person:geneviève fraisse

  • Geneviève Fraisse : « Maintenant, c’est la question du corps des femmes qui est au cœur de l’émancipation » | Le Média
    https://lemediapresse.fr/societe/genevieve-fraisse-maintenant-cest-la-question-du-corps-des-femmes-qui-
    https://i1.wp.com/lemediapresse.fr/wp-content/uploads/2019/03/Courbet.jpg?fit=840%2C523&ssl=1

    Il faut donc en racheter, cela fait double marché ! La vieille marxiste que je suis s’est rappelée que l’exploitation des femmes et leur domination passe par la matière. C’est extrêmement intéressant pour le capitalisme d’avoir cette possibilité de différencier les hommes et les femmes. Il y a donc le problème de l’invariant anthropologique, celui d’être fasciné par la domination en oubliant l’émancipation, et enfin l’enjeu économique. Cette époque a donc connu un trou d’air. Puis, tout a été bouleversé avec l’explosion de #MeToo. Car derrière le contrat social, il existe un impensé sexuel : le corps des femmes est à la disposition des hommes. C’est un peu plus sérieux que les images dites oppressives. Les corps dénudés que nous voyons sur les abribus ou ailleurs ne sont qu’un détail de cette histoire. Carole Pateman, explique tout cela magnifiquement dans Le Contrat sexuel (1988, La Découverte 2010) que j’ai fait traduire en France il y a une dizaine d’années. Il y a la structure patriarcale tenue par le père ou le roi, et l’impensé du corps des femmes.

  • Geneviève Fraisse, philosophe de la pensée féministe

    https://www.youtube.com/watch?v=1m3zQkotlko&ut=

    Qui parle de sexisme, de s’assurer que le pouvoir symbolique rste bien masculin, de l’importance symbolique du pouvoir et donc de la gravité des actes des membres de la ligue du LOL et assimilé.

    « Complètement sidérée » par l’affaire de la #Ligue_du_LOL, Geneviève Fraisse estime qu’avec #MeToo, les femmes ont eu les moyens de porter leurs témoignages par leurs capacités économiques et sociales, ce qui n’était pas le cas de celles harcelées par ce groupe de journalistes et communicants. Philosophe de la pensée féministe, Geneviève Fraisse était vendredi l’invitée du grand entretien de Nicolas Demorand à 8h20. Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.franceinter.fr/emissions...

    #sexisme #harcèlement #harcèlement #culture_du_viol

  • Table-ronde Averroès. 1 - Ce que les textes fondateurs disent des relations entre les sexes
    https://www.youtube.com/watch?v=8bMB_0cyYHU


    je l’écoute présentement les 47 premières minutes sont très dispensables. Ca veux pas dire que c’est interessant à partir de 47mins, c’est juste que j’en était là. Après écoute complète c’est des culs bénis des trois religion de la bible qui vendent leur mauvaise soupe.
    Table-ronde Averroès. 2 - Ces imaginaires de la sexualité et de la virilité qui gouvernent nos sociétés
    https://www.youtube.com/watch?v=ekdPXnok7-o

    La seconde partie est plus interessante. Moins de religieux et plus de Geneviève Fraisse
    #religions #sexisme #patriarcat

    • https://www.youtube.com/watch?time_continue=4656&v=pjZr7YMJQJA


      Troisième partie ce matin, discutions sur le voile avec un macho bien grossier qui se prend pour un progressiste (Mohamed Kerrou) et qui explique qu’il y a des avancées de genre puisque le premier bordel hallal à ouvert en Arabie saoudite et qui explique plus tard qu’il y a deux type de voile, le premier que portent selon lui la très grande majorité des femmes musulmanes est comme un petit chapeau qui montre plus qu’il ne cache et il est un objet de mode et qui est formidable et l’autre je sais pas parce que j’étais trop colère pour écouter la suite mais j’imagine que l’autre c’est celui qui le fait pas bander et qui est pas à la mode mais que heureusement peu de femme portent selon lui.

      A part ca la plus part des intervenantes sont dans un aveuglement assez frappant, et la discutions est très pauvre sans nuances tout en déclarant etre nuancée. Le voile c’est la liberté dit Ghania Mouffok car sans lui les femmes seraient enfermés chez elles et en plus c’est formidable car même voilées les femmes restent à la mode ! Elle dit aussi que c’est un progrès par rapport à ce qui se faisait avant, mais pour le avant on saura pas de quand elle parle car il se trouve que les générations précédentes avaient abandonnées le voile.

      Leïla Tauil fait un petit historique des féminisme du sud de la mediteranée au début. Elle veux montré que le féminisme est une émanation populaire et originaire des pays concernés et non une importation de l’occident comment veulent le faire croire les medias, politiques, religieux et masculinistes divers et variés.

      Il y a seulement Zeynep Direk qui rappelle que maintenant en Turquie son refus de porté le voile lui vaut une interdiction de donner des cours et que le voile est devenu une obligation imposé par les hommes car si leur épouse n’est pas voilée leurs frères leur refuse un emploi à eux.

    • La dernière partie
      Genres et sexualités entre rêves et cauchemars
      https://www.youtube.com/watch?v=-I-Be5C4NOo

      Je relève l’histoire du calife Hackim raconté par Mohamed Kacimi, qui au XIeme siècle a fait interdire aux cordonniers de fabriquer des chaussures pour les femmes. Les cordonniers qui enfreignaient cette loi était punis de 80 coups de fouets.
      Je pense qu’il doit s’agir de Al Hakim bi Amr Allah
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Al-Hakim_bi-Amr_Allah
      Mohamed Kacimi est la seule personne qui ose dire que la raison d’être des religions est la discrimination des femmes.

      #misogynie

  • « L’émancipation des femmes est une histoire sans fin », Geneviève Fraisse
    https://www.lemonde.fr/series-d-ete-2018/article/2018/07/18/l-emancipation-des-femmes-est-une-histoire-sans-fin_5332905_5325920.html

    Le capitalisme, catalyseur de la domination masculine

    Quant à la hiérarchie des sexes, elle semble plus pérenne, exactement constante, ayant toujours été déjà là. Et les luttes qui s’y opposent, toujours partielles, envisagent rarement un objectif de rupture définitive, elles dessinent au mieux un horizon imaginé. A moins que les travaux récents ne fournissent des explications plus circonstanciées quant aux causalités. Deux m’intéressent, toutes deux liées à la modernité, celle qui suit la pensée du contrat social et celle qui réexamine la fonction des sorcières.

    Dans les deux cas, on rencontre le développement du capitalisme comme catalyseur de la domination masculine. Carole Pateman démontre dans Le Contrat sexuel que ce dernier est un soubassement implicite du contrat social tel qu’il est pensé à partir du XVIe siècle. Ainsi, c’est moins le droit du père, le patriarcat au sens strict, qui est renouvelé dans la pensée moderne que la mise à disposition du corps des femmes, dispositif social sans conceptualisation politique. Mise à disposition sauvage qui fait de ce corps, des corps féminins, une matière à utilisation autant sexuelle qu’économique.

    Dans Caliban et la sorcière, Silvia Federici, reprenant l’histoire de la chasse aux sorcières des débuts de l’ère moderne en Europe, montre les liens avérés entre la fin du féodalisme, la naissance du capitalisme et la discipline des corps, des corps féminins en particulier. Ces deux interprétations de la réorganisation d’une société, la nôtre, concourent à désigner une temporalité de la domination masculine comme une étape précise dans l’Histoire. Mais, c’est clair, ce n’est en rien un début, un commencement, plutôt un moment qui montre, à mes yeux, que les sexes font l’histoire (contrairement à celles et ceux qui croient à l’atemporalité du rapport sexuel, et du genre en général).

    « L’esprit n’a point de sexe »

    En revanche, il y a un commencement de la révolte de ces corps, qu’on découvre d’abord comme êtres de raison. Ce passage est rendu possible par le concept politique d’égalité que le XVIIe siècle remet en lumière grâce au philosophe Poulain de la Barre. « L’esprit n’a point de sexe », dit-il. Alors, toutes les égalités sont possibles entre les deux sexes. Assertion logique, et optimiste. Le mouvement féministe qui se déploiera avec le XIXe siècle en est l’expression historique.

    #femmes #patriarcat #histoire #capitalisme #égalité

  • Les cheminots devant les locaux de BFMTV
    https://lemediapresse.fr/social-fr/les-cheminots-devant-les-locaux-de-bfmtv
    https://i0.wp.com/lemediapresse.fr/wp-content/uploads/2018/04/DZ28W3lXUAIjfxA-2.jpg?resize=1280%2C640&ssl=1

    Les diffuseurs de fake news ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Aussi l’exécutif devrait-il surveiller d’un peu plus près la première chaîne d’information en continue autoproclamée. Leur traitement des mobilisations sociales, entre analyses bâclées et éditos partiaux, pose question à plus d’un titre.

    C’est pour protester contre le traitement (encore une fois) très douteux de la grève des cheminots par BFMTV, que ces derniers ont décidé d’investir les locaux de la chaîne. « BFMenteurs », pouvait-on apercevoir sur la banderole affichée devant ces mêmes locaux. Il faut dire que BFM, que l’on sait régulièrement hostile aux mouvements sociaux, n’hésite pas à piocher ses terminologies dans un répertoire lexical qui laisse peu de doute quant au regard qu’entretient la rédaction sur les mouvements sociaux. En effet, elle n’hésite pas à parler de « prise d’otage », par l’intermédiaire d’un usager interrogé dans le RER. Tellement « pris en otage » que ces pauvres bougres seraient contraints de prendre les RER « d’assaut ». Réalisons bien, tout de même, que si ces termes devaient appartenir à un champ lexical, ce serait celui de la guerre, ou de l’opération commando, au choix.

    Symboliquement, c’est comme faire passer le mouvement pour violent, alors même que celui-ci a pour but de lutter contre la violence sociale dont il est présentement la victime. Un comble de malhonnêteté intellectuelle donc…

    Malheureusement, pour BFM, ces manifestations, ces grèves, n’ont pas lieu d’être. Les cheminots ne seraient rien d’autre que des « râleurs ». Ainsi sont-ils nommés par Eric Brunet, un des éditorialistes de la chaîne… D’ailleurs, si l’on croit Apolline de Malherbe, manifestement repeinte en prophète, les « Français seraient pour la suppression du statut des cheminots ». Ne soyons pas dupes, Apolline de Malherbe n’est pas un prophète, elle se réfère seulement au dernier sondage Ifop, stipulant que seulement 46% des Français seraient favorables aux mobilisations… Il est vrai que chez BFM, ils sont toujours prompts à donner aux sondages la valeur d’une enquête sociologique, voir d’un scrutin électoral. Et quand bien même, sans sondage, peut-on aujourd’hui compter le nombre de fois où fut entendu « les Français pensent que… »

    Il semblerait aussi que Jean-Luc Mélenchon aurait été exfiltré de la mobilisation sous les insultes. Lorsqu’il devient possible de discréditer deux mouvements et faire ainsi d’une pierre deux coups, pourquoi s’en priver ? D’un côté les cheminots ne seraient ainsi que des bœufs ne connaissant nulle autre méthode de protestation que la violence et, de l’autre, Mélenchon se fait rejeter par ceux qu’il prétend défendre… L’occasion de diffuser une telle « fausse information » était trop belle.

    Maintenant, si l’on récapitule un peu ce qui caractérise le travail « journalistique » de BFM sur le sujet, nous avons : des fake news, un micro-trottoirs bâclé et pernicieux, des pseudo-analyses venant de pseudo-experts pour délégitimer la grève. Tout semble organisé pour traîner le mouvement dans la boue, faisant passer les cheminots pour des « nantis », pour des « privilégiés ». Aucune clémence ni l’ombre d’une empathie semble être exprimé à leur égard. Les avis contraires semblent y avoir une place très restreinte voir inexistante. BFM n’a d’ailleurs aucunement fait mention des cheminots qui se sont mobilisés devant leurs locaux.

    Ils étaient pourtant bien présents hier matin pour exprimer leur profond désaccord avec la chaîne, dénonçant le traitement particulièrement péjoratif dont ils font l’objet.

