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  • Chronique des EU : La Signification de l’affaire Trayvon Martin

    Chè/res ami/es et camarades,

    L’impunité de l’ assassinat de Trayvon Martin, ado noir de Floride,
    tué par un justicier armé, vigil auto-proclamé travaillant avec la
    police, continue à agiter le pays. On se rappelle que la police locale
    de Sanford a accepté l’explication “d’auto-défence” du tueur
    Zimmerman, alors que ce chasseur de suspectes armé pesait 40 K de plus
    que le gamin qu’il traquait en 4X4. Alors qu’on a entendu le jeune
    Trayvon, en communication par portable avec sa petite copine, dire
    qu’il avait peur et qu’il fuyait. Alors qu’une voisine l’a entendu
    pleurer et demander merci.

    Voilà plus d’un moi que Zimmerman est en liberté, soutenu pour les
    autorités à tous les niveaux, alors que les parents du gamin, soutenu
    par des manifestations grandissantes, réclament la justice
    (avant-hier devant un comité du Congrès à Washington). Partout on
    proclame ‘Nous sommes tous Trayvon Martin.’ Deux millions de personnes
    de toute éthnicité ont signé une pétition exigeant la justice pour
    Trayvon. Le ‘hoodie’ (capuche que portait Trayvon) et les ‘Skittles’
    (marque des bonbons qu’il apportait à sa petite soeur au moment d’être
    assassiné) sont devenus des icons, symbols de l’injustice raciale dont
    Trayvon fut la Nième victime.

    Dans le Congrès, le Président de la Chambre a fait éjecter de
    l’hémicycle un législateur noir qui, ayant pris la parole pour
    dénoncer cette insigne injustice a mis sur la tête un hoodie par geste
    de solidarité. A travers le pays, des étudiant/es noires vendent des
    ‘Skittles’ pour financer des caisses de solidarité, et on les
    distribuent pendant les manifs. (J’en ai eus : imangables !). Je
    m’émerveille à la manière dont les mouvements populaires peuvent
    s’organiser spontanément à partir de ce genre de symbolisme social.

    Avec la pression montante de la campagne ‘Justice pour Trayvon
    Martin,’ sortent de nouveaux faits. D’une part, on apprend que le
    déctective homicide qui a interpellé le tueur avait recommandé une
    inculpation pour homicide volontaire, mais que cette recommandation
    avec été rejettée par le Parquet de l’Etat de Floride, qui a accepté
    l’explication d’auto-défense et fermé le dossier.

    D’autre part, la police municipale (dont le chef a dû s’écarter) mène
    une campagne de propagande pour présenter la victime en aggresseur,
    monstre conforme au stéréotype raciste de du mâle noir surpuissant
    déchainé à battre (stéréotype qui date de l’époque des chasseurs
    d’esclaves professionnels). Le journal local de Sandford, Floride a
    publié le témoignage intégral (trouvé on ne sait comment) du tueur
    Zimmerman : scénario invraisemblable où le gamin, enragé, l’aurait
    interpellé, foncé, sauté dessus, lui faisait coups et blessures
    (pourtant invisibles sur les photos). De plus, Trayvon aura été un
    drogué (il a été suspendu une semaine du lycée à cause de traces de
    marijuane trouvées dans son sac à dos).

    L’impunité scandaleuse

    C’est l’impunité scandaleuse de ce chasseur de ‘personnes suspectes’
    (c’est à dire de mâles noirs) qui est le fond de l’affaire, car cela
    fait 400 ans qu’aux EU il y a ‘chasse ouvert’ sur les mâles noirs, et
    une nouvelle loi en Floride donne le droit aux porteurs d’armes ‘qui
    se sentent agressés’ de tirer en ‘auto-défense.’ Les EU semblent
    revenus en arrière à l’époque d’avant les réformes des ‘Droits
    civiques’ imposées par les grands mouvements anti-racistes pendant les
    année 60.

    Or, c’est de nouveau ‘chasse ouverte’ sur les mâles noirs,
    stéréotypés, ciblés, exclus. Partout aux EU la police les interpelle
    et les humilie systématiquement les mâles noirs dans les rues. Selon
    le témoignage d’une mère noire, son fils a été interpellé 28 fois en
    2011, cas pas atypique. Un noir sur trois fera de la prison avant ses
    30 ans. Il y a davantage de mâles noirs dans les prisons américains
    actuelles qu’il n’y avait d’esclaves noirs avant l’Emancipation. Un
    million à l’heure actuelle, la plupart pour crimes non-violentes
    (possession ou vente de drogue). C’est contre une lente génocide que
    s’insurgissent les masses noires, déçus d’Obama et du ‘progrès’
    démocratique.

    Comme le mouvement ‘Occupy Wall St.’ de l’automne, le mouvement
    ‘Justice pour Trayvon’ met à nu les mensonges du système capitaliste
    ‘démocratique’ américain. Les habits neufs de l’Empreur (fût-il un
    Noir sympa ancien organisateur de quartier comme Obama) ne trompent
    plus personne. Privé d’hégémonie morale, le système n’a plus rien à
    offrir en sa défence que la violence crue. Voilà le signal qu’il
    envoit.

    Historiquement, cette réponse ne fait que provoquer la généralisation
    de la révolte, quand la justice de la cause est évidente et la
    situation est mûre. Mille examples viennent à l’esprit — du massacre
    des manifestants du Père Gapon devant le palais du Tzar en 1905 qui a
    déclanché une révolution aux brutalités des CRS devant la Sorbonne en
    1968, origine d’une grève générale en France. Mais pour profiter du
    desaroi de nos maîtres, il faut que les masses soient unies, et le
    racisme les a toujours permis de diviser pour règner. Si le movement
    ‘Occupy’ soutient à fond la lutte anti-raciste ‘Justice pour Trayvon’
    et se joint aux Noirs en mouvement, de nouvelles possibilités de
    résistance peuvent s’ouvrir. On a le droit espérer.

    Richard Greeman
    New York, 31 mars 2012