person:emmanuel brenner

  • +Entretien avec Ivan Segré
    La philosophie française et les « Juifs »+
    Basile Dewez et Ivan Segré
    http://labyrinthe.revues.org/4092

    L’apparition d’un courant intellectuel français qui, au nom de la « défense d’Israël » et de la « lutte contre l’antisémitisme », a développé un argumentaire réactionnaire, contre les Maghrébins ou les Noirs d’identité musulmane, plus largement contre les jeunes des quartiers populaires, et contre les progressistes, est un phénomène notoire. L’originalité de mon analyse, c’est de montrer que, à y bien regarder, ce courant intellectuel français n’est absolument pas le symptôme d’un « repli communautaire juif », comme on a pu le penser, mais plutôt l’avant-garde d’une réaction idéologique dont le mot d’ordre véritable est la défense de l’Occident, et non la défense des Juifs ou d’Israël.

    Des intellectuels comme Shmuel Trigano, Alexandre Adler, Alain Finkielkraut, Emmanuel Brenner (alias Georges Bensoussan) ou encore Pierre-André Taguieff, bien loin de s’inscrire dans une pensée sioniste ou de se soucier de la « lutte contre l’antisémitisme », renouent en fait avec le mot d’ordre réactionnaire et xénophobe de la « défense de l’Occident ». Car, comme je l’indiquais plus haut, la défense de l’État d’Israël ne comptera bientôt pour rien dans cette affaire, l’essentiel étant de produire une argumentation qui désigne le « musulman » et le « gauchiste » comme des ennemis de la démocratie occidentale. Pour exemple, je cite dans mon livre un texte d’Alexandre Adler qui, dans l’Odyssée américaine (Grasset, 2004), nous fait part de ses visions prophétiques sur l’avenir de l’État d’Israël, et conclut : « L’une des frontières de l’Amérique se situera bientôt sur le Jourdain, mais ce sera une frontière électronique, cybernétique, balistique, laissant aux gardes-frontières juifs et druzes le soin de faire la police au sol, face à un État palestinien qui, étroitement relié aux forces nationalistes et sunnites les plus résolues, fera toujours partie du problème et non de la solution, au Moyen-Orient. » Il me semble que les visions prophétiques d’Alexandre Adler font clairement apparaître qu’en guise de défense d’Israël, ces intellectuels défendent une conception du judaïsme qui n’a d’autre consistance que celle-ci : des « gardes frontières juifs et druzes » chargés de faire « la police au sol » sur la frontière américaine du Jourdain.

    « La réaction philosémite ». Entretien avec Ivan Segré
    http://indigenes-republique.fr/la-reaction-philosemite-entretien-avec-ivan-segre

    #racisme #antisémitisme #philosophie #histoire #anti_philosophie #Marx #juifs #Ivan_Segré

  • Contre la calomnie consensuelle à l’encontre des gens des cités populaires. Par Yvan Najiels
    http://blogs.mediapart.fr/blog/yvan-najiels

