person:george « dubya » bush

  • TLAXCALA

    http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=8053

    La Realpolitik brouille la ligne rouge US sur la Syrie


    Pepe Escobar

    Traduit par MecanoBlog
    Edité par Fausto Giudice فاوستو جيوديشي

    Les armes de destruction massive (ADM) sont de retour. C’est comme si nous n’avions jamais quitté les jours glorieux de George « Dubya » Bush. Non, ils n’ont pas trouvé l’inexistante planque de Saddam sur eBay. Il s’agit bien de celle de Bachar al-Assad. Et ce n’est pas que les armes de destruction massive soient un prétexte à une invasion et une occupation, mais les ADM servent de motif pour livrer ce que l’administration Obama définit par le doux euphémisme d’ « activité militaire cinétique* ».

    Le tout est d’autant plus suspect que Damas avait signalé qu’il n’utilisera jamais d’armes chimiques contre les « rebelles ». Voici ce que le président Barack Obama a déclaré : « cela constituerait une ligne rouge pour nous [si] nous commencions à voir des quantités d’armes chimiques circuler ou être utilisées. » [1]

    Alors maintenant, même quelques containers de gaz moutarde en position légèrement instable dans dépôt peuvent constituer un casus belli. Mais est-ce si clair ? Obama a a dit que c’était « une » ligne rouge – ce qui implique qu’il peut y en avoir d’autres (cachées) non spécifiées.

    Obama a également souligné les « craintes » de Washington qu’en Syrie les armes de destruction massive « tombent entre les mains des mauvaises personnes. » Etant donné que la CIA est dans la manœuvre – aux côtés des piliers que sont l’Arabie saoudite et le Qatar au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) – afin de militariser la myriade de gangs que constitue l’Armée Syrienne Pas Exactement Libre (ASL), dont des centaines de djihadistes salafistes -, il s’agit d’une confession frappante qu’en fait, ce sont les « mauvaises personnes ». Ergo, les « bonnes personnes » sont le régime Assad.

    Était-ce un message codé d’Obama à la Turquie – signifiant : si vous envahissez le nord-ouest de la Syrie, devenu pratiquement une zone autonome kurde, vous devrez le faire tout seul, sans l’OTAN et sans le Pentagone ? Était-ce un message adressé aux « mauvaises personnes », alias les « rebelles », que, à part les manigances à l’efficacité douteuse de la CIA, vous devrez vous débrouiller seuls ?

    Ces deux possibilités ont été avancées sur le site web de Moon of Alabama. [2]

    Pourtant, l’administration Obama a peut-être fini par comprendre que la possibilité d’un après-Assad en Syrie dirigée par les Frères Musulmans syriens (FM) – infiniment plus cruels et sectaires que la version égyptienne – ne serait pas exactement un pari judicieux.

    La Maison Blanche et le Département d’Etat sont furibonds de la purge à la tête du Conseil suprême des Forces armées par le président égyptien Mohammed Morsi et de ses voyages diplomatiques à venir – que le ciel nous en préserve – à Pékin et au sommet du Mouvement des Non-Alignés (MNA) à Téhéran. Si les Frères Musulmans en Egypte peuvent réussirce genre de prouesses, imaginez en Syrie, qui n’était même pas dans la sphère d’influence de Washington.

    Alors pourquoi ne pas laisser le tout traîner vers une libanisation – ou plutôt une somalisation – scénario qui abattrait les quilles de l’armée syrienne et affaiblirait le gouvernement central de Damas, éclipsant ainsi sa « menace » au cas où le duo belliciste Bibi-Barak en Israël lançait une attaque sur l’Iran ?

    Carlos Latuff

    Etoffez votre démocratie par des bombes

    Voyons comment la situation se présente. Les Trois (dis)Grâces – Hillary Clinton, Susan Rice et Samantha Power – et leur doctrine R2P (« responsabilité de protéger ») a été appliquée « avec succès » en Libye, et a lamentablement échoué en Syrie.

