person:françois mitterand

    • La retranscription :

      *Charles Maurras*
      Marigues (Bouches-du-Rhône), 20 avril 1868 – Saint-Symphorien-lès-Tours (Indre-et-Loire), 16 novembre 1952

      Figure emblématique et controversée, Charles Mauras mêle à travers son intinéraire les lettres et la politique puisque cet écrivain reconnu tant en France qu’à l’étranger fut aussi le théoricien politique du « nationalisme intégral » et un polémiste redouté qui s’exprima quotidiennement dans son journal L’Action française. Il nait en Provence dans un milieu plutôt modeste. Le décès de son père en 1874 est le premier drame de ses jeunes années, suivi de deux à l’adolescence : la surdité et la perte de la foi. Le jeu élève brillant doit quitter le collège d’Aix et abandonner son projet de faire l’École navale. Il se voit alors comme un « fruit desséché, noué pour toujours ». Pourtant, fort de l’aide de l’abbé Penon auquel le lie une amitié profonde, il décroche son bachot en 1885.

      En décembre 1885, Maurras émigre à Paris avec les siens pour se faire un nom dans la presse. Ses articles pour les Annales de philosophie chrétienne ou La Réforme sociale l’imposent comme un critique prometteur. Il s’emploie également, sur un mode autodidacte, à approfondire sa culture philosophique. Le jeune homme souffre cependant de son isolement jusqu’à la rencontre, en 1889, de Frédéric Amouretti avec qui il partage une passoin pour le félibrage. Maurras lit et fréquente aussi deux écrivains majeurs du temps, Maurice Barrès et Anatole France. Le premier, son ainé de six ans, a repéré sa recension de Sous l’oeil des barbares. Le second, d’une autre génération (né en 1844), le prend sous son aile à l’heure où ils ont en partage le goût d’une langue française classique et le scepticisme religieux.

      En 1891, au lendemain d’une crise boulangiste qu’il a suivie de loin tout en marquant une sympathie pour le nationalisme naissant, Maurras se lance avec Amouretti dans un projet littéraire à dimension politique, la création d’une école romane inspirée de l’oeuvre du poète Jean Moréas (Cf Célébration nationales 2010 p85). Célébrant la Méditerranée, la romanité et l’hellénisme, l’école romane est inséparable d’une volonté de reviviscence du félibrige jugé somnolant malgré Mistral : l’heure est la « Déclaration des jeunes félibres ». La voie est ouverte vers le « nationalisme integral » qui articule nationalisme et fédéralisme. Il y manque la clé de voûte monarchiste que le jeune journaliste ramène de son séjour athénien en 1896 : « il nous fallait enfin rétablir ce régime si nous ne voulions être les derniers des Français. Pour que vécût la France, il fallait que revînt le roi. »

      La doctrine maurrassienne a donc pris forme avant l’affaire Dreyfus où il s’engage. Antidreyfusard, il déconce « le syndicat de la trahison » que symbolise « l’Anti-France », celle des « quatre États confédérés » (juifs, francs maçons, protestants et métèques). Maurras ambitionne également de refonder le nationalisme sur la base de la squelettique Action française créée en 1898. Dix ans plus tard, le jeune écrivain journaliste est devenu le chef de file d’une école dont il est le maître incontesté. L’Enquête sur la monarchie (1901) marque les esprits au plan doctrinal. Viennent ensuite les structurees, ligue et Institut. Puis en 1908, le journal L’Action française. Maurras y est très attaché. Jusqu’en 1944 il y passe ses soirées et ses nuits, écrivant son article quotidien, largement lu et commenté. Adversaire du régime républicain, Maurras en a été le procureur impitoyable, sauf pendant le premier conflit mondial où il a multiplié les appels à la mobilisation pour obtenir la victoire sur une « Allemagne éternelle » détestée. Le début des années vingt marque l’apogée de l’influence culturelle de l’Action française mais la condamnation pontificale de 1926 lui porte un coup sérieux. Maurras rebondit au tournant des années trente sur fond de crises et de scandales (Stavisky) qui débouchent sur l’émeute du 6 février 1934. L’épisode met en cause la fonction de chef politique d’un maître dont de jeunes militants attirés par le fascisme, déplorent l’écart entre la virulence des discours et l’inéfficacité des actions conduites contre le régime. En 1940, Maurras rallie le maréchal Pétain, « divine surprise » à l’heure de la défaite. Resté aussi antiallemand et antinazi que par le passé, il n’en est pas moins un pétainiste convaincu et avalise l’ensemble de la politique conduite par l’État français. Au temps de l’épuration, Maurras incarne pour ses adversaires la figure du « mauvais maître » et est condamné à la réclusion à perpétuité et à la dégradation nationale. interné à Clairvaux de 1947 à 1951, Maurras, qui n’a jamais admis sa condamnation, noircit des milliers de pages et oeuvre à la révision de son procès. Bénéficient d’une grâce médicale en mars 1952, il est assigné à résidence à la clinique Saint-Grégoire de Tours où il décède le 16 novembre 1952 muni des derniers sacrements.

