person:françois cusset

  • Violences : « Comparer des voitures brûlées avec les ravages du néolibéralisme depuis 40 ans est absurde »
    https://www.bastamag.net/Violences-Comparer-des-voitures-brulees-avec-les-ravages-du-neoliberalisme

    Les images de violence « ne résument en rien le mouvement actuel », estime l’historien François Cusset, auteur d’un livre sur « Le déchainement du monde, logique nouvelle de la violence », publié au printemps dernier. Pourtant, nombre de commentateurs indignés tentent bien de réduire la mobilisation des gilets jaunes aux seules images de dégradations et d’affrontements. Et passent sous silence d’autres violences, celles « du temps ordinaire » que décrit l’historien dans son livre : contagion sociale du (...)

    #Décrypter

    / A la une, #Luttes_sociales, #Entretiens, #Classes_populaires, #Fractures_sociales, (...)

    #Capitalisme

  • Violences : « Comparer des voitures brûlées avec les ravages du néolibéralisme depuis 40 ans est absurde »
    https://www.bastamag.net/Comparer-quelques-voitures-brulees-avec-les-ravages-du-neoliberalisme-depu

    Les images de violence « ne résument en rien le mouvement actuel », estime l’historien François Cusset, auteur d’un livre sur « le déchainement du monde, logique nouvelle de la violence », publié au printemps dernier. Pourtant, nombre de commentateurs indignés tentent bien de réduire la mobilisation des gilets jaunes aux seules images de dégradations et d’affrontements. Et passent sous silence d’autres violences, celles « du temps ordinaire » que décrit l’historien dans son livre : contagion sociale du (...)

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    #Capitalisme

  • Twitter ou les ressources du conflit – L’image sociale
    http://imagesociale.fr/6298

    Le jugement de l’intelligenstia sur les pratiques interactives est comme toujours un avis mal informé. Car quiconque a eu l’occasion de pratiquer la polémique sur Twitter sait non seulement qu’un échange peut y être fort long, mais aussi qu’il est toujours argumenté, et souvent intéressant. La réduction de toute conversation au tweet-clash ou au harcèlement est une caricature qui refuse de voir que ces excès regrettables sont d’abord la conséquence de la fluidité sociale et intellectuelle qui caractérise les réseaux, favorisant les échanges entre des groupes autrefois protégés par l’étanchéité des habitus.

    Car le premier constat qu’impose la multiplication des affrontements est bien que les plates-formes numériques, volontiers accusées par les mêmes détracteurs de n’être que des bulles, sont des lieux beaucoup plus ouverts à l’altérité que l’ancien univers médiatique, dont la faible conflictualité atteste qu’il préservait bien mieux le confort de l’entre-soi.

    Si la discussion est vive dès que le sexisme se manifeste, c’est d’abord parce qu’il existe deux camps aux intérêts opposés, qui se disputent la légitimité de la sphère publique. Ramener toute conflictualité à un effet de loupe des réseaux sociaux, c’est refuser de voir les antagonismes qui traversent la société. Si l’on peut réclamer la civilité comme une règle de l’échange, il faut aussi apercevoir, comme l’explique François Cusset, que l’exigence de pacification n’est bien souvent que le masque de l’ordre apposé sur les colères des plus faibles.

    Ceux qui fuient l’échange musclé sur Twitter l’ignorent : l’insulte n’y est jamais un signe de victoire, mais un aveu de faiblesse. Car la caractéristique la plus fascinante de la conversation sur les réseaux sociaux est qu’elle est un échange public. La discussion y est donc toujours un spectacle, où la pertinence des arguments est évaluée par un groupe plus large que les seuls participants directs à l’échange. C’est la raison pour laquelle la conversation en ligne reste pour l’essentiel fidèle aux règles habermassiennes : celles de la rationalité et de la force argumentative (les cas de harcèlement, qui sont l’exception, renversent cette logique en remplaçant la force de l’argument par la puissance du nombre).

    #Twitter #Médias_sociaux #Débats_publics

  • François Cusset : l’État brandit la violence pour cacher celle qu’il pratique
    https://la-bas.org/5095

    Génocides, grandes boucheries, hécatombes, le siècle passé fut le plus violent de l’ Histoire. Aujourd’hui la violence diminue, c ’est ce que nous croyons, c’est ce que nous disent les experts. Pour François Cusset, la violence n’a pas reculé, elle a changé de formes et de logiques. Et la comparaison avec la violence « bien pire jadis » ou la violence « bien pire ailleurs » nous empêche de mesurer celle que le désastre néolibéral nous inflige aujourd’hui.Continuer la lecture…

    #Vidéo #La_Guerre_des_Idées #Répression

    • – Réforme de la SNCF : les gardiens du consensus sont de retour (Acrimed).
      – Les mensonges sanglants de M. Macron (Reporterre).
      – L’accès à l’information est-il de plus en plus verrouillé ? (Du grain à moudre - France Culture)
      – CETA (1) : la fable du « veto climatique » de Macron ( DEBOUT ! BLOG JEAN GADREY)
      – La Cour des comptes alerte sur le coût des EnR (Blog {Sciences²}).
      – Suppression du forfait social : le gouvernement vide les caisses de la Sécu (ALTERNATIVES ECONOMIQUES).
      – Le manque d’efficacité de nos dépenses sociales (XERFI CANAL)
      – Les retraites à la SNCF sont plus élevées que la moyenne. Cela n’a rien à voir avec le statut. C’est d’abord parce qu’il y a 89 % d’hommes ! (DEBOUT ! BLOG JEAN GADREY).
      – Les armes dévoyées du prince héritier. (LE MONDE DIPLOMATIQUE).
      – Remise en place de Macron par la Maison-Blanche : pas de guerre en Syrie, mais retour aux sanctions contre la Russie (RUSSIE POLITICS).
      – Le site internet des impôts offre à Google des données de millions de Français (LE POINT).
      – Idéologique, injuste, infaisable : Parcoursup, largement refusé, va-t-il imploser ? (BLOG DE PHILIPPE BLANCHET).
      – Les nouvelles formes de violence par François Cusset (La Grande Table - France Culture).
      – À Notre-Dame-des-Landes comme ailleurs… seul un territoire en lutte peut s’opposer à la normalisation industrielle agricole (Luttes Agricoles).
      – Et si les GAFAM faisaient faillite ? (XERFI CANAL).

  • « Là où la violence psychique relevait de l’exception, elle est aujourd’hui l’ordinaire »

    http://www.liberation.fr/debats/2018/04/20/francois-cusset-la-ou-la-violence-psychique-relevait-de-l-exception-elle-

    Burn-out, écocide, calvaire migratoire, cyberharcèlement… nous vivons dans une ère de grande violence. La thèse de François Cusset, historien des idées et professeur à l’Université de Paris Ouest-Nanterre, prend à rebrousse-poil l’idée commune qui veut que, siècle après siècle, nos sociétés se soient civilisées et pacifiées. Une théorie que soutenait récemment le psychologue canadien Steven Pinker dans son livre remarqué, la Part d’ange en nous (les Arènes), paru cet automne en France. Selon le cognitiviste, le prix donné à la vie n’aurait cessé d’augmenter au fil des siècles, tandis que la mortalité, due aux guerres ou aux crimes, n’aurait cessé de baisser. Erreur, soutient François Cusset dans son nouveau livre le Déchaînement du monde (la Découverte). La violence n’a pas reculé, elle a changé de visage. Elle n’est plus irruption soudaine, mais elle infuse notre quotidien. Elle n’est plus un accident mais un rouage de notre système. Encouragés par le marché, nous sommes devenus de « nouveaux sauvages ».
    A l’encontre d’une idée répandue, vous soutenez que la violence n’aurait pas eu tendance à s’effacer au fil des siècles. Bien au contraire, les sociétés contemporaines seraient le théâtre d’une violence inédite. Sur quoi vous appuyez-vous ?

