person:françois jarrige

  • Histoire des métiers (1/4) : Résister à la technique ou la dompter ? Les métiers face aux technologies
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/histoire-des-metiers-14-resister-a-la-technique-ou-la-dompter-les-meti


    C’est en ce moment, on y parle des #typographes

    Pour ouvrir cette semaine consacrée à l’histoire des métiers, Emmanuel Laurentin reçoit François Jarrige, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne, grand spécialiste de l’#histoire des #techniques, de l’#industrialisation, et des enjeux sociaux qui leur sont liés.

    Au XIXème siècle, le développement technologique s’accélère comme jamais auparavant, les nouvelles techniques gagnent tous les pans de la société et la modifient en profondeur, et en premier lieu, le monde du travail. Ouvriers, artisans, comment les travailleurs voient-ils leur activité et par conséquent tout leur quotidien modifié, et comment appréhendent-ils ces changements ? L’univers machinique nouveau a-t-il suscité des résistances, des enthousiasmes ? Comment les penseurs du travail s’en sont-ils emparés ?

  • Le choix de polluer
    http://www.laviedesidees.fr/Le-choix-de-polluer.html

    Dans une synthèse inédite d’histoire mondiale, François Jarrige et Thomas Le Roux explorent les sources politiques et scientifiques des pollutions et montrent que leur #mondialisation à l’âge industriel n’avait rien d’inéluctable.

    Livres & études

    / mondialisation, #environnement, #pollution, #industrialisation

    #Livres_&_études

  • François Jarrige, Le genre des bris de machines, 2013 | Et vous n’avez encore rien vu...
    https://sniadecki.wordpress.com/2018/01/31/jarrige-genre-ludd

    En juillet 1837, à Chalabre, petit bourg industriel de l’Aude, un fabricant annonce sa volonté d’installer une mule-jenny pour accroître la productivité de la filature de la laine. Dans ce petit centre drapier de 3 500 habitants, où plus de la moitié de la population est occupée à la fabrication des draps, la nouvelle provoque la consternation. Des ouvriers se rassemblent immédiatement près des ateliers et « demandent le départ du monteur et la destruction de la machine ». Dans les jours qui suivent, les rassemblements se multiplient, les autorités craignent la contagion des désordres aux villages alentours. Malgré le déploiement des forces de l’ordre, la machine est finalement brisée lors d’une émeute le 22 juillet. Immédiatement, les autorités proposent une interprétation sexuée du conflit. Selon le maire, ce sont les femmes qui auraient poussé les ouvriers à briser “les mécaniques”. L’implication des femmes frappe aussi le rédacteur du journal local L’Aude qui note qu’elles « se firent remarquer par leur fureur et leur acharnement », et « se montrèrent les plus ardentes à cette œuvre de destruction insensée » 1. Au terme du conflit, une fileuse est d’ailleurs renvoyée car « elle se serait fait gloire d’avoir contribué activement aux bris des machines » 2.

    Cet évènement laisse entrevoir l’engagement des femmes contre des machines qui les privent de ressources au début de l’ère industrielle. Contrairement à l’image commune selon laquelle les bris des machines seraient d’abord une pratique masculine, de nombreux indices montrent la forte présence des femmes. Les bris de machines correspondent à une pratique plurielle et ambivalente, affectant de nombreux groupes entre la fin du XVIIIe et le milieu du XIXe siècle [Jarrige, 2009]. Ce type de violence industrielle, récurrente en Angleterre et en France à l’époque de la « révolution industrielle » a été peint essentiellement sous les traits d’une pratique masculine, impliquant le triomphe d’une conception virile des rapports sociaux et des conflits du travail 3. Les femmes furent longtemps invisibles dans les protestations populaires, cantonnées aux émeutes frumentaires, renvoyées à leur condition de nourricière et à la sphère domestique 4.

    Loin d’être marginale ou invisible, la question du genre joue pourtant un rôle décisif dans ces violences industrielles : elle gouverne en effet les rapports sociaux, et modèle les représentations du conflit comme les stratégies protestataires. Dans les années 1970, Michelle Perrot a été la première à insister sur leur présence « dans la lutte contre les machines ». Elle les voyait à un double niveau : comme « auxiliaire » et « ménagère qui défendent le niveau de vie de la famille », mais aussi comme actrices de plein droit insurgées contre « la machine destructrice d’un mode de production domestique auquel elles sont particulièrement attachées » [Perrot, 1978]. La place des femmes dans ce type de conflit est ambiguë car les descriptions des autorités sont façonnées par les préjugés et les stéréotypes qui gouvernent le regard des hommes. La vision de la femme du peuple, violente et déchaînée, prompte à pousser son mari au désordre, est liée à la naturalisation de la femme comme être d’instinct.

    En réexaminant la question du genre des bris de machine dans un espace transnational franco-anglais où circulent les machines, les hommes et les expériences, il s’agit d’interroger le rôle des identités de genre dans la construction du consensus industrialiste du début du XIXe siècle. Pour les femmes, l’industrialisation ne fut pas un paisible chemin vers la modernité. Contrairement à la légende tenace, démontée jadis par Michelle Perrot, les machines du XIXe siècle ne furent pas toujours les alliées des femmes, elles ne leur ouvrirent pas automatiquement « la terre promise du salariat et, par-là, de l’égalité et de la promotion » [Perrot, 1983 (1998), p. 177]. Étudier le genre des bris de machines implique de réfléchir à plusieurs échelles : il faut examiner les effets sociaux de la mécanisation, mais aussi étudier les diverses interactions locales durant les troubles. En s’ameutant, les ouvrières cherchent à défendre leur travail ; elles n’interviennent pas seulement comme des « nourricières » préoccupées de la cherté des subsistances, mais aussi comme des « travailleuses » à part entière, menacées au même titre que les hommes par le chômage. Pour donner du poids et de la légitimité à leur protestation, alors que leur voix reste exclue du champ politique, elles doivent obtenir le soutien d’autres groupes et entraîner les hommes derrière elles.

  • François Jarrige, Le genre des bris de machines, 2013
    https://sniadecki.wordpress.com/2018/01/31/jarrige-genre-ludd

    Cet évènement laisse entrevoir l’engagement des femmes contre des machines qui les privent de ressources au début de l’ère industrielle. Contrairement à l’image commune selon laquelle les bris des machines seraient d’abord une pratique masculine, de nombreux indices montrent la forte présence des femmes. Les bris de machines correspondent à une pratique plurielle et ambivalente, affectant de nombreux groupes entre la fin du XVIIIe et le milieu du XIXe siècle [Jarrige, 2009]. Ce type de violence industrielle, récurrente en Angleterre et en France à l’époque de la « révolution industrielle » a été peint essentiellement sous les traits d’une pratique masculine, impliquant le triomphe d’une conception virile des rapports sociaux et des conflits du travail. Les femmes furent longtemps invisibles dans les protestations populaires, cantonnées aux émeutes frumentaires, renvoyées à leur condition de nourricière et à la sphère domestique.