    Chacun peut voir, chacun peut mesurer que, depuis les attentats effroyables à Charlie Hebdo et dans une supérette juive de Paris, le consensus médiatico-parlementaire a endossé l’antienne qui jusqu’à présent n’était franchement assumée que par MM. Zemmour, Finkielkraut, Taguieff ou encore Redeker et nombre de journalistes de Marianne ainsi que par Mmes Schemla, Sorel, Bougrab et quelques autres.
    Ce discours se justifie aux yeux de ses auteurs par un prétendu retour de l’antisémitisme dans les cités populaires, les banlieues et les quartiers dans lesquels résident, disons-le, beaucoup de gens venus d’Afrique noire ou du Nord. Il soutient, par une sinistre ironie de l’Histoire, la nécessité d’épurer la France d’une partie de sa population. Cela parce que les actes de Youssouf Fofana, assassin d’Ilan Halimi, de Mohamed Merah ou d’Amedy Coulibaly, preneur d’otage il y a plus de 10 jours à l’Hypercacher de la Porte de Vincennes, semblent enfin donner raison à celles et ceux qui dénoncent l’aveuglement supposé de nombre d’intellectuels et/ou de politiques à propos d’un retour, donc, d’une vieille passion criminelle française.
    Pour qui, et c’est mon cas, écoute souvent France Inter le matin, la doxa de MM. Finkielkraut et consorts est devenue, depuis les attentats des 7 et 9 janvier 2015, le discours de l’Etat et de ses relais. Ce matin encore, Iannis Roder, professeur d’histoire-géo à St-Denis, venait dire, au micro de Patrick Cohen, à quel point nos élèves (j’enseigne aussi en Seine-Saint-Denis) seraient antisémites, sexistes et, pour tout dire, des graines d’islamistes. Un discours qui, il y a une trentaine d’années, aurait fait scandale du côté de la gauche parce que paru dans le Figaro Magazine qui annonçait, en 1985, « Dans 30 ans, c’est sûr, la France sera une république islamique » est désormais l’antienne assumée d’une gauche républicaine décomplexée qui a fait, depuis 30 ans environ, le lit du Front national dont, hélas, les thèses islamophobes se sont répandues dans la société française.
    Le consensus raciste d’Etat et de l’opinion qui lui est homogène est donc tel que ce matin, sur France Inter, des « thèses » en vérité pas éloignées de la prose d’Eric Zemmour étaient proférées le plus naturellement du monde avec, au cours de l’entretien avec Iannis Roder, la parole donnée à Emmanuel Brenner (en vérité Georges Bensoussan), auteur il y a un peu plus de dix ans d’un livre intitulé Les territoires perdus de la République.
    Le titre de ce livre est édifiant. Puisque territoires perdus il y a, il est vital de les reconquérir par une guerre ("Nous sommes en guerre", disent de nombreux républicains consensuels) qui ressemblerait à une Reconquista et cela annonce, chez Brenner-Bensoussan comme chez Zemmour, un profond désir de guerre civile afin d’en finir avec la supposée barbarie archaïque orientale et musulmane qui infesterait nos banlieues populaires. Haro sur les mahométans et les mahométanes !, nous disent, en écho aux croisés chrétiens du Moyen-Âge, les croisés de la République et de l’Occident.
    C’est que, nous dit Brenner-Bensoussan, les enfants des cités populaires, les Maghrébins et/ou les musulmans comme l’énonce clairement la quatrième de couverture de son livre, sont antisémites. D’ailleurs, son livre fait état de quelques cas d’incidents qui prouvent que le nazisme est de retour, pas moins !, puisqu’il a du reste implicitement renvoyé nos élèves à cette figure du Mal radical, omettant juste de signaler que cette figure est... occidentale !
    Je suis moi aussi professeur dans le 9-3 et j’ai eu cette année une remarque antisémite d’un éléve soralien en classe. Les autres élèves se sont élevés contre le propos négationniste de leur camarade et je sais que, dans nos établissements de villes populaires, la lecture, par ex., du livre de Primo Levi, Si c’est un homme émeut au plus au point les classes.