    On calcule que les morts violentes sont moins fréquentes aujourd’hui que dans la première moitié du XXe siècle, et qu’elles étaient moins nombreuses alors qu’au Moyen Age. La violence tue, soit. Mais quand elle ne tue pas ? Comment mesurer ses effets ? En 1939, la philosophe Simone Weil écrivait que « la force qui tue est une forme sommaire, grossière de la force : combien plus variée en ses procédés est l’autre force, celle qui ne tue pas, c’est-à-dire celle qui ne tue pas encore ? » Il s’agit aujourd’hui de modifier le sens même du mot violence, pour en comprendre les dimensions moins visibles. Prendre en compte les nouvelles formes de la violence contemporaine -burn-out, suicides au travail, cyberharcèlement, épuisement, campagnes ravagées, villes de moins en moins vivables… -, et pour cela, changer d’instrument de mesure, dépasser des outils statistiques qui n’ont pas de sens en soi.
    Mais comment la définissez-vous alors ? Stress, contrainte, autocensure, souffrance, conflictualité ? A vous lire, tout devient violence…

    Le parti pris du livre est que la violence est une énergie affective qui circule, nous relie tous, et peut s’emballer jusqu’à la destruction. Il retrace le circuit complexe qui fait qu’elle n’est pas toujours là où on croit, pas seulement en Syrie ou en Seine-Saint-Denis, mais tout autant dans une tour de bureau tranquille d’une ville dite « en paix ». La violence est aussi bien psychique et pérenne, que physique et ponctuelle. Elle ne se résume pas à la déflagration d’un coup. Elle s’inscrit dans les structures, les règles, l’ordinaire. Elle n’est pas seulement, peut être même n’est-elle pas surtout, l’événement, la saillie, la guerre, le meurtre, tout ce qui surgit et détruit soudain.
    Vous réfutez le psychologue canadien Steven Pinker, pour qui nos sociétés accordent bien davantage de prix à la vie que dans les siècles passés…

    Pourquoi tient-on autant à nous montrer que la vie est moins violente aujourd’hui qu’autrefois ? Steven Pinker nous dit de ne pas nous plaindre de la violence du monde contemporain, que c’était pire avant : le XXe siècle fut terrible, et le XIIe avec ses guerres en Asie centrale, encore bien pire. L’argument a toujours été utilisé par les pouvoirs pour délégitimer les revendications, égarer notre besoin de comprendre ce qui nous arrive. Rien, pour nos consciences occidentales, ne saurait être pire que ces points de non-retour historiques que sont, différemment, la Shoah ou la traite négrière. Or, il faut montrer que des formes de violences émergent aujourd’hui, peut-être moindres, mais à coup sûr inédites, qui n’existaient ni dans les camps nazis ni dans les plantations de coton. Un surmoi nous intimide, qui nous empêche de reconnaître la nouveauté de la violence actuelle. Il faut oublier l’approche comparative, cesser de nous demander si nous vivons dans un monde pire ou meilleur, et préférer un questionnement sur les modalités, les logiques, les circulations neuves de la violence. Que ressentons-nous de neuf, qui n’était pas éprouvé par nos ancêtres ?
    Justement, ne sommes-nous pas devenus plus sensibles à la violence, ce qui expliquerait l’impression de vivre dans un monde plus brutal ?

    On peut partir de ce paradoxe. Nous sommes à la fois des êtres hypersensibles, que traumatise une rixe aperçue dans la rue, un vol à l’arraché qui secoue nos corps douillets et, en même temps, totalement indifférents à la violence de masse, qui déroule ses effets sur nos écrans et sous nos fenêtres - errances hagardes, enfants de migrants dormant seuls dans la rue, ou ces femmes SDF qui font sur elles pour dissuader leurs compagnons d’infortune d’abuser d’elles.
    La violence psychique inédite que vous pointez n’existait-elle pas dans les siècles précédents, même si elle n’avait pas de nom ?

    La violence psychique a toujours été indissociable de la violence physique. Ce qui me semble nouveau c’est qu’elle est désormais une condition explicite, légale, managériale, prévue et théorisée, du fonctionnement d’ensemble du système. Là où la violence psychique relevait de l’exception, elle est aujourd’hui l’ordinaire. Elle n’est plus l’œuvre d’un patron sadique, elle est le rouage clé d’un système fondé sur l’accélération, la pression, la performance, la permanence de la précarité. Même les guerres aujourd’hui ont rejoint l’ordinaire : un quart de siècle au Congo, déjà huit ans en Syrie. Elles sont désormais tout à fait compatibles avec le développement économique et les échanges commerciaux. Contrairement aux crises migratoires précédentes, liées à des tragédies politiques précises, celle que nous vivons est vouée à devenir pérenne, notamment avec le changement climatique. D’où notre accoutumance, notre indifférence.
    Et toutes ces violences appartiennent selon vous à une même dynamique…

    Un ferment majeur les relie : la violence de l’économie, et la consigne qu’elle nous donne de nous lâcher. Tout le monde aujourd’hui est incité à se lâcher. Se « lâcher » n’est plus un trait psychique singulier mais une injonction, présentée comme la condition de l’épanouissement intime et collectif. « Libérer les énergies ! » : on comprend mieux le slogan macronien, néolibéral et très suspect, à la lumière d’une tradition intellectuelle - la psychanalyse, Bataille ou Baudrillard - qui analyse les rapports sociaux en terme d’énergies affectives. Nos énergies pulsionnelles, il faudrait les intensifier, les optimiser pour en tirer le plus grand profit. Regardez le syndrome Trump-Sarkozy : insultant les femmes ou les immigrés, lançant du « casse-toi pauvre con », ces hommes politiques ne se contrôlent plus, et sont appréciés pour cela et non malgré cela. On apprécie leur sincérité, ils « libèrent leurs énergies ».
    Vous tirez cette thèse d’une relecture de l’ouvrage fondateur de Norbert Elias Sur le processus de civilisation (1939).

    Alors qu’elle est aujourd’hui souvent critiquée, la thèse de Norbert Elias est essentielle et plus subtile qu’on ne croit. Malgré les guerres, les invasions ou le capitalisme, le comportement de l’homme occidental se serait modifié au fil des siècles pour se faire plus mesuré, retenu, policé. Elias ne dit pas que la violence a disparu, il la dissocie même d’une origine pulsionnelle, ou sauvage, montrant qu’en incorporant les normes de la civilité, on a aussi incorporé la violence sociale que nous font ces normes. Mais dans l’ensemble, il décrit son transfert vers l’armée et l’Etat, qui en ont acquis le monopole. Pourtant je crois que le tournant des années 60-70, a en partie invalidé la thèse du livre, à l’ère de l’informalité obligée : le marché, qui nous veut cool, inverse le processus de civilisation. Une nouvelle forme de sauvagerie a émergé, inhérente au marché total, qui a moins besoin des formes et de la politesse bourgeoise, que de l’extase, de l’hystérie, de l’intensité, de l’injonction à jouir. Les gens ont toujours su qu’ils ne pouvaient pas tout avoir, ni tout être. Mais le marché, plus encore avec la révolution numérique et sa « tyrannie de la visibilité » sur les réseaux sociaux, leur dit exactement l’inverse : être et avoir tout. Ce mensonge-là déstabilise profondément les sociétés, produit une forme inédite de haine et de frustration rentrée, qui un jour rompt le lien social.
    Les membres de la classe moyenne seraient selon vous devenus les « nouveaux sauvages » ?