  • @raspa Dans la suite de notre discussion de l’autre jour, un article intéressant sur la « zone grise » (un docu vient d’être réalisé pour France 2) :

    « Depuis toujours, il arrive aux jeunes femmes de ne pas consentir à des rapports sexuels et d’y céder malgré tout, décrit la voix-off au début du docu. Souvent à leur entrée dans la sexualité, les filles vivent ces agressions sans menace physique, sans violence ou sans cri. Où se trouve, alors, la limite avec le consentement, la limite avec le malentendu, la limite avec le viol ? »

    Dans l’article il est rappelé l’expression de Nicole-Claude Mathieu, qui parle de « céder sans consentir », ce que je trouve très juste. Surtout, le documentaire a été précédé d’un documentaire radio, (que je t’avais raconté je crois) à retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/le-consentement

    . Il est une parfaite description de cas où les filles ne savent pas trop à quoi s’attendre, ne sont pas sûres de ce qu’elles veulent elles (parce qu’elles n’ont pas appris à le savoir, et qu’elles sont jeunes), ne sont pas sûres d’avoir le droit de dire non et de refuser (parce que là non plus, on ne leur a pas franchement appris... et qu’on n’a pas appris à leurs agresseurs à respecter la fille en face !). Au final, elles vivent des rapports sexuels imposés qui jamais ne seraient reconnus comme des viols devant les tribunaux, malgré la grande violence de ce qu’elles ont subies.

    L’article revient beaucoup sur les débats autour de cette notion de « zone grise », c’est vraiment intéressant :

    Autre défaut du terme, pointé par la philosophe Geneviève Fraisse : puisqu’il donne l’impression que les choses sont compliquées, il arrange bien les agresseurs. « Ils sont ravis les dominants avec ce terme, qui leur donne bonne conscience », avance-t-elle. Pour cette historienne de la pensée féministe, parler de « zone grise », c’est encore une fois donner l’impression que les femmes ne savent pas ce qu’elles veulent. « Bien sûr que si, les femmes savent ce qu’elles veulent ! Quand elles cèdent, c’est parce qu’elles savent qu’elles sont face à “la bourse ou la vie”, c’est un rapport contraint où elles ont choisi la vie sur la bourse », nous dit-elle

    Une gynéco interviewée dans l’article a une position très intéressante je trouve :

    Emmanuelle Piet, gynécologue et présidente du Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV), utilise elle aussi le terme de viol - tout en précisant que dans le cadre de ses consultations, quand ses patientes évoquent des violences sexuelles, elle prend soin de décrire l’acte comme la femme le décrit, pour ne pas leur imposer un terme.

    « Je propose souvent à mes patientes violentées par leur partenaire un certificat médical de contre-indication au rapport sexuel. Ça marche très bien, ça leur permet de comprendre des trucs. Quand elles reviennent, elles disent "c’est bien je me suis reposée" ou bien "vous vous rendez compte, il l’a fait quand même". » Autre arme : le lubrifiant. La médecin conseille d’en appliquer, pour éviter que les rapports soient douloureux. « Certaines reviennent me voir et me disent "il m’a dit qu’il aimait pas quand j’ai pas mal". Et là, elles comprennent des choses. »

    D’autres réflexions sur la question du vocabulaire :

    Delphine Dhilly évoque le terme anglais de date rape et regrette qu’« en français, on n’ait pas de terme comme ça ».

    La féministe Valérie Rey, qui blogue sous le nom de Crêpe Georgette, propose, elle, le terme de « sexe coercitif », notamment utilisé dans la littérature anglo-saxonne. « Le sexe coercitif, c’est ce mec qu’on a toutes connues, qui insiste, qui te dit qu’au moins tu pourrais lui faire une fellation, que sinon ça veut dire que tu ne l’aimes pas, etc. Dans ce cas, tu as la possibilité de dire non, mais les constructions sociales font que dans beaucoup de cas, tu vas céder. Pour moi, à partir du moment où un consentement explicite a été donné, il ne s’agit pas de viol au sens juridique, mais de sexe coercitif. »

    En anglais, on trouve ainsi cet article du site féministe Bustle qui interroge la nature d’un « oui » énoncé sous la contrainte et décrypte « cinq types de coercition sexuelle ». Si vous avez des rapports parce que vous pensez que c’est votre devoir ; parce que vous avez été menacé-e ; parce qu’on vous a culpabilisé ; parce qu’on vous a persuadé de boire de l’alcool ; parce que vous avez peur de mettre en colère votre partenaire. Un nouveau champ de réflexion à explorer ?

    Et pour finir, ce témoignage glaçant d’un garçon. On a beau le savoir, c’est pas toujours marrant de se rappeler la longueur du chemin qui reste à parcourir...

    Dans leur documentaire, Delphine Dhilly et Blandine Grosjean ont également interviewé quelques garçons, croisés à la plage ou lors de festivals, sur leur rapport au consentement. Dont ce témoignage, qui en dit plus en quelques mots que tout un livre de sociologie :

    « Ça m’est déjà arrivé d’être dans cette situation où je veux aller plus loin et elle non, on a fait la première partie et elle est là "ah, mais non, je peux pas". Donc je l’ai relancé, et au petit matin, j’ai eu ce que je voulais.(...) Dès qu’on me dit non, ça me motive encore plus d’y aller. (...) Pour moi le "non" d’une fille c’est limite, pas excitant, mais ça me motive en tout cas. »

  • La Marche 2 | La Poudre
    https://soundcloud.com/nouvelles-ecoutes/la-poudre-episode-documentaire-la-marche-2?in=nouvelles-ecoutes/sets/la-poudre

    Au micro de Lauren Bastide : Geneviève Fraisse, philosophe et “sismographe” de l’histoire de la lutte féministe, Anaïs Pinay et Coline Merlo du collectif La Griffée (balancetontheatre.wordpress.com), Marie Hermann, éditrice et fondatrice de la maison d’édition féministe Hors d’atteinte (twitter.com/hors_d_atteinte) et Sandra Sainte Rose Fanchine, chorégraphe afro féministe de la parade 30 nuances de noir(es) (fr-fr.facebook.com/30nuancesdenoires/). Et des dizaines de militantes et marcheuses rencontrées dans les manifestations féministes. Source : Nouvelles Écoutes

  • « De l’éducation des femmes » : la réponse de Laclos au « droit d’importuner »
    https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20180113.OBS0585/de-l-education-des-femmes-la-reponse-de-laclos-au-droit-d-import

    Geneviève Fraisse est philosophe et spécialiste du féminisme. Pour BibliObs, elle analyse le mouvement #metoo et la désormais célèbre tribune sur "le droit d’importuner". En invoquant un féministe qu’on n’attendait pas : l’auteur des "Liaisons dangereuses".

    Au moins, c’est direct. « Venez apprendre comment, nées compagnes de l’homme, vous êtes devenues son esclave ; comment, tombées dans cet état abject, vous êtes parvenues à vous y plaire, à le regarder comme votre état naturel. »

    Mais quelle militante hystérique du deuxième sexe a le culot de répondre ainsi à la tribune récemment cosignée par Catherine Deneuve et Catherine Millet, où cent femmes ont réclamé « le droit à être importunées » par des hommes ? C’est l’auteur des « Liaisons dangereuses ».

    Ces lignes, on les trouve en effet au début d’un petit livre de Choderlos de Laclos, intitulé « De l’Education des femmes », qui vient d’être réédité aux Equateurs avec une préface de la philosophe Geneviève Fraisse, spécialiste du féminisme. Voilà qui méritait bien un entretien fouillé sur les débats et polémiques en cours.

    BibliObs. La désormais célèbre tribune défendant le « droit à être importunée » a fait couler beaucoup d’encre...

    Geneviève Fraisse. Ce qui s’est passé cet automne, avec l’affaire Weinstein et #Metoo, c’est un événement au sens historique du terme, un événement avec un E majuscule. Ce qui me désole le plus dans cette tribune, c’est de constater à quel point ses signataires sont hors de ce temps-là, peu curieuses finalement de ce qui est en train de se jouer sous nos yeux. Mais qu’on ne s’y trompe pas : les arguments que les signataires utilisent datent des lendemains de la Révolution française, du début de l’ère démocratique... La contradiction entre libertinage et droit des femmes est un lieu commun, encore aujourd’hui. C’est donc une ritournelle philosophique, un marronnier idéologique.

    • Ce qui change aujourd’hui, c’est que les femmes ont conquis l’espace public, même si la parité est loin d’être atteinte. Pourtant, leur prise de parole publique et massive effraie.

      L’affaire Weinstein et la vague #metoo n’aurait pas pu se produire il y a quinze ans. On est arrivé à un point de bascule où les femmes ont gagné suffisamment de pouvoir et surtout d’indépendance économique pour faire nombre et être audibles. Pourquoi l’affaire Weinstein crée-t-elle cette révolution mondiale ? Parce qu’on a eu des femmes, puissantes, connues, avec accès aux médias, des femmes qui parlent. Ajoutons la caisse de résonance des réseaux sociaux. Tout d’un coup, on entend cette parole qu’on n’avait jamais voulu entendre et qui pourtant existait déjà. Forcément, tout ceci effraie. Comme dans tout mouvement historique.

  • Habiter la contradiction : usages et colportages de la pensée de Geneviève Fraisse
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2018/01/03/habiter-la-contradiction-usages-et-colportages

    Ces journées d’étude Habiter la contradiction : usages et colportages de la pensée de Geneviève Fraisse seront l’occasion de revenir sur l’apport philosophique des études de genre développées en France, d’assumer la réappropriation des discours comme pratique émancipatrice à partir de la logique non dogmatique et de l’exigence de remise en question permanente des concepts.

    Nous proposons trois axes principaux pour orienter les contributions des participant·e·s :

    1-Historicité : contretemps dans le féminisme
    2-Lignée : construction de généalogies, jeu d’appropriation et de réappropriation des concepts, des discours
    3-Emencipation

    #appel_à_participation #féminisme #historicisation #femmes

  • Les droits de l’homme (3/4) : …Et des femmes ?

    https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/les-droits-de-l-homme-34-et-des-femmes

    C’est assez souvent bien France Culture, dommage qu’ils se sentent obligés de donner une antenne à Finkielkraut

    Le droit a-t-il un sexe ? Geneviève Fraisse retrace aujourd’hui la longue histoire de la conquête féminine des droits, véritable incorporation de l’universel.

    #droits_humains

  • Violences infligées aux femmes : « Nous exhortons le gouvernement à revoir sa copie »
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2017/12/02/violences-infligees-aux-femmes-nous-exhortons-le-gouvernement-a-revo

    Tribune. Un collectif de 100 personnalités demande au président d’augmenter le budget alloué à la lutte contre les violences faites aux femmes.

    #Féminisme

    • Tribune. Samedi 25 novembre, Emmanuel Macron l’a juré, les femmes seront bien la grande cause nationale de son quinquennat. Il a également annoncé son plan d’action pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Un discours qui se voulait symboliquement fort et promeut plusieurs mesures nouvelles, telles dix unités de psycho-traumatologie dans les centres hospitaliers ou l’augmentation des délais de prescription pour les mineurs, et reprend également des mesures existantes, comme la formation des professionnels (inscrite dans la loi depuis 2014), l’interrogation des pratiques des professionnels de santé (protocole du 5 novembre 2014) ou l’arrêt des bus de nuit à la demande (juillet 2015). Sauf que ces mesures ne sont accompagnées d’aucun financement supplémentaire.

      Le budget du secrétariat d’Etat sera « sanctuarisé à son plus haut niveau », 30 millions d’euros. En 2017, il était de 29,81 millions d’euros. Les féministes mesurent l’effort sans précédent… Les crédits interministériels dédiés à l’égalité femmes-hommes passent de 400 millions à 420 millions d’euros. Bonne nouvelle ! Mais là encore, il y a un loup : seuls 15 % de ces crédits sont consacrés à la lutte contre les

      violences. Ajoutons que les 20 millions supplémentaires reprennent des actions qui sont déjà effectuées, qui seront désormais labellisées « égalité ».

