person:herbert von karajan

  • Au sommet : "Pour « démilitariser » les relations avec la presse", la #com' de l’#Élysée confiée à un Sylvain Fort qui manque de temps pour son projet de... Dictionnaire amoureux de l’armée française.
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/09/11/sylvain-fort-le-retour-d-un-fidele-de-macron-pour-demilitariser-les-relation

    Sylvain Fort, le retour d’un fidèle de Macron pour « démilitariser » les relations avec la presse, Ariane Chemin et François Krug, LE MONDE | 11.09.2018
    Jusqu’à présent chargé des discours, ce spécialiste de l’opéra va diriger le nouveau pôle communication de l’Elysée pour tenter de restaurer l’image du chef de l’Etat.

    Soudain, sa voix déraille, grimpe vers le ciel, ses yeux avec. Depuis une heure et demie, Emmanuel Macron expose son projet aux 15 000 personnes réunies au Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris. Mais au moment de conclure, le voilà qui se met à hurler d’une voix qu’on ne lui connaissait pas, hors portée, comme puisée en deçà de lui-même : « Ce que je veux, c’est que vous, partout, vous alliez le faire gagner ! Parce que c’est notre prooojet ! »

    Ce 10 décembre 2016, le candidat novice tient son premier grand meeting. Pour son équipe, c’est l’épreuve du feu. En coulisses, on croise sa jeune bande du ministère de l’économie et de nouvelles recrues aux parcours moins technocratiques. Comme Alexandre Benalla, le jeune patron du service d’ordre. Ou Sylvain Fort, le communicant catalogué « intello de droite » : un normalien agrégé de lettres classiques passé par la finance , un passionné d’opéra auteur de plusieurs livres salués par les connaisseurs.

    Devant sa télévision, un chanteur d’opéra suit justement avec attention les envolées d’Emmanuel Macron. Le baryton Jean-Philippe Lafont s’est produit à la Scala de Milan comme au Festival de Bayreuth. Quelques jours plus tôt, Sylvain Fort lui a proposé de devenir le coach vocal de son candidat. La rencontre est organisée au siège de campagne la veille du meeting. Lafont conseille à Macron de ne pas se laisser « submerger par la foule ». Après sa prestation, le candidat accepte le « programme de travail » que lui propose le chanteur.

    Conseiller discours et mémoire

    C’est aussi en se rendant utile aux moments-clés d’une campagne que, souvent, on gagne sa place à l’Elysée. Au soir de la victoire, le 7 mai 2017, le président de la République n’a plus besoin de baryton, mais Sylvain Fort a su une nouvelle fois se rendre précieux. Quelle version de l’Hymne à la joie pour accompagner la marche du vainqueur de la présidentielle à travers la cour carrée du Louvre ? Pendant que, hors du champ des caméras, Alexandre Benalla guide les pas d’Emmanuel Macron le long de la pyramide, Sylvain Fort impose sa baguette de chef d’orchestre à la cérémonie. Il choisit sans hésiter l’interprétation d’Herbert von Karajan, auquel il a consacré une biographie juste avant le lancement de la campagne présidentielle.

    Un an plus tard, alors qu’Alexandre Benalla a été chassé de l’Elysée et que la rentrée s’annonce difficile, c’est sur Sylvain Fort qu’Emmanuel Macron compte pour restaurer son image. Pendant la campagne, l’amateur d’opéra avait affronté la presse en duo avec Sibeth Ndiaye, une communicante venue de Bercy. Une fois à l’Elysée, il lui a volontiers cédé cette tâche. Il a repris sa plume et s’est installé dans un petit bureau du palais avec le titre de conseiller discours et mémoire .

    C’est à ce père de famille de 46 ans qu’on doit les discours qui ont marqué le début du quinquennat, comme celui destiné à rassurer les catholiques de France, au collège des Bernardins , ou les hommages aux personnalités défuntes, de Simone Veil à Jean d’Ormesson : le crayon posé par le président sur le cercueil de l’académicien dans la cour des Invalides, c’est lui qui est allé l’acheter le matin même chez Gibert, dans le Quartier latin.