    Pour Elias, la violence, en tant qu’exception, a toujours été le fait des extrêmes de l’échelle sociale : d’un côté les dominants et de l’autre ceux qui, n’ayant rien, y étaient réduits. Aujourd’hui, la violence concerne aussi bien le cœur du tissu social. Elle a quitté le régime de l’accident pour rejoindre celui de la norme, les marges pour le centre : derrière le vernis de respectabilité, la classe moyenne est en train de péter les plombs. En cause : sa nouvelle fragilité économique et affective (les couples se séparent, les gens ont peur), la promesse intenable du bonheur, qui l’incitent à des formes de folies intériorisées, bénignes pour le moment, sorte de syndrome de Gilles de la Tourette à bas bruit, qui conduit les gens les moins soupçonnables à ne pas se rendre à un rendez-vous clé, à répondre n’importe quoi à une question sérieuse, à commettre une impudeur ou un geste insensé. C’est le circuit de dérivation de la violence intérieure qui est engorgé. Les catharsis traditionnelles ne fonctionnent plus. L’image a envahi nos vies ordinaires. A la place des logiques culturelles de sublimation on a la pléthore de produits pop culturels consommés chaque jour. Frustration et haine de soi sont déviées vers l’autre, le bouc émissaire, le rival symbolique. Au risque de faire de nous des époux sauvages, des travailleurs sauvages, des électeurs sauvages.
    Que faire pour l’éviter ?

    Reprendre le contrôle collectif de nos destins, que ce soit par la discussion, le soulèvement, l’expérimentation locale de zones d’autonomie d’existence, qui peuvent réenclencher un circuit vertueux d’énergie collective. Après quarante ans de censure et de tabou autour de la violence politique, diabolisée jusque par l’extrême gauche, les nouvelles générations contestataires (zadistes, étudiants occupant leur fac, habitants d’un pâté de maison autogéré…) n’opposent plus, dans leur répertoire d’action, le discours à l’action directe, la pétition au blocage, le recours juridique au sabotage, mais les associent. A la violence que leur impose le pouvoir, de Notre-Dame-des-Landes aux amphis de Nanterre ou de Montpellier, elles ne comptent pas répondre seulement par l’indignation. L’insurrection n’est plus exclue, mais elle n’est plus fantasmée non plus, comme chez les gauchistes des années 70. Pendant ce demi-siècle de condamnation totale de la violence politique, on a érigé en idoles Martin Luther King, Thoreau, Gandhi ou Mandela… qui ne sont pourtant pas des figures non-violentes ! A les lire, on voit qu’à de nombreux moments de leur longue lutte ils ont envisagé le recours à la défense active, si les autres formes de combat échouaient. Opposer, dans l’absolu, violence et non-violence est un non-sens.

  • Universités : « Aucune jeunesse au monde ne tend spontanément l’autre joue », affirme François Cusset
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/04/14/francois-cusset-aucune-jeunesse-au-monde-ne-tend-spontanement-l-autre-joue_5

    Tribune. Rennes-II va-t-elle s’enflammer ? Paris-VIII, céder ? Les quartiers et les collectifs ruraux, rejoindre le mouvement ? La répression fait rage, mais en face, chez les jeunes, l’impression est celle d’une colère qui monte, d’une résolution nouvelle.

    C’est qu’aucune jeunesse au monde ne tend spontanément l’autre joue. Car le message du pouvoir est clair, en ce cinquantenaire convenu des soulèvements du printemps 1968 : aux jeunes que reprendrait ce prurit du refus, cette construction d’alternatives en acte ou juste ce folklore de la contestation, la réponse sera la gifle, plus ou moins brutale.

    Métaphore des mesures draconiennes, qui claquent comme une baffe, ou coups effectifs de la matraque et des rangers sur les côtes ou le crâne, la gifle en question vient toujours rappeler la jeunesse au souvenir de l’ordre social en place, lui rappeler ses lois iniques, et la stricte place à laquelle elle doit se tenir.

    La gifle, ces jours-ci – telle l’impossible fin d’un triste hiver, cet hiver politique des années 1980 dont on ne voit pas le bout – peut prendre la forme des coups de poing et de bâton assénés sur les étudiants en droit de Montpellier ou leurs cadets du lycée autogéré de Paris, par des groupuscules fascistes qu’on laisse entrer, qui viennent défendre à coups de Taser le droit de ne pas s’opposer.

    La gifle revêt aussi l’aspect, plus familier, des nasses policières et des harcèlements préventifs (manifestants fouillés, fichés, survolés, leurs banderoles ou tracts détruits d’emblée), qui empêchent de manifester en solidarité avec les étudiants passés à tabac – de Lyon à Nantes, où le fil Twitter des écrasés d’un jour notait que « lutter pour ses droits expose à des dommages physiques », mais aussi que « lorsqu’une répression aussi ridiculement disproportionnée est mise en place pour mater l’opposition dans un pays comme la Russie, les médias [hurlent] à l’autoritarisme ».

    Existence alternative

    A Nanterre, la gifle du 9 avril a pris un double visage : celui, brutal et casqué, des CRS appelés par la présidence pour expulser d’un hall les étudiants réunis en assemblée – au prétexte, toujours le même, d’éléments « extérieurs », dont le fantasme sert à opposer gentils étudiants et méchants encagoulés, bons manifestants et dangereux casseurs, et à cacher que ce sont souvent les mêmes – et celui du message envoyé par la même présidence pour justifier la gifle.

    Elle y rappelle qu’un « local a été mis en permanence à disposition des étudiants mobilisés » : un local rien que pour eux – rendez-vous compte ! –, comme on intime aux enfants l’ordre de rester jouer dans leur chambre pendant que les adultes traitent d’affaires sérieuses.

    Mais la gifle à la jeunesse va bien au-delà de la vingtaine de campus occupés, de cet « avis de déferlante étudiante » qu’anticipe un dessin de la fameuse vague de Hokusai, au fond de l’amphi jonché de matelas de la fac de sciences de Marseille. Elle va au-delà d’un mouvement étudiant qui s’ébroue, se réveille interloqué, entre démesure policière et menaces des phalanges brunes (la Manif pour tous de 2013 les ayant, elles aussi, « dédiabolisées »).

    Elle est durement à l’œuvre dans l’offensive militaire, avec blindés légers et cabanes détruites à la pelleteuse, lancée pour évacuer le bocage de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), comme bientôt la ZAD de Bure, dans la Meuse, ou les squats de quartier dans les villes paupérisées.

    Car derrière la distinction officielle, brandie pour diviser, entre opposants « légalistes » et « radicaux », ce qui se trouve puni, éradiqué, avec l’évacuation violente des ZAD (comme avec la mise en examen pendant dix ans du « groupe de Tarnac »), c’est le choix de la sécession, le bricolage, coopératif et écologique, agricole et politique, de formes d’existence alternative sur un terrain concret.

    Blitzkrieg social

    Les jeunes, car ils le sont aussi, qui défendent au Rojava kurde une alternative séculière et égalitaire aux despotismes en vigueur alentour, comme ceux, qui ne le sont pas moins, soulevant leur communauté indienne d’Amérique latine contre prédation des ressources et Etat corrompu, le savent tous très bien : la gifle chez eux ira, s’il le faut, jusqu’au tapis de bombes ou aux raids paramilitaires, pour empêcher par tous les moyens, aujourd’hui autant qu’hier, la jeunesse du monde d’inventer autre chose, qui pourrait faire tache d’huile.

    Car avant d’être celle des politiques haineuses ou des répressions d’Etat, la gifle, telle que la ressentent les « millenials », du campus en émoi jusqu’au village autonome, est celle d’un monde dont les règles comme les réformes les écrasent, les acculent, les humilient.

    Si la sélection, qu’impose à l’entrée en licence la double réforme en cours (ORE et ParcourSup), a mis le feu aux poudres, c’est qu’elle résume à elle seule, tel un lapsus de manageur, le monde qu’ils découvrent, consternés. Et dont beaucoup ne veulent pas, déclinant le terme à l’envi pour pointer la sombre cohérence de l’époque : évaluation et contrôle, de la maternelle à la retraite ; sélection « naturelle » des plus aptes à la lutte économique, contractuels contre salariés, carriéristes contre victimes du burn-out ; sélection, par le marché, des lignes ferroviaires et de leurs employés, gardés ou supprimés ; sélection, ailleurs, des minorités locales ou des ébauches démocratiques, qu’on sacrifie au réalisme géopolitique ; parmi les migrants, sélection des si rares demandeurs d’asile admis et de la majorité endiguée, soupçonnée d’avoir pour motif la survie économique.