      Olivier Dard
      professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-Sorbonne

    • Et la notice de Chardonne

      https://twitter.com/PhMarliere/status/959477403843268608

      *Jacques Chardonne*

      Barbezieux (Charente), 2janvier 1884 – La Frette-sur-Seine (Val-d’Oise), 29 mai 1968

      Qui lit encore Chardonne ? Plus grand monde, tant le goût de l’action, du sensationnel, de la superficialité prévalent dans la littérature actuelle ou ce qui en tient lieu. On pourrait cependant, pour parodier le titre d’un de ses livres, avancer que Chardonne, c’est beaucoup plus que Chardonne. Au-delà de l’image décriée du bourgeois profincial, conservateur voire réactionnaire, un auteur délectable. Un styliste délicat, doté d’un rare sens des nuances.

      Les « hussards » le considéraint comme un maître. Jean Rostand le tenait pour « le plus grand prosateur de notre temps ». François Mitterand lui-même partageait cette opinion et admirait son compatriote charentais.

      Chardonne était issu, côté parternel, d’une famille de riches négociants en cognac. Il resta toujours fidèle à sa province et à son milieu. Nombre de ses personnages appartiennent à la grande bourgeoisie d’affaires. Ils évoluent dans l’univers qui fut celui de l’enfance du romancier, tempéré et rassurant. Secret et mystérieux toutefois. En témoigne Le Bonheur de Barbezieux (1938), au titre éloquent.

      Son thème principal d’inspiration est l’amour. Il en décortique les manifestations, les avatars, l’évolution, depuis L’Épithalame, publié en 1921. Non l’amour-passion des romantiques avec sa fatalité et ses excès. Pour lui, il n’est d’amour que conjugal. Et heureux. Encore ce bonheur est-il « traversé de fièvres qui ressembleraient à de la souffrance, sans quoi le bonheur ne serait que la mort. Cet état de vibration, c’est la vie. »

      Sa grande affaire fut donc d’analyser ces infimes « vibrations » qui président à l’évolution de l’amour et à ses métamorphoses. Son essai L’amour, c’est beaucoup plus que l’amour, qu’il considérait comme « le plus secret de [s]es livres, pourtant plein d’aveux », plaide pour la tranquilité du sentiment. Notion qu’il développe dans son oeuvre abondante de romancier. Laquelle y gagne en homogénéité.

      Lui reprochera-t-on une certaine pusillanimité devant les risque que fait encourir la passion ? Ce serait faire peu de cas d’une sensibilité vibrante qui n’en ignore rien, mais fait, en définitive, le choix de la quiétude. « J’ai vu des hommes et des femmes fidèles, des ménages heureux. Le plus souvent [...] la personne des époux disparaît : ils cessent de se voir et ne savent plus rien l’un de l’autre. » Cette dissolution dans une sorte de vide qui s’apparente au nirvana a quelque chose de bouddhique...

