person:george dyson

  • « La technologie possède les qualités que nous cherchons dans la religion » - Rue89 - L’Obs
    http://rue89.nouvelobs.com/2015/02/22/technologie-possede-les-qualites-cherchons-religion-257763

    Entretient avec George Dyson

    Je suis considéré comme un historien des technologies – et c’est en partie vrai. Mais je me considère davantage comme historien des gens, et en particulier des gens qui ont un rapport avec la technologie.

    ...

    Du point de vue de l’univers numérique, du monde des chiffres, vous avez ces chiffres qui essaient de croître, qui sont comme des herbes folles ou des mauvaises herbes, ils poussent partout où ils trouvent de quoi se nourrir.

    Et les nombres disent « Copie-moi et prends-moi avec toi, et copie-moi encore et dissémine moi », exactement comme la graine se transforme en fruit pour attirer l’animal qui mangera le fruit et permettra à la graine de se déplacer.

    ...

    J’ai toujours été attiré par ce qui est sauvage – et aussi par la sauvagerie. Par exemple, l’herbe qui pousse dans les fissures de l’asphalte, au beau milieu d’une ville. C’est sauvage, mais ce n’est pas de la sauvagerie. Le monde numérique a des propriétés similaires : si organisé et civilisé puisse-t-il sembler, le sauvage finit toujours par revenir.

    Aussi longtemps qu’un système admet l’arithmétique, il admet l’imprévisible. Pour certains, c’est terrible : « Oh nous ne pouvons pas entièrement contrôler l’univers ! » Pour moi, c’est ce qui nous sauve. Même ce nouveau monde numérique va perpétuellement s’ensauvager et demeurer sauvage, et c’est précisément ce qui le rend intéressant.

    ...

    La religion existe parce qu’il y a un fossé entre l’esprit des êtres humains et celui de Dieu, et c’est dans cet espace vide que nous créons la religion. Et cet espace est aujourd’hui un terreau très fertile pour la technologie.

    Au fond, la technologie est une couche supérieure, un esprit plus vaste que celui des êtres humains, et elle possède les qualités que nous cherchons dans la religion, pour dépasser la mort des individus. C’est pourquoi je pense que nous allons assister à ça, ça n’est juste pas encore mûr.

    ...

    Pour moi, l’univers numérique est quelque chose de très réel, ça n’a rien d’imaginaire. C’est une matrice dans lequel tous ces bits se déplacent, à un moment donné, avec une taille donnée. Il y a deux ans, cet univers grandissait à la vitesse de 5 trillions de bits par seconde. Ça grandit. Ça a sa propre matérialité, ses propres règles, sa propre physique. Et c’est une physique différente de celle qui régit l’univers dans lequel nous vivons. Ce n’est pas parce que nous avons créé cet univers qu’il n’est pas réel. C’est juste un univers différent. La question est : dans quel sens va-t-il évoluer ?

    Certains disent que lorsque nous éteignons un ordinateur, il disparaît, ce qui veut dire que nous gardons le contrôle dessus. Mais pourrons-nous toujours éteindre nos ordinateurs ?

    #numérique #George_Dyson

  • Le drame des gros doigts et autres chroniques que je n’ai jamais faites - Le nouvel Observateur
    http://rue89.nouvelobs.com/2014/07/03/drame-gros-doigts-autres-chroniques-nai-jamais-faites-253408

    En 2010, la revue The Edge avait demandé à contributeurs tous plus prestigieux les uns que les autres de répondre à la question :

    « Comment Internet change la manière dont vous pensez ? »

    George Dyson, célèbre historien par ailleurs fan de kayak, fit la réponse suivante. Dans le Pacifique Nord », explique-t-il, il y avait deux manières de construire les bateaux. Les Aleuts, qui vivaient sur des îles dénuées d’arbre, ramassaient et assemblaient les morceaux de bois que la mer leur apportait, ils construisaient des kayaks. Les Tlingit, eux, choisissaient un arbre dans ceux qui poussaient autour d’eux et le vidaient jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un canoë. Internet a produit la même rupture culturelle, poursuit George Dyson.

    Avant nous étions des constructeurs de kayaks, nous maintenant à flot en collectant les informations disponibles et en les assemblant en idées. Internet nous oblige à devenir des fabricants de canoë qui se doivent se débarrasser de l’information contingente pour faire émerger le forme de connaissance cachée en elle.

    #internet

  • Philosophie de la programmation | Xavier de la Porte
    http://www.internetactu.net/2012/04/23/philosophie-de-la-programmation

    La lecture de la semaine, une fois n’est pas coutume, est une critique de livre, publiée dans le Guardian, sous la plume de Francis Spufford. Le livre critiqué est celui de George Dyson (Wikipédia, il est l’un des contributeurs principaux de la revue The Edge), Turing’s Cathedral (La cathédrale de Turing), qui raconte la construction de l’un des premiers ordinateurs,…