avec le racisme et l’homophobie.
      @simplicissimus est ce que tu saurais me dire si ce qualificatif de circonstances aggravantes de sexisme est appliqué utilisé ou meme cité ou si c’est encore une arnaque patriarcale stp ? Je sais pas si ces infos sont trouvable sur le net mais si elles le sont je sais que tu saura les dégottés.

    • Merci @mad_meg de ta confiance en mes capacités ;-)

      J’ai cherché dans le Code pénal (dont je suis très loin d’être spécialiste), ce qui ressemble le plus à ce que tu mentionnes (et qu’indique Muriel Salmona, à 11:48) me semble être l’article 222-13 qui mentionne toute une série de circonstances aggravantes lorsque des violences sont commises. Son alinéa 5ter a été modifié par la loi du 27 janvier 2017, pour prendre la forme suivante :

      Code pénal - Article 222-13 | Legifrance
      https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=72C471BB4AF46E87ED9FFBFF01F72D73.tpl

      Les violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ayant entraîné aucune incapacité de travail sont punies de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende lorsqu’elles sont commises :
      […]
      5° ter A raison du sexe, de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre vraie ou supposée de la victime ;
      […]

      La version précédente portait :

      5° ter A raison de l’orientation ou identité sexuelle de la victime ;

      En tout état de cause, juin 2016 ou janvier 2017, c’est beaucoup trop récent pour que l’éventuelle utilisation d’une telle qualification ait pu être remontée par les statistiques pénales. Je viens de regarder, les condamnations de 2015 ont été publiées par le ministère le 22 décembre 2016.
      http://www.justice.gouv.fr/statistiques-10054/donnees-statistiques-10302/les-condamnations-27130.html
      À ce qu’il me semble, elles n’ont pas le degré de finesse permettant de dénombrer les éventuelles mentions de circonstances aggravantes.

      Je ne suis d’ailleurs pas certain que le système statistique permette de réaliser ce genre de comptage de façon standard ; il faudrait pour cela que la chose ait été prévue dans la saisie des états statistiques. Pour les réaliser, je pense qu’il est nécessaire de balayer le verbatim des jugements pour identifier tous les cas où la circonstance aggravante a été « visée ».

      Je me renseigne et transmets ta question à un copain plus proche du système statistique pénal.

    • Après consultation, mon petit camarade me confirme que l’introduction de la nouvelle version de L122-3 5 ter est trop récente pour donner lieu à une statistique, au moins pas avant une publication fin 2018 (vu les délais d’élaboration des chiffres).

      Il m’indique que la mention « en raison du sexe » risque de ne pas être très fréquente vu d’une part la difficulté à prouver ce type de motivation, mais aussi parce que le Casier judiciaire national (CJN) prévoit au maximum 2, parfois 3 circonstances aggravantes, ce qui limite l’éventail utilisé.

      Enfin, il attire mon attention sur une statistique proche, relative aux motifs de discrimination en raison du sexe (art. 225-1 du Code pénal, depuis 1994 (au moins ?)). Il s’agit de la contribution du Ministère de la justice au rapport 2016 sur La lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie et les crimes de haine de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). La contribution est publique (il faut la chercher…) mais n’a pas été, semble-t-il utilisée dans le rapport de la CNCDH.
      http://www.cncdh.fr/sites/default/files/contribution_du_ministere_de_la_justice_-_bilan_statistique.pdf

      On y trouve, p. 4, un
      tableau des condamnations d’infractions apparentées à la notion de crime de haine sanctionnées par les tribunaux français selon le motif discriminatoire et le domaine pénal en 2013, 2014 et 2015

      Pour ces 3 années 2013, 2014 et 2015, il a été comptabilisé 489, 540 et 580 infractions de discrimination dont 4, 3 et 1 pour le motif « sexe » ; dont plus de la moitié (2, 2 et 1) dans le domaine « injure ou diffamation ».

      Il s’agit donc d’une « poussière statistique » dont le très (!!!) faible effectif montre surtout la difficulté à appréhender, poursuivre et condamner ce type d’incrimination. Peut-être que les données publiées fin 2018-début 2019 me contrediront, mais c’est peu probable…

    • Je suis pas surprise de ta réponse @simplicissimus Merci à toi et ton ami.
      Perso je trouve pas difficile de prouvé que les agressions sexuelles et viols contre les femmes sont faites en raison de leur sexe. C’est plutot le coté non sexiste des violences faites aux femmes qui me semble difficile à prouvé.
      Aussi je suis surprise que seul deux ou trois circonstances aggravantes puisse etre reconnu. Un père incestueux qui viole ses filles et pas ses fils, il cumule deja 4 circonstances aggravante (haine sexiste, haine agiste, profit de l’autorité parentale, profit de l’autorité adulte).