      Sa prose est à l’image de ses idées. D’une pureté, d’une limpidité toutes classiques. Légère, élégante, peuplée de métaphores, mais sans aucune rhétorique clinquante. Délibérément exempte d’effets. Un parti pris affirmé dans ce conseil à Roger Nimier : « Si on a trop d’esprit, l’éteindre. »

      Jacques Aboucaya
      écrivain et journaliste

    • D’après Claude Lorne sur le site d’extrême droite Polémia, Jacques Aboucaya aurait pour pseudo P.-L. Moudenc et « jusqu’à ces derniers mois critique littéraire de l’hebdomadaire Rivarol » et aussi « Jacques Aboucaya, célinien averti et biographe du polémiste Albert Paraz » (19/02/2012)

      à propos de Polémia : https://www.franceinter.fr/emissions/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-07-fevrier-2017

      https://framapic.org/TKCBfrqfShg6/DLlFepS9xkjz.jpeg

  • Les aventures de Tina
    (There Is No Alternative)

    Il n’y a pas d’alternative
    (Margaret Tatcher)

    Il n’y a pas d’alternative au nucléaire
    (Valéry Giscard d’Estaing)

    Il n’y a pas d’alternative à la pause
    (Jacques Delors, 1983)

    Il n’y a pas d’alternative au plan de rigueur
    (François Mitterand, 1983)

    Il n’y a pas d’alternative à la disparition de la sidérurgie en France
    (François Mitterrand)

    Il n’y a pas d’alternative à la déréglementation boursière
    (Jean-Charles Naouri)

    Il n’y a pas d’alternative à la mort de Pierre Desproges
    (Pierre Desproges)

    Il n’y a pas d’alternative à la dévaluation compétitive, c’est-à-dire à la stagnation des salaires
    (Pierre Bérégovoy)

    Il n’y a pas d’alternative aux privatisations
    (Jacques Chirac)

    Il n’y a pas d’alternative aux pesticides, aux insecticides, aux fongicides

    Il n’y a pas d’alternative à la privatisation de la régie Renault
    (Michel Rocard)

    Il n’y a pas d’alternative à la guerre du Golfe
    (Georges Bush)

    Il n’y a pas d’alternative à Maastricht
    (François Mitterrand)

    Il n’y a pas d’alternative aux Restos du Coeur
    (Le Conseil d’État qui les reconnaît d’utilité publique)

    Il n’y a pas d’alternative à l’indépendance de la Banque de France
    (L’Europe)

    Il n’y a pas d’alternative à payer les jeunes en dessous du Smic
    (Edouard Balladur)

    Il n’y a pas d’alternative à l’Euro

    Il n’y a pas d’alternative à la baisse de la fiscalité des stosk-options
    (Dominique Strauss-Kahn)

    Il n’y a pas d’alternative à la baisse de l’impôt sur les sociétés
    (Laurent Fabius)

    Il n’y a pas d’alternative à la montée de l’insécurité avant les campagnes présidentielles
    (Jacques Chirac)

    Il n’y a pas d’alternative à la disparition de l’entreprise Moulinex
    (Pierre Blayau, PDG de l’entreprise qui la quitte avec 2 millions d’euros de prime)

    Il n’y a pas d’alternative au projet de la Constitution Européenne
    (nos élites politiques et médiatiques)

    Il n’y a pas d’alternative à porter la période d’essai d’un contrat à durée indéterminée à deux ans pour les moins de 25 ans
    (Dominique de Villepin)

    Il n’y a pas d’alternative au bouclier fiscal
    (Dominique de Villepin)

    Il n’y a pas d’alternative à payer les footballeurs de l’équipe de France des ponts d’or
    (Raymond Domenech, qui ne s’oublie pas au passage)

    Il n’y a pas d’alternative à l’allongement de l’âge de la retraite
    (Nicolas Sarkozy)

    Il n’y a pas d’alternative à il n’y a pas d’alternative...