    Loin d’être marginale ou invisible, la question du genre joue pourtant un rôle décisif dans ces violences industrielles : elle gouverne en effet les rapports sociaux, et modèle les représentations du conflit comme les stratégies protestataires. Dans les années 1970, Michelle Perrot a été la première à insister sur leur présence « dans la lutte contre les machines ». Elle les voyait à un double niveau : comme « auxiliaire » et « ménagère qui défendent le niveau de vie de la famille », mais aussi comme actrices de plein droit insurgées contre « la machine destructrice d’un mode de production domestique auquel elles sont particulièrement attachées » [Perrot, 1978]. La place des femmes dans ce type de conflit est ambiguë car les descriptions des autorités sont façonnées par les préjugés et les stéréotypes qui gouvernent le regard des hommes. La vision de la femme du peuple, violente et déchaînée, prompte à pousser son mari au désordre, est liée à la naturalisation de la femme comme être d’instinct.

    Article paru dans la revue Clio. Femmes, Genre, Histoire n°38, “Ouvrières, ouvriers”, 2013.

    #François_Jarrige #Histoire #critique_techno #luddisme #femmes #genre et #capitalisme bien sûr

  • En 1840, Etienne Cabet rêvait un paradis rouge

    http://www.lemonde.fr/festival/article/2017/08/25/en-1840-etienne-cabet-revait-un-paradis-rouge_5176317_4415198.html

    COMME SUR L’ÎLE D’UTOPIE DE THOMAS MORE OU DANS LA CITÉ DU SOLEIL DE CAMPANELLA, RIEN NE SE VEND, RIEN NE S’ACHÈTE : L’USAGE DE LA MONNAIE EST INTERDIT AUX PARTICULIERS

    Il fallait oser. Ecrire un récit de voyage au XIXe siècle, une époque où le genre semble avoir fait long feu, n’a rien d’évident. En ce temps-là, plus personne ne s’assume utopiste – sauf Etienne Cabet, l’auteur de Voyage en Icarie, d’abord paru en 1840 sous le titre de Voyage et aventures de lord William Carisdall en Icarie. Contrairement à la plupart de ses contemporains, cet ancien militant républicain qui a lutté contre la monarchie de Juillet ne craint pas de revendiquer l’héritage du premier utopiste, Thomas More, pour expliquer sa conversion au communisme.

    Alors que Thomas More s’adressait, au XVIe siècle, aux humanistes, le livre d’Etienne Cabet est, lui, à destination des ouvriers. « Il a dans l’idée qu’il faut d’abord remodeler les imaginaires afin de pouvoir transformer le réel », affirme François Jarrige, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Bourgogne. Pour faciliter la lecture de son livre, il choisit de recourir à la forme éprouvée du récit de voyage et il adopte un style simple, sans se perdre dans des analyses austères. A rebours d’un Charles Fourier dont l’écriture est empreinte d’une sécheresse mathématique, il met en œuvre une « stratégie publicitaire », estime encore l’historien.

    Langage des masses

    A la fin de son utopie, Etienne Cabet s’en explique : « Il y a deux manières d’écrire pour le Peuple ; l’une, (…) d’embrouiller et d’obscurcir les choses simples et claires, souvent pour avoir l’air d’être savant ; l’autre, d’éclaircir les choses les plus embrouillées, de faire de la science sans le dire et de tout faire comprendre en employant la langue vulgaire. » Il choisit la deuxième option : parler le langage des masses exige, selon lui, des compromis. « Cabet n’est pas anticlérical mais, dans une société encore très chrétienne, tenir un discours religieux en expliquant que le vrai christianisme est en Icarie vise à gagner le peuple à sa cause sans l’effrayer », poursuit l’historien François Jarrige.

    La mise en scène de Voyage en Icarie sera on ne peut plus classique : parti le 22 décembre 1835, Lord William Carisdall arrive au port de Camiris, sur la côte orientale du pays imaginaire des Marvols. Icarie, dont le nom évoque une île grecque de la mer Egée, en est séparé par un bras de mer qui se traverse en six heures. Dans cette contrée passionnée d’égalité qui ne figure sur aucune carte, seuls sont admis les étrangers parlant la langue icarienne. Très facile à apprendre, elle est destinée à devenir « la langue de toute la terre » : « parfaitement rationnelle, régulière et simple », elle « s’écrit comme elle se parle et se prononce comme elle s’écrit ». Les règles y « sont en très petit nombre, et sans aucune exception » et « tous les mots (…) ont une signification parfaitement définie ».

    Le navigateur débarque dans la ville « neuve et régulière » de Tyrama, avec ses rues « droites, larges et parfaitement propres » qui rappellent au narrateur la rue de Rivoli, à Paris. Tout y est « charmant » – les maisons, les jardins, les fermes, les villages, les coteaux, les enfants… « C’était la plus jolie de toutes les villes que je connaissais », écrit Etienne Cabet, non sans une pointe de naïveté. A l’arrivée de Lord William Carisdall, les autorités du pays lui demandent de s’acquitter de la somme de deux cents guinées : la nation se chargera ensuite de lui fournir ce dont il a besoin pendant ses quatre mois de séjour. Car en Icarie, comme sur l’île d’Utopie de Thomas More ou dans la Cité du soleil de Campanella, rien ne se vend, rien ne s’achète : l’usage de la monnaie est interdit aux particuliers.

    A la pointe de la technologie

    Voyage en Icarie ne fantasme pas un mode de vie simple et champêtre, comme c’est souvent le cas dans le genre utopique. « C’est l’une des premières utopies communistes fondée sur la technique et sur le déploiement de machines », relève François Jarrige. Cabet raconte l’émerveillement de son voyageur. « Nous atteignîmes un grand chemin de fer sur lequel la vapeur nous transporta avec la rapidité du vent ou de l’éclair. » Plus surprenant pour l’époque, les Icariens ont des sous-marins et voyagent en ballon. « Le voyage aérien est non seulement le plus rapide et le plus agréable, mais encore celui qui présente le moins d’accidents et de dangers », pressent l’auteur. Autant dire qu’il préfigure l’avion, inventé à la toute fin du XIXe siècle.