    Que ce livre émeuve les élèves alors qu’a contrario les visites à Auschwitz ne se passent pas toujours très bien s’explique en vérité assez simplement et c’est d’ailleurs le point que dissimulent à dessein MM. Roder et Brenner-Bensoussan. Le discours standard sur l’antisémitisme (avec visite à Auschwitz, parfois) finit toujours par justifier Israël jusque dans ses exactions et sa nature ségrégationniste alors que le livre de Primo Levi - qui qualifia Begin de fasciste - s’inscrit dans l’universel. Rien d’étonnant, toutefois : Iannis Roder écrit régulièrement dans Causeur, la sympathique revue d’Elisabeth Lévy qui, tous les dimanches (oecuménisme occidentaliste, sans doute), invite par ailleurs sur RCJ son compère Finkielkraut à déverser sa haine bien souvent islamophobe tandis que M. Brenner-Bensoussan, depuis Les territoires perdus... a publié France, prends garde de perdre ton âme, ce qui explique l’angle mort de ces deux pompiers pyromanes.
    Pour faire un petit détour, ce qui se passe en ce moment en France est l’acte II de la proscription d’une partie du peuple (singulièrement de la jeunesse) de ce pays, déjà observée au moment des manifestations interdites de cet été contre l’épouvantable bombardement de Gaza par l’armée israélienne et avec le soutien du pouvoir socialiste de MM. Hollande et Valls, les mêmes qui désormais voudraient qu’on fasse chanter La Marseillaise en classe et qui bénéficieront peut-être bientôt du soutien de M. Finkielkraut et de Mme Schemla.
    Qu’il y ait de l’antisémitisme en France (et ailleurs), nul n’en doute. Qu’il soit massif et singulièrement vivace dans les quartiers populaires où vivent beaucoup de prolétaires venus du tiers-monde avec leurs familles est tout bonnement une calomnie à laquelle il faut tordre le cou car elle est l’antienne répandue qui légitimerait la haine du parlementarisme blanc et bourgeois contre des « salauds de pauvres » dépeints comme des sauvages barbares équivalents à celles et ceux que la France, « grande nation des Lumières », alla « civiliser » dans la seconde partie du XIXème siècle à coups de canons et de cérémonies de dévoilement sur quelques grandes places de l’Algérie française.
    Ce que MM. Roder, Finkielkraut et/ou Brenner-Bensoussan et ce que Mmes Schemla et Elisabeth Lévy appellent antisémitisme est en vérité un antisionisme brut, non complètement pensé ni intellectualisé d’une certaine manière. Cela ne signifie pas qu’il faille entériner d’éventuels propos antisémites mais d’abord, il serait bon d’avoir un véritable relevé des actes de ce type et ensuite, il faut bien avoir à l’esprit que nombre de celles et ceux qui dénoncent une France dont les banlieues seraient un repaire de brigands antisémites recyclent de fait le discours israélien dont le dessein est de pousser nombre de juifs et de juives à quitter la France pour rejoindre l’état de 1947.
    On a bien vu, lors des manifestations de cet été, certains relais de l’Etat d’Israël colporter, sans craindre le négationnisme pur et simple, que les rues de Paris étaient le théâtre de pogroms et de l’équivalent de la Nuit de Cristal (c’est ce que racontait le député UDI franco-israélien Meyer Habib). On a entendu BHL parler des manifestants propalestiniens comme de « djihadistes du dimanche » et le chef du CRIF, M. Cukierman, tient des propos semblables.
    De fait, dans le discours médiatico-parlementaire, juif et sioniste, c’est la même chose. Le résultat d’Auschwitz, c’est la création d’Israël, dit ce discours qui confisque à usage personnel la mémoire du judéocide. Cette confusion et cette confiscation, organisées à dessein pour servir la cause de l’état d’apartheid israélien, ne sont pas sans effet auprès de certains dans les cités populaires qui, par une solidarité légitime avec la Palestine martyrisée, peuvent évidemment reprendre le vocabulaire de désorientation que leur tend leur ennemi occidentaliste israélien. En Israël, ces ennemis s’appellent Bennett, Lieberman et Netanyahou. En France, ce sont Taguieff, Finkielkraut ou bien encore Roder et Brenner-Bensoussan.
    Césaire disait dans son Discours sur le colonialisme que ce qui choquait beaucoup de gens était que Hitler avait tué des blancs. Cette idée mérite d’être nuancée car les juifs d’Europe d’avant l’Extermination n’étaient pas des blancs. Le blanchissement eut lieu après 1945 et l’Etat d’Israël en est le nom le plus éclatant. Il suffit de voir les photos des gens du shtetl, celles de Roman Vishniac par exemple, pour constater que les Ashkénazes ressemblaient d’un certain point de vue aux musulmans et aux musulmanes des cités populaires d’aujourd’hui. Une tradition qui résiste à la globalisation, à la modernité marchande dans ce que celle-ci a de plus éradicateur subjectivement.