    Je suis allé partout dans le pays.
    Tous posent la même question :
    où allons-nous ?
    John Steinbeck, Les raisins de la colère.


    #TINA
    http://www.seuil.com/ouvrage/il-n-y-a-pas-d-alternative-gerard-mordillat/9782021051759

    • Le 25 novembre 1956, il passe devant le tribunal militaire d’Alger, soit 11 jours seulement après son arrestation, « en application de la procédure expéditive permise par « les pouvoirs spéciaux », accordés par les députés français au gouvernement de Guy Mollet ». Le procès se passe « Dans une atmosphère de pogrom » tel que le précise l’ouvrage écrit sous la direction d’H. Alleg . Il est condamné à mort au cours d’un sombre procès « dans un prétoire où montaient des cris de haine et de mort ».

      Un recours en grâce fut déposé par les avocats de F. Iveton, lequel examiné au Conseil de la magistrature fut refusé par le Garde des sceaux de l’époque, François Mitterrand qui vota en faveur de l’exécution du condamné à mort.

      #Algérie #France #Peine_de_mort #indépendance #Fernand_Iveton #Guy_Mollet #François_Mitterrand

    • Fernand Iveton, militant communiste tout comme Maurice Audin militait pour l’indépendance de l’Algèrie. Il fut guillotiné et François Mitterand a refusé la requête en grâce.
      https://www.youtube.com/watch?v=RoRnlNxS7ms

      Arrestation de Fernand Iveton, Éclairage
      http://fresques.ina.fr/independances/fiche-media/Indepe00001/arrestation-de-fernand-iveton-muet.html

      Né le 12 juin 1926, Fernand Iveton est mort guillotiné le 11 février 1957 à Alger, dans la cour de la prison Barberousse. Le 14 novembre 1956, il avait prévu de déposer une bombe à l’usine de gaz du Hamma où il était ouvrier tourneur. Or, celle-ci n’a jamais explosé car, programmée pour une explosion à 19 h 30, la bombe avait été désamorcée avant même d’avoir été placée au bon endroit. En effet, ayant entendu, depuis le casier de Fernand Iveton installé dans le vestiaire de l’usine, un tic-tac pouvant ressembler à celui d’une bombe, un ouvrier avait prévenu la police qui avait arrêté le suspect en milieu d’après-midi.

      Avec deux autres de ses compagnons, Mohamed Ouenouri et Mohamed Lakhnèche, Fernand Iveton fut condamné à mort 11 jours plus tard, le 25 novembre 1956, en application du décret n°56-269 qui prévoyait « la traduction directe sans instruction préalable devant un Tribunal permanent des Forces armées des individus pris en flagrant délit de participation à une action contre les personnes ou les biens ». Par la suite, son recours en grâce fut refusé par le président de la République de l’époque – René Coty – mais aussi par le Garde des Sceaux d’alors, #François_Mitterrand.

      Militant au sein de l’aile militaire du Parti – interdit – communiste algérien, les Combattants de la Libération, Fernand Iveton est le seul militant européen du FLN à avoir été exécuté pendant la #guerre_d'Algérie. Ceci sans avoir fait aucune victime ni aucun dégât matériel. Un mort pour l’exemple donc.

      La séquence consacrée à l’arrestation de Fernand Iveton est prudente quant à la description des faits. Une attitude pouvant s’expliquer par un contexte télévisuel particulier. En effet, en cette fin d’année 1956, le journal télévisé a connu quelques difficultés à se stabiliser. Des journalistes venus de la radio ont rejoint la rédaction et certains semblent déplaire au secrétaire d’État à l’Information de l’époque, Gérard Jacquet (SFIO).

      Ce qui confirme une tendance perceptible au cours de cette période : l’intérêt du monde politique pour la #télévision s’accentue, provoquant des velléités de contrôle à son égard. Avec cette conséquence : le 1er juin 1956, le JT est placé sous l’autorité du directeur des informations et détaché de la direction des programmes. Tensions et ajustements résulteront donc de cette disposition, les journalistes évitant de traiter des sujets pouvant s’avérer dérangeants.