    Ce pays à la pointe de la technologie vit sous le régime d’une démocratie absolue. En Icarie, les deux mille députés qui sont élus pour deux ans sont choisis parmi les citoyens les plus habiles. Le peuple souverain donne mandat à cette représentation nationale. Chargé d’exécuter les décisions du pouvoir législatif, le pouvoir exécutif est quant à lui « comptable, responsable et destituable ». On ne le confie pas à un seul homme mais à un corps qui inclut le président.

    Les citoyens forgent leur sens politique et débattent des affaires publiques dans mille assemblées populaires. On y traite d’importantes questions : « pour jouir plus souvent de la campagne », faut-il travailler sept heures et trente minutes par jour au lieu de sept afin d’avoir un jour de repos tous les cinq jours, et non tous les dix jours ? Dans ce débat, Cabet est en avance sur son temps : en France, les premières réglementations sur la durée du travail des enfants sont adoptées un an après la publication de son livre, en 1841 – la journée de dix heures à Paris et onze heures en province sera, elle, actée en 1848 par le gouvernement provisoire de la République.

    Réseau de disciples

    Davantage propagandiste que philosophe, Etienne Cabet maîtrise à la perfection les outils de la communication politique. Il possède un réseau de disciples dévoués qui compte beaucoup de femmes et d’ouvriers. Organisés autour de son journal, Le Populaire, ils sont présents dès 1846 dans tous les départements français. Cabet désigne en outre des « correspondants » qui récoltent des signatures pour des pétitions et collectent des fonds. Surtout, « ils veillent au respect des principes icariens : la réprobation des sociétés secrètes, le refus absolu de participer aux actes de violence », rappelle François Fourn, docteur en histoire, contributeur du Dictionnaire des utopies (Larousse, 2002).

    La diffusion des idées d’Etienne Cabet est telle qu’avant 1848 la plupart des communistes français sont icariens, constate François Fourn. « Jusqu’à la caricature, [Cabet] donne à son Icarie toutes les apparences d’un incroyable pays de cocagne, d’un paradis terrestre pour les ouvriers », résume-t-il. Cabet souhaite cependant que ce rêve devienne réalité : le 9 mai 1847, il lance un cri enthousiaste dans les colonnes de son journal : « Allons en Icarie ! » Depuis un an, la France est en proie à une crise économique, le communisme fait peur et cet utopiste revendiqué est en mauvaise posture – le pouvoir l’accuse d’être la cause de la moindre émeute et il est lâché par les réformateurs.

    Son appel s’adresse aux Icariens. « Persécutés comme Jésus et ses disciples par de nouveaux Pharisiens, retirons-nous comme eux dans le désert, dans une terre vierge, pure de toute souillure, qui nous offrira tous les trésors de sa fécondité. » Des terres sont achetées aux Etats-Unis et soixante-neuf hommes partent du Havre le 3 février 1848 pour rejoindre le nord du Texas. Trois semaines plus tard, la révolution éclate en France : Cabet y participe mais finit par rejoindre ceux qui ont émigré de l’autre côté de l’Atlantique.

    Là-bas, c’est le fiasco. Mal préparés, les ouvriers qui rêvent d’une république idéale se retrouvent plongés dans des marais. Après avoir marché pendant des semaines et contracté des maladies, ils finissent par battre en retraite et se replier sur La Nouvelle-Orléans (Louisiane). D’autres les rejoignent, sans savoir ce qui les attend. Et, quand Cabet arrive à son tour, il fonde avec les disciples qui n’ont pas baissé les bras la communauté de Nauvoo, une ville située dans l’Illinois. Considéré comme un petit dictateur, il est cependant mis en minorité en 1856. Son rêve américain tourne court puisqu’il meurt la même année.

    Très célèbre de son vivant, plus connu que Proudhon et même que Marx, Etienne Cabet est oublié aussitôt après sa disparition. Au XXe siècle, seuls les communistes de Russie, où son livre est traduit, continuent de s’intéresser à son modèle centralisé et étatiste. Sans doute l’expérience de l’URSS a-t-elle joué en sa défaveur. Mais, par-delà les réinterprétations anachroniques, Etienne Cabet soulève une question toujours d’actualité : il prétend que les machines vont permettre, en remplaçant les ouvriers, de réduire la durée journalière du travail. Près de deux siècles plus tard, le débat sur l’automatisation de l’emploi agite plus que jamais le débat politique.

  • Machine arrière : histoire et machines agricoles | Les paysans et paysannes dans la lutte des classes
    https://blogs.radiocanut.org/luttespaysannes/2017/02/26/machine-arriere-histoire-et-machines-agricoles

    Conférence de François Jarrige, historien à l’université de Bourgogne. Il revient sur une partie de l’histoire contemporaine de la mécanisation agricole avec l’arrivée de la batteuse dans les campagnes, décortique les mécanismes sociaux et politiques qui en ont découlés et évoque les contestations paysannes de l’époque. Durée : 1h. Source : Radio Canut

    https://blogs.radiocanut.org/luttespaysannes/files/2017/02/lpdlc9f%C3%A9v2017.mp3

  • L’université sous hypnose numérique, Thomas Bouchet et François Jarrige, 2015
    https://sniadecki.wordpress.com/2016/09/22/jarrige-universite

    De quelle université avons-nous besoin ? Un espace émancipateur propice au débat et à la réflexion, où les évolutions du monde sont décryptées autrement que dans l’urgence ? Ou bien un laboratoire pour l’innovation à tout prix, au service de la compétition économique ? La deuxième option est en train de l’emporter sur les ruines de la première.

    #critique_techno #innovation #numérique #informatisation #université #éducation #lobby

  • Podcast CNT : Technocritiques, histoire des résistances au « progrès » technique
    http://www.cnt-f.org/podcast-cnt-technocritiques-histoire-des-resistances-au-progres-technique.htm

    Débat avec Céline Pessis et François Jarrige au Festival CNT 2016 Les techniques promettent abondance et bonheur ; elles définissent la condition humaine d’aujourd’hui. Pourquoi les contester, et à quoi bon ? Les discours technocritiques ne masquent-ils pas des peurs irrationnelles, un conservatisme (...) — ?feed=https%3A%2F%2Fwww.mixcloud.com%2Fsyndicat_CNT%2Ftechnocritique-d%25C3%25A9bat-avec-c%25C3%25A9line-pessis-et-fran%25C3%25A7ois-jarrigue%2F&hide_cover=1, Podcasts Festival CNT

    https://www.mixcloud.com/widget/iframe/?feed=https%3A%2F%2Fwww.mixcloud.com%2Fsyndicat_CNT%2Ftechnocritique-d%25C

  • Encore des #tribunes que Hollande et Valls ne liront pas...