    Qui le sait, parmi nos élèves ? Que montrent les institutions officielles du judaïsme si ce n’est Netanyahu acclamé aux cris de « Israël vivra, Israël vaincra ! » à la Synagogue des Victoires à Paris au soir de la manif Charlie ? Que reste-t-il de la mémoire du Bund, de Léon Trotski, de Rosa Luxemburg, du messianisme matérialiste de Walter Benjamin, des grands parents d’Ivan Jablonka (juifs communistes polonais antisionistes) de Henri Krasucki ou de Marek Edelman, persona non grata en Israël ? Pas grand chose. Un héritage englouti.
    C’est bien pourtant cette histoire-là qui permettrait de parler ou non d’antisémitisme car, sans elle, le nom juif continuera, pour parler comme Cécile Winter, à être enrôlé dans l’étendard Occident déployé dans nos guerres sans fin. Cette mémoire-là, disons le tout net, ne soucie pas nos nouveaux propagandistes guerriers de l’Occident, relais d’un monde sans messianisme et lieutenants de la loi d’airain du capital.

  • " Les territoires perdus de la République , paru en 2002, et qui a fait grand bruit à l’époque, au point que la référence à cet ouvrage est devenue un lieu commun du discours médiatique, mais aussi gouvernementale. C’est un recueil de témoignages d’enseignants du secondaire sur l’antisémitisme, le racisme et le sexisme dans les lycées et collèges. Emmanuel Brenner, pseudonyme de l’historien Georges Bensoussan, explique dans l’introduction à cet ouvrage qu’il y a une résurgence très inquiétante de l’antisémitisme dans les écoles et que le phénomène est massivement attribuable aux jeunes d’origine maghrébine. Il explique également, notamment dans un second ouvrage, « France prends garde de perdre ton âme », paru celui-ci en 2004, que l’antisémitisme des jeunes maghrébins est un phénomène qui, bien que massif au vu de ce qu’il appelle « la réalité du terrain », est pourtant nié par les sociologues. Il appelle cela « l’illusion sociologique », autrement dit le désir de tout ramener à des causes socio-économiques alors qu’en réalité, les maux de notre société sont selon lui largement attribuables à des causes qu’il appelle « ethno-culturelles », soit grosso modo le fait d’être un Arabe ou un Noir d’identité musulmane. C’est du moins ce qu’a dit explicitement Alain Finkielkraut à propos des émeutes de l’hiver 2005, précisant tout de même que ce n’est pas tous les Noirs et tous les Arabes. Autrement dit, selon Finkielkraut, tous les émeutiers sont des Noirs et des Arabes, mais tous les Noirs et les Arabes ne sont pas des émeutiers. C’est donc une « réalité du terrain » qu’on nous décrit, et non un credo d’extrême droite qu’on nous assène. A ceci près qu’une fois posé qu’on est un émeutier, ou un antisémite, parce que on est un Arabe ou un Noir d’identité musulmane, la conséquence est que tout Arabe ou tout Noir d’identité musulmane est un suspect. Finkielkraut écrit quelque part qu’il ne faut pas, je cite : « laisser le monopole du réel au Front National ». Mais une fois qu’on accorde au Front National qu’il tient un discours réaliste, tandis que les intellectuels ou les progressistes sont eux dans le déni, l’affaire est entendue : il n’y a plus qu’à tenir un discours d’extrême droite tout en expliquant doctement que Le Pen est un individu parfaitement infréquentable. De là qu’on colle un fonctionnaire de la Défense sur tout chercheur du CNRS qui travaille sur les Noirs ou les Arabes d’identité musulmane, il n’y a qu’un pas que le gouvernement de Nicolas Sarkozy a semble-t-il franchi. Je fais évidemment allusion à l’affaire Geisser. Face à ce type d’argumentaire, il n’y a qu’une seule réponse, et c’est l’analyse. Mon approche sociologique a été la suivante : s’en tenir aux documents dont Georges Bensoussan a fait lui-même état, à savoir les témoignages des enseignants qui ont été publiés sous sa direction et une étude statistique sur les préjugés anti-juifs chez les jeunes, qui est parue dans le livre « Les Anti-feujs », publié à l’initiative de l’UEJF. Ce sont en effet les deux seuls documents sur lesquels il s’appuie pour fonder sa thèse « ethno-culturelle » d’un antisémitisme d’origine principalement maghrébine. Vous comprenez donc, et c’est là essentiel me semble-t-il, qu’il ne s’agit pas de s’appuyer sur d’autres études de terrain pour réfuter sa thèse, ce qui nous plongerait dans des débats contradictoires au sujet des sources. Il s’agit de s’appuyer exclusivement sur les propres documents que lui, Georges Bensoussan, nous expose en guise de preuves. Or une analyse un tant soit peu critique de ces documents, et j’entends par critique un minimum de rigueur intellectuelle, met en évidence que rien, absolument rien ne justifie d’imputer au jeunes d’origine maghrébine une résurgence de l’antisémitisme dans les Collèges et les Lycées. En revanche, ce qui apparaît très rapidement à la lecture de ces témoignages, c’est qu’une poignée d’enseignants se sont réunis sous sa direction pour nous expliquer que l’antisémitisme, cela commence lorsqu’un surveillant d’origine maghrébine arbore une longue chemise blanche qui recouvre le pantalon, ou qu’on le surprend en train de prier dans une salle servant à ranger les cartes d’histoire-géographie, et que pour finir, ce dangereux énergumène tient, je cite : un « discours rigoriste » aux jeunes maghrébins du collège, à savoir qu’il prône, je cite encore : « l’abstinence en matière d’alcool, de drogue et de sexe ». Or c’est là, selon l’enseignante qui témoigne, la preuve manifeste qu’on a affaire, je cite toujours : à « un militant islamiste d’obédience wahhabite » ! Mais rassurez-vous, la courageuse enseignante nous expliquera ensuite qu’elle s’est empressée d’adresser une lettre de dénonciation anonyme au rectorat. La lutte contre l’antisémitisme ne saurait être trop regardante sur les moyens… Pour l’analyse détaillée de ces témoignages, et aussi des données statistiques, que Bensoussan manipule sauvagement plutôt qu’il ne les analyse, je vous renvoie à mon ouvrage, mais disons pour résumer que la résurgence de l’antisémitisme dans les collèges et les lycées, selon ces enseignants, c’est d’abord une question de vêtement, autrement dit dès qu’on repère chez un élève non seulement un signe ostensible, mais une simple allusion à ce qui pourrait tenir lieu d’appartenance identitaire à l’Islam, on a affaire à un acte antisémite. De là, en effet, qu’on puisse attribuer l’antisémitisme aux jeunes d’origine maghrébine, puisque ce « nouvel antisémitisme » se repère dorénavant au vêtement, voire au facies, si bien qu’entre le constat d’une résurgence de l’antisémitisme en France et le mot d’ordre d’extrême droite : « il y a trop d’Arabes en France », les conséquences, on l’aura compris, sont devenues bonnes. Mais ce n’est pas tout, car dans cet ouvrage, il y a également des témoignages pour le moins ambigus au sujet des élèves juifs. Ainsi une lettre ouverte d’enseignants range sous la catégorie de « problèmes » : 1. La persécution d’un élève juif par d’autres élèves ; 2. Le port du foulard par des jeunes filles musulmanes ; 3. les absences injustifiées d’élèves le samedi. Je vous pose donc la question suivante : du point de vue de la lutte contre l’antisémitisme, faut-il se féliciter que des enseignants jugent inacceptable qu’un élève juif soit persécuté par d’autres élèves, ou faut-il s’inquiéter de ceci qu’à les suivre, la persécution antisémite d’un élève, une jeune fille portant un foulard, enfin un élève qui s’absente les samedis sont des faits de même nature, à savoir des « problèmes » ? Je conclus pour ma part que cet ouvrage, « Les territoires perdus de la République », est une sinistre farce xénophobe. "