  • Nouvel article de la Dre Muriel Salmona : Pour toutes les victimes de violences sexuelles, nous nous tairons pas !… 15 mai 2016
    http://stopauxviolences.blogspot.fr/2016/05/nouvel-article-de-la-dre-muriel-salmona.html

    Depuis le séisme crée par la publication lundi 9 mai 2016 par Médiapart et France-inter des témoignages de 8 femmes dont quatre élues révélant avoir été agressées et harcelées sexuellement par Denis Baupin député et vice-président de l’Assemblée Nationale, l’onde de choc tout au long de la semaine qui a suivi, non seulement n’a pas faibli pas mais de nombreuses répliques ont secoué le déni, la loi du silence et toutes les complicités dont bénéficient les agresseurs dans le milieu politique (comme toujours beaucoup savaient et les victimes avaient parlé mais n’avaient pas été entendues, ni protégées) : Denis Baupin a démissionné de la vice-présidence de l’Assemblée, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire, d’autres élues ont fait des révélations concernant d’autres hommes politiques, une hotline juridique éphémère a été lancée par la Fondation des femmes, une tribune de femmes politiques et une pétition (plus de 15000 signataires) ont été publiées ainsi qu’un un rassemblement à l’appel d’associations féministes a eu lieu devant l’Assemblée pour libérer la parole, contre l’omerta des violences sexuelles et du sexisme en politique, et enfin ce dimanche 15 mai un appel dans le JDD de 17 femmes ex-ministres « Nous ne nous tairons pas » pour dénoncer les comportements et les remarques sexistes et pour que cesse enfin l’impunité.

    Une parole qui se libère enfin ?

    Nous toutes, qui luttons contre les violences faites aux femmes, nous ne pouvons que nous réjouir et remercier toutes ces femmes courageuses qui ont pris publiquement la parole et tous ces journalistes qui leur ont offert et nous offrent une tribune médiatique inouïe pour dénoncer les violences sexuelles ainsi qu’une culture du viol et du silence qui invisibilise ces violences, impose le silence aux victimes et organise une presque totale impunité pour les agresseurs dans tous les milieux (1).

    Mais combien d’autres victimes condamnées à se taire…

    Chaque année en France 84 000 femmes, 16 hommes, 124 000 filles, 30 000 garçons subissent un viol ou une tentative de viol (2), c’est à dire un crime, un acte cruel, destructeur, assimilable à de la torture qui avoir de graves conséquences sur leur santé mentale et physique…

    Et ce sont 20 % des femmes qui subissent dans leur vie une agression sexuelle et 16% un viol ou une tentative de viol (2), principalement en tant que mineure : 71% des violences sexuelles sont subies avant 18 ans, 51% avant 11 ans, 21% avant 6 ans, 18% des filles, 7,5% des garçons subissent des violences sexuelles (3)…

    Or lors de l’enquête de notre association Mémoire traumatique et Victimologie en 2015 Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte 83% des victimes de violences sexuelles déclarent qu’elles n’ont jamais été ni protégées, ni reconnues (3) !

    #féminisme #victimologie #violence_masculine #viol #culture_du_viol

  • Quelques ressources pour aider les personnes traumatisées :

    Comment prendre soin des personnes traumatisées par les attentats du 13 novembre 2015 ? Article de la Dre Muriel Salmona 16 novembre 2015
    http://stopauxviolences.blogspot.fr/2015/11/comment-prendre-soin-des-personnes.html

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    Traumatisme : conseils pratiques.

    Nous (ou certains de nos proches) avons peut-être été dans une situation traumatique récemment, voici quelques conseils :

    Le tremblement (général ou localisé) est une réaction normale et saine à la suite d’un événement traumatique ou lorsque l’événement nous revient en mémoire peu de temps après. Cela fait partie d’un processus de régulation du stress par le corps et nous aide à nous remettre.

    Repenser, re-sentir, et parler du trauma, même en boucle, est une bonne chose. C’est une manière qu’a notre système de digérer ce qui s’est passé. Parlons et mettons-nous à l’écoute, aussi longtemps qu’il le faut. (N’oublions pas de nous nourrir ou de nous divertir un peu aussi).

