Du viol dans un grand hôtel
Voilà : elle était femme de ménage dans un grand hôtel au cœur de Paris depuis six mois. Elle était en train de nettoyer la salle du hammam, car il y en a un, avec des cabines pour les hommes et pour les femmes. Baissée et dos tourné pour passer la serpillière, elle n’a pas vu venir un homme jaillir d’une des cabines, nu et qui l’avait attrapée par derrière, elle s’était aussitôt retournée et débattue, mais c’était le grand directeur de l’hôtel en personne, M. Hatt.
C’était vraiment pas facile à raconter…
« – Vous voulez que j’appelle une collègue ? » lui demandais-je ?
Elle me lança un regard étonné :
» – Je suis allée à la police. Comment vous dire, quand il a fallu que je raconte, il y avait quatre agents autour de moi, je me suis sentie mal. Merci, mais avec vous, j’ai davantage confiance, vous savez, je suis née algérienne, ça se voit, la police, elle ne m’entend pas quand je parle. »
Elle reprit son récit : Hatt, le patron avait tenté de l’intimider tout en continuant à la forcer. Il lui disait qu’il la paierait bien, qu’elle aurait une prime tout en la pelotant. Il essayait de lui faire toucher son sexe. Comme elle était forte, elle l’avait emporté et était sortie, épuisée de ce combat. D’abord, elle n’avait pas osé se plaindre, puis en parlant avec deux collègues, elle avait eu le courage d’aller au commissariat.
Là, ça s’était mal passé. Elle en était ressortie découragée. Tout juste si celui qui prenait sa déposition ne la contestait pas au fur et à mesure. Elle n’avait pas eu d’écho de sa plainte. Elle s’en était ouverte à la DRH qui l’avait aussitôt traitée de menteuse. Puis, elle venait de recevoir une lettre de licenciement pour faute : « avoir tenu des propos insolents à l’égard de son employeur ».
– Le blog de Gérard Filoche
►http://www.filoche.net/2011/05/18/carnets-dun-inspecteur-du-travail