person:françois mitterrand

  • Exposition collective HEY ! L’OUTSIDER POP FRANÇAIS
    Du 21 mars au 23 juin 2018
    à l’Espace Culturel François Mitterrand, Périgueux
    Vernissage le 17 Mars

    Le 17 Mars je serai à Périgueux pour ce vernissage. Si vous êtes dans la région n’hésitez pas à venir me rencontrer ainsi que les autres artistes de l’expo.

    #shameless_autopromo #HEY ! #mad_meg

  • Décryptage du projet de loi asile et immigration

    Le projet de loi sur l’asile et l’immigration, présenté au conseil des ministres du 21 février 2018, consacre un très net recul des droits et va, s’il est adopté par le parlement, considérablement dégrader la situation d’un très grand nombre de personnes étrangères, par un affaiblissement de garanties et droits fondamentaux, et l’accentuation de la maltraitance institutionnelle.

    Hormis de rares mesures protectrices, ce projet de loi instaure principalement des mesures renforcées de restrictions, de contrôles et de « tris », à des fins d’empêchement d’entrée ou d’expulsion et de bannissement du territoire. En cela, il vient amplifier la politique migratoire actuelle, déjà fortement attentatoire à la dignité et au respect des droits fondamentaux des personnes.

    Ce dossier vise à alerter sur les dangers d’un projet de loi qui, par ailleurs, ne répond pas aux enjeux migratoires de notre temps. Au-delà du retrait de ce projet de loi, La Cimade appelle à une autre politique migratoire en totale rupture avec celle menée ces dernières années.

    https://www.lacimade.org/decryptage-projet-de-loi-asile-immigration
    #loi #asile #réfugiés #France #réforme #Collomb #loi_asile

    • Tribune d’universitaires spécialistes de l’asile - Non à une procédure d’#asile_au_rabais !

      Au moment même où le ministre de l’intérieur, #Gérard_Collomb, présentait ce 21 février son projet de loi « pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif », les personnels de Cour nationale du droit d’asile (CNDA) et de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) manifestaient afin de revendiquer le retrait de cette réforme qui ne vise en réalité pas à rendre le droit d’asile plus effectif mais à en restreindre davantage l’accès.

      En notre qualité d’universitaires spécialisés dans les questions de droit d’asile, nous partageons le constat des agents de la juridiction de l’asile en grève depuis le 13 février.

      Les agents de l’asile ne défendent en effet pas que leurs intérêts corporatistes, mais l’exercice effectif de ce droit fondamental, durement menacé par la réforme en cours et la logique du chiffre dans le traitement des dossiers – déjà en cours.

      Certes la dernière réforme de l’asile de juillet 2015, qui a fait passer les délais d’examen des demandes d’asile de 24 à 9 mois, était nécessaire. Mais l’objectif du gouvernement d’une procédure bouclée en moins de 6 mois, soit en 2 mois pour l’OFPRA et en 4 mois pour la CNDA, n’est pas humainement souhaitable ni administrativement réaliste.

      Ce n’est pas humainement souhaitable car cela se fera au détriment des demandeurs d’asile qui n’auront pas le temps, peu après leur arrivée en France, souvent après un périple traumatisant, de se poser et de construire leur récit d’asile dans de bonnes conditions et avec les soutiens nécessaires.

      Ce n’est pas réaliste car cela suppose de contracter les délais d’examen des demandes d’asile en augmentant les cadences déjà infernales dans les auditions à l’OFPRA et à la CNDA, au détriment de la qualité de l’examen des dossiers.

      Le système français est pourtant déjà l’un des plus « productif » en Europe.

      Alors qu’en 2017, l’OFPRA a été saisi de plus de 100 000 demandes d’asile, l’Office a traité plus de 115 000 décisions et accordé une protection internationale à près de 43 000 personnes. En 2017, le taux de protection s’établit à 27 % à l’OFPRA et à 36 % en prenant en compte les décisions de la CNDA. De ce fait, le délai moyen d’attente pour les demandeurs à l’OFPRA est tombé à près de 3 mois (114 jours), deux fois moins qu’en janvier 2015.

      Quant à la CNDA, elle a enregistré en 2017 près de 54 000 recours, contre 39 986 en 2016, et elle a traité près de 48 000 décisions, dont plus de 18 000 en juge unique ou par voie d’ordonnances. Le délai moyen de jugement est d’un peu plus de 5 mois et la protection accordée à un peu plus de 8 000 personnes. Les 214 rapporteurs de la CNDA traitent déjà chacun 2 à 3 dossiers par jour.

      Pour parvenir à son objectif, le gouvernement envisage, par le projet de loi Collomb, des mesures qui visent en réalité à entraver l’accès au droit d’asile :

      réduction de 120 à 90 jours du délai pour déposer une demande d’asile une fois arrivé sur le territoire ;

      réduction du délai de recours devant la CNDA à 15 jours au lieu d’un mois, généralisation des audiences vidéos, comme cela se pratique déjà outre-mer, y compris sans le consentement de l’intéressé ;

      suppression dans certains cas (pays d’origine sûr, etc.) du recours suspensif devant la CNDA avec en contrepartie une demande de sursis à exécution devant le tribunal administratif dont l’issue serait très aléatoire ;

      multiplication des cas de retrait des conditions matérielles d’accueil ;

      etc. etc.

      Cette réforme risque de multiplier les cas d’étrangers ni « expulsables », ni éligibles à l’asile en raison de ces entraves procédurales.

      Une proposition de loi « Warsmann », que le gouvernement a soutenu et qui vient d’être adoptée, a parallèlement multiplié les cas dans lesquels les « Dublinables » pourront être placés en rétention, et ce dès le début de la procédure.

      On sait aussi que cette réduction des délais se fera au prix de la multiplication des cas d’examen des dossiers en procédure accélérée et avec une multiplication des ordonnances dites de « tri » ou du traitement en juge unique. Cela concerne déjà près de 50 % des dossiers, dont l’examen ne bénéficie pas de la garantie apportée par une formation collégiale composée d’un magistrat mais aussi d’un assesseur du HCR et d’un assesseur du Conseil d’État.

      Dans son avis du 13 février, le Conseil d’État critique d’ailleurs sévèrement, sur un ton peu habituel pour le Palais-Royal, la méthode utilisée par le gouvernement et la pertinence même d’un tel projet de loi bricolé à la va vite, moins de deux ans après l’adoption de la dernière réforme, sans réelle évaluation de celle-ci. À plusieurs reprises dans cet avis, le gouvernement est mis en garde sur les risques de contrariété avec la Constitution et avec les engagements européens de la France. Il recommande aussi « instamment » de renoncer à certaines restrictions procédurales « contraires aux exigences d’une bonne administration de la justice ».

      Pour toutes ces raisons, nous partageons les inquiétudes des agents de l’asile en grève. Nous appelons de nos vœux d’une part à une évolution du statut de l’OFPRA qui pourrait être utilement transformé en autorité administrative indépendante afin de renforcer son efficacité et son indépendance et en donnant davantage de garanties statutaires et de perspectives de carrière aux officiers de protection. D’autre part, il serait souhaitable de faire évoluer le statut des personnels de la CNDA, qui est devenue une vraie juridiction rattachée au Conseil d’État depuis 2007. Ses agents, particulièrement ses rapporteurs, qui sont des contractuels pour 170 d’entre eux, n’ont pas de réelles perspectives de carrière. Les autorités gestionnaires doivent cesser de multiplier les recrutements sous contrats à durée déterminée et doivent tout mettre en œuvre pour ouvrir des perspectives de titularisation.

      Enfin à raison de l’attentisme – pour ne pas dire la surdité – du ministère de l’Intérieur et du vice-président du Conseil d’État face à la mobilisation des agents de l’asile, la nomination d’un médiateur s’impose, comme cela avait déjà été le cas avec la nomination de Jean-Marie Delarue, l’ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté, lors du dernier conflit à la CNDA.

      https://www.dalloz-actualite.fr/chronique/tribune-d-universitaires-specialistes-de-l-asile-non-une-procedure-

    • #Christine_Lazerges : « Le projet de loi sur l’immigration rend les procédures encore plus difficiles pour les plus vulnérables »

      Pour la présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, une autorité administrative indépendante, le projet de loi asile et immigration du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, vise avant tout à contenter une partie de l’opinion publique. Ce texte, présenté hier en conseil des ministres, sera débattu en avril au Parlement.

      http://www.bondyblog.fr/201802230745/christine-lazerges-le-projet-de-loi-sur-limmigration-rend-les-procedures-e

    • Vidéo : « Le projet de loi vise surtout à faire sortir des migrants de l’accès à la procédure d’asile »

      #Claire_Rodier, présidente du Gisti, la plateforme d’aide juridique aux migrants, est revenue sur le contenu du projet de loi « asile et immigration » du gouvernement qui, selon elle, complique considérablement l’accueil des personnes ayant besoin de protection.

      http://www.infomigrants.net/fr/post/7707/video-le-projet-de-loi-vise-surtout-a-faire-sortir-des-migrants-de-l-a

    • Asile : un projet de loi marqué par une baisse des garanties procédurales

      Le projet de loi sur l’asile et l’immigration présenté en Conseil des ministres le 21 février 2018 comporte quelques voies d’amélioration pour la protection des personnes fuyant les persécutions dans leur pays d’origine. Le texte est cependant marqué par plusieurs reculs concernant les garanties procédurales et les conditions matérielles d’accueil.

      http://www.forumrefugies.org/s-informer/actualites/asile-un-projet-de-loi-marque-par-une-baisse-des-garanties-procedural

    • Les demandeurs d’asile « dublinés » peuvent être placés en rétention

      Suite à l’adoption de la loi « permettant une bonne application du régime d’asile européen », l’administration peut désormais recourir de manière quasi-systématique à la rétention administrative pour toutes les personnes placées en procédure « Dublin ».

      http://www.editions-legislatives.fr/content/les-demandeurs-dasile-%C2%AB-dublin%C3%A9s-%C2%BB-peuvent-%C3%
      #dublinés #rétention #détention_administrative

    • Contre l’enferment des migrants dans les centres de rétention administrative.

      Reçu par mail. Texte rédigé par le cercle de silence de Pau.

      Mardi 27 mars 2018
      121 ème CERCLE DE SILENCE
      PAU 64000
      Place Clemenceau de 18 h à 19 h

      REJOIGNEZ-NOUS, MEME POUR QUELQUES INSTANTS

      CONTRE L’ENFERMEMENT DES MIGRANTS
      DANS LES CENTRES DE RETENTION ADMINISTRATIVE
      POUR LE RESPECT DES DROITS DE TOUT HOMME
      EN SOLIDARITE AVEC LES MIGRANTS MENACES D’EXPULSION OU ROMS
      POUR UNE TERRE PLUS FRATERNELLE
      – :- :- :- :- :- :- :-

      Nous demandons qu’en toute circonstance soit respectée leur dignité
      Qu’à chacun soit donnée sa chance en humanité
      Ils sont sans voix – Nous nous taisons –

      Mais notre silence doit être un cri – un cri non violent
      Un cri d’indignation

      L’ETRANGER EST NOTRE FRERE EN HUMANITE
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      ALERTE SUR LE SORT DES « DUBLINE-ES

      Derrière ce barbarisme de « personnes dublinées » se cache une situation tragique pour des dizaines de milliers de personnes exilées, malmenées par des Etats européens égoïstes. En effet ce règlement européen permet de renvoyer les demandeurs d’asile vers un autre pays de l’Union européenne, et ainsi de défausser sur d’autres Etats.
      Décrié par tous les experts et le monde associatif, ce système Dublin permet au ministère de l’intérieur d’accélérer l’enfermement en rétention administrative et les expulsions de personnes étrangères. Pour les plus « chanceux », il faut attendre souvent 18 mois pour avoir le droit de déposer une demande d’asile, les plaçant dans une très grande précarité.

      Le nombre de « personnes dublinées » est passé de 6 000 en 2014 à près de 40 000 à fin 2017 en France. La Cimade a ainsi observé dans les centres de rétention administrative où elle exerce sa mission, que 1 111237personnes ont été enfermées en 2017 contre 342 en 2016. De même dans les 112 permanences juridiques et sociales de La Cimade, les bénévoles déplorent également une précarisation effrayante des personnes exilées « dublinées » soumises à cette épée de Damocles d’un renvoi vers des pays comme la Bulgarie, l’Italie ou la Grèce dans lesquels elles ne veulent pas refaire leur vie. Et d’où elles risquent in fine d’être expulsées.

      La Cimade appelle à une dé-dublinisation immédiate, c’est-à dire que chaque personne exilée puisse déposer sa demande d’asile en France sans être soumis à ce règlement Dublin inefficace, couteux et vecteur d’erxclusion. Alors que le gouvernement affiche sa volonté d’accélérer les renvois, La Cimade va renforcer ses moyens pour s’opposer à l’application de Dublin en France, comme cela a déjà été le cas avec la pétition contre le renvoi des personnes afghanes vers leur pays en guerre.

      DECRYPTAGE DU PROJET DE LOI ASILE ET IMMIGRATION

      Le projet de loi Asile et Immigration, présenté au conseil des ministres du 21 février 2018, consacre un très net recul des droits et va, s’il est adopté par le parlement, considérablement dégrader la situation d’un très grand nombre de personnes étrangères, par un affaiblissement de garanties et droits fondamentaux, et l’accentuation de la maltraitance institutionnelle.

      Hormis de rares mesures protectrices, ce projet de loi instaure principalement des mesures renforcées de restrictions, de contrôles et de tris à des fins d’empêchement d’entrée ou d’expulsion et de bannissement du . dérogations majeures au droit commun sont consenties, et une accentuation de la maltraitance institutionnelle est rendue possible par ce texte. En cela, il vient amplifier la politique migratoire actuelle, déjà fortement attentatoire à la dignité et au respect des droits fondamentaux des personnes

      Parmi les propositions gouvernementales analysées , celles qui vont dégrader la situation d’un très grand nombre de personnes réfugiées et migrantes :

      • La réduction du délai de recours devant la CNDA de 30 à 15 jours ;
      • L’allongement de la durée de la rétention administrative jusqu’à 135 jours ;
      • Le bannissement des personnes étrangères et la systématisation des interdictions de retour sur le territoire français ;
      • La pénalisation de l’entrée sur le territoire français en dehors des points de passage autorisés (passible d’une peine d’un an de prison et d’amendes)

      Etant donné la philosophie générale du projet de loi et son manque d’équilibre flagrant, il ne s’agit pas pour La Cimade d’obtenir des ajustements techniques ou de modifications cosmétiques, mais d’un retrait de ce projet de loi. Ce dossier vise donc à alerter sur les dangers de ce texte qui, par ailleurs, ne répond pas aux enjeux migratoires de notre temps. Au-delà du retrait de ce projet de loi, La Cimade
      appelle à une autre politique migratoire en totale rupture avec celle menée ces dernières années.

    • Projet de loi Collomb « pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif »

      Cette rubrique du site du Gisti a pour objet de vous présenter toutes les étapes de la genèse de la future loi réformant le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda).

      Cette page est complétée au fil de l’actualité avec les versions successives du texte, des consolidations du Ceseda permettant de mieux se rendre compte de l’impact du texte sur la législation actuelle, des avis d’autorités indépendantes, mais aussi des communiqués et analyses d’organisations militantes, ainsi qu’une liste non exhaustive d’articles de presse.

      https://www.gisti.org/spip.php?article5841

    • Opposés au projet de loi Asile et Immigration, les acteurs des EGM appellent à une politique migratoire radicalement différente

      Communiqué et appel à mobilisation des organisations membres des Etats généraux des migrations, dont la LDH est membre

      Les collectifs citoyens et les associations, nationales et locales impliqués dans le processus des États Généraux des Migrations appellent les députés à rejeter le projet de loi Asile et Immigration discuté à partir du 16 avril, et à réfléchir d’urgence à une politique migratoire radicalement différente.

      Alors que les députés s’apprêtent à débattre dans l’Hémicycle du projet de loi « Asile et Immigration », les centaines d’acteurs de la société civile réunis dans le processus des États Généraux des Migrations alertent collectivement sur les conséquences prévisibles des dispositions de ce projet de loi qui durcit les conditions d’accès à l’asile, et qui a pour objectif principal de faciliter les expulsions des personnes déboutées ou sans titre de séjour. Ce projet de loi va porter atteinte aux droits fondamentaux de personnes vulnérables qui, dans leur immense majorité, ont mis leur vie en péril pour fuir des situations de conflits ou de violence, dans l’espoir d’une vie plus sûre et plus digne. Au-delà, cette réforme stigmatise l’ensemble des personnes étrangères venant en France, aggravant les soupçons permanents à leur encontre, les privant de droits élémentaires et de conditions d’accueil dignes.

      Pour manifester publiquement leur profond désaccord avec l’esprit et le contenu de ce projet de loi et « résister à bras ouverts », les acteurs des EGM appellent à des mobilisations citoyennes dans toute la France entre le samedi 14 et le jeudi 19 avril (https://eg-migrations.org/Agenda-des-evenements). Une manifestation est aussi organisée à Paris le dimanche 15 avril à l’initiative du BAAM et de dizaines d’organisations d’Île-de-France (https://paris.demosphere.eu/rv/61221), et le lundi 16 avril de 12h30 à 14h place Édouard Herriot à côté de l’Assemblée nationale (https://paris.demosphere.eu/rv/61522).

      Les membres des EGM regrettent à nouveau que le président de la République et le Gouvernement aient refusé d’ouvrir un dialogue sincère et attentif avec les acteurs de la société civile qui sont engagés au quotidien auprès des personnes migrantes et invitent vivement les autorités à écouter les recommandations qui émergeront au travers des cahiers de doléances des États généraux.

      Depuis son lancement, en effet, le processus des EGM a permis l’organisation de plus de 75 assemblées locales, à l’échelle de villes, de départements, de régions (voir la carte sur le site eg-migrations.org). Au total ce sont déjà des centaines d’associations et des milliers de citoyens et citoyennes qui, sur l’ensemble du territoire, élaborent des propositions en vue d’une politique migratoire alternative.

      Ces propositions feront l’objet d’une synthèse et d’une première assemblée plénière des États Généraux des Migrations qui se tiendra en région parisienne les 26 et 27 mai 2018.

      Paris, le 13 avril 2018

      https://www.ldh-france.org/mobilisation-egm

    • #Loi_Collomb sur l’immigration : “un projet inutile”

      Selon #Olivier_Brachet, juge assesseur à la Cour nationale du droit d’asile, le projet de loi qui sera présenté mercredi en conseil des ministres par Gérard Collomb est “inutile” et “ne s’attaque sérieusement à aucune des crises graves qui affectent le dossier de l’asile et des migrations”. Un avis qu’il développe dans la tribune ci-dessous.

      https://www.lyoncapitale.fr/actualite/Loi-Collomb-sur-l-immigration-un-projet-inutile

    • Projet de loi asile et immigration : un texte dangereux approuvé

      Sanctions injustes, rétention des enfants, doublement de la durée de rétention … Les députés viennent de voter un texte qui met en péril les droits des réfugiés et migrants en France. État des lieux du projet de loi « asile et immigration » avant son passage au Sénat.

      https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/projet-de-loi-asile-immigration-un-texte-dangereux
      #rétention #détention_administrative #durée

    • Entre le contrôle des frontières et la répression…

      Le récent amendement adopté par l’assemblée nationale concernant l’aide à la circulation ou au séjour irrégulier d’un étranger a été présenté par le gouvernement comme un assouplissement et une clarification de ce qui est communément désigné par « délit de solidarité ». Tout en détournant quelque peu l’attention du reste du contenu régressif du projet de loi « pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie », et en s’appuyant sur l’incarcération de plusieurs militants dans les Hautes Alpes, le gouvernement entend affirmer sa main mise sur le contrôle de ses frontières et la répression de ses opposants.

      https://cevennessansfrontieres.noblogs.org/post/2018/04/28/entre-le-controle-des-frontieres-et-la-repression

    • Qu’est vraiment devenu le délit de solidarité ? (Attention, suspens total).

      Le projet de loi immigration, adopté par l’Assemblée le 22 avril 2018, a été l’occasion de remanier le délit de solidarité. Depuis, une importante communication a été mise en œuvre, dans le cadre du ratio comptable désormais célèbre « humanité/fermeté ». Qu’en est-il vraiment, et est-ce qu’on nous prendrait pas pour des pelles à tarte ?


      https://blogs.mediapart.fr/bismatoj/blog/300418/quest-vraiment-devenu-le-delit-de-solidarite-attention-suspens-total

    • Projet de loi asile-immigration : la fermeté, en attendant l’humanité ?

      Quelques semaines après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République française, nous analysions les premières mesures mises en place en matière d’immigration. En les mettant en rapport avec le programme électoral du candidat d’En marche, nous anticipions alors une réforme future s’inscrivant dans une certaine continuité de la politique migratoire française.

      Depuis, Emmanuel Macron et son ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, jouent une partition bien rodée, mêlant humanité et fermeté. Si le premier insiste dans ses prises de parole publiques sur les notions d’accueil et d’intégration en faveur des réfugiés et des « talents » provenant de l’étranger, le second incarne une politique beaucoup plus restrictive à l’égard des déboutés du droit d’asile qu’il souhaite expulser et des migrants irréguliers qu’il cherche à dissuader de venir en France.

      Cette stratégie du « good cop, bad cop » (bon flic, mauvais flic) est l’incarnation du sempiternel « et en même temps » développé par Emmanuel Macron depuis la campagne pour la présidentielle, lui permettant de se montrer intransigeant sur les questions migratoires par rapport à la frange conservatrice de son électorat, tout en concédant quelques gages de solidarité à la gauche.

      Toutefois, en matière d’asile et d’immigration, ce discours est loin d’être une nouveauté : François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et son ministre de l’Intérieur Manuel Valls ont tous eu recours à ce diptyque pour décrire leur politique migratoire.

      Ainsi, en reprenant à son compte l’opposition simpliste qui en découle entre d’une part les réfugiés qui « méritent » d’être accueillis et d’autre part les « migrants économiques » – catégorie aussi fourre-tout que difficilement identifiable sur le terrain – qui doivent être expulsés, le chef de l’État s’inscrit clairement dans la lignée de ses prédécesseurs.
      Un traitement toujours plus sécuritaire et restrictif des migrations

      Jusqu’alors, il est pourtant difficile de voir autre chose que de la fermeté dans le traitement de la question migratoire par la Place Beauvau. En témoignent trois circulaires rédigées par le ministre de l’Intérieur ces derniers mois, loin d’être équivoques.

      La première fixe les objectifs et les priorités en matière de lutte contre l’immigration irrégulière. La deuxième prévoit d’orienter les personnes étrangères qui demandent un hébergement et un accompagnement social en fonction de leur statut administratif, tandis que la troisième organise l’examen des situations administratives des personnes sans abri étrangères accueillies dans les centres d’hébergement d’urgence, soulevant l’inquiétude des associations d’aide aux migrants et du Défenseur des droits, Jacques Toubon.

      Ces circulaires, en franchissant un pas supplémentaire vers un traitement toujours plus sécuritaire et restrictif des migrations, ont annoncé la couleur du projet de loi asile-immigration présenté ce mercredi 21 février en Conseil des ministres. Témoignant du fort enjeu politique de cette réforme, Emmanuel Macron et le chef du gouvernement, Édouard Philippe, s’investissent depuis plusieurs semaines aux côtés de Gérard Collomb pour défendre ce texte vivement contesté par les associations d’aide aux migrants.