    Même si nous avons envie de nous isoler, entourons-nous de nos proches, de gens avec qui nous nous sentons en sécurité. Un des effets du traumatisme est de nous faire sentir impuissants et isolés, seuls au monde. Nous ne sommes ni seuls ni impuissants. Être entouré est un facteur de résilience démontré.

    Prendre deux jours de congés pour nous remettre (en restant entourés). Les personnes qui font cela se remettent beaucoup mieux que les autres, y compris en ce qui concerne certaines blessures physiques s’il y en a (même apparemment mineures).

    Aussi tentant que cela paraisse, évitons les substances addictives (automédication, alcool, cigarette, etc.). Beaucoup d’addictions naissent à la suite de traumatismes non résorbés.

    Consulter rapidement un spécialiste du trauma. Il existe des thérapies de courte durée dont l’efficacité est démontrée. La thérapie la plus simple, efficace et facile d’accès en France est l’EMDR. À Paris comme en province, vous pourrez probablement trouver un praticien près de chez vous. Un nombre respectable d’entre eux sont médecins psychiatres, donc potentiellement remboursés.

    L’annuaire des praticiens français se trouve à cette adresse : http://www.emdr-france.org/web/annuaire-test

    Le traumatisme non traité peut altérer non seulement notre vie mais aussi affecter tout notre entourage. Le traumatisme traité devient une mémoire comme les autres qui appartient au passé.

    Face au trauma, nous ne sommes ni seuls ni impuissants : nos proches sont avec nous, des soins existent, et des soignants compétents ont dédié leur vie professionnelle pour les mettre à disposition.

    Nous soigner, c’est vaincre ceux qui voudraient nous faire vivre dans la peur.

    http://egalitariste.tumblr.com/post/133199941309/traumatisme-conseils-pratiques
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    Self Help For Trauma
    http://www.selfhelpfortrauma.org

    #traumatisme #traumatologie #victimes

  • stop aux violences familiales, conjugales et sexuelles : Nouvel article de la Dre Muriel Salmona : LE CHANGEMENT DANS LES PSYCHOTHÉRAPIES DE FEMMES VICTIMES DE VIOLENCES CONJUGALES paru dans Psychothérapie et éducation, Paris, Dunod, juillet 2015
    http://stopauxviolences.blogspot.fr/2015/07/nouvel-article-de-la-dre-muriel-salmona.html

    Le conjoint violent bénéficie presque toujours d’un formatage bien antérieur de sa victime à la soumission, la tolérance et l’hyper-adaptation à des situations extrêmes, déjà effectué dans l’enfance dans des milieux familiaux violents : antécédents de maltraitance, d’exposition à des violences conjugales, et de violences sexuelles dont on connaît malheureusement la fréquence (Enquête Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adule, 2015). Avoir subi des violences dans l’enfance est un facteur de risque majeur d’en subir à nouveau tout au long de sa vie (OMS, 2010 et 2014, Felitti 2010). Il bénéficie également du fait que sa victime, quelles que soient les violences subies depuis son plus jeune âge, n’a jamais été ni protégée, ni reconnue comme victime, ni soignée, a dû grandir en survivant seule aux violences et à leurs conséquences psychotraumatiques. Elle a appris à considérer qu’elle n’avait pas de valeur, aucun droit et que personne ne viendrait à son secours. Elle a dû construire sa personnalité avec une mémoire traumatique et des troubles dissociatifs de survie, qui l’auront empêché de se connaître et de se penser comme normale (van der Hart, 2010, Salmona, 2013). Il va donc tirer parti des traumas accumulés non traités de sa victime, et des conséquences souvent désastreuses des stratégies de survie qu’elle a été dans l’obligation de développer et qui sont des facteurs de vulnérabilité.

    En plus de cette complicité de systèmes agresseurs du passé de sa victime, il bénéficie de toute une complicité ambiante : celle d’une société inégalitaire et patriarcale, encore dans le déni face aux violences faites aux femmes et aux filles et qui véhicule de nombreux stéréotypes sur les femmes, sur le couple et l’amour, ainsi que d’une non reconnaissance de l’impact psychotraumatique des violences sur la santé des victimes. L’ensemble ayant pour effet de désigner la victime comme responsable des violences qu’elle subit et de ses propres souffrances, et de lui barrer toute possibilité de reconnaissance. De façon particulièrement injuste, les troubles psychotraumatiques sont renvoyés à la victime comme étant des preuves de ses incapacités, de sa folie, de sa bêtise, de ses mensonges… La méconnaissance des troubles psychotraumatiques et de leurs mécanismes porte lourdement préjudice aux victimes puisqu’elle permet de ne pas reconnaître la réalité de la souffrance, des symptômes et des handicaps qu’elles présentent, ou de les relier à leur cause : les violences. Elle permet également de continuer à mettre en cause les victimes qui seraient les artisanes de leur propre malheur en étant incapables d’aller mieux, de se relever, de tourner la page, d’arrêter de se victimiser, de sortir d’une prétendue fascination pour le trauma…

