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  • En Belgique, une #répression de plus en plus brutale contre les collectifs d’accueil des migrants

    Perquisitions musclées, détention préventive pendant de longues semaines, poursuites judiciaires... Depuis plusieurs mois, les autorités belges se montrent particulièrement sévères envers les personnes qui viennent en aide aux migrants. Un premier procès en correctionnelle s’est tenu début novembre à Bruxelles. Plusieurs citoyens belges y sont accusés d’avoir participé à un trafic d’êtres humains après avoir aidé et hébergé des migrants, eux-mêmes inculpés et désignés comme étant des passeurs. Face à ces politiques de plus en plus répressives, un collectif s’est créé pour rappeler que la « solidarité n’est pas un crime ».

    Onze personnes étaient sur le banc des accusés les 7, 8 et 9 novembre derniers devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Parmi eux, plusieurs jeunes hommes, la plupart d’origine égyptienne ou soudanaise – des migrants venus en Belgique après des séjours plus ou moins longs passés à Calais, qui évoquent tous leur intention de se rendre au Royaume-Uni. A leurs côtés, trois femmes, des citoyennes belges mères de famille, et un Tunisien établi en Belgique depuis longtemps. « Je n’avais jamais vu ces personnes, avant de les rencontrer au tribunal », assure Anouk van Gestel, l’une des prévenues, qui n’avait été en contact qu’avec deux d’entre elles. Pourtant, le groupe a été présenté à la justice comme faisant partie... d’un réseau organisé de passeurs. Huit personnes, dont deux « hébergeurs », ont déjà effectué de deux à dix mois de détention préventive.
    Premier procès, d’autres affaires à suivre

    Pendant les trois jours de l’audience, les avocats des prévenus ont réussi à faire reconnaître à la procureure du Roi que l’enquête de police, menée par une juridiction flamande à partir d’écoutes téléphoniques, avait été dirigée dans le but de présenter l’affaire comme une organisation criminelle qui, en réalité, n’existait pas. Le Parquet, dans son réquisitoire, a demandé l’acquittement pour deux des quatre « hébergeurs ». Des peines de prison de un à trois ans ont été requises pour les neuf autre personnes. Le verdict, qui sera rendu le 12 décembre prochain, ne sera que le premier d’une série d’affaires où se disputent les notions d’aide « humanitaire » et d’aide à l’immigration illégale.
    Plusieurs associations de défense des droits humains et d’aide aux exilés ont dénoncé une volonté de la part des autorités belges de « faire peur » aux personnes apportant leur soutien aux quelques milliers de migrants et « transmigrants » - qui transitent par le pays pour gagner le Royaume-Uni. Jusqu’à présent, aucun citoyen solidaire n’a été puni pour trafic d’êtres humains. Avant la tenue de ce procès – largement médiatisé –, le récit de plusieurs perquisitions policières brutales chez des « hébergeurs » a particulièrement secoué les membres de la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés de Bruxelles.

    Créée il y a trois ans, par des volontaires, cette plateforme est un réseau qui compte près de 50 000 soutiens sur Facebook et 7000 bénévoles actifs. Ils proposent des repas, des trajets en voiture et surtout des hébergements chez l’habitant, aux centaines de migrants venus d’Afrique et du Moyen-Orient, qui se sont établis en campements sommaires dans le Parc Maximilien et aux alentours de la gare du Nord, à Bruxelles. La plateforme a reçu mi-octobre un prix de la fondation Henri Lafontaine (prix Nobel de la paix 2013) en récompense de l’engagement de tous ces volontaires...
    Deux mois de prison pour une jeune mère de famille

    La répression s’est pourtant vite abattue sur les premiers bénévoles. En octobre 2017, la police a fait irruption à l’aube dans l’appartement de Zakia S., une assistante sociale belgo-marocaine, où dormait son bébé de 2 ans. La jeune femme est ensuite incarcérée deux mois, à Gand en Flandres, une situation particulièrement traumatisante pour la mère de famille, qui ne parle d’ailleurs quasiment pas néerlandais. Elle faisait partie, selon son avocate, des premières bénévoles du parc, où elle s’est très vite impliquée dans l’aide quotidienne aux migrants.

    « Elle y venait car les autorités ne faisaient rien, parce qu’elle voulait sauver l’honneur de la Belgique, et parce qu’elle n’est pas indifférente à la souffrance d’autrui », a plaidé sa défense. Grâce à sa connaissance de la langue arabe, elle s’était notamment impliquée dans la recherche d’informations pour retrouver l’identité d’un jeune migrant, décédé en voulant passer Outre-Manche, afin que celui-ci n’ait pas une sépulture anonyme. La police lui reproche d’avoir donné des renseignements à de jeunes hommes qu’elle hébergeait, sur l’emplacement de parkings de poids lourds et leur destination. Ce qui serait, selon l’accusation, une aide active à l’immigration illégale.