      AUCUNE AUGMENTATION DU BUDGET DÉDIÉ AUX DROITS DES FEMMES NI AUX VIOLENCES, DES ANNONCES NON FINANCÉES. C’EST CE QUI S’APPELLE UNE OPÉRATION DE COMMUNICATION

      Il s’agit donc bien d’un tour de passe-passe budgétaire. Aucune augmentation du budget dédié aux droits des femmes ni aux violences, des annonces non financées. C’est ce qui s’appelle une opération de communication. Comment peut-on se contenter de si peu face à la réalité des violences infligées aux femmes dans notre pays ? 93 000 femmes adultes victimes chaque année de viol et de tentative de viol, 220 000 victimes de violences conjugales ou intrafamiliales, 550 000 victimes d’agressions sexuelles…

      Deuxième angle mort, le travail. 25 % des agressions sexuelles ont lieu au travail, où les rapports de domination se cumulent avec le lien de subordination et le risque de perdre son emploi pour les victimes qui auraient le courage de briser le silence. Les syndicats et les associations proposent des mesures à intégrer dans la loi, pour sanctionner les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations de prévention et pour protéger les femmes victimes de violences. Ajoutons que le gouvernement supprime avec ses ordonnances les seuls outils de prévention au travail, les CHSCT.

      Des annonces très en deçà de l’enjeu

      Au niveau international, nous avons réussi à imposer à l’ordre du jour de l’Organisation internationale du travail, en juin prochain, l’examen d’une norme contre les violences et le harcèlement. Le contenu et la portée de cette norme dépendront de la position des Etats, aussi est-il regrettable qu’Emmanuel Macron n’en ait pas dit un mot samedi. Ce, d’autant que pour l’instant, la position de la France est… étonnante : elle refuse que les violences fondées sur le genre soient identifiées spécifiquement dans cette norme.

      Mais, que l’on se rassure, il y aura une session de rattrapage. Emmanuel Macron l’a dit, il s’agit de premières annonces. Et heureusement, parce qu’aujourd’hui le compte n’y est pas, face à l’ampleur des violences sexistes et sexuelles.

      D’ici là, nous exhortons le gouvernement à revoir sa copie et à prendre en compte, sans anathème, chantage ou pression sur aucune d’entre nous, les critiques des féministes. Nous demandons une augmentation budgétaire au moins équivalente à ce que l’Espagne a débloquée – à savoir 1 milliard d’euros sur cinq ans – associé à une loi-cadre contre les violences permettant notamment de transposer dans le droit français la Convention d’Istanbul [sur la prévention et la lutte contre les violences à l’égard des femmes et la violence domestique, ratifiée en 2014].

      Le respect du débat démocratique impose que l’on accepte, surtout sur un sujet si important, que ces annonces soient passées au crible, vérifiées, confrontées à la réalité et dénoncées pour ce qu’elles sont : très en deçà de l’enjeu et de l’urgence.

      Les signataires : Ludmila Acone, historienne ; Ana Azaria, présidente de Femmes Egalité ; Anne Baltazar, syndicaliste ; Christine Bard, historienne ; Marie-Noëlle Bas, présidente des Chiennes de garde ; Françoise Basch, professeur émérite à l’université Denis-Diderot ; Francine Bavay, présidente de SOS Femmes Alternative, centre Flora-Tristan ; Delphine Beauvois, auteure de littérature de jeunesse ; Maude Beckers, avocate ; Fatima Benomar, coporte-parole des Effronté-e-s ; Savine Bernard, avocate ; Eric Beynel, co porte-parole de Solidaires ; Gérard Biard, président de Zeromacho ; Agnès Bihl, chanteuse ; Sophie Binet, pilote du collectif Femmes mixité de la CGT ; Rita Bonheur, présidente de l’Union des femmes de Martinique ; Catherine Bloch-London, militante féministe ; Emmanuelle Boussard-Verrecchia, avocate ; Marie-Laure Brival, gynécologue-obstétricienne, chef de service Maternité des Lilas ; Michel Bozon, sociologue ; Geneviève Brisac, écrivaine ; Carole Cano, syndicaliste CFE-CGC ; Pascale Carayon, féministe ; Coline Cardi, sociologue ; Marie -France Casalis, porte-parole du Collectif féministe contre le viol ; Marie Cervetti, militante féministe ; Carole Chotil-Rosa, militante féministe ; Annick Coupé, syndicaliste ; Saïd Darwane, conseiller national UNSA ; Madeline Da Silva, militante féministe et des droits de l’enfant ; Michèle Dayras, présidente de SOS-sexisme ; Laurence De Cock, historienne ; Caroline De Haas, militante féministe ; Christine Delphy, sociologue ; Monique Dental, présidente du réseau féministe Ruptures ; Héloïse Duché, militante féministe ; Sylvia Duverger, blog « Féministes en tous genres » ; Eric Fassin, sociologue ; Christine Fauré, historienne ; Aude Fiévet, association Le monde à travers un regard ; Léa Filoche, militante féministe ; Geneviève Fraisse, philosophe ; Jean Gadrey, économiste ; Nicole Gadrey, sociologue ; Valérie Ganne, journaliste, auteure ; Sigrid Gérardin, secrétaire nationale de la FSU ; Cécile Gondard-Lalanne, coporte-parole de Solidaires ; Clara Gonzales, initiatrice du « 06 anti-relous » ; Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU ; Véronique Haché, directrice Générale d’Autolib’ et de Vélib’ métropole ; Anaïs Haddad, coprésidente des Effronté-e-s ; Clémence Helfter, dirigeante de l’UGICT-CGT en charge de l’égalité F-H ; Alice Heyligers, ancienne militante du MLF ; Helena Hirata, sociologue ; Violaine Husson, responsable des questions de genre à la Cimade ; Clara Jaboulay, présidente de l’Union nationale lycéenne ; Marie-Anne Juricic, sociologue ; Danièle Kergoat, sociologue ; Annie Lahmer, féministe ; Mathilde Larrere, historienne ; Sandra Laugier, philosophe ; Lilâ Le Bas, présidente de l’UNEF ; Elisabeth Leininger, psychopraticienne ; Yannick Le Quentrec, sociologue ; Séverine Lemière, économiste ; Elliot Lepers, chef d’entreprise ; Florence Lhote, présidente de l’Association entraide et mouvement des femmes ; Sylvie Liziard, secrétaire nationale UNSA ; Raphaëlle Manière, délégation droit des femmes du CESE ; Marie-Thérèse Martinelli, Marche mondiale des femmes ; Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT ; Christiane Marty, Fondation Copernic ; Dominique Meda, sociologue ; Mar Merita Blat, militante féministe ; Florence Montreynaud, Encore féministes ! ; Tania Mouraud, artiste plasticienne ; Solmaz Ozdemir, SKB France ; Birthe Pedersen, présidente d’ActionAid France-peuples solidaires ; Sophie Pochic, sociologue ; Claire Poursin, co-présidente des effronté-e-s ; Soudeh Rad, militante féministe ; Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d’Osez le féminisme ! ; Sabine Reynosa, collectif Femmes mixité CGT ; Florence Rochefort, historienne ; Marie-Sabine Roger, auteure ; Suzy Rojtman, porte-parole du Comité national pour les droits des femmes ; Roselyne Rollier, présidente de la Maison des femmes Thérèse-Clerc ; Laure Salmona, cofondatrice du collectif Féministes contre le cyberharcèlement et co-initiatrice de #SoyezauRDV ; Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie ; Zeynep Saygi, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie ; Sibylle Schweier, sociologue ; Geneviève Sellier, professeure émérite à l’université Bordeaux Montaigne ; Réjane Sénac, politiste ; Rachel Silvera, économiste ; Charlotte Soulary, cofondatrice de Chair collaboratrice ; Isabelle Thieuleux, Cndf ; Loïc Trabut, chercheur à l’INED ; Françoise Traverso, présidente de l’Association internationale des droits de l’homme ; Elodie Tuaillon-Hibon, avocate ; Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT ; Françoise Vouillot, psychologue.

  • Le corps de la femme est un écran où chacun projette sa violence | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/04/11/le-corps-de-la-femme-est-un-ecran-ou-chacun-pr

    Les sursauts du débat sur l’avortement, l’interdiction du burkini sur les plages françaises, la Women’s March, le mouvement « Free the nipple », le scandale qui a récemment éclaté autour de la nouvelle campagne publicitaire Saint Laurent, ou encore les multiples coups des Femen sont autant d’événements qui ont rappelé, ces dernières années, que le corps de la femme reste un enjeu politique et un espace de négociation de premier ordre. Qu’il soit considéré comme objet ou sujet, il est le réceptacle et l’écran de diverses formes de violence (physique, symbolique, morale, etc) ainsi qu’un outil de contestation. La philosophe française et directrice émérite de recherche au CNRS Geneviève Fraisse pense le corps de la femme, sa place dans l’espace public et dans l’histoire depuis les tout premiers jours de sa carrière. Mais tandis que la plupart de ses consœurs s’attachent à dénoncer les méfaits du patriarcat, Geneviève Fraisse elle, se place du côté de l’émancipation. Avec elle, il ne s’agit pas de déconstruire une domination ou des stéréotypes mais bel et bien de « construire ». Construire une nouvelle image de la femme – par les femmes – rétablir celle de son corps et repenser l’usage de la nudité. Ainsi, cette nudité ne saurait être le simple objet d’une domination masculine mais s’impose désormais comme un moyen d’émancipation et de réappropriation de leurs corps par les femmes. i-D a rencontré Geneviève Fraisse pour parler de corps, de nudité et de féminisme au pluriel.

    • Vous dîtes placer votre réflexion « à côté » du genre1. Qu’est-ce que cela veut dire ?


      J’ai fait des études de philo au moment de la vague de féminisme des années 1970. J’ai été frappée de voir que la question sexe/genre et différence des sexes n’était pas une question philosophique. Ce fut pour moi un traumatisme intellectuel, c’est pourquoi j’ai bifurqué ensuite vers les textes historiques, entre autres. Le concept de genre permet d’identifier un objet philosophique. J’appelle cela une « promesse » mais l’usage qui fait suite est source de confusion, aussi bien au singulier qu’au pluriel. Si c’est au singulier tant mieux, c’est la réponse à mon trauma ou à ma question. Si c’est au pluriel on retombe sur la binarité ou sur le multiple, on retombe sur la détermination, les identités, les définitions, les cases etc. Or le mot genre est précisément fait pour être une abstraction. Il permet de sortir de cette empiricité. Or l’usage d’aujourd’hui relève plutôt du désordre.

      Lorsqu’on s’inscrit sur Facebook, on a le choix entre plus de 40 genres différents par exemple…


      Donc on est dans le pluriel, et non pas dans le concept, on est dans la catégorie. Ce n’est plus binaire mais on reste dans la catégorisation. Ma critique du genre est beaucoup plus exigeante, beaucoup plus en attente. Un autre problème consiste à vouloir supprimer le mot « sexe » au profit unique de « genre ». Une philosophe ne supprime jamais un mot du vocabulaire. Le sexe, ce n’est pas seulement l’organe et la sexualité, c’est bien plus. Quand je dis dans l’une de mes formules : « Les sexes font l’histoire », cela ne signifie pas que le monde est sexué en deux parties, ça veut dire que l’histoire s’écrit aussi avec la question des sexes. Exemples parmi d’autres : le burkini, les femmes tondues ou les sorcières. La « sexuation du monde » dit l’importance des sorcières pour régler les problèmes de la modernité entre le 16ème et le 17ème siècle, dit que celle qui couche avec l’ennemi devient brutalement l’exutoire des cinq années de guerres etc. Cette sexuation de l’histoire, on ne peut pas la nier, on doit lui reconnaître non seulement sa place (ce qui se fait déjà) mais sa fonction. C’est ce que j’explique dans mon ouvrage
      La sexuation du monde, réflexions sur l’émancipation2.

      Mais pour certains, le genre est un chemin par lequel il faut passer pour arriver à une abstraction des sexes…


      Je n’en suis pas sûre – j’ai vu qu’Ovidie avait exprimé son regret d’avoir cru que le porno allait faire la révolution sociale – car ceux qui pensent que la libération sexuelle peut être porteuse de la fin de l’inégalité entre les sexes savent, quelque part, que c’est faux. Je suis beaucoup trop expérimentée, historiquement parlant, pour croire que la révolution sexuelle nous mènera à l’égalité humaine globale. Pas seulement parce que j’ai vécu la révolution sexuelle des années 1970. Pense-t-on sérieusement que la subversion des sexualités va détruire l’inégalité économique entre les sexes ? Que les femmes ne feront plus la cuisine, qu’elles ne seront plus les nounous des enfants, etc. ? Vous me répondez oui ou vous me répondez « On ne sait pas » ? D’un point de vue économique, aujourd’hui, le morcèlement de l’emploi dit clairement que les femmes vont perdre avant tout le monde. Elles vont se retrouver avec des jobs qui aggraveront leur dépendance vis-à-vis des hommes. Je ne pense pas que c’est à travers la sexualité qu’on supprimera cette hiérarchie entre les femmes et les hommes.