    Nous continuerons à manifester
    Etienne Balibar (philosophe), Jacques Bidet (philosophe), Jérôme Bourdieu (économiste), Christophe Charle (historien), Benjamin Coriat (économiste), Christine Delphy (sociologue), Eric Fassin (sociologue), Olivier Fillieule (sociologue), Bastien François (politiste), Jean-Marie Harribey (économiste), Sabina Issehnane (économiste), Esther Jeffers (économiste), Pierre Khalfa (coprésident de la Fondation Copernic), Rose-Marie Lagrave (sociologue), Frédéric Lebaron (sociologue), Philippe Légé (économiste), Dany Lang (économiste), Willy Pelletier (sociologue), Jonathan Marie (économiste), Gérard Mauger (sociologue), Christian de Montlibert (sociologue), Léonard Moulin (économiste), Gérard Mordillat (romancier), Gisele Sapiro (sociologue), Johanna Siméant (politiste), Violaine Roussel (politiste), Christian Topalov (sociologue), Libération, le 16 juin 2016
    http://www.liberation.fr/debats/2016/06/16/nous-continuerons-a-manifester_1459962

    A signer ici :
    https://www.change.org/p/je-ne-respecterai-pas-l-interdiction-de-manifester

    Ce gouvernement a peur
    Pierre Alferi (écrivain), Jean-Claude Amara (porte-parole de Droits devant !!), Nathalie Astolfi (enseignante), Ana Azaria (présidente de Femmes Egalité), Igor Babou (universitaire), Etienne Balibar (philosophe), Ludivine Bantigny (historienne), Amal Bentounsi (Urgence Notre Police Assassine), Eric Beynel (porte-parole de Solidaires), Daniel Blondet (militant anti-impérialiste), Antoine Boulangé (enseignant), Claude Calame (historien), Laurent Cauwet (éditeur), Manuel Cervera-Marzal (sociologue), Déborah Cohen (historienne), Christine Delphy (sociologue), Alain Dervin (enseignant), Paul Dirkx (sociologue), Joss Dray (photographe), Julien Dufour (doctorant en sociologie), Jules Falquet (sociologue), Eric Fassin (sociologue), Samantha Faubert (hispaniste), Sophie Fesdjian (anthropologue, enseignante), Alain Frappier (illustrateur), Désirée Frappier (scénariste), Bernard Friot (sociologue), Luc Gaffet (militant CGT), Fanny Gallot (historienne), Franck Gaudichaud (politiste), Valérie Gérard (philosophe), Céline Gondard-Lalanne (porte-parole Solidaires), Nahema Hanafi (historienne), Samuel Hayat (politiste), Eric Hazan (auteur et éditeur), Catherine Jardin (éditrice), François Jarrige (historien), Fanny Jedlicki (sociologue), Claude Kaiser (militant anti-nucléaire), Leslie Kaplan (écrivaine), Patrice Lardeux (militant CGT), Mathilde Larrère (historienne), Olivier Le Cour Grandmaison (universitaire), Pascal Maillard (universitaire et syndicaliste), Philippe Marlière (politiste), Bénédicte Monville-De Cecco (conseillère régionale IDF (EELV)), Olivier Neveux (historien d’art), Ugo Palheta (sociologue), Willy Pelletier (sociologue), Irène Pereira (sociologue), Roland Pfefferkorn (sociologue), Christian Pierrel (PCOF) ; Christine Poupin (NPA), Théo Roumier (appel des syndicalistes « On bloque tout ! »), Omar Slaouti (enseignant), Federico Tarragoni (sociologue), Jacques Testart (biologiste), Julien Théry-Astruc (historien), Michel Tort (psychanalyste), François Tronche (directeur de recherches au CNRS), Marlène Tuininga (4ACG), Béatrice Turpin (réalisatrice militante), Sophie Wauquier (linguiste), Libération, le 17 juin 2016
    http://www.liberation.fr/debats/2016/06/17/ce-gouvernement-a-peur_1460153

    #Manifestations #France #Répression #Liberté_d'expression #NuitDebout #Crise_de_2016

  • Une histoire de la technocritique
    http://www.rfi.fr/emission/20160514-jarrige-technocritiques-refus-machines-contestation-technosciences

    Entretien avec François Jarrige, auteur de "Technocritiques : du refus des machines à la contestation des technosciences". Depuis la Révolution industrielle, la critique des « trajectoires techniques » a été assimilée à une lutte contre le progrès. Par un travail de contextualisation des discours sceptiques, François Jarrige propose de comprendre ceux qui contestent les « enthousiasmes technologiques » de leur époque. En retraçant l’histoire des technocritiques depuis le début de l’industrialisation, l’historien espère ainsi « sauver ces acteurs et ces positions de l’immense condescendance de la postérité », selon une formule empruntée à Edward Palmer Thompson. Durée : 46 min. Source : (...)

    http://telechargement.rfi.fr/rfi/francais/audio/magazines/r196/atelier_des_medias_20160514.mp3

  • Autonomie, société du bien vivre et multiplicité des mondes

    François Jarrige, Cahiers Charles Fourier

    http://lavoiedujaguar.net/Autonomie-societe-du-bien-vivre-et

    Jérôme Baschet
    Adieux au capitalisme
    La Découverte, « L’horizon des possibles », 2014

    L’historien médiéviste Jérôme Baschet, spécialiste reconnu de l’iconographie médiévale, des visions de l’enfer ou de la figure du père dans la culture occidentale, arpente depuis quelques années les sentiers du très contemporain et explore les voies de l’émancipation et de l’utopie. Dans un paysage universitaire replié sur ses champs de spécialité, prudent à l’égard de tout engagement souvent perçu avec un soupçon condescendant, Jérôme Baschet détonne par le courage et la radicalité de ses prises de position. (...)

