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  • Non létale, mon œil ! par Gilles Lucas
    http://cqfd-journal.org/Non-letale-mon-oeil

    Le 27 décembre 2007, quelques centaines d’étudiants manifestent contre la loi LRU dans les rues de Nantes. Arrivés devant le rectorat, après que certains d’entre eux ont réussi à écarter le grillage d’enceinte, ils pénètrent dans le parc qui entoure le bâtiment administratif. Le commissaire Monard , directeur départemental de la sécurité publique, envoie ses troupes composées de gendarmes mobiles, de flics cagoulés des Compagnies départementales d’intervention et de cow-boys de la Bac. Ils encerclent les manifestants et les repoussent à l’extérieur par un portail. Deux ou trois projectiles seraient alors partis depuis les rangs étudiants. Aussitôt, des policiers tirent des balles en caoutchouc à travers les grilles. Deux jeunes sont touchés en pleine tête. Un troisième perdra un œil.

  • La crise par Gilles Lucas
    http://cqfd-journal.org/La-crise

    La crise ! Presque quarante ans aujourd’hui que l’expression hante les sociétés, pèse comme une sourde menace, agite le spectre d’une décomposition imminente du présent et semble soumettre le monde à des flux incontrôlables et incontrôlés. S’il est convenu de nommer les années comprises entre 1945 et 1973 les « Trente Glorieuses », époque dont l’évocation provoque quelques émotions au souvenir des mythiques services publics ou du bien-être consumériste, c’est par une succession de crises et de krachs que s’achèvent ces prétendus temps bénis. Ces « phénomènes », a priori exceptionnels, vont se « pérenniser », passant du choc initial aux répercussions sur plusieurs années, en attendant le surgissement d’un nouvel effondrement.

  • Acier trompé par Gilles Lucas
    http://cqfd-journal.org/Acier-trompe

    Sauver le Made in France, qu’ils disaient ? Les métallos en grève de Florange voient défiler sans illusion les candidats en campagne. Mais ils ont des idées : « ArcelorMittal a racheté Gandrange pour un euro. Nous aussi, on a un euro : on le lui donne ! » Chiche ?

    « Nous allons être le cauchemar du gouvernement », promettaient dès le début de l’année les sidérurgistes de Florange, une des dernières villes industrielles du bassin lorrain. Au chômage technique depuis novembre, ils ne croient plus aux propos de leur taulier, ArcelorMittal, qui parle d’une réduction temporaire d’activité dans l’attente de beaux lendemains en acier. Pour eux, l’affaire est pliée : derrière les propos évasifs de la direction, c’est la fermeture de ces derniers hauts-fourneaux qui est programmée. Réunis en intersyndicale, les organisations ouvrières ont donc décidé, à partir du 20 février, de passer à l’action. Occupation des locaux de la direction, arrêt des expéditions, barrages à l’entrée des bâtiments administratifs, blocage total du site et des liaisons ferroviaires… « Pour décider de ces actions, on se réunit en intersyndicale puis on présente les propositions lors des assemblées générales qui ont lieu dans la salle du conseil d’administration ou dans une salle que nous prête la mairie. Les décisions sont votées à main levée », précise à CQFD Michel, un syndicaliste de la CFDT. « Le problème est que Mittal fait ce qu’il veut. Il parle de baisse de la demande d’acier pour justifier l’arrêt des hauts-fourneaux. C’est faux. Nous savons que sur les sites de Brême en Allemagne et de Gand en Belgique, les gars sont sous pression. Ces hauts-fourneaux tournent à 98 % de leur capacité. Ce qui exige un travail énorme. Cette activité, intensive et dangereuse pour le personnel comme pour les installations, devrait être partagée avec les autres sites. Tout le monde aurait du travail, et les collègues allemands et belges pourraient souffler », poursuit un responsable de la CFDT.

  • Un petit Fukushima-sur-Manche ? par Gilles Lucas
    http://cqfd-journal.org/Un-petit-Fukushima-sur-Manche