      #genre

  • Penser la controverse des sexes - Fondation maison des sciences de l’homme - Vidéo - Canal-U
    https://www.canal-u.tv/video/fmsh/penser_la_controverse_des_sexes.30089

    Geneviève Fraisse parle d’un événement fondateur pour elle, en étudiant Spinoza elle voie qu’il range ensemble « le délirant, la bavarde et l’enfant » comme les êtres non doués de raison.

    #phallosphe #philosophie #féminisme #histoire #historicisation

    texte qu’elle cite : La lucidité des philosophes
    http://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1992_num_46_1_1861

    • Notes :

      Kierkegaard :

      Et si tu rencontre une lectrice, confie-lui : aimable lectrice, tu trouvera dans ce livre certaines choses que tu ne devrais peut-être pas savoir, d’autres choses dont la connaissances, sans doute, te sera utile ; lis donc les unes de manière à ce que tu sois, toi qui les as lues, comme celui qui ne les as pas lues, et les autres de manière à ce que tu sois, toi qui les as lues, comme celui n’a pas oublié ce qu’il a lu.

      #sexisme
      –-------

      Sur les querelles au sujet des femmes au XVIII cité par Fraisse voire :

      Sylvain Maréchal - Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes - 1801
      http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k42699t/f4.image

      Constance de Salm -
      https://femmes-de-lettres.com/2012/10/25/constance-de-salm-lhistoire-dune-vie-1767-1845

      Les deux querelles sont : les femmes ne doivent pas lire (Sylvain Maréchal) et ne pas écrire (Charles lebrun - querelle des poétes à laquelle Constance de Salm répond)
      –-----------

      Les 3 arguments anti femmes des républicains :
      a - Maintiens de la différence - pas d’amour dans l’égalité - l’inégalité fe-ho serait nécessaire à la reproduction de l’espèce via l’amourrrr
      b - En démocratie il n’y a plus d’exception - toute exception fait règles, donc il suffit qu’une seule femme d’exception pour que toutes les femmes puissent toutes devenir exceptionnelles. ex : Une femme qui passe le bac ouvre le bac à toutes les femmes.
      c - Partage en république entre mœurs et lois (voire Rousseau) - les ho font les lois et les femmes feraient les mœurs. Cf - le privé est politique .

      Montesquieu considère deux formes de gouvernements, le gouvernement politique et le gouvernement domestique. Rousseau dénonce cette analogie entre le père et le roi - La notion d’espace privé apparaît après Rousseau et surtout chez Tocqueville. Cette notion d’espace privé permet aux hommes une domination plus importante car la « privé » disparaît du champ politique et n’a pas besoin de la notion d’égalité. L’égalité peut être ainsi vu comme nécessaire en politique et inapproprié au domicile.

      #Fourier condamne

      L’étourderie des philosophes, qui n’ont jamais su rien innover en affaires domestiques

      –----
      Sur la #Mixité, Fraisse explique que la mixité n’est pas venu par égalitarisme mais par rationalisme administratif.

      Citation de Fraisse : « La mixité c’est le partage, partage des espaces. C’est plus facile de partager l’espace d’un bus que celui de l’assemblée. »

  • Occultations et déformations dans l’histoire écrite au masculin | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/07/27/occultations-et-deformations-dans-lhistoire-ec

    « Il est plus que temps de dénoncer une histoire qui s’écrirait sans les femmes, et d’affirmer ensuite la possibilité d’une histoire des femmes »

    Dans son avant-propos, Geneviève Fraisse ajoute « Le réel de la vie des femmes, les représentations imaginaires de la différence des sexes ont alimenté la construction du sujet femme, de l’actrice de l’histoire, de l’individu féministe »…

    #histoire #femmes #historicisation

  • Le corps des femmes

    Le corps des femmes en marche
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/le-corps-des-femmes-en-marche

    Journée spéciale "Ecrire le monde moderne « La longue marche des femmes » sur france Culture et dans les Chemins de la philosophie avec la philosophe Geneviève Fraisse !

    (pas encore écouté)
    #radio #féminisme

    Féminisme et nudité : un corps à corps historique ?
    https://www.franceculture.fr/conferences/reunion-des-musees-nationaux-grand-palais/feminisme-et-nudite-un-corps-corps-historique

    Nu ou déshabillé ? Exhibé ou libéré ? Support d’expression, arme de contestation, le corps des femmes n’est plus le corps objet d’hier. Quels sont les liens historiques et sociaux tissés entre la nudité et le féminisme ? Quelle signification acquiert le corps dénudé dans l’espace public ?

    #conférence

    Comment la médecine émancipe-t-elle les femmes ?
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/comment-la-medecine-emancipe-t-elle-les-femmes


    (pas encore écouté)

    #femmes #médecine #corps

  • Délices de la vie conjugale
    http://www.laviedesidees.fr/Delices-de-la-vie-conjugale.html

    L’amour ne se réduit ni à la conjugalité ni à la passion : en l’abordant comme un ensemble de gestes et de #pratiques, Michel Bozon montre qu’il s’agit de se donner et parfois de s’abandonner soi-même. C’est alors l’épuisement plus que la haine qui menace dans cette vision apaisée des relations amoureuses.

    #Revue

    / #amour, pratiques, #confiance, #violence

    • Émile Durkheim avait montré, dans ce classique des classiques qu’est son étude sur le suicide, que la monogamie borne l’horizon des femmes, « ferme toutes les issues, interdit toutes les espérances même légitimes », alors que les mœurs accordent aux hommes « certains privilèges qui [leur] permettent d’atténuer, dans une certaine mesure, la rigueur du régime » [2]. Les hommes, selon Durkheim, à la différence des femmes, cherchaient dans le mariage autre chose que la satisfaction sexuelle. Pour Georg Simmel aussi l’amour dépasse sa simple manifestation sexuelle ; il implique la totalité de la vie [3]. Comme Simmel, Michel Bozon dissocie partiellement l’amour de la sexualité. Quand le couple se stabilise, l’affectivité semble déterminante. Cela ne signifie pas que la sexualité soit absente. Elle est domestiquée, prévisible, procure sans doute moins d’excitation mais, semble-t-il, davantage de plaisir, car chacun connaît la sensibilité de l’autre. La sexualité est donc un élément de ce domaine commun qui se construit dans la vie conjugale et où les tâches à accomplir sont réparties de façon de plus en plus inégales, alimentant les frustrations et l’amertume.

    • L’amour c’est le moyen par lequel les hommes font nettoyer leurs sanitaire gratuitement. C’est par amour que 80% des taches domestiques sont faites par les femmes en 2017 en France. C’est par amour que les femmes silencient les violences que les hommes qui les aiment leur infligent. C’est par amour que les femmes perdent leur nom, leur identité. C’est par amour aussi que les femmes mettent entre parenthèse leur profession, tandis que par amour les hommes ne le font pas.

      C’est pour l’amour hétéro-conjugale que les filles et les femmes s’affament, se torturent le poile, se recouvrent le visage de produits toxiques. C’est par amour que les femmes se détruisent la santé à coup de contraceptif hormonaux pour que monsieur qui les aiment n’ai pas à se prendre le chou avec les effets secondaire de sa sexualité pénétrative.

      L’amour conjugale, l’amour hétérosexuel du couples monogame, c’est l’outil moderne que le patriarcat a trouvé pour renforcer la domination masculine. Le bouquin fait comme si l’égalité était déjà là (c’est ce qu’indique la ccl du résumé), il est hétérocentré et invisibilise les violences faites aux femmes dans la conjugalité et ceci est à mes yeux du déni de patriarcat et un renforcement de la domination masculine. Prétendre que les hommes se donnent aussi totalement que les femmes dans l’amour conjugale, c’est un mensonge (toutes les statistiques le montrent, tâches domestiques, violences viols conjugaux, demandes de divorces, inceste...). Voila ca que je voulais dire par mes tags.

      Si la force éruptive de l’Éros est largement absente du livre de Michel Bozon, la violence physique mais aussi symbolique qui règne trop souvent dans les couples n’est mentionnée que de façon marginale.

      Sur l’amour conjugale hétéro je conseil plutot Paola Tabet et les échanges économico-sexuels :
      https://seenthis.net/messages/554501

      Le mariage est, et surtout a été, l’endroit de la reproduction. L’échange économico-sexuel n’est pas un choix : c’est ce qui est donné par une structure sociale dans laquelle le mari gagne plus, a plus de biens, de pouvoir, de prestige… La preuve, ce sont les situations plus ou moins catastrophiques lors d’une séparation. Aux États-Unis (et ailleurs) une grande majorité des hommes divorcés ne paient plus un an après, la pension alimentaire fixée par le juge, même s’il y a des enfants. Comment ne pas voir le mariage comme le terrain de l’échange ? Plus d’échange, plus d’argent. Et, de fait, celles qui sont pénalisées (souvent lourdement pénalisées) dans les séparations ce sont les femmes qui se retrouvent avec moins d’argent et les enfants sur le dos.

    • Oui @monolecte, @aude_v,@mad_meg, en ce moment sur france culture, « le corps des femmes en marche » avec Adèle Van Reeth et Geneviève Fraisse (philosophe, Historienne de la pensée féministe, directrice de recherche émérite au CNRS ) pour qui également la question de la symétrie est primordiale pour l’égalité.

    • PAYE TON COUPLE
      https://payetoncouple.tumblr.com

      Témoignages de sexisme et de violence verbale dans toute relation amoureuse ou sexuelle, y compris au sein du couple. Ce tumblr est ouvert à tous les témoignages et ne se veut pas cis/hétéro-centré.
      Attention, la majorité des témoignages décrivent des propos ou des situations très violentes. Certains d’entre eux font mention de violence sexuelle. Nous mettons donc ici un TW général pour toute la page.
      TW : viol, violence sexuelle, transphobie, violence verbale et psychologique, violence physique

      Gros gros TW, effectivement... Terrible.

      #hétérosexualité surtout, quand même

      (déjà signalé par @vanderling, dans un fil concernant les tumblr « paye ta/ton... » : https://seenthis.net/messages/535585#message559369)

    • Je ne comprends pas. Il y a quelqu’un qui a lu le livre dans cette discussion ?

      Mais si le point de départ c’est la symétrie des femmes et des hommes dans l’amour, ça ne va pas aller loin

      Pas du tout. Sur plusieurs aspects Bozon met en lumière les inégalités hommes femmes.
      Mais c’est vrai que si vous y cherchez un argumentaire contre les violences conjugales ce n’est pas là que vous allez le trouver vu que ce n’est pas le propos du livre et de toute façon sur ce sujet lisez les auteures femmes.
      Ici c’est super intéressant d’analyser les positionnements des protagonistes du couple au cœur même des sentiments, le don/contre don, les tactiques (différentes pour les femmes comme pour les hommes forcément).
      C’est un livre très court, qui se lit rapidement alors il ne développe pas précisément ce qu’il énumère mais je trouve que c’est une bonne entrée. Et il n’enjoint absolument pas les femmes à s’oublier. D’ailleurs il n’enjoint personne à quoi que ce soit c’est peut-être ça qui vous gêne. Je n’attends pas d’un homme qu’il écrive un livre sur l’aliénation des femmes, ce n’est pas son rôle. On est assez grandes pour ça. Par contre il ne la nie pas.
      À rapprocher du livre de Chaumier, La déliaison amoureuse qui lui, est beaucoup, beaucoup, plus dense et dont le propos est plus de déconstruire l’idéal romantique du couple.

    • On discute à partir de ce que le résumé dit du bouquin @ninachani . Il semble qu’il n’y ai que toi qui ai lu ce livre ici. Ce résumé indique que le bouquin pose des problèmes important du point de vue des femmes et ta defense du livre ne dit pas le contraire non plus. Personnellement un bouquin sur l’amour conjugale qui fait comme si les échanges étaient réciproques ca m’interesse pas et je trouve qu’il renforce la domination des hommes sur les femmes.

    • Quelle position d’autorité ? Je vous trouve très susceptibles.
      Je n’avais pas compris que personne n’avait lu le livre. Je ne comprends pas les attaques contre cet ouvrage qui, s’il n’est pas le livre féministe de l’année (et comme je le disais je n’attends pas qu’un livre écrit par un homme le soit) ne mérite pas ce que vous en dites :

      Personnellement un bouquin sur l’amour conjugale qui fait comme si les échanges étaient réciproques ça m’interesse pas.