    #capitalisme #zapatisme #fouriérisme #utopie #critique

  • Technocritiques – Conclusion : L’impasse industrielle (par François Jarrige) – Le Partage
    http://partage-le.com/2016/03/technocritiques-conclusion-limpasse-industrielle-par-francois-jarrige

    Désormais, avec l’effondrement environnemental annoncé, la saturation du monde en marchandises et les rendements décroissants qui surgissent partout – dans l’agriculture, les transports comme la gestion des déchets –, tous les signes d’un essoufflement du monde technologique semblent réunis. Depuis deux siècles, la quête du bonheur a été subsumée sous l’appareillage du quotidien, et repoussée comme une affaire individuelle. La multitude des chemins explorés pour donner un sens à la vie ont été ramenés à l’autoroute de l’efficacité et des plaisirs immédiats et factices. Pourtant, l’amour numérisé et ses rencontres aseptisées peuvent-ils satisfaire notre soif de reconnaissance et notre aspiration à la plénitude ? Les moralistes de notre temps ont raison d’interroger le sens d’un présent technologisé. Sommes-nous dans une nouvelle phase de « crise de la modernité », identique aux précédentes, avec ses prophéties catastrophistes rejouant les éternelles inquiétudes du passé ? Ne sommes-nous pas plutôt à l’aube d’arrangements et d’enjeux inédits qui donnent aux discours passés une nouvelle actualité ? L’enjeu n’est évidemment pas de revenir en arrière : la restauration d’un passé idéalisé et fantasmé est peu souhaitable et n’est d’ailleurs pas possible. L’alternative ne saurait être entre la catastrophe ou le retour en arrière, entre le progrès et la barbarie. Tous les discours et actions explorés dans ce livre montrent à quel point l’emprise croissante des techniques sur nos vies ne saurait être identifiée au « progrès ». Aujourd’hui plus qu’avant, il faut trouver les ressources pour sauver le progrès de ses illusions progressistes, car seul l’horizon d’un progrès peut nous faire agir, mais ce progrès doit être dissocié du changement technique car celui-ci ne peut plus être le seul étalon de mesure du bonheur des sociétés. L’enjeu est d’opérer un détour par le passé pour construire un avenir. Un avenir qui sera nécessairement technique mais qui impliquera aussi une réflexion poussée sur la place des techniques dans nos sociétés et nos vies, sur leurs limites et apories.

  • Un très long article de François Jarrige sur la mécanisation de l’imprimerie et ses relations avec le genre !
    chez @tranbert

    Le mauvais genre de la machine
    https://sniadecki.wordpress.com/2016/03/10/jarrige-genre

    Au XIXe siècle, « l’ancien régime typographique » laisse la place à l’ère des productions imprimées industrielles. Si l’impression se transforme rapidement dès la première moitié du XIXe siècle, le travail d’assemblage des caractères en plomb réalisé par le compositeur change peu avant l’introduction des linotypes au tournant du XXe siècle. Cette stabilité du système technique, généralement expliquée par l’imperfection des méthodes de composition mécanique, s’enracine en réalité dans la complexité des rapports sociaux et des enjeux culturels soulevés par les nouveaux procédés. En France en effet, comme en Angleterre, les premières machines à composer mises au point au cours des années 1840 sont précocement associées au travail des femmes. Les fabricants jouent de cette identification pour promouvoir des machines permettant d’utiliser une main-d’œuvre bon marché. De leur côté, les ouvriers du livre instrumentalisent la dimension sexuée des artefacts techniques pour préserver l’espace de travail. Ni transformation inexorable, ni impossibilité technique, le changement des méthodes de composition émerge finalement au terme d’un processus lent d’acclimatation et de négociation entre les différents acteurs du monde de l’imprimerie.

    #François_Jarrige #mécanisation #genre #Histoire #imprimerie #XIXème

  • François Jarrige, Un socialisme anti-industriel
    http://sous-la-cendre.info/3947/francois-jarrige-un-socialisme-anti-industriel

    Le socialisme n’a pas toujours été cette écrasante idéologie productivité obsédée par la compétitivité et la relance de la croissance et favorable à l’éradication de la paysannerie. À ses débuts, le socialisme comptait des franges anti-industrielles qui s’attaquaient au mythe du progrès et défendaient une (...) — Ecologie / Nucléaire / OGM / Industrialisme / Nécro-technologies, Ecologie, industrialisme, socialisme

  • François Jarrige : Contre les ravages des barrages [Fev. 2015]
    Un point de vue d’historien sur ces constructions.

    Les contestations articulent de façon inédites la protection des sociétés autochtones, la critique de la technologie lourde, celle du système financier et des politiques de modernisation aveugles aux effets sociaux et écologiques promues par les élites.

    Derrière Sivens il y a donc le monde complexe des barrages. Ramener le drame de Sivens aux seuls enjeux locaux comme tentent de le faire les autorités et les défenseurs du projet serait une erreur qui empêche de comprendre ce qui se joue actuellement dans la zone du Testet. Si le petit barrage de Sivens a peu à voir avec les monstrueuses constructions qui fleurissent dans le monde, les luttes et enjeux qu’il révèle dépassent de très loin les relations entre une zone humide, un petit cours d’eau, des écologistes, quelques agriculteurs du Midi et leurs élus. Sivens est devenu un symbole des résistances à l’hybris technologique, un test sur notre capacité à interroger nos choix technologiques et économiques, un point de fixation de plusieurs visions du monde qui s’affrontent aujourd’hui : les anciennes trajectoires destructrices aveuglées par le culte de la croissance face à l’appel au ralentissement et à la préservation d’un monde vivable et commun.

    https://sniadecki.wordpress.com/2015/09/09/jarrige-barrages

  • Technocritiques, de François Jarrigue
    http://www.zinzine.domainepublic.net/index.php?theurl=emmission2.php&id=2800

    L’historien François Jarrige présente son ouvrage ’’Technocritiques, du refus des machines à la contestation des technosciences’’ (éd. La Découverte, 2014) qui retrace de manière très documentée les critiques et oppositions à l’industrialisation des sociétés européennes du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Émission réalisée à partir de la présentation et du débat enregistrés à la librairie Quilombo à Paris en mai 2014. Durée : 1h05. Source : Radio Zinzine

  • « La technophobie est un leurre » - Comptoir
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/109962790638

    Le comptoir livre une longue interview de l’historien François Jarrige, auteur de Technocritiques, et spécialiste de la contestation du progrès technique. Il revient sur le mythe de la neutralité de la technique démonté par Jacques Ellul, sur l’interdépendance des systèmes techniques…

    “L’enjeu n’est pas de s’opposer radicalement à la technique, ni de choisir entre un futur high tech ou le retour aux cavernes, mais de rester conscient et de garder les yeux ouverts face à l’omniprésence des technoprophéties et des discours sacralisant l’innovation. S’opposer aux techniques comme le nucléaire, les OGM, les grands équipements inutiles – pensons à certains barrages et aéroports – n’implique pas de s’opposer à la technique de façon abstraite mais de privilégier certaines trajectoires plutôt que d’autres, des (...)