    Le 6 avril 2012, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a publié un communiqué de presse tout à fait rassurant à propos de la situation concernant la centrale nucléaire de Penly, en Seine-Maritime. « [Ce matin] vers 7 heures, l’ASN a eu confirmation par EDF qu’il n’y avait plus de fuite dans la pompe primaire numéro un du réacteur numéro deux. Cet incident survenu sur la pompe n’a pas eu de conséquence sur l’environnement. L’ASN a provisoirement classé cet événement au niveau un sur l’échelle INES. » La haute exigence d’intégrité et de transparence de l’ASN aura, vu l’urgence d’informer les populations, repoussé de quelques jours l’exposé détaillé de cet incident classé un et des interrogations qu’il soulève. Les experts appointés préciseront alors que l’huile enflammée venait de la pompe du circuit primaire qui sert à refroidir le cœur du réacteur. Ils n’omettront pas de décrire la durée de la fuite et la quantité d’eau radioactive écoulée, à raison de plus de deux mètres cubes par heure, jusqu’à ce que l’incident ait été maîtrisé. Ils rappelleront que cette eau radioactive, récupérée dans des bacs prévus à cet effet, sera rejetée en mer après avoir subi un retraitement. Ils indiqueront que cette opération de filtrage ne piège pas le tritium, isotope hautement radioactif, inévitablement présent, avec d’autres gaz rares. Ils insisteront évidemment sur les conséquences potentielles d’un tel évènement dans une telle centrale, où cinquante-sept millions d’euros avaient pourtant été dépensés en 2010 pour améliorer la sûreté de ces installations nucléaires qui produisent l’énergie la moins chère et la plus sûre. Ils, ils… « Quand toutes les précautions auront été prises, l’installation redémarrera en toute sûreté », a déclaré solennellement dans l’après-midi de ce même 6 avril, Laurent Lacroix, directeur délégué du site EDF de Penly. Manière de confirmer le récent rapport d’inspection de l’ASN qui déclarait que « l’organisation pour la conduite normale des réacteurs du Centre nucléaire de production électrique de Penly est globalement satisfaisante », tout en laissant échapper une furtive remarque « sur l’inétanchéité du clapet 2RCV265VP du circuit RCV6 du réacteur numéro deux »… Date du passage des inspecteurs ? Il n’y a pas même deux mois : c’était le 15 février 2012.

  • Berger à lier par Gilles Lucas
    http://cqfd-journal.org/Berger-a-lier

    « La brebis pare-feux », c’est ainsi qu’Alain, jeune berger, a choisi de nommer son activité lorsqu’il s’installe dans les Cévennes, entre Les Vans et Villefort. Mais son mode de vie un brin anarchique a entraîné des conflits avec des autorités locales, jusqu’à son internement en psychiatrie…

  • Mille bâtons dans les pattes
    Par Gilles Lucas
    http://cqfd-journal.org/Mille-batons-dans-les-pattes

    Présenté en grande pompe le 19 janvier, le catalogue du pré-programme des réjouissances de Marseille 2013 vante beaucoup le caractère multiculturel de la ville… Comme le quartier populaire de Noailles, par exemple ? Non, justement, non. Ça, c’est ce qui doit disparaître.

    « La culture a trouvé sa capitale. » La machine à générer automatiquement des mots aura méchamment chauffé, déclinant à l’envi « l’art, la citoyenneté, le populaire et le lien social » à propos de cette « ville cosmopolite » et « multiculturelle », « carrefour millénaire de la Méditerranée », ou encore « territoire d’intégration ». Les Roms, poursuivis et maltraités, vérifient quotidiennement la véracité de ces belles intentions. Les habitants du quartier des Crottes en savent quelque chose, eux qui subissent les coups de bulldozers d’Euroméditerranée et dont « Marseille 2013 » est un cheval de Troie. Au cœur de cette ville de Marseille – une des dernières grandes cités populaires en Europe –, l’association le Mille-Pattes semble rassembler, a priori, toutes les spécificités énoncées dans l’argumentaire des technocrates de la culture.

  • Quand t’es dans le désert...
    Par Gilles Lucas. Photo de Rémy Comment.
    http://cqfd-journal.org/Quand-t-es-dans-le-desert

    « Vous voyez, sur ce socle en argile au milieu de la cour, il y avait une croix. Le temps, le vent… l’ont fait tomber », dit Bernard, un des trois frères de la Confrérie de Charles de Foucault. Depuis huit ans maintenant, il a rejoint, dans la ville saharienne de Beni-Abbès, l’ermitage construit en 1901 par Charles de Foucault alors pris d’une irrépressible et mystique envie « d’un retour au désert », à l’image de son héros Jésus de Nazareth. « Cette croix, on ne la remettra pas. C’est mieux ainsi… Et comme pour balayer d’un sourire deux mille ans d’histoire : parce, quand même, cet objet-symbole est avant tout un instrument de torture… » Et lentement d’expliquer, avec une malice quasi-blasphématoire : « On attachait les gens par les bras et l’on posait leurs pieds en appui sur une cale afin qu’ils aient les jambes fléchies. Leur corps partait alors en avant et la tension provoquait une compression pulmonaire que les suppliciés devaient compenser en poussant sur les jambes jusqu’à ce que la fatigue les prenne. Et ainsi de suite… La mort venait par asphyxie. Le calvaire pouvait durer une semaine… Et c’est cet objet-là que l’on vénère ? »

  • Actastrophe
    Par Gilles Lucas
    http://cqfd-journal.org/Actastrophe

    Dix ans que les lobbies politico-industriels américains et japonais travaillent très discrètement pour imposer l’Anti-Counterfeiting Trade Agreement (Acta).

