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    • Aretha Franklin, respect éternel
      Jacques Denis, Libération, le 16 août 2018
      http://next.liberation.fr/culture/2018/08/16/aretha-franklin-respect-eternel_1672542

      La reine de la soul est morte ce jeudi à 76 ans. De l’église de son père au sommet des charts, sa voix a inscrit dans la légende des dizaines de tubes et porté haut les causes du féminisme et des droits civiques.

      « J’ai perdu ma chanson, cette fille me l’a prise. » Quand il découvre Respect, une ballade qu’il a écrite pour son tour manager Speedo Sims, Otis Redding ne peut que constater les faits face à Jerry Wexler, le pape de la soul music au label Atlantic. Ce jour-là, le chanteur sait que le titre paru deux ans plus tôt, en 1965 sur l’imparable Otis Blue, lui échappe. Pas sûr en revanche qu’il puisse se douter alors que ce hit fera danser des générations entières, porté par la voix de la papesse soul. Combien de soirées où cet hymne au féminisme débridé aura fait se lever toutes les femmes et filles, prises d’un doux délire  ! « La chanson en elle-même est passée d’une revendication de droits conjugaux à un vibrant appel à la liberté. Alors qu’Otis parle spécifiquement de questions domestiques, Aretha en appelle ni plus ni moins à la transcendance extatique de l’imagination », analysera Peter Guralnick, l’auteur de la bible Sweet Soul Music.

      Enregistrée le jour de la Saint-Valentin, la version d’Aretha Franklin, morte jeudi à 76 ans, est effectivement bien différente de celle du « Soul Father », qui vantait les mérites de l’homme allant au turbin et méritant de fait un peu de respect en retour. La jeune femme se permet d’y glisser quelques saillies bien senties  : « Je ne te ferai pas d’enfant dans le dos, mais ce que j’attends de toi, c’est du respect. » Le tout boosté par un chœur composé de ses sœurs Erma et Carolyn qui ponctue de « Ooh  ! » et « Just a little bit », donnant à l’histoire les faux airs d’une conversation complice entre femmes. Et de conclure par un tranchant  : « Je n’ai besoin de personne et je me débrouille comme une grande. » La suite, tout du moins d’un point de vue artistique, donnera raison à celle qui devint ainsi pour la postérité tout à la fois l’une des égéries des droits civiques et la visionnaire pythie d’une libération des mœurs.
      Dix-huit Grammy Awards

      « Cette chanson répondait au besoin du pays, au besoin de l’homme et la femme de la rue, l’homme d’affaires, la mère de famille, le pompier, le professeur – tout le monde aspire au respect. La chanson a pris une signification monumentale. Elle est devenue l’incarnation du "respect" que les femmes attendent des hommes et les hommes des femmes, le droit inhérent de tous les êtres humains », analysera-t-elle a posteriori dans son autobiographie, Aretha : From These Roots.

      Sa reprise de Respect n’était pas le premier succès de la native de Memphis. D’ailleurs, à l’époque, ce ne sera que le deuxième 45-tours de son premier album sous pavillon Atlantic, précédé par I Never Loved a Man (the Way I Love You) qui donne son titre à ce disque. Mais avec ce tube, bientôt suivi d’une quantité d’autres, elle se hisse vers des sommets à hauteur des mâles blancs qui dominaient l’époque. Coup double aux Grammy 1968 – les premiers d’une très longue série, dix-huit au total –, la chanson truste les charts pop, quatorze semaines au top des ventes afro-américaines où la concurrence est alors plutôt sévère, et intronise la « Soul Sister » (surnom emprunté à son précédent disque) en reine du genre  : « Queen of Soul », pas moins. Elle ne sera jamais détrônée.

      Pourtant l’album enregistré entre Muscle Shoals, l’usine à tubes d’Alabama, et New York, où elle dut se replier avec quelques musiciens sudistes, fut accouché dans la douleur, tel que relaté par un autre biographe émérite d’Aretha Franklin, le Français Sebastian Danchin (Portrait d’une natural woman, aux éditions Buchet Chastel). Toujours est-il que le 28 juin 1968, elle fait la une de l’hebdomadaire Time  : un simple portrait dessiné d’elle, discrètement barré d’un explicite The Sound of Soul. Cette année-là, elle est juste derrière Martin Luther King en termes de ­notoriété.