    #victime #violence #traumatisme #violence_masculine #domination

    • - la mémoire traumatique est au cœur de tous les troubles psychotraumatiques. Aussitôt qu’un lien, une situation, un affect ou une sensation rappelle les violences ou fait craindre qu’elles ne se reproduisent, la mémoire traumatique envahit alors tout l’espace psychique de la victime de façon incontrôlable. Comme une “bombe à retardement”, susceptible d’exploser, souvent des mois, voire de nombreuses années après les violences, elle transforme sa vie psychique en un terrain miné. Telle une “boîte noire”, elle contient non seulement le vécu émotionnel, sensoriel et douloureux de la victime, mais également tout ce qui se rapporte aux faits de violences, à leur contexte et à l’agresseur (ses mimiques, ses mises en scène, sa haine, son excitation, ses cris, ses paroles, son odeur, etc.). Cette mémoire traumatique des actes violents et de l’agresseur colonise la victime, et lui fera confondre ce qui vient d’elle avec ce qui vient des violences et de l’agresseur. La mémoire traumatique des paroles et de la mise en scène de l’agresseur [« Tu ne vaux rien, tout est de ta faute, tu as bien mérité ça, tu aimes ça », etc.] alimentera chez elle des sentiments de honte, de culpabilité et d’estime de soi catastrophique, et celle de la haine et de l’excitation perverse de l’agresseur pourront lui faire croire à tort que c’est elle qui les ressent, ce qui constituera une torture supplémentaire, elle n’aura alors que mépris et haine pour elle-même (Salmona, 2013b) ;

  • stop aux violences familiales, conjugales et sexuelles : Pourquoi interdire les punitions corporelles et les autres violences éducatives au sein de la famille est une priorité de santé publique. Article de la Dre Muriel Salmona octobre 2014
    http://stopauxviolences.blogspot.fr/2014/11/pourquoi-interdire-les-punitions.html

    Comment la France - pays des droits de l’homme - peut-elle encore, en 2014, 25 ans après l’adoption par les Nations Unies de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, transgresser les droits fondamentaux des enfants, en n’interdisant pas explicitement au sein de la famille le recours à des méthodes éducatives violentes physiques et psychologiques basées sur les châtiments corporels, la peur, l’humiliation et la privation ?

    Pourquoi la France ne tient-elle pas compte des recommandations du rapport 2013 du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, du Comité des droits de l’enfant qui à deux reprises du (2004, 2009) lui a demandé d’interdire expressément les châtiments corporels dans tous les contextes , y compris la maison, ni des conclusions du Comité des droits européens des droits sociaux qui a trois reprises ( 2003, 2005, 2012) a déclaré que sa situation n’est pas conforme à la Charte sociale européenne parce que les châtiments corporels ne sont pas interdits (1) ?

    Comment tolère-t-on que les enfants, qui sont des personnes vulnérables, fragiles et dépendantes, soient les seuls en France dont on n’ait pas à respecter totalement l’intégrité physique et psychique, et qu’on puisse taper, gifler, pincer, fesser, humilier sous couvert d’éducation et de droit de correction ?

    #punition_corporelle_stop #sévices #violence #éducation_sans_violence #législation #fessée #gifle #tape #correction_physique #archaïsme #progresser #france_sclérosée #dissociation_traumatique