    #technologie

  • François Jarrige, Se prémunir contre les préjugés ouvriers, 2010, via @tranbert
    http://sniadecki.wordpress.com/2014/12/18/jarrige-prejuges-ouvriers

    Au cours de la première moitié du XIXe siècle, l’économie politique devient la science justificatrice du nouveau monde industriel et de son cortège d’innovations techniques. Face aux oppositions qui s’expriment dans la société, la science économique en voie d’institutionnalisation est chargée de dire les avantages de l’emploi des machines pour la main-d’œuvre comme pour les consommateurs. La volonté de lutter contre « les préjugés ouvriers » à l’égard des machines s’affirme comme un topos du discours économique, il justifie le développement d’une vulgarisation de la science des machines auprès des masses. Si ce mouvement s’amorce précocement en Grande-Bretagne, il est largement international. Des préoccupations similaires se font jour en France, les expériences et les textes circulent entre les deux pays. En France, les phases d’agitations révolutionnaires sont l’occasion d’accélérer les transferts et d’importer les livres et les expériences britanniques.

    #machine #machinisme #économie #acceptabilité (déjà !) #histoire #industrialisation #critique_techno #luddisme#François_Jarrige

  • Perpétuer notre chute sous le patronat grâce aux machines

    Laetitia Strauch, (scribouillarde a « Valeurs actuelles » journal très réactionnaire, et propagandiste [et patronne] de « Panaches ») vient de pondre un article en bois, en éloge aux mécanique de métal :
    La France contre les robots ? Faire entrer le pays dans la troisième révolution industrielle
    http://www.slate.fr/story/88397/france-innovation

    Sa promesse d’emploi : on va pourvoir embaucher 10 gars qui grâce aux robots qu’ils fabriquerons a la chaîne en licencierons des centaines d’autres. Elle ne prend même pas la peine de cité une étude chiffré, selon laquelle es robots créerons plus d’emploi qu’ils n’en détruirons.
    Par exemple, les emplois très qualifiés censé apparaître par l’automatisations... ne sont jamais apparu, faut-il le rapeller ? Visiblement oui. Sur ce sujet un livre : Technocritiques, de François Jarrige, fait un panorama assez complet des critiques depuis la naissance de l’industrialisation. (Empruntez-le, lisez le sur place, sinon c’est 28 euros !)

    Chaque fois qu’un robot remplace un humain, c’est la disparition du jugement et de la décision adapté, pour une exécution automatique sans distinction, sans discernement. Il vaux mieux que vous n’ayez jamais de problème face a un robot, car il ne vous aidera pas a le résoudre.

    Les machines et techniques qui remplace les humains sont la décision du patron, qui a des objectifs différents de ceux des travailleuses et travailleurs. Il veut uniquement de la production, la ou la travailleuses ou le travailleurs serait content d’un travail bien accompli, écologique, voire personnalisé pour la personne envers qui il a une demande. Lui fabriquer quelque chose qui dure et qui est robuste, et pas lui refiler un truc qui la conduira a revenir vous voir par la suite pour vous dire que c’était de la camelote. La machine, fruit du projet patronal, exécuté par des ingénieurs, relayera les intentions du patron, tout en faisant passer cette exécution pour l’objectivité de la science... voire un « progrès » !

    L’article se termine tout de même par une blague sur sa répartition des rôles : oui, bon l’entreprise se fera des bénéfices, et puis le contribuable, non seulement devra leur donner de l’argent (pour la monter) mais aussi faire des études pour écarter les effets négatifs. Hein, parce que bon, nous tant qu’on peu faire du pognon.

  • Une passionnante histoire de la contestation des « progrès » techniques en Occident - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article5966

    Dans une synthèse passionnante, Techno-critiques. Du refus des machines à la contestation des technosciences, François Jarrige fait revivre la contestation des « progrès » techniques en Occident. De l’introduction des métiers à tisser à la lutte contre le nucléaire et les OGM, il brosse avec talent une tranche d’histoire mal connue, plaidant pour le droit à refuser les techniques.

    Je retiens notamment cet extrait d’un discours de Karl Marx en 1856

    Nous voyons que les machines douées du merveilleux pouvoir de réduire le travail humain et de le rendre fécond le font dépérir et s’exténuer. Les sources de richesse nouvellement découvertes se changent, par un étrange sortilège, en sources de détresse. Il semble que les triomphes de la technique s’achètent au prix de la déchéance morale. A mesure que l’humanité maîtrise la nature, l’homme semble devenir l’esclave de ses pareils ou de sa propre infamie.

    Marx avait compris l’#effet_rebond de très bonne heure.
    Si les soviétiques avaient retenu ce passage et avaient développé l’agriculture et l’industrie en conséquence, le cours de l’histoire mondiale en eût peut-être été changé.
    Au lieu d’attendre leur effondrement pour développer des économies résilientes à base d’outils conviviaux (et ce uniquement à Cuba), ça se serait peut-être généralisé dès le départ en Europe et peut-être ailleurs.
    La question de la défense se serait quand-même posée : des sociétés conviviales axées sur la résilience et l’usage soutenable des ressources seraient-elles en mesure de se défendre militairement face à des sociétés armées industriellement ?
    #technocritique #critique_techno

  • « La pente naturelle de la machine consiste à rendre impossible toute vie humaine authentique » (Orwell) - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://cqfd-journal.org/La-pente-naturelle-de-la-machine

    Osez critiquer publiquement la technologie et vous vous retrouverez qualifié d’obscurantiste, de nostalgique de la bougie et de l’âge des cavernes, d’antihumaniste, voire de pétainiste nostalgique du « retour à la terre ». Le philosophe Günter Anders prédisait « une mort intellectuelle, sociale ou médiatique » à ceux qui encourent ce risque. Or force est de constater que la technocratie qui règne sur le monde, dédiée intégralement à l’efficacité, a effectivement à voir avec un processus de domination totalitaire auquel l’homme est sans cesse condamné à s’adapter. Dans un ouvrage synthétique, intitulé Technocritiques, Du refus des machines à la contestation des technosciences (éditions La Découverte, 2014), l’historien François Jarrige retrace le fil politique des oppositions sociales et intellectuelles aux changements techniques.

