person:evelyne peyre

  • Mon corps a-t-il un #sexe ? | A dire d’elles
    https://sandrine70.wordpress.com/2015/03/12/mon-corps-a-t-il-un-sexe

    Evelyne Peyre a étudié de très nombreux squelettes d’habitants d’un village au premier millénaire de notre ère et s’est retrouvée devant un problème scientifique qui allait rendre possible la réflexion que nous avons ici aujourd’hui : 70% des squelettes qu’elle observait ne présentaient pas de caractères typiques qui permettent de déterminer avec certitude leur sexe (1).

    70% où ce n’était pas clair du tout. En revanche, aux deux « extrêmes d’une courbe en cloche », on avait des squelettes avec des os « faibles », légers, et des squelettes avec des os « lourds », forts. Les premiers sont à coup sûr des squelettes de femmes et les autres d’hommes. Mais pourquoi une telle conclusion, puisqu’une majorité des autres ne présentent pas une différence de « force des os » qui permette de différencier le masculin du féminin ? C’est là que la connaissance des habitudes sociales des individus de l’époque permet de comprendre : ce n’est pas le sexe biologique qui apparaît ici, mais comme pour le corset cité plus haut, les effets de la croissance différenciée et hiérarchisée des enfants filles et garçons. La #nourriture donne la force aux os. Les protéines sont nécessaires pou cela. Le village était constitué de nombreuses personnes pauvres, c’est à dire miséreuses. Souvent donc, il ne devait pas y avoir la possibilité de donner de la #viande à tout le monde parfois pendant plusieurs années. Qui en bénéficiait alors ? Pas chacunE à tour de rôle, mais les hommes en priorité. Les fillettes pauvres pouvaient ainsi avoir des #carences alimentaires fortes entraînant une fragilité osseuse. On peut donc déterminer ici le sexe du squelette, uniquement sur des critères environnementaux et de connaissances historiques des modes de vie et de l’idéologie qui décide que les hommes doivent être mieux nourris.

  • Les 400 culs - Mon squelette a-t-il un sexe ? - Libération.fr
    http://sexes.blogs.liberation.fr/2015/02/15/le-squelette-t-il-un-sexe
    On en parlait ici : que la dichotomie homme/femme était acquise et non innée, surtout sur la question de la taille et de l’accès aux protéines.

    Les os des #femmes sont-ils plus légers ?

    « Tout dépend de l’accès aux ressources nutritives et du mode d’#alimentation », répond Evelyne Peyre. Autrement dit : les différences homme femme inscrites dans le corps peuvent avoir une origine environnementale et culturelle. « Le squelette se forme jusqu’à l’âge de 19 ans. Or il s’avère qu’à l’heure actuelle 20% des jeunes adultes françaises sont anorexiques. Lorsqu’on examinera leur squelette dans un siècle, il y a de fortes probabilités que tous les squelettes présentant des signes d’ostéoporose seront identifiés comme ceux de femmes, parce qu’elles auront subi les séquelles de la #malnutrition. » C’est la même chose quand on examine les squelettes de villageois français des siècles passés : les os des femmes portent les stigmates évidents de leur sacrifice. « Jusqu’à récemment encore, dans les familles paysannes pauvres, lorsqu’il n’y avait qu’un morceau de viande, il était pour le chef de famille. Quand il y en avait un deuxième, il était pour le fils ainé. Les femmes, elles, en général buvaient le bouillon de cuisson. Les protéines, c’était en priorité pour les hommes. » Impossible d’identifier le sexe d’un squelette, sans avoir une connaissance précise des habitus d’une population : les hommes et les femmes développent leur corps selon des activités qui leur sont parfois propres. Il y a des gestes répétés de travaux dont les femmes ont le monopole, par exemple, et l’usure de certains de leurs os sert donc d’indice très fort pour les identifier. Le fait que les femmes se soumettent à des critères de beauté comme la minceur n’est pas non plus anodin : la minceur acquise par défaut nutritionnel laisse son empreinte sur le squelette. De même que le sport extrême. Les activités physiques, les coutumes alimentaires ou vestimentaires, « ça marque l’os, résume Evelyne Peyre. Les inégalités sociales économiques aussi marquent l’os. Dans les cultures qui attribuent moins d’importance au sexe dit “faible“, les squelettes présentant des symptômes de #carence alimentaire sont plus souvent ceux des femmes… ». Ce que l’on attribue à la constitution « naturelle » des femmes relève donc surtout de la construction : le squelette ne naît pas faible, il le devient.