    « On ne va pas finir dans un abri antiatomique »

    L’affaire Benalla a obligé l’Elysée à se réorganiser. Côté communication, exit Bruno Roger-Petit, l’ancien journaliste recruté comme porte-parole, une des têtes de Turc de Sylvain Fort. C’est lui qui avait été envoyé au feu au lendemain des révélations du Monde sur le comportement d’Alexandre Benalla lors de la manifestation du 1er-Mai à Paris, lisant laborieusement devant les caméras un texte préparé par le cabinet du chef de l’Etat.

    Dans les prochains jours, Sylvain Fort doit reprendre du service, chapeautant l’ensemble de la communication présidentielle. Il promet un changement de ton. Finies, à l’entendre, les engueulades avec la presse. « On ne pas va finir le quinquennat dans un abri antiatomique, explique Sylvain Fort au Monde. Il faut démilitariser notre communication. »

    C’est pourtant un homme prompt aux philippiques et aux croisades que racontent beaucoup de ceux qui l’ont croisé pendant la campagne, et surtout bien avant. Dans le petit monde de l’opéra, Sylvain Fort s’est fait connaître par des éditoriaux passionnés sur le site Forum Opéra, un webzine fondé en 1999 et qu’il a rejoint cinq ans plus tard en contactant ses fondateurs par e-mail. Il en est devenu rédacteur en chef avant de démissionner en 2007, après une première polémique provoquée par un article sur « la nouvelle école du chant français ».

    En 2015, il étrille dans un feuilleton à clés le directeur de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner, élégamment baptisé « Stephanov Sifilissner », et son numéro deux, Jean-Philippe Thiellay, alias « Fistule ». Trois ans après, Sylvain Fort ne comprend toujours pas l’émoi des intéressés. « De la pure satire dans la veine de Pétrone, balaie l’agrégé. Si on ne s’amusait pas la vie serait trop triste… »

    Fin 2015, nouvelle bagarre contre le directeur de l’Opéra. Stéphane Lissner a décidé d’installer des cloisons amovibles dans les loges historiques du Palais Garnier. Colère de Sylvain Fort. La pétition qu’il lance sur le site internet Change.org réunit 34 000 signataires. Même le New York Times s’y intéresse. Le communicant prouve qu’il sait ferrailler, mener des batailles d’opinion et des guerres d’influence. Des talents utiles à l’Elysée, lorsque l’expérience politique est à la fois brève et récente.

    Liens étroits

    La politique, il ne s’y est vraiment mis qu’en 2011, lorsque, « à raison d’une fois par mois », il fréquente le ministre de l’enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, qui s’est lancé quelques mois plus tôt dans sa bataille contre « le cancer de l’assistanat » . La même année, il participe au groupe Fourtou , un club de réflexion informel formé en 2011 par Jean-René Fourtou, patron de Vivendi, pour préparer la réélection de Nicolas Sarkozy. « A l’époque, je travaillais chez Michel Calzaroni, le fondateur du cabinet de conseil en communication DGM. Le groupe se réunissait dans nos locaux, ça m’intéressait d’écouter. »

    Il y croise de jeunes espoirs de l’UMP, comme Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, sympathise avec la plume de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Camille Pascal, qui lui rend hommage dans les remerciements du roman qu’il vient de publier. « Fort est conservateur comme moi car il est attaché à une culture qui n’est plus la culture dominante », explique cet autre amateur d’opéra. De cette époque datent aussi les liens étroits de Sylvain Fort avec un autre membre du groupe, Charles Villeneuve, ancienne star du magazine « Le Droit de savoir » sur TF1, au point de se lancer ensemble dans la rédaction d’un Dictionnaire amoureux de l’armée française pour Plon, projet aujourd’hui en suspens.

    Avec un autre ancien du groupe Fourtou, le journaliste Etienne Mougeotte, Charles Villeneuve a organisé la prise de contrôle par l’homme d’affaires d’origine libanaise Iskandar Safa de #Valeurs_actuelles, un hebdomadaire où Sylvain Fort compte des amis, comme Louis de Raguenel, ancien du cabinet de Claude Guéant au ministère de l’intérieur et désormais rédacteur en chef.