      Atteinte d’un cancer et officiellement rangée des hits depuis début 2017, la grande prêcheuse du respect est morte cinquante ans plus tard à Détroit, à 76 ans, devenue pour l’éternité celle dont un président des Etats-Unis (pas le moins mélomane, Barack Obama) a pu dire  : « L’histoire américaine monte en flèche quand Aretha chante. Personne n’incarne plus pleinement la connexion entre le spirituel afro-américain, le blues, le r’n’b, le rock’n’roll – la façon dont les difficultés et le chagrin se sont transformés en quelque chose de beau, de vitalité et d’espoir. »
      Premier disque

      Avant d’en arriver là, tout n’était pas écrit d’avance pour cette fille de pasteur, née le 25 mars 1942 dans le Sud profond, où la ségrégation fait force de loi. Grandie dans le giron de ce père homme de foi, Aretha Louise Franklin trouve sa voix à l’église, comme souvent. Elle a pour premier modèle son paternel, personnalité aussi sombre à la maison qu’auréolée de lumière sur l’estrade  : le pasteur Clarence LaVaughn Franklin enregistre et publie ses gospels sur la firme Chess, fréquente les stars (Sam Cooke, Jackie Wilson, Art Tatum…), enchaîne les tournées, au risque de délaisser le foyer où les enfants se débrouillent comme ils peuvent. D’autant que leur mère, Barbara Siggers, « immense chanteuse gospel » selon la diva Mahalia Jackson, a quitté le foyer au lendemain des 6 ans d’Aretha.

      Sept années plus tard, l’adolescente grave son premier disque, avec le chœur de la New Bethel Baptist Church, le sanctuaire au cœur du ghetto de Detroit où son père célèbre sa mission sur Terre. L’année qui suit, elle accouche d’un premier enfant, suivant là encore les traces du prédicateur, par ailleurs fornicateur à ses heures  : une des demi-sœurs de la jeune Aretha est le fruit de relations illicites avec une paroissienne de 13 ans  !
      Ferveur inégalée

      Avant 18 ans, Aretha a déjà deux enfants. Autant dire un sérieux handicap pour qui entend faire carrière en musique. C’est pourtant la même, certes délestée des bambins qui se retrouvent chez mère-grand Rachel, qui est castée par le talent-scout John Hammond. Elle a 19 ans quand elle débarque à New York pour intégrer l’écurie Columbia, où la future Lady Soul – autre surnom absolument pas usurpé – est censée suivre le sillon creusé par Lady Day, la femme au chihuahua Billie Holiday. Las, l’histoire ne se répète jamais, et malgré d’indéniables talents et de petits succès dont un bel hommage à Dinah Washington, une de ses références avouées, et un recommandable Yeah où elle tente déjà de faire siennes quelques rengaines empruntées à d’autres, celle qui sera plus tard la première femme à rejoindre le Rock’n’roll Hall of Fame ne parvient pas à se distinguer dans le jazz. Jusqu’à ce qu’elle franchisse le Rubicon, en passant chez Atlantic où, outre Jerry Wexler, elle trouve en Arif Mardin un directeur musical à son écoute.