      Comme son intitulé l’indique – « Projet de loi pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif » –, cette réforme se focalise sur trois priorités fixées par le Chef de l’État dès le début de sa campagne électorale.
      Améliorer l’effectivité du droit d’asile, au risque d’en restreindre l’accès

      L’un des objectifs de ce projet de loi est d’abord de rendre toute son effectivité au droit d’asile. L’argumentaire de l’exécutif pointe la nécessité de réformer la politique d’asile pour ne pas le diluer en l’assimilant à d’autres formes d’immigration, dans le but de sauvegarder ce qui fait la spécificité du statut de réfugié (garanti par la Convention de Genève de 1951).

      L’enjeu principal fixé par l’ancien candidat En Marche est de réduire à six mois le délai de traitement des demandes d’asile recours compris, ce qui permettrait de désengorger le système d’accueil des demandeurs d’asile et d’accélérer l’intégration des individus reconnus réfugiés. Si cette volonté est louable, ce n’est pas tant la procédure d’examen de la demande qui est longue (l’Ofpra est déjà mobilisée en ce sens) mais surtout l’accès au guichet d’enregistrement pour qu’une demande d’asile soit déposée. Au cours de ce laps de temps – estimé en moyenne à 35 jours par le ministère de l’Intérieur –, les migrants vivent dans l’irrégularité et, sans aucune aide, errent dans des campements de rue improvisés.

      Cela étant, plutôt que de traiter ce problème en augmentant les capacités d’enregistrement des demandes, le projet de loi vise, au contraire, à réduire le délai au cours duquel un étranger en situation irrégulière peut déposer une demande d’asile (passant de 120 à 90 jours après l’entrée sur le territoire français), ce qui risque de maintenir en clandestinité un certain nombre de demandeurs d’asile potentiels.

      De la même manière, la réduction du délai pour exercer le droit de recours (qui passe d’un mois à 15 jours après la décision rendue par l’Ofpra) représente là encore un risque d’atteintes aux droits de ces individus.

      Autre restriction relative à l’asile instaurée par le projet de loi, l’interdiction faite aux demandeurs d’asile de solliciter un titre de séjour après avoir été déboutés, sauf « circonstances nouvelles », empêchant par exemple un certain nombre d’entre eux de demander un visa pour étranger malade. En outre, ce texte prévoit que le recours devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) n’est plus suspensif pour certaines catégories de déboutés du droit d’asile, comme ceux provenant de pays tiers sûrs, ouvrant la voie à leur renvoi avant même la décision en appel.

      Si l’un des objectifs du texte est de « sacraliser » l’asile, plusieurs dispositions contenues dans le projet de loi participent donc à en restreindre considérablement l’accès, voire à placer dans la clandestinité certains demandeurs d’asile potentiels. Pour le Gisti, « ces mesures concourent en réalité à dissuader les demandes considérées a priori comme dilatoires ».

      L’une des conséquences directes de leur application pourrait être une baisse du nombre de dépôts de demandes d’asile, rendus de plus en plus compliqués pour des personnes vulnérables (en 2017, plus de 100 000 demandes ont été déposées en France, soit une hausse de 17 % par rapport à 2016).

      Serait-ce volontaire de la part du gouvernement, pour désengorger l’Ofpra, la CNDA et les structures d’accueil des demandeurs d’asile ? En tout état de cause, la proposition de titre de séjour de quatre ans (au lieu d’un an renouvelable actuellement) délivré aux bénéficiaires de la protection subsidiaire et aux apatrides ne constitue qu’une maigre trace d’humanité en faveur des migrants forcés, en dépit des déclarations du Président et des attentes des associations.
      Expulser et dissuader les migrants irréguliers : un degré de fermeté inédit

      La seconde priorité du projet de loi concerne la maîtrise des flux migratoires, en ciblant comme enjeu central l’efficacité de la lutte contre l’immigration irrégulière, serpent de mer de la politique migratoire française et européenne. Cette dimension est justifiée par le gouvernement comme étant une nécessité pour limiter la présence de nombreuses personnes en situation irrégulière livrées à elles-mêmes, dans la rue, débouchant sur des situations humanitaires dramatiques dont les campements de Calais et du nord de la capitale sont de parfaites illustrations.

      Avec certaines dispositions contenues dans le texte, l’exécutif cherche à faciliter et à multiplier les expulsions de personnes résidant sur le territoire français de manière irrégulière. C’est le cas avec l’augmentation de la durée maximale de rétention administrative (passant de 45 à 90 jours, voire 135 dans certains cas) qui permet aux pouvoirs publics de retenir contre son gré un migrant sous le coup d’une décision d’éloignement dans l’attente d’être reconduit à la frontière. Or, si l’on en croit la Cimade, « au-delà de 15 jours, le taux d’éloignement est inférieur à 2 % », démontrant du potentiel limité que représente la mesure proposée.

      De même, la durée de retenue administrative pour vérification du droit au séjour et renforcement des pouvoirs d’investigation se voit elle aussi augmentée, passant de 16 à 24 heures, exacerbant là encore une mesure privative de liberté visant spécifiquement les non-nationaux.

      Toujours dans l’optique de favoriser les expulsions, le projet de loi donne une base légale à la circulaire Collomb organisant le recensement des migrants dans les centres d’hébergement d’urgence, puisqu’il prévoit « des échanges d’informations entre les services chargés de l’hébergement d’urgence et l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), concernant les demandeurs d’asile et les réfugiés ».

      En l’état, il s’agirait d’une « ingérence » de l’Intérieur dans les prérogatives du ministère du Logement, dont les services gèrent les structures d’hébergement d’urgence. Cela s’inscrit dans une tendance plus globale à la centralisation des questions relatives à l’immigration au sein du ministère de l’Intérieur, entamée en 2007, sous Nicolas Sarkozy, avec la création du ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire.

      En outre, le texte vise également à limiter la venue de potentiels migrants irréguliers – si tant est que cela soit possible – par le biais de diverses mesures dissuasives. Sont ainsi proposés des délits de franchissement non-autorisé des frontières extérieures de l’Espace Schengen (ou des frontières intérieures en cas de rétablissement des contrôles entre États membres, comme c’est actuellement le cas en France depuis les attentats du 13 novembre 2015) et d’utilisation de document d’identité appartenant à autrui dans l’optique de « se maintenir sur le territoire et […] y travailler ».

      Ce texte, tel qu’il est présenté, contient un degré de fermeté inédit dans la mesure où le traitement répressif des flux migratoires irréguliers par les services du ministère de l’Intérieur atteint aujourd’hui son paroxysme, faisant dire aux associations d’aide aux migrants qu’il s’agit du « pire projet de loi sur l’immigration qu’on ait vu depuis longtemps ».

      Si tout est fait dans ce projet de loi pour dissuader la venue de certaines catégories de migrants, certaines dispositions se concentrent au contraire sur la facilitation de l’immigration pour certains profils particuliers d’étrangers, annonçant un retour à l’immigration choisie.
      Le retour à « l’immigration choisie » ?

      La maîtrise des flux migratoires que souhaite atteindre le gouvernement à travers ce projet de loi vise en parallèle à faciliter la venue d’une certaine forme d’immigration, « l’immigration de la connaissance », comme le mentionnait le programme électoral du candidat Macron. Cela explique pourquoi certains articles contenus dans ce texte prévoient d’étendre le « passeport talent » à de nouvelles catégories d’étrangers, ou encore de faciliter l’installation des étudiants chercheurs dans le pays, dans la lignée des propos du Président appelant les chercheurs climatologues américains à venir en France.

      En cherchant à faciliter l’immigration de ceux qui « participent tant de notre dynamisme économique que de notre rayonnement linguistique et culturel », l’exécutif amorce un retour à l’immigration choisie contre l’immigration subie, rhétorique chère à Nicolas Sarkozy sous son quinquennat. Si les flux migratoires irréguliers sont combattus avec force par l’exécutif, l’immigration de la connaissance est perçue au contraire comme une véritable chance et un atout pour renforcer le soft power français.
      Un projet de loi en attendant une refonte de la politique d’intégration ?

      Premiers à monter au front face aux circulaires Collomb, les responsables d’associations d’aide aux migrants dénoncent la fermeté inouïe que comprend ce projet de loi, qu’ils perçoivent comme un « message de dissuasion adressé aux migrants parfaitement inutile et punitif ». Regrettant amèrement l’absence de dialogue avec l’exécutif lors de sa phase d’élaboration, les associations déplorent un « texte grave et dangereux », présentant un « durcissement très net » et une « vraie fermeté assumée et dure vis-à-vis des personnes migrantes ».

      Fait rare pour être souligné, plusieurs syndicats de l’Ofpra et de la CNDA se sont joints au débat public et ont appelé à la grève ces derniers jours. Ce faisant, ils veulent montrer leur désapprobation face à un texte qui, selon eux, ne leur donne pas les moyens de mener correctement leur mission et qui « vise à entraver l’accès à la procédure d’asile ».

      Dans la sphère politique, si les réactions à droite fustigent le « laxisme du gouvernement face au défi migratoire », les commentaires les plus vifs proviennent de l’opposition de gauche, dénonçant un texte « déséquilibré » voire « inhumain ».

      Le projet de loi suscite également des réactions diverses au sein même des rangs de la majorité, plusieurs députés La République en marche (LREM) témoignant ouvertement de leurs inquiétudes vis-à-vis du texte proposé et de leur volonté de l’adoucir lors des futures discussions parlementaires. C’est donc un exercice de funambulisme qui attend l’exécutif, qui souhaite sauvegarder la nature du projet de loi tout en rassemblant ses troupes.

      Le texte rédigé par le gouvernement pour réformer la politique d’asile et d’immigration ne satisfait quasiment personne : si l’ancien candidat En Marche avait effectivement annoncé un durcissement de la politique migratoire à l’égard des migrants irréguliers, les mesures proposées pour réformer le droit d’asile sont plus surprenantes. Loin de témoigner de l’accueil et de l’humanité de la France, ce texte restreint au contraire les droits des demandeurs d’asile.

      Alors que l’intégration des étrangers constituait l’une des priorités d’Emmanuel Macron pendant la campagne électorale, cette dimension est finalement absente du projet de loi présenté cette semaine en Conseil des ministres.
      Montrer ses muscles

      Le député LREM Aurélien Taché a toutefois rendu un rapport très attendu, présentant 72 propositions pour favoriser l’intégration des immigrés dans notre pays. Si plusieurs préconisations vont dans le sens d’une politique d’accueil ambitieuse et volontariste, adoucissant un tant soit peu la fermeté contenue dans le projet de loi asile-immigration, il reste à voir ce qu’en fera le comité interministériel qui se réunira ces prochaines semaines pour étudier les suites à donner à ce rapport.

      Désireux d’appliquer les engagements de campagne fixés par Emmanuel Macron, l’exécutif montre les muscles à travers ce projet de loi sur l’asile et l’immigration. Il s’agit avant tout, pour le gouvernement, de renforcer l’arsenal législatif français afin de limiter drastiquement l’immigration irrégulière, dans un contexte où une partie de l’opinion publique se radicalise sur le sujet.

      Si la démonstration de fermeté est évidente à l’égard de ceux qui ne sont pas autorisés à séjourner sur le territoire, la « tradition historique d’accueil » de la France peine à transparaître dans ce projet de loi qui n’a pas fini de cliver.

      https://theconversation.com/projet-de-loi-asile-immigration-la-fermete-en-attendant-lhumanite-9

    • Contre une loi liberticide, une autre politique migratoire est possible

      Le projet de loi pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie a été adopté par le parlement le 1er août 2018. En dépit de quelques évolutions depuis sa présentation en février, il reste un texte régressif dont l’esprit est dans la droite lignée des politiques qui échouent depuis plusieurs décennies. Des solutions alternatives existent pourtant comme le démontre le manifeste des Etats généraux des migrations.

      Malgré la volonté déclarée du gouvernement et de sa majorité législative d’en faire un texte alliant « humanité » et « fermeté », l’examen du contenu de ce projet de loi permet rapidement de se rendre compte que c’est la seconde qui a pris le pas sur la première. Entre les nombreux durcissements (restriction des conditions d’attribution de la nationalité française à Mayotte, durée de rétention administrative allongée, recours non suspensifs pour certaines personnes…) et les multiples rendez-vous manqués (absence d’interdiction de l’enfermement pour les mineur·e·s ou encore maintien du « délit de solidarité »), ce projet de loi va encore précariser les personnes migrantes.

      Le texte, préparé sans concertation avec les organisations présentes sur le terrain, est dénoncé par des acteur·trice·s aussi varié·e·s que les salarié·e·s de la Cour nationale de droit d’asile et de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides mais aussi le Défenseur des droits, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme ou le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe.

      Face à un gouvernement qui travaille seul, les membres des Etats généraux des migrations se sont lancés dans un processus citoyen pour défendre une politique migratoire alternative respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des personnes.

      Depuis plus de 10 mois, nous sommes plus de 10 000, issus de 1650 associations et collectifs, à nous être concertés pour réfléchir collectivement à des propositions concrètes basées sur l’expérience de terrain. Fin mai 2018, nous avons adopté le « Manifeste des assemblées locales réunies pour la 1ère session plénière des Etats généraux des migrations ». Plutôt que d’essayer de résoudre une « crise migratoire » qui n’existe pas, nous défendons un certain nombre de principes indispensables à une politique migratoire de long terme : accès aux droits fondamentaux pour les personnes migrantes ; respect du droit d’asile effectif ; liberté d’entrée, de circulation et d’installation dans l’espace européen ; égalité des droits entre français·e·s et personnes étrangères.

      L’adoption d’une énième loi fondée sur la fermeture et le rejet ne change rien à la détermination des membres des Etats généraux des migrations : parce que l’humanité de demain se construit avec l’accueil d’aujourd’hui et contre les dérives issues des politiques migratoires actuelles, nous continuerons à plaider pour une politique d’ouverture qui place le respect des droits au centre des préoccupations.

      https://eg-migrations.org/Contre-une-loi-liberticide-une-autre-politique-migratoire-est-possibl

    • La loi Asile et Immigration est adoptée : décryptage d’un texte dangereux

      La loi pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie a été adoptée définitivement par l’Assemblée nationale le 1er août 2018. C’est un texte dangereux qui consacre une véritable chute de droits pour les personnes étrangères. Analyse du texte par La Cimade, véritable « Code de la honte ».

      La Cimade dénonçait en février un texte « rédigé par le ministère de l’intérieur sans consultation réelle des acteurs associatifs de terrain » ainsi que « son manque d’équilibre flagrant ». Plus de cinq mois après des vifs débats dans les deux chambres, un rejet en dernière lecture du texte par le Sénat et des menaces d’exclusion des député·e·s La République En Marche opposé·e·s au texte, la loi votée par la majorité présidentielle au parlement n’a pratiquement pas bougé depuis la copie remise par Gérard Collomb en conseil des ministres.

      Les principales mesures que La Cimade déplore et qui vont considérablement dégrader les conditions des personnes migrantes sont :

      L’allongement de la durée de la rétention administrative jusqu’à 90 jours y compris pour les familles accompagnées d’enfants mineurs ;
      Une intervention du juge des libertés et de la détention dans les quatre jours suivant le placement en rétention ;
      La réduction du délai pour déposer une demande d’asile ;
      L’absence de recours suspensif pour les personnes originaires d’un pays dit « sûr » qui demandent l’asile, pour celles qui demandent un réexamen ou qui sont considérées comme présentant un trouble grave à l’ordre public ;
      La systématisation des mesures de bannissement et la multiplication de mesures de surveillance à l’encontre des personnes étrangères ;
      L’extension des possibilités de prononcé d’une interdiction du territoire français ;
      La banalisation des audiences par visio-conférence ;
      La complexification de la procédure de reconnaissance de filiation et le durcissement de l’accès à un titre de séjour pour les parents d’enfants français ;
      Le durcissement sans précédent de l’accès à la nationalité française pour les jeunes né·e·s à Mayotte ;
      Le fichage des mineur·e·s isolé·e·s ;
      La possibilité pour les préfectures de passer outre les avis médicaux dans le cadre de la procédure de régularisation pour raisons de santé.

      La loi adoptée le 1er août 2018 ne répond pas aux enjeux migratoires de notre temps, La Cimade appelle à une autre politique migratoire en totale rupture avec celle menée ces dernières années.

      https://www.lacimade.org/la-loi-asile-et-immigration-est-adoptee-decryptage-dun-texte-dangereux

      pdf :
      https://www.lacimade.org/wp-content/uploads/2018/08/Loi_Asile_Immigration_Cimade_02082018.pdf

  • Présentations de lundimatin papier #2 près de chez vous...
    https://lundi.am/Presentations-de-lundimatin-papier-2-pres-de-chez-vous

    Ces prochaines semaines, nous présenterons le dernier numéro de notre revue papier dans quelques (bonnes) librairies... Vendredi 23 février à Nantes, dans le cadre de la semaine des résistances, à l’école d’architecture, 6 Quai François Mitterrand, 19H Mercredi 28 février à Paris, Tschann Libraire, 125 boulevard du Montparnasse, 19h30 Mercredi 7 mars à Paris, Le Merle Moqueur, 51 Rue de Bagnolet, 19h30 (un évènement facebook a été créé pour l’occasion D’autres dates seront annoncées (...)

    « https://www.facebook.com/events/1970583549862707 »

  • « Emmanuel Macron est capable d’audace et de transgression » ; une "révolution énergétique a commencé sous l’impulsion de Nicolas Hulot", nous dit une tribune d’Edgar Morin (Sociologue et philosophe), LE MONDE | 21.02.2018

    Chacun possède une dualité, voire une multiplicité intérieure, mais certains personnages historiques sont remarquables par une dualité politique étonnante. Ainsi de Gaulle, à la fois rebelle et rassembleur national pendant la guerre, porté au pouvoir par l’Algérie française et renversant ses géniteurs putschistes pour reconnaître l’Algérie algérienne, politiquement rénovateur et socialement conservateur durant sa présidence.

    Pour comprendre Macron, je partirais d’un fait de vie privée qui traduit un choix de vie audacieux et une capacité de transgression extraordinaire : contre vents et marées et plutôt contre les obstacles des milieux conformistes bourgeois de province, il épouse sa professeure de lycée plus âgée que lui et déjà mère de deux enfants, et il assume cette transgression ouvertement tout au long de sa carrière.

    QUAND IL SE LANCE DANS L’AVENTURE PRÉSIDENTIELLE, IL TRANSGRESSE TOUTES LES RÈGLES DU JEU APPAREMMENT INAMOVIBLES DE L’ADOUBEMENT PAR UN PARTI
    Quand il se lance dans l’aventure présidentielle, il transgresse toutes les règles du jeu apparemment inamovibles de l’adoubement par un parti et il part aventureusement, créant de toutes pièces un rassemblement dynamique d’éléments captés dans les partis, qui s’en disloquent, ce qui, évidemment dans des circonstances favorables, le conduit à la présidence de la République. On peut dire qu’il y a du Bonaparte, du Boulanger, du de Gaulle dans cela, mais la différence est qu’il n’y a au départ aucun prestige ni gloire militaire, mais un jeune civil audacieux.

    Par ailleurs, une autre étonnante dualité réside dans le fait d’être un intellectuel littérairement et philosophiquement cultivé et un homme qui fait carrière aux antipodes de la philosophie, dans la banque et la finance.

    Hulot ou l’antagonisme au gouvernement

    D’où une autre dualité. Il remet à l’actualité le souci du grand destin de la France, se hausse au niveau de l’intérêt national supérieur, mais, en même temps, sa pensée politico-économique demeure totalement conforme au néolibéralisme et plus encore à la vulgate technocratique économique régnante dans les classes dirigeantes, comme chez ses prédécesseurs, fondée sur la compétitivité, les économies budgétaires, les faveurs aux entrepreneurs et les restrictions aux salariés, et respectant comme évident le pouvoir financier. Et lui-même a plusieurs fois affirmé sa conviction que la richesse nationale vient principalement des riches.

    Les cabinets ministériels sont truffés plus que jamais de jeunes technocrates qui ne voient le réel qu’à travers les chiffres. On arrive même à une contradiction entre sa pensée humaniste affirmée et le comportement concret du ministre de l’intérieur, des instances policières et judiciaires à l’égard des réfugiés.

    SUR NOTRE-DAME-DES-LANDES, IL NE SE RALLIE PAS À LA CONCEPTION DES ZADISTES, MAIS IL TRANSGRESSE LA VISION TECHNO-ÉCONOMIQUE DOMINANTE
    Enfin, Emmanuel Macron a instauré de lui-même, sinon une contradiction, du moins un antagonisme, au sein de son gouvernement, non tant en mêlant ministres issus de la gauche et de la droite, mais en y installant à une place noble [ministre de la transition écologique] Nicolas Hulot, symbole des problèmes écologiques devenus vitaux et d’une nouvelle politique.

    Cela dit, deux actes macroniens témoignent d’un début de transgression de la vulgate techno-économique. Le premier est la riposte à la décision du président Trump de renoncer à l’accord international sur le réchauffement climatique, dans le discours où s’énonce pour la première fois une pensée planétaire, « Make our planet great again ». Le second est dans le renoncement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes où s’étaient cristallisées et radicalisées deux conceptions de la société. Il ne se rallie certes pas à la conception des zadistes, mais il transgresse, dans ce cas symbolique, la vision techno-économique dominante dont il était le promoteur.

    Une autre pensée économico-politique

    Va-t-il évoluer et passer de la transgression au renoncement, du renoncement à l’adoption d’une autre pensée économico-politique ? Cette autre pensée a déjà été formulée. C’est celle d’une grande politique de salut public, dont la révolution énergétique (qui a commencé sous l’impulsion de Nicolas Hulot) serait un premier élément, et comporterait une grande politique des villes visant à dépolluer et déstresser la vie urbaine, une grande politique des campagnes faisant régresser l’agriculture et l’élevage industrialisés, ravageurs des terres, dont les produits standardisés sont insipides et insanes, au profit de l’agriculture fermière, raisonnée, et bio.

    Lire aussi : Petite philosophie du macronisme

    L’une et l’autre politique auront besoin de main-d’œuvre, fourniraient du travail, feraient régresser le chômage, l’une et l’autre auraient un apport décisif à la santé publique et susciteraient d’énormes réductions dans les dépenses de pharmacie, de médecine, des hôpitaux.

    Enfin, ces deux volets politiques auraient besoin d’être complétés par un grand projet de solidarité qui oriente le service national annoncé des jeunes en service national de solidarité, qui opère la création dans tout le tissu urbain français des maisons de solidarité, qui effectue prêts ou subventions favorisant et stimulant toutes entreprises ayant un caractère d’entraide de secours et de solidarité.

    La transgression peut être une progression

    La promotion conjointe de responsabilité et de solidarité seraient elles-mêmes favorisées par une réforme profonde de l’éducation dont est capable le ministre en exercice, Jean-Michel Blanquer, qui enseignerait le mieux-vivre. C’est bien là la nouvelle voie qui permettrait à M. Macron de réaliser son aspiration profonde, qui est d’inscrire sa marque historique dans le destin national et d’infléchir le destin planétaire. C’est à cette ultime transgression, qui serait alors une grande progression, que le convient les forces vives du pays.

    Emmanuel Macron ira-t-il soit progressivement, soit par conversion rapide, vers un grand destin national, lequel est inséparable d’une grande politique, pas seulement extérieure, mais intérieure ? Autrement, il n’y aura pas de grande présidence. Au moment de conclure, une voix me dit que j’ai aussi mon double « je » :
    « Cet espoir est-il crédible ? N’est-il pas déjà trop installé dans son credo techno-économique ? N’a-t-il pas acquis définitivement le culte de la réussite et le dédain pour les laissés-pour-compte ?
    – Peut-être, je ne sais pas… Mais je sais qu’il est capable d’audace et de transgression. »

    Après Emmanuel Carrère et François Dosse (j’ai du en louper), une autre présentation du énième président des riches en intellectuel "complexe", de quoi raffermir un anti intellectualisme déjà bien présent dans l’hexagone.