    « Le premier d’entre eux, c’est Sylvain Fort »

    A Normale Sup, vingt ans plus tôt, Sylvain Fort penchait alors pour Jean-Pierre Chevènement tout en se faisant remarquer pour sa voix de baryton, qu’il travaille au Club opérette. Agrégé de lettres classiques, germaniste, il enseigne durant huit ans. A 27 ans, il décroche sa propre collection à L’Arche, une maison d’édition théâtrale réputée. Outre ses traductions de l’allemand (Schiller) et de l’italien (Leonard de Vinci), il a signé une dizaine de livres bien accueillis par la critique. Parmi eux, une Leçon littéraire sur l’amitié aux Presses universitaires de France, un Puccini préfacé par le ténor Roberto Alagna chez Actes Sud ou en 2017, un livre sur Saint-Exupéry publié par la discrète et droitière maison Pierre-Guillaume de Roux. Quand L’Obs interrogera le candidat Macron sur les écrivains qui l’entourent durant sa campagne (Erik Orsenna, Philippe Besson), il répondra : « Le premier d’entre eux, c’est Sylvain Fort. »

    A l’université, le jeune homme finit par s’ennuyer. En 2002, il offre ses services au président de la banque BNP-Paribas, Michel Pébereau, longtemps un des parrains du monde des affaires français. « Le système académique ne me convenait pas, il est peu méritocratique, je suis devenu la plume de Pébereau comme tant de normaliens qui ne savent pas quoi faire de leurs dix doigts », élude Sylvain Fort.

    Il part en Italie participer au rachat de la banque BNL. Six ans plus tard, il est temps de changer à nouveau de carrière. Il entre donc chez DGM, le cabinet de communicants qui conseille des géants comme LVMH ou Bolloré. Et au printemps 2013, il crée finalement sa propre structure Steele & Holt. Un nom de cabinet anglo-saxon, mais en réalité une blague. C’est une référence à la série américaine des années 1980 qui a révélé Pierce Brosnan, Les Enquêtes de Remington Steele, mettant en scène un voleur devenu détective et son associée, Laura Holt.

    Spécialisée dans la finance, Steeve & Holt vise les gestionnaires d’actifs et les banquiers d’affaires, peu à l’aise avec les médias. La société a aussi des activités plus exotiques. On le voit à Genève, en 2016, lors des négociations sous l’égide de l’ONU sur la Syrie, aux côtés de l’opposition démocratique, qu’il conseille. En 2014, Steeve & Holt est recruté par les Saoudiens pour améliorer l’image du royaume en France, où on ne jure que par le Qatar. En janvier 2015, le cabinet se charge ainsi d’attirer les journalistes à un festival d’art contemporain à Djedda. Après le départ de son fondateur pour l’Elysée, Steele & Holt a continué à assurer la communication en France du prince héritier, Mohammed Ben Salman, et celle de son ministre de la culture, venu justement signer en avril un accord de partenariat avec l’opéra de Paris.

    Référence wagnérienne

    A l’été 2016, nouveau changement de cap, grâce à Emmanuel Macron. Sylvain Fort prend ses distances avec sa société. Sur le papier, d’abord, cédant la gérance de Steele & Holt à une société créée pour l’occasion et dont il reste le propriétaire. Cette fois, pas de blague sur les séries américaines : il la baptise Nibelungen, une référence wagnérienne, qu’il finira par dissoudre en novembre 2017, une fois installé à l’Elysée. Il a rencontré Emmanuel Macron au printemps 2016 grâce à un ami, collaborateur de Publicis, qui lui a soufflé que son patron Maurice Lévy cherchait un communicant pour un candidat à la présidentielle.