    Une autre bénévole, Anouk van Gestel, qui a hébergé plusieurs mois un jeune mineur soudanais particulièrement vulnérable, a subi à la même époque une « descente de police affreuse », et un interrogatoire de près de sept heures. Journaliste de profession, elle avait découvert la réalité des conditions de vie des migrants lors d’un reportage à Calais, avec son amie et consœur Myriam Berghe, co-accusée dans le même procès. « Ils ont mobilisé une vingtaine de policiers, une débauche de moyens, tout ça pour faire peur aux gens de la plateforme et pêcher des voix à l’extrême droite. C’est un procès politique ! », a dénoncé à plusieurs reprises celle qui est devenue, malgré elle, porte-parole de la cause. Il lui est reproché d’avoir voulu faire passer la frontière à son protégé. Elle nie toute contrepartie financière et affirme avoir simplement voulu prendre des renseignements avant de renoncer à ce projet.

    Actions de solidarité, nouvelles descentes de police

    Début septembre, les deux journalistes avait adressé une lettre ouverte au premier ministre Charles Michel, pointant notamment les « agissements du secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration » [Theo Francken, du parti nationaliste flamand N-Va, ndr], qui « poussent la justice à poursuivre les personnes aidantes. » C’est aussi l’avis du collectif « Solidarity is not a crime », créée suite à plusieurs affaires. Celui-ci, en plus de défendre les « hébergeurs », dénonce les « rafles » et les arrestations des migrants eux-mêmes, comme celle qui a eu lieu en février dans un centre culturel bruxellois, le Globe aroma, ou les poursuites engagées contre six passagers d’un vol Bruxelles-Douala qui s’étaient opposés à l’expulsion d’un migrant en 2016. « L’État belge cherche à donner une vision négative à la fois des exilés et des personnes qui leur viennent en aide », peut-on lire dans leur manifeste.

    Le collectif a organisé, quelques jours avant le procès, une action devant 25 commissariats belges. Des affiches, avec le slogan « Les rafles et les visites domiciliaires ne nous protègent pas », ont été collées à l’attention des forces de l’ordre. Car les actions policières se poursuivent, et de nouveaux citoyens ont été perquisitionnés à leur domicile le mois dernier. La Plateforme citoyenne s’en est alarmée dans un communiqué : « Des ménages belges ont été ciblés comme s’ils étaient devenus les repères de narcotrafiquants. Portes et serrures forcées, plaquages au sol, mandats d’amener, citoyens menottés. Si la lutte contre le trafic d’êtres humains est indéniablement nécessaire, nous ne comprenons pas que des hébergeurs puissent de la sorte être traités comme des criminels pour avoir été solidaires envers un public plus souvent victime de traite d’êtres humains que coupable de trafic d’êtres humains. »

    Les nationalistes flamands opposés au pacte mondial sur les migrations

    Parmi ces personnes se trouve Dounia D., une comédienne et chanteuse belge qui a pris la parole devant 500 personnes lors d’un rassemblement, le premier jour du procès, pour raconter comment la police est venue chez elle l’arrêter, ainsi que deux migrants qu’elle hébergeait. « Les migrants aussi sont victimes, autant que les citoyens belges », rappelle l’une des membres du collectif. « La différence de traitement qu’ils subissent dans cette affaire est flagrante. Ce sont tous des gens vulnérables. Ils ont peut-être participé à "fermer la porte du camion", contre quelques euros, mais nous, nous les soutenons. »

    Les plaidoiries décrivent en effet des parcours de migrations faits de misère et d’errance, où la Libye et Calais reviennent souvent. Pendant de longues heures, le Parquet insiste pour faire avouer à ces hommes, las des mois passés en prison et déboussolés par les menottes et la traduction, qu’ils ont touché ici 800 euros, là 2000 euros. « Vous voyez bien, Madame la Présidente, que nous n’avons pas à faire à de gros poissons », lancent à plusieurs reprises les avocats à une juge pas toujours à l’aise avec un dossier transmis in extremis par ses collègues de Flandre, pour des raisons linguistiques. Les hébergeurs sont en effet francophones, et les migrants arabophones avaient pour la plupart des notions de français.