    Il n’y aura pas de « zone d’exclusion aérienne » – dans les faits une déclaration de guerre. Il n’y aura pas de bombardement « humanitaire », il a été bloqué au Conseil de sécurité de l’ONU pas moins de trois fois par la Russie et la Chine.

    De plus, l’hystérique « guerre contre les terro » vieille de dix ans s’est avérée être une escroquerie intergalactique ; la CIA, aux côtés de la Maison des Saoud et du Qatar, est de nouveau côte-à-côte avec une palette de djihadistes salafistes du genre Al-Qaïda qui combattent allègrement une république arabe laïque.

    La question clé de la Syrie est comment la Russie et la Chine perçoivent la ligne rouge d’Obama.

    Voici la réponse russe [3]. Sa ligne directrice est que les USA doivent respecter les « règles du droit international », et non pas celles de « la démocratie par les bombes », et que seul le Conseil de sécurité a le pouvoir d’autoriser une attaque contre la Syrie. Une fois de plus, la Russie et la Chine, trois fois déjà, ont dit non à la guerre.

    Voici la réponse chinoise [4]. Une réponse qui n’est pas parvenue par la voie diplomatique, comme le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, mais par un éditorial de l’agence de presse Xinhua, qui dans le contexte chinois signifie la version officielle de Pékin. Le titre est plutôt explicite : « Par sa mise en garde sur le « ligne rouge », Obama cherche un nouveau prétexte pour une intervention en Syrie. »

    Et l’agence écrit textuellement – résumant la politique étrangère US selon Pékin : « Il n’est pas difficile de constater que, sous le couvert de l’humanitaire, les USA ont toujours essayé d’écraser les gouvernements qu’ils considèrent comme une menace pour leurs soi-disant intérêts nationaux et afin de les remplacer par des sympathisants de Washington. »

    Tous les acteurs clés ici –USA, Russie et Chine – savent que Damas ne commettra pas la folie d’utiliser (ou de faire « circuler ») des armes chimiques. Donc, pas étonnant que Moscou et Pékin suspectent fortement que cette astuce de « ligne rouge » ne soit qu’une nouvelle manœuvre de diversion d’Obama, du genre « Leading from behind » ("diriger en coulisses") en Libye (une foutaise : en fait, l’attaque sur la Libye a été démarrée par AfriCom, puis a été transférée à l’OTAN).

    Comme l’Asia Times Online n’a cessé de le rapporter depuis plus d’un an, une fois de plus la situation dans son ensemble est claire : il s’agit d’un combat titanesque entre l’OTAN-CCG d’une part et les membres des BRICS , la Russie et la Chine, d’autre part. L’enjeu n’est rien de moins que la primauté du droit international, qui n’a cessé d’être violé depuis au moins la pulvérisation de l’agent Orange sur tout le Vietnam, en passant par l’invasion de l’Irak par « Dubya » Bush en 2003, pour toucher le fond du gouffre avec le « bombardement humanitaire » de la Libye. Sans parler d’Israël qui menace tous les jours de bombarder l’Iran – comme s’il s’agissait d’une visite à un traiteur casher.

    Bon, on peut toujours rêver du jour où un monde multipolaire donnera un carton rose (avis de licenciement) aux traceurs de lignes rouges.

    Notes

    1. Obama Threatens Force Against Syria, New York Times, 20 août 2012

    2. http://www.moonofalabama.org/2012/08/obama-to-assad-do-whatever-you-need-to-do.html, Moon of Alabama, 21 août 2012.

    3. Russia warns West on Syria after Obama threats, Reuters, 21 août 2012.

    4. Obama’s “red line” warnings merely aimed to seek new pretext for Syria intervention, 22 août 2012.

    Merci à Tlaxcala
    Source : http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/NH24Ak03.html
    Date de parution de l’article original : 24/08/2012

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