  • Rage contre la machine - CQFD
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/82781847471

    Dans son numéro de février 2014, CQFD, le mensuel de critique et d’expérimentation sociale, consacrait un dossier à la critique technologique, avec une interview de François Jarrige auteur de Technocritiques, du refus des machines à la contestation des technosciences, une critique de la position philosophique de Bernard Stiegler, et un glossaire tout autant critique…

    Alors que dans les faits la critique de la technoscience se heurte immédiatement à la disqualification et à la répression avec tout le discours sur l’écoterrorisme. On construit un spectre : le technophobe qui menacerait la civilisation. Parallèlement, les États essaient de multiplier les dispositifs d’acceptabilité des produits technologiques. Cela confirme à mon sens la démonstration que la technique est intégralement un phénomène (...)

    #technocritique

    • « Les travailleurs des débuts de l’ère industrielle ne se sont pas opposés au machinisme naissant au nom d’une supposée misotechnie ou d’un refus obscurantiste du progrès, ils se sont opposés à des “trajectoires technologiques” qui menaçaient d’accentuer la discipline et d’éroder le contrôle qu’ils détenaient sur leur savoir-faire et sur l’organisation du travail. »

      Depuis une trentaine d’années, les mobilisations qui mettent la technoscience au cœur de leur lutte tendent à s’accroître : opposition à de grands projets industriels, lutte anti-OGM, refus des technologies sécuritaires, etc. Ce ne sont pas des mouvements « technophobes » stricto sensu et ils peuvent rassembler des éléments très hétéroclites : des militants politiques, des riverains contre les nuisances (pollution, risques) ou des mouvements plus professionnels (éleveurs contre le puçage de leurs brebis). Ces luttes s’accompagnent d’une remise en cause de la figure de l’expert et du technicien, d’où l’inquiétude des autorités scientifiques, industrielles et politiques. C’est fascinant de constater à quel point ces pouvoirs gigantesques s’inquiètent de l’influence de groupes technocritiques marginaux. Certains ont été jusqu’à se fendre récemment d’une tribune pour se plaindre de l’opposition grandissante de la société française aux technologies [3]. Alors que dans les faits la critique de la technoscience se heurte immédiatement à la disqualification et à la répression avec tout le discours sur l’écoterrorisme. On construit un spectre : le technophobe qui menacerait la civilisation. Parallèlement, les États essaient de multiplier les dispositifs d’acceptabilité des produits technologiques. Cela confirme à mon sens la démonstration que la technique est intégralement un phénomène politique.
      [3] Cf. « La France a besoin de scientifiques techniciens » par Robert Badinter, Jean-Pierre Chevènement, Alain Juppé et Michel Rocard, Libération, 14 octobre 2013.

  • Critiques des machines
    http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2014/03/critiques-des-machines.html

    A propos de l’ouvrage de l’historien de François Jarrige, « Techno-critiques. Histoire des résistances au ’progrès’ technique’’ », La Découverte

    D’emblée, il en livre une vision débarrassée du clivage binaire entre technophobes et technophiles. « L’opposition au changement technique ne consiste pas dans un refus de la technique, elle vise à s’opposer à l’ordre social et politique que celui-ci véhicule ; plus qu’un refus du changement elle est une proposition pour une trajectoire alternative », écrit-il à l’orée de son ouvrage. Il serait possible, quoique l’auteur ne le fasse pas, de renverser la proposition. La technophilie apparente des puissants — dirigeants politiques et économiques — pourrait bien ne relever que du projet politique, économique voire financier que l’usage des techniques favorise et non d’un prétendu amour de la science ou des techniques. Alors que la technophilie de scientifiques et d’ingénieurs pourraient bien, elle, comporter une part décisive de sincérité. L’amour de la connaissance ou la fascination devant le pouvoir explicatif et opératoire des concepts des sciences de la matière et de la vie se muant en acceptation, voire en adoration sans nuance, de toutes les technologies qui ont pu en découler. L’utopie technologique, note Jarrige, frappe large, si nombre de scientifiques y succombent, les militants écologistes ne sont pas les derniers à s’illusionner devant panneaux solaires et éoliennes. Et Jean-Luc Mélenchon a le même problème avec la géothermie...

    La dernière période, depuis les années 1980, montre selon Jarrigue plusieurs modes d’approches critiques des technologies. Certaines, les « douces », visent une « régulation et une démocratisation » des choix techniques. Et d’autres, « radicales », affirment l’impossible « émancipation des hommes » avec les trajectoires technologiques actuelles. Les chercheurs en sciences humaines et sociales participent souvent aux premiers modes. Les tenants des seconds les accusant de se muer en « acceptologues » au service du projet technologique et politique des pouvoirs dominants. Jarrigue en fait une description précise et synthétique, très utile pour un lecteur néophyte en la matière.
    L’ouvrage permet d’ouvrir la réflexion sur le « non-usage » de technologies disponibles, premier pas vers la démocratisation des choix technologiques permettant de se débarrasser d’une approche fataliste pour qui toute technologie inventée doit être une technologie utilisée. L’histoire des techniques, montre t-il, est aussi celle de toutes ces technologies qui ont été abandonnées ou qui n’ont jamais été utilisées largement. Une manière de raconter l’histoire qui permet de prendre conscience de la possibilité de choix contre l’argument éculé de la fatalité et de l’univocité du développement des technologies.

    Toutefois, Jarrige ne dit rien de son autre volet, l’orientation de la recherche et des choix d’organisations sociales vers des technologies nouvelles, utiles voire indispensables à l’émancipation humaine. C’est là un trou noir de l’ouvrage, car il peut laisser croire que le seul choix possible en alternative à la course actuelle est celui du retour en arrière ou du non-usage. Or, c’est là courir un risque : promouvoir un statu quo technologique mortel pour cet objectif d’émancipation

    #histoire
    #technique
    #progrès
    #résistance

  • Technocritiques. Du refus des machines à la contestation des technosciences - François Jarrige

    http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index.php?ean13=9782707178237


    Contre l’immense condescendance de la postérité, Technocritiques est un ouvrage qui prend au sérieux ces discours et ces luttes. Depuis deux siècles, les technocritiques sont foisonnantes et multiformes, elles émanent des philosophes et des romanciers comme des artisans et des ouvriers ; elles se retrouvent en Europe comme dans le reste du monde et nourrissent sans cesse des pratiques alternatives. Toute une tradition de combat et de pensée originale et méconnue s’est ainsi constituée : ce livre d’histoire au présent tente de leur redonner vie tout en pointant les impasses des choix politiques mortifères portés par la foi en une « croissance » aveugle. Et, en filigrane, il montre comment s’est imposé le grand récit chargé de donner sens à la multitude des objets et artefacts qui saturent nos existences.