      En ce qui concerne l’affaire Iveton, place est donnée à la démonstration des faits. L’ouvrier ayant entendu le tic-tac de la bombe "Betty" rejoue devant la caméra la scène au cours de laquelle il aurait conduit les policiers jusqu’au casier de Fernand Iveton. Ainsi le reportage livre-t-il aux téléspectateurs les preuves de la culpabilité de ce dernier, les préparant de fait à la sanction qui suivra.

      #communiste

  • La Dépêche, les Baylet, la #démocratie : qui veut de la soupe ? - IAATA
    https://iaata.info/La-Depeche-les-Baylet-la-democratie-qui-veut-de-la-soupe-1641.html

    La Dépêche et le Conseil Général du Tarn-et-Garonne sont ainsi dirigés par un demi-siècle d’#oligarchie. Et la transmission se poursuit. Après être passé chez les croque-morts de Natixis et le pharmaceutique Fabre actionnaire du groupe, Jean-Nicolas Baylet a été nommé par papa directeur général adjoint de La Dépêche, soit numéro trois à 29 ans. Son frère, Jean-Benoît a été désigné par papa directeur délégué du groupe. Leur sœur Victoria a été placée par papa au poste de secrétaire générale de la fondation La Dépêche, dirigée par sa maman. Si les petits derniers accèdent au Conseil Général, à la tête du parti radical de gauche (PRG) ou de la mairie de Valence d’Agen, peut-être pourra-t-on commencer à s’interroger sur la pertinence d’organiser des élections dans le département.

    Tout cela n’est que la face immergée d’un système familial basé sur le #clientélisme, qui a toujours usé du pouvoir lié à un journal hégémonique dans le Tarn-et-Garonne, à Toulouse et désormais dans toute la région. La dépêche est un instrument #politique au service des Baylet et des Radicaux pour faire mousser leur action, combattre leurs adversaires et comme moyen de pression sur les pouvoirs locaux ou... nationaux. En effet, le PRG est désormais le seul allié du gouvernement Hollande, qui doit apprécier le #monopole médiatique construit par Baylet dans le Sud-Ouest, et acquis à sa cause.

    L’empire médiatique

    Toute la presse du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées leur appartient. Ou quasiment. Déjà propriétaires d’un groupe tentaculaire, les Baylet viennent de se payer le groupe Midi libre, ennemi de toujours. Certains départements comme l’Aveyron et l’Aude n’ont plus le choix qu’entre des titres de #presse sous leur contrôle. Le #pluralisme versant Radical est une serpillière sur laquelle on s’essuie les pieds avec allégresse. Jean-Michel le clame haut et fort : « C’est une très grande fierté pour moi, c’est même le combat de ma vie. Ça fait longtemps que je sais que l’avenir de La Dépêche et de Midi Libre sont liés ». Fier d’avoir éliminé toute la #concurrence, d’avoir supprimé toute illusion de pluralisme. Terminé les lignes éditoriales différentes, si légères soient-elles. Toute la presse régionale est désormais à leur service.

  • Michel Rocard, par Pierre Joxe
    7 juil. 2016 Par Les invités de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/070716/michel-rocard-par-pierre-joxe

    (...) En Janvier 1960, rappelé à Alger du fond du Sahara après le virage de de Gaulle vers « l’autodétermination » et juste avant la première tentative de putsch – l’ « affaire des barricades » –, j’ai pu mesurer encore davantage le courage et le mérite de Rocard. Il avait reçu mission d’inspecter et décrire ces camps où croupissait 10% des paysans algériens, ne l’oublions jamais !

    Il lui avait fallu une sacrée dose d’audace pour arpenter l’Algérie en civil – ce jeune inspecteur des finances –, noter tout ce qu’il voyait, rédiger en bonne et due forme et dénoncer froidement, sèchement, ce qui aux garçons de notre génération était une insupportable tache sur l’honneur de la France. Nous qui avions vu dans notre enfance revenir d’Allemagne par milliers les prisonniers et les déportés dans les gares parisiennes, nous étions indignés par ces camps.