    #Yvan_Segré

    http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article1579

  • Le droit de porter le voile à l’université remis en question
    Stéphanie Le Bars
    Lemonde.fr, 5 août 2013

    http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2013/08/05/le-droit-de-porter-le-voile-a-la-fac-remis-en-question_3457436_3224.

    C’est un rapport alarmiste et une proposition polémique que le Haut Conseil à l’intégration (HCI) a légués à l’Observatoire de la laïcité, détenteur depuis avril des prérogatives de sa mission sur la laïcité. Dans l’un de leurs derniers travaux que Le Monde s’est procuré, les membres de cette mission, menée par l’inspecteur général de l’éducation nationale Alain Seksig, se sont intéressés au respect de la neutralité religieuse dans l’enseignement supérieur.

    Face aux « nombreux contentieux intervenus dans tous les secteurs de la vie universitaire », le rapport émet douze propositions parmi lesquelles l’adoption d’une loi interdisant « dans les salles de cours, lieux et situations d’enseignement et de recherche des établissements publics d’enseignement supérieur, les signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse ».

    Sans aller jusqu’à étendre à l’enseignement supérieur la loi de 2004 en vigueur dans le second degré, l’idée est bien d’interdire aux étudiantes musulmanes de porter le voile islamique pendant les cours. Une proposition potentiellement polémique, alors que se discute l’opportunité d’interdire les signes religieux, et principalement le voile, dans d’autres sphères de la société française.