    « Le duel Sarko-Hollande, très peu pour moi. Je n’étais pas spécialement réjoui par le bilan du président socialiste et je trouvais le système rouillé. » Macron le convoque une seconde fois le jour où il annonce sa démission de Bercy. « Il m’a dit : assieds-toi là. La machine est partie, je n’en suis jamais redescendu. »

    Mieux, il y a pris goût et selon ses adversaires, il saurait parfois marier le pouvoir et sa passion pour la musique. Le 14 juillet, en clôture du défilé parisien, la soprano Julie Cherrier devait interpréter La Marseillaise et L’Hymne à l’amour de Piaf devant le président et des millions de téléspectateurs – un programme arrêté avec le gouverneur militaire de Paris depuis le printemps.

    Quelques jours avant le défilé, sa prestation est annulée sur décision de l’Elysée. La soprano vient justement d’épouser le chef d’orchestre Frédéric Chaslin qui a imprudemment partagé sur Facebook un message critiquant la campagne menée par Sylvain Fort contre le directeur de l’Opéra de Paris. Fort dément toute vengeance, mais assume l’annulation de la prestation : « La séquence a sauté car elle n’était pas au niveau. Et puis, on ne peut pas sortir quelqu’un de l’anonymat un 14-Juillet, une date pour une Jessye Norman ou un Roberto Alagna. »

    Pour qui voudrait s’en prendre au "Bastion social" où à la nouvelle librairie faf du 5eme
    https://www.lexpress.fr/actualite/societe/une-librairie-d-extreme-droite-a-l-assaut-du-quartier-latin_2034002.html

    ou encore se solidariser avec des étrangers démunis autant savoir de quels appuis peuvent bénéficier les fachos au sommet de l’état.

    Après l’affaire Benalla, Macron réorganise l’Elysée, LE MONDE | 11.09.2018, Cédric Pietralunga

    Le chef de l’Etat va nommer un directeur général des services pour chapeauter les 822 salariés de la présidence. Un cabinet de conseil a également audité le fonctionnement du Château.

    Les macronistes le martèlent depuis des semaines, refusant d’y voir une « affaire d’Etat », mais plutôt une simple « affaire d’été ». Révélée le 18 juillet par Le Monde, l’affaire Benalla, du nom de ce proche collaborateur d’Emmanuel Macron mis en examen pour des violences commises en marge du défilé parisien du 1er-Mai, pourrait en tout cas rebondir et se transformer en « affaire d’automne ».

    Alors que la commission d’enquête mise en place par l’Assemblée nationale s’est sabordée, à la suite d’un désaccord entre majorité et opposition sur la liste des personnes à entendre, celle du Sénat a décidé de reprendre ses auditions après la pause estivale, avec le risque, pour le chef de l’Etat, de braquer à nouveau le projecteur sur les dysfonctionnements de l’Elysée. Mercredi 12 septembre, François-Xavier Lauch, chef de cabinet du président, le général Eric Bio-Farina, commandant militaire de l’Elysée, et Maxence Creusat, commissaire à la Préfecture de police de Paris, seront ainsi entendus par les sénateurs de la commission des lois.

    Plus explosif, Alexandre Benalla lui-même devrait être auditionné. Une convocation lui a été adressée pour le 19 septembre. Ce sera la première fois qu’il répondra – sous serment – aux questions des parlementaires, dubitatifs sur les explications de l’exécutif. « La thèse officielle d’un employé qui se consacrait uniquement à une fonction d’organisation sans prendre part à la protection du président nous paraît pour le moins fragile », a estimé Philippe Bas, le président (LR) de la commission des lois du Sénat, dans Le Figaro du 6 septembre.

    A l’Elysée, l’entourage d’Emmanuel Macron se dit pourtant « serein » face à la reprise de ces auditions et de l’attention médiatique qui va de pair. Alexandre Benalla « a été sanctionné par l’Elysée dès le lendemain [des faits]. Il n’a pas été protégé. (…) On n’a rien caché. Il n’y a pas eu obstruction de la justice, je vous le dis les yeux dans les yeux », a lui-même assuré le président de la République, apostrophé le 7 septembre par un passant lors d’une promenade sur le Vieux-Port, à Marseille, à l’issue d’un dîner avec la chancelière allemande, Angela Merkel.