      « Quand je suis allée chez Atlantic Records, ils m’ont juste assise près du piano et les tubes ont commencé à naître. » Il ne faudra jamais oublier qu’à l’instar d’une Nina Simone, Aretha Franklin était aussi une formidable pianiste. La liste des classiques enregistrés en moins de dix ans donne le tournis  : Baby I Love You, (You Make Me Feel Like) A Natural Woman, Think, (Sweet Sweet Baby) Since You’ve Been Gone, Chain of Fools, Until You Come Back to Me… Entre 1967 et 1974, la porte-voix d’une communauté chante ou déchante l’amour, en mode énervé ou sur le ton de la confidence sur oreiller, portée par des arrangements luxuriants ou dans ce dénuement propre à magnifier les plus belles voix sudistes (de Wilson Pickett à Sam & Dave). Dans cette série qui ressemble à une irrésistible ascension, chacun a ses favoris  : Call Me, par exemple, pas forcément le plus gros succès, demeure une ballade pour l’éternité où elle fait valoir toute la classe de son toucher sur les noires et ivoire. A moins que ce ne soit I Say a Little Prayer, le cantique écrit par Burt Bacharach et Hal David pour Dionne Warwick (qui se le fera chiper), tout en légèreté laidback. Qu’elle flirte volontiers avec la pop, reste fidèle à l’esprit de la soul ou mette le feu au temple frisco rock Fillmore West dans un live mémorable avec le terrible saxophoniste r’n’b King Curtis, son directeur musical assassiné quelques mois plus tard, la voix d’Aretha Franklin transcende toujours les sacro-saintes chapelles avec une ferveur inégalée. Celle héritée du gospel, la genèse de tout, auquel elle rend un vibrant hommage en 1972 avec Amazing Grace, un office avec le révérend James Cleveland qui devient le premier disque du genre à réussir la jonction avec le public profane.

      La série va pourtant s’arrêter au mitan des années 70, alors que Jerry Wexler s’apprête à quitter la maison mère pour rejoindre Warner Bros. A Change Is Gonna Come, pour paraphraser la superbe complainte qu’elle a empruntée à Sam Cooke dès 1967. Le disco triomphe, et bientôt le rap qui saura lui rendre hommage, à l’image de Mos Def revisitant One Step Ahead ou de Lauryn Hill s’investissant dans The Rose Is Still a Rose. Orpheline de son mentor, Franklin elle-même quitte en 1980 Atlantic pour Arista. La chanteuse ne s’en remettra pas, alors même qu’elle parvient à toucher un public rajeuni en étant au générique des Blues Brothers. Elle y chante en femme de ménage (mais chaussée de mules en éponge roses  !) Think, hymne à la liberté et à la féminité affirmée haut et fort (encore).

      Ombre d’elle-même

      La scène d’anthologie marque les esprits, mais dans la vraie vie, Aretha Franklin n’aspire qu’à des productions de plus en plus pompières, qui masquent par leur outrance l’essentiel  : ses exceptionnelles qualités d’interprète. Les interventions de jeunes musiciens comme Marcus Miller ou Narada Michael Walden n’y font rien, même si avec ce dernier elle parvient une nouvelle fois à toucher furtivement la place de numéro 1 des charts r’n’b.

      Si elle se fait rare en studio, si elle ne marque plus l’histoire de la musique, elle n’en demeure pas moins une icône pour les nouvelles générations. George Michael s’adonne ainsi à un duo – une spécialité de la diva, qui sans doute trahissait déjà un réel manque de renouvellement – avec celle qu’il considère comme une influence majeure. Toutes les chanteuses de nu soul prêtent allégeance à la première dame, qui de son côté s’illustre dans la rubrique mondanités. Elle traverse ainsi les années 90 en ombre d’elle-même, caricature de ses grands millésimes, qu’elle fructifie. Elle n’en reste alors pas moins une figure que l’on met aisément en couverture, affichant des looks pas toujours raccords, et au premier rang des chanteurs de tous les temps selon Rolling Stone.

      De come-backs avortés en retours guettés par des fans toujours en demande, rien n’y fait. La star, rentrée vivre à Detroit, attise pourtant les désirs et envies des jeunes producteurs : André 3000 d’Outkast et Babyface mettent même un album en chantier, alors que l’année d’après, en 2014, le festival de jazz de Montréal la fait remonter sur scène. Longue robe blanche, cheveux blonds, elle assure le show.

      Trois ans plus tard, elle est encore en blanc, mais considérablement amaigrie, pour un gala au profit de la fondation Elton John, à New York. Plus que de résurrection, cela sonne comme un concert d’adieux. Néanmoins, on gardera plutôt en souvenir le dernier grand moment d’une carrière hors norme de cette chanteuse  : le 6 décembre 2015 lors des prestigieux Kennedy Center Honors, elle entre en scène en manteau de fourrure, voix aussi sûre que son doigté au piano, pour interpréter (You Make Me Feel Like) A Natural Woman devant le couple Obama, auquel elle avait déjà fait l’honneur de chanter lors de son investiture en 2009. Comme la révérence d’une voix pas ordinaire, en tout point populaire.

