Montepuez, le nouveau Far West du Mozambique
AFP / 29 mars 2017
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(...) Gisement exceptionnel
Le destin de Montepuez a basculé en 2009. Jusque-là, ses habitants étaient passés à côté de ces petits cailloux rouges formés il y a 500 millions d’années dans le lit des rivières.
Il a fallu attendre que l’une de ces minuscules pierres, découverte par un coupeur de bois, soit identifiée il y a huit ans par un revendeur de Bangkok pour que le Mozambique apparaisse sur la carte mondiale du commerce des pierres précieuses.
Un géologue trie les rubis extraits à la mine de Montepuez, au Mozambique, le 14 février 2017 / © AFP / John Wessels
Le pays « ne savait pas qu’il était assis sur un gisement aussi exceptionnel », s’étonne encore aujourd’hui Pia Tonna, la directrice du marketing de la compagnie Gemfields, une société britannique qui a pris le contrôle de la Mine de rubis de Montepuez (MRM), principal exploitant du site.
Gemfields possède les trois-quarts du capital de MRM, le reste appartenant à une société dirigée par un ex-général membre de la plus haute instance du parti au pouvoir à Maputo.
Sitôt identifiés, les rubis de Montepuez n’ont pas tardé à inonder le marché mondial. L’an dernier, près de 40% de la production vendue dans le monde provenaient du Mozambique, selon Gemfields, qui a vendu depuis pour plus de 225 millions de dollars de pierres.
La société s’enorgueillit d’être un producteur « responsable » et « transparent » et de partager localement ses bénéfices. « Si nos ventes sont bonnes, ça aide le pays, ça signifie plus d’écoles, plus d’infrastructures », proclame Pia Tonna, « nous sommes le premier contribuable de la région ».
Mais cette image lisse est entachée de graves accusations.
– Exactions -
Les forces de police et une compagnie de sécurité privée employée par la direction de la mine sont soupçonnées de recourir à la violence pour se débarrasser des mineurs informels. Les travailleurs illégaux ou informels imputent aussi de nombreuses exactions à une milice désignée sous le nom de « nacatanas », les « porteurs de machettes ». (...)