    Eviter que les dysfonctionnements ne se reproduisent

    Mais pas question de rester les bras ballants en attendant les conclusions du Sénat, dont le rapport ne devrait pas être rendu avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Après avoir longtemps hésité sur le calendrier, l’Elysée a décidé d’engager, la semaine prochaine, un vaste chantier de réorganisation des services de la présidence de la République, moyen de répondre aux interrogations de l’opinion publique. Les mauvais sondages qui se succèdent pour le chef de l’Etat en cette rentrée soulignent le trouble provoqué par l’affaire.

    Cette réorganisation commencera par la nomination d’un directeur général des services (DGS) chargé de chapeauter les salariés de l’Elysée. Selon nos informations, le choix d’Emmanuel Macron s’est porté sur Jérôme Rivoisy, actuel directeur général adjoint de Pôle emploi. L’homme n’est pas un inconnu pour le président de la République : MM. Macron et Rivoisy se sont côtoyés à l’ENA, au sein de la fameuse promotion Senghor de 2004, et sont tous les deux membres de l’Inspection générale des finances.

    Ce nouveau DGS travaillera sous l’autorité de Patrick Strzoda, le directeur de cabinet du président. Mis en cause lors de l’affaire Benalla, cet ancien préfet était annoncé sur le départ – il est admis à faire valoir ses droits à la retraite à partir du 6 octobre –, mais Emmanuel Macron, qui déteste se voir imposer le choix des hommes, lui a demandé de rester à son poste.

    Les quatorze services qui composent la présidence de la République (intendance, presse, protocole, décorations, conservation des résidences, etc.) et où travaillent 822 personnes devraient être également restructurés. Objectif : « homogénéiser la manière dont on travaille et améliorer la transversalité entre les services », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. Un moyen surtout d’éviter que les dysfonctionnements révélés par l’affaire Benalla – le chargé de mission s’était, faute de contrôle, octroyé des pouvoirs sans commune mesure avec son poste – ne puissent se reproduire.

    Cette réorganisation doit s’étaler jusqu’à la fin de l’année et devrait débuter par la communication. Les services s’occupant de l’image du chef de l’Etat seront ainsi regroupés pour « unifier la manière dont le président de la République s’adresse aux Français ». Ce pôle sera dirigé par Sylvain Fort, un fidèle du président de la République, qui avait été son directeur de la communication lors de la campagne présidentielle et qui occupe actuellement le poste de conseiller discours et mémoire à l’Elysée.

    Sibeth Ndiaye, la conseillère presse et communication de M. Macron, sera son adjointe. En revanche, la fonction de porte-parole « sera supprimée » mais l’ancien journaliste Bruno Roger-Petit, qui occupe le poste depuis un an, « restera au cabinet comme conseiller », précise l’Elysée.

    Mission lancée en octobre 2017

    Paradoxalement, cette réorganisation est le fruit d’une réflexion engagée bien avant l’affaire Benalla. Instruit des errements de François Hollande lors du précédent quinquennat, Emmanuel Macron avait, dès le début de son mandat, conscience de devoir adapter le fonctionnement de l’Elysée, qu’il considérait comme « archaïque ». Dès octobre 2017, une mission avait été confiée en ce sens au contrôleur de gestion de l’Elysée afin de faire un état des lieux du fonctionnement de la présidence.

    « Il a rencontré une cinquantaine de personnes, et le constat a été que, si les employés de l’Elysée ont un fort attachement à ce qu’ils appellent eux-mêmes la “première maison de France”, leur fonctionnement n’était plus adapté », assure un membre du cabinet de M. Macron. De nombreux cas d’épuisement auraient été aussi rapportés. « Les gens sont fiers de travailler à l’Elysée mais il y a de la souffrance », reconnaît-on.