      Jacques Denis

    • « Aretha Franklin a chanté son époque, avec son époque, et pour son époque »
      Isabelle Hanne, Libération, le 16 août 2018
      http://www.liberation.fr/planete/2018/08/16/aretha-franklin-a-chante-son-epoque-avec-son-epoque-et-pour-son-epoque_16

      Daphne Brooks, professeure d’études Afro-américaines à l’université Yale, revient sur la figure d’Aretha Franklin et sa place dans l’histoire musicale et nationale.

      Daphne Brooks, 49 ans, professeure d’études afro-américaines à l’université Yale, écrit sur la question raciale, le genre et la musique populaire. Elle a ­notamment travaillé sur le parcours d’Aretha Franklin pour son ­livre Subterranean Blues  : Black Women and Sound Subcultures (à paraître) et a donné plusieurs conférences sur la Queen of Soul, qu’elle a rencontrée à l’occasion d’une lecture à Princeton qui lui était dédiée. Elle s’intéresse ­particulièrement aux moments où les artistes Afro-Américaines se retrouvent à la croisée entre les ­révolutions musicales et la grande histoire nationale, Aretha Franklin étant la figure ty­pique de ces intersections.
      Que représente Aretha Franklin pour vous  ? Quels sont vos ­premiers souvenirs d’elle  ?

      J’ai grandi dans les années 70 en Californie, dans une famille qui écoutait de la musique en permanence alors qu’elle avait déjà acquis le statut de « Queen of Soul ». Elle a toujours été omniprésente dans mon monde.
      Comment est-elle devenue l’un des objets de vos recherches  ?

      La musique d’Aretha Franklin, c’est le son de la conquête des droits ­civiques, du Black Power, ce ­mélange de joie, de blackness, ce sens de la fierté, notre héritage afro-amé­ricain. Elle a su trans­mettre cette beauté intérieure dans ses chansons.
      Quels sont les liens entre Aretha Franklin et le mouvement de lutte pour les droits civiques  ?

      Ils sont nombreux. Son père, C.L. Franklin, était ce pasteur très célèbre à Detroit et son église, la New Bethel Baptist Church, un haut lieu du combat pour les droits civiques. Il galvanisait un public noir à travers ses sermons diffusés à la radio pendant les années 50 [puis commercialisés sur disque, ndlr]. Il accueillait Martin Luther King lors de ses séjours à Detroit. Aretha Franklin a d’ailleurs accompagné ce dernier à plusieurs manifestations et chanté lors de ses funérailles. Mais cette connexion ne se limite pas à ces liens familiaux. Sa musique, elle aussi, s’inscrit dans ce contexte historique. Il y a, bien sûr, son ADN gospel. Et pas seulement  : Respect, la chanson écrite par ­Otis Redding mais réinterprétée par Franklin en 1967, une année pivot [l’année du « Long, Hot Summer », une série d’émeutes raciales], est devenue instantanément un hymne des droits civiques, de l’émancipation des Noirs, du Black Power et du mouvement féministe. Trois ans plus tôt, en 1964, elle avait déjà ­enregistré Take a Look, dont les paroles avaient fortement résonné lors du « Freedom Summer », cet été où des centaines d’étudiants ont risqué leur vie pour inscrire des Noirs sur les listes élec­torales du Mississippi [« Lord, what’s happening / To this human race  ? / I can’t even see / One friendly face / Brothers fight brothers / And sisters wink their eyes […] / Just take a look at your children / Born innocent / Every boy and every girl / Denying themselves a real chance / To build a better world. »] Dans sa musique elle-même, elle a su articuler ce chagrin et ce regard sur l’humanité si propre à la soul music.
      Vous dites qu’elle n’a pas seulement été une voix des droits ci­viques, comme Nina Simone, mais qu’elle a également eu un impact sur le féminisme afro-américain  ?