    #com' #présidentialisme #carpettes

    • Emmanuel Macron : « Paradoxalement, ce qui me rend optimiste, c’est que l’histoire en Europe redevient tragique »

      Le président de la République, qui polit son image intellectuelle, a accordé un entretien à « La Nouvelle Revue française », dans lequel il revient sur la littérature et l’exercice du pouvoir. Extraits.

      LE MONDE | 27.04.2018 à 12h02
      Y a-t-il encore dans la politique quelque chose de « romanesque » ? C’est la question que pose La NRF dans son 630e numéro, à paraître au mois de mai. Pour tenter de répondre à cette question, le rédacteur en chef, Michel Crépu, et l’avocat et écrivain Alexandre Duval-Stalla ont confronté le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, à son propre rapport à la littérature.

      Dans quelle mesure votre pratique de la littérature joue-t-elle avec votre travail de président de la République, concrètement, à travers vos contacts avec les dirigeants du monde entier ?

      Emmanuel Macron : Cela dépend des situations. Pour moi, le premier apport de la littérature est de m’avoir transmis certaines choses avant même que je les connaisse. J’ai connu les odeurs des fleurs d’abord chez Colette ou Giono avant de les respirer moi-même… Ma grand-mère m’a initié au premier Giono, celui de Regain et de Colline, au merveilleux Giraudoux que plus personne ne lit aujourd’hui, à Colette énormément. Ensuite, au cours de l’adolescence, il y a eu Gide et Camus. Proust et Céline sont venus après. Un livre comme Les Nourritures terrestres a été très important pour moi, en même temps que j’étais touché aussi par Camus. D’un côté, Gide l’intellectuel devenu sensuel, et de l’autre côté, Camus arrivant de la Méditerranée, avec son côté brut, minéral, devenant intellectuel engagé. Il y eut aussi René Char, pour la poésie.
      Ce que je veux dire, c’est que tout cela construit un cadre sensible et intellectuel qui demeure et qui influence le regard qu’on porte sur le monde. J’ai fait beaucoup de philosophie, mais c’est surtout la littérature qui m’a structuré, à la fois pour les « grands personnages » et le sens du détail. On se souvient de la phrase de Stendhal : « Au séminaire, il est une façon de manger un œuf à la coque qui annonce les progrès faits dans la vie dévote. » Cette façon d’esquisser à grands traits la fresque historique tout en étant capable soudain de ces détails minutieux qui disent tout de la grande aventure, voilà la littérature.
      Et les personnes ?

      Cela dépend. Avec un homme comme Vladimir Poutine, l’art, la musique, la littérature, l’histoire ont une résonance forte. Je l’ai constaté à Versailles récemment à travers la figure de Pierre le Grand. Angela Merkel est plus « scientifique » que littéraire dans son approche des choses, mais la musique a pour elle une grande importance. En Afrique, avec certains dirigeants ou dans certains cercles, cela joue un vrai rôle, car l’ombre de Senghor est toujours là et la francophonie nous questionne sur notre rapport avec le langage, donc avec les œuvres qui en sont faites.
      Mais en fait, l’aspect le plus décisif est le rapport aux Français. Il y a toujours deux choses au sein du pays, deux dimensions qui ne se confondent pas : l’exercice du pouvoir et l’incarnation du pays. Ces deux dimensions entrent en tension lorsque il n’y a pas une histoire, un drame, le sentiment pour la société d’une destinée qui se joue. Les Français sont malheureux quand la politique se réduit au technique, voire devient politicarde. Ils aiment qu’il y ait une histoire. J’en suis la preuve vivante ! Je suis très lucide sur le fait que ce sont les Français et eux seuls qui m’ont « fait » et non un parti politique.
      Du point de vue du système politique traditionnel, je suis une aberration. Si la politique se résumait à cette sorte de chimie qui fait son œuvre comme si de rien n’était, je ne serais pas là. En réalité, je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque : cela ne se résume pas en formules, mais c’est bien cela le cœur de l’aventure politique. En somme, on est toujours l’instrument de quelque chose qui vous dépasse.
      Avez-vous ressenti cela au moment des funérailles de Johnny, qui incarnait symboliquement quasiment Victor Hugo, descendu de l’Arc de triomphe au Panthéon devant des millions de Parisiens ? Cela aurait amusé Jean d’Ormesson !

      Johnny, c’est encore autre chose que Jean d’Ormesson, où entrait la dimension d’hommage officiel. Johnny Hallyday, je le connaissais et je connais des admirateurs ; je savais qu’ils ne voulaient pas d’un discours. J’ai passé une nuit à l’écrire en sachant parfaitement que ce discours ne servirait à rien, que les gens n’en voulaient pas et surtout pas d’un discours du président de la République !
      Alors pourquoi ?

      Cela fait des décennies que le pouvoir politique est sorti de l’émotion populaire. Il faut considérer cela : l’émotion populaire se moque des discours. Le jour des obsèques, je savais très bien que la foule qui était là n’était pas acquise. Elle n’attendait pas un discours officiel. Elle était dans l’émotion brute du moment. C’est cette émotion que j’ai partagée avec la foule. Rien d’autre. Les gens ne vous reconnaissent comme un des leurs que si vous prouvez que vous êtes capable de partager leur émotion. Que vous ne les prenez pas de haut. Je ne sais pas si j’y suis arrivé, mais beaucoup sont venus me remercier pour ce que j’avais dit à ce moment-là. Encore une fois, il ne faut jamais oublier que vous représentez à la fois le pouvoir et la nation, ce sont deux choses qui vont de pair mais que l’on ne peut confondre. Cette dualité est constitutive de ma fonction.
      (…)
      Les intellectuels français éprouvent toujours à l’endroit du pouvoir une méfiance instinctive qui est tout à fait absente chez le Mauriac du « Bloc-notes » – il y a au contraire une jubilation à se confronter à la réalité politique…

      J’assume totalement la « verticalité » du pouvoir, qui croise l’horizontalité de l’action politique. J’assume les choix qui sont faits, et je hais l’exercice consistant à expliquer les leviers d’une décision : il y a un temps pour la délibération, un temps pour la décision, ils ne peuvent se confondre. Cela n’a rien à voir avec l’autoritarisme, car j’assume aussi de ne pas décider trop vite, de réfléchir, comme en ce moment sur les questions religieuses, par exemple. Il faut que les choses circulent. Que la société les mûrisse pour son compte. Mais il faut aussi faire attention à ce que le délibératif ne devienne pas de l’indéterminé. Le délibératif est une phase transitoire, il n’est pas le préalable au nihilisme.
      On a beaucoup accusé Mai 68 d’être à la source d’un mode d’indifférenciation…

      Mai 68 a été, voici cinquante ans, un moment de confrontation avec le pouvoir. Cela correspond à un instant historique qui avait ses fondements et son actualité alors. Aujourd’hui, nous vivons quelque chose de très différent dans le rapport entre la société et le pouvoir. Mai 68, ce fut un moment. Il est passé. Nous sommes dans une autre configuration.
      Quel est l’enjeu, aujourd’hui ? Quelle est la confrontation ?

      Le grand enjeu, c’est de sortir de l’insignifiance. Nous vivons depuis trente ans une forme de postmodernisme mal digéré. L’enjeu, c’est de retrouver la possibilité de construire, en assumant la part parfois univoque, unilatérale de toute décision.
      Qu’est-ce qui vous rend optimiste, si tel est bien le cas ? Et pessimiste ?

      Rien n’incite tant au pessimisme que le nihilisme qui partout menace, et qui conduit au cynisme, à l’absence de tout désir et de toute ambition. Paradoxalement, ce qui me rend optimiste, c’est que l’histoire que nous vivons en Europe redevient tragique. L’Europe ne sera plus protégée comme elle l’a été depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ce vieux continent de petits-bourgeois se sentant à l’abri dans le confort matériel entre dans une nouvelle aventure où le tragique s’invite. Notre paysage familier est en train de changer profondément sous l’effet de phénomènes multiples, implacables, radicaux. Il y a beaucoup à réinventer. Et dans cette aventure, nous pouvons renouer avec un souffle plus profond, dont la littérature ne saurait être absente.
      Propos recueillis par Michel Crépu et Alexandre Duval-Stalla

      « Politique et littérature, l’énigme Macron »
      Pour l’écrivain et rédacteur en chef de « La Nouvelle Revue française », Michel Crépu, la vie politique et la littérature vont de pair en France. Et c’est pour connaître le rapport qu’entretient le président Emmanuel Macron avec les lettres que « La NRF » l’a interrogé.

      LE MONDE | 27.04.2018 à 12h02 | Par Michel Crépu (écrivain, rédacteur en chef de « La Nouvelle Revue française »)

      Tribune. En Amérique, le président jure sur la Bible, en France il pose devant la bibliothèque. Les reliures pourpres sont là, personne ne les lit jamais, mais il est essentiel qu’elles soient dans le champ visuel. Que l’on sache que l’esprit des lettres imprègne invisiblement la conscience du nouvel élu. Pour la photo officielle, l’actuel président Macron a joué d’une certaine ambiguïté, en laissant traîner sur le guéridon quelques Pléiades à peine identifiables. C’était une façon désinvolte de ne pas insister sans oublier l’existence des grands auteurs.
      En France, pour ce qui est de la politique et de la littérature, les choses sont allées de pair, de Joinville au général de Gaulle, dans une relation d’intimité complice, jusqu’à ce que le lien se défasse, faute de personnel. François Mitterrand, nous le savons maintenant grâce à la publication de sa correspondance avec Anne Pingeot, a gardé la littérature pour l’amour plus que pour la politique. Ses successeurs n’ont pas fait montre, de leur côté, d’ambitions particulières. En un sens, cela valait mieux.
      Chirac n’y pensait tout bonnement pas, Sarkozy par foucades débridées, Giscard au retour de la chasse, Hollande préférant la lecture du journal. Il faut remonter à Pompidou avant Jésus-Christ pour entendre Eluard à l’Elysée. Et Macron ? C’est le travail d’une revue de chercher à le savoir. D’où cet entretien, qui paraît aujourd’hui dans La NRF de mai 2018, cinquante ans après les événements fameux.
      On ne jure pas sur la Bible mais on fait un peu son Montaigne
      Du temps, pas si éloigné, où le principe d’une conversation avec le pouvoir était voué sur-le-champ aux gémonies, une telle chose était impensable. L’histoire politique de La NRF, riche en bouleversements idéologiques, montre pourtant combien, de Gide et Rivière à Paulhan, la politique a fait l’objet d’un intérêt passionné. L’époque des années 1930 se cherchait un centre de gravité, La NRF y joua sa partie. On touche là au vif de ce que représente aujourd’hui une revue telle que La NRF, avec beaucoup d’autres : arriver à nommer son temps, les figures et les idées qui l’animent. Ainsi, dans ce même numéro, un journal de bord de tournage par l’acteur Melvil Poupaud, voisine-t-il avec les perplexités présidentielles sur la future destinée romanesque du continent européen.
      Le roman a-t-il encore ses chances dans la politique mondiale ? Que signifie faire du cinéma ? Sans faire la prophétesse de malheur ni la bonimenteuse de paradis, La NRF choisit de voyager avec ces questions. Car l’espace d’une revue sert précisément à cela : voyager avec certaines questions qui valent mieux que d’autres. On ne jure pas sur la Bible mais on fait un peu son Montaigne : c’est mieux que vivre sous l’hypnose du mage Houellebecq. Dévider la bobine sans s’obséder d’avoir le dernier mot. « Nonchalant » de lui comme Montaigne l’était de sa propre mort. Après tout, la politique n’est-elle pas un autre nom du réel ? C’est aussi bien le cas de la littérature, expérience délicieuse et douloureuse à la fois de la contradiction illimitée.

      Intello en carton qui, par exemple, confond langue et langage.

      https://seenthis.net/messages/598516

      Le philosophe et le président
      FRANÇOIS DOSSE
      http://www.editions-stock.fr/livres/essais-documents/le-philosophe-et-le-president-9782234084483

      François Dosse : « La métaphore de la cordée permet à Emmanuel Macron de définir une forme originale de libéralisme »
      https://www.lopinion.fr/edition/politique/francois-dosse-metaphore-cordee-permet-a-emmanuel-macron-definir-forme-1362

  • L’Outsider Pop français

    Dans le prolongement de sa saison Affranchis, l’Agence culturelle Dordogne-Périgord poursuit son exploration des formes d’expressions et esthétiques non conventionnelles, et accueille « HEY ! L’outsider pop français ». Signée par la revue d’art HEY ! modern art & pop culture, présentée du 21 mars au 23 juin 2018 à l’Espace culturel François Mitterrand à Périgueux, cette exposition collective rassemblera des œuvres exclusivement figuratives. Anne De HEY !*, commissaire invitée, a choisi de présenter treize artistes français vivants, sélectionnés au sein de la grande famille artistique outsider pop que la revue HEY ! défend : Jérôme Barbosa, Murielle Belin, Ciou, Alëxone Dizac, Elzo Durt, Easy Sacha, Séverine Gambier, Benoit Huot, mad meg, Mr Djub, Secrètes Savonnettes, Paul Toupet, Amandine Urruty. « HEY ! L’outsider pop français » met en lumière une scène artistique singulière et bouillonnante, tel un cabinet de curiosité du XXI° siècle célébrant l’imaginaire, l’étrange et le merveilleux.

    Cette exposition se conçoit selon le principe fondamental de HEY ! : « la mixité par le rassemblement » ; vu ici non pas comme un principe hétérogène, mais au contraire comme un concept porteur de richesses. Le principe relève d’une vision et d’une conviction plus que d’une démarche théorique. Cette exposition revendique un commissariat rassemblant des œuvres d’artistes français issues des mouvements lowbrow et surréalisme pop, du tatouage, de l’outsider art et de l’ensemble des arts graphiques dérivés d’une culture de rue - post graffiti, néo pop figuratif, art de l’affiche - en tant qu’expressions majeures de notre temps et émanations issues de l’intelligence populaire. Ces confluences se retrouvent dans le territoire désigné par l’expression « outsider pop ».

    L’outsider pop suggère une synthèse des nouveaux arts figuratifs pop contemporains. Réunis sous cette désignation, on reconnaît ces artistes par un traitement exclusivement figuratif ; une inspiration puisée dans la culture populaire et/ou les contrecultures ; le choix de s’exprimer en dehors des écoles formelles et dominantes du moment (art conceptuel et abstraction) ; une contestation formulée ou en sous-texte des frontières hiérarchiques séparant le « grand art » de la culture populaire (l’art dit savant et la connaissance dite autodidacte). Revue française à l’horizon international, HEY ! s’impose comme le relais de choix des artistes français participant à cette énergie créatrice mondiale, et d’essence profondément actuelle. Plus d’information sur http://www.heyheyhey.fr.

    #shameless_autopromo

  • La torture au Moyen Age
    https://www.franceculture.fr/emissions/matieres-a-penser-avec-antoine-garapon/la-torture-au-moyen-age



    http://rf.proxycast.org/1370798591710339072/16274-23.11.2017-ITEMA_21503222-3.mp3

    Nous sommes pleins de fausses idées sur la pratique de la torture au moyen-âge. Non que celle-ci ne soit pas scandaleuse en soi mais parce qu’elle était beaucoup plus encadrée qu’on ne le pense comme le démontre Faustine Harang (La torture au Moyen-Âge, paris PUF, 2017). Parce qu’aussi les juges, et notamment le Parlement de Paris n’avait de cesse que de la limiter. Cela explique peut-être qu’elle ait connu un long déclin au fur et mesure que les preuves devenaient plus rationnelles.

    #moyen-age #torture
    C’est plutot sur la fin du moyen-age (XVeme) et limité aux pratiques du tribunal de Paris.

    • Les archives de François #Mitterrand concernant la politique menée par la France au #Rwanda au début des années 1990 représentent des milliers de pages conservées aux #Archives nationales. Elles sont une source d’information potentielle sur ce que l’État français savait et a fait avant et pendant le génocide. Mais elles ne seront pas ouvertes avant 50 ou 60 ans : en attendant, une personne privée (Dominique Bertinotti), mandatée par François Mitterrand avant sa mort, décide ou non d’autoriser leur consultation, de façon variable et arbitraire, sans qu’il soit possible de déposer un recours contre ces décisions.

    • Après avoir épuisé tous les recours en France, François Graner s’apprête à saisir ce jeudi 14 décembre la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour contester la réglementation française qui permet à la mandataire de l’ancien président François Mitterrand de refuser l’accès à des archives pourtant déclassifiées. A la veille de cette saisine, le chercheur et l’association Survie lui ont symboliquement apporté à l’Institut François Mitterrand une clé géante pour ce « second verrou », avant de demander à la CEDH de l’ouvrir à sa place.

      https://survie.org/themes/genocide-des-tutsis-au-rwanda/article/le-chercheur-francois-graner-et-l-association-survie-apportent-a-la-gardienn
      #Rwanda #génocide

  • La fin du travail, le nerf de la guerre, Philippe Escande
    « Retours sur le futur (5/5). Des auteurs ont anticipé la société à venir dans des livres vendus à des milliers d’exemplaires. En 1997, Jeremy Rifkin théorisait ce qui allait inspirer la gauche française lors de nombreux débats politiques : la destruction des emplois par la technologie. »

    http://www.lemonde.fr/festival/article/2017/08/18/la-fin-du-travail-le-nerf-de-la-guerre_5174023_4415198.html

    Michel Rocard ne s’y était pas trompé : ce livre est « effrayant ». Dans la préface de l’édition française, il écrit qu’il est sidéré par l’ampleur du défi lancé par l’auteur de La Fin du travail (Jeremy Rifkin, La Découverte, 1997. Publication originale : The End of Work, 1995). Depuis plus de cinq mille ans, l’homme courbe l’échine sous le poids de ses obligations, et voilà que Jeremy Rifkin, spécialiste de prospective, annonce sa libération.

    Dans cet essai « torrentiel, déconcertant et parfois agaçant » – toujours selon Rocard –, l’auteur prédit que la technologie va progressivement faire disparaître la force de travail humaine et qu’il convient de s’y préparer en investissant massivement dans l’économie sociale. Il faut anticiper le chômage et l’extension de la misère, et aviver l’espoir de l’avènement d’une société moins marchande et plus solidaire.

    Il est déconcertant de constater qu’un débat lancé il y a plus de vingt ans ait refait surface, en France, lors de la campagne présidentielle de 2017. Bien des idées du candidat du Parti socialiste, Benoît Hamon, résonnent étrangement avec celles proposées par Rifkin : les robots vont tuer l’emploi, un revenu universel est nécessaire et il faut renforcer un tiers secteur non marchand. L’Américain a multiplié ses disciples.

    Vendu à 125 000 exemplaires aux Etats-Unis – ce qui est loin d’en faire un best-seller –, le livre a connu une belle carrière internationale. Traduit en dix-sept langues, il a lancé la carrière de son auteur et l’a installé dans le fauteuil confortable de prophète d’un monde nouveau, marqué par la triple révolution numérique, biologique et écologique. (

    Papy débonnaire
    Son ouvrage précédent, Au-delà du bœuf (Beyond Beef, Dutton Adult, 1992), plaidoyer d’un végétarien convaincu qui dénonce la consommation de viande et l’élevage bovin, ne laissait pas prévoir qu’il allait s’attaquer aussi abruptement à l’un des fondements de l’activité humaine. Douceur du regard, calvitie de notaire et moustache de sergent-major, on lui donnerait le Bon Dieu sans confession.

    Un révolutionnaire se cache pourtant derrière Jeremy Rifkin, ce papy débonnaire aux costumes soignés et aux pochettes de soie assorties. Son premier engagement, celui qui déterminera tout le reste, a lieu en 1967 quand, jeune diplômé en droit, il organise la première manifestation nationale contre la guerre au Vietnam. Plus tard, il épouse la cause de la lutte contre les manipulations génétiques. Il trouble, avec ses camarades, les cénacles de l’Académie des sciences, en déployant ses banderoles et en chantant « Nous ne voulons pas être clonés », sur l’air de l’hymne aux droits civiques (We Shall not Be Moved).

    En 1977, dans le Library Journal, le critique Ken Nash presse le destin de ce jeune homme qui n’avait pourtant produit qu’un seul livre (Own Your Own Job, Bantam Books, 1977) : « Le socialisme de Rifkin est aussi américain que la tarte aux pommes, écrit Nash. Il est peut-être notre plus talentueux vulgarisateur d’idées radicales. » La France va adorer.

    Multiples retirages

    Quelques mois après la publication de The End of Work, le sociologue français Alain Caillé dévore le livre et rêve d’une édition française. Théoricien du don et militant de l’anti-utilitarisme, alternative humaniste au libéralisme et au marxisme, il retrouve ses thèmes dans l’ouvrage de Rifkin : l’impasse de l’économie marchande qui exclut de l’emploi et la nécessité d’encourager l’économie solidaire.

    Il fait le siège de son éditeur, La Découverte, pour le convaincre de le publier. « Ça ne se vendra pas », le prévient François Gèze, le patron de la maison. A tort : il a vendu plus de 30 000 exemplaires la première année de sa sortie, sans compter les multiples retirages, qui élèvent le nombre à 57 000. « Et il s’en vend toujours aujourd’hui », pointe l’éditeur. Il faut dire qu’il avait réussi à convaincre son ami Michel Rocard de préfacer l’ouvrage.

    Philippe Séguin, à l’époque président de l’Assemblée nationale (1993-1997) et autre amoureux du débat sur le travail, avait décliné car Jeremy Rifkin exerce déjà sur le personnel politique, français comme européen, un attrait indéniable. Comme si ses idées originales ouvraient de nouveaux horizons à des décideurs en panne de solutions nouvelles. Avant la sortie de l’édition française, il était l’invité d’honneur d’une conférence de deux jours organisée par Philippe Séguin à Epinal, son fief des Vosges, rassemblant leaders syndicaux et chefs d’entreprise.

    « Nouvel esprit de paresse »

    Le succès de l’ouvrage est aussi dû à un concours de circonstances exceptionnel : rincés par une crise qui n’en finit pas en ce milieu des années 1990, les Français sont en proie au doute. « Contre le chômage, on a tout essayé », reconnaît, en 1993, le président François Mitterrand. On imagine alors la disparition de l’emploi. Un an avant la traduction de Rifkin, la sociologue et philosophe Dominique Méda publie Le Travail, une valeur en voie de disparition (Alto, 1995). Un tabou saute. La droite hurle à l’Assemblée face à ce « nouvel esprit de paresse ».

    Dans le même temps, la romancière Viviane Forrester fait un tabac avec son Horreur économique (Fayard, 350 000 exemplaires). L’entreprise n’est plus tendance, le débat s’installe à gauche. Mais nous sommes en France, et l’argumentaire économique promu par Rifkin vire à la controverse philosophique.