    Les jeunes opposants de ce printemps 2018, eux, accueillent des réfugiés, discutent avec les cheminots, font cause commune pour quelques heures avec des sécessionnistes plus rodés ou moquent le coaching auquel on les soumet pour les préparer à des entretiens d’embauche sans espoir. Ils sont nombreux à voir dans la politique agressive du gouvernement Macron un Blitzkrieg social, une guerre menée contre eux et tous les fragiles, sous prétexte de « réussite ». Et plus nombreux encore, faute d’avoir quelque chose à perdre, à ne pas vouloir plier à la première volée de gifles. Face à la double violence, systémique et policière, qui leur est infligée, ils ne croient plus au monde « pacifié » que leur vendent leurs aînés.

    François Cusset a écrit « Le Déchaînement du monde. Logique nouvelle de la violence » (La Découverte, 240 p., 20 €)

    A la fac de Montpellier, des serveurs informatiques « vandalisés » avant les examens en ligne
    http://lemonde.fr/universites/article/2018/04/11/a-la-fac-de-montpellier-des-serveurs-informatiques-vandalises-avant-les-exam

    Alors que des examens en ligne ont été annoncés à l’université Paul-Valéry de Montpellier, la salle des serveurs de l’université a été « vandalisée par un groupe d’individus » mercredi, annonce le ministère. La connexion Internet est suspendue.

    #étudiants (terme qui mériterait des guillemets ou une sérieuse mise en cause pour être à nouveau descriptif) #luttes_sociales

  • https://lecourrier.ch/2018/03/22/visages-de-la-violence

    Notre monde n’a jamais été aussi peu violent, disent les chiffres et certains essayistes. S’en remettre à des éléments statistiques quantitatifs est insuffisant, rétorque François Cusset. « La violence, c’est l’effet durable d’un coup porté, même si l’on n’en meurt pas. » Et de citer Simone Weil dans la foulée : « Le plus dur est ce qui ne tue pas encore. » Historien des idées et professeur de civilisation américaine à l’université de Nanterre, l’essayiste et romancier français décrypte les nouveaux mécanismes de la violence contemporaine dans Le Déchaînement du monde. Logique nouvelle de la violence. Un essai limpide et percutant sorti hier en librairie, qui montre que si la violence a quitté les discours officiels et le vocabulaire conceptuel, c’est pour mieux travailler de l’intérieur le corps social. Car loin d’avoir reculé, elle est partout. Mais elle a changé de formes et de logique.

    « Qui terrorise qui ? », telle est la bonne question.

    Depuis hier, je ne cesse de me dire et de me répéter que je dois être bien fou, parce que tous les militaires en armes et les forces du désordre au bord de la crise de nerfs que je croise tous les jours dans la rue me font beaucoup plus peur que la perspective éloignée du passage à l’acte, si terrifiante soit-elle, de quelque déséquilibrés isolés, fussent-il téléguidés, qu’il ou elle le soient d’ailleurs par ceux qui se réclament de Dieu ou Dieu lui-même finalement.

    Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

  • Disparition de Daniel Lindenberg, l’historien qui avait prédit « la droitisation des esprits »
    http://www.lesinrocks.com/2018/01/13/idees/lhistorien-des-idees-daniel-lindenberg-est-mort-111032946

    Auteur d’un livre-clé en 2002, Le rappel à l’ordre, l’historien des idées Daniel Lindenberg fut le premier à théoriser la droitisation des esprits dans le débat public.
    Souvent perdue dans les limbes obscures de l’histoire des idées, les carrières d’universitaires échappent parfois à l’oubli par la grâce d’un texte, d’un manifeste, d’un argument, dont l’audace laisse des traces durables. Celle de Daniel Lindenberg, qui vient de disparaître à l’âge de 77 ans, restera à jamais associée à un livre, paru en 2002, peu de temps après la défaite de Lionel Jospin et de l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle : Le rappel à l’ordre, enquête sur les nouveaux réactionnaires.

    Sans évidemment inventer la figure du réactionnaire, ancrée dans l’histoire politique française depuis le XIXe siècle, Lindenberg fut le premier à théoriser en ce début du XXIe siècle le processus de réactivation de cette tradition politique. Quinze ans après la parution du livre, l’évolution du débat idéologique lui a en grande partie donné raison : la “droitisation des esprits“, observée par un autre historien des idées, François Cusset, a largement contaminé le débat intellectuel, en dépit du foisonnement d’idées qui s’y opposent.

    Édité par Pierre Rosanvallon au Seuil dans sa nouvelle collection “La République des idées“, l’essai suscita alors des débats vifs au sein du monde intellectuel, et irrita surtout au plus haut point tous ceux qui se sentaient visés par le diagnostic de l’historien, c’est à dire tous ces penseurs, dont certains issus de la gauche, partagent une même “humeur chagrine face à la modernité“. Cette parole réactionnaire, observait Lindenberg, se libérait alors en France, sans scrupules, sans gêne, et touchait des citoyens jusque-là extérieurs à cette tradition de pensée. Rejet de l’idéologie libertaire née avec mai 68, critique du métissage et de la liberté des mœurs, défense de la Nation, valorisation de l’autorité, de l’école d’avant, critique des droits de l’homme et de l’antiracisme, défense de la France d’en bas, rejet de l’islam… : tous les motifs politiques dominants des vingt dernières années se retrouvent dans ce corpus théorisé par Lindenberg. C’est en quoi le livre fut, sinon prophétique, du moins lucide sur un air du temps politique dominé par le désir d’un ordre ancien.

    #Daniel_Lindenberg #réformiste #intellectuels_réactionnaires #droitisation

  • Etrange de croiser Houria Bouteldja dans cette revue néo-marxiste, mais j’aime bien ce passage qui nous invite à « aller chercher le petit Hitler qui se trouve au fond de nous-mêmes ». J’aime bien aussi celui qui explique que le racisme n’est qu’une astuce utile au capitalisme :

    Pouvoir politique et races sociales
    Houria Bouteldja, Période, le 25 mai 2016
    http://revueperiode.net/pouvoir-politique-et-races-sociales

    Au passage elle cite cette tribune que j’avais raté :

    Nuit debout peut être porteur d’une transformation sociale de grande ampleur
    Tariq Ali, écrivain ; Ludivine Bantigny, historienne ; Patrick Chamoiseau, écrivain ; François Cusset, écrivain et historien ; Christine Delphy, sociologue ; Cédric Durand, économiste ; Elsa Dorlin, philosophe ; Annie Ernaux, écrivain ; Eric Fassin, sociologue ; Bernard Friot, sociologue ; David Graeber, anthropologue ; Nacira Guénif, anthropologue ; Razmig Keucheyan, sociologue ; Stathis Kouvelakis, philosophe ; Frédéric Lordon, philosophe ; Gérard Mordillat, écrivain ; Toni Negri, philosophe ; Leo Panitch, sociologue ; Paul B. Preciado, philosophe ; Wolfgang Streeck, sociologue ; Enzo Traverso, historien, Le Monde, le 3 mai 2016
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/05/03/nuit-debout-peut-etre-porteur-d-une-transformation-sociale-de-grande-ampleur

    #Houria_Bouteldja #racisme #capitalisme #NuitDebout #impérialisme #Période #Tribune

  • #NuitDebout, mouvement, convergence, horizontalité etc.

    Nuit debout, convergences, horizontalité, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 25 avril 2016)
    http://blog.mondediplo.net/2016-04-25-Nuit-debout-convergences-horizontalite

    [Question inévitable de journal ibérique] Les élections 2017 approchent. Outre le fait que le paysage politique à gauche du PS ne semble pas se prêter à la création d’un nouveau parti, vous affirmez qu’envisager un Podemos à la française serait se méprendre. Pourquoi ?