      Aretha a chanté son époque, avec son époque, et pour son époque. Avec des chansons comme Natural Woman, elle s’est aussi exonérée d’une certaine image pour se ­connecter au mouvement féministe moderne, au féminisme noir. Très tôt dans sa carrière, elle s’est donné le droit de chanter les tourments émotionnels des Afro-Américaines avec tellement de genres musicaux différents  : c’était son appel à l’action, à l’émancipation des Noires aux Etats-Unis. Elle a chanté la ­bande-son complexe de la femme noire qui se réinventait. Elle montre que cette dernière peut être un ­sujet doué d’émotions complexes, d’une volonté d’indépendance… Toutes ces choses qui ont été si longtemps refusées aux Afro-Américains aux Etats-Unis. Elle a vraiment été dans la droite ligne du Black Power  : désormais, les Noirs montrent qu’ils n’ont pas besoin de s’excuser d’exister.
      Elle a aussi été cette icône aux tenues extravagantes, luxueuses, en perruque et fourrure. Peut-on dire qu’elle a participé à façonner une certaine féminité noire  ?

      Oui, mais comme d’autres activistes ou artistes noires, telle Diana Ross par exemple, qui ont en effet développé cette image de la beauté noire glamour, somptueuse. Mais elle a également montré, dans les années 70, une image plus afrocentriste, avec des tenues plus sobres et une coiffure afro.
      A bien des égards, Aretha Franklin est une synthèse des Afro-Américains...

      Elle est née dans le Sud, à Memphis (Tennessee), mais elle a grandi dans le Nord, à Detroit, dans le Michigan. Sa famille a fait comme des millions d’Afro-Américains au milieu du XXe siècle  : ils ont déménagé du Sud vers le Nord, ce phénomène qu’on appelle la Grande Migration [de 1910 à 1970, six millions d’Afro-Américains ont émigré du sud des Etats-Unis vers le Midwest, le Nord-Est et l’Ouest, pour échapper au racisme et tenter de trouver du travail dans les villes indus­trielles]. Elle a aussi su faire la synthèse ­entre tous les genres musicaux afro-américains, de la soul au r’n’b, de la pop au jazz. Aretha Franklin fait partie, fondamentalement, de l’histoire des Noirs américains. Elle appartenait à cette génération d’Afro-Américains qui a sondé l’identité noire, qui venaient du Nord comme du Sud, urbains comme ruraux, passionnés de jazz, de blues, de r’n’b et de pop. Le tout en se battant pour faire tomber les murs de la ­culture Jim Crow [les lois qui organisaient la ségrégation raciale] à travers l’agitation sociale et la performance artistique.
      Isabelle Hanne correspondante à New York

  • Comment la Russie a fait élire Trump à la Maison Blanche

    « Oh Nikita is the other side of any given line in time/Counting ten tin soldiers in a row/Oh no, Nikita you’ll never know » (« Nikita », Elton John) | Terrorismes, guérillas, stratégie et autres activités humaines
    http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2017/12/06/democracy-dies-in-darkness

    On sort de ce livre pris de vertige. Luke Harding, grand reporter au quotidien britannique The Guardian, que l’on ne soupçonnera pas d’être trop atlantiste (point Védrine), décrit dans Collusion, avec une précision diabolique, les liens nombreux et complexes du président Trump, de ses affaires et de ses collaborateurs avec le pouvoir, le crime organisé et les services russes.

    MICE

    Ecrit sobrement (et pas nécessairement très bien traduit), le livre de Harding part du fameux rapport Steele, notamment consacré aux leviers dont Moscou disposerait sur Donald Trump, pour décrire par le menu l’évolution des relations entre le milliardaire avec la Russie. Reprenant et complétant les très nombreux articles de la presse américaine et anglaise, le journaliste explore l’entourage du président américain et précise et explique les accusations qui ne cessent de fragiliser son entourage.

    Sans jamais se laisser aller à des jugements de valeur, Harding met de l’ordre dans cet écheveau d’affaires, de relations tordues et de corruption pour nous le rendre intelligible. Grâce à la clarté du propos, qui évoque souvent les fils que Corentin Sellin tisse sur Twitter, l’auteur nous place au cœur de la crise institutionnelle permanente qu’est devenue la vie politique américaine depuis l’élection de Donald Trump, au mois de novembre 2016. Il ne juge pas, mais il raconte, et c’est bien suffisant.