      C’est totalement faux. Bozon ne fait pas comme si les échanges étaient réciproques. Il signale plusieurs fois que ce n’est pas le cas, même si comme je le disais, il ne s’y attarde pas parce que ce n’est pas son propos. Mais il est clair là-dessus.

      Je ne suis pas d’accord avec la critique du livre qui est mise en lien. Dès le départ, il est indiqué :

      Michel Bozon montre qu’il s’agit de se donner et parfois de s’abandonner soi-même.

      Dans cette phrase on a l’impression que Bozon dit aux lecteurs-trices que c’est ce qu’il faut faire dans une relation mais ce n’est pas le cas. Il analyse les différentes phases d’une relation amoureuse à travers (entre autres) ce que les protagonistes donnent (ou pas) à l’autre par exemple.
      C’est un livre concis mais intéressant pour voir ce qu’il se passe au cœur même de ce qu’on appelle le sentiment amoureux. Moi j’y ai trouvé matière à réfléchir aux confrontations à l’intérieur du couple, et c’est déjà beaucoup.
      Je vous fais une citation (p73) :

      Le fait pour un partenaire masculin de limiter autant que possible ce qu’il remet de lui et de rester sur son quant-à-soi manifeste moins un trait psychologique spécifique des hommes qu’il n’exprime une composante de la domination masculine, la volonté de rester hors d’atteinte, le rejet de l’interdépendance, voire de la dépendance à l’égard d’un partenaire

      On a quand même fait plus sexiste, non ?

  • Des féministes s’engagent contre le FN et le PR - Féministes en tous genres
    http://feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com/archive/2015/12/11/des-feministes-s-engagent-contre-le-fn-et-le-pr1-575374.html

    Il arrive qu’il y ait des femmes qui s’emploient à restaurer le système patriarcal dont les combats féministes des XIXe-XXIe siècle ont eu raison – au moins sur le plan juridique. C’est exemplairement le cas de Marine Le Pen et sa lieutenante, Marion Maréchal-Le Pen. L’écrivaine Martine Storti a fort bien dit, le 9 décembre dans L’Humanité, et le 10 sur TV5 Monde, comment l’une et l’autre se répartissaient les tâches contre les droits des femmes.

    « Le prétendu volet social du FN ne fait pas mention des inégalités femmes-hommes au travail. Il ne propose rien pour lutter contre le temps partiel et les inégalités salariales. Pour lui, la cause des bas salaires et du chômage, c’est l’immigration et non pas le patronat, façon de dévier le débat. Le FN n’envisage les femmes que dans le cadre de la famille, pas de chapitre sur l’égalité femmes-hommes dans son projet. Il prône le « revenu parental » qui renverra inéluctablement des femmes au foyer . (…)

    En 2002, son programme demandait la suppression de la loi sur l’avortement. Aujourd’hui, il prétend ne pas l’interdire. Mais il fait de la propagande pour la « liberté de ne pas avorter », comme si qui que ce soit obligeait les femmes à le faire. Marine Le Pen a parlé aussi d’avortement de confort, de déremboursement.

    Bref, le FN veut largement réduire la portée de la loi.

    Sur les violences faites aux femmes, le FN ne propose rien à part d’incriminer les immigrés qui en seraient les auteurs. Invention raciste pure et simple de sa part, puisqu’il n’existe pas de statistiques sur le sujet », rappelle à son tour Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes (L’Humanité, 9 décembre).

    Comment et pourquoi des femmes qui accèdent aux domaines réservés aux hommes jusqu’à il y a peu épousent-elles le point de vue masculiniste ? Quel que soit l’intérêt de cette question, il est malaisé et déplaisant de s’aventurer dans le puits sans fond de la bêtise et le temps n’est pas aux enquêtes psycho-sociologiques. Ce qui importe aujourd’hui, c’est de comprendre, ainsi que le souligne la philosophe Geneviève Fraisse dans sa tribune du 9 décembre, dans Libération, que « les droits des femmes sont ‘réversibles », celui, en particulier, de disposer de son corps, parce qu’il est de tous, le premier.

    De comprendre, et d’agir.

    En septembre dernier, deux jeunes féministes, Alix Heuer et Rebecca Amsellem ont créé Les Glorieuses. Doctorante à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne en économie de la culture, Rebecca Amsellen, la fondatrice du site, rédige chaque semaine une newsletter consacrée aux à la place des femmes dans les diverses sociétés et à leurs droits dans le monde.

    Les résultats du premier tour des élections régionales leur donnent à penser qu’il y a péril en la cité. Elles ont malheureusement raison. (Ci-dessous le texte de leur manifeste « les femmes s’engagent contre le FN » et le lien pour le signer).

    Le péril est d’ailleurs plus grand qu’elles ne le disent, car ce ne sont pas seulement les candidatEs du FN qui se prononcent contre l’égalité des citoyenNes en tous genres. C’est aussi, par exemple, Valérie Pécresse, qui avait voté contre la loi Taubira, et annonce désormais que si elle était élue, elle couperait les vivres aux associations LGBT… et à la théorie du genre (sic), tout autant qu’à l’association « Sortir du colonialisme ».

    « Famille, travail, patrie » plutôt qu’égalité et diversité ?

    (Sur la campagne de valérie Pécresse, lire Lelab Europe 1 du 2 décembre, Marianne, le 30 novembre, Libération le 29 novembre…)

    –—
    #misogynie #sexisme #féminisme #femmes #FN #IVG

  • BALLAST Bérengère Kolly : « La #fraternité exclut les #femmes »
    http://www.revue-ballast.fr/berengere-kolly-la-fraternite

    Pendant mes études, j’ai d’abord travaillé sur la fraternité et les frères politiques. J’étais très confiante, pensant que la fraternité était nécessairement l’universel, l’inclusion, et le lien #politique à défendre. Ma première prise de conscience a été la lecture de Politiques de l’amitié de Jacques Derrida, paru en 1994. Derrida montre d’abord que la fraternité ne parvient pas à se détacher de la problématique de la race et du sang, et qu’elle est un paradigme de l’amitié politique. Il montre ensuite (les deux sont liés) que la fraternité, dans les textes, n’existe que sans les sœurs, et sans les femmes. Puis j’ai rencontré le travail des historiennes et des philosophes qui avaient montré, avant Derrida, et à l’épreuve de l’histoire des femmes, donc du réel, que la fraternité était une notion masculine (je songe à Joan B. Landes, Geneviève Fraisse, Lynn Hunt, Françoise Gaspard, Carole Pateman). J’ai donc décidé d’aller voir du côté de cette histoire que l’on ne disait jamais : les sœurs existaient-elles, avaient-elles quelque chose à dire, à revendiquer ? Pouvait-on, du côté des sœurs, trouver le modèle d’un autre lien politique ? Lorsque j’ai commencé ma thèse, je me suis rendu compte de deux phénomènes : soit les sœurs étaient absentes (la #sororité ne semblait pas exister, sinon comme notion miroir, pas très intéressante, de la fraternité — une sorte de « fraternité au féminin », comme disent parfois les dictionnaires —) ; soit la sororité était investie par avance d’un contenu (la solidarité entre toutes les femmes), et il semblait qu’il n’y avait pas grand-chose de plus à dire. J’ai donc choisi de faire une recherche ascendante, en allant chercher les textes où le mot de « sœur » était présent, et avait une signification politique. À partir de ces textes, j’ai essayé de faire émerger une définition. Je me suis alors rendu compte qu’il n’y avait pas de symétrie entre fraternité et sororité, pour deux raisons au moins. La première, c’est que les femmes ont longtemps été exclues du lien politique, puis discriminées : lorsque les sœurs se pensent, c’est dans une situation d’#exclusion, donc aussi de résistance aux frères.

    • Lorsque Ségolène Royal parle de sororité en 2007, les journalistes ont pensé qu’elle inventait un nouveau mot, comme avec la « bravitude » !

      Je me souviens que j’avais profité d’un effet de visibilité sur mon site grâce à Mme Royal. Dans mes liens j’ai une rubrique « Liberté, égalité, sororité » qui n’a pas changé depuis 2007 d’ailleurs http://www.madmeg.org/base/friandises/liens/feminisme.html et comme c’était une des rares occurrences de ce mot sur le web francophone de l’époque mes statistiques avaient explosé avec ce mot clé sur gogol.

    • La fraternité se pense initialement dans un contexte où les femmes sont exclues de la vie politique. La fraternité dit donc ce qu’il se passe : un lien entre des citoyens masculins. Cela énoncé, on pourrait en déduire qu’une fois les femmes incluses dans la vie politique, il n’y aurait plus de problème. Mais c’est un peu plus compliqué que cela. La fraternité ne fait pas qu’énoncer un lien politique masculin, elle le construit : elle est donc un instrument d’exclusion des femmes.

      Par mon père j’ai connu pas mal de trucs sur la franc-maçonnerie, un gros morceau de la « fraternité » en action. Il était à la Glnf qui refusait les femmes (je sais pas si ca à changé mais à l’époque c’etait non-mixte). Son ami (le même que l’histoire raconté ici http://seenthis.net/messages/420077#message420153 ) était aussi là dedans et disait qu’il aimait bien être « entre couilles ». L’exclusion des femmes était pour eux la base du truc, leur motivation profonde etait là.
      J’avais demandé un jour à mon père pourquoi il n’y avait pas de femmes dans leur club et il m’a répondu d’un air outré « Mais c’est impossible ! Il faut être torse nu pour le rituel d’intronisation, ça serait ridicule et déplacé avec des femmes. »
      Comme je connais pas mal de détails sur leurs rituels écossais rectifié niveau ridicule c’est pas quelques mamelles qui vont changer la donne.

      Par contre cette fraternité de maçonnerie à des effets directes contre les femmes. Pour trouver du travail ce réseau est utile, pour obtenir des crédits, des aides diverses, des plan pour un logements etc. En politique ca compte beaucoup et c’est un des gros lieu de rencontre entre grand banditisme, industrie et politique. J’ai l’impression d’enfoncer des portes ouverte en disant ca, mais mon vecu colle avec les rumeurs sur ces fraternités et ca montre bien ce qu’est vraiment une fraternité : un complot des hommes entre eux pour se garder le pouvoir et profiter de la mise en prostitution des femmes. Cf DSK et son « matériel », ou comment les contrats se négocient au bordel chez Vinci...

    • La sororité ne dure pas dans le temps car les divergences de classes et d’intérêts entre femmes sont réelles.

      Là je me demande pourquoi les fraternitées dépasseraient ce clivage de classes et d’interets contradictoire et pas le sororitées.
      Pour revenir à la maçonnerie, un exemple de fraternité bien nocif et toujours en place, je pense que le clivage de classe est présent. Par rapport à la GLNF mon père me disait qu’il fallait être théiste, sois disant ils acceptaient les juifs et les musulmans. Alors je veux bien croire qu’il y en ai des juifs et des musulmans mais un peu comme le copain alibi de service. Les rituels et symboles maçonniques sont bien fortement imprégné d’inspiration chrétienne alors ca a forcement de l’impacte sur la clientèle de ce genre de club. Par rapport aux classes sociales c’est plutot des bourgeois et pour y être invité il vaut mieu être « fils d’un maçon » ca limite le brassage comme ca. Il me reviens que le rituel d’intronisation pour les « fils de » est plus light que pour les nouveaux venus. Pour la maçonnerie il y a en tout cas un tri assez fin pour éloigné les hommes qui ne sont pas déjà assez haut dans l’échelle de la domination. C’est aussi un truc hiérarchique, ils s’appellent avec plein de titres comme dans le sado-masochisme ou l’armée ou l’église ...

      Bon comme le féminisme c’est pas être aussi moche que le masculinisme/patriarcat, l’intention des sororités n’est pas de discriminé comme le font les fraternités. Alors ne croyez pas que je parle de ma maçonnerie pour que les sororités s’en inspire !!!