    Lire aussi Voile intégral : une loi difficilement applicable

    A l’appui de leur proposition, les rapporteurs rappellent la loi Savary de 1984, qui précise que la liberté d’expression accordée aux usagers de l’enseignement supérieur « ne doit pas porter atteinte aux activités d’enseignement et à l’ordre public ». Les rapporteurs précisent aussi que le code de l’éducation prévoit que « le service public de l’enseignement supérieur est laïque et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ». Ils « voient donc mal pourquoi l’enseignement supérieur camperait dans un hypothétique statut d’extraterritorialité ».

    UNE « MONTÉE DE REVENDICATIONS IDENTITAIRES ET COMMUNAUTARISTES »

    Selon les auditions menées ces derniers mois par la mission sur la laïcité, « certaines universités » sont en butte à « des demandes de dérogation pour justifier une absence, au port de signes d’appartenance religieuse, à des actes de prosélytisme, à la récusation de la mixité tant au niveau des étudiants que des enseignants, à la contestation du contenu des enseignements, à l’exigence de respect des interdits alimentaires, à l’octroi de lieux de culte ou de locaux de réunion à usage communautaire... »

    "Les problèmes n’ont pas disparu, ne se sont pas raréfiés mais se sont banalisés, indique le rapport. Des personnalités auditionnées parlent même « d’actions souterraines » (associations cultuelles masquées, conférences à contenu politico-religieux, etc.). Des professeurs nous signalent, par exemple, la difficulté qu’ils éprouvent parfois à organiser des binômes d’étudiants des deux sexes pour des travaux de groupe."

    Lire les témoignages (édition abonnés) « C’est une injustice de ne pas pouvoir travailler avec son voile »

    Largement fondé sur une enquête de la Conférence des présidents d’université (CPU) de 2004, le rapport évoque aussi, sans les quantifier ni les situer, des atteintes à la laïcité « dans certaines universités où des tenants de courants chrétiens évangéliques ou néobaptistes critiquent les théories darwiniennes de l’évolution au profit de thèses créationnistes. Ailleurs, des écrits de Voltaire, de Pascal ou de Camus peuvent être rejetés ». La mission « laïcité » du HCI relaie donc le « malaise d’un nombre croissant d’enseignants » face à ces « symptômes de la montée de revendications identitaires et communautaristes, de fermeture, voire d’ostracisme, de refus de certains savoirs ».

    BILAN POSITIF DE LA LOI DE 2004

    S’il reconnaît que « tous les établissements ne sont pas touchés par ces phénomènes » et que certains y ont apporté « des solutions concrètes et apaisantes », le HCI craint néanmoins une certaine « cacophonie » et juge « préférable d’anticiper ».

    Il estime donc « nécessaire que l’ensemble des établissements publics d’enseignement supérieur intègrent un article dans leur règlement intérieur visant à prévenir les contestations ou récusations d’enseignement ». Il recommande « l’insertion de l’étude du principe de laïcité dans les programmes des formations débouchant sur un métier des fonctions publiques d’État, hospitalière ou territoriale ou sur un métier des carrières sanitaires et sociales ».

    La mission « laïcité » propose enfin que « toute occupation d’un local par une association étudiante fasse l’objet d’une convention d’affectation des locaux, qui ne peuvent en aucun cas être affectés aux cultes ». Dans la même ligne, « les Crous étant soumis au principe de laïcité, ils ne peuvent compter de lieu de culte sur leur site, ni fournir de restauration de nature confessionnelle ».

    Dans ce contexte, le Haut conseil à l’intégration rappelle que « la loi de mars 2004 a contribué à diminuer les tensions dans les établissements du secondaire ». L’Observatoire de la laïcité, dans son point d’étape remis le 25 juin au président de la République, établit aussi un bilan positif de la loi de 2004, mais ne paraît pas pour autant enclin à reprendre les conclusions du HCI.

    « Nous entendons nous faire notre propre religion », indique-t-on à l’Observatoire. Ces recommandations devraient être publiées dans le rapport annuel du HCI, à l’automne, à moins que l’Observatoire de la laïcité, soucieux « d’apaisement » sur ces sujets, ne préfère les enterrer.