    La #Constituante est aussi une réponse à cette question. Je crois qu’il nous faut sortir de ce que j’appellerai l’antinomie Occupy Wall Street (OWS) / 15M-Podemos. D’un côté #OWS, mouvement qui a malheureusement fait la démonstration de son improductivité politique directe (ceci dit sans méconnaître tous les effets de Occupy qui ont cheminé souterrainement, et à qui l’on doit sans doute, par exemple, la possibilité aujourd’hui d’un Bernie Sanders). De l’autre 15M qui n’est devenu productif qu’en se prolongeant sous la forme de Podemos… c’est-à-dire sous une forme qui en trahissait radicalement l’esprit des origines : un parti classique, avec un leader classique, classiquement obsédé par la compétition électorale, et décidé à en jouer le jeu le plus classiquement du monde : dans les institutions telles qu’elles sont et sans afficher la moindre velléité de les transformer. L’appel à une Constituante est une manière de sortir de cette contradiction de l’improductivité ou du retour à l’écurie électorale. Il faut que le mouvement produise « quelque chose » mais ce « quelque chose » ne peut pas être rendu au fonctionnement des institutions en place. Conclusion : le « quelque chose » peut consister précisément en la transformation des institutions.

    Contester sans modération, par Pierre Rimbert
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/05/RIMBERT/55467

    A cet égard, les idées mises au clou par la #gauche et réactivées par les #mouvements de ces dernières années prolongent une tradition universelle de révoltes égalitaristes. En avril, un panneau destiné à collecter les propositions des participants à la Nuit debout, place de la République à Paris, proclamait : « Changement de Constitution », « Système socialisé de crédit », « Révocabilité des élus », « Salaire à vie ». Mais aussi : « Cultivons l’impossible », « La nuit debout deviendra la vie debout » et « Qui a du fer a du pain » — aux accents blanquistes.

    Espoirs de #convergence

    Au-delà des #socialismes européens, utopique, marxiste ou anarchiste, un pointillé thématique relie les radicaux contemporains à la cohorte des silhouettes insurgées qui hantent l’histoire des luttes de classes, de l’Antiquité grecque aux premiers chrétiens, des qarmates d’Arabie (Xe-XIe siècle) aux confins de l’Orient.

    (…)

    La tâche, de nos jours, s’annonce assurément moins rude. Un siècle et demi de luttes et de critiques sociales a clarifié les enjeux et imposé au cœur des institutions des points d’appui solides. La convergence tant désirée entre classes moyennes cultivées, monde ouvrier établi et précaires des quartiers relégués ne s’opérera pas autour des partis sociaux-démocrates expirants, mais autour de formations qui se doteront d’un projet politique capable de faire briller à nouveau le « soleil de l’avenir ». La modération a perdu ses vertus stratégiques. Etre raisonnable, rationnel, c’est être radical.

    Quand sautera l’ultime verrou par François Cusset | Politis
    http://www.politis.fr/articles/2016/04/quand-sautera-lultime-verrou-34629

    Cette convergence, en revanche, même ponctuelle et bricolée, suppose trois conditions, nécessaires avant d’être suffisantes. Primo, la désignation d’un adversaire commun, autrement plus vaste qu’une seule loi El Khomri de destruction du code du travail, mais moins flou que l’hydre abstraite du Capital – car, des DRH aux élus zélés, ils ont des noms, des postes, des rôles précis. Secondo, le refus du mirage électoral, refus qu’on sent cette fois largement partagé, le roi (des urnes) étant bel et bien nu après des décennies de promesses bafouées et de serments foulés aux pieds. Tertio, et c’est là que le bât blesse : un accord a minima sur les moyens d’action, compte tenu de la réticence croissante aux logiques de la discussion, mais aussi du risque de scission interne porté par les virées nocturnes pour casser vitrines de banques ou agences de Pôle emploi. La marge d’action est étroite, mais le débat doit avoir lieu, après trente ans de tabou sur ces questions : sabotage ou résistance physique relèvent-ils de la « #violence » ?

    Et quels modes d’action effectifs opposer à la violence sourde du système, celle qui menace, épuise, assigne ou sacrifie des vies ? Ce dernier point est évidemment le plus difficile, l’ultime verrou qui n’a pas encore sauté. Quand il cédera, un mouvement uni déferlera en comparaison duquel Mai 68 et décembre 95 auront l’air d’innocentes parties de plaisir. C’est demain, après-demain – au pire la prochaine fois. Mais dès lors qu’ont été franchis tous les seuils du supportable, c’est pour bientôt. Sans aucun doute possible.

    « Nuit debout a attiré ceux qui pensent leurs intérêts particuliers comme universels, et a exclu les dominés », par Par Geoffroy de Lagasnerie http://lemonde.fr/idees/article/2016/04/26/nuit-debout-releve-d-une-conception-traditionnelle-de-la-politique_4909223_3

    D’où les scènes d’incompréhension qu’on a observées entre Nuit debout et les quartiers nord de Marseille, ou entre Nuit debout et les #syndicats. L’absence de ces groupes n’est ni un accident qu’on pourrait combler en allant tisser des liens (même si c’est souhaitable) ni un fait qui s’explique pour des raisons extérieures au mouvement. Elle est une conséquence logique de la construction symbolique du mouvement comme une sphère de citoyens qui refusent de revendiquer et se rassemblent pour débattre et écrire une nouvelle Constitution. Parce que Nuit debout s’est construit autour de la rhétorique du peuple et du commun, il a attiré à lui ceux qui pensent leurs intérêts particuliers comme universels et a exclu les dominés du mouvement. L’inclusion des uns est solidaire de l’exclusion des autres – et toutes sont une conséquence du dispositif social, institutionnel et conceptuel dont ce mouvement est le produit.

    Le secrétaire général de la CGT chez Nuitdebout, la révolution est dans les détails
    https://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=8707

    A part ça, Philippe Martinez était finalement, hier soir, à Nuit Debout, place de la République, à Paris. Je vous le dis, parce que les radios du matin ne l’ont pas dit, qui n’ont parlé qu’arrestations, voitures incendiées, gardes à vue, violence (la condamner ou pas ?), bref, qui ont réduit la journée de mobilisation et de manifs d’hier à un bilan policier. Pas seulement, d’ailleurs. Une radio a aussi découvert que « le mouvement se divise », en opposant une intervention de Lordon à la Bourse du travail ("nous n’apportons pas la paix"), déjà ancienne de plusieurs semaines, à l’interview d’un membre du « media center » de Nuit Debout. Il ne leur aura fallu qu’un mois pour réaliser qu’en effet, sur pratiquement tout, il y a quasiment autant d’opinions que de Nuitdeboutistes (comme d’ailleurs parmi les "Onvautmieuxqueça, qui viennent de scisionner sur la question des medias). Saluons l’exploit.

    Il faut donc lire la #presse, la bonne vieille presse écrite, pour apprendre que le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez s’est rendu place de la République. Bon, ce n’est pas encore la convergence totale. « La CGT se frotte à la Nuit Debout », titre Mediapart, tandis que Le Monde titre sur « la difficile convergence des luttes entre Nuit Debout et les syndicats ». Sur le contenu politique de l’épisode, les deux titres s’accordent à rapporter que Martinez a douché l’enthousiasme des Nuitdeboutistes pour le déclenchement d’une grève générale, en rappelant « qu’une grève ne se mène pas tout seul » (Le Monde), et qu’il « faut user de la salive pour aller convaincre les salariés » (Mediapart).

    S’il faut chercher des scissions, d’ailleurs, des écoles, des chapelles, on peut les chercher aussi dans les narrations journalistiques. Les deux compte-rendus du Monde et de Mediapart sont caractéristiques. Le reportage du Monde s’ouvre sur Martinez (qui, seul, a droit à sa photo). Le récit est centré sur lui, vedette de la soirée, son attente pendant deux heures, le fait que lui seul soit appelé par son nom entier. Les deux heures de prise de parole qui l’ont précédé n’arrivent qu’au troisième paragraphe du récit.

