person:gérard briche

  • D’une mutation anthropologique
    http://acontretemps.org/spip.php?article565

    Sur les luttes sociales de la fin de l’époque médiévale, les processus d’expropriation qui se développent en Europe à la fin du XVe siècle, la « lutte contre le corps rebelle » et la « grande chasse aux sorcières », les réflexions de Silvia Federici entrent souvent en écho avec les travaux de certains théoriciens classiques de l’École de Francfort, mais aussi avec les théoriciens de la critique de la valeur (Krisis, Anselm Jappe, Gérard Briche, etc.). L’historienne s’efforce de démontrer comment, à partir du XVIe siècle et tout au long du XVIIe, se mettent en place, au nom de la rationalité et du principe de rendement, des politiques étatiques qui bénéficieront, au XIXe siècle, des conditions historiques de leur triomphe avec, notamment, la constitution du mythe de l’État-Nation fonctionnant comme instrumentalisation de l’histoire (le roman national) et de la géographie (le mythe des frontières naturelles). Cette forme d’expression d’une rationalité exclusive et hégémonique – culte du progrès, de l’efficience et de la performance – représente une forme de paradigme que l’on peut tout aussi bien décliner pour comprendre notre époque. Dans la continuité de Marx, Silvia Federici se concentre sur la période anglaise des « enclosures », période durant laquelle les grands propriétaires fonciers clôturent les terres qui appartenaient à la communauté paysanne afin de rentabiliser l’élevage des moutons. Avec les « enclosures » s’amorce, à la fin du XVe siècle, en Angleterre, un mouvement de privatisation des terres qui se développera aux XVIe et XVIIe siècles. Le développement du salariat – et surtout la primauté accordée à la valeur d’échange sur la valeur d’usage, qui induit une relation au travail marquant la fin du monde médiéval – annonce le début d’une ère nouvelle. Cette mutation économique, sociale et idéologique, insiste l’historienne, va aussi transformer, pour les besoins de la rationalisation capitaliste de la production, le corps en « machine-travail » : il sera dès lors « travaillé » par une logique propre au processus de création de la valeur. De plus en plus subordonné « à un procès de travail reposant sur des formes uniformes et prévisibles », le corps « pourra donc devenir un outil s’ouvrant aux infinies possibilités des manipulations uniformes et prévisibles ». Cette mutation va de pair avec la création d’un État dont Hobbes fut, avec son Léviathan, le théoricien.

    #histoire #anthropologie

  • « L’avenir d’une illusion : l’identité nationale », par Gérard Briche - Critique radicale de la valeur
    http://www.palim-psao.fr/article-l-avenir-d-une-illusion-l-identite-nationale-par-gerard-briche-12

    Il me semble cependant qu’antisémitisme et « souverainisme » coulent de la même source : la croyance en une identité nationale, en un Etat-nation qui serait le territoire d’un peuple. Ce qui constituerait le fondement, tant d’un « euroscepticisme » hostile à une supranationalité européenne, que d’une méfiance, voire d’une haine, pour les Juifs, désignés comme une engeance apatride et pour cette raison, incapables de s’intégrer à quelque peuple que ce soit. Il serait certes exagéré d’assimiler les « eurosceptiques » aux fachos. Mais l’antisémitisme, par exemple, est sans aucun doute une menace latente de nos sociétés, et comprendre les raisons de sa réapparition, dans des contextes parfois inattendus, est l’un des objets du texte qui suit.

    #nation #souverainisme #identité-nationale #extrême-droite #antisémitisme

  • l’être-pour-le-travail est redoublé par un être-pour-le-vote.

    « De l’homme considéré comme un être-pour-le-vote », par Gérard Briche - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-de-l-homme-considere-comme-un-etre-pour-le-vote-par-ger

    En effet, la suppression des privilèges a eu pour conséquence d’abolir ce qui était une « soustraction aux contraintes » d’une partie de la société. Ainsi, la contrainte de travailler ne s’appliquait pas aux nobles auxquels cela leur était interdit, sous peine de perdre leur qualité et de « tomber dans la roture » (ce qui du reste scandalisait une partie des philosophes des Lumières). La liberté de tous de pouvoir travailler, comme l’égalité de tous devant la nécessité de travailler, avait légitimement l’aspect d’une mesure démocratique. Chacun était désormais libre de mettre en œuvre ce dont il disposait pour augmenter la richesse sociale. Il est vrai que pour ceux qui possédaient des moyens de production, cette « nécessité de travailler » prenait la forme d’une « nécessité de faire travailler » ceux qui n’avaient en revanche que leur puissance de travail. Le progrès démocratique que constituaient la liberté et l’égalité de tous fut aussi le déchaînement des forces productives sociales, illustré par l’accroissement rapide de la richesse au XIXe siècle.

  • « De l’homme considéré comme un être-pour-le-vote », par Gérard Briche - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-de-l-homme-considere-comme-un-etre-pour-le-vote-par-ger

    « Voter est un droit ; c’est aussi un devoir civique » : heureusement, cette formule n’est pas adossée à des dispositions judiciaires (le refus de vote n’est pas un délit, en tout cas pas en France). Mais c’est l’un des arguments fallacieux utilisés pour justifier la participation aux élections, voire pour la présenter comme une obligation citoyenne. Certes, le suffrage universel, dans ses modalités actuelles, n’a été obtenu qu’au terme d’un processus conflictuel de plusieurs dizaines d’années. Mais le considérer comme un « acquis démocratique » qu’il serait insultant pour ceux qui se sont battus pour lui de ne pas exercer, relève, pour le moins, d’une vision un peu courte de la Révolution française et de ses effets.

  • Version audio de l’entretien avec Gérard Briche autour du livre de Robert Kurz, « Vies et mort du capitalisme » - Critique radicale de la valeur
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-version-audio-de-l-entretien-de-gerard-briche-et-igor-m

    Dans le cadre des rencontres Cité-Philo à Lille, le vendredi 25 novembre 2011, Robert Kurz devait présenter son ouvrage « Vies et mort du capitalisme. Chroniques de la crise », récemment publié chez les éditions Lignes. Malade, il n’a pu hélas se rendre à cette rencontre.
     
    L’évènement autour de cet ouvrage n’a pourtant pas été annulé, le philosophe Gérard Briche, très bon connaisseur de la critique de la valeur et excellent pédagogue, a fait une présentation de l’ouvrage et des principales thèses - parfois difficiles au premier abord et donc plus facile à comprendre à l’oral - de la critique de la valeur, et plus particulièrement les thèses de Robert Kurz (différentes de celle de Moishe Postone au sujet de la théorie de la crise/limite interne propre aux milieux notamment germanophones).
     
    Je rappelle ici que la critique de la valeur est seulement une mouvance internationale de discussion qui s’appuie sur des revues et des livres mais n’est d’aucune manière une organisation au sens groupusculaire du terme avec une ligne théorique commune, sur certains points la diversité des positions entre ces auteurs est donc également présente. 
     
    La version audio de la rencontre de Lille est déjà mise en ligne ici sur le site des rencontres Cité-Philo (voir au bas de cette page en lien).
     

     
    Bonne écoute !
     
    P.P.

    http://citephilo.org/assets/recordings/Le_temps_des_catastrophes.mp3