    Fort de ce constat, Emmanuel Macron a décidé, en janvier, de confier à Eurogroup Consulting, un cabinet de conseil en organisation, une « revue des missions » des services de l’Elysée. Objectif : proposer un nouveau mode de fonctionnement de la présidence. Durant six mois, trois consultants ont écumé les couloirs du Château pour « objectiver les choses ». Leur rapport a été rendu début juillet, avant que n’éclate l’affaire Benalla. « Cela nous a renforcés dans la conviction qu’il fallait faire bouger les choses », explique un proche du chef de l’Etat.

    Reste à savoir si cette réorganisation changera réellement le fonctionnement de l’Elysée. A son arrivée, en 2007, Nicolas Sarkozy avait tenté de structurer davantage les services de la présidence. Début 2008, il avait lui aussi nommé un directeur général des services, Charles-Edouard Tollu. Mais l’expérience avait tourné court au bout de deux ans. « On se détestait tellement dans l’entourage qu’il y avait des clans et de la rétention d’information partout, se souvient Emmanuelle Mignon, alors directrice de cabinet du chef de l’Etat. Pour que l’Elysée fonctionne, il faut de la fluidité et de la confiance dans le premier cercle. Et que le président accepte qu’on lui dise les choses, même si elles lui déplaisent

    . »

  • Mariss Jansons, chef d’orchestre letton, reçoit la médaille d’or de la Royal Philharmonic Society. - LES LETTONS & LETTONES

    https://www.lettonie-francija.fr/Mariss-Jansons-chef-orchestre-letton-medaille-or-Royal-Philharmoni

    L’un des plus grands musiciens de notre époque est letton : Le chef d’orchestre Mariss Jansons a reçu l’un des plus grands honneurs de la musique - la médaille d’or de la Royal Philharmonic Society.

    Il est le 104e récipiendaire depuis la création de la médaille en 1870 à l’occasion du centenaire de la naissance de Beethoven. La médaille lui sera remise ce vendredi 24 novembre à Londres lors d’un concert de "Guerre & Paix" musicale entre Beethoven et Prokoviev.

    Mariss Jansons, pour sa contribution au rayonnement musical en France et dans le monde a été décoré en 2015 par l’état français Commandeur de l’ordre français des Arts et des Lettres. [1] Il a étudié sous Hans Swarovsky et Herbert von Karajan, avant de devenir assistant de Yevgeny Mravinsky à l’Orchestre philharmonique de Leningrad.

    Il a occupé le poste de directeur musical de l’Orchestre philharmonique d’Oslo et des orchestres symphoniques de Pittsburgh. Il a été nommé chef d’orchestre du Bavarian Radio Symphony Orchestra en 2003, poste qu’il occupe toujours aujourd’hui.

    Mariss Jansons est l’un des plus grands musiciens de notre époque

    remarque le RPS. "Sa direction est une combinaison puissante de discipline et d’inspiration et ses performances révélatrices sont naturellement véridiques aux nuances de la partition tout en étant remplies de nouvelles découvertes et d’aperçus au cœur même de la musique."

    Jansons se verra remettre ce prix le vendredi 24 Nov 2017 à 19:30 (heure de Londres) au Barbican Centre de Londres, [2] par le lauréat 2016, Mitsuko Uchida, à la suite d’un concert du Bavarian Radio Symphony Orchestra.

    Un concert étonnamment actuel : Beethoven & Prokoviev, entre guerre et paix !

    Le concert "Guerre et Paix" du Bavarian Radio Symphony Orchestra comprendra une interprétation du Concerto pour piano no 4 de Beethoven, avec Yefim Bronfman comme soliste, et la Symphony n°5 de Prokofiev.

    Yefim Bronfman, pianiste de Beethoven par excellence explore les secrets du Quatrième Concerto étonnamment doux de Beethoven, avant que Jansons et ses joueurs bavarois ne déchaînent la « symphonie de la grandeur de l’esprit humain » de Prokofiev pendant la guerre. Avec Jansons et le BRSO, il brillera de l’intérieur.