    Pour Méda, comme pour André Gorz et d’autres penseurs de gauche, la question du progrès technologique n’est pas centrale. Il s’agit d’affirmer que le travail, valeur réhabilitée au XVIIIe siècle avec les Lumières, ne constitue pas l’essence de l’homme et que l’entreprise ne doit pas être son seul horizon. Il convient d’en réduire la durée pour se consacrer à d’autres activités plus épanouissantes : la famille, la communauté, l’enrichissement intellectuel… La conclusion est identique à celle de l’Américain mais prend d’autres chemins.
    « Je ne dis pas que le travail va disparaître, assure la sociologue, mais je souhaite qu’il prenne moins de place. » Une idée que partage également l’économiste Gilbert Cette, professeur à l’université d’Aix-Marseille, et qu’il traduit en des termes plus économiques :
    « Augmenter le temps de loisirs est une forme de redistribution des gains de productivité. »

    Déprime des salariés

    A ces données s’ajoutent une déprime des salariés (le plus grand succès des éditions La Découverte à cette époque sera d’ailleurs Le Harcèlement moral, de Marie-France Hirigoyen, en 1998, vendu à 600 000 exemplaires…) et une réflexion à gauche qui s’oriente de plus en plus vers la réduction du temps de travail.

    A la faveur de la dissolution du Parlement par Jacques Chirac en 1997, la gauche, exsangue cinq ans plus tôt, revient au pouvoir. A court d’idées neuves, elle saute sur la réduction du temps de travail, soufflée à Martine Aubry par Dominique Strauss-Kahn. Gilbert Cette intègre le cabinet de la ministre et donne une réalité à ce vieux rêve.
    Jeremy Rifkin ne pouvait imaginer pareille consécration : la plus importante réforme sociale de l’après-guerre en France, mise en route deux ans après la parution de son livre qui en faisait l’apologie ! Pourtant, la destruction des emplois par la technologie, thèse principale du livre, n’a pas abouti à une disparition du travail mais à sa transformation. Le drame que décrivait si bien l’auteur n’était pas celui de la fin du salariat mais de la désindustrialisation.

    Légitimité du débat

    Et si le débat revient aujourd’hui avec la peur de l’avènement des robots, la plupart des spécialistes en rejettent l’idée, de surcroît contredite par les faits : vingt ans après sa prédiction funeste, le taux de chômage mondial est plus bas qu’à l’époque (1 % de moins) ! Vieille opposition du scientifique face au vulgarisateur qui noircit le trait pour mieux vendre son message au risque de le déformer…
    « Monsieur Rifkin est un charlatan ! C’est un consultant qui a eu le flair d’enfourcher, au bon moment, les grandes peurs collectives de notre fin de siècle : les risques liés au progrès technologique et le chômage », lançait Olivier Blanchard, ancien chef économiste au FMI et enseignant au MIT, l’un des rares de sa profession qui soit entré dans le débat. Les autres ont préféré l’ignorer.

    Jennifer Hunt est l’une des plus grands spécialistes du travail aux Etats-Unis. Elle fut chef économiste au ministère du travail américain pendant la mandature de Barack Obama. « J’étais professeure à l’université Yale à l’époque, dit-elle. Nous ne le connaissions même pas. En 1995, nous sortions de la récession, c’était le début de la nouvelle économie et la croissance de l’emploi était très rapide. » Tout juste reconnaît-elle qu’il est parfois utile « d’avoir des gens qui ne sont pas contraints par une discipline et par des faits scientifiques ». Pour l’économiste Daniel Cohen, « Ce livre est arrivé à un moment de grande fatigue. Il est faux de dire que le travail disparaît, mais le débat sur la finalité de celui-ci est légitime ».

    Conférences convoitées
    C’est finalement le destin des Rifkin, Attali ou Minc de saisir l’air du temps, de lire beaucoup et de former, à partir de cela, des idées bien plus audacieuses que celles de la communauté scientifique… Et d’en faire commerce. Les conférences de Jeremy Rifkin, réclamées par toutes les grandes entreprises et organisations mondiales, se monnayent entre 20 000 et 40 000 euros.

    Sa société de conseil enchaîne les contrats avec la Commission européenne, le gouvernement allemand, la ville de La Haye, le Luxembourg, la région des Hauts-de-France… Les missions sont facturées entre 350 000 et 450 000 euros – « Le prix d’un rond-point », tempère modestement le prospectiviste –. « Sa notoriété et son charisme nous ont permis de rassembler tous les acteurs de la région autour d’un projet mobilisateur », insiste l’ancien ministre Philippe Vasseur, qui a monté avec lui le projet de « Troisième révolution industrielle » pour les Hauts-de-France.

    La Fin du travail a permis à Rifkin de gagner ses galons de millénariste en chef. Après la fin du bœuf et celle du travail, sont intervenues celles de la propriété (L’Age de l’accès, La Découverte, 2005) et des énergies fossiles (La Troisième Révolution industrielle, Les Liens qui libèrent, 2012). Il prédit maintenant la fin du capitalisme par sa dissolution dans le collaboratif (La Nouvelle Société du coût marginal zéro, Babel, 2016), voire la fin de l’espèce humaine, si l’on ne prend pas de mesure contre le réchauffement climatique.

    Des idées fortes qui retentissent dans une Europe en proie aux doutes existentiels. « Si je devais renaître, j’aimerais que ce soit en France ou en Italie », a coutume de lancer Jeremy Rifkin. Il en est déjà le citoyen de cœur et, avec ses certitudes, il est au moins le prophète d’un monde incertain.

    https://seenthis.net/messages/262461

    #Rifkin #Travail #emploi

  • Le vrai visage de Nicolas Sarkozy !!! – Espion “américain” placé à la présidence par la CIA – Dossier complet et documenté ! - RipouxBlique des CumulardsVentrusGrosQ
    http://slisel.over-blog.com/2017/08/le-vrai-visage-de-nicolas-sarkozy-espion-americain-place-a-la-pres

    Sarko – le vrai CV :
    Nicolas Sarkozy doit être jugé à son action et non pas d’après sa personnalité.

    Mais lorsque son action surprend jusqu’à ses propres électeurs, il est légitime de se pencher en détail sur sa biographie et de s’interroger sur les alliances qui l’ont conduit au pouvoir.
    Thierry Meyssan a décidé d’écrire la vérité sur les origines de l’ancien président de la République« française ».

    Toutes les informations contenues dans cet article sont vérifiables, à l’exception de deux imputations, signalées par l’auteur qui en assume seul la responsabilité.

    Tonton Pasqua et l’arriviste. Ce pourrait être une fable de La Fontaine.
    Les Français, lassés des trop longues présidences de François Mitterrand et de Jacques Chirac, ont élu Nicolas Sarkozy en comptant sur son énergie pour revitaliser leur pays.

    Ils espéraient une rupture avec des années d’immobilisme et des idéologies surannées.

    Ils ont eu une rupture avec les principes qui fondent la nation française.

    Ils ont été stupéfaits par cet « hyper-président », se saisissant chaque jour d’un nouveau dossier, aspirant à lui la droite et la gauche, bousculant tous les repères jusqu’à créer une complète confusion.

    Comme des enfants qui viennent de faire une grosse bêtise, les Français sont trop occupés à se trouver des excuses pour admettre l’ampleur des dégâts et leur naïveté.

    Ils refusent d’autant plus de voir qui est vraiment Nicolas Sarkozy, qu’ils auraient dû s’en rendre compte depuis longtemps.

    C’est que l’homme est habile. 

    Comme un illusionniste, il a détourné leur attention en offrant sa vie privée en spectacle et en posant dans les magazines people, jusqu’à leur faire oublier son parcours politique.

    Que l’on comprenne bien le sens de cet article : il ne s’agit pas de reprocher à M. Sarkozy ses liens familiaux, amicaux et professionnels, mais de lui reprocher d’avoir caché ses attaches aux Français qui ont cru, à tort, élire un homme libre.

    Pour comprendre comment un homme en qui tous s’accordent aujourd’hui à voir l’agent des États-Unis et d’Israël a pu devenir le chef du parti gaulliste, puis le président de la République française, il nous faut revenir en arrière.

    Très en arrière.

    Il nous faut emprunter une longue digression au cours de laquelle nous présenterons les protagonistes qui trouvent aujourd’hui leur revanche.

    Secrets de famille :

    À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les services secrets états-uniens s’appuient sur le parrain italo-US Lucky Luciano pour contrôler la sécurité des ports américains et pour préparer le débarquement allié en Sicile.

    Les contacts de Luciano avec les services US passent notamment par Frank Wisner Sr. puis, lorsque le « parrain » est libéré et s’exile en Italie, par son « ambassadeur » corse, Étienne Léandri.

    « votez pour moi pauv’cons ! »
    En 1958, les États-Unis, inquiets d’une possible victoire du FLN en Algérie qui ouvrirait l’Afrique du Nord à l’influence soviétique, décident de susciter un coup d’État militaire en France.

    Pauvre France nous sommes mal placés au centre de toutes ces querelles !

    L’opération est organisée conjointement par la Direction de la planification de la CIA —théoriquement dirigée par Frank Wisner Sr.— et par l’OTAN.

    Mais Wisner a déjà sombré dans la démence de sorte que c’est son successeur, Allan Dulles, qui supervise le coup.

    Depuis Alger, des généraux français créent un Comité de salut public qui exerce une pression sur le pouvoir civil parisien et le contraint à voter les pleins pouvoirs au général de Gaulle sans avoir besoin de recourir la force.

    Or, Charles de Gaulle n’est pas le pion que les Anglo-Saxons croient pouvoir manipuler.

    Dans un premier temps, il tente de sortir de la contradiction coloniale en accordant une large autonomie aux territoires d’outre-mer au sein d’une Union française.

    Mais il est déjà trop tard pour sauver l’Empire français car les peuples colonisés ne croient plus aux promesses de la métropole et exigent leur indépendance.

    Après avoir conduit victorieusement de féroces campagnes de répression contre les indépendantistes, de Gaulle se rend à l’évidence. 

    Faisant preuve d’une rare sagesse politique, il décide d’accorder à chaque colonie son indépendance.

    Cette volte-face est vécue comme une trahison par la plupart de ceux qui l’ont porté au pouvoir. 

    La CIA et l’OTAN soutiennent alors toutes sortes de complots pour l’éliminer, dont un putsch manqué et une quarantaine de tentatives d’assassinat.

    Toutefois, certains de ses partisans approuvent son évolution politique.

    Autour de Charles Pasqua, ils créent le SAC, une milice pour le protéger.

    Pasqua est à la fois un truand corse et un ancien résistant. Il a épousé la fille d’un bootlegger canadien qui fit fortune durant la prohibition. Il dirige la société Ricard qui, après avoir commercialisé de l’absinthe, un alcool prohibé, se respectabilise en vendant de l’anisette. Cependant, la société continue à servir de couverture pour toutes sortes de trafics en relation avec la famille italo-new-yorkaise des Genovese, celle de Lucky Luciano.

    Il n’est donc pas étonnant que Pasqua fasse appel à Étienne Léandri (« l’ambassadeur » de Luciano) pour recruter des gros bras et constituer la milice gaulliste.
    Un troisième homme joue un grand rôle dans la formation du SAC, l’ancien garde du corps de de Gaulle, Achille Peretti —un Corse lui aussi—.
    Ainsi défendu, de Gaulle dessine avec panache une politique d’indépendance nationale.

    Tout en affirmant son appartenance au camp atlantique, il remet en cause le leadership anglo-saxon.

    Il s’oppose à l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun européen (1961 et 1967) ;
    Il refuse le déploiement des casques de l’ONU au Congo (1961) ;
    Il encourage les États latino-américains à s’affranchir de l’impérialisme US (discours de Mexico, 1964) ;
    Il expulse l’OTAN de France et se retire du Commandement intégré de l’Alliance atlantique (1966) ;
    Il dénonce la Guerre du Viêt-nam (discours de Phnon Penh, 1966) ;
    Il condamne l’expansionnisme israélien lors de la Guerre des Six jours (1967) ;
    Il soutient l’indépendance du Québec (discours de Montréal 1967) ;
    etc.
    Les discours de de Gaulle sont un vrai régal. Regardez-les et vous ne vous laisserez plus endormir par nos politichiens. Il avait la protection divine.

    Simultanément, de Gaulle consolide la puissance de la France en la dotant d’un complexe militaro-industriel incluant la force de dissuasion nucléaire, et en garantissant son approvisionnement énergétique. Il éloigne utilement les encombrants Corses de son entourage en leur confiant des missions à étranger. 

    Ainsi Étienne Léandri devient-il le trader du groupe Elf (aujourd’hui Total), tandis que Charles Pasqua devient l’homme de confiance des chefs d’États d’Afrique francophone.

    Conscient qu’il ne peut défier les Anglo-Saxons sur tous les terrains à la fois, de Gaulle s’allie à la famille Rothschild.

    Il choisit comme Premier ministre le fondé de pouvoir de la Banque, Georges Pompidou.

    Les deux hommes forment un tandem efficace.

    L’audace politique du premier ne perd jamais de vue le réalisme économique du second.

    Lorsque de Gaulle démissionne, en 1969, Georges Pompidou lui succède brièvement à la présidence avant d’être emporté par un cancer.

    Avant il avait vendu la France aux banksters ! Loi 1973. La France ne peut plus emprunter à la Banque de France sans intérêt et doit se tourner vers les banques privées, ce qui nous amène à l’escroquerie de la dette.

    Les gaullistes historiques n’admettent pas son leadership et s’inquiètent de son tropisme anglophile.

    Ils hurlent à la trahison lorsque Pompidou, secondé par le secrétaire général de l’Élysée Édouard Balladur, fait entrer « la perfide Albion » dans le Marché commun européen.

    La fabrication de Nicolas Sarkozy :

    Ce décor étant planté, revenons-en à notre personnage principal, Nicolas Sarkozy.

    Né en 1955, il est le fils d’un noble catholique hongrois, Pal Sarkösy de Nagy-Bocsa, réfugié en France après avoir fuit l’Armée rouge, et d’Andrée Mallah, une roturière juive originaire de Thessalonique.

    Après avoir eu trois enfants (Guillaume, Nicolas et François), le couple divorce. Pal Sarkosy de Nagy-Bocsa se remarie avec une aristocrate, Christine de Ganay, dont il aura deux enfants (Pierre-Olivier et Caroline). Nicolas ne sera pas élevé par ses seuls parents, mais balloté dans cette famille recomposée.

    Achille Peretti
    Sa mère est devenue la secrétaire d’Achille Peretti.

    Après avoir co-fondé le SAC, le garde du corps de De Gaulle avait poursuivi une brillante carrière politique. 

    Il avait été élu député et maire de Neuilly-sur-Seine, la plus riche banlieue résidentielle de la capitale, puis président de l’Assemblée nationale.

    Malheureusement, en 1972, Achille Peretti est gravement mis en cause. 

    Aux États-Unis, le magazine Time révèle l’existence d’une organisation criminelle secrète « l’Union corse » qui contrôlerait une grande partie du trafic de stupéfiants entre l’Europe et l’Amérique, la fameuse « French connexion » que Hollywwod devait porter à l’écran.

    http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=4423.html

    S’appuyant sur des auditions parlementaires et sur ses propres investigations, Timecite le nom d’un chef mafieux, Jean Venturi, arrêté quelques années plus tôt au Canada, et qui n’est autre que le délégué commercial de Charles Pasqua pour la société d’alcool Ricard.

    On évoque le nom de plusieurs familles qui dirigeraient « l’Union corse », dont les Peretti. Achille nie, mais doit renoncer à la présidence de l’Assemblée nationale et échappe même à un « suicide ». Comme quoi, la pratique n’est pas nouvelle (l’associé de DSK vient de se « suicider ». Il aurait eu des révélations à faire ?

    En 1977, Pal Sarkozy se sépare de sa seconde épouse, Christine de Ganay, laquelle se lie alors avec le n°2 de l’administration centrale du département d’État des États-Unis.

    Elle l’épouse et s’installe avec lui en Amérique. Le monde étant petit, c’est bien connu, son mari n’est autre que Frank Wisner Jr., fils du précédent.

    Les fonctions de Junior à la CIA ne sont pas connues, mais il clair qu’il y joue un rôle important. 

    Nicolas, qui reste proche de sa belle-mère, de son demi-frère et de sa demi-sœur, commence à se tourner vers les États-Unis où il « bénéficie » des programmes de formation du département d’État.

    On nous les dé-forme avant de nous les renvoyer bien conditionnés.

    À la même période, Nicolas Sarkozy adhère au parti gaulliste.

    Il y fréquente d’autant plus rapidement Charles Pasqua que celui-ci n’est pas seulement un leader national, mais aussi le responsable de la section départementale des Hauts-de-Seine.

    En 1982, Nicolas Sarkozy, ayant terminé ses études de droit et s’étant inscrit au barreau, épouse la nièce d’Achille Peretti. 

    Son témoin de mariage est Charles Pasqua. 

    En tant qu’avocat, Me Sarkozy défend les intérêts des amis corses de ses mentors. 

    Il acquiert une propriété sur l’île de beauté, à Vico, et imagine de corsiser son nom en remplaçant le « y » par un « i » : Sarkozi.

    L’année suivante, il est élu maire de Neuilly-sur-Seine en remplacement de son bel-oncle, Achille Peretti, terrassé par une crise cardiaque.

    Jacques Martin et Cecilia. – Sarko et sa femme.
    Cependant, Nicolas ne tarde pas à trahir sa femme et, dès 1984, il poursuit une liaison cachée avec Cécilia, l’épouse du plus célèbre animateur de télévision français de l’époque, Jacques Martin, dont il a fait la connaissance en célébrant leur mariage en qualité de maire de Neuilly.

    Cette double vie dure cinq ans, avant que les amants ne quittent leurs conjoints respectifs pour construire un nouveau foyer.

    Nicolas est le témoin de mariage, en 1992, de la fille de Jacques Chirac, Claude, avec un éditorialiste du Figaro.

    Un tombeur ce mec ! mais, l’intérêt n’est jamais bien loin !

    Il ne peut s’empêcher de séduire Claude et de mener une brève relation avec elle, tandis qu’il vit officiellement avec Cécilia. 

    Le mari trompé se suicide (?) en absorbant des drogues.

    La rupture est brutale et sans retour entre les Chirac et Nicolas Sarkozy.

    En 1993, la gauche perd les élections législatives.

    Le président François Mitterrand refuse de démissionner et entre en cohabitation avec un Premier ministre de droite. Jacques Chirac, qui ambitionne la présidence et pense alors former avec Édouard Balladur un tandem comparable à celui de de Gaulle et Pompidou, refuse d’être à nouveau Premier ministre et laisse la place à son « ami de trente ans », Édouard Balladur.

    Malgré son passé sulfureux, Charles Pasqua devient ministre de l’Intérieur. 

    S’il conserve la haute main sur la marijuana marocaine, il profite de sa situation pour légaliser ses autres activités en prenant le contrôle des casinos, jeux et courses en Afrique francophone. 

    Il tisse aussi des liens en Arabie Saoudite et en Israël et devient officier d’honneur du Mossad.

    Nicolas Sarkozy, quant à lui, est ministre du Budget et porte-parole du gouvernement.

    À Washington, Frank Wisner Jr. a pris la succession de Paul Wolfowitz comme responsable de la planification politique au département de la Défense.

    Personne ne remarque les liens qui l’unissent au porte-parole du gouvernement français.

    C’est alors que reprend au sein du parti gaulliste la tension que l’on avait connu trente ans plus tôt entre les gaullistes historiques et la droite financière, incarnée par Balladur.

    La nouveauté, c’est que Charles Pasqua et avec lui le jeune Nicolas Sarkozy trahissent Jacques Chirac pour se rapprocher du courant Rothschild. 

    Tout dérape.

    Le conflit atteindra son apogée en 1995 lorsque Édouard Balladur se présentera contre son ex-ami Jacques Chirac à l’élection présidentielle, et sera battu.

    Surtout, suivant les instructions de Londres et de Washington, le gouvernement Balladur ouvre les négociations d’adhésion à l’Union Européenne et à l’OTAN des États d’Europe centrale et orientale, affranchis de la tutelle soviétique.

    Rien ne va plus dans le parti gaulliste où les amis d’hier sont près de s’entre-tuer. 

    Pour financer sa campagne électorale, Edouard Balladur tente de faire main basse sur la caisse noire du parti gaulliste, cachée dans la double comptabilité du pétrolier Elf.

    À peine le vieux Étienne Léandri mort, les juges perquisitionnent la société et ses dirigeants sont incarcérés. Mais Balladur, Pasqua et Sarkozy ne parviendront jamais à récupérer le magot.

    La traversée du désert :

    Tout au long de son premier mandat, Jacques Chirac tient Nicolas Sarkozy à distance.

    L’homme se fait discret durant cette longue traversée du désert. 

    Discrètement, il continue à nouer des relations dans les cercles financiers.

    En 1996, Nicolas Sarkozy ayant enfin réussi à clore une procédure de divorce qui n’en finissait pas se marie avec Cécilia.

    Ils ont pour témoins les deux milliardaires Martin Bouygues et Bernard Arnaud (l’homme le plus riche du pays).

    Pas vraiment près du peuple, Sarko. C’est pas de Gaule !

    Dernier acte !

    Bien avant la crise irakienne, Frank Wisner Jr. et ses collègues de la CIA planifient la destruction du courant gaulliste et la montée en puissance de Nicolas Sarkozy. 

    Ils agissent en trois temps :

    d’abord l’élimination de la direction du parti gaulliste et la prise de contrôle de cet appareil, puis l’élimination du principal rival de droite et l’investiture du parti gaulliste à l’élection présidentielle, enfin l’élimination de tout challenger sérieux à gauche de manière à être certain d’emporter l’élection présidentielle.

    Pendant des années, les médias sont tenus en haleine par les révélations posthumes d’un promoteur immobilier. 

    Avant de décéder d’une grave maladie, il a enregistré pour une raison jamais élucidée une confession en vidéo. 

    Pour une raison encore plus obscure, la « cassette » échoue dans les mains d’un hiérarque du Parti socialiste, Dominique Strauss-Khan, qui la fait parvenir indirectement à la presse.

    Si les aveux du promoteur ne débouchent sur aucune sanction judiciaire, ils ouvrent une boîte de Pandore.

    La principale victime des affaires successives sera le Premier ministre Alain Juppé. 

    Pour protéger Chirac, il assume seul toutes les infractions pénales.

    La mise à l’écart de Juppé laisse la voie libre à Nicolas Sarkozy pour prendre la direction du parti gaulliste.

    Sarkozy exploite alors sa position pour contraindre Jacques Chirac à le reprendre au gouvernement, malgré leur haine réciproque.

    Il sera en définitive, ministre de l’Intérieur.

    Erreur ! 

    À ce poste, il contrôle les préfets et le renseignement intérieur qu’il utilise pour noyauter les grandes administrations

    Préfet Claude Érignac
    Il s’occupe aussi des affaires corses.

    Le préfet Claude Érignac a été assassiné.

    Bien qu’il n’ait pas été revendiqué, le meurtre a immédiatement été interprété comme un défi lancé par les indépendantistes à la République.

    Après une longue traque, la police parvient à arrêter un suspect en fuite, Yvan Colonna, fils d’un député socialiste. 

    Faisant fi de la présomption d’innocence, Nicolas Sarkozy annonce cette interpellation en accusant le suspect d’être l’assassin. 

    C’est que la nouvelle est trop belle à deux jours du référendum que le ministre de l’Intérieur organise en Corse pour modifier le statut de l’île.

    Quoi qu’il en soit, les électeurs rejettent le projet Sarkozy qui, selon certains, favorise les intérêts mafieux.

    Bien qu’Yvan Colonna ait ultérieurement été reconnu coupable, il a toujours clamé son innocence et aucune preuve matérielle n’a été trouvée contre lui. 

    Étrangement, l’homme s’est muré dans le silence, préférant être condamné que de révéler ce qu’il sait. 