    • Individuellement chaque fois que j’en suis témoin je m’interpose entre l’adulte et l’enfant frappé. Souvent les gens passent sans rien dire, je ne peux juste pas laisser faire. Si vous souhaitez aussi intervenir, préparez vous à être costaud mentalement pour faire face à un attroupement dirigé contre vous qui vous accusera de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas. Je fais fi, je suis hyper calme, même si je sais que je tremble encore plusieurs heures après, mais je ne peux pas supporter qu’on frappe un enfant, de quelques manières que ce soit. Je demande à la personne d’arrêter et si elle poursuit je dis à l’enfant qu’il a des droits, qu’il peut se défendre en appelant le numéro des enfants battus ou que je peux le faire pour lui si il veut. Souvent l’adulte propose de me frapper, je ne bouge pas, je dis frappez moi si vous pensez que ce sera une solution, les gens sont toujours interloqués et ça marche assez bien, personne n’a jamais osé le faire, on m’insulte gravement par contre (sur mon physique souvent : mes cheveux, mes dents ou mes habits !). Je demande aussi à l’agresseur si l’enfant porte un prénom ou si il est seulement une chose, si il ne peut pas trouver un objet à frapper pour se calmer ou si lui aussi n’aurait pas été élevé avec violence. Souvent on me réponds que ça n’a jamais fait de mal à personne de prendre une bonne baffe, dans ce cas je suis pleine de bienveillance pour l’enfant et aussi pour l’adulte qui n’a pas appris à faire autrement. Enfin, voila, je fais avec ma conscience, parce que combattre l’abus de pouvoir ça peut être ça aussi.

    • « La France pays des droits de l’homme ». Pourquoi les gens se sentent ils encore obligés d’inclure ce genre de fadaise pour appuyer leur propos. Ne manque plus que le rappel aux Lumières.

    • Ce qui revient, en fait, à nous demander pourquoi les rapports que nous entretenons avec les enfants sont structurellement violents.

      Il me parait en fait aller de soi que si des rapports entre individus impliquent nécessairement des violences physiques, alors ces rapports sont déjà violents en eux-même, et ce même quand la violence physique n’intervient pas. L’acte de violence physique, même s’il est « modéré » et ne représente qu’une douleur passagère, ne constitue pas réellement une violence ponctuelle. Certes, il est physiquement ponctuel, mais il inscrit dans toute la relation dans un rapport de violence ; de fait, constater que cet acte est nécessaire à la relation et à la communication avec l’enfant revient à admettre que la relation est structurellement violente, et que l’enfant doit le comprendre.

      Et un jour j’aimerai bien trouver une étude sur l’histoire de l’obligation sociale de la #maltraitance. Comment on en arrive à cette sorte de dépossession de la douceur qui permet d’annihiler l’empathie, et à quelles époques on inculque socialement aux un·e·s et aux autres qu’il ne faut pas câliner un enfant, pas le laisser dormir contre soi, ne pas l’allaiter, etc.

    • Ah oui @mad_meg, je suis toujours preneuse !
      La place des jeunes dans la société et la façon dont on les accompagne à grandir est pour moi le point central autour duquel tourne l’imposition du pouvoir et notre capacité à agir et ensemble et de façon autonome.
      Je partage le discours contre la fessée et commence à être assez bien documentée sur les effets à court et long terme de la maltraitance, sur le cerveau, les blocages d’apprentissage que cela engendre, car cela est maintenant assez bien défini et combattu, du moins dans les milieux progressistes.

      C’est donc plus une recherche sociale et politique que psychique qui m’intéresse, merci en tout cas.

      #pédagogie_noire

    • @aude_v, de mon expérience, quand tu entends ces phrases là, la baffe ou la fessée est vraiment pas loin du tout, c’est justement ces rapports structurellement violents dont parle l’elfe.
      Adulte, j’ai accompagné la sortie au zoo d’une classe de maternelle, la maîtresse ne faisait qu’insulter les enfants : « tu es bête » « tu es idiot » "tu pleures, c’est normal, tu es une fille", la visite, au pas de course, s’est soldée par une claque et un tirage d’oreille à l’ancienne. Les autres parents m’ont lâché lorsque je suis allée voir la direction pour dire que je ne donnerai pas mon blanc-seing à cette exhibition de violence et que cette femme devait surement prendre une pause. Ce fut un grand moment d’éducation, seule dans le bureau face à 6 personnes qui tentèrent de me persuader, exemple pratique à l’appui, que tirer une oreille pour déplacer quelqu’un dans la pièce n’était rien. J’ai demandé à la directrice si elle connaissait la loi et si elle pouvait me la rappeler ou bien si se croyant encore au XIXem siècle elle pensait devoir aussi reprendre l’usage du martinet. Ça a jeté un froid, je sais pas pourquoi …

      Bref, ce petit intermède pour dire que je pense que choisir d’échanger avec un enfant et de l’accompagner à grandir, c’est savoir gérer ses pulsions et se nourrir de bienveillance, parce qu’il est sur que ce n’est pas facile tous les jours. Les blessures de maltraitance, verbale ou physique, créent un rapport tordu pour l’enfant qui l’intègre profondément en croyant ce rapport normal, quitte à confondre aimer et maltraiter.