    Car en 1960 encore, étant alors un des officiers de la sécurité militaire chargé d’enquêter à travers l’Algérie, d’Est en Ouest, sur les infractions, sur ceux qui désobéissaient aux ordres d’un de Gaulle enfin converti à l’« autodétermination » qui allait devenir l’indépendance, j’ai pu visiter découvrir et dénoncer à mon tour des camps qu’on ne fermait pas ; des camps que l’on développait ; de nouveaux camps… Quelle honte, quelle colère nous animait, nous surtout, fils de patriotes résistants !(...)

    • C’était il y a trés longtemps à une époque où les « jeunes » du PS ne pouvait occuper que la partie gauche de l’échiquier politique.
      Ceci dit, c’est Guy Mollet, SFIO, ancêtre du PS qui commence la guerre d’Algérie.

      Pas mal d’années après, Monsieur Michel Rocard occupera la partie centre droite de l’échiquier politique, François Mittérand occupant sois disant la gauche, l’UMP, la droite + les autres.

      Les cérémonies de l’enterrement de Monsieur Rocard, fixées par lui même illustrent parfaitement sa modestie.

      Reconnaissons lui son intégrité quand même, chose pas courante sous la 5 iéme république, et rarissime depuis quelques années.

  • Premier chapitre de #Les_Chemins_de_Damas de Malbrunot et Chesnot :

    Après le meurtre de l’ambassadeur de France à Beyrouth Louis Delamarre (attribué ici sur le ton de l’évidence au régime syrien, au motif que c’est Bachir Gémayel qui l’a dit), François Mitterand ordonne « le plasticage » du siège Baas à Damas :

    Deux mois et demi plus tard, le 29 novembre, des supplétifs recrutés localement par les services secrets français commirent un attentat à la voiture piégée qui détruisit le siège du Baas dans le quartier d’Ezbekieh à Damas. Il y eut 175 tués.

    Dès le paragraphe suivant, la narrative franco-française (et la bonne conscience française) surgit : le massacre de 175 personnes dans un attentat à Damas est qualifié de « cycle des représailles », quand les Syriens, eux, pratiquent la « diplomatie terroriste » et « les messages codés lancés par les terroristes ».

    Mais le cycle des représailles ne fait que renforcer la détermination syrienne à pratiquer la « diplomatie terroriste » contre la France…

    Ce qui donne cette très belle affirmation :

    La France ne veut pas se laisser dicter son agenda par les terroristes.

    Ce qui amène très logiquement, en 1984, à l’« absolution » du méchant terroriste par François Mitterand :

    « Dites-moi les yeux dans les yeux que vous ne me prenez pas pour un terroriste », demande Hafez el-Assad au cours de leur surréaliste entretien. « Non, non, je ne vous prends par pour un terroriste », répond François Mitterrand, même s’il lui en a coûté d’absoudre ainsi son interlocuteur.

    (On n’imagine pourtant pas à quel point « il en a coûté » à Hafez el-Assad « d’absoudre ainsi » l’homme qui avait commandité un attentat qui avait tué 175 personnes à Damas…)

  • Rwanda, il y a 20 ans
    Décembre 1993 : le retrait tardif et relatif de l’armée française du Rwanda

    Il y a 20 ans, en décembre 1993, les soldats français de l’opération Noroît quittaient officiellement le Rwanda. Déployée en octobre 1990 à la suite d’une demande de soutien du président rwandais Habyarimana à François Mitterand, cette opération est allée bien au-delà de la simple protection des ressortissants européens et a permis au régime rwandais de se maintenir... jusqu’à la mise en oeuvre du génocide des Tutsi.

    http://survie.org/billets-d-afrique/2014/231-janvier-2014/article/decembre-1993-le-retrait-tardif-et-4606
    #rwanda #génocide @rezo

  • Sankara n’est pas mort
    http://www.femmesdechambre.be/sankara-nest-pas-mort

    Ce 15 octobre, le Burkina Faso célèbre les vingt-six ans de la mort de son leader révolutionnaire Thomas Sankara. Dans une Afrique de l’Ouest en profonde mutation géopolitique, sa pensée ainsi que les fruits de la révolution culturelle opérée ne cessent de porter le « peuple des hommes intègres » vers la patrie du Faso libre. Et, comme se plaisent à palabrer les burkinabés : « Si l’homme blanc a inventé la montre, nous, nous avons le temps »… Source : Femmes De (...)