    A l’inverse, le reportage de Mediapart chamboule cette hiérarchie traditionnelle : Martinez (qui n’a droit qu’à la troisième des trois photos) doit patienter jusqu’au huitième paragraphe, derrière Manon et Elsa (coordination nationale étudiante), Fathi (Taxis debout), un représentant d’Infocom CGT (la fameuse affiche), la CGT Air France, la CGT gare d’Austerlitz, Gaël (Sud Postes), Eric Beynel (Solidaires), et deux émissaires de la CNT. Autrement dit, le récit du Monde épouse la hiérarchie traditionnelle, accordant la priorité aux institutions nationales reconnues (la CGT), tandis que celui de Mediapart épouse l’ahiérarchie édictée par l’institution émergente (l’AG de Nuitdebout). Question de point de vue, comme diraient les cinéastes. Où placer sa caméra ? La révolution, comme le diable, est dans les détails.

    cc @nicohaeringer @isskein

  • Le grand cauchemar des années 1980
    http://sonsenluttes.net/?LA-DECENNIE-LE-GRAND-CAUCHEMAR-DES-ANNEES-1980

    En 2006, François Cusset publié un livre intitulé « La décennie : le grand cauchemar des année 1980 ». Dans cet ouvrage, il est question de l’entrepreneur héros et des années fric, la fameuse génération Mitterrand. Derrière le basculement des années 1980, et tout ce qu’elles nous ont légué, on trouve des intellectuels d’État et des idéologues télévisuels, quelques moralistes de plume et sociologues de la pub. C’est sous ces crânes, dans ces écrits, au fil de ces discours aux sources variées, des tubes aux essais, des romans aux slogans, que François Cusset est parti traquer la vérité de cette décennie terrible. Mais il montre aussi comment la pensée critique a continué son travail souterrain, pour ouvrir, au milieu des années 1990, de nouvelles perspectives intellectuelles et politiques. Un entretien en deux (...)

    http://sonsenluttes.net/IMG/mp3/160222francois_cusset_cauchemar_des_annees_80_1er_partie_56mn50.mp3

  • Deux tribunes (pas forcément passionnantes, mais c’est pour l’archive) :

    « La France doit renoncer à construire l’aéroport de Notre Dame des Landes »
    Giorgio Agamben, Geneviève Azam, économiste, Ludivine Bantigny, Jérôme Baschet, Philippe Bihouix, Christophe Bonneuil, Dominique Bourg, Yves Citton, Florent Compain, François Cusset, Denis Couvet, Amy Dahan, Deborah Danowski, Virginie Despentes, Vincent Devictor, Cyril Dion, Pierre-Henri Gouyon, Émilie Hache, John Holloway, Jean Jouzel, Naomi Klein, Catherine Larrère, Jérôme Leroy, Erri de Luca, Virginie Maris, Bill McKibben, La Parisienne Libérée, Pierre Perbos, Karen Pinkus, Serge Quadruppani, Pierre Rabhi, Marc Robert, Marie-Monique Robin, Kristin Ross, Isabelle Stengers, Eduardo Viveiros de Castro, Patrick Viveret, Médiapart, le 21 février 2016
    https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/210216/la-france-doit-renoncer-construire-l-aeroport-de-notre-dame-des-land

    Vous pouvez aussi signer cet appel ici :
    http://act.350.org/sign/NDDL

    « Un affaiblissement durable de la France se prépare »
    Martine Aubry, Daniel Cohn-Bendit, Axel Kahn, François Lamy et Jean-Marc Germain, Le Monde, le 24 février 2016
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/02/24/martine-aubry-c-est-un-affaiblissement-durable-de-la-france-qui-se-prepare_4

    #France #Notre_Dame_des_Landes #PS

  • Pour respecter les engagements pris lors de la COP21, la France doit renoncer à construire l’aéroport de Notre Dame des Landes

    Qui a déclaré : « A Paris, il y a eu bien des révolutions depuis des siècles, mais aujourd’hui c’est la plus belle et la plus pacifique des révolutions qui vient d’être accomplie : la révolution sur le changement climatique » ?

    Réponse : François Hollande, en clôture de la COP21, la conférence internationale sur le climat, le 12 décembre 2015.

    Mais comment parler d’une révolution sans les actes courageux pour la faire advenir ? L’accord de Paris, adopté à l’unanimité en décembre 2015 à l’issue de la COP21, fixe au monde l’objectif de contenir l’élévation de la température de la planète « nettement en-dessous de 2° C » et de « poursuivre l’action » pour la limiter à 1,5° C. Y parvenir réduirait sensiblement les risques liés au dérèglement climatique, qui modifierait de manière irréversible les conditions d’existence sur Terre.

    Dès aujourd’hui, les émissions excessives de gaz à effet de serre et les dérèglements qu’elles provoquent accentuent les inégalités sociales et font courir de nouveaux risques sur l’ensemble du globe. Six cent mille morts de désastres climatiques depuis 1995 ; 250 millions de réfugiés climatiques à l’horizon 2050 : derrière ces chiffres, c’est la responsabilité de notre génération qui est en jeu. Tous les chefs d’Etat et de gouvernement ont reconnu cette responsabilité dans l’accord de Paris.

    Mais pour véritablement prendre sens, cet engagement doit maintenant dépasser les simples promesses diplomatiques et être mis en œuvre concrètement. Cela passe par la réduction d’activités émettrices de gaz à effet de serre, en particulier la combustion d’énergies fossiles.

    L’engagement pris dans l’accord de Paris n’est pas compatible avec la construction d’un aéroport à Notre Dame des Landes sur près de 2000 hectares de terres agricoles et de milieux naturels (qu’habitent de nombreuses espèces protégées), qui générerait un surcroît d’émissions par l’aviation, le bétonnage d’une des plus grandes zones humides du pays, et la destruction de fermes paysannes.

    A l’inverse, préserver le bocage fertile et riche en biodiversité de Notre Dame des Landes serait le signe de la maturité d’un pays prêt à s’engager dans la voie nouvelle de la transition énergétique et écologique, dont les générations actuelles comme les générations futures ont tant besoin. Abandonner ce projet ne préserverait par ailleurs pas que l’écosystème local : renoncer à un projet émetteur de gaz à effet de serre contribue également à préserver notre avenir à tou.te.s.

    Depuis plus de 40 ans, le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes suscite l’opposition résolue et concertée d’agricultrices et d’agriculteurs, d’associations de protection de l’environnement, d’élu.e.s, d’habitant.e.s de la région, de riverain.e.s, de syndicalistes, ainsi que de nombreuses personnes à travers la France. Sur place, les opposant.e.s au projet d’aéroport mènent des expériences riches en enseignements, dans le domaine de l’agroécologie, de la permaculture, de l’habitat léger, etc. La qualité des études qui ont conduit à l’autorisation de l’aéroport est quant à elle contestable, son utilité même est remise en cause, de même que les dépenses que sa construction implique. L’abandon de ce projet, lancé il y a cinquante ans et désormais dépassé, est la seule position cohérente et pragmatique pour l’avenir de notre climat - c’est en effet à l’aune de l’accord de Paris que doit être jugée la pertinence de ce projet.

