Hum, je n’ai pas le temps de lire ça parce que je dois préparer ma conf pour Pas Sage en Seine demain, mais ce papier m’a l’air particulièrement intéressant (et je suis désolé d’apprendre le décès d’un des auteurs, même si je ne le connaissais pas).
C’est assez amusant, je me suis rendu compte très tard du côté militant de SPIP, et pourtant je baigne (enfin j’ai baigné) beaucoup dans certains milieux, et je pense que c’est parce que ce sont des technologies que je n’utilise pas (je m’y serais beaucoup plus intéressé si j’avais connu l’idéologie avant). J’ai hâte de rencontrer @arno le mois prochain.
Par contre il y a une chose qui me marque dès le début du papier (que j’ai juste parcouru, pas le temps de lire en profondeur maintenant) : l’opposition militantisme/pragmatisme ou la vielle opposition logiciel libre/logiciel open source. Je pense qu’elle est beaucoup trop simpliste : de mon expérience il y a de très nombreux courants idéologiques dans les communautés libristes, autant chez les développeurs que les utilisateurs, et on peut très bien voir du Kropotkine cité comme il y a quelques jours sur DLFP, comme des libertariens (beaucoup plus courant !). D’ailleurs beaucoup se disent apolitiques, un parallèle qu’on peut faire avec le mouvement des indignados - qui était pourtant très clairement marqué à gauche -.
Pour moi 2 choses sont sumboliques du monde libriste d’aujourd’hui : le succès de bitcoin, et le parti pirate. Le premier même si intéressant sur le plan technique, est la porte ouverte au libertarianisme, à l’argent qui circule hors de tout contrôle, à la spéculation ; pas vraiment ce qu’on pourrait associer à un militantisme « de gauche », et pourtant on le retrouve dans presque tous les projets libres.
Le deuxième est un mélange improbable de tout, sans véritable ligne idéologique, et surtout le fondateur du tout premier, Falkvinge, régulièrement cité sur certains réseaux, a fait ce genre de déclaration qui personnellement me donne envie de vomir : « Les conservateurs ne sont pas pour le capitalisme pur. Ils sont une espèce de poules mouillées sociales-libérales. (...) Je me définis comme ultracapitaliste, et c’est à partir de ce positionnement que je me suis impliqué politiquement. (...) La bataille maintenant se joue sur les droits des citoyens, qui est le sujet majeur. Plus important que le système de santé, l’éducation, le nucléaire, la défense et toute cette merde dont on débat depuis quarante ans. » (je n’ai pas été la chercher bien loin, elle est sur wikipédia : ▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_pirate_(Su%C3%A8de) ). Je pense qu’il y a des gens sincéres et probablement bien dans le parti pirate, mais il y a un manque idéologique cruel.
Dans la même ligné, des Assange ou des Snowden se sont également déclarés libertariens, et même si je n’aimerais pas être à leur place et je reconnais le mérite de ce qu’à fait le second, ça me gène de les mettre sur un piédestal.
Maintenant, pour revenir au fond du papier oui l’idéologie est liée au succès : nous sommes en plein dedans en essayant de nous financer via une association 1901, en autogestion. Et je pense que le nerf de la guerre, c’est les médias en place : il y a des médias qui devraient soutenir les projets alternatifs, et en France on a de quoi faire, et un lectorat conséquent. Mais ça ne suit pas, ou peu, et j’ai même vu des gens dire « facebook et adblock ça me suffit, on peut rassembler du monde avec ». Il y a un vrai problème de ce côté là. Le papier parle de Lip : il y avait la queue les premiers jours de la réouverture de Lip, parce que les médias en ont parlé.