    Cet accord commercial international, disposant de son propre organisme de gouvernance, est destiné à s’attaquer « à l’augmentation dans le commerce international des contrefaçons et des produits sous copyright piratés ». En clair, accroître le contrôle des États sur ce qui échappe encore à leur emprise. Il aura fallu moins d’une année de travail pour que d’influents technocrates canadiens, européens et suisses se joignent à ce projet, puis encore un an pour que ceux d’Australie, du Mexique, du Maroc, de la Nouvelle-Zélande, de la Corée et de Singapour intègrent la conspiration. Avançant masqué comme défenseur des femmes et des enfants mis au travail forcé par d’avides contrefacteurs de produits occidentaux, ce cabinet noir de décideurs apparaît en pleine lumière grâce aux révélations de Wikileaks en 2008. Les cibles de ce nouvel arsenal juridique sont, en fait, autrement plus diversifiées que les valises de touristes chargées de contrefaçons : les producteurs de médicaments génériques qui, à des prix défiant les tarifs occidentaux, permettent à des pauvres du Sud de se soigner ; et les internautes, dorénavant tous désignés comme potentiellement « pirates », puisque leurs activités consistent à se communiquer documents et informations. Cette dernière situation devant d’ailleurs être corrigée grâce à la complaisance délatrice des fournisseurs d’accès vis-à-vis des autorités.

  • 1955 : la révolte des conscrits par Gilles Lucas
    http://cqfd-journal.org/1955-La-revolte-des-conscrits

    Ils sont plus de six cents, ces réservistes de l’armée française qui, le 11 septembre 1955, sont rassemblés gare de Lyon à Paris, pour rejoindre le Maroc où la revendication d’indépendance connaît, depuis deux ans, une brusque accélération. Sur les quais, rares sont les bidasses qui ignorent que des négociations entre responsables marocains et français sont en cours depuis la fin août. En effet, l’État colonial, encombré par la situation marocaine – et dont il va se débarrasser en novembre en lui accordant l’indépendance –, a décidé de tourner ses forces contre le soulèvement algérien qui a débuté un an auparavant. Les troufions refusent de monter dans les trains. Ce sont des policiers et des gendarmes qui les contraignent à rejoindre leurs casernements en vue de leur prochain acheminement par avion vers le protectorat chérifien où la police militaire les attend avec gourmandise…

  • À la barbe de la démocratie, par Gilles Lucas et Mina Zapatero :
    http://cqfd-journal.org/A-la-barbe-de-la-democratie

    Rencontré fin octobre au Caire, Ayman a participé début 2011 aux manifestations de la place Tahrir qui ont conduit à la chute de Hosni Moubarak. En novembre, il était à nouveau au front pour exiger le départ du Conseil suprême des forces armées. Ingénieur, athée, ce vaillant révolutionnaire nous livre son regard sur la situation politique égyptienne à l’heure où les islamistes décrochent la majorité des sièges au sein du nouveau Parlement.

  • Les Artisans du "choc des civilisations" par Gilles Lucas.
    http://cqfd-journal.org/Artisans-du-choc-des-civilisations

    Les informations bidouillées et effrayantes sur l’Islam, diffusées par un site d’informations – memri.org – où se bousculent des membres des autorités américaines et israéliennes, rencontrent de beaux succès. En attendant un conflit général avec les Arabes, on peut déjà en subir les effets au comptoir du café du coin.

  • Raid sur les Roms | Gilles Lucas (CQFD)
    http://www.cqfd-journal.org/Raid-sur-les-Roms

    « Les mesures en cause révèlent un non-respect des valeurs essentielles inscrites dans la Charte européenne, notamment la dignité humaine, dont la nature et l’ampleur vont au-delà des violations ordinaires de la Charte. » La Commission européenne des droits sociaux n’a pas mâché ses mots pour décrire, le 10 novembre 2011, l’attitude de la France vis-à-vis des Roms. Qu’importe ! Á Marseille, les attaques et les violences policières contre ces « Européens » continuent. Source : CQFD

  • Les communes en désintox | Gilles Lucas (CQFD)
    http://www.cqfd-journal.org/Les-communes-en-desintox

    À l’heure où l’on dépèce Dexia, banque spécialisée dans « l’aide » financière aux collectivités territoriales, ces dernières montent à l’assaut de leurs emprunts toxiques aux taux d’intérêt exorbitants. Leur allié ? L’association Un autre monde est possible. Source : CQFD

  • Dégagitude et tunisification | Gilles Lucas (CQFD)
    https://www.cqfd-journal.org/Degagitude-et-tunisification

    CQFD s’est saigné aux quatre veines pour envoyer un de ses glorieux plumitifs respirer l’air révolutionnaire en Tunisie, alors lisez ! Car ce n’est pas tous les jours qu’on vous décrira un peuple en train d’expérimenter la liberté, de faire le tri dans ses gouvernants, d’inventer son destin politique, de balayer des années de servitude, de dire son mépris des exploiteurs – n’en jetez plus –, dans les rues, sur les places, dans les entreprises, les usines, les mines… Ce n’est pas gagné, la tâche est pour le moins complexe, ça dérape parfois, ça foisonne aussi, beaucoup.