    On ne peut, en effet, qu’être abasourdi par le mélange de bêtise crasse, d’ignorance assumée, d’idéologie de comptoir et de vulgarité que semble être le président. Harding nous livre des anecdotes qui pourraient faire sourire (on pense à Bob Roberts) si elles n’étaient pas si vertigineuses. Mais le plus important est ailleurs. Si Donald Trump a été élu grâce aux terribles brèches de la société américaine, c’est aussi qu’il a bénéficié du soutien, direct et indirect, de Moscou.

    Ce que décrit Harding dans Collusion n’est pas seulement l’arrivée au pouvoir d’un satrape dont le comportement ne cesse de nourrir les questionnements au sujet de sa rationalité, voire de son état mental, mais bien la plus extraordinairement ambitieuse opération de déstabilisation de l’Histoire. Comme son titre l’indique parfaitement, Collusion est aussi, si ce n’est d’abord, un livre sur le renseignement, le recrutement et la manipulation, et il montre les services extérieurs russes à la manœuvre. Harding décortique la façon dont Trump et son entourage sont environnés, approchés, recrutés, manœuvrés, et dans certains cas compromis.

    C’est, en particulier, le cas du président américain lui-même, qui serait tenu de façon assez ferme (je ne mentionne pas où, des enfants pourraient me lire) à la suite de pratiques intimes dûment observées par les petits plaisantins des SR russes. Le recrutement de sources par la compromission (kompromat) n’est évidemment pas l’apanage de nos petits camarades moscovites, mais les braves garçons sont des maîtres respectés de la méthode, et je me souviens avoir participé à des réunions de sensibilisation à des destination de délégations diplomatiques françaises. Certains ricanaient. J’espère qu’ils le peuvent encore.

    Harding, citant Steele, avance nettement, faits et dates à l’appui, l’hypothèse d’un Trump tenu par les Russes, et entouré de conseillers eux-mêmes étroitement connectés. Il détaille les relations financières du chef de l’Etat avec des oligarques et des mafieux, démontre de façon assez convaincante – et stupéfiante – que les sociétés de l’empire Trump ont blanchi de l’argent du crime organisé ou ont été parfois mystérieusement sauvées de la faillite par la Deutsche Bank, et il dévoile, l’air de rien, le vide intellectuel abyssal du milliardaire et de son entourage. Le général Flynn, qui ne doit plus beaucoup faire rêver du côté de la DRM et dont le rôle est décidément bien trouble, y est par exemple décrit comme un affairiste agressif, épais et mal embouché. Comme le glisse l’auteur, son livre « ne valait pas mieux que les coups de gueule d’un pilier de comptoir ». Il faut admettre ici que nous avons les mêmes ici, et qu’ils ont parfois de hautes fonctions éditoriales. Quant à Paul Manafort, ce que l’on apprend de lui est assez sidérant, en particulier au sujet de ses activités en Ukraine.

    #Trump

  • Soundbreaking - La grande aventure de la musique enregistrée | ARTE Creative
    http://creative.arte.tv/fr/series/soundbreaking

    Passionnante aventure artistique et technologique, la mise au point de l’enregistrement de la #musique s’est déroulée sur plus d’un siècle.

    Avènement du multipistes, rôle du producteur, rendu de la voix, révolution numérique… : sur une bande-son d’anthologie, Soundbreaking (titre qui joue sur les mots sound et groundbreaking, en français « révolutionnaire » ou « novateur ») raconte les plus belles pages de cette épopée, avec la participation de grands noms de la musique, d’Elton John à Catherine Ringer, de Christina Aguilera à Annie Lennox, de Tony Visconti, le producteur de David Bowie, à Nigel Godrich, celui de Radiohead.

    En 6 épisodes, Soundbreaking retrace la formidable épopée artistique et technologique de la musique.

