person:emily martin

  • Folie du Vieux Monde, folie du Nouveau Monde - La Vie des idées
    http://www.laviedesidees.fr/Folie-du-Vieux-Monde-folie-du.html

    le livre de Martin rend justement éclatante une différence entre l’Ancien et le Nouveau Monde, qui porte beaucoup moins sur le contenu strict des symptômes maniaco-dépressifs (une alternance cyclique d’état d’exaltation et de dépression) que sur leur sens et leur valeur à la fois morale et sociale. En somme, la bipolarité américaine, depuis les années 2000 au moins, constitue un type morbide qui conditionne aujourd’hui dans le monde entier la compréhension de l’ancienne psychose maniaco-dépressive, mais elle pourrait bien n’avoir qu’un très lointain rapport avec ce qu’était cette affection pour les psychiatres français et allemands qui l’ont identifiée dans la seconde moitié du XIXe siècle. La raison en est simple : l’existence du trouble bipolaire est aujourd’hui à ce point conditionnée par son traitement psychopharmacologique, qu’un psychiatre américain, sur un site d’information lue par presque toute la profession outre-Atlantique, Medscape ©, a récemment proposé de le rebaptiser « drugpolar disorder », le trouble « médicamentopolaire ». Et il a bien raison. En effet, il ne s’agit désormais plus que d’abraser les pics maniaques et de combler les gouffres dépressifs, avec l’espoir de trouver pour chaque malade le philtre magique qui lui convient. Les exemples d’Emily Martin sont éloquents : les malades y paraissent constamment en quête de la formulation miraculeuse qui les empêchera de sombrer trop bas, tout en leur permettant de profiter de l’excitation supposée « créative », et en tout cas clairement voluptueuse, des états submaniaques, avant qu’ils n’en perdent le contrôle et ne se mettent à délirer franchement.

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