person:dworkin

  • #Jeremy_Lybarger : Redécouvrir Andrea
    https://tradfem.wordpress.com/2019/03/25/redecouvrir-andrea


    (...) Sa mort a suscité des émotions mitigées. « Le décorum exige d’accentuer le positif lorsqu’on parle d’un défunt récent », a-t-on pu lire dans un billet de l’essayiste de droite Cathy Young, publié dans le Boston Globe neuf jours après le décès de Dworkin. « Ici, il n’y a pas grand-chose de positif à accentuer, à part un talent mal utilisé et une passion mal dirigée. » Peu de commentateurs résistaient à critiquer l’apparence physique de Dworkin, devenue synonyme de ce que les critiques considéraient comme sa rhétorique peu séduisante et débridée. « Dworkin était un cliché vivant – la féministe comme obèse, poilue, non maquillée, lesbienne et négligée », a écrit Katha Pollitt dans The Nation. « C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles elle était une telle icône médiatique – elle « prouvait » que le féminisme était destiné aux femmes qui ne pouvaient avoir d’homme. » Une analyse a révélé que l’apparence physique de Dworkin a été mentionnée dans 61 % de ses notices nécrologiques.

    Pourtant, peu de gens ont pu nier l’influence sismique de cette femme. Elle reste l’une de ces rares figures intellectuelles publiques à propos desquelles les gens ont des opinions sans avoir lu un seul mot de ses écrits. Les résumés à l’emporte-pièce de sa pensée – elle détestait les hommes ; tout rapport sexuel est un viol ; une feminazie sans humour – sont soit entièrement faux soit aussi trompeurs qu’un miroir déformant de fête foraine.

    Last Days at Hot Slit, une nouvelle sélection d’extraits de discours, d’essais et de romans de Dworkin, balaie cet héritage toxique. Près de quinze ans après sa mort, certaines de ses idées apparaissent rigides, au sens où elle se démarquait de l’esprit des années 1980 et encore plus de la vie d’aujourd’hui, comme lorsqu’elle attaque la pornographie et qu’elle en associe les consommateurs à la culture du viol. Mais Last Days at Hot Slit révèle aussi une écrivaine plus mesurée que ce dont se souviennent bien des gens. Dworkin était une styliste talentueuse et, quelles que soient la vigueur et l’indignation de ses arguments, elle les exprimait avec une lucidité méticuleuse.

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://bostonreview.net/gender-sexuality/jeremy-lybarger-finally-seeing-andrea
    #Andrea_Dworkin #féminisme_radical #sexualité #anthologie

  • Manon Garcia : « Le sexisme n’est pas le domaine réservé des réactionnaires »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/02/manon-garcia-le-sexisme-n-est-pas-le-domaine-reserve-des-reactionnaires_5430

    Dans On ne naît pas soumise, on le devient (Climats, 2018), réflexion menée à partir du travail pionnier de Simone de Beauvoir (1908-1986), dont elle réhabilite la puissance conceptuelle, la jeune philosophe Manon Garcia étudie les ressorts du consentement des femmes à la domination masculine.

    Pourquoi certaines femmes indépendantes sont-elles parfois complaisantes à l’égard de la « liberté d’importuner » et peut-on revendiquer l’égalité des sexes et attendre que les hommes fassent « le premier pas », se demande-t-elle ?

    Evitant l’écueil de l’essentialisme – les femmes seraient soumises par nature –, Manon Garcia développe une philosophie de l’émancipation féminine en étudiant « la façon dont les hiérarchies de genre dans la société façonnent les expériences des femmes ». Elle analyse pour Le Monde les raisons du sexisme des « boys clubs », notamment révélé par l’affaire de la Ligue du LOL.

    Le harcèlement des femmes sur les réseaux sociaux, orchestré par une petite caste de journalistes pour la plupart issus de rédactions dites « progressistes », est-il un nouveau type de domination masculine ou bien une déclinaison technique de celle-ci ?

    Non, il n’y a rien de nouveau dans cette histoire. Ce harcèlement sur les réseaux sociaux est une manifestation tout à fait classique de la domination masculine sous la forme de ce que l’on appelle la logique de « boys club ».

    Qu’il s’agisse des clubs anglais, de l’Automobile Club de France ou des groupes de messageries instantanées Slack dans lesquels seuls les hommes sont conviés, ce qui est en jeu est la construction d’un entre-soi d’hommes hétérosexuels blancs pour qui l’humour sexiste, raciste, grossophobe est une façon comme une autre de solidifier le sentiment d’appartenir à une élite.

    « Certaines femmes choisissent de ne pas résister à la domination masculine, d’être du côté des dominants, dans l’espoir d’échapper elles-mêmes au harcèlement »

    Certains se sont étonnés que les principales rédactions concernées soient progressistes, de Libération aux Inrocks en passant par Vice, mais ce n’est pas surprenant : les travaux universitaires sur le sexisme montrent que l’on a toujours tendance à croire que le sexiste, c’est l’autre.

    #paywall #sexisme