    • Discours de Thomas Sankara lors de la visite de François Mitterrand à Ouagadougou en novembre 1986
      http://www.lanouvelletribune.info/index.php/actualite/etranger/14223-discours-de-thomas-sankara-lors-de-la-visite-de-francois-m

      Nous suivons et apprécions aussi chaque jour, les actes comme ils sont posés. La France est engagée avec les autres peuples du monde dans la lutte pour la paix et c’est pourquoi, à l’heure où nous nous rencontrons aujourd’hui, il convient de rappeler que d’autres, ailleurs, ignorent, et pour combien de temps, cette paix.

      Il s’agit d’abord des Palestiniens. Les Palestiniens, des hommes et des femmes qui errent de part en part, bohémiens du sionisme. Ces hommes et ces femmes qui sont contraints de chercher refuge, ces hommes et ces femmes pour qui la nuit est une succession de cauchemars et le jour, une avalanche d’obus.

      La paix c’est aussi le Nicaragua. Vous-même, dans un de vos discours, disiez avec force le soutien que vous apportiez au Nicaragua contre les minages de son port, contre toutes les actions qui sont dirigées, de l’extérieur, contre les Nicaraguayens. Vous-même, dans vos nombreux entretiens avec le commandant Ortega, avez eu à plaindre ce peuple qui n’en finit pas de souffrir et qui n’en finit pas de subir des actions de barbares qui ne sont pas venus de très loin, parce qu’ils sont Nicaraguayens, mais qui sont fortement appuyés par d’autres.

      La paix, c’est aussi l’Iran et l’Irak. Combats fratricides complexes, incompréhensibles ; où l’on ne sait plus qui est dans quel camp, tant les imbrications sont nombreuses. Mais où l’on peut retenir simplement que ces armes dont les cliquetis signifient la mort chantent aussi la tristesse pour les femmes, les enfants, les vieillards, ces armes-là, sont fournies chaque jour par ceux qui se nourrissent du sang des autres, par ceux qui jubilent lorsque le fer tue et que le feu brûle.

      La paix dans le monde, c’est également cette région tourmentée du Sud de l’Afrique. Comme si par un sort quelconque on y avait concentré des éléments incompatibles dans un cafouillage et dans des affrontements qui chaque jour se multiplient et s’agrandissent. Il n’y a pas longtemps, nous avons été consternés par la mort de Samora Machel. En même temps, nous y avons vu un message, une indication : la nécessité de lutter contre un ordre barbare, inique, rétrograde ; de lutter contre un ordre que les peuples civilisés et nous comptons la France parmi ces peuples-là ont le devoir de combattre pied à pied, qu’il s’agisse de sanctions économiques, qu’il s’agisse de mesures politiques et diplomatiques, qu’il s’agisse également de combats militaires directs et ouverts contre le racisme, l’apartheid en Afrique du Sud.

      C’est dans ce contexte, Monsieur François Mitterrand, que nous n’avons pas compris comment des bandits, comme Jonas Savimbi, des tueurs comme Pieter Botha, ont eu le droit de parcourir la France si belle et si propre. Ils l’ont tachée de leurs mains et de leurs pieds couverts de sang. Et tous ceux qui leur ont permis de poser ces actes en porteront l’entière responsabilité ici et ailleurs, aujourd’hui et toujours.

      Sankara sermonne François Mitterand
      http://www.youtube.com/watch?v=18AoRhBos4g