    • La fraternité recouvre des questions de solidarité concrète, d’entre-soi et de connivence. Parler de fraternité, c’est mettre le doigt sur cet entre-soi, sur des formes de cooptations qui s’effectuent de manière non-mixte. On n’est donc pas seulement dans les liens publics, conventionnels entre citoyens, on est aussi ici dans l’intime et dans la relation. Interroger la fraternité, c’est également aborder ces aspects : le rôle de l’amitié, de l’entre-soi dans les partis politiques, de ses conséquences — y compris dans les prises de décisions. La sororité, pour sa part, ne parle pas seulement de solidarité entre femmes : elle dit aussi que le lien entre femmes est mouvant, pluriel. Le premier mouvement collectif féministe, en France, se constitue dans les années 1830, ce sont les saint-simoniennes, que l’on a déjà évoquées. Pour elles, dire « Nous sommes toutes sœurs » signifie : nous avons toutes un objectif, une flamme commune, mais nos modalités d’y parvenir peuvent être différentes, à la fois individuellement et collectivement. Concrètement parlant, les saint-simoniennes écrivent un journal, autofinancé, indépendant de toute tutelle intellectuelle, et choisissent de réfléchir collectivement au statut des femmes. Elles sont ouvrières, lingères, couturières. Elles décident de prendre en main leur propre sort et de réfléchir ensemble (la maternité philosophique est très présente) aux voies d’émancipation qui sont possibles pour elles. Elles écrivent des articles, proposent à leurs lectrices d’en écrire, ouvrent leurs colonnes à des femmes venant d’autres pays. Ces articles sont parfois contradictoires, et elles en discutent. Le titre de la revue change tout le temps. Leur union est donc mouvante, pratiquement parlant.

      #historicisation #histoire #saint-simoniennes

      ... les saint-simoniennes sont pour une forme de liberté sexuelle et disent en même temps que l’on ne peut pas imposer la liberté sexuelle. Chacune, en fonction de sa classe, de son histoire, de son vécu se débrouille avec ce qu’elle est et avec les objectifs d’égalité et de liberté.

      A mettre en perspective avec ceci ; http://seenthis.net/messages/420872
      et se rendre compte à quel point on n’avance pas d’un iota...

    • L’égalité des sexes semble alors devenir une forme de consensus mou, ou de vernis posé sur la pensée politique. Au contraire : si on remet l’égalité des sexes au cœur des préoccupations politiques, on verra que les clivages ne sont pas si brouillés que cela.

    • @mad meg

      Là je me demande pourquoi les fraternitées dépasseraient ce clivage de classes et d’interets contradictoire et pas le sororitées.

      Je risque d’enfoncer une porte ouverte, de dire en moins bien quelque chose qui a déjà été énoncé, mais tant pis si je me fiche par terre tout seul, j’essaie. (je n’ai pu lire l’article de ballast, « site suspendu »)

      Il me semble pour aller vite, que fraternité et sororité ne relèvent pas de la même chose. Pour la simple raison que la fraternité est une alliance sinon purement entre dominants, du moins dans leur langue . Liés ainsi par la défense d’un privilège, commun. Contre les femmes. Qu’elle relève et participe donc pleinement de l’intériorisation des privilèges masculins en patriarcat.
      Et qu’en ce sens, les fraternités ne sont certainement pas confrontées à la même nécessité que peuvent l’être des sororités de « dépasser » des clivages de classes et d’intérêts. Je ne sais quel mot employer - mais en un sens, elles les précèdent, ou plutôt, ces clivages ne peuvent jamais les menacer que jusqu’à un « certain point », voir fonctionnent en les renforçant (recours à la féminisation/dévirilisation des hommes dominés, qui ne sont dans cette mesure plus concernés par une fraternité dont ils ne relèvent plus essentiellement).
      Face à ce quasi-donné, à cette construction qui dispose de l’appui de l’ensemble de la structure patriarcale, toute sororité me semble devoir elle être conquise au prix d’une lutte permanente, d’un effort de conscience toujours soutenu et rencontrant plus d’une forme de résistance et d’hostilité.

      J’espère ne pas avoir été inopportun.

    • Tu n’est pas du tout inopportun @martin5 tes remarques, et réflexions sont les bienvenues.
      Pour la question auquel tu répond, l’article dit aussi la même chose. C’était une question que je m’étais posé au fil de ma lecture et j’avais fini par y répondre aussi mais tu fait bien de développer ce point qui est très important. J’espère que tu pourra lire l’article car il est très riche et interessant et qu’on pourra en discuter :)
      Bonne journée

    • Mince j’avais besoin de relire ce texte pour un dessin en cours, mais Ballast fait sa maintenance. Du coup j’ai été voire #wikipédia et comme d’hab c’est le règne du révisionnisme masculiniste ;

      La fraternité ou l’amitié fraternelle est, au sens populaire du terme, l’expression du lien affectif et moral qui unit une fratrie. « Fraternité » vient du latin « frater » qui désignait tout membre de l’espèce humaine. Pour spécifier un lien de descendance, il fallait accoler l’adjectif « germain » évoquant le « germen », la graine


      https://fr.wikipedia.org/wiki/Fraternit%C3%A9

      La partie sur la révolution française ne mentionne même pas que les femmes et les personnes racisées n’étaient ni libres, ni égales, et que la notion de fraternité n’avais strictement rien d’universel à l’époque puisqu’elle ne s’appliquait pas à ces groupes et ne s’y applique d’ailleurs toujours pas. Les femmes n’étaient pas citoyennes, elles n’avaient pas le droit de vote, et il n’y a pas de mention du fait que les esclaves non plus ne votaient pas.

    • La fraternité à l’épreuve des femmes.

      Conférence donnée par Pierre Pasquini dans le cadre des rencontres de Philo Sorgues.
      http://www.philosorgues.fr/index.php/43-la-fraternite

      Mais la fraternité est une forme masculine, ce sur quoi s’interroge Derrida. « Le frère, fut-il orphelin, est un fils et donc un homme. Si on veut y inclure par exemple la femme ou la fille, il faut peut-être changer de mot (Le toucher, p36).

      3.La fraternité à l’épreuve des femmes.

      La Révolution française est révélatrice à cet égard. La notion de fraternité la parcourt de part en part, orchestre la période qui va de 1789 aux premiers mois de l’an II. Elle est inclusive au départ, puisqu’elle peut se comprendre comme l’union des frères et des sœurs. Mais elle peut aussi fonctionner de façon exclusive. L’ajout du mot de sœur après celui de frère ne suffit pas, en effet, à faire fonctionner l’ensemble, car la métaphore familiale ne se réduit pas à la relation frère/sœur. Elle concerne également, du côté féminin, le rôle et l’image de la mère, en confrontation à celle du père. Or ces deux images (mère/sœur) et ces deux réalités vont interférer de façon conflictuelle dans le thème –et la revendication- de fraternité. Quelques décennies après, l’historien Michelet l’exprimera de façon très claire, bien que sans doute involontaire. « J’espère une société pure, libre, forte, où la table de la fraternité reçoive à sa première place l’épouse, la mère, la vierge » (L’amour, la femme). Comme on le voit, les femmes reçues à cette table ne sont pas celles qui peuvent prendre place à la même table, de la même manière, de façon égale : les sœurs.

      Comment les sœurs ont-elles disparu de l’énumération, et cela a-t-il une signification relativement à la fraternité et au statut des femmes ? Bérengère Kolly montre que, de 1789 à l’interdiction des clubs féminins en 1793, les femmes se sont emparées de cette question de la fraternité politique. Elle part d’une hypothèse liée à la question centrale de l’égalité des sexes, liée à la figure de la mère : « La Révolution française n’a pas pensé les sœurs politiques. Par contre elle a pensé les mères républicaines qui, de mon point de vue, entravent la venue des sœurs politiques. L’exclusion des sœurs de la fraternité n’est donc pas fortuite, elle est le signe d’une division des sphères domestiques et politique, elle-même guidée par une différenciation des rôles entre hommes et femmes » (La fraternité à l’épreuve des femmes, Genre et histoire, 2008).

      On peut reprendre à cet égard les grandes étapes du combat des femmes révolutionnaires pour la reconnaissance et des résistances à ce combat. Par exemple le discours prononcé en 1791 au cercle social, et reproduit dans le journal La bouche de fer : « Le trône d’une femme est au milieu de sa famille, sa gloire est dans la gloire des enfants qu’elle a élevés pour l’Etat ». Rappeler en particulier le rôle d’Olympe de Gouges (1748-1793), ainsi que les demandes faites par les femmes de pouvoir porter les armes, de former des associations.

      Celles qui le demandent ne sont pas des femmes assez familiales pour être admises au sein de la République. Ce sont des femmes publiques, opposées aux bonnes mères de famille. Et quand, le 21 septembre 1893, la cocarde tricolore est instaurée pour les deux sexes, le décret sème la panique : ressort le fantasme des cheveux courts, du port des armes et du renversement des rôles. Un mois plus tard, le 30 octobre 1793, l’interdiction des clubs féminins, puis la condamnation d’Olympe de Gouges (guillotinée le 3 novembre) sont accompagnées de mises en garde contre les « femmes-hommes » qui voudraient être hommes d’Etat. C’est un coup d’arrêt fatal au mouvement révolutionnaire des femmes et à leurs revendications. La femme est refusée à l’amitié comme à la fraternité. Elle est seulement amour, débordement maternel et amoureux qui ne peut, du coup, satisfaire aux exigences éthiques et politiques de la philia : la fraternité, en ce sens, exclut la mixité.
      4.Le mouvement complexe de la fraternité.

      La fraternité qui ne se vit que du côté masculin « active les rouages de l’égalité, de l’amitié et de la rivalité », comme le dit B. Kolly. L’élément essentiel en est la mère éducatrice, soutien nécessaire et contrepoids impératif d’une sœur toujours subversive, même en puissance. La fraternité politique ouvre le débat sur l’égalité politique et l’entrée des femmes dans l’espace public. Elle est donc partie prenante de l’histoire du féminisme. Mais ce débat en apprend aussi beaucoup sur ce que l’on pourrait appeler le mouvement originaire et complexe –sinon contradictoire- de la fraternité. En arrachant le lien entre les personnes à son origine familiale tout en le nommant comme s’il en faisait effectivement partie, la fraternité pose une exigence de reconnaissance mutuelle des frères, qui implique plus qu’un rapport de droit, un lien d’amitié. Ce lien d’amitié ne saurait toutefois recouvrir les tensions, rivalités et conflits qui peuvent exister entre les amis, qui gardent leur propre personnalité. Peut-on assumer une amitié qui garde en elle ce secret de la possibilité de la différence, du conflit ? C’est l’enjeu de la fraternité exprimé parfois de façon violent à travers la question de la place des femmes. C’est pourquoi on peut dire que les revendications féminines éprouvent la fraternité.

      Elles permettent de comprendre les réticences avec lesquelles celle-ci a pu être envisagée.

      « En comparaison avec les idées de liberté et d’égalité, l’idée de fraternité a moins de place dans la théorie de la démocratie. Beaucoup voient en la fraternité un concept moins précisément politique, qui ne définirait aucun des droits démocratique » (Rawls, Théorie de la justice, p171).

    • http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/affart.exe?19;s=3325650840;?b=0 ;

      Étymol. et Hist. Ca 1140 fraternited « lien existant entre personnes ayant des relations fraternelles » (G. GAIMAR, Hist. des anglais, éd. A. Bell, 4335). Emprunté au latin fraternitas « confraternité ; relations entre frères ».

      L’étymologie marque bien le masculin, mais la définition de ATILF fait comme si ce n’était pas le cas et efface cette spécificité. J’imagine que les définitions de ATILF sont dictées pas les 40 masculinistes de l’académie française.

      –---
      LA FRATERNITÉ MAÇONNIQUE :

      RÉALITÉ OU UTOPIE ?

      SYNTHÈSE DES CONTRIBUTIONS ECRITES DES DIVERS ATELIERS AUX 14e REHFRAM

      Lomé, les 3, 4 et 5 février 2006
      http://sog2.free.fr/802/Documents.Rituels/Afrique.Rehfram206Lome.Synthese.htm

      Par ailleurs, d’aucuns définissent la « fraternité » comme le lien de solidarité et d’amitié devant exister entre les membres d’une société. Mais la fraternité n’est pas la solidarité, bien que les deux termes soient souvent synonymes et puissent être employés l’un pour l’autre. La solidarité implique une communauté d’intérêts ou, plus exactement, de but et d’action, une obligation d’entraide dans l’accomplissement d’un même destin. Tous les combattants d’une même armée par exemple sont solidaires dans la défaite ou la victoire. Ils ne se sentent pas nécessairement frères. La fraternité n’est non plus l’amitié. Assurément, une amitié peut devenir fraternelle, mais la fraternité n’est jamais amicale. L’amitié est essentiellement élective. On choisit ses amis, on ne choisit pas ses frères, pas plus dans le noyau familial que dans un groupement religieux ou maçonnique. Aimer un ami comme un frère signifie bien que les liens de la fraternité viennent s’ajouter à ceux de l’amitié élective et les renforcer.