    Nous révélons ici que le préfet Érignac n’a pas été tué par des nationalistes, mais abattu par un tueur à gage, immédiatement exfiltré vers l’Angola où il a été engagé à la sécurité du groupe Elf.

    Le mobile du crime était précisément lié aux fonctions antérieures de Érignac, responsable des réseaux africains de Charles Pasqua au ministère de la Coopération. 

    Quand à Yvan Colonna, c’est un ami personnel de Nicolas Sarkozy depuis des décennies et leurs enfants se sont fréquentés.

    Dominique de Villepin et Poutine récemment.
    Une nouvelle affaire éclate : de faux listings circulent qui accusent mensongèrement plusieurs personnalités de cacher des comptes bancaires au Luxembourg, chez Clearstream.

    Parmi les personnalités diffamées : Nicolas Sarkozy. Il porte plainte et sous-entend que son rival de droite à l’élection présidentielle, le Premier ministre Dominique de Villepin, a organisé cette machination.

    Il ne cache pas son intention de le faire jeter en prison. 

    En réalité, les faux listings ont été mis en circulation par des membres de la Fondation franco-américaine, dont John Negroponte était président et dont Frank Wisner Jr. est administrateur. 

    Ce que les juges ignorent et que nous révélons ici, c’est que les listings ont été fabriqués à Londres par une officine commune de la CIA et du MI6, Hakluyt & Co, dont Frank Wisner Jr. est également administrateur. 

    Villepin se défend de ce dont on l’accuse, mais il est mis en examen, assigné à résidence et, de facto, écarté provisoirement de la vie politique.

    La voie est libre à droite pour Nicolas Sarkozy.

    Reste à neutraliser les candidatures d’opposition.

    Les cotisations d’adhésion au parti socialiste sont réduites à un niveau symbolique pour attirer de nouveaux militants. Soudainement des milliers de jeunes prennent leur carte. 

    Parmi eux, au moins dix mille nouveaux adhérents sont en réalité des militants du Parti trotskiste « lambertiste » (du nom de son fondateur Pierre Lambert).

    Cette petite formation d’extrême gauche s’est historiquement mise au service de la CIA contre les communistes staliniens durant la Guerre froide (Elle est l’équivalent du SD/USA de Max Shatchman, qui a formé les néoconservateurs aux USA).

    Ce n’est pas la première fois que les « lambertistes » infiltrent le Parti socialiste.

    Ils y ont notamment placé deux célèbres agents de la CIA : Lionel Jospin (qui est devenu Premier ministre) et Jean-Christophe Cambadélis, le principal conseiller de Dominique Strauss-Kahn.

    Des primaires sont organisées au sein du Parti socialiste pour désigner son candidat à l’élection présidentielle. Deux personnalités sont en concurrence : Laurent Fabius et Ségolène Royal.

    Seul le premier représente un danger pour Sarkozy. 

    Dominique Strauss-Kahn entre dans la course avec pour mission d’éliminer Fabius au dernier moment.

    Ce qu’il sera en mesure de faire grâce aux votes des militants « lambertistes » infiltrés, qui portent leur suffrages non pas sur son nom, mais sur celui de Royal.

    L’opération est possible parce que Strauss-Kahn est depuis longtemps sur le payroll des États-Unis. 

    Les Français ignorent qu’il donne des cours à Stanford, où il a été embauché par le prévôt de l’université, Condoleezza Rice.

    Dès sa prise de fonction, Nicolas Sarkozy et Condoleezza Rice remercieront Strauss-Kahn en le faisant élire à la direction du Fonds monétaire international.

    Premiers jours à l’Élysée :

    Le soir du second tour de l’élection présidentielle, lorsque les instituts de sondages annoncent sa victoire probable, Nicolas Sarkozy prononce un bref discours à la nation depuis son QG de campagne. 

    Puis, contrairement à tous les usages, il ne va pas faire la fête avec les militants de son parti, mais il se rend au Fouquet’s. 

    La célèbre brasserie des Champs-Élysées, qui était jadis le rendez-vous de « l’Union corse » est aujourd’hui la propriété du casinotier Dominique Desseigne. 

    Il a été mis à disposition du président élu pour y recevoir ses amis et les principaux donateurs de sa campagne. 

    Une centaine d’invités s’y bousculent, les hommes les plus riches de France y côtoient les patrons de casinos.

    Puis le président élu s’offre quelques jours de repos bien mérités.

    Conduit en Falcon-900 privé à Malte, il s’y repose sur le Paloma, le yacht de 65 mètres de son ami Vincent Bolloré, un milliardaire formé à la Banque Rothschild.

    Enfin, Nicolas Sarkozy est investi président de la République française. 

    Le premier décret qu’il signe n’est pas pour proclamer une amnistie, mais pour autoriser les casinos de ses amis Desseigne et Partouche à multiplier les machines à sous.

    Il forme son équipe de travail et son gouvernement. 

    Sans surprise, on y retrouve un bien trouble propriétaire de casinos (le ministre de la Jeunesse et des Sports) et le lobbyiste des casinos de l’ami Desseigne (qui devient porte-parole du parti « gaulliste »).

    Nicolas Sarkozy s’appuie avant tout sur quatre hommes :

    Claude Guéant, secrétaire général du palais de l’Élysée. C’est l’ancien bras droit de Charles Pasqua. 
    François Pérol, secrétaire général adjoint de l’Élysée. C’est un associé-gérant de la Banque Rothschild. 
    Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique. Fils de l’ancien directeur de l’Agence juive. Ambassadeur de France à l’ONU, il fut relevé de ses fonctions par Chirac qui le jugeait trop proche de George Bush.
    Alain Bauer, l’homme de l’ombre. Son nom n’apparaît pas dans les annuaires. Il est chargé des services de renseignement. Ancien Grand-Maître du Grand Orient de France (la principale obédience maçonnique française) et ancien n°2 de la National Security Agency états-unienne en Europe.
    Frank Wisner Jr., qui a été nommé entre temps envoyé spécial du président Bush pour l’indépendance du Kosovo, insiste pour que Bernard Kouchner soit nommé ministre des Affaires étrangères avec une double mission prioritaire : l’indépendance du Kosovo et la liquidation de la politique arabe de la France.

    Kouchner a débuté sa carrière en participant à la création d’une ONG humanitaire. 

    Grâce aux financements de la National Endowment for Democracy, il a participé aux opérations de Zbigniew Brzezinski en Afghanistan, aux côtés d’Oussama Ben Laden et des frères Karzaï contre les Soviétiques. 

    On le retrouve dans les années 90 auprès de Alija Izetbegoviç en Bosnie-Herzégovine. De 1999 à 2001, il a été Haut représentant de l’ONU au Kosovo.

    Sous le contrôle de Wali, le frère cadet du président Hamid Karzaï, l’Afghanistan est devenu le premier producteur mondial de pavot. 

    Le suc est transformé sur place en héroïne et transporté par l’US Air Force à Camp Bondsteed (Kosovo).

    Là, la drogue est prise en charge par les hommes de Haçim Thaçi qui l’écoulent principalement en Europe et accessoirement aux États-Unis. Les bénéfices sont utilisés pour financer les opérations illégales de la CIA. 

    Karzaï et Thaçi sont des amis personnels de longue date de Bernard Kouchner, qui certainement ignore leurs activités criminelles malgré les rapports internationaux qui y ont été consacrés. Je ne partage pas cet avis ; Kouchner est loin d’être blanc : (trafic d’organes)

    Pour compléter son gouvernement, Nicolas Sarkozy nomme Christine Lagarde, ministre de l’Économie et des Finances.

    Elle a fait toute sa carrière aux États-Unis où elle a dirigé le prestigieux cabinet de juristes Baker & McKenzie.

    Au sein du Center for International & Strategic Studies de Dick Cheney, elle a co-présidé avec Zbigniew Brzezinski un groupe de travail qui a supervisé les privatisations en Pologne. 

    Elle a organisé un intense lobbying pour le compte de Lockheed Martin contre l’avionneur français Dassault. Ces personnes ne travaillent pas pour la France, mais pour leur pouvoir personnel, il faut que l’on arrête de se mentir.

    Nouvelle escapade durant l’été.

    Nicolas, Cécilia, leur maîtresse commune et leurs enfants se font offrir des vacances états-uniennes à Wolfenboroo, non loin de la propriété du président Bush. 

    La facture, cette fois, est payée par Robert F. Agostinelli, un banquier d’affaires italo-new-yorkais, sioniste et néo-conservateur pur sucre qui s’exprime dans Commentary, la revue de l’American Jewish Committee.

    La réussite de Nicolas rejaillit sur son demi-frère Pierre-Olivier. Sous le nom américanisé « d’Oliver », il est nommé par Frank Carlucci (qui fut le n°2 de la CIA après avoir été recruté par Frank Wisner Sr.) directeur d’un nouveau fonds de placement du Carlyle Group (la société commune de gestion de portefeuille des Bush et des Ben Laden).

    Sans qualité personnelle particulière, il est devenu le 5e noueur de deals dans le monde et « gère » les principaux avoirs des fonds souverains du Koweit et de Singapour.

    La cote de popularité du président est en chute libre dans les sondages.

    L’un de ses conseillers en communication, Jacques Séguéla, préconise de détourner l’attention du public avec de nouvelles « people stories ».

    L’annonce du divorce avec Cécilia est publiée par Libération, le journal de son ami Édouard de Rothschild, pour couvrir les slogans des manifestants un jour de grève générale. 

    Plus fort encore, le communiquant organise une rencontre avec l’artiste et ex-mannequin, Carla Bruni.

    Quelques jours plus tard, sa liaison avec le président est officialisée et le battage médiatique couvre à nouveau les critiques politiques.

    Quelques semaines encore et c’est le troisième mariage de Nicolas.

    Cette fois, il choisit comme témoins Mathilde Agostinelli (l’épouse de Robert) et Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet de Édouard Balladur devenu associé-gérant chez Rothschild.

    Quand les Français auront-ils des yeux pour voir à qui ils ont affaire ?

    Maintenant.

    Lerebelle

    source:http://lesmoutonsrebelles.com/le-vrai-visage-de-nicolas-sarkozy-espion-americain-place-a-la-pr

    http://reseauinternational.net

  • Rafle du Vél’ d’Hiv’ : l’invitation de Netanyahou suscite un vif débat -

    Emmanuel Macron a convié le premier ministre israélien à la commémoration de la rafle du Vél’ d’Hiv’, le 16 juillet. Une première qui soulève de nombreuses questions sur le symbole politique et mémoriel choisi par le nouveau pouvoir.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/150717/rafle-du-vel-d-hiv-l-invitation-de-netanyahou-suscite-un-vif-debat

    Qu’a donc voulu dire Emmanuel Macron ? Tout à sa séquence diplomatique, après les visites de Vladimir Poutine et de Donald Trump à Paris, le président français a convié Benjamin Netanyahou le 16 juillet. Jusque-là, rien de bien original ni de surprenant. Mais il a choisi la commémoration de la rafle du Vél’ d’Hiv’ pour susciter la venue du premier ministre israélien. Une première qui soulève de nombreuses questions sur le symbole politique et mémoriel choisi par le nouveau pouvoir.

    Benjamin Netanyahou prendra la parole, dimanche 16 juillet, sur les lieux de l’ancien Vélodrome d’Hiver, dans le XVe arrondissement, après Francis Kalifat, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), et avant Emmanuel Macron. Les deux dirigeants ont ensuite rendez-vous à l’Élysée pour un entretien et une déclaration commune à la presse.

    Vivement dénoncée par les militants de la cause palestinienne, de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) au PCF, en passant par l’Union juive française pour la paix (UJFP) et le NPA, et par les signataires d’un appel à rassemblement le 15 juillet à Paris, cette invitation interroge plusieurs chercheurs spécialistes de la mémoire de la Shoah.

    À cela, plusieurs raisons. La commémoration du Vél’ d’Hiv’ n’est pas une commémoration comme les autres. Comme le rappelle Sébastien Ledoux, chercheur en histoire à Paris-I et auteur de Le Devoir de mémoire, une formule et son histoire (CNRS Éditions, 2016), « la commémoration de la rafle du Vél’ d’Hiv’ s’est construite comme le symbole de la participation de l’État français dans le génocide des juifs au détour des années 1980-1990 ».
    C’est en 1992 qu’un président de la République y participe pour la première fois – il s’agit de François Mitterrand, alors sifflé par une petite minorité de l’assistance. Il refuse de s’exprimer mais institue, par décret, le premier dimanche suivant le 16 juillet comme une commémoration nationale, organisée par l’État.

  • #Rwanda : Hubert #Védrine a t-il incité à réarmer le camp du génocide ? - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2017/06/27/rwanda-hubert-vedrine-a-t-il-incite-a-rearmer-le-camp-du-genocide_1579903

    Dans la dernière livraison du magazine XXI, le journaliste Patrick de Saint-Exupéry évoque l’existence d’un document compromettant pour l’actuel président de l’Institut François Mitterrand. Un document qui se trouverait dans les archives de l’Elysée et qui relance les spéculations sur le rôle de la France pendant le #génocide de 1994 au Rwanda.

    #françafrique #massacre #Mitterrand #colonisation

  • Karl Marx et le prince-président Macron
    http://www.dedefensa.org/article/karl-marx-et-le-prince-president-macron

    Karl Marx et le prince-président Macron

    Je ne suis pas trop l’actualité politique qui n’en vaut pas la peine, mais j’ai cru comprendre ceci :

    • Bayrou et sa compagnie de cathos de souche et de libéraux d’opérette est parti.

    • Les républicains de bouche (et non de souche) se sont divisés entre ceux qui veulent aller à la soupe et ceux qui jouent aux durs.

    • Le parti du prince-président devient unique, comme la pensée et leur monnaie.

    Emmanuel Macron devient une vraie muse : on a évoqué Arsène Lupin, on a rajouté Boris Vian, François Mitterrand, et maintenant on va le rapprocher de notre Louis-Napoléon Bonaparte et de ce que Marx appelle, dans son dix-huit brumaire, la république cosaque. Pendant trois ans à l’époque (entre 1848 et 1851) les clans conservateurs, catholiques (toujours eux), (...)

  • Législatives 2017 : Meyer Habib, favori de Benyamin Nétanyahou et des rabbins israéliens

    http://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2017/06/16/meyer-habib-favori-de-benyamin-netanyahou-et-des-rabbins-israeliens_

    Benyamin Nétanyahou a un candidat favori au second tour des législatives françaises : Meyer Habib. C’est son ami de longue date, son intermédiaire privilégié auprès des dirigeants français. Le 25 mai, le premier ministre israélien a même enregistré une vidéo de soutien, tout sourire à ses côtés, diffusé sur le compte Twitter du candidat. Cela suffira-t-il ? Meyer Habib (UDI) joue gros dans la 8e circonscription des Français de l’étranger. Il a été devancé au premier tour par Florence Drory, la candidate adoubée par La République en marche (35,51 % des voix, contre 36,73 %).

    Dans cette circonscription très éclatée, regroupant huit pays dont l’Italie, la Grèce, la Turquie et Israël, le taux de participation est si bas (9,40 % le 5 juin, sur 121 399 inscrits) que chaque voix pèse lourd. Meyer Habib, lui, mise tout sur les Franco-Israéliens, qui lui ont accordé 71 % de leurs suffrages.

    Lire aussi : Législatives 2017 : la République en marche en tête chez les Français de l’étranger

    « Implantations »

    Lors d’un débat avec sa concurrente, jeudi 15 juin, sur la chaîne i24news, il s’est montré offensif, attaquant sa concurrente, souvent désarçonnée, sur son appartenance passée au PS. « Le Parti socialiste a une obsession, ce qu’on appelle les colonies. Ce que j’appelle les implantations », a-t-il dit. Meyer Habib a aussi cité à plusieurs reprises, parmi les soutiens à Florence Drory, le journaliste Charles Enderlin, ancien correspondant de France 2 à Jérusalem, qu’il voit comme un épouvantail pour la frange la plus radicale de la communauté binationale.

    Meyer Habib affirme s’être « battu comme un lion » contre le terrorisme à l’Assemblée et appelle la France à « s’inspirer des méthodes israéliennes ». Tout en espérant la réussite d’Emmanuel Macron, qu’il prétend très bien connaître, le député sortant revendique surtout ses liens avec M. Nétanyahou.

    Il ne recule devant rien pour décrédibiliser son adversaire, quitte à brandir la Torah. Dans un courriel du 12 juin adressé aux électeurs, il assure que Florence Drory « excite le reste de la circonscription » contre lui et l’accuse d’être « une candidate propalestinienne », « chantre d’une laïcité antireligieuse ». Un comble pour cette Franco-Israélienne, vétéran du PS, engagée auprès de François Mitterrand, de Jack Lang et de Ségolène Royal, mais aussi épouse d’un ancien ambassadeur israélien à Rome.

    Dans ce même courriel, Meyer Habib appelle les Franco-Israéliens à la mobilisation : « Pour la première fois, avec moi, vous avez un député qui vous ressemble : profondément attaché à la France, sioniste, partisan de l’intégrité d’Eretz Israël et fidèle aux valeurs de la Torah. » Les références religieuses dans une élection législative française ne dérangent nullement Meyer Habib. Il a même demandé le soutien du grand rabbin séfarade d’Israël, Rav Itshak Yossef, qui apparaît à ses côtés dans une vidéo en hébreu.

    Il a aussi appelé à la rescousse les rabbins francophones de Netanya, ville côtière où la communauté française est très présente. Ils ont réclamé un sursaut des électeurs, au nom de la défense des valeurs de la Torah et de l’intégrité d’Israël. L’un d’eux estime même que le vote pour Meyer Habib est un devoir kadoch, c’est-à-dire sacré.

    « Pas une démarche normale »

    « Je suis très surprise qu’il en appelle aux rabbins, dit Florence Drory. Ce n’est pas une démarche normale en France, pays laïque, dans une élection. En outre, il méprise les électeurs du reste de la circonscription. Il fait ainsi l’aveu qu’il n’a rien fait pour eux comme député, en ne se préoccupant que d’Israël. »

    Le député sortant a lancé sa campagne en accusant le Quai d’Orsay de « biais antisioniste ». Dans un courrier daté du 3 mai, il interpellait le ministère des affaires étrangères au sujet de l’envoi des brochures électorales aux Français vivant en Cisjordanie et à Jérusalem. Le député s’élevait contre la mention sur l’enveloppe des « territoires palestiniens » comme adresse. « Il est grand temps de changer de logiciel, écrivait Meyer Habib. C’est une erreur d’analyse de se focaliser sur les frontières, d’être aveuglé par la question des “territoires” ou de prétendues “colonies”. »

    Les « prétendues » colonies font l’objet d’un consensus international depuis cinquante ans : elles sont considérées comme des implantations illégales. « Ce n’est pas un conflit de territoire, c’est, hélas, un conflit de civilisation », a-t-il renchéri pendant le débat télévisé.

    Depuis son élection en 2013, Meyer Habib a pris l’habitude de relayer, en France, les éléments de langage traditionnels de la droite nationale religieuse israélienne. Le 17 janvier, dans l’Hémicycle, le député avait dénoncé la conférence internationale organisée par la France, quelques jours plus tôt, afin d’encourager une reprise des négociations israélo-palestiniennes. A cette occasion, il avait lancé : « Jamais un juif ne sera un colon à Jérusalem, jamais un juif ne sera un colon en Judée ! Jamais ! » La « Judée-Samarie » est l’appellation biblique de la Cisjordanie, qu’affectionne la droite messianique.

  • La gênante campagne de Meyer Habib | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/147033/campagne-de-meyer-habib

    Le député LR/UDI sortant de la 8e circonscription des Français de l’étranger Meyer Habib concentre sa campagne en Israël où se trouvent 74.000 votants. Et n’hésite pas à mobiliser Benyamin Netanyahou et les rabbins, dont le Grand rabbin d’Israël, pour être réélu.

    #sans_vergogne

    • La campagne peu reluisante du candidat Habib
      Arie Avidor, | 9 juin 2017
      http://frblogs.timesofisrael.com/la-campagne-peu-reluisante-du-candidat-habib

      (...) Par respect pour mes lecteurs et pour moi-même, je ne nommerai pas les sites malodorants bien connus qui se sont mis au service de sa « communication », des sites qui sont tous proches de la LDJ (Ligue de défense juive), une organisation raciste et violente mise hors la loi en Israël comme aux États-Unis. Des sites spécialisés aussi dans la désinformation, l’intox et les « fake news », par exemple en répandant le bruit que Florence Drory allait être invalidée.

      Dans l’étrange déclaration d’après le premier tour où il dépeint sa défaite sous les traits d’un triomphe « colossal », le député sortant annonce également la couleur : sa campagne du second tour sera agressive, violente et sans entraves. Les outils de Meyer Habib et de ses séides, c’est l’invective et la calomnie. Invectiver et calomnier sa concurrente en tant que femme, en tant que démocrate et en tant que militante pour la paix.

      Dans la bouche du député sortant, Florence Drory serait « anti-religieuse ». En bon français, cela veut dire qu’elle n’adhère pas aux contraintes que les partis ultra-orthodoxes (qui appuient ouvertement Meyer Habib) tentent d’imposer à la population laïque en Israël.

      La candidate REM serait également, selon Meyer Habib et ses partisans, « antisioniste et pro-palestinienne ». Traduction libre : elle est favorable, à l’instar d’une majorité au sein de l’opinion publique israélienne, à une solution au conflit sur la base de deux États.

      Paradoxalement, à propos de sionisme, aucun des chantres du député sortant ne s’inquiète de le voir solliciter (et obtenir) l’appui de chefs religieux notoirement anti-sionistes qui dépêchent dans les bureaux de votes des colonnes d’élèves double nationaux de leurs écoles talmudiques qui forment une partie importante de son électorat.(...)

    • Législatives 2017 : Meyer Habib, favori de Benyamin Nétanyahou et des rabbins israéliens
      LE MONDE | 16.06.2017 à 12h41 • Mis à jour le 16.06.2017 à 15h41 | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)
      http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/06/16/meyer-habib-favori-de-benyamin-netanyahou-et-des-rabbins-israeliens_5145609_

      (...) Lors d’un débat avec sa concurrente, jeudi 15 juin, sur la chaîne i24news, il s’est montré offensif, attaquant sa concurrente, souvent désarçonnée, sur son appartenance passée au PS. « Le Parti socialiste a une obsession, ce qu’on appelle les colonies. Ce que j’appelle les implantations », a-t-il dit. Meyer Habib a aussi cité à plusieurs reprises, parmi les soutiens à Florence Drory, le journaliste Charles Enderlin, ancien correspondant de France 2 à Jérusalem, qu’il voit comme un épouvantail pour la frange la plus radicale de la communauté binationale.

      Meyer Habib affirme s’être « battu comme un lion » contre le terrorisme à l’Assemblée et appelle la France à « s’inspirer des méthodes israéliennes ». Tout en espérant la réussite d’Emmanuel Macron, qu’il prétend très bien connaître, le député sortant revendique surtout ses liens avec M. Nétanyahou.

      Il ne recule devant rien pour décrédibiliser son adversaire, quitte à brandir la Torah. Dans un courriel du 12 juin adressé aux électeurs, il assure que Florence Drory « excite le reste de la circonscription » contre lui et l’accuse d’être « une candidate propalestinienne », « chantre d’une laïcité antireligieuse ». Un comble pour cette Franco-Israélienne, vétéran du PS, engagée auprès de François Mitterrand, de Jack Lang et de Ségolène Royal, mais aussi épouse d’un ancien ambassadeur israélien à Rome.

      (...)