    « C’est une bonne chose pour nous que le procès ait été transféré dans une juridiction francophone, car les pressions politiques sont plus fortes en Flandre », estime Anouk van Gestel, qui craignait la sévérité des juges de Termonde, principale ville de la région qui abrite le tribunal. Pendant le procès, les avocats ont pointé le fait que les policiers flamands avaient un biais anti-migrants dans leur enquête, voir raciste puisque les deux hébergeurs avec un prénom arabe (Walid et Zakia) ont été plus malmenés que deux autres femmes. Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur Jan Jambon, et le ministre de l’immigration Theo Franken, tous deux membres du parti nationaliste N-Va tentent actuellement de s’opposer à la signature par le gouvernement du pacte mondial sur les migrations de l’Onu (lire notre article : que propose vraiment le Pacte mondial sur les migrations de l’Onu, qui fait tant peur aux partis xénophobes ?). Face aux questions migratoires, la Belgique reste, comme sur beaucoup de sujets, très divisée.


    https://www.bastamag.net/En-Belgique-une-repression-de-plus-en-plus-brutale-contre-les-collectifs-d
    #aide #solidarité #réfugiés #asile #migrations #Belgique #criminalisation

    via @isskein

  • Documentaire : Les gangsters et la Republique - Planetes360
    https://planetes360.fr/documentaire-gangsters-republique

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    Les voyous traqués par la République, c’est la version officielle. Les gangsters connaissent la face cachée de cette Histoire de France. Une suite de services rendus et de compromissions. De 1945 à nos jours, les liaisons dangereuses qui unissent caïds, police et politiques ont marqué l’histoire nationale et continuent de façonner le banditisme français. William Le Grand, Tony l’Anguille, Michel Le Gros, Dodo La Saumure, Sakho, … Ils sont braqueurs de banque, as du chalumeau, proxénètes, dealers, inventeurs du go-fast ou banquiers de cercle de jeu,… Si dans le Milieu la parole est rare, ces témoins privilégiés ont décidé de se lâcher. Ils livrent la version officieuse depuis l’âge d’or de la voyoucratie pendant la Seconde Guerre mondiale, en passant par le SAC, la guerre d’Algérie, les années Defferre à Marseille jusqu’à l’arrivée de la drogue et la prise du pouvoir des caïds dans les banlieues. Face à eux, les témoignages exclusifs de politiques : l’ancien directeur du SAC, Charles Pasqua, la sénatrice de Marseille Samia Ghali, l’adjoint au maire marseillais Renaud Muselier ; de policiers et procureurs, Lucien Aimé Blanc, ancien de la Mondaine, Bernard Squarcini, ex patron des RG, Jacques Dallest, procureur de la République ; mais aussi d’historiens, Jean-Marc Berlière, Charles Diaz, et de professeur de criminologie, Alain Bauer.

    Episode 1 : AU NOM DU DRAPEAU
    La France a toujours eu besoin des voyous pour effectuer les basses besognes, mais jusqu’à quel point les politiques sont-ils prêts à aller pour l’amour de la patrie ? Joe Attia, Georges Boucheseiche, Henri Lafont, comment les grands noms de la Carlingue reprendront-ils du service pendant les années De Gaulle pour jouer les barbouzes pour l’Etat ? De l’affaire Ben Barka pendant la guerre d’Algérie, aux affaires des indépendantistes corses de Bastelica et l’assassinat d’Orsoni, à chaque fois que l’intégrité de la nation s’est trouvée menacée les politiques ont eu recours aux caïds. Les voyous racontent ces liaisons dangereuses solidement tissées pendant le Seconde Guerre mondiale, ses risques, ses réussites et ses dérapages. Petits arrangements entre amis

    Episode 2 : PETITS ARRANGEMENTS ENTRE AMIS
    Proxénétisme, braquage et jeux : les trois grands secteurs de la voyoucratie française. De la grande époque des maisons closes, quand la Mondaine fermait les yeux en échange de précieux renseignements, à celle des cercles de jeu parisiens, généreusement octroyées au Milieu corse par l’Etat au lendemain de la Libération, en passant par le Marseille Defferre-Guérini, comment flics, voyous et politiques se croisent, se servent, sans jamais oublier de se renvoyer l’ascenseur ? Par le menu, les caïds décryptent l’organisation de la société du crime, ses règles, son code de l’honneur, son aristocratie.

    Episode 3 : LA LOI DE LA DROGUE
    Cannabis, cocaïne, héroïne : la drogue a inondé le marché imposant sa loi et ses méthodes. De l’ancienne garde des barons de la French Connection, à la nouvelle génération des dealers de cités, en passant par l’inventeur des go-fast entre Marbella et Paris, ils racontent. Comment le trafic s’est-il épanoui aux Etats-Unis avant de s’emparer de l’Espagne sous couvert des autorités espagnoles, à l’époque de l’ETA ? Aujourd’hui, avec plus d’un milliard de bénéfice par an rien qu’en Seine-Saint-Denis, comment cette machine à cash est devenu un contre-pouvoir, quand les caïds de quartiers échangent la paix sociale contre la mainmise sur leurs territoires ?