      #solidarité #amitié

    • #merci
      Je note en vrac qq idées qui me viennent
      – des lieux de fraternité exclusifs comme le sport construits sur des valeurs masculines qui s’opposent à celles édictées pour les femmes (beauté, douceur, compréhension) avec l’interdit homosexuel en fond
      – les clubs de geeks logiciel libre avec 92% d’hommes, avec la théorie sur le pourquoi de l’informatique (exclure la matrice féminine)
      – la construction hiérarchique des rapports intra familiaux dictée par l’Histoire, avec l’ainé héritier masculin, cf la loi salique http://www.elianeviennot.fr/FFP-loi-salique.html

    • Merci @touti
      Les bordels et lieux de prostitution sont aussi des lieux exemplaire de fraternité. C’est d’ailleur aussi en lien avec la fraternité sportive couvert par l’expression « 3 eme mi-temps ».
      L’initiation à la domination sexuelle des femmes par les jeunes hommes passe la plus part du temps par la prostitution et la pornographie (qui est de la prostitution filmée). Le « frère » âgée emmène le jeune homme se « déniaisé » au bordel et les frères qui se refilaient hier les revues porno, aujourd’hui s’échangent les adresses internet les plus trashs.
      Les forum de prostitueurs sont aussi des lieux dans lesquels les hommes fraternisent en classant et sanctionnant les prostituees.

      Les banques et places financière sont aussi des lieux de fraternité. La bourse, c’est chasse gardée masculine. Les révélations des Panama Paper ont dévoilé de nombreux produits banquaires spécifiquement concu pour éviter aux hommes divorcés de payer des pensions à leur ex compagne. Les paradis fiscaux sont des lieux fraternels. De plus en ne payant pas d’impôts ces hommes millionnaires appauvrissent avant tout les femmes puisque ce sont elles les plus touchés par la pauvreté suceptibles de profiter des aides sociales distribuées par l’état.

      Les religions sont aussi fraternels, le clergés est masculin (a 100% quand on monte en hiérarchie) et s’organise pour opprimer les femmes. Les croyants s’appellent d’ailleurs volontiers « mon frere » entre eux.

      Ah et j’oublie l’armée et ses freres d’armes !

    • Ballast est toujours en maintenance. Reviens Ballast tu me manque ! J’ai besoin de ton texte sur la fraternité et je sais même pas dans quel numéro il est pour le prendre en librairie.

      edit - C’est pas dans le #1, #2 ni le #3 selon ce lien ;
      https://adeneditions.com/category/revue-ballast
      vu les dates ca devrais être dans le #4. Je voie que la librairie que j’aime bien a coté de chez moi diffuse la revue, chouette. http://www.aden.be/uploads/Ballast4enlib.pdf
      Y a plus de problème, Ballast peu rester en maintenance ^^
      Désolé pour ce message totalement inutile.

  • Préface de Geneviève Fraisse à : Femmes, genre, féminismes en Méditerranée, « Le vent de la pensée », Hommage à Françoise Collin. Textes et documents réunis et présentés par Christiane Veauvy et Mireille Azzoug | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2015/03/14/preface-de-genevieve-fraisse-a-femmes-genre-fe

    L’échange, le parcours, le moi-sujet, le symbolique : avec ces quatre clés, je peux lire le bouquet de textes ici offerts. En une expression propre à Françoise Collin, on mettra, alors, en exergue, l’image qui subsume ces quatre mots, celle du court-circuit. Un court-circuit, c’est une « mise en relation de deux points à potentiel différent », dit le dictionnaire. N’est-ce pas ce que tentait Françoise, produire une étincelle dans la pensée agissante en croisant les choses de la vie aux potentiels divers : politique et littérature, philosophie et militantisme ? Un court-circuit peut s’anticiper, se prévoir ou, au contraire, surprendre, déranger. C’est aussi, parfois, un raccourci, comme un chemin de traverse. On pourrait court-circuiter la domination ; par exemple… lui jouer quelque mauvais tour.

    Chaque contribution dit ainsi à sa façon comment Françoise Collin ne voulait pas s’enfermer, comment il fallait déjouer le piège du trop d’assurance dans les expressions publiques du féminisme. Car sa liberté ne fut pas celle de qui veut cesser d’être coincée dans l’histoire longue des femmes occidentales, ou brève d’une intellectuelle du XXe siècle. Sa liberté fut de travailler à ne pas se mettre elle-même en situation de clôture et de limites. Comme s’il fallait toujours laisser la porte ouverte sur l’inconnu ou l’improbable. On peut alors commencer ce livre en se plongeant dans la bibliographie en fin de volume. Il y a de quoi avoir le vertige. On va se perdre, se perdre dans le mouvement incessant de la nouveauté des objets à penser, de la remise en cause de quelques certitudes, et des points d’interrogation. Dès l’incroyable dynamique intellectuelle des Cahiers du Grif, où le plus militant a côtoyé le plus théorique, on découvre ce qui s’appelle, en langage de la philosophe, la « praxis ». Et on y comprend son style, volontairement un style, plus qu’une théorie ou une écriture, un style qui ramasse en un geste existentiel ces quatre mots, échange, parcours, moi- sujet, symbolique.

    L’échange

    Prenant acte de ce que les femmes sont sorties de leur place de signes, signes échangés par les hommes, comme l’avait établi l’anthropologie lévi-straussienne, Françoise Collin a salué ces signes, devenus sujets, femmes en liberté. Que le signe devienne sujet ne suffira pas, cependant. D’abord, il y aurait un échange entre ces sujets porteurs de signes, un échange interpellant les hommes « échangistes » et se mettant à égalité avec eux. Puis, il y aurait la construction d’un espace d’échange inconnu jusqu’ici, un échange entre femmes. Ainsi, il n’y aurait pas inversion, femmes échangeant les hommes comme les hommes échangent les femmes. Et il n’y aurait pas seulement capacité nouvelle, pour les femmes, de produire les signes qui interpellent les hommes. Cette interpellation est bienvenue, certes, et de nombreuses théoriciennes féministes l’ont, ici ou là, revendiquée en critiquant l’anthropologue. Mais, ici, l’échange n’est pas seulement recherché pour ce changement de construction politique. L’échange entre signes devenus sujets annonce un nouvel espace (et même une utopie ?). Déjà, on dira qu’il est une pratique, des réunions de la revue dans la cuisine de la grande maison de Bruxelles, des rencontres à la librairie Tierce à Paris, jusqu’à la multiplicité des voyages hors de France, voyages dont ce recueil nous donne la version de l’Europe du Sud et de la Méditerranée. L’Italie et l’Espagne, la Tunisie et l’Algérie, mais aussi le Liban, et en écho l’Algérie ou l’Iran, furent et sont encore le creuset permanent de dialogues féministes. Car l’échange entre femmes et entre les femmes est productif, de façon irruptive, aléatoire, du nouveau. Mais cet échange est bien plus qu’une pratique, puisqu’il établit l’horizontalité et la circularité entre femmes. Avec le désaccord et la rivalité en conséquence ; il n’y aura pas de naïveté.

    Le parcours

    On le sait singulier, ce parcours, fait de choix personnels, passage du travail solitaire de l’écriture littéraire à la dynamique intellectuelle collective des rencontres, mais, clairement, ce parcours apparaît aussi comme un perpétuel déplacement. Suite logique du choix de l’échange entre femmes, il faut se déplacer, et les espaces de la déambulation philosophique, politique, esthétique sont non seulement des lieux géographiques, mais des registres de pensée. Ne pas croire, cependant, à une succession bio-chronologique, passage d’un intérêt à un autre. Non, le va-et-vient s’impose entre chaque passion, la poésie et l’engagement, l’expérience collective et la réflexion théorique, la problématique féministe et le goût pour l’écriture littéraire ; et, bien sûr, la philosophie. Le parcours dessine une géographie qui n’est pas que politique, européenne et/ou méditerranéenne. Ainsi, il n’ignore pas les clivages, comme la distinction entre un féminisme propre à une nation particulière ou un féminisme soutenu ou non par une politique d’État. Il sait aussi que ces clivages ne sont pas toujours les bons, comme l’opposition entre laïcité et religion. Tant pis. Le parcours, c’est, d’abord, bien savoir se déplacer. Et ces déplacements sont, je m’en rends compte, une prise de position bien plus qu’un mouvement au gré des actualités ou des occasions. Prise de position inconfortable, parfois, beaucoup de textes vont le rappeler ; mais aussi mise en place du possible, de la vie qui court plutôt qu’elle ne suit son cours. Le parcours est aussi une errance à la vitesse de l’urgence.

    Le moi-sujet

    On n’y pense pas en la lisant, mais on le remarque en suivant les commentaires et critiques du présent volume : Françoise n’a pas esquivé la position singulière de celle ou de celui qui dit « je ». Comment l’entendre ? Comme une façon d’assembler ses pensées qui prolifèrent dans son discours intérieur qu’il nous semble entendre à haute voix. En effet, il ne s’agit pas d’un « moi-je », femme du XXe et XXIe siècle à la conquête d’une subjectivité, jadis soupçonnée, et désormais revendiquée. Il s’agit d’un moi-sujet hautement conscient de l’exigence d’une singularité pensante ; aussi d’une singularité qui accepte les obligations et les obstacles pratiques et théoriques rencontrés chemin faisant. Oui, il s’agit d’une conscience en acte plutôt qu’un cogito épistémologique. D’ailleurs, justement, Françoise Collin ne distingue pas théorie et pratique, elle a posé, dès son choix du féminisme au début des années 70, la « praxis », ce mixte de réflexion et d’action, comme champ d’intervention et comme horizon de pensée. La praxis désigne le monde commun, terme consacré, qui mêle public et politique, pluriel et pluralité. La praxis, c’est un mélange, et non un rapport, c’est un mixte de théorie et pratique et non une tension entre ces deux pôles. Nous sommes au plus loin de la dialectique de la pensée moderne, construite sur la séparation entre théorie et pratique. Praxis certes, mais aussi travail sur soi, pour que cette « altération à soi » puisse être source d’acuité. On mesurera l’espace de réflexion qui s’ouvre entre l’assertion d’une singularité pensante et le réquisit contemporain du « savoir situé ». Ni d’où elle parle, ni comment elle parle n’exige le dévoilement d’une position faite d’implicites. En effet, elle s’expose toujours en exposant sa pensée. Pas de raison cachée à identifier, analyser, critiquer. Si ce n’est que la personne qui dit et écrit « je » est une femme, qui, comme le dit la philosophe, est nécessairement adossée à la différence des sexes. Cette différence des sexes n’est pas une substance, elle n’exige aucune définition. Cette différence est une « condition », dit-elle. La question épistémologique restera donc en suspens. Le mot « condition » dans sa polysémie est le mot de l’intellectuelle plus que de la militante ; ici, cela est clair. Or le sujet féministe ne doit pas advenir, mais devenir autre. L’inattendu des échanges porte à une exigence symbolique.