    #histoire @lucile @laetitia @opironet (@shewk recommande fortement)

  • Elton John, The Dø, Chet Faker, Étienne Daho : la belle partition des concerts de la rentrée - Lille et ses environs - nordeclair.fr
    http://www.nordeclair.fr/info-locale/elton-john-the-do-chet-faker-etienne-daho-la-belle-jna49b0n439466?xtor=RS

    Les promesses

    On les reverra avec grand plaisir ou la rumeur dit le plus grand bien de ces jeunes chanteurs. Dans la première catégorie, citons le duo pop raffiné The Dø, le 13 décembre à l’Aéronef. Aussi l’Israélien Asaf Avidan, le 21 septembre au Colisée de Roubaix. Et les rares Pink Martini, le 23 octobre à Roubaix (souvenez-vous, Je ne veux pas travailler). On met aussi notre billet sur les exaltants Fools Gold, programmés le 5 octobre à la Péniche, ainsi que sur l’étonnant violoniste américain Kishi Bashi, vu au sein de Of Montreal, même salle, le 20.

    L’Aéronef démarre très fort, le 23 septembre avec les Canadiens gardiens du temple post-rock Thee Silver Mt Zion Memorial Orchestra, couplés avec The Besnard Lakes. Catégorie rock de costaud, le groupe belge Triggerfinger, le 2 octobre au Grand Mix à Tourcoing, fera des heureux. Dans cette salle où l’audace a toute sa place, on a aussi coché les noms de Tune-Yards (pop/electro/hip-hop joliment déstructurée) le 3 novembre, les deux soirées du festival des Inrocks les 13 et 14 novembre (avec Palma Violets, Parquet Courts, Baxter Dury, Ásgeir…) et l’Australien Chet Faker, déjà mini-phénomène electro-soul, le 16 novembre.

  • Elton John no longer satisfied with civil unions - he wants gay marriage | Gay Star News
    http://www.gaystarnews.com/article/elton-john-no-longer-satisfied-civil-unions-he-wants-gay-marriage101012

    Elton John no longer satisfied with civil unions - he wants gay marriage
    ’There is a world of difference between calling someone your ’partner’ and calling them your ’husband’
    10 October 2012 | By Greg Hernandez

    Elton John used to say the civil unions were enough and that same-sex couples didn’t really need marriage.

    He doesn’t feel that way anymore.

    The singer and David Furnish became domestic partners on December 25, 2005, the very first day gay couples in Britain were allowed to obtain a civil partnership.

    ’Now, six and a half years on from the happiest day of my life, when we have a beautiful boy called Zachary, I would love nothing more than to make history again - by marrying David,’ John writes in a column for the UK’s The Independent. ’If we legalize gay marriage in Britain, you can bet your last penny that I’ll be pushing to call him my husband at the first opportunity - though whether he or I go down on one knee is a matter for negotiation!’

    The Oscar and multiple Grammy winner acknowledges that a civil union is far more than same-sex couples get in other parts of the world where some people are persecuted for their sexuality. But that is no reason not to push for marriage in the UK.

    ’There is a world of difference between calling someone your ’partner’ and calling them your ’husband,’’ he writes. ’’Partner’ is a word that should be preserved for people you play tennis with, or work alongside in business. It doesn’t come close to describing the love that I have for David, and he for me. In contrast, ’husband’ does.’

    ’A ’husband’ is somebody that you cherish forever, that you would give up everything for, that you love in sickness and in health,’ he adds. ’Until the law recognizes David Furnish is my husband, and not merely my partner, the law won’t describe the man I know and adore.’

  • Rachel Corrie’s parents accept LennonOno peace grant from Yoko Ono on behalf of their daughter | The Electronic Intifada
    http://electronicintifada.net/blogs/ali-abunimah/rachel-corries-parents-accept-lennonono-peace-grant-yoko-ono-beh

    Carol Blue Hitchens, US author John Perkins, Yoko Ono, US singer Lady Gaga, Craig and Cindy Corrie, parents of peace activist Rachel Corrie pose during the Lennon Ono Grant For Peace awards ceremony in Reykjavik, Iceland on October 9, 2012.
    (Thorvaldur Orn Kristmundsson / AFP/GettyImages)