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  • Le mensonge de trop de Caroline Fourest : la justice l’a bien condamnée pour diffamation - Mediapart - Aymeric Caron http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/010515/caroline-fourest-le-mensonge-de-trop

    Le 25 juin 2013, sur France Culture, Caroline Fourest avait remis en cause les propos de Rabia Bentot, une jeune musulmane voilée qui avait été agressée par deux hommes à Argenteuil le 20 mai 2013. Caroline Fourest avait laissé entendre que Rabia Bentot était une affabulatrice et que toute cette affaire n’avait sans doute rien d’une agression islamophobe.

    Elle avait affirmé que « la jeune femme n’a pas déposé plainte tout de suite », et que dans une interview télévisée « le père, pourtant absent au moment des faits, passe son temps à couper la parole à sa fille, pour donner sa version. Et là aussi c’est une version qui n’a pas arrêté de changer, dont la police d’ailleurs doute. Elle n’exclut pas un règlement de comptes familial, une opération punitive destinée à faire payer à la jeune femme son style de vie, jugé trop libre, ce qui changerait évidemment tout ». Quelques instants tard, Fourest évoquait même clairement la possibilité d’agressions « bidonnées ».

    La victime avait alors porté plainte et Caroline Fourest avait été condamnée en octobre dernier à verser 3000 euros de dommages et intérêts et 3000 euros de frais de justice.

    On pourra s’interroger sur les suspicions sélectives de Caroline Fourest : alors qu’elle remet en cause la réalité d’une agression subie par une femme voilée, elle s’est en revanche empressée de soutenir Amina, ex-Femen, lorsque celle-ci avait affirmé avoir été agressée en plein Paris par des islamistes (« Les petits tyrans misogynes qui ont attaqué Amina en plein Paris ne l’emporteront pas au paradis », s’était-elle empressé de réagir). Sauf que dans ce cas précis, l’agression d’Amina s’avèrera… imaginaire.

    Mais revenons à la chronique sur Rabia Bentot. Car c’est ici que va se dérouler sur le plateau d’On n’est pas couché un étonnant moment : Caroline Fourest rétorque avec aplomb qu’elle n’a pas été condamnée. Etonnement. L’affaire aurait-elle connu un rebondissement qui aurait échappé à tous ? Je lui demande alors si elle a gagné le procès en appel. Elle me répond que oui. Et quelques instants plus tard, excédée, elle tentera de détourner l’attention en choisissant la voie de l’invective en me traitant de « con ». Estomaqué, je choisis alors de cesser l’interview : à mes yeux, l’insulte coupe court à toute tentative de dialogue.

    Dans une interview donnée le lendemain à la presse écrite, Caroline Fourest ira plus loin encore en réitérant ses injures et en affirmant, notamment, que ma méthode consiste à « faire les poubelles d’internet et en faire état sur un plateau ».

    Nouvelle erreur de Caroline Fourest. Ce n’est pas dans les poubelles d’internet que je trouve mes informations. Contactés cette semaine, la Cour d’appel de Paris et Maître Hosni Maati, l’avocat de Rabia Bentot, confirment deux choses : Caroline Fourest a bien été condamnée le 22 octobre 2014 pour diffamation et l’affaire en appel n’a pas encore été jugée. Le bulletin de la Cour d’appel concernant la procédure dans le dossier BENTOT/FOUREST, qui m’a d’ailleurs été transmis, établit en effet qu’aucune date d’audience n’est encore fixée. Le dernier acte effectué dans cette procédure est une sommation de communiquer le 8 avril dernier.

    Ce n’est pas dans les poubelles d’internet non plus que l’on trouve le compte-rendu du jugement du Tribunal de Grande Instance de Paris, lequel dénonce le manque de sérieux de l’enquête de Caroline Fourest : « Caroline FOUREST se borne à produire quelques coupures de presse dont aucune n’évoque les faits sur lesquels elle appuie son imputation diffamatoire » . Il souligne que contrairement aux affirmations de Fourest, Rabia Bentot a porté plainte dès le lendemain de son agression, après avoir été soignée à l’hôpital d’Argenteuil et que « ses déclarations figurant dans ce procès-verbal quant aux faits dont elle a été victime, ne diffèrent pas du récit qu’elle donne lors de l’interview diffusée sur oumma.com, au cours de laquelle son père, loin de lui couper la parole, explique qu’il n’était pas présent et que c’est à sa fille de s’exprimer pour décrire les violences qu’elle a subies ».

    La justice a donc établi que Caroline Fourest a, au cours de sa chronique, déformé des propos et des faits. Exactement ce que je lui reprochais de faire au cours de notre échange sur le plateau d’On n’est pas couché. Mais en mentant délibérément pendant cette émission à propos d’une condamnation dont elle a fait l’objet, Caroline Fourest a franchi un pas supplémentaire. Aujourd’hui elle se répand, réitérant ses insultes et ses attaques personnelles à mon encontre, affirmant que je l’aurais empêché de parler du fond du livre.