    Le symbolique

    Qu’en dire, de cette ouverture vers une défaite de l’Un qui serait la conquête d’un à-venir tout aussi puissant, mais autre que le symbolique structurant un monde patriarcal ? Qu’imaginer d’un nouvel ordre signifiant, d’une autre raison que la raison de l’Occident ? Cela est dit clairement, il ne s’agit pas d’un nouvel ordre, plutôt d’une génération symbolique. On commencera, classiquement, par l’insurrection dans l’institution. L’institution est politique, et académique. L’insurrection est plus qu’une révolte ou une rébellion. On reprend ses mots car on ignore encore une définition du symbolique qui ne serait ni loi ni structure, loi et structure que l’histoire a cimentées. Ainsi l’insurrection dans l’institution sera une confrontation à celle-ci, puis, en conséquence, une participation conquise, et plus même une responsabilité élaborative. Cette première direction fait l’objet, chez la philosophe et féministe, d’une tension déclarée entre l’ironie critique face aux pouvoirs et la nécessité de jouer le jeu de cette confrontation émancipatrice. C’est pourquoi le rapport à la tradition philosophique n’a pas été esquivé. La tradition pourrait-elle donner autre chose qu’elle-même ? C’est possible…

    Comme de nombreuses contributions le soulignent dans ce volume, entre les deux principes démocratiques, l’égalité et la liberté, Françoise a clairement choisi la liberté comme fil rouge de son ambition. D’où peut-être la deuxième direction dans le champ d’une symbolique nouvelle, celle de l’invention. L’invention se dit de deux façons, avec la pensée de la natalité et de l’engendrement d’une part, avec la création artistique d’autre part. Créer, engendrer et, à l’horizon, transmettre. La « génération » philosophique, politique, esthétique peut guider vers du nouveau qui n’est pas simplement, et seulement, de l’évènement dans l’Histoire. C’est où se distinguerait ce qui peut arriver, survenir, grâce à de la pensée et de l’action, de la praxis encore et toujours, et ce qui produira autre chose que le monde où nous vivons. Les femmes sont, là, un déterminant dont il faut prendre la mesure symbolique, justement. Par delà l’échange, il y a la création.

    Certes, on ne distingue pas toujours clairement la frontière entre l’événement historique et la génération symbolique, entre le surgissement et l’engendrement. Et pourtant, c’est là que se tient le parti-pris de Françoise Collin, soucieuse de ce qui va naître.

    Geneviève Fraisse

  • En bossant, hier, j’ai écouté ce débat un peu distraitement :
    http://pluzz.francetv.fr/videos/ce_soir_ou_jamais.html
    Thème : la révolution du féminin a-t-elle déjà triomphé ?
    En fait, par moments, ça va plus loin et plus large que cette question (difficile à situer et à piger dans ses présuppositions d’ailleurs).

    Alors comme tous les débats c’est infiniment pénible, c’est l’échevèlement permanent du discours, ça part dans tous les sens dans un bordel de première bourre, tout le monde gueule, se coupe, crie, sur-crie, cause à qui mieux mieux et le plus fort possible, réagit à l’affect, ramène tout à son petit niveau quand c’est pas à sa petite personne et puis surtout ceux et celles qui auraient véritablement quelque chose à dire et qui pourraient le dire clairement, intelligemment et sans vergogne comme Geneviève Fraisse et Marie-Hélène Bourcier (de ce que j’ai compris, il -ou ile ? ou el ? ou îlle ce serait pas mal- est en train de changer son prénom mais de ce que j’ai pu en entendre dans des documentaires c’est un merdier administratif de type soviétique ++) sont artificiellement mis en face de zozos absolus qui s’arrogent, à tort et à travers, le droit de parler, à tort et à travers. Et c’est juste cette frontalité là qui leur sert de légitimité, comme dans tous les débats. Il faudra donc supporter une sorte de demi-duchesse prétentieuse (Bidule Levet) toute fiérote de s’introniser philosophe quand seul un pauvre concours et deux trois paires de bonnes notes l’y autorisent et pleurant les grands archétypes naturalistes de la féminité perdue à grands renforts de courcaillements traînants, et un couillon de premier ordre qui vient, tout pareil, nous agiter sous le nez une fantasmatique martyrologie masculine savamment étayée sur, tindin, des pubs et des expériences de cabinet personnelles (Truc Clerget). Mais, à plusieurs moments, Marie-Hélène Bourcier (qui gagne là de loin la palme de l’intelligence et pas seulement théorique) dit des choses remarquables : non seulement il (ile, îlle ?) envoie péter la rhétorique maniérée du débat, mais pointe surtout, pour la question des genres et des transsexes, le risque permanent de la réindexation (sic). Ca l’amène à penser tout ça comme une prolifération et invention infinie (sic aussi ou à peu près) des genres et des sexes, souplement, politiquement, au plus près du désir et surtout sans que ce soit sans cesse doublé par une grille analytique ou une taxinomie, bref, par une perpétuelle réflexivité classificatrice. Ca a l’air de rien peut-être mais on dirait bien que c’est pourtant fondamental pratiquement. En tout cas ça lui (luie ? loui ?) permet de théoriser -et vivre- ça au plus près des mélanges réels, de façon apparemment joyeuse, sans se raconter d’histoires et sans l’esprit de sérieux justement si lourd qui découle de toute indexation, même quand elle est critique. Geneviève Fraisse avait l’air de dire en substance la même chose quand elle parlait de sortir des philosophies de l’identité et de penser les mélanges (sic de chez sic) de genres, mais après, j’ai pas compris et c’était fugace, les deux avaient l’air de s’opposer justement sur cette question de l’identité avec un texte de je-ne-sais-plus-qui à l’appui, c’est vraiment dommage parce que c’est là que ça commençait à croustiller...
    Enfin bon en tout cas, par fragments, dans les petits coins, il doit y avoir des choses à en tirer.

    (la rediff est disponible jusqu’à vendredi pas plus)

    • Comme l’indexation automatique de Seen this a fait tout le travail (oui indexer dès fois c’est bien aussi), je vois qu’il n’y avait rien sur les travaux de M-H Bourcier, et il se trouve qu’il y a pas mal d’articles très très bons en ligne.
      (je précise avant les liens que : si jamais l’administration française réussit un jour à changer son état-civil sans en passer par un procès kafkaïen de dix ans, faudra réindexer tout ça sous le bon patronyme ; comme quoi en fait, indexer c’est toujours un peu, mouais).

      Un article de Multitudes datant de l’ère pré seenthisienne :
      La fin de la domination (masculine)
      Pouvoir des genres, féminismes et post-féminisme queer
      par Marie-Hélène Bourcier
      http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MULT_012_0069

      C’est très très clair et super bien foutu, l’article dresse un panorama des mouvements critiques du féminisme et pointe surtout un enjeu théorique de fond quant à la construction des genres, entre la puissance symbolique chez Bourdieu et le pouvoir performatif chez Butler. Ca s’achève sur une traversée de la théorie queer qui éclaire cette histoire d’identité dont il était question plus haut : "L’une des solutions queer est alors la prolifération d’identités — dont les identités de genre non naturalisées —, de manière à rendre le couple homme/ femme,Madame et Monsieur Ramsay suffisamment problématiques pour entraver les modes de reproduction de l’identité occidentale. Cela suppose aussi d’abandonner une conception du pouvoir qui a partie liée avec les conceptions univoques et fixistes de la domination : celle d’un pouvoir souverain qui ne s’exercerait qu’en un seul lieu. C’est précisément cette vision du pouvoir qui, pour rassurante ou intimidante qu’elle soit, empêche de penser l’interconnexion des formes d’oppression et de résistances."

      Puis sur Cairn : Queer Move/ments :
      http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MOUV_020_0037
      Où pour le coup on en vient logiquement à Foucault qui, si je comprends bien, semble servir, après boostage problématique, de matrice théorique queer quelque part entre la domination symbolique de Bourdieu et le pouvoir performatif de Butler.
      "La volonté de dénaturalisation et d’utilisation de l’identité dont témoignent ces queer/move/ments que l’on vient d’entrevoir suppose de concevoir
      l’identité comme un instrument politique stratégique, susceptible de servir à déconstruire les identités masculine et féminine, homosexuelle et hétérosexuelle qui secrètent des formes de violence et d’oppression. Raison pour laquelle l’on ne saurait « être » queer, ni homme ni femme d’ailleurs. Non parce que l’idéal est le dépassement des identités ou des genres – ce serait tomber dans le piège dépolitisant de l’individualisme ou du dandysme – ou parce que l’on viserait à éradiquer les rapports sociaux de sexe pour reprendre une terminologie plus matérialiste – mais finalement peu réaliste. C’est plutôt que les identités sexuelles sont multipliables et « resignifiables », corps compris. S’il fallait ajouter un cinquième queer/mouve/ment qui nous permette de nous situer sur la spirale, ce serait celui représenté par une nouvelle génération d’activistes et de théoriciennes,
      les queer kings, qui ont en commun cette fois d’avoir décroché de la définition butlérienne de l’identité sexuelle (comme étant performative et l’effet des performances de genres) parce qu’elle oubliait les pratiques sexuelles, le corps et les effets de l’incorporation."

      Deux autres (pas lus) :
      Des « femmes travesties » aux pratiques transgenres : repenser et queeriser le travestissement
      http://clio.revues.org/255 (à télécharger avec l’onglet en haut à gauche)
      http://www.cairn.info/revue-mouvements-2007-1-page-8.htm
      L’homosexus normaticus entre mariage unidimensionnel et droits sexuels

      et puis enfin :
      http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-melange-de-genres-14-

  • Une réponse d’Olivier Blanc à Florence Gauthier sur Olympe de Gouges
    voire ici pour les attaques de Florence Gauthier contre la panthéonisation d’Olympe de Gouges
    http://seenthis.net/messages/179630

    et le texte d’Olivier Blanc est ici
    http://feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com/archive/2013/11/01/olympe-de-gouges-une-feministe-une-humaniste-une-femme-polit.html

    Pour dissuader le président de la République de choisir Olympe de Gouges, représentante des femmes engagées en politique, d’entrer au Panthéon, l’extrême gauche la plus ringarde fait feu de tout bois. Fidèle aux vielles méthodes - staliniennes - Florence Gauthier (Paris 7-Diderot) qui n’a jamais lu les écrits d’Olympe et n’a jamais publié sur elle autre chose qu’un brûlot d’apparence scientifique en réponse à un très bel article de presse de Myriam Perfetti paru dans l’hebdomadaire Marianne (17 août 2013), affirme sur son blog, au mépris de toute vraisemblance, qu’Olympe de Gouges fut une contre-révolutionnaire favorable à la loi martiale !

    #historicisation #pantheonisation #Olympe_de_Gouges

  • Olympe de Gouges et la symbolique féministe, entretien avec Geneviève Fraisse | Entre les lignes entre les mots
    http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2013/09/20/olympe-de-gouges-et-la-symbolique-feministe-en

    En 2007 et en 2009 vous vous êtes prononcée en faveur de l’entrée d’Olympe de Gouges et de Solitude au Panthéon…

    Oui, la demande de panthéonisation d’Olympe de Gouges a déjà une histoire. L’historienne Catherine Marand-Fouquet ouvre la voie, notamment en organisant une manifestation en 1993 devant le Panthéon, pour commémorer la mort d’Olympe de Gouges, guillotinée le 3 novembre 1793 (1).

    Au lendemain dubicentenaire de la Révolution française, en 1989, c’était une suite logique, logique du point de vue révolutionnaire autant que dans une perspective de réparation historique. Ainsi, la question des « grandes femmes » à côté des « grands hommes » était moins une question paritaire (combien de femmes manquantes ?) qu’une question de héros et d’héroïnes. C’est là où l’on voit qu’entre l’initiative de 1993 (que j’ai relayée en tant que déléguée interministérielle aux droits des femmes en 1998) et celle d’aujourd’hui, la signification n’est pas univoque. Le féminisme est aussi lié aux couleurs des moments historiques et cela en fait tout l’intérêt politique justement. Mais aussi, il y a continuité : Olympe de Gouges est bien à la place des fondateurs et fondatrices d’un espace politique démocratique. Et quelle que soit la critique adressée aujourd’hui à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (« droitdelhommisme »), le texte d’Olympe de Gouges qui lui fait face, La Déclaration des droits de la femme et de la citoyennne, la lecture publique de ce texte produit toujours un effet subversif. En décalage, en miroir, cette Déclaration ne fait pas l’effet d’un doublon, d’une copie, mais plutôt d’une provocation renouvelée.

    #femme #femmes #feminisme #pantheon #historicisation #Olympe_de_Gouges

  • Eternelles invisibles | Geneviève Fraisse
    http://www.monde-diplomatique.fr/2011/09/FRAISSE/20922

    Des tâches aussi ingrates qu’indispensables, assumées par une écrasante majorité de femmes, à titre bénévole ou rémunéré : le service à la personne concentre les questions épineuses posées à la société. / #Femmes, #Histoire, #Inégalités, Mouvement de contestation, Santé, #Syndicalisme, #Travail, Droits des femmes - (...) / Femmes, Histoire, Inégalités, Mouvement de contestation, Santé, Syndicalisme, Travail, Droits des femmes - 2011/09

    #Mouvement_de_contestation #Santé #Droits_des_femmes #2011/09