    #islamophobie

    • D’ailleurs, y’a l’articulet d’Élisabeth Badinter conseillant aux femmes voilées d’aller vivre en Afghanistan qui tourne beaucoup sur Facebook ces temps-ci. Sous couvert, de #féminisme, bien sûr…
      Cette adresse date d’il y a quelques années je crois mais sa réapparition prépare bien le terrain.
      http://www.media-web.fr/elizabeth-badinter-et-le-port-volontaire-du-voile-integral-78-104-1167.htm
      Je vois une référence à ce texte sur LMSI en 2010…
      http://lmsi.net/Un-feminisme-selectif

      #la_france_tu_l_aimes_ou_tu_la_quittes

    • A propos des Territoires perdus de la République, ouvrage collectif paru sous la direction d’Emmanuel Brenner [évoqué là par @le_bougnoulosophe http://seenthis.net/messages/163146 ], qui inspire encore aujourd’hui le Haut comité à l’intégration (à la désintégration devrait-on dire), organisme islamophobe qui vient de préconiser l’interdiction du foulard à l’Université. Deux extraits de mon livre, L’islam, la République et le monde. (@alaingresh)
      http://www.fayard.fr/lislam-la-republique-et-le-monde-9782012792531

      "Rejeté verbalement en France, le concept de « choc des civilisations », forgé et popularisé aux États-Unis, s’installe pourtant peu à peu dans les consciences. Emmanuel Brenner, toujours lui, l’évoque dans Les Territoires perdus de la République, un livre qu’il a dirigé sur la montée de l’antisémitisme et du sexisme dans les établissements scolaires. Cet ouvrage a marqué les esprits, a reçu des éloges presque unanimes et, selon le bandeau qui accompagne sa nouvelle édition, « a fait basculer le débat sur la laïcité à l’école » (lire chapitre consacré). Dans sa préface, Emmanuel Brenner nous met en garde : « Évoquer un conflit de valeurs, c’est aujourd’hui prendre le risque de se voir cataloguer partisan des thèses de Samuel Huntington et de son “choc des civilisations”. Refuser de voir et de nommer un péril ne l’a jamais fait reculer. Il l’a seulement exacerbé. » (…)

      L’un des thèmes rabâchés par ce livre est le risque d’une capitulation, d’un « Munich » face aux islamistes. « Le laxisme ambiant face à la poussée antisémite, explique Emmanuel Brenner, coordinateur de l’ouvrage, et au-delà face au travail de sape des valeurs n’est pas limité à l’école, on s’en doute. La société française tout entière est logée à la même enseigne, moralement désarmée, intellectuellement en panne de projet face à la poussée d’une foi qui, par le biais de l’islamisme, travaille une communauté nombreuse. » Dans la guerre engagée, les musulmans ne comprennent que la force. C’est « notre » force qui, seule, peut « les » calmer.

      Élise Jacquard, enseignante dans un établissement du nord de Paris, témoigne dans Les Territoires perdus de la République, après « la déclaration de guerre du 11 septembre 2001. C’est dans ces termes-là que la chose a été vécue au lycée, le dévergondage [sic !] précédemment observé ayant débouché sur une joie triomphale qui se lisait sur les visages des élèves et s’exprimait dans les comportements. Là, c’était sûr, cette fois ils [notons que ce “ils” fait référence à des élèves en majorité français, mais de confession musulmane] avaient la victoire, et s’ils toléraient encore les professeurs devant eux, c’était dans la perspective des aviateurs américains tombés au Viêt-Nam et promenés au milieu des foules 21 ». Elle ajoute, quelques pages plus loin, après la victoire américaine en Afghanistan, que les élèves, naguère rebelles, sont devenus des républicains convaincus. « Il faut donc admettre que, contrairement à ce qu’on lit dans les médias, cet écrasement par la force a redonné du lustre à l’Occident, et comment, en tout cas, ce sont les États-Unis qui ont pu dans les classes rendre la dignité aux professeurs abandonnés par l’État français 22 ». Merci, George W. Bush, d’avoir aidé à rétablir l’ordre dans ces « territoires perdus »… Et d’avoir évité ainsi un nouveau Munich…"

    • On jette tellement de voiles pudiques sur :
      – la non réglementation du monde de la finance
      – les activités illégales menées par l’Etat et ses sbires
      – l’accroissement des inégalités
      – les dépenses d’armement
      – les 68 (au hasard) engagements du présidentiable qui ne seront même jamais envisagés en vrai (c’est peut-être mieux comme ça)
      – ...

      Qu’il est plus que temps d’interdire les usages religieux du voile. Le marché court à la pénurie là.