    "Et après tout, cela n’a pas besoin d’être réaffirmé : le partenariat de Jansons avec le BRSO compte parmi les meilleurs accords entre orchestres de notre temps. Mais vous n’avez pas besoin de les avoir déjà entendus pour répondre à ce programme puissant : un concerto de pure poésie et une symphonie de fer et d’acier, interprétés par des artistes qui font dire à chaque note quelque chose de significatif." (barbican.org)

    Bravo et merci Mariss Jansons pour cette joie que vous transmettez par la musique et votre enthousiasme. Je me souviens encore de vos interprétations heureuses lors des concerts du Nouvel an.

    #Mariss_Jansons, #Jansons, #letton, #Lettonie, #orchestre, #musique, #Barbican, #Londres, #Royal_Philharmonic_Society, #RPS,

  • Le Philharmonique de Berlin, modèle d’organisation sociale (Le Figaro, Christian Merlin, 01/08/2012)
    http://www.lefigaro.fr/musique/2012/08/01/03006-20120801ARTFIG00242-le-philharmonique-de-berlin-une-utopie-musicale.p

    Le meilleur #orchestre du monde ne marche à la baguette que pendant les concerts. Pour le reste - recrutement, choix des programmes, enregistrements - la vie de la formation repose sur l’autogestion.

    L’Orchestre philharmonique de Berlin n’est pas seulement l’étalon-or de la qualité musicale, une Rolls des orchestres symphoniques. C’est aussi un modèle d’organisation sociale, à la fois séculaire et complètement en phase avec l’époque moderne, un orchestre qui compte 288.000 amis sur Facebook. Là où la plupart des musiciens, notamment français, entretiennent avec leur admi­nistration un rapport d’employé à patron, les « Berliner Philharmoniker » décident eux-mêmes de leur destin, en totale autogestion. Même lorsque le tout-puissant Herbert von Karajan était à leur tête, les musiciens lui rappelaient régulièrement qu’ils l’avaient élu et non nommé. Et ils ­mettaient déjà un point d’honneur à recruter eux-mêmes les nouveaux membres, en assemblée plénière et non en jury restreint : imaginez l’angoisse du postulant violoniste ou hautboïste, jugé par cette communauté de 128 musiciens. Ainsi, lorsque Karajan tenta en 1983 d’imposer la clarinettiste Sabine Meyer, l’orchestre, dont elle n’avait pas recueilli la majorité des voix, se rebella et le chef dut faire machine arrière.

    Aujourd’hui plus que jamais, les Berliner tiennent à leur indépendance. Leur chef actuel, Simon Rattle, a tout fait pour la leur garantir, en militant voici dix ans pour que l’orchestre obtienne le statut de fondation de droit public. Selon l’administrateur Martin Hoffmann, ce statut a marqué « un grand pas en avant pour les musiciens, qui ont préféré perdre en sécurité plutôt que dépendre uniquement de l’État fédéral ».

    Alors que les subventions de l’État et de la ville de Berlin n’ont même pas été indexées sur l’inflation, l’orchestre, qui dispose d’un budget de 34 millions d’euros, est soutenu par des mécènes qui complètent les sources de financement. Mais ni Martin Hoffmann ni Simon Rattle ne prennent la moindre décision artistique sans que l’orchestre ait eu son mot à dire. Les Berliner, qui donnent 90 concerts par saison à Berlin et une quarantaine en tournée, pour un taux de remplissage moyen de 96 %, déterminent eux-mêmes les programmes, les lieux, les projets. Ils élisent l’un d’entre eux président (Vorstand) : il s’agit actuellement de Stefan Dohr, cor solo, un ogre souriant, que la maîtrise de l’instrument le plus périlleux semble avoir aguerri aux fonctions d’autorité. C’est lui, par exemple, qui règle les situations conflictuelles ou examine les demandes de congé des musiciens, qui donne son accord sur les tournées ou le choix des chefs. « Je suis à la fois employé et patron, dit-il, et s’il m’arrive d’être autoritaire, je ne dois jamais oublier que je ne suis que l’émanation de mes collègues. »