    –----

    Premier.e.s signataires :

    Giorgio Agamben, philosophe

    Geneviève Azam, économiste, porte-parole d’Attac

    Ludivine Bantigny, historienne

    Jérôme Baschet, historien

    Philippe Bihouix, ingénieur et écrivain

    Christophe Bonneuil, historien, CNRS

    Dominique Bourg, Philosophe

    Yves Citton, professeur à l’université de Grenoble-Alpes et co-directeur de la revue Multitudes

    Florent Compain, président des Amis de la Terre

    François Cusset, historien

    Denis Couvet, écologue, professeur au Museum national d’histoire naturelle

    Amy Dahan, historienne et sociologue des sciences

    Deborah Danowski, philosophe

    Virginie Despentes, écrivaine

    Vincent Devictor, Ecologue, CNRS

    Cyril Dion, écrivain et réalisateur

    Pierre-Henri Gouyon, professeur d’écologie au Museum national d’histoire naturelle

    Émilie Hache, philosophe

    John Holloway, sociologue et philosophe

    Jean Jouzel, climatoloque, ancien vice-président du groupe scientifique du GIEC

    Naomi Klein, journaliste

    Catherine Larrère, philosophe

    Jérôme Leroy, écrivain

    Erri de Luca, écrivain

    Virginie Maris, philosophe, membre du Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité auprès de la Ministre de l’écologie

    Bill McKibben, co-fondateur de 350.org

    La Parisienne Libérée, chanteuse

    Pierre Perbos, président du RAC

    Karen Pinkus, professeure de littérature comparée et d’italien

    Serge Quadruppani, écrivain, traducteur

    Pierre Rabhi, paysan, écrivain et philosophe

    Marc Robert, professeur de chimie, Univversité Paris Diderot

    Marie-Monique Robin, journaliste, réalisatrice et écrivaine

    Kristin Ross, professeure de littérature comparée

    Isabelle Stengers, philosophe

    Eduardo Viveiros de Castro, anthropologue

    Patrick Viveret, philosophe

    #petition : http://act.350.org/sign/NDDL
    #NDDL

  • Après le 25 novembre #Attentats #Paris #VosGuerresNosMorts :

    La guerre ne nous rend pas plus forts, elle nous rend vulnérables
    Dominique de Villepin, Libération, le 25 novembre 2015
    http://www.liberation.fr/debats/2015/11/25/la-guerre-ne-nous-rend-pas-plus-forts-elle-nous-rend-vulnerables_1416115

    A Saint-Denis, les pauvres n’ont pas le droit d’être traités en victimes
    Sibylle Gollac, Stéphanie Guyon, Julie Pagis, Etienne Penissat, Karel Yon, Libération, le 25 novembre 2015
    http://www.liberation.fr/debats/2015/11/25/a-saint-denis-les-pauvres-n-ont-pas-le-droit-d-etre-traites-en-victimes_1

    BRAVONS L’ETAT D’URGENCE, RETROUVONS-NOUS LE 29 NOVEMBRE PLACE DE LA REPUBLIQUE
    Frédéric Lordon, Directeur de recherche au CNRS, Pierre Alféri, Romancier, poète et essayiste Hugues Jallon, éditeur, écrivain, Ludivine Bantigny, Historienne, Eric Hazan, Editeur, Julien Salingue, Docteur en Science politique, Joelle Marelli, Philosophe, écrivain, directrice de programme au Collège international de philosophie, Jacques Fradin, Mathématicien, chercheur en économie, Ivan Segré, Philosophe, Nathalie Quintane, Poétesse, Christophe Granger, Historien, Nacira Guénif, Sociologue, Serge Quadruppani, Ecrivain, Joss Dray, Auteure-photographe, La parisienne libérée, Chanteuse, François Cusset, Professeur de civilisation américaine, Jean-Jacques Rue, Programmateur de cinéma et journaliste, Libération, le 25 novembre 2015
    http://www.liberation.fr/debats/2015/11/24/bravons-l-etat-d-urgence-manifestons-le-29-novembre_1415769
    https://www.change.org/p/la-rue-bravons-l-etat-d-urgence-retrouvons-nous-le-29-novembre-place-de-la-r

    "Nous ne céderons pas !"
    AFD International, Agir pour le changement démocratique en Algérie (Acda), Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association des Marocains en France (AMF), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip), Association française des juristes démocrates (AFJD), Association France Palestine solidarité (AFPS), Association Grèce France Résistance, Association interculturelle de production, de documentation et de diffusion audiovisuelles (AIDDA), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Associations démocratiques des Tunisiens en France (ADTF), Attac, Cadac, Cedetim, Confédération générale du travail (CGT), Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Collectif 3C, Collectif des 39, Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE), Comité pour le développement et le patrimoine (CDP), Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Commission islam et laïcité, Confédération syndicale des familles (CSF), Collectif des musulmans de France (CMF), Coordination des collectifs AC !, Droit au logement (Dal), Droit solidarité, Droits devant !!, Emmaüs France, Emmaüs International, Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Fédération nationale de la Libre pensée, Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), Filles et fils de la République (FFR), Fondation Copernic, Fédération syndicale unitaire (FSU), Genepi, Ipam, La Cimade, La Quadrature du Net, Le Mouvement de la paix, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Le Gisti, Les Amoureux au ban public, Les Céméa, Maison des potes, Mamans toutes égales (MTE), Médecins du monde, Mrap, OIP - section française, Organisation de femmes égalité, Planning familial, Réseau éducation sans frontières (RESF), Réseau euromaghrébin culture et citoyenneté (REMCC), Réseau Euromed France (REF), SNPES-PJJ/FSU, Snuclias-FSU, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat national des journalistes (SNJ), Unef, Union des travailleurs immigrés tunisiens (Utit), Union juive française pour la paix (UJFP), Union nationale lycéenne (UNL), Union syndicale de la psychiatrie (USP), Union syndicale Solidaires, L’Humanité, le 25 Novembre, 2015
    http://www.humanite.fr/appel-unitaire-nous-ne-cederons-pas-590848

    Alain Bertho : « Il faut être clair : un monde a pris fin, il n’y aura pas de retour en arrière »
    Interview d’Alain Bertho par Ivan du Roy, Basta, le 26 novembre 2015
    http://www.bastamag.net/Il-faut-etre-clair-un-monde-a-pris-fin-il-n-y-aura-pas-de-retour-en-arrier

    "Pas en notre nom"
    (manifs le 28 novembre 2015 dans toute l’Espagne)
    http://www.noasusguerras.es/francais

    #recension

  • Deux appels collectifs :

    BRAVONS L’ETAT D’URGENCE, RETROUVONS-NOUS LE 29 NOVEMBRE PLACE DE LA REPUBLIQUE
    Frédéric Lordon, Directeur de recherche au CNRS, Pierre Alféri, Romancier, poète et essayiste Hugues Jallon, éditeur, écrivain, Ludivine Bantigny, Historienne, Eric Hazan, Editeur, Julien Salingue, Docteur en Science politique, Joelle Marelli, Philosophe, écrivain, directrice de programme au Collège international de philosophie, Jacques Fradin, Mathématicien, chercheur en économie, Ivan Segré, Philosophe, Nathalie Quintane, Poétesse, Christophe Granger, Historien, Nacira Guénif, Sociologue, Serge Quadruppani, Ecrivain, Joss Dray, Auteure-photographe, La parisienne libérée, Chanteuse, François Cusset, Professeur de civilisation américaine, Jean-Jacques Rue, Programmateur de cinéma et journaliste, Libération, le 25 novembre 2015
    http://www.liberation.fr/debats/2015/11/24/bravons-l-etat-d-urgence-manifestons-le-29-novembre_1415769
    https://www.change.org/p/la-rue-bravons-l-etat-d-urgence-retrouvons-nous-le-29-novembre-place-de-la-r