  • La France d’en bas n’est plus ce qu’elle était | Jack Dion
    https://www.marianne.net/debattons/editos/la-france-d-en-bas-n-est-plus-ce-qu-elle-etait

    Au fil des élections, certains avaient fini par considérer que la France d’en bas avait vocation à voter FN. Les privilégiés en étaient rassurés, tant l’épouvantail d’extrême droite s’est révélé d’une rare efficacité pour attirer les électeurs mécontents dans une impasse. Depuis le premier tour de la présidentielle, la donne est différente. On peut parler d’un tournant, même s’il est encore difficile d’en mesurer les conséquences, lesquelles se vérifieront (ou non) à l’occasion des législatives de juin prochain.

    Certes, en se hissant au second tour et en gagnant 1,2 million de voix par rapport à 2012 (+ 3,4 %), Marine Le Pen a confirmé son implantation, même le résultat est loin des prévisions initiales. Mais la percée de Jean-Luc Mélenchon a dessiné une nouvelle carte du vote populaire, dont la première victime a été l’extrême droite. Si la résistible ascension de Marine Le Pen a été stoppée dans les esprits et dans les urnes, c’est d’abord à lui qu’on le doit. Mieux vaudrait ne pas l’oublier. Cela éviterait les procès d’intention et les leçons de morale.

    Non seulement l’ex-ministre de François Mitterrand a gagné 3 millions de voix (+ 8,48 %) par rapport à 2012, mais, en laissant Benoît Hamon sur le carreau, il a inversé une courbe électorale qui semblait inéluctablement conduire la gauche de rupture à la marginalisation. Il a réussi ce pari fou en modifiant en partie le vote de classe. Si Marine Le Pen arrive toujours en tête chez les ouvriers (34 %), elle est suivie par Jean-Luc Mélenchon (24 %). Chez les chômeurs, Marine Le Pen réalise 30 % des voix, talonnée par Jean-Luc Mélenchon (27,5 %). De même, chez les employés, la candidate FN est en tête (30,1 %), devant le candidat des « insoumis » (23,1 %). Ajoutons que Jean-Luc Mélenchon a ravi la première place au FN chez les 18-24 ans (30 %). Son style de campagne, couplé à une utilisation décapante des réseaux sociaux, a bousculé l’ordonnancement désuet des vieilles machines, devenues des repoussoirs pour la nouvelle génération...

    @sinehebdo

  • Israël-Palestine, une histoire française (1967-2017)
    Alain Gresh > Hélène Aldeguer > 10 mai 2017
    http://orientxxi.info/lu-vu-entendu/israel-palestine-une-histoire-francaise-1967-2017,1840

    C’est une histoire dessinée des relations entre la France, Israël et la Palestine depuis la guerre de juin 1967 que nous offrent Alain Gresh et Hélène Aldeguer. Les principaux protagonistes en sont Charles de Gaulle, Jean-Paul Sartre, Maxime Rodinson, Valéry Giscard d’Estaing, Serge Gainsbourg, Georges Pompidou, François Mitterrand, Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy, Nicolas Sarkozy, François Hollande... Leur propos, fidèlement rapportés, permettent de mesurer la violence de cette « passion française » que constitue le conflit israélo-palestinien. Extraits.

  • Mitterrand 1981, l’occasion ratée, par Sarah Cabarry & Cécile Marin
    https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_economie_critique/a57211 #st

    La lecture conservatrice du « tournant de la rigueur » de 1983 suggère que la fatalité économique a imposé ses évidences à François Mitterrand, deux ans après sa promesse de « rompre avec le capitalisme ». Lors de sa campagne, le candidat socialiste avait toutefois mis en lumière l’ensemble des contraintes auxquelles il se heurtait, et énoncé les mesures susceptibles d’y répondre. En renonçant à appliquer l’ensemble de son projet, le président ne se condamnait-il pas à l’échec ?

    http://zinc.mondediplo.net/messages/64891 via Le Monde diplomatique

  • Les aventures de Tina
    (There Is No Alternative)

    Il n’y a pas d’alternative
    (Margaret Tatcher)

    Il n’y a pas d’alternative au nucléaire
    (Valéry Giscard d’Estaing)

    Il n’y a pas d’alternative à la pause
    (Jacques Delors, 1983)

    Il n’y a pas d’alternative au plan de rigueur
    (François Mitterand, 1983)

    Il n’y a pas d’alternative à la disparition de la sidérurgie en France
    (François Mitterrand)

    Il n’y a pas d’alternative à la déréglementation boursière
    (Jean-Charles Naouri)

    Il n’y a pas d’alternative à la mort de Pierre Desproges
    (Pierre Desproges)

    Il n’y a pas d’alternative à la dévaluation compétitive, c’est-à-dire à la stagnation des salaires
    (Pierre Bérégovoy)

    Il n’y a pas d’alternative aux privatisations
    (Jacques Chirac)

    Il n’y a pas d’alternative aux pesticides, aux insecticides, aux fongicides

    Il n’y a pas d’alternative à la privatisation de la régie Renault
    (Michel Rocard)

    Il n’y a pas d’alternative à la guerre du Golfe
    (Georges Bush)

    Il n’y a pas d’alternative à Maastricht
    (François Mitterrand)

    Il n’y a pas d’alternative aux Restos du Coeur
    (Le Conseil d’État qui les reconnaît d’utilité publique)

    Il n’y a pas d’alternative à l’indépendance de la Banque de France
    (L’Europe)

    Il n’y a pas d’alternative à payer les jeunes en dessous du Smic
    (Edouard Balladur)

    Il n’y a pas d’alternative à l’Euro

    Il n’y a pas d’alternative à la baisse de la fiscalité des stosk-options
    (Dominique Strauss-Kahn)

    Il n’y a pas d’alternative à la baisse de l’impôt sur les sociétés
    (Laurent Fabius)

    Il n’y a pas d’alternative à la montée de l’insécurité avant les campagnes présidentielles
    (Jacques Chirac)

    Il n’y a pas d’alternative à la disparition de l’entreprise Moulinex
    (Pierre Blayau, PDG de l’entreprise qui la quitte avec 2 millions d’euros de prime)

    Il n’y a pas d’alternative au projet de la Constitution Européenne
    (nos élites politiques et médiatiques)

    Il n’y a pas d’alternative à porter la période d’essai d’un contrat à durée indéterminée à deux ans pour les moins de 25 ans
    (Dominique de Villepin)

    Il n’y a pas d’alternative au bouclier fiscal
    (Dominique de Villepin)

    Il n’y a pas d’alternative à payer les footballeurs de l’équipe de France des ponts d’or
    (Raymond Domenech, qui ne s’oublie pas au passage)

    Il n’y a pas d’alternative à l’allongement de l’âge de la retraite
    (Nicolas Sarkozy)

    Il n’y a pas d’alternative à il n’y a pas d’alternative...

    Je suis allé partout dans le pays.
    Tous posent la même question :
    où allons-nous ?
    John Steinbeck, Les raisins de la colère.


    #TINA
    http://www.seuil.com/ouvrage/il-n-y-a-pas-d-alternative-gerard-mordillat/9782021051759

  • I didn’t hire François Hollande, and the rest is history – by Pierre Briançon
    http://www.politico.eu/article/france-election-francois-hollande-a-little-joke-job-interview-political-obi

    For decades, men like Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand or Jacques Chirac left the younger members of their party only small crumbs to feed their ambitions. As they were busy governing, the underlings were consumed by the small-town maneuvers and cynicism that, for them, came to encapsulate what politics is all about.

    #François_Hollande #journaliste #fromage #socialistes

  • A Hénin-Beaumont, autour de Marine Le Pen, l’espoir qu’un « nouveau match s’ouvre » - L’Express
    http://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/a-henin-beaumont-autour-de-marine-le-pen-l-espoir-qu-un-nouveau-match-s-ouv

    Faut-il donc « droitiser » l’entre-deux-tours ? C’est ce que semble dire, sans surprise, Marion Maréchal-Le Pen qui, sur les plateaux, appelle l’électorat « qui partage nos idées », notamment « sur l’identité » à mettre un bulletin Le Pen dans l’urne le 7 mai. Mais sur l’écran géant de la salle François Mitterrand apparaît François Fillon. Sans ambiguïté, il appelle à voter pour Emmanuel Macron au second tour. « C’est incroyable, incroyable », se décompose Jordan Bardella. « Le système se dévoile, la victoire idéologique de Marine est totale, c’est l’UEMPS [UE comme Union européenne, et EM comme Emmanuel Macron] », lui répond Mikaël Sala. 

    Feu sur « l’héritier de François Hollande »
    "On a un super clivage mondialistes/patriotes", abonde Gaëtan Dussaussaye, le leader du Front national de la Jeunesse (FNJ). « J’attends de voir un électeur de Mélenchon voter pour le banquier de Rothschild et un électeur de François Fillon voter pour l’héritier de François Hollande ». « L’héritier de François Hollande » : l’expression est reprise par Marine Le Pen dans son discours alors que la candidate du FN lance un « un appel » aux « patriotes sincères ». Pour elle, l’heure a sonné du choix de la « grande alternance » entre elle et « la dérégulation ». Comprendre : les alternances droite-gauche précédentes n’en étaient pas de réelles.

    #Linfiltré #PhoneStories #FN

  • Marianne a été interdit de couvrir la soirée électorale de Marine Le Pen et du FN
    https://www.marianne.net/politique/marianne-ete-interdit-de-couvrir-la-soiree-electorale-de-marine-le-pen-et-

    Censure. Alors que notre journaliste Mathias Destal était officiellement accrédité pour suivre la soirée électorale du Front national à Hénin-Beaumont (Nord), ce dimanche soir, il s’est vu refuser l’entrée à son arrivée à l’espace François Mitterrand, où se déroule cette soirée en présence de Marine Le Pen.

    Son nom apparaissait pourtant bel et bien au milieu de celui des autres sur la liste des accrédités, a-t-il pu constater ce 23 avril en fin d’après-midi. Mais il était... rayé au stylo bic. Alex Frederiksen, responsable des accréditations, qui avait donné son accord sans problème il y a quelques jours, a fait savoir à notre journaliste que « le directeur de campagne a vérifié la liste hier et a demandé à ce que soit retiré [votre] nom ». Explication officielle : « Il y a trop de monde, on a dû faire des choix ». Impossible pourtant de savoir quels autres médias, à part nous, auraient été exclus à la dernière minute faute de place… D’autres, comme Mediapart, sont refusés depuis longtemps. Alors qu’un autre confrère, non-accrédité et donc non-inscrit sur la liste, a pour sa part pu entrer sans difficulté !

    #Linfiltré #PhoneStories #FN

  • Sur la responsabilité de la France : stop à l’instrumentalisation indigne ! - Marine 2017
    https://www.marine2017.fr/2017/04/09/responsabilite-de-france-stop-a-linstrumentalisation-indigne

    Communiqué diffusé hier soir, dans l’urgence. Ça dit la boulette. Ou pas.

    Comme Charles de Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, Jean-Pierre Chevènement, ou Nicolas Dupont-Aignan, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l’occupation, et que le régime de Vichy n’était pas la France. C’est une position qui a toujours été défendue par le chef de l’Etat, avant que Jacques Chirac et surtout François Hollande, à tort, ne reviennent dessus.
    Cette position fait suite à l’ordonnance du 9 août 1944 qui a frappé d’inexistence juridique le régime de Vichy, régime collaborateur et illégal.
    Elle n’exonère en rien la responsabilité effective et personnelle des Français qui ont participé à l’ignoble rafle du Vel d’Hiv et à toutes les atrocités commises pendant cette période.
    L’instrumentalisation politique à laquelle se livrent aujourd’hui quelques personnalités politiques est indigne. En particulier celle des prétendus gaullistes qui salissent ainsi la mémoire et l’oeuvre du Général de Gaulle.

    #Linfiltré #PhoneStories #FN

  • Marine Le Pen choque en déclarant que « la France n’est pas responsable » de la rafle du Vél’d’Hiv
    http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/04/10/marine-le-pen-choque-en-declarant-que-la-france-n-est-pas-responsable-de-la-

    Consciente du caractère explosif du débat, Mme Le Pen n’a pas tardé à préciser sa pensée dans un communiqué, se rangeant, comme son vice-président Florian Philippot, dans une posture qu’elle veut « gaulliste ». « Comme Charles de Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, Jean-Pierre Chevènement, ou Nicolas Dupont-Aignan, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l’occupation, et que le régime de Vichy n’était pas la France », écrit la députée européenne pour justifier cette prise de position qui « n’exonère en rien la responsabilité effective et personnelle des Français qui ont participé à l’ignoble rafle du Vél’d’Hiv et à toutes les atrocités commises pendant cette période ». « L’instrumentalisation politique à laquelle se livrent aujourd’hui quelques personnalités politiques est indigne », ajoute la candidate frontiste.

    De son côté, le député européen FN Bruno Gollnisch a réagi sur Twitter : « Le gouvernement de Vichy n’avait aucune latitude sur Paris, territoire occupé. C’est même pour cela qu’il s’était fixé à Vichy ! » Le charbon ne manque jamais pour nourrir une polémique.

    #Linfiltré #PhoneStories #FN

  • POLITIQUE DE CRISE
    Mars 2017

    I – Misère des élections présidentielles

    « L’administration pénitentiaire du camp de travail national change régulièrement, puisque nous pouvons depuis un certain temps et occasionnellement élire une partie (seulement) de nos administrateurs pénitenciers. Ils proposent chacun une gestion un peu différente de notre prison : certains proposent d’expulser des prisonniers « étrangers » au profit des prisonniers « nationaux », d’autres qu’il y ait davantage de « sécurité », d’aucuns une libéralisation des échanges de prisonniers, de marchandises et de capitaux entre camps de travail nationaux, et même certains de rendre notre prison nationale « plus juste », « plus humaine » et/ou plus écologique ! Et ce, même si leur pratique est relativement identique (austérité, répression, réformes) puisqu’il s’agit de gérer une même prison en fonction des mêmes objectifs : faire en sorte qu’il n’y ait pas de révoltes des prisonniers, aux moyens d’une dose variable de répression et de misère matériellement augmentée (médias, « loisirs », consommation), faire en sorte qu’il n’y ait pas trop de déficit du budget pénitencier – et donc, si nécessaire, dépenser moins au service des prisonniers–, et surtout faire en sorte qu’il y ait une croissance et une profitabilité maximum du camp de travail national – au détriment des prisonniers évidemment. » (Comité érotique révolutionnaire, Libérons-nous du travail. En partant du Printemps 2016, Paris, 2017).

    On peut l’affirmer sans aucun doute : rarement une campagne présidentielle n’aura été menée avec autant de cynisme et de démagogie, de mépris et de mensonge, avec des candidats se présentant unanimement « anti-système » alors qu’ils en sont des défenseurs patentés. Combien votent, à cette élection présidentielle comme à chaque élection, pour tenter d’éviter qu’un pire encore pire n’arrive ? L’indécision, fait significatif, ne porte plus seulement sur le choix d’un candidat parmi d’autres mais également sur le fait même de choisir l’un d’entre eux, et l’abstention reste une candidate sûre pour une moitié des votant potentiels. Il apparaît en effet comme de plus en plus évident que tous et toutes sont portés par une commune vision du monde. Des libéraux de gauche, du centre et de droite à leurs adversaires keynésiens-étatistes de gauche « radicale » comme d’extrême-droite, on partage l’amour du travail, de la croissance économique et du capital national. Il faut dire qu’en vertu de leur aspiration commune au gouvernement du capitalisme national, ils ne peuvent qu’y adhérer, unanimes dans leur répression des mouvements sociaux, en se disputant seulement sur certaines modalités de gestion du camp de travail national.

    On cherche malgré tout à nous vendre un candidat comme marchandise performante, dans un mauvais spectacle déprimant de vacuité se répétant à chaque campagne présidentielle. La politique, ainsi, a aussi ses marchandises, ses consommateurs et ses publicités – et ses producteurs, puisqu’il faut travailler, produire des marchandises et de l’argent pour financer cette misérable politique qui est en même temps une politique de la misère. Pourtant, aucun changement réellement positif ne peut venir des urnes : c’était déjà vrai aux époques antérieures du capitalisme, c’est encore plus vrai dans une situation de crise profonde du capitalisme où le gouvernement n’a qu’une faible marge de manœuvre et ne peut utiliser celle-ci qu’au profit du pire, c’est-à-dire du durcissement sécuritaire, identitaire, budgétaire, impérialiste, raciste, classiste, sexiste, ne constituant pas des obstacles à une poursuite du capitalisme. Le gouvernement n’a d’autre choix pour continuer de se financer que de soutenir l’économie, et donc ses ravages écologiques comme sociaux. Le vote individuel n’a pratiquement aucune signification et ne changera rien – ou si peu de chose qu’il ne faut rien en espérer, sinon peut-être un moindre pire dans l’immédiat.

    Quelles options se proposent à nous à chaque élection, et notamment celle-ci ? Un libéralisme social-démocrate dégoulinant de renoncements, de mensonges et de sang. Des prophètes de l’apocalypse du capitalisme libéral-sécuritaire du centre et de droite. Un étatisme-keynésien proposant une version 21e siècle des deux premières années du gouvernement Mitterrand (relance étatiste du capitalisme national, laquelle avait lamentablement échouée, et permis au néo-libéralisme de se présenter comme sauveur), assortie d’un « anti-impérialisme » pro-Poutine et pro-Bachar et d’un attachement indécent aux frontières. Un étatisme-keynésien (auparavant libéral) d’extrême-droite avec son « État stratège », c’est-à-dire en faveur du capital national, du patriarcat franchouillard et des forces de répression aux pratiques vichystes, avec un discours subliminal de haine des musulmans et des étrangers. Sans compter des candidats conspirationnistes, confusionnistes, étatico-nationalistes, des restes en décomposition de l’extrême-gauche marxiste-léniniste, et quelques autres perles…

    Enfin, dans un climat de dénonciation des élus corrompus, nombre sont ceux espérant encore un « candidat intègre ». La corruption des gestionnaires de l’État capitaliste est pourtant structurelle : comment des individus privés poursuivant leur intérêt capitaliste, une fois élus, pourraient-ils se transmuer pour devenir d’intègres élus n’ayant que le bien commun pour objectif ? Il y a là une contradiction insoluble. Toute autre contestation de cette corruption n’est qu’un fantasme moraliste et une pure « indignation ». Mais cette contestation vaine nous révèle quelque chose. La politique réellement existante produit idéologiquement son double permettant de la justifier in fine, la politique « pure », « vraie » et « bonne », même si celle-ci ne peut tendanciellement exister – et ne serait de toute façon guère souhaitable.

    Un retour non-exhaustif sur l’histoire du réformisme anti-libéral de gauche – celui d’extrême-droite ayant montré en Allemagne en 1933-45 ce qu’il faisait au pouvoir une fois élu avec un programme « anticapitaliste » – devrait suffire à achever de nous convaincre que non, vraiment, il n’y a rien à chercher de ce côté-là :
    En 1918-19, la social-démocratie allemande au pouvoir écrase avec l’aide de l’extrême-droite et de l’armée une révolution populaire (République des conseils de Bavière, insurrection spartakiste de Berlin, conseils ouvriers dans l’ensemble du pays), tandis qu’en Italie, sa consœur du Parti Socialiste Italien contient l’explosion du prolétariat et ses grèves monumentales, et prépare donc indirectement l’avènement du fascisme en 1922 ;
    En 1936, le Front Populaire de Léon Blum, notamment composé des staliniens du PCF souhaitant une alliance avec l’URSS et son « capitalisme d’État » (Lénine), des socialistes abandonnant définitivement l’idée de révolution au profit d’une gestion réformiste de l’État bourgeois et des radicaux défenseurs d’un compromis avec Hitler comme avec Mussolini, fait tout pour mettre fin à une grève générale inédite dans l’histoire de France et au fort potentiel insurrectionnel, offrant en pâture deux semaines de congé payés et la semaine de 40 heures, mesures contre-révolutionnaires finalement abandonnées deux ans plus tard, et aboutissant au désarmement du prolétariat français face aux évènements de 1939-1940 ; Les bureaucrates du grand syndicat anarcho-syndicaliste espagnol CNT, en 1936-1939, sabordent leur propre programme de révolution sociale et de communisme libertaire au nom de l’alliance « anti-fasciste » avec Staline et une République bourgeoise ultra-répressive, mettent leurs militants au travail dans des usines capitalistes « autogérées » ou au front dans une armée classique au lieu d’entamer une guerre sociale de guérilla contre l’ordre répugnant du travail, livrent leurs militants révoltés en Mai 1937 à une terrible répression stalinino-républicaine, abandonnent leurs camarades des communes d’Aragon aux colonnes staliniennes en Août 1937, et rentrent dans un gouvernement stalino-socialiste au mépris de leurs principes libertaires ;
    De 1971 jusqu’au coup d’État de Pinochet du 11 septembre 1973, Allende, socialiste élu grâce au vote massif du prolétariat chilien, désarme celui-ci, incite au calme plutôt qu’à une révolution préventive, ne prend aucune mesure contre l’armée, créant ainsi un contexte favorable au coup d’État ;
    De 1968 jusqu’en 1977, un mouvement de grèves, de révolte et de refus du travail balaye l’Italie, pendant qu’un Parti Communiste Italien aux aguets dénonce cette révolte, sabote ces grèves, incite à une négociation salariale sous l’égide de syndicats réformistes, négocie avec une bourgeoisie italienne aux aguets un « compromis historique » qui n’aboutira pas, et accepte l’envoi des chars pour reconquérir Bologne insurgée en mars 1977 ;
    En 1981, l’élection de François Mitterrand met définitivement fin aux années 68, avec une mystification électoraliste annonçant un changement radical, et finalement un programme de relance keynésienne aboutissant deux ans plus tard (du fait de leur échec) au tournant néo-libéral de 1983, annonçant ainsi 15 ans d’apathie du mouvement social ;
    Le « socialisme du 21e siècle » d’Amérique latine, enfin, n’a guère donné de meilleurs résultats : en-dehors de mesures électoralistes d’aide aux plus pauvres et de quelques réformettes, ce sont des capitalismes nationaux avec un État fort, dépendants des hydrocarbures et des ressources minières, alliés aux Russes et autres « anti-impérialistes », avec à leur tête une bureaucratie corrompue, une armée forte et une nouvelle bourgeoisie, et réprimant au nom du « peuple » tout mouvement social indépendant du pouvoir.

    Bref, si certains veulent voter pour un moindre mal, qu’ils votent sans aucune illusion et se préparent à une lutte sociale sans merci contre leur propre candidat.

    II – La politique comme l’autre face du capitalisme

    « La démocratie même est l’autre face du capital, non son contraire » (Anselm Jappe, Les aventures de la marchandise, Paris, 2003)
    Le véritable enjeu n’est pas là.
    Pour le saisir, il nous faut commencer par rompre avec le discours dominant, celui des médias et des politiciens, des universitaires et des flics, des profs et des experts en tout genre, chantres de la conservation de l’ordre actuel. À parler leur langage nous nous rendons impuissants. Impuissants car incapables de penser la spécificité de ce monde avec lequel nous cherchons à rompre de tous nos vœux. Impuissants car muets face à la rhétorique trop bien huilée d’une société qui ne se pense qu’en vase clos. Impuissants car condamnés à la répétition du même.