    #livre #critique_techno

  • A propos de la monumentale étude sur la formation de la classe ouvrière anglaise(collection Points Histoire) de l’historien #Edward_P_Thompson

    Entretien avec #Miguel_Abensour à qui l’on doit l’édition française et l’historien #François_Jarrige qui a rédigé la préface pour l’édition en poche.
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/04/05/miguel-abensour-philosophe-et-francois-jarrige-historien-une-biographie-de-l

    Quelle a été l’influence de ce livre d’E. P. Thompson ? Pourquoi est-il si méconnu en France ?

    M. A. : Le livre a été traduit trop tard en français, en 1988, date qui explique que sa réception n’a pas été réussie. S’il avait été traduit en 1968, ou juste après, la situation aurait été différente. Est-ce qu’aujourd’hui les conditions sont réunies pour une meilleure réception ? L’école de François Furet (1927-1997), qui s’était repliée sur une lecture politique, au sens étroit du terme, paraît aujourd’hui dépassée, ce qui rend le contexte plus favorable.

    F. J. : Il faut bien voir que ce livre a infusé absolument partout, dans toute l’historiographie mondiale. En cela, la #France ressemble à un îlot épargné. En histoire, si on sort du cas hexagonal, les innovations les plus importantes des années 1980-1990, comme les Subaltern Studies en Inde, se sont totalement imprégnées d’Edward P. Thompson, car il s’agit d’écrire une histoire « par en bas », des dominés, de ceux qui ont été marginalisés par l’historiographie nationaliste ou marxiste. Et même en France, à mesure qu’on s’est détachés de l’historiographie marxiste, qui s’intéresse essentiellement aux organisations, aux syndicats ou aux leaders, on a vu monter un intérêt pour Thompson.

    Conférence à la #Sorbonne de François Jarrige et Xavier Vigna Maîtres de conférence en Histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne autour du livre d’Edward P. Thompson.
    http://vimeo.com/62285302

    Biographie de l’auteur :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Palmer_Thompson

    E. P. Thompson est né en 1924 à Oxford d’un père missionnaire presbytérien au Bengale, Edward John Thompson (1896-1946). Il abandonne ses études en 1941, à 17 ans, pour s’engager dans l’armée britannique : il combat notamment dans une unité blindée lors de la campagne d’Italie ; il participe notamment à la bataille de Monte Cassino4, puis à la prise de Pérouse, sur laquelle il reviendra lors d’une rencontre du mouvement pour la paix en Italie en 1984 5. Il adhère dans le même temps au Parti communiste de Grande-Bretagne.
    À l’issue de la guerre, alors qu’il dirige des cours du soir (extramural studies) de littérature dans le Yorkshire, il crée en 1946 le Communist Party Historians Group, avec notamment Christopher Hill, #Eric_Hobsbawm, Rodney Hilton et Dona Torr ; avec eux, il lance en 1952 une revue destinée à avoir une grande influence, Past & Present. De fait, « E. P. Thompson est un outsider académique, qui reste toute sa vie extérieur au monde d’Oxbridge, et un franc-tireur idéologique »3 : il quitte en 1956 le #parti #communiste pour protester contre l’#intervention #soviétique en Hongrie et contribue à la recomposition de la #gauche #marxiste #britannique, la Nouvelle #gauche (« New Left ») dans les années 1960. Il joue ainsi un rôle important, avec Perry Anderson ou Eric Hobsbawm, dans la création de la New Left Review en 1960, avant de prendre en 1965 la tête du Centre for Study of Social History (université de Warwick). Idéologiquement marqué par le socialisme anti-industriel du sujet de ses premières recherches, William Morris, E. P. Thompson « prône un #humanisme marxiste teinté de radicalisme plébéien »3.
    Il meurt à Worcester en 1993, à l’âge de 69 ans.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_P._Thompson

    #Histoire #historiographie #Archives #Ouvriers #Luttes #Révolution_industrielle #Politique #Sociologie #Usine #Luddisme #Livre

    • L’oeuvre de Thompson a été et demeure au purgatoire comme celle-ci : Age of Extremes (L’Âge des extrêmes) , ouvrage d’Eric Hobsbawm. Les historiens aussi s’unissent en groupes de pression... Les universitaires en ont même fait leur spécialité.

    • De cet ouvrage, il ne faut pas seulement dire que c’est sans doute un des plus beaux livres d’histoire qui ait été écrit ; car c’est aussi l’une des recherches les plus fondamentales pour comprendre le nouage entre la méthode historique et le problème de la constitution d’un #sujet_politique. L’ensemble de l’ouvrage présente une approche immanente à la constitution d’une conscience de classe : la première partie (« L’arbre de la liberté ») explore la manière dont se développe en Angleterre une conscience révolutionnaire jacobine, sous l’impulsion de la Révolution Française ; la deuxième partie (« La malédiction d’Adam ») met au jour l’opération de démantèlement de cette conscience par l’offensive capitaliste articulée à la « révolution industrielle » ; la troisième partie (« Présence de la classe ouvrière ») montre comment la conscience de classe ouvrière émerge peu à peu, à partir de la recomposition d’éléments de la conscience révolutionnaire jacobine dans un monde transformé. Mais qu’entend-on, exactement, par « conscience » ? Et surtout : le terme est-il adéquat pour saisir la réalité subjective dont il tente de rendre compte ?

      Thompson et le problème de la conscience, par Bernard Aspe
      http://multitudes.samizdat.net/Thompson-et-le-probleme-de-la

      #subjectivité

    • Pour le plaisir de voir et d’entendre Edward P. Thompson.
      Il n’y a malheureusement pas de sous-titres en français
      http://www.youtube.com/watch?v=RJl3_ulTmoQ

      Abstract: This is a film of a seminar on ’Models of Change’ over two days on 20th and 21st March 1976. The participants in the four sessions, lasting eight hours in all, were: Peter Burke, Sally Humphreys, Ernest Gellner, Raphael Samuel, Joel Kahn, Maurice Bloch, Jack Goody, Maurice Godelier, Arnaldo Momiliagno, Edward Thompson, Keith Hopkins, Tom Bottomore, Edmund Leach. The seminar was convened by Alan Macfarlane and held in King’s College, Cambridge.

      Description: This is one of four seminars in the series. The films of one other seminar will be made available on the web. The films were made and edited by the Audio Visual Aids Unit at Cambridge, directed by Martin Gienke and with the assistance of Sarah Harrison. The films were saved from deteriorating quarter inch tape by the British Film Institute, London.