    Le trompettiste Guillaume Jehl, l’un des cinq Français de l’orchestre, ne cache pas son admiration pour la puissance de travail des Berlinois, impensable dans un orchestre français. « Les mentalités sont très différentes, constate-t-il. Je n’en reviens pas quand je vois Stefan Dohr arriver au concert et jouer comme si de rien n’était le solo excessivement difficile de la 5e de Mahler, alors qu’il sort de cinq heures de réunion à la mairie pour négocier les subventions ! »

    Aucun risque que l’autorité du président lui monte à la tête : le « conseil des 5 » est là pour y veiller. Le violoniste Christian Stadelmann en fait partie. Cet homme souriant et cultivé, grand bibliophile et collectionneur d’éditions rares, définit ainsi cette mini-assemblée : « Nous sommes une instance délibérative, présente pour soutenir le président dans les décisions difficiles et modérer son pouvoir. » Stadelmann a aussi une autre fonction : il enseigne à l’Académie du Philharmonique. Fondé par Karajan, ce centre de formation, longtemps unique au monde avant de faire des émules, permet à l’orchestre de préparer la relève en autorisant quelques jeunes boursiers triés sur le volet à étudier pendant deux ans avec des Philharmoniker tout en étant admis à jouer au sein de l’orchestre. C’est là que la violoncelliste française Solène ­Kermarrec compléta sa formation une fois quitté le Conservatoire national supérieur de musique de Paris (CNSM), avant d’intégrer les Philharmoniker sur concours.

    Aujourd’hui, le Philharmonique de Berlin est l’un des orchestres qui bénéficient de la couverture médiatique la plus forte. L’œuvre d’un as du marketing et des nouvelles technologies recruté à grands frais ? Ce serait mal connaître les Berliner ! Là encore, c’est un musicien qui est « délégué aux médias » : aucun contrat avec une maison de disques n’est conclu sans sa signature, aucune caméra ne filme l’orchestre sans son assentiment. Chargé de ce dossier depuis seize ans, le violoncelliste Olaf Maninger est l’inventeur de la retransmission sur Internet des concerts du Philharmonique : le Digital Concert Hall. L’idée lui est venue en faisant son jogging. « Je me disais : le marché du disque s’effondre, les chaînes de télévision nous rient au nez avec l’Audimat des concerts classiques. Que reste-t-il à faire ? Diffuser dans le monde entier les concerts du Philharmonique dans la meilleure qualité acoustique et visuelle. » Précédant et accompagnant la révolution Internet, il lança un programme destiné à rendre l’orchestre autonome : les Philharmoniker disposent aujourd’hui de leur propre studio d’enregistrement, de leurs propres équipes de réalisateurs et cadreurs, pour 30 retransmissions en direct par saison en haute définition et 150 enregistrements disponibles. Une salle de concerts virtuelle, qui permet de retrouver chez soi la Philharmonie de Berlin, l’un des meilleurs auditoriums symphoniques du ­monde.

    Une salle sur laquelle l’orchestre a la haute main. Si, à Paris, l’Orchestre de Paris n’est que « résident » à la Salle Pleyel, sans droit de regard sur la programmation des lieux, les Philharmoniker sont seuls maîtres à bord à la Philharmonie, se servant d’abord et déterminant quels orchestres invités ont le droit d’y jouer et à quelles dates. Tout en développant l’un des services éducatifs les plus performants au monde avec celui du London Symphony Orchestra. Grâce à des spécialistes du jeune public, certes, mais aussi sous la houlette des musiciens, à l’image du troisième cor Klaus ­Wallendorf, poète sous l’humour duquel on sent un homme d’une grande profondeur : ce grand ­facétieux n’hésite pas à mettre son instrument de côté pour devenir animateur des concerts familiaux, où son talent d’acteur et son sens de la formule font merveille. Lui comme le violoniste Christian Stadelmann sont parmi les anciens de l’orchestre. Ils ont assisté aux transformations artistiques du Philharmonique qui, sur 128 musiciens, compte 57 membres non allemands, de 25 nationalités différentes. Une chose n’a pas changé, selon eux : cette incroyable énergie qui leur donne encore aujourd’hui la chair de poule.

    #Radio_France_comme_orchestre