    Et

    « Nous ne céderons pas ! »
    AFD International, Agir pour le changement démocratique en Algérie (Acda), Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association des Marocains en France (AMF), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip), Association française des juristes démocrates (AFJD), Association France Palestine solidarité (AFPS), Association Grèce France Résistance, Association interculturelle de production, de documentation et de diffusion audiovisuelles (AIDDA), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Associations démocratiques des Tunisiens en France (ADTF), Attac, Cadac, Cedetim, Confédération générale du travail (CGT), Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Collectif 3C, Collectif des 39, Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE), Comité pour le développement et le patrimoine (CDP), Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Commission islam et laïcité, Confédération syndicale des familles (CSF), Collectif des musulmans de France (CMF), Coordination des collectifs AC !, Droit au logement (Dal), Droit solidarité, Droits devant !!, Emmaüs France, Emmaüs International, Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Fédération nationale de la Libre pensée, Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), Filles et fils de la République (FFR), Fondation Copernic, Fédération syndicale unitaire (FSU), Genepi, Ipam, La Cimade, La Quadrature du Net, Le Mouvement de la paix, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Le Gisti, Les Amoureux au ban public, Les Céméa, Maison des potes, Mamans toutes égales (MTE), Médecins du monde, Mrap, OIP - section française, Organisation de femmes égalité, Planning familial, Réseau éducation sans frontières (RESF), Réseau euromaghrébin culture et citoyenneté (REMCC), Réseau Euromed France (REF), SNPES-PJJ/FSU, Snuclias-FSU, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat national des journalistes (SNJ), Unef, Union des travailleurs immigrés tunisiens (Utit), Union juive française pour la paix (UJFP), Union nationale lycéenne (UNL), Union syndicale de la psychiatrie (USP), Union syndicale Solidaires, L’Humanité, le 25 Novembre, 2015
    http://www.humanite.fr/appel-unitaire-nous-ne-cederons-pas-590848

    #Attentats #Paris #VosGuerresNosMorts #Etat_d'Urgence #Manifestations #Appels
    #recension

  • 24 novembre #Attentats #Paris #VosGuerresNosMorts :

    Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste
    Olivier Roy, Le Monde, le 24 novembre 2015
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/24/le-djihadisme-une-revolte-generationnelle-et-nihiliste_4815992_3232.html

    Dont le texte en entier est ici :
    http://justpaste.it/p7cv

    Et qui est bien complété par cette interview ici qui date pourtant d’il y a un an :
    http://www.franceinter.fr/emission-le-79-olivier-roy-les-jeunes-djihadistes-sont-fascines-par-la-v
    http://seenthis.net/messages/432241

    A qui sert leur guerre ?
    Ludivine Bantigny historienne, Emmanuel Barot philosophe, Jacques Bidet philosophe, Déborah Cohen historienne, François Cusset historien des idées, Laurence De Cock historienne, Christine Delphy sociologue, Cédric Durand économiste, Fanny Gallot historienne, Eric Hazan, Sabina Issehnane économiste, Razmig Keucheyan sociologue, Marius Loris historien, poète, Marwan Mohammed sociologue, Olivier Neveux historien de l’art, Willy Pelletier sociologue, Irène Pereira sociologue, Julien Théry-Astruc historien, Rémy Toulouse éditeur, Enzo Traverso historien, Libération, le 24 novembre 2015
    http://www.liberation.fr/planete/2015/11/24/a-qui-sert-leur-guerre_1415808

    Le 13 : http://seenthis.net/messages/428069
    Le 14 : http://seenthis.net/messages/428292
    Le 15 : http://seenthis.net/messages/428675
    Le 16 : http://seenthis.net/messages/428991
    Le 17 : http://seenthis.net/messages/429430
    divers : http://seenthis.net/messages/429826
    Le 18 : http://seenthis.net/messages/429828
    Le 19 : http://seenthis.net/messages/430393
    Le 20 : http://seenthis.net/messages/431269
    Les 22 et 23 : http://seenthis.net/messages/432070

    #recension

  • A qui sert leur guerre ? - 24 novembre 2015 à 17:36
    http://www.liberation.fr/planete/2015/11/24/a-qui-sert-leur-guerre_1415808

    (...) La France est en guerre continuellement. Elle sort d’une guerre en Afghanistan, lourde de civils assassinés. Les droits des femmes y sont toujours bafoués, tandis que les talibans regagnent chaque jour du terrain. Elle sort d’une guerre en Libye qui laisse le pays ruiné et ravagé, avec des morts par milliers et des armes free market qui approvisionnent tous les jihads. Elle sort d’une intervention au Mali. Les groupes jihadistes liés à Al-Qaeda ne cessent de progresser et de perpétrer des massacres. A Bamako, la France protège un régime corrompu jusqu’à l’os, comme au Niger et au Gabon. Les oléoducs du Moyen-Orient, l’uranium exploité dans des conditions monstrueuses par Areva, les intérêts de Total et de Bolloré ne seraient pour rien dans le choix de ces interventions très sélectives, qui laissent des pays dévastés ? En Libye, en Centrafrique, au Mali, la France n’a engagé aucun plan pour aider les populations à sortir du chaos. Or il ne suffit pas d’administrer des leçons de prétendue morale (occidentale). Quelle espérance d’avenir peuvent nourrir des populations condamnées à végéter dans des camps ou à survivre dans des ruines ?

    La France prétend détruire Daech ? En bombardant, elle multiplie les jihadistes. Les Rafale tuent des civils aussi innocents que ceux du Bataclan. Comme en Irak, certains de ces civils finiront par se solidariser avec les jihadistes : ces bombardements sont des bombes à retardement. (...)

    Signataires : Ludivine Bantigny historienne Emmanuel Barot philosophe Jacques Bidet philosophe Déborah Cohen historienne François Cusset historien des idées Laurence De Cock historienne Christine Delphy sociologue Cédric Durand économiste Fanny Gallot historienne Eric Hazan Sabina Issehnane économiste Razmig Keucheyan sociologue Marius Loris historien, poète Marwan Mohammed sociologue Olivier Neveux historien de l’art Willy Pelletier sociologue Irène Pereira sociologue Julien Théry-Astruc historien Rémy Toulouse éditeur Enzo Traverso historien.

  • « Hors des médias, la gauche critique travaille à longueur d’année » , François Cusset, Ration
    http://www.liberation.fr/debats/2015/10/16/francois-cusset-hors-des-medias-la-gauche-critique-travaille-a-longueur-d

    Y a-t-il réellement une droitisation du débat d’idées ?
    L’expression a peu de sens, sinon celui historique et structurel du glissement idéologique et politique du dernier demi-siècle, marqué par la dérive intellectuelle et la disparition politique des alternatives émancipatoires d’ensemble. Un gros glissement vers la droite, en somme, dont tous les vendeurs savent tirer les leçons. Les vendeurs de débats et d’essais « engagés » les premiers. C’est l’horizon d’attente, comme disaient les philosophes allemands, qui s’est droitisé. Le reste a suivi.

    Céline Sciamma, cinéaste : « Il faut sortir la gauche de sa lecture sentimentale »
    http://www.liberation.fr/france/2015/10/16/face-aux-reacs-ils-resistent_1405809

    « Etre de gauche aujourd’hui en France, c’est traverser ce paradoxe : vivre dans un pays où le Parti socialiste est au pouvoir tout en ayant souvent le sentiment d’être dans l’opposition. Et ce paradoxe nous glace, il a pu nous figer. Avec cette idée que si l’on s’oppose à la gauche qui gouverne il faut le faire avec prudence, car on pourrait faire advenir le pire. Nous ne devons plus penser comme cela. Sinon, nous faisons le même jeu que nos dirigeants, branchés sur une opinion publique à l’intelligence de laquelle ils ne croient pas. »

  • François Cusset : « Une histoire critique des années 90 »
    http://www.dailymotion.com/video/x2187j9_francois-cusset-une-histoire-critique-des-annees-90_news

    L’historien des idées François Cusset, déjà auteur d’une étude sur le « cauchemar des années 1980 », dirige un ouvrage collectif qui vise à dégager le sens de la décennie 1990, « de la fin de tout au début de quelque chose ». Entretien vidéo.

    + http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/270714/cetait-quoi-les-annees-1990

    #Années_1990 #Culture #François_Cusset #Histoire #Pensée_critique #Politique

  • Beauté et souffrance de la #révolte – À l’abri du déclin du monde de #François_Cusset
    http://diffractions.info/2014-05-07-beaute-et-souffrance-de-la-revolte-a-labri-du-declin-du-mo

    « [...] la seule solution logique est peut-être en fait déjà là, ici ou ailleurs, mais à portée de poing, au bord de chaque désir, au bout de toutes les lèvres,...

    #politique #revue_littéraire #À_l'abri_du_déclin_du_monde #littérature #manifestation #P.O.L. #révolution