    Naturaliser, ontologiser, déshistoriciser... autant de gros mots pour désigner ce mécanisme central de la pensée bourgeoise qui consiste à donner une dimension éternelle à un phénomène spécifique au monde qu’elle a contribué à faire naître. Ainsi en est-il de l’ « économie » comme il en est de la « politique ». La polarisation entre sphère économique et sphère politique, au lieu d’être saisie comme entièrement spécifique au capitalisme, se retrouve naturalisée et ainsi pensée comme constitutive de l’ensemble des formations sociales humaines, au même titre qu’un certain nombre de structures sociales propres à la modernité capitaliste. Historiens, philosophes politiques et économistes s’évertuent ainsi à fouiller dans l’histoire pour déterminer à quoi ressemblaient « politique » et « économie » au sein des sociétés pré-capitalistes. Le discours dominant dans la pensée contemporaine se refuse donc à saisir la spécificité de notre époque, fille d’une série de ruptures majeures qui en font toute la particularité. Le nier revient à faire de notre modernité capitaliste l’aboutissement logique et naturel de l’Histoire alors qu’elle ne s’est imposée qu’à coup de guerres, d’asservissement et de d’anéantissement des différentes modalités d’être-au-monde qui lui préexistaient.

    Les sociétés pré-capitalistes bien sûr satisfaisaient leurs besoins sociaux et avaient des formes d’organisation du collectif, pourtant elles ne connaissaient ni « économie » ni « politique » au sens actuel. Il n’y a pas de « politique » en-dehors de l’organisation du quotidien au sein des sociétés précapitalistes. Les sociétés gréco-romaines étaient « politiques », au sens antique de structuration sociale autour d’une polis (cité), mais étaient complètement « politiques », sans qu’il s’agisse d’un système séparé comme aujourd’hui. Les autres sociétés étaient étrangères à cette catégorie de « politique » puisqu’elles n’étaient pas fondées autour d’une polis (cité) et ne connaissaient pas de séparation entre « politique », « économie » et « religion », catégories spécifiquement modernes.
    L’apparition d’une « sphère économique » distincte et dominante est intimement liée à l’émergence du système capitaliste et de ses structures élémentaires. S’il est vrai que l’on peut trouver des ancêtres de ces différentes structures à divers moments de l’histoire, la cristallisation de celles-ci au sein d’une « sphère économique » séparée est propre à l’économie de marché totalitaire dans laquelle nous vivons. Il n’y a que lorsqu’émerge un Marché unifié, totalisant, de concurrence sans entraves et de vente contrainte généralisée de l’activité humaine, qu’advient l’économie comme sphère constitutive du capitalisme avec ses structures élémentaires de travail, de marchandise, d’argent, de valeur et de capital.

    Et sans cette sphère de l’économie, pas de politique, puisque celle-ci est en complète dépendance financière vis-à-vis d’elle. Réciproquement, pas d’économie sans politique, puisque celle-ci est un garant nécessaire de l’économie, de ses contrats et de ses propriétés, un agent nécessaire de fluidification, de gestion et de protection de l’économie avec ses infrastructures nationales, ses politiques macro-économiques, son armée, sa police et ses tribunaux. Ainsi, ce n’est que lorsqu’émerge parallèlement au Marché l’État unifié, bureaucratique, totalisant, que la « politique » fait son entrée fracassante dans l’histoire. La « politique » comme sphère centrale du capitalisme naît en initiant une guerre européenne de 28 ans causant des millions de morts, en massacrant des milliers de sans-culottes radicaux – dont certains aspiraient à une société de communes – et de gens ordinaires, en établissant un droit bourgeois, patriarcal, raciste, et en lançant une industrialisation broyeuse de vies. Et celle-ci n’est pas née de rien, mais de son ancêtre, la monarchie, et de siècles d’extorsion fiscale, de guerres, de répression des mouvements sociaux et de montée en puissance de l’administration, quatre phénomènes au fondement même de l’État moderne, c’est-à-dire de ses impôts, de son armée, de sa police et de sa justice, et enfin de sa bureaucratie.

    La politique, au sens moderne, désigne ainsi une sphère du capitalisme distincte de, mais tendanciellement subordonnée à, sa jumelle l’économie. Le capitalisme est, ainsi, une société (au moins) duale, avec ses structures élémentaires (travail, valeur, marchandise, argent, capital) d’un côté et des structures non-rentables mais nécessaires au fonctionnement et à une reproduction dynamique du capitalisme (droit, justice, police, armée, administration, gouvernement) de l’autre.

    En dehors d’un certain nombre de concessions temporaires, limitées et liées à un rapport de force mouvant, l’État vise avant tout à une optimisation du processus de valorisation capitaliste. La politique est ainsi, très largement, politique de l’économie, et ce au travers de moyens allant des politiques de libéralisation aux guerres colonialistes-impérialistes. Les politiques de l’État visent avant tout à une stimulation de l’économie, et celui-ci prend en charge l’ensemble des investissements nécessaires au fonctionnement optimal du Marché mais néanmoins non-rentables et/ou trop importants pour être réalisés par des capitalistes individuels (infrastructures, maintien de l’ordre, défense militaire, etc.) en contrepartie des impôts et aux autres ponctions de l’État. L’État ainsi développe des infrastructures de circulation (comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) et de communication permettant au processus de valorisation nationale de se réaliser toujours plus vite et donc de rester compétitif au niveau mondial, visant ainsi une « circulation sans temps de circulation » (Marx).
    Si la théorie ne suffit pas à nous en convaincre, l’histoire s’en charge à merveille et il faut le répéter : il ne peut y avoir d’utilisation de l’État comme simple « moyen » en vue de se libérer du capitalisme – et de l’État, comme l’avait cru Lénine et son fameux « dépérissement de l’État » qui n’est jamais arrivé. Cette histoire n’est, on l’a déjà dit, qu’une succession d’échecs aux conséquences toujours plus désastreuses.
    III. État de crise, État d’exception
    « L’espace “juridiquement vide” de l’état d’exception […] tend désormais à coïncider partout avec l’ordre normal » (Giorgio Agamben, Homo sacer, Paris, Seuil, 2016)

    On aurait presque envie, à côté des conservateurs et autres défenseurs de l’ordre établi, de crier au principe de réalité tant les vaines illusions des restes de la social-démocratie de voir resurgir un État social semblent relever de l’aveuglement. Réalité historique autant que systémique, il n’y a rien à espérer, rien à attendre d’une situation dont il serait grand temps de prendre acte. On assiste depuis quelques dizaines d’années à un recentrement de l’État sur ses fonctions de gouvernement de crise de l’économie en crise, laquelle crise de l’économie et du travail s’est approfondie depuis 2008 au point de menacer jusqu’aux classes moyennes des centres capitalistes. Geste s’accompagnant inévitablement d’un renforcement de sa fonction de répression militaro-policière, dévoilant de nouveau par-là même son vrai visage, celui de ses origines, qu’il avait masqué au cours des dites « Trente Glorieuses » et auquel s’accroche désespérément l’altercapitalisme ambiant. Il n’y a plus de croissance, donc plus de droits sociaux, peut-il proclamer tranquillement. Le mensonge n’est pas celui, superficiel, qu’il n’y a plus d’argent, mais celui, fondamental, qu’il faut s’en remettre au dieu économie une fois de plus – et être offerts en sacrifice. Dans une situation économique de crise, on voit l’État se délester progressivement de ses fonctions « sociales » pour se recentrer sur l’essentiel : relancer l’économie, et gérer ses conséquences socialement désastreuses au travers d’une gestion répressive des masses précarisées ou devenues inutiles d’un point de vue économique. L’État-Providence se démasque en État de punition divine des infidèles de l’économie.

    Si la dynamique du capitalisme conduit intrinsèquement à une éviction progressive du travail du procès capitaliste de production, le phénomène a pris une nouvelle ampleur ces dernières décennies. Depuis 40 ans de « troisième révolution industrielle », avec l’introduction de l’informatique, de l’automatisation et de la robotique au sein du processus productif, cette substitution structurelle et tendancielle du travail par des machines-robots a pris une nouvelle dimension. La possibilité d’une substitution complète de certains pans du travail par des machines-robots (caisses automatiques, robots-ouvriers, chaînes de montage entièrement automatisées...) provoque l’explosion du chômage technologique au sein des centres capitalistes, et une stagnation des faibles salaires aux périphéries. La crise économique qui en résulte touche des masses toujours plus grandes d’individus, jusqu’aux métropoles occidentales désormais entourées de zones de concentration des individus exclus du travail, surexploités et/ou particulièrement précarisés.

    C’est dans ce cadre que l’État peut se déployer dans ce qu’il a de plus élémentaire : sa dimension « sécuritaire ». Sécurité de l’État lui-même, sécurité des entreprises et de leur extorsion de plus-value, sécurité des classes bourgeoises et de leurs propriétés, et sécurité-spectacle des citoyens ordinaires aux moyens de patrouilles militaires, et tout cela au détriment des classes populaires et des exclus du capitalisme. La « sécurité » devient une véritable technique de gouvernement sur fond de « guerre au terrorisme », laquelle justifie aux yeux de beaucoup une gestion oppressive des habitants racisés (ou non) des quartiers populaires et des migrants.
    Relancer l’économie, voilà l’idée fixe de ce monde où l’on marche sur la tête tout en se persuadant que c’est la seule façon de marcher. Mais quand l’air devient proprement irrespirable, que l’on se rend compte qu’on ne relancera jamais rien, alors c’est l’État sécuritaire, militaro-policier, répressif, cet État resserré autour de ses fonctions « minimales » de maintien de l’ordre capitaliste, qui s’impose, révélant ce qu’il a toujours été, un monstre froid, une monstrueuse organisation bureaucratique et militaire, un Léviathan.
    --
    La crise du capitalisme, désastreuse au sein des centres capitalistes, est encore pire à ses périphéries : elle se fait d’autant plus sentir qu’un État est situé en bas de la hiérarchie du système-monde capitaliste. Elle est en grande partie responsable de l’échec des modernisations de rattrapage d’une majorité des anciennes colonies, couplée à un maintien global des hiérarchies du système-monde capitaliste, et donc d’un échange inégal et d’une division inégale du processus international de production. Et cet échec des modernisations de rattrapage, générant une forte crise d’endettement et donc des politiques d’ajustement structurel, a entraîné un délitement des périphéries sous forme de paupérisation générale de leurs populations et/ou d’une multiplication des situations de guerre civile. En conséquence, des contingents toujours plus importants de ces populations se sont enfuis vers des centres en moins piètre état. Face à cette arrivée massive de réfugiés de crise, l’ensemble des États des centres capitalistes ont choisi une politique d’exclusion des non-rentables (en-dehors donc des migrants exploitables d’une manière profitable), une sorte d’ « impérialisme d’exclusion » corolaire d’un « impérialisme de crise ». Les États des centres capitalistes refusent d’une part d’assumer leur responsabilité dans l’effondrement des sociétés des périphéries capitalistes, alors qu’ils sont responsables de l’instauration du capitalisme dans ces sociétés qu’ils ont asservies, pillées, exploitées, racisées, endettées et enfin libéralisées, laissant ainsi des milliers de réfugiés du système-monde capitaliste en crise mourir chaque année à leurs portes. D’autre part, elles se contentent d’interventions militaires dans des périphéries en voie d’effondrement avec un objectif (souvent raté) de maintien de l’ordre mondial et de pillage de ce qu’il reste, aggravant souvent une situation déjà catastrophique. Les États des centres capitalistes se replient ainsi dans leur « forteresse », n’en sortant que pour ces opérations : ils sont des États d’exclusion, d’exclusion des réfugiés de l’économie en crise et de crise, des réfugiés du dérèglement climatique d’origine capitaliste, des réfugiés des guerres internes aux périphéries en voie d’effondrement, des réfugiés des guerres de maintien de l’ordre mondial ou encore des réfugiés du développement. Après avoir imposé au monde entier un mode d’organisation social aux effets dévastateurs, l’impérialisme des centres capitalistes s’en retire très progressivement en laissant derrière lui un désastre économique, social et politique qu’il refuse d’assumer.

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    Les évolutions contemporaines de l’État capitaliste de crise, et notamment son recentrement sur sa fonction policière et son durcissement en tant qu’organe répressif, loin de relever d’un changement de nature de ce dernier, sont plutôt l’affirmation même de ce qui fait sa nature : la violence constitutive du droit et de son maintien. Aux fondements de la souveraineté, qu’elle soit dite démocratique ou non, se trouve celui qui décide de l’état d’exception. L’état d’exception n’est pas une anomalie, ou encore l’opposé de l’État de droit : il est au fondement même de l’État et de son droit. L’État est cette structure capable de suspendre juridiquement son ordre juridique – comme il l’a fait en Allemagne en 1933 –, c’est-à-dire qu’il peut entreprendre des actions extra-constitutionnelles de manière constitutionnelle. Il y a donc, au fondement même de l’État « de droit », sa possible transformation en un « État d’exception » extraordinaire, de crise. Celui de l’état d’urgence depuis 2015 et ses fichés S, ses interdictions de manifestations, ses assignations à résidence, sa police toujours plus violente et sa justice fonctionnant comme machine à enfermer. Celui qui a fait de l’anti-terrorisme un procédé même de gouvernement, celui de l’affaire Tarnac.

    État d’urgence qu’on retrouve aujourd’hui en Turquie, hier dans l’Allemagne pré-hitlérienne de 1930, aux États-Unis à partir de 1941 – permettant l’enfermement dans des camps au milieu du désert de dizaines de milliers de Japonais –, dans l’Italie des années 1970-1980 pour réprimer l’Autonomie italienne, en Syrie depuis 1963… État d’urgence, hier encore, en France et en Algérie coloniale en 1955, 1958 et 1960-1963 – aboutissant aux massacres du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962 –, en Nouvelle-Calédonie en 1984-85 dans l’optique d’une répression du mouvement indépendantiste, en 2005 en Île-de-France dans l’optique de l’écrasement des banlieues insurgées. État de siège (version militarisée de l’État d’urgence), avant-hier, celui de l’écrasement sanglant des ouvriers parisiens en juin 1848, des communards en 1871 ou des Kabyles insurgés cette même année. Demain, après-demain, l’article 16 autorisant une dictature présidentielle temporaire, l’état de siège dans l’optique de réprimer une insurrection populaire ? La frontière entre l’État de droit et celui d’exception est donc relative, poreuse, mystifiante, l’État de droit justifiant l’État d’exception au nom de son maintien. C’est ce que révèle la normalisation de l’État d’urgence, dispositif d’exception dont le prolongement indéfini ne semble en aucun cas perturber l’État de droit. Progressivement, les frontières entre démocratie parlementaire et dictature temporaire se font toujours plus poreuses, l’état d’exception se fondant toujours mieux dans l’état démocratique. Si le cadre constitutionnel nous fournit une vaste prison sociale dans laquelle l’on bénéficie encore d’une relative liberté de mouvement, qu’un état d’exception vienne suspendre cet ordre des choses et voilà les murs de la cage se rapprocher dangereusement. Disons-le, l’État d’exception commence à nous coller à la peau.

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    Mais cet État d’exception extraordinaire, propre aux crises économiques, sociales ou encore politiques du capitalisme, se double d’un état d’exception ordinaire, tout aussi constitutif de l’État moderne mais permanent, et simplement exacerbé en temps de crise. Constitutif de l’État moderne, non comme possibilité souveraine de suspendre légalement son ordre légal, mais comme monopole de la violence sur un territoire et une population donnée. « Le souverain […] se pose légalement en-dehors de la loi » (Agamben) : il faut comprendre cette sentence non comme l’exception de l’État, mais comme règle fondatrice de son appareil policier, militaire et judiciaire, révélant l’État comme une structure de domination arbitraire basé en dernière instance sur ces appareils répressifs. Arrestations, abus, suspension des droits civiques traversent de part en part l’état normal du droit sans pour autant nécessiter de suspension de l’ordre démocratique, révélant ainsi sa nature intrinsèquement répressive. La police illustre parfaitement cet État d’exception ordinaire dont elle est une pièce maîtresse : elle est fondée légalement à entreprendre des actions non-légales lorsqu’elles sont exécutées par des simples citoyens. Les policiers peuvent légalement fouiller, frapper ou encore séquestrer (dans un commissariat) des individus, contrairement aux autres citoyens. La police peut même de facto tuer (300 morts depuis 30 ans pour presque aucune condamnation judiciaire), stade suprême de l’État d’exception légalement fondé, et manifestation du « droit de vie et de mort » constitutif de l’État souverain. La justice n’est pas en reste. Elle est fondée légalement à entreprendre une action illégale lorsqu’elle est exécutée par des simples citoyens : enfermer (dans un établissement carcéral) et extorquer (sous forme d’une amende) des individus. L’État est bien cette coïncidence entre violence et droit dont parlait Agamben. Et cet État d’exception ordinaire s’acharne avant tout sur ceux susceptibles de menacer son ordre stato-capitaliste : militants politiques, participants aux luttes sociales, mais surtout prolétaires racisés de quartiers populaires constitués en zones d’exception permanentes. La hiérarchie raciste et de classe, dont l’État est un défenseur ultime, est ainsi violemment réaffirmée. L’État d’exception ordinaire règne, enfin, au sujet des violences domestiques faites aux femmes, en excluant ces violences de facto du droit, en renvoyant celles-ci au « privé », aboutissant finalement à un laisser-faire des viols et des violences patriarcales au sein du cadre domestique.

    Précisons-le, il ne s’agit pas de revendiquer, on ne saurait comment d’ailleurs, plus de droit et moins d’exception. L’État capitaliste est obligé d’être en partie « de droit » puisqu’il n’y a pas de capitalisme sans droit, sans garantie du respect des contrats, des dettes, des propriétés et des propriétaires. Mais en même temps, et au nom même de cette garantie de l’ordre capitaliste, l’État s’extrait du cadre légal qu’il a de toute façon lui-même créé. L’État d’exception ordinaire est donc un simple défenseur du droit capitaliste, c’est-à-dire de l’État de droit. Il ne faudrait donc pas opposer ces deux formes de l’État : il s’agit d’une seule et même structure se dédoublant de manière complémentaire, de deux faces d’une même pièce, d’un continuum au service de l’ordre capitaliste. L’État de droit en réalité justifie l’État d’exception ordinaire comme son garant nécessaire, de même qu’il justifie l’état d’exception extraordinaire comme son garant en dernier ressort– comme son cas limite.
    Pour en finir avec l’État de crise, l’État d’exclusion, l’État d’urgence, il faut en finir avec l’État d’exception ordinaire comme avec l’État de droit, donc en finir avec l’État, sa politique et son monde capitaliste.

    Comité érotique révolutionnaire
    https://lundi.am//Politique-de-crise

  • POLITIQUE DE CRISE
    Mars 2017

    I– Misère des élections présidentielles

    « L’administration pénitentiaire du camp de travail national change régulièrement, puisque nous pouvons depuis un certain temps et occasionnellement élire une partie (seulement) de nos administrateurs pénitenciers. Ils proposent chacun une gestion un peu différente de notre prison : certains proposent d’expulser des prisonniers « étrangers » au profit des prisonniers « nationaux », d’autres qu’il y ait davantage de « sécurité », d’aucuns une libéralisation des échanges de prisonniers, de marchandises et de capitaux entre camps de travail nationaux, et même certains de rendre notre prison nationale « plus juste », « plus humaine » et/ou plus écologique ! Et ce, même si leur pratique est relativement identique (austérité, répression, réformes) puisqu’il s’agit de gérer une même prison en fonction des mêmes objectifs : faire en sorte qu’il n’y ait pas de révoltes des prisonniers, aux moyens d’une dose variable de répression et de misère matériellement augmentée (médias, « loisirs », consommation), faire en sorte qu’il n’y ait pas trop de déficit du budget pénitencier – et donc, si nécessaire, dépenser moins au service des prisonniers–, et surtout faire en sorte qu’il y ait une croissance et une profitabilité maximum du camp de travail national – au détriment des prisonniers évidemment. » (Comité érotique révolutionnaire, Libérons-nous du travail. En partant du Printemps 2016, Paris, 2017).

    On peut l’affirmer sans aucun doute : rarement une campagne présidentielle n’aura été menée avec autant de cynisme et de démagogie, de mépris et de mensonge, avec des candidats se présentant unanimement « anti-système » alors qu’ils en sont des défenseurs patentés. Combien votent, à cette élection présidentielle comme à chaque élection, pour tenter d’éviter qu’un pire encore pire n’arrive ? L’indécision, fait significatif, ne porte plus seulement sur le choix d’un candidat parmi d’autres mais également sur le fait même de choisir l’un d’entre eux, et l’abstention reste une candidate sûre pour une moitié des votant potentiels. Il apparaît en effet comme de plus en plus évident que tous et toutes sont portés par une commune vision du monde. Des libéraux de gauche, du centre et de droite à leurs adversaires keynésiens-étatistes de gauche « radicale » comme d’extrême-droite, on partage l’amour du travail, de la croissance économique et du capital national. Il faut dire qu’en vertu de leur aspiration commune au gouvernement du capitalisme national, ils ne peuvent qu’y adhérer, unanimes dans leur répression des mouvements sociaux, en se disputant seulement sur certaines modalités de gestion du camp de travail national.

    On cherche malgré tout à nous vendre un candidat comme marchandise performante, dans un mauvais spectacle déprimant de vacuité se répétant à chaque campagne présidentielle. La politique, ainsi, a aussi ses marchandises, ses consommateurs et ses publicités – et ses producteurs, puisqu’il faut travailler, produire des marchandises et de l’argent pour financer cette misérable politique qui est en même temps une politique de la misère. Pourtant, aucun changement réellement positif ne peut venir des urnes : c’était déjà vrai aux époques antérieures du capitalisme, c’est encore plus vrai dans une situation de crise profonde du capitalisme où le gouvernement n’a qu’une faible marge de manœuvre et ne peut utiliser celle-ci qu’au profit du pire, c’est-à-dire du durcissement sécuritaire, identitaire, budgétaire, impérialiste, raciste, classiste, sexiste, ne constituant pas des obstacles à une poursuite du capitalisme. Le gouvernement n’a d’autre choix pour continuer de se financer que de soutenir l’économie, et donc ses ravages écologiques comme sociaux. Le vote individuel n’a pratiquement aucune signification et ne changera rien – ou si peu de chose qu’il ne faut rien en espérer, sinon peut-être un moindre pire dans l’immédiat.

    Quelles options se proposent à nous à chaque élection, et notamment celle-ci ? Un libéralisme social-démocrate dégoulinant de renoncements, de mensonges et de sang. Des prophètes de l’apocalypse du capitalisme libéral-sécuritaire du centre et de droite. Un étatisme-keynésien proposant une version 21e siècle des deux premières années du gouvernement Mitterrand (relance étatiste du capitalisme national, laquelle avait lamentablement échouée, et permis au néo-libéralisme de se présenter comme sauveur), assortie d’un « anti-impérialisme » pro-Poutine et pro-Bachar et d’un attachement indécent aux frontières. Un étatisme-keynésien (auparavant libéral) d’extrême-droite avec son « État stratège », c’est-à-dire en faveur du capital national, du patriarcat franchouillard et des forces de répression aux pratiques vichystes, avec un discours subliminal de haine des musulmans et des étrangers. Sans compter des candidats conspirationnistes, confusionnistes, étatico-nationalistes, des restes en décomposition de l’extrême-gauche marxiste-léniniste, et quelques autres perles…

    Enfin, dans un climat de dénonciation des élus corrompus, nombre sont ceux espérant encore un « candidat intègre ». La corruption des gestionnaires de l’État capitaliste est pourtant structurelle : comment des individus privés poursuivant leur intérêt capitaliste, une fois élus, pourraient-ils se transmuer pour devenir d’intègres élus n’ayant que le bien commun pour objectif ? Il y a là une contradiction insoluble. Toute autre contestation de cette corruption n’est qu’un fantasme moraliste et une pure « indignation ». Mais cette contestation vaine nous révèle quelque chose. La politique réellement existante produit idéologiquement son double permettant de la justifier in fine, la politique « pure », « vraie » et « bonne », même si celle-ci ne peut tendanciellement exister – et ne serait de toute façon guère souhaitable.

    Un retour non-exhaustif sur l’histoire du réformisme anti-libéral de gauche – celui d’extrême-droite ayant montré en Allemagne en 1933-45 ce qu’il faisait au pouvoir une fois élu avec un programme « anticapitaliste » – devrait suffire à achever de nous convaincre que non, vraiment, il n’y a rien à chercher de ce côté-là :
    En 1918-19, la social-démocratie allemande au pouvoir écrase avec l’aide de l’extrême-droite et de l’armée une révolution populaire (République des conseils de Bavière, insurrection spartakiste de Berlin, conseils ouvriers dans l’ensemble du pays), tandis qu’en Italie, sa consœur du Parti Socialiste Italien contient l’explosion du prolétariat et ses grèves monumentales, et prépare donc indirectement l’avènement du fascisme en 1922 ;
En 1936, le Front Populaire de Léon Blum, notamment composé des staliniens du PCF souhaitant une alliance avec l’URSS et son « capitalisme d’État » (Lénine), des socialistes abandonnant définitivement l’idée de révolution au profit d’une gestion réformiste de l’État bourgeois et des radicaux défenseurs d’un compromis avec Hitler comme avec Mussolini, fait tout pour mettre fin à une grève générale inédite dans l’histoire de France et au fort potentiel insurrectionnel, offrant en pâture deux semaines de congé payés et la semaine de 40 heures, mesures contre-révolutionnaires finalement abandonnées deux ans plus tard, et aboutissant au désarmement du prolétariat français face aux évènements de 1939-1940 ;
Les bureaucrates du grand syndicat anarcho-syndicaliste espagnol CNT, en 1936-1939, sabordent leur propre programme de révolution sociale et de communisme libertaire au nom de l’alliance « anti-fasciste » avec Staline et une République bourgeoise ultra-répressive, mettent leurs militants au travail dans des usines capitalistes « autogérées » ou au front dans une armée classique au lieu d’entamer une guerre sociale de guérilla contre l’ordre répugnant du travail, livrent leurs militants révoltés en Mai 1937 à une terrible répression stalinino-républicaine, abandonnent leurs camarades des communes d’Aragon aux colonnes staliniennes en Août 1937, et rentrent dans un gouvernement stalino-socialiste au mépris de leurs principes libertaires ;
De 1971 jusqu’au coup d’État de Pinochet du 11 septembre 1973, Allende, socialiste élu grâce au vote massif du prolétariat chilien, désarme celui-ci, incite au calme plutôt qu’à une révolution préventive, ne prend aucune mesure contre l’armée, créant ainsi un contexte favorable au coup d’État ;
De 1968 jusqu’en 1977, un mouvement de grèves, de révolte et de refus du travail balaye l’Italie, pendant qu’un Parti Communiste Italien aux aguets dénonce cette révolte, sabote ces grèves, incite à une négociation salariale sous l’égide de syndicats réformistes, négocie avec une bourgeoisie italienne aux aguets un « compromis historique » qui n’aboutira pas, et accepte l’envoi des chars pour reconquérir Bologne insurgée en mars 1977 ;
En 1981, l’élection de François Mitterrand met définitivement fin aux années 68, avec une mystification électoraliste annonçant un changement radical, et finalement un programme de relance keynésienne aboutissant deux ans plus tard (du fait de leur échec) au tournant néo-libéral de 1983, annonçant ainsi 15 ans d’apathie du mouvement social ;
Le « socialisme du 21e siècle » d’Amérique latine, enfin, n’a guère donné de meilleurs résultats : en-dehors de mesures électoralistes d’aide aux plus pauvres et de quelques réformettes, ce sont des capitalismes nationaux avec un État fort, dépendants des hydrocarbures et des ressources minières, alliés aux Russes et autres « anti-impérialistes », avec à leur tête une bureaucratie corrompue, une armée forte et une nouvelle bourgeoisie, et réprimant au nom du « peuple » tout mouvement social indépendant du pouvoir.

    Bref, si certains veulent voter pour un moindre mal, qu’ils votent sans aucune illusion et se préparent à une lutte sociale sans merci contre leur propre candidat.

    II – La politique comme l’autre face du capitalisme

    « La démocratie même est l’autre face du capital, non son contraire » (Anselm Jappe, Les aventures de la marchandise, Paris, 2003)

    Le véritable enjeu n’est pas là.
    Pour le saisir, il nous faut commencer par rompre avec le discours dominant, celui des médias et des politiciens, des universitaires et des flics, des profs et des experts en tout genre, chantres de la conservation de l’ordre actuel. À parler leur langage nous nous rendons impuissants. Impuissants car incapables de penser la spécificité de ce monde avec lequel nous cherchons à rompre de tous nos vœux. Impuissants car muets face à la rhétorique trop bien huilée d’une société qui ne se pense qu’en vase clos. Impuissants car condamnés à la répétition du même.
    Naturaliser, ontologiser, déshistoriciser... autant de gros mots pour désigner ce mécanisme central de la pensée bourgeoise qui consiste à donner une dimension éternelle à un phénomène spécifique au monde qu’elle a contribué à faire naître. Ainsi en est-il de l’ « économie » comme il en est de la « politique ». La polarisation entre sphère économique et sphère politique, au lieu d’être saisie comme entièrement spécifique au capitalisme, se retrouve naturalisée et ainsi pensée comme constitutive de l’ensemble des formations sociales humaines, au même titre qu’un certain nombre de structures sociales propres à la modernité capitaliste. Historiens, philosophes politiques et économistes s’évertuent ainsi à fouiller dans l’histoire pour déterminer à quoi ressemblaient « politique » et « économie » au sein des sociétés pré-capitalistes. Le discours dominant dans la pensée contemporaine se refuse donc à saisir la spécificité de notre époque, fille d’une série de ruptures majeures qui en font toute la particularité. Le nier revient à faire de notre modernité capitaliste l’aboutissement logique et naturel de l’Histoire alors qu’elle ne s’est imposée qu’à coup de guerres, d’asservissement et de d’anéantissement des différentes modalités d’être-au-monde qui lui préexistaient.

    Les sociétés pré-capitalistes bien sûr satisfaisaient leurs besoins sociaux et avaient des formes d’organisation du collectif, pourtant elles ne connaissaient ni « économie » ni « politique » au sens actuel. Il n’y a pas de « politique » en-dehors de l’organisation du quotidien au sein des sociétés précapitalistes. Les sociétés gréco-romaines étaient « politiques », au sens antique de structuration sociale autour d’une polis (cité), mais étaient complètement « politiques », sans qu’il s’agisse d’un système séparé comme aujourd’hui. Les autres sociétés étaient étrangères à cette catégorie de « politique » puisqu’elles n’étaient pas fondées autour d’une polis (cité) et ne connaissaient pas de séparation entre « politique », « économie » et « religion », catégories spécifiquement modernes.

    L’apparition d’une « sphère économique » distincte et dominante est intimement liée à l’émergence du système capitaliste et de ses structures élémentaires. S’il est vrai que l’on peut trouver des ancêtres de ces différentes structures à divers moments de l’histoire, la cristallisation de celles-ci au sein d’une « sphère économique » séparée est propre à l’économie de marché totalitaire dans laquelle nous vivons. Il n’y a que lorsqu’émerge un Marché unifié, totalisant, de concurrence sans entraves et de vente contrainte généralisée de l’activité humaine, qu’advient l’économie comme sphère constitutive du capitalisme avec ses structures élémentaires de travail, de marchandise, d’argent, de valeur et de capital.
    Et sans cette sphère de l’économie, pas de politique, puisque celle-ci est en complète dépendance financière vis-à-vis d’elle. Réciproquement, pas d’économie sans politique, puisque celle-ci est un garant nécessaire de l’économie, de ses contrats et de ses propriétés, un agent nécessaire de fluidification, de gestion et de protection de l’économie avec ses infrastructures nationales, ses politiques macro-économiques, son armée, sa police et ses tribunaux. Ainsi, ce n’est que lorsqu’émerge parallèlement au Marché l’État unifié, bureaucratique, totalisant, que la « politique » fait son entrée fracassante dans l’histoire. La « politique » comme sphère centrale du capitalisme naît en initiant une guerre européenne de 28 ans causant des millions de morts, en massacrant des milliers de sans-culottes radicaux – dont certains aspiraient à une société de communes – et de gens ordinaires, en établissant un droit bourgeois, patriarcal, raciste, et en lançant une industrialisation broyeuse de vies. Et celle-ci n’est pas née de rien, mais de son ancêtre, la monarchie, et de siècles d’extorsion fiscale, de guerres, de répression des mouvements sociaux et de montée en puissance de l’administration, quatre phénomènes au fondement même de l’État moderne, c’est-à-dire de ses impôts, de son armée, de sa police et de sa justice, et enfin de sa bureaucratie.

    La politique, au sens moderne, désigne ainsi une sphère du capitalisme distincte de, mais tendanciellement subordonnée à, sa jumelle l’économie. Le capitalisme est, ainsi, une société (au moins) duale, avec ses structures élémentaires (travail, valeur, marchandise, argent, capital) d’un côté et des structures non-rentables mais nécessaires au fonctionnement et à une reproduction dynamique du capitalisme (droit, justice, police, armée, administration, gouvernement) de l’autre.
    En dehors d’un certain nombre de concessions temporaires, limitées et liées à un rapport de force mouvant, l’État vise avant tout à une optimisation du processus de valorisation capitaliste. La politique est ainsi, très largement, politique de l’économie, et ce au travers de moyens allant des politiques de libéralisation aux guerres colonialistes-impérialistes. Les politiques de l’État visent avant tout à une stimulation de l’économie, et celui-ci prend en charge l’ensemble des investissements nécessaires au fonctionnement optimal du Marché mais néanmoins non-rentables et/ou trop importants pour être réalisés par des capitalistes individuels (infrastructures, maintien de l’ordre, défense militaire, etc.) en contrepartie des impôts et aux autres ponctions de l’État. L’État ainsi développe des infrastructures de circulation (comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) et de communication permettant au processus de valorisation nationale de se réaliser toujours plus vite et donc de rester compétitif au niveau mondial, visant ainsi une « circulation sans temps de circulation » (Marx).
    Si la théorie ne suffit pas à nous en convaincre, l’histoire s’en charge à merveille et il faut le répéter : il ne peut y avoir d’utilisation de l’État comme simple « moyen » en vue de se libérer du capitalisme – et de l’État, comme l’avait cru Lénine et son fameux « dépérissement de l’État » qui n’est jamais arrivé. Cette histoire n’est, on l’a déjà dit, qu’une succession d’échecs aux conséquences toujours plus désastreuses.

    III. État de crise, État d’exception

    « L’espace “juridiquement vide” de l’état d’exception […] tend désormais à coïncider partout avec l’ordre normal » (Giorgio Agamben, Homo sacer, Paris, Seuil, 2016)

    On aurait presque envie, à côté des conservateurs et autres défenseurs de l’ordre établi, de crier au principe de réalité tant les vaines illusions des restes de la social-démocratie de voir resurgir un État social semblent relever de l’aveuglement. Réalité historique autant que systémique, il n’y a rien à espérer, rien à attendre d’une situation dont il serait grand temps de prendre acte. On assiste depuis quelques dizaines d’années à un recentrement de l’État sur ses fonctions de gouvernement de crise de l’économie en crise, laquelle crise de l’économie et du travail s’est approfondie depuis 2008 au point de menacer jusqu’aux classes moyennes des centres capitalistes. Geste s’accompagnant inévitablement d’un renforcement de sa fonction de répression militaro-policière, dévoilant de nouveau par-là même son vrai visage, celui de ses origines, qu’il avait masqué au cours des dites « Trente Glorieuses » et auquel s’accroche désespérément l’altercapitalisme ambiant. Il n’y a plus de croissance, donc plus de droits sociaux, peut-il proclamer tranquillement. Le mensonge n’est pas celui, superficiel, qu’il n’y a plus d’argent, mais celui, fondamental, qu’il faut s’en remettre au dieu économie une fois de plus – et être offerts en sacrifice. Dans une situation économique de crise, on voit l’État se délester progressivement de ses fonctions « sociales » pour se recentrer sur l’essentiel : relancer l’économie, et gérer ses conséquences socialement désastreuses au travers d’une gestion répressive des masses précarisées ou devenues inutiles d’un point de vue économique. L’État-Providence se démasque en État de punition divine des infidèles de l’économie.

    Si la dynamique du capitalisme conduit intrinsèquement à une éviction progressive du travail du procès capitaliste de production, le phénomène a pris une nouvelle ampleur ces dernières décennies. Depuis 40 ans de « troisième révolution industrielle », avec l’introduction de l’informatique, de l’automatisation et de la robotique au sein du processus productif, cette substitution structurelle et tendancielle du travail par des machines-robots a pris une nouvelle dimension. La possibilité d’une substitution complète de certains pans du travail par des machines-robots (caisses automatiques, robots-ouvriers, chaînes de montage entièrement automatisées...) provoque l’explosion du chômage technologique au sein des centres capitalistes, et une stagnation des faibles salaires aux périphéries. La crise économique qui en résulte touche des masses toujours plus grandes d’individus, jusqu’aux métropoles occidentales désormais entourées de zones de concentration des individus exclus du travail, surexploités et/ou particulièrement précarisés.

    C’est dans ce cadre que l’État peut se déployer dans ce qu’il a de plus élémentaire : sa dimension « sécuritaire ». Sécurité de l’État lui-même, sécurité des entreprises et de leur extorsion de plus-value, sécurité des classes bourgeoises et de leurs propriétés, et sécurité-spectacle des citoyens ordinaires aux moyens de patrouilles militaires, et tout cela au détriment des classes populaires et des exclus du capitalisme. La « sécurité » devient une véritable technique de gouvernement sur fond de « guerre au terrorisme », laquelle justifie aux yeux de beaucoup une gestion oppressive des habitants racisés (ou non) des quartiers populaires et des migrants.
    Relancer l’économie, voilà l’idée fixe de ce monde où l’on marche sur la tête tout en se persuadant que c’est la seule façon de marcher. Mais quand l’air devient proprement irrespirable, que l’on se rend compte qu’on ne relancera jamais rien, alors c’est l’État sécuritaire, militaro-policier, répressif, cet État resserré autour de ses fonctions « minimales » de maintien de l’ordre capitaliste, qui s’impose, révélant ce qu’il a toujours été, un monstre froid, une monstrueuse organisation bureaucratique et militaire, un Léviathan.
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    La crise du capitalisme, désastreuse au sein des centres capitalistes, est encore pire à ses périphéries : elle se fait d’autant plus sentir qu’un État est situé en bas de la hiérarchie du système-monde capitaliste. Elle est en grande partie responsable de l’échec des modernisations de rattrapage d’une majorité des anciennes colonies, couplée à un maintien global des hiérarchies du système-monde capitaliste, et donc d’un échange inégal et d’une division inégale du processus international de production. Et cet échec des modernisations de rattrapage, générant une forte crise d’endettement et donc des politiques d’ajustement structurel, a entraîné un délitement des périphéries sous forme de paupérisation générale de leurs populations et/ou d’une multiplication des situations de guerre civile. En conséquence, des contingents toujours plus importants de ces populations se sont enfuis vers des centres en moins piètre état. Face à cette arrivée massive de réfugiés de crise, l’ensemble des États des centres capitalistes ont choisi une politique d’exclusion des non-rentables (en-dehors donc des migrants exploitables d’une manière profitable), une sorte d’ « impérialisme d’exclusion » corolaire d’un « impérialisme de crise ». Les États des centres capitalistes refusent d’une part d’assumer leur responsabilité dans l’effondrement des sociétés des périphéries capitalistes, alors qu’ils sont responsables de l’instauration du capitalisme dans ces sociétés qu’ils ont asservies, pillées, exploitées, racisées, endettées et enfin libéralisées, laissant ainsi des milliers de réfugiés du système-monde capitaliste en crise mourir chaque année à leurs portes. D’autre part, elles se contentent d’interventions militaires dans des périphéries en voie d’effondrement avec un objectif (souvent raté) de maintien de l’ordre mondial et de pillage de ce qu’il reste, aggravant souvent une situation déjà catastrophique. Les États des centres capitalistes se replient ainsi dans leur « forteresse », n’en sortant que pour ces opérations : ils sont des États d’exclusion, d’exclusion des réfugiés de l’économie en crise et de crise, des réfugiés du dérèglement climatique d’origine capitaliste, des réfugiés des guerres internes aux périphéries en voie d’effondrement, des réfugiés des guerres de maintien de l’ordre mondial ou encore des réfugiés du développement. Après avoir imposé au monde entier un mode d’organisation social aux effets dévastateurs, l’impérialisme des centres capitalistes s’en retire très progressivement en laissant derrière lui un désastre économique, social et politique qu’il refuse d’assumer.
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    Les évolutions contemporaines de l’État capitaliste de crise, et notamment son recentrement sur sa fonction policière et son durcissement en tant qu’organe répressif, loin de relever d’un changement de nature de ce dernier, sont plutôt l’affirmation même de ce qui fait sa nature : la violence constitutive du droit et de son maintien. Aux fondements de la souveraineté, qu’elle soit dite démocratique ou non, se trouve celui qui décide de l’état d’exception. L’état d’exception n’est pas une anomalie, ou encore l’opposé de l’État de droit : il est au fondement même de l’État et de son droit. L’État est cette structure capable de suspendre juridiquement son ordre juridique – comme il l’a fait en Allemagne en 1933 –, c’est-à-dire qu’il peut entreprendre des actions extra-constitutionnelles de manière constitutionnelle. Il y a donc, au fondement même de l’État « de droit », sa possible transformation en un « État d’exception » extraordinaire, de crise. Celui de l’état d’urgence depuis 2015 et ses fichés S, ses interdictions de manifestations, ses assignations à résidence, sa police toujours plus violente et sa justice fonctionnant comme machine à enfermer. Celui qui a fait de l’anti-terrorisme un procédé même de gouvernement, celui de l’affaire Tarnac.

    État d’urgence qu’on retrouve aujourd’hui en Turquie, hier dans l’Allemagne pré-hitlérienne de 1930, aux États-Unis à partir de 1941 – permettant l’enfermement dans des camps au milieu du désert de dizaines de milliers de Japonais –, dans l’Italie des années 1970-1980 pour réprimer l’Autonomie italienne, en Syrie depuis 1963… État d’urgence, hier encore, en France et en Algérie coloniale en 1955, 1958 et 1960-1963 – aboutissant aux massacres du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962 –, en Nouvelle-Calédonie en 1984-85 dans l’optique d’une répression du mouvement indépendantiste, en 2005 en Île-de-France dans l’optique de l’écrasement des banlieues insurgées. État de siège (version militarisée de l’État d’urgence), avant-hier, celui de l’écrasement sanglant des ouvriers parisiens en juin 1848, des communards en 1871 ou des Kabyles insurgés cette même année. Demain, après-demain, l’article 16 autorisant une dictature présidentielle temporaire, l’état de siège dans l’optique de réprimer une insurrection populaire ? La frontière entre l’État de droit et celui d’exception est donc relative, poreuse, mystifiante, l’État de droit justifiant l’État d’exception au nom de son maintien. C’est ce que révèle la normalisation de l’État d’urgence, dispositif d’exception dont le prolongement indéfini ne semble en aucun cas perturber l’État de droit. Progressivement, les frontières entre démocratie parlementaire et dictature temporaire se font toujours plus poreuses, l’état d’exception se fondant toujours mieux dans l’état démocratique. Si le cadre constitutionnel nous fournit une vaste prison sociale dans laquelle l’on bénéficie encore d’une relative liberté de mouvement, qu’un état d’exception vienne suspendre cet ordre des choses et voilà les murs de la cage se rapprocher dangereusement. Disons-le, l’État d’exception commence à nous coller à la peau.
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    Mais cet État d’exception extraordinaire, propre aux crises économiques, sociales ou encore politiques du capitalisme, se double d’un état d’exception ordinaire, tout aussi constitutif de l’État moderne mais permanent, et simplement exacerbé en temps de crise. Constitutif de l’État moderne, non comme possibilité souveraine de suspendre légalement son ordre légal, mais comme monopole de la violence sur un territoire et une population donnée. « Le souverain […] se pose légalement en-dehors de la loi » (Agamben) : il faut comprendre cette sentence non comme l’exception de l’État, mais comme règle fondatrice de son appareil policier, militaire et judiciaire, révélant l’État comme une structure de domination arbitraire basé en dernière instance sur ces appareils répressifs. Arrestations, abus, suspension des droits civiques traversent de part en part l’état normal du droit sans pour autant nécessiter de suspension de l’ordre démocratique, révélant ainsi sa nature intrinsèquement répressive. La police illustre parfaitement cet État d’exception ordinaire dont elle est une pièce maîtresse : elle est fondée légalement à entreprendre des actions non-légales lorsqu’elles sont exécutées par des simples citoyens. Les policiers peuvent légalement fouiller, frapper ou encore séquestrer (dans un commissariat) des individus, contrairement aux autres citoyens. La police peut même de facto tuer (300 morts depuis 30 ans pour presque aucune condamnation judiciaire), stade suprême de l’État d’exception légalement fondé, et manifestation du « droit de vie et de mort » constitutif de l’État souverain. La justice n’est pas en reste. Elle est fondée légalement à entreprendre une action illégale lorsqu’elle est exécutée par des simples citoyens : enfermer (dans un établissement carcéral) et extorquer (sous forme d’une amende) des individus. L’État est bien cette coïncidence entre violence et droit dont parlait Agamben. Et cet État d’exception ordinaire s’acharne avant tout sur ceux susceptibles de menacer son ordre stato-capitaliste : militants politiques, participants aux luttes sociales, mais surtout prolétaires racisés de quartiers populaires constitués en zones d’exception permanentes. La hiérarchie raciste et de classe, dont l’État est un défenseur ultime, est ainsi violemment réaffirmée. L’État d’exception ordinaire règne, enfin, au sujet des violences domestiques faites aux femmes, en excluant ces violences de facto du droit, en renvoyant celles-ci au « privé », aboutissant finalement à un laisser-faire des viols et des violences patriarcales au sein du cadre domestique.

    Précisons-le, il ne s’agit pas de revendiquer, on ne saurait comment d’ailleurs, plus de droit et moins d’exception. L’État capitaliste est obligé d’être en partie « de droit » puisqu’il n’y a pas de capitalisme sans droit, sans garantie du respect des contrats, des dettes, des propriétés et des propriétaires. Mais en même temps, et au nom même de cette garantie de l’ordre capitaliste, l’État s’extrait du cadre légal qu’il a de toute façon lui-même créé. L’État d’exception ordinaire est donc un simple défenseur du droit capitaliste, c’est-à-dire de l’État de droit. Il ne faudrait donc pas opposer ces deux formes de l’État : il s’agit d’une seule et même structure se dédoublant de manière complémentaire, de deux faces d’une même pièce, d’un continuum au service de l’ordre capitaliste. L’État de droit en réalité justifie l’État d’exception ordinaire comme son garant nécessaire, de même qu’il justifie l’état d’exception extraordinaire comme son garant en dernier ressort– comme son cas limite.

    Pour en finir avec l’État de crise, l’État d’exclusion, l’État d’urgence, il faut en finir avec l’État d’exception ordinaire comme avec l’État de droit, donc en finir avec l’État, sa politique et son monde capitaliste.

